Retraites – Un an après, que reste-t-il des mensonges de Macron ? (355 articles)

vendredi 19 avril 2024.
 

355) Retraites – Un an après, que reste-t-il des mensonges de Macron ?

https://linsoumission.fr/2024/03/22...

Retraites. Vol de deux ans de vie, un an après. Que reste-t-il des mensonges répétés en boucle par Emmanuel Macron, Elisabeth Borne, Gabriel Attal et leurs alliés pour mieux faire passer la pilule d’une réforme brutale et injuste qui faisait l’unanimité contre elle ? De janvier à mars 2023, la promesse d’une « pension de retraite minimale à 1200 euros » était devenue une parole d’Évangile macroniste sur les plateaux. Un trucage et un mensonge que l’Insoumission.fr avait déjà battu en brèche à l’époque.

Même enfumage pour les « 17 milliards d’euros d’économies ». La réforme qui vole deux ans de vie à tout un chacun va finalement engendrer un coût sur le long terme, selon le Comité de suivi des Retraites. Un an après l’adoption de cette réforme jamais votée par le Parlement, Gabriel Attal désormais Premier ministre continue dans la même veine. Attaques contre le SMIC, économies sur le dos des malades chroniques, généralisation du travail gratuit obligatoire par la réforme du RSA et suppression de l’allocation de solidarité spécifique, autant d’offensives sociales d’une brutalité inédite dont la réforme des retraites donnait un avant-gout. Notre article.

L’année passée a confirmé les mensonges du Gouvernement sur les retraites

Le principal mensonge que le Gouvernement a dû mettre en œuvre pour faire passer cette réforme des retraites aura été le mirage d’une pension minimale à 1 200 euros et d’une revalorisation mensuelle de 100 euros. Ces mensonges avaient déjà été débunkés au cours des débats par les députés de la France Insoumise et de nombreux économistes, au premier rang desquels Michaël Zemmour.

L’insoumission relatait déjà ces mensonges au printemps dernier : la revalorisation à 1200 euros ne concernera que 0,002% des salariés. L’année passée a confirmé les mensonges du Gouvernement. En réalité, sur les 750 000 nouveaux retraités en 2024, seulement 185 000 bénéficie d’une revalorisation. Surtout, cette revalorisation n’est que de 30 euros bruts par mois en moyenne, selon la DREES (Direction de la Recherche, des Études, de l’Évaluation et des Statistiques).

Bien loin de ce qui était promis par le Gouvernement pour faire avaler la pilule d’un report brutal de l’âge de départ. Selon les chiffres de la Caisse nationale d’assurance vieillesse, parmi les personnes déjà retraitées avant la réforme, c’est seulement 600 000 d’entre elles qui ont bénéficié d’une revalorisation ; cette fois de 50 euros brut par mois.

Aujourd’hui, la DREES est toujours incapable de donner le nombre de retraités atteignant les fameux 1200 euros, « 85% du Smic net ». S’accommodant avec la réalité, le ministre Olivier Dussopt avait pourtant martelé un chiffre sortant de son chapeau, affirmant contre vents et marées que 250 000 retraités franchiraient ce cap.

Mais le Gouvernement n’a pas seulement menti sur la revalorisation des pensions. Il s’est aussi largement arrangé avec la réalité au sujet de son deuxième argument phare pour justifier la réforme : les fameuses économies ô combien essentielles pour le pays que celle-ci permettrait. Alors que le Gouvernement annonçait un minimum de 17 milliards d’économies, le Conseil d’Orientation des Retraites (COR) affirmait que seulement 5 milliards par an peuvent être dégagés à horizon 2027. Selon le Comité de suivi des retraites, la réforme pourrait même entraîner un surcoût à long terme.

Bref, les gesticulations du camp présidentiel pour faire passer sa réforme des retraites ne fonctionnaient déjà guère au printemps dernier. L’année écoulée a désormais confirmé ces contrevérités indignes du débat démocratique sur cette question sociale centrale que sont les retraites des citoyens.

Ce même Gouvernement n’a d’ailleurs toujours pas publié les décrets qui octroient des trimestres supplémentaires aux sapeurs-pompiers volontaires, ni ceux régularisant la situation de ceux ayant effectué des travaux d’utilité publics (TUC). Un an après, ces derniers sont donc toujours en attente de leur trimestre de retraites, pourtant promis par Emmanuel Macron.

Un an après, le pire reste à venir

Mais si l’année a su montrer l’étendue de la casse de la réforme des retraites, elle a aussi été le théâtre de nouvelles annonces d’un Gouvernement prêt à aller encore plus loin. Il souhaite prendre à nouveau pour cible les millions de seniors et de retraités de notre pays, toujours dans le but de faire des économies sur la dépense publique.

Initialement, le Gouvernement souhaitait ponctionner l’Agirc-Arrco (les retraites complémentaires, ndlr) pour récupérer plusieurs milliards d’euros. Il avait finalement renoncé lors du PLFSS de réforme des retraites. Mais il a toujours pour projet de récupérer entre 1.2 milliard d’euros par d’ici à 2026 et 3 milliards par an d’ici à 2030.

Autre angle d’attaque du Gouvernement pour précariser de plus belle la situation des retraités : la désindexation des pensions de l’inflation. Macron avait déjà sous-indexé les pensions en 2019, permettant ainsi d’économiser 2.8 milliards. Autrement dit, alors que l’inflation était d’1.3%, les retraites de base ont été revalorisées de 0.3% : les retraités ont vu leur pouvoir d’achat diminuer. Alors que Bruno Le Maire et Thomas Cazenave (ministre délégué aux Comptes publics) poussent pour obtenir la désindexation des pensions, celle-ci couperait au minimum 4.5 milliards d’euros aux retraités, selon les prévisions d’inflation pour 2025.

Avec ces prévisions, on sait d’ores et déjà que le niveau de vie des retraités se dégradera. Leur niveau de vie par rapport à celui de l’ensemble de la population serait compris entre 75.4% et 87, contre 101.5% en 2019. L’anniversaire de la réforme des retraites est donc aussi l’occasion de souhaiter celui de la précarisation généralisée de nos seniors.

Enfin, le Premier ministre a annoncé en ce début de février 2024 la suppression de l’allocation spécifique de solidarité (ASS) pour les chômeurs en fin de droit. Le but : économiser environ 2 milliards d’euros, selon Départements de France. Cette suppression rimera avec perte de droits et de revenus pour nombre de bénéficiaires. Et ce sont les demandeurs d’emplois de longue durée qui sont visés par cette mesure, donc les plus âgés. En effet, les plus de 50 ans représentent presque 60% des actuels bénéficiaires de l’ASS.

Dans la continuité de la réforme des retraites de l’an passé, le Gouvernement cherche donc à accroitre les « ni en emploi, ni à la retraite » et aggraver leur précarité. Ces personnes sont pourtant bien souvent trop abîmées par leurs travaux passés ou dans une trop grande difficulté pour retrouver un emploi à 60 passés. Ils se sont déjà vus refuser leurs droits à la retraite ; le Gouvernement leur diminue désormais leur allocation de survie.

Cela fera basculer 82 000 seniors supplémentaires en fin de droit chaque année, pour seulement 20 000 reprises d’emploi espérées. Le sas de précarité entamé par la réforme des retraites est donc en bonne voie pour se prolonger, au détriment de la santé des plus âgées et des plus vulnérables.

Par Zoé Pébay

354) Retraite, droits sociaux : Poursuivre les "réformes" ?

par Gilles Rotillon, Economiste, professeur émérite à Paris-Nanterre

Dans une tribune récente du Monde, le nouveau président du COR nous explique ce qu’il faudrait faire pour « ajuster » les nombreuses réformes qui ont déjà marqué la présidence d’Emmanuel Macron. Et ça craint ! Décryptage.

Gilbert Cette n’est pas n’importe-qui. Comme macroéconomiste, il a été dès 1998 conseiller technique au Ministère du travail, en 2009 il est dans le groupe « d’experts » sur le smic (c’est l’avantage de la macroéconomie qui embrasse assez large pour que les « experts » n’aient aucune idée de la vie de ceux qui ne touchent que le smic, sans que cela les gêne pour décider qu’il ne faut absolument pas l’augmenter).[1]

Soutien de Hollande en 2012, il rejoindra logiquement Macron en 2017, évidemment toujours comme « expert » et sera finalement nommé en Conseil des ministres, en octobre 2023, président du Conseil d’orientation des retraites (COR) (les « experts » les « meilleurs » deviennent toujours président de quelque chose à un moment de leur carrière) en remplacement de Pierre-Louis Bras qui avait osé minimiser la réalité de la situation soi-disant catastrophique du régime des retraites, et donc jeté un doute dans le débat public sur la nécessité absolue de la réforme repoussant l’âge de départ de deux ans.

Comme il est « expert », ses avis doivent être pris avec le plus grand sérieux, marqués du sceau de la Science, aussi, la tribune qu’il co-signe[2] dans Le Monde daté Dimanche 21-Lundi 22 janvier 2024 doit-elle être lue avec tout le sérieux qu’elle mérite.

Intitulée martialement Poursuivre les réformes, il commence par une énumération de celles qui ont déjà été faites sous Macron : réforme des retraites, de l’apprentissage, du RSA, de France Travail, de la barémisation des indemnités de licenciement (entendez derrière ce mot barbare que mon correcteur orthographique souligne en rouge, le plafonnement de ces indemnités), les ordonnances travail de 2017, la loi Pénicaud de 2018, la fusion des CT et CHSCT en un comité social (CS) unique dans la loi de transformation de la fonction publique.

On peut dire que le gouvernement n’a pas chômé (contrairement à beaucoup) si on s’en tient à une énumération de ce type, mais ce qui compte ce sont les raisons de ces réformes et leurs effets. Sur ce point « l’expert » est formel (c’est généralement la posture d’un expert d’être formel[3]), ces réformes ont « une grande cohérence d’objectifs ».

Et pour les mauvais esprits qui répondraient que la cohérence est celle du capital face au travail, « l’expert » précise que ce qui est en jeu c’est le taux d’emploi des seniors (pour la réforme des retraites), des jeunes (pour celle sur l’apprentissage), des peu qualifiés pour celle du RSA, de tous pour celle de France Travail, de la levée des freins à l’embauche pour le plafonnement des indemnités de licenciement, de « l’élargissement » de l’espace du droit conventionnel (inversant la hiérarchie des normes) permettant « une meilleure conciliation que le droit réglementaire[4] entre efficacité économique (…) et protection des travailleurs ».

Quant à la fusion CT/CHSCT en CS, si elle semble mal acceptée c’est par manque de compréhension qu’elle est un « progrès, car elle donne plus de consistance à la collectivité de travail ».

Et ce qui est formidable, c’est que « certaines (réformes) ont déjà contribué au dynamisme de l’emploi en France sur les dernières années ». Les « experts » n’ont sans doute pas lu la note de conjoncture de l’INSEE d’octobre 2023, révisant fortement à la baisse ses prévisions d’emploi et anticipant une stagnation. Et pour les effets des dernières réformes (retraites, chômage, RSA, …) il faudra attendre une évaluation dans quelques années pour se rendre compte de leurs conséquences, même si on peut déjà anticiper qu’elles n’auront pas l’effet vertueux qu’on leur prête, tout simplement parce qu’elles n’ont pas été promulguées pour cela.

L’enjeu de la réforme des retraites ce n’est pas l’emploi des seniors, c’est la nécessité pour le capital d’augmenter le temps absolu au travail parce qu’il n’est plus capable de l’intensifier davantage (voir ici pour des développements). Celle sur l’apprentissage, si elle a augmenté le nombre de jeunes en emploi l’a fait au prix d’aides exceptionnelles très coûteuses pour le budget de l’État et a fourni une main d’œuvre bon marché aux entreprises. Et celle sur le RSA impose des conditions pour y avoir droit qui change la nature de ce transfert social.

Quant au plafonnement des indemnités de licenciement, il faut avoir un cynisme bien ancré pour y voir une levée « des incertitudes, sources de frein à l’embauche ». On pourrait suggérer à nos « experts » qu’en les supprimant totalement, il n’y aurait plus de freins du tout !

Il faut de même ne pas avoir la moindre idée des conditions de travail des salariés pour imaginer que la fusion CT/CHSCT en CS donne plus de consistance à la collectivité de travail, alors qu’elle crée au contraire des obstacles à la fois à l’intégration de jeunes dans ces CS qui ont d’un coup plus de travail (contribuant ainsi à abaisser la formation syndicale initiale) et à la qualité du travail des membres de ces nouveaux CS, qui se retrouvent moins nombreux et avec un temps plus limité pour traiter les dossiers qui leur sont soumis (et le refus du gouvernement de passer de un à deux le nombre de suppléants n’est pas de nature à améliorer la « consistance à la collectivité de travail »).

Mais le pire est encore à venir, car après avoir expliqué tout le bien qu’il fallait penser de ces réformes, nos « experts » expliquent que « certaines demandent à être précisées ». Parmi ces « précisions » ils citent « le rapprochement des délais de contestation d’un licenciement, particulièrement longs en France » ou bien la « mise en cohérence de l’indemnisation chômage des seniors avec la réforme des retraites » Sur la première précision, il faut noter que ce délai de contestation était de 30 ans, puis il est passé à 5 ans en 2008, 2 ans en 2013 et pour l’instant 1 an en 2017. Encore un peu plus de précision et la contestation sera interdite ! (Pour un point sur ce sujet voir ici). En ce qui concerne la « mise en cohérence », compte tenu des antécédents de nos « experts », il y a fort à craindre qu’il faille comprendre que les allocations chômage doivent baisser ou être plus limitées dans le temps.

La tribune se termine en évoquant « quatre pistes qui seraient souhaitables pour renforcer encore le rôle décisionnel de la négociation collective ».

La piste 1 consisterait à « renforcer la légitimité des représentants des travailleurs dans la négociation collective » en faisant du CSE, si le quorum n’est pas atteint au premier tour des élections professionnelles, « le représentant du collectif de travail dans la négociation collective ». Ajoutant, que cela supposerait que « l’employeur ne le préside plus, voire qu’il n’en soit plus membre ». Si ce type de proposition ne concernait pas le fonctionnement des CSE, dont il faut rappeler que leur création constitue un recul pour l’action syndicale, on pourrait croire que nos « experts » souhaitent remettre en cause la gouvernance d’entreprise en régime capitaliste. La suite ne peut que nous rassurer sur ce point.

Avec la piste 2 il faudrait « permettre à une convention d’entreprise de déroger, au moins transitoirement[5], à des dispositions de convention de branche, en particulier concernant les minima salariaux » (je souligne). Inutile de préciser que cela veut dire qu’une entreprise pourrait baisser les salaires en-dessous de ceux prévus par une convention de branche, bien entendu pour sauver l’emploi mais (ouf) « dans le respect des dispositions d’ordre publiques, comme le smic ».

La piste 3, « suggérée par le groupe d’experts sur le smic »[6] consisterait à baser « la revalorisation du smic non plus sur l’inflation et un index salarial mais sur le résultat des négociations d’un panel de branches concernant les minima sociaux ». Il n’est pas besoin d’être « expert » pour comprendre qu’il y a plus de chance qu’une telle procédure (par ailleurs plutôt floue), conduise à une revalorisation réduite.

Enfin la piste 4 propose d’abord d’étendre la protection du droit du travail aux indépendants, pour finalement dire qu’il faudrait « dépasser » le droit du travail par la seule référence à l’activité professionnelle. Compte tenu des modifications successives du droit du travail, régulièrement attaqué au fil des années, ce « dépassement » risque bien de n’être que le paravent d’une nouvelle remise en cause de la protection qu’est censé procurer le droit du travail aux salariés.

Compte tenu du nouveau rôle joué par Gilbert Cette, au sein du COR, il y a fort à craindre que ces recommandations pour « ajuster les réformes » comme l’énonce modestement leur tribune, ne préfigurent l’approfondissement de la « grande cohérence » de la politique de plus en plus favorable au capital qui marque le second mandat d’Emmanuel Macron.

[1] Comme en 2020, où il préside ce fameux groupe « d’experts » (depuis 2017) et où il argumente « de s’abstenir de tout coup de pouce sur le smic au 1er janvier 2021.

[2] Avec Jacques Barthélémy avocat conseil (honoraire) en droit social.

[3] Voir par exemple le livre coordonné par Jacques Theys, actes du colloque Les experts sont formels : controverses scientifiques et décisions politiques dans le domaine de l’environnement, Cahier du GERMES n° 13.

[4] C’est pour la même raison de meilleure efficacité et de secret des affaires que l’arbitrage privé vient de plus en plus se substituer au droit traditionnel.

[5] Formulation inquiétante qui indique que le but serait d’y voir une première phase avant la généralisation de la mesure.

[6] Dont je rappelle que Gilbert Cette est président, ce qui fait qu’en tant qu’auteur de la tribune il fait référence à lui-même pour justifier cette suggestion.

353) Yaël Braun-Pivet censure la proposition de loi insoumise pour abroger la retraite à 64 ans

Retraite. La décision vient de tomber. À peine quelques heures après le déclenchement du 16ᵉ 49.3, Yaël Braun-Pivet et les députés du camp présidentiel viennent de récidiver dans leur dérive autoritaire. Ils ont censuré, ce midi, la proposition de loi des insoumis visant à abroger la réforme des retraites à 64 ans, une réforme qui n’a jamais eu aucune justification, entrée en vigueur sans aucun vote, rejetée par 93% des actifs et contestée par des millions de personnes dans la rue pendant le plus long conflit social depuis mai 1968.

Dans le cadre de leur niche parlementaire du 30 novembre prochain (une journée par an où ils peuvent déterminer l’ordre du jour de l’Assemblée nationale), les insoumis entendaient faire voter aux députés un texte d’abrogation de cette réforme qui vole deux ans de vie à l’ensemble à des Français. Le Bureau de l’Assemblée nationale en a décidé autrement.

En violant les règlements de la Chambre basse du Parlement, il a déclaré irrecevable la proposition de loi insoumise. Le camp présidentiel manœuvre ainsi une nouvelle fois pour éviter tout vote sur la retraite à 64 ans. Un nouveau coup de force démocratique dénoncée par le groupe parlementaire LFI et l’ensemble des insoumis pour qui l’affaire de la retraite à 64 ans ne sera jamais réglée, et la page jamais tournée. Notre article.

« Jamais dans l’histoire de notre institution, le Bureau n’est revenu sur une proposition de loi déjà déclarée recevable par une délégation de députés… nommée par ce même Bureau »

Dans le cadre de la préparation de la niche parlementaire de LFI, une première censure d’un texte d’abrogation de la réforme des retraites avait eu lieu le 17 octobre dernier. Le groupe parlementaire insoumis avait alors décidé de reprendre telle quelle la proposition d’abrogation du groupe LIOT (Libertés, Indépendants, Outre-mer et Territoires), déclarée recevable en juin 2023. La nouvelle proposition de loi devait logiquement être inscrite à l’ordre du jour de la niche parlementaire, en séance publique, par la conférence des présidents de l’Assemblée nationale.

Elle était censée se tenir hier, mardi 7 novembre. Elle a été décalée à aujourd’hui, en fin de journée, afin de permettre au Bureau de l’Assemblée de discuter de la recevabilité de la proposition des insoumis ce matin. En voilà le résultat : une censure du texte de LFI, manu militari. « Jamais dans l’histoire de notre institution, le Bureau n’est revenu sur une proposition de loi déjà déclarée recevable par une délégation de députés… nommée par ce même Bureau », dénoncent les députés insoumis dans un communiqué.

Censure d’une loi d’abrogation de la retraite à 64 ans : une sensation de déjà-vu

Une sensation de déjà-vu. Souvenez-vous, en effet, du 8 juin 2023, jour de la niche parlementaire du groupe LIOT à l’Assemblée nationale. Avec le groupe LIOT, les députés NUPES avaient co-signé une proposition de loi visant à abroger la retraite à 64 ans. Par peur de perdre, la minorité présidentielle avaient préféré piétiner le Parlement en empêchant la tenue d’un vote par de multiples manœuvres institutionnelles. Le groupe LIOT n’avait eu d’autre choix que de retirer une proposition de loi vidée de sa subsistance.

Retour sur les évènements du 8 juin : Retraites : LIOT retire son texte, la démocratie humiliée

Dans quelle démocratie peut-on décider de faire travailler l’ensemble de la population 2 ans de plus, sans qu’il n’y ait jamais eu de vote de l’Assemblée nationale ? Alors que 93% des actifs et l’ensemble des syndicats étaient contre, que des millions de personnes ont manifesté des mois durant partout dans le pays pour s’y opposer ? Le camp présidentiel ne veut pas aller au vote parce qu’il a peur de le perdre. Sinon, il n’aurait jamais usé d’un 49.3 et ne mettrait pas en œuvre tous ces subterfuges réglementaires pour servir ses intérêts politiques. La France va-t-elle rester cantonnée encore longtemps dans ce régime macroniste, lancé dans une pente autoritaire largement assumée par ceux qui gouvernent le pays ?

352) La retraite « chemin du pouvoir » sur le travail  ?

lundi 10 juillet 2023, par LAUMONIER Jean-Claude

Au moment où s’engageait l’épreuve de force face à la contre-réforme des retraites d’E. Macron, Bernard Friot, économiste, sociologue, animateur du Réseau Salariat, publiait un nouvel ouvrage sur le sujet « Prenons le pouvoir sur nos retraites »1.

Ce petit livre prolonge et accentue le virage théorique pris par l’auteur, dans ses écrits, depuis 2009. Il attribue l’échec « structurel » des opposants aux contre-réformes libérales à leur incapacité à saisir le caractère subversif de la retraite comme « salaire continué ». Il leur oppose la perspective d’une transformation de la société fondée sur la généralisation du « salaire à vie » déconnecté de l’emploi, dont la pension de retraite serait le modèle déjà réalisé.

Dans un moment où les doutes et les questionnements sont nombreux sur la possibilité et les modalités d’une stratégie de rupture avec le capitalisme, les propositions de Bernard Friot, d’apparence concrètes et radicales, semblent offrir une alternative au manque de perspectives ressenti dans le mouvement social et ouvrier.

La défaite et ses causes : un débat escamoté

Bernard Friot revient, une nouvelle fois, dans son livre, sur l’incapacité du mouvement social et ouvrier à s’opposer aux contre-réformes successives des retraites et de la protection sociale. « Échouer pendant de longues décennies à s’opposer à des réformes très impopulaires, de plus annoncées largement à l’avance, ce qui laisse à la contestation le temps de s’organiser, doit interroger sur la logique de mobilisation mise en œuvre. Or, aussi stupéfiant que cela paraisse, aucun bilan n’est tiré de cet échec par les syndicats et les partis qui organisent la mobilisation ».2

On ne peut que partager l’exigence d’un bilan. Depuis les grèves de novembre-décembre 1995 contre le plan Juppé, les mobilisations contre les « réformes » successives ont mis en mouvement des millions de salariéEs. Elles sont, de loin, les luttes interprofessionnelles les plus importantes qu’ait connues le pays au cours des trente dernières années. Pourtant, elles n’ont réussi, au mieux, qu’à ralentir le rythme et l’ampleur de certaines attaques. S’interroger sur les raisons de cette incapacité semble donc légitime et nécessaire.

Mais B. Friot clôt la discussion aussi vite qu’il l’a ouverte. Plus précisément, sans débattre des différentes hypothèses possibles, par une pirouette, il n’en retient qu’une seule, la sienne : « je n’ai pas de compétence sur les moyens d’action choisis, je n’en dirai donc rien. Je m’en tiens aux analyses proposées et aux mots d’ordre »3.

À l’occasion de chacune des grandes mobilisations sur les retraites, les discussions ont pourtant été nombreuses et vives dans la gauche politique et syndicale et sociale sur les « moyens d’action choisis ». Elles sont à nouveau au cœur des débats de 2023 : faut-il aller au-delà de journées d’action répétées face à un pouvoir inflexible et comment y parvenir  ? Comment généraliser la grève, créer le rapport de forces pour bloquer l’économie  ? Comment préserver l’unité syndicale et celle des participantEs au mouvement  ? Quels outils mettre en place pour contrôler démocratiquement la lutte et définir ses objectifs  ?

Militant de longue date, membre, comme il le rappelle, du PCF et de la FSU, observateur et acteur des mobilisations sociales, Bernard Friot fera difficilement croire qu’il n’a « aucune compétence » pour débattre de ces sujets et donner un avis argumenté. Il élimine ainsi toute discussion sur la stratégie et la tactique des organisations du mouvement ouvrier. La réponse est, selon lui, ailleurs : « c’est en défendant eux aussi la retraite comme “hors travail” et en posant eux aussi les retraités comme “anciens travailleurs” que les opposants à la réforme perdent : car ils sont alors sur le terrain des réformateurs »4.

Pour B. Friot, existe heureusement une alternative à portée de main, pourvu qu’on veuille bien ouvrir les yeux. En sortant de la « cécité » ambiante et « de l’idéologie commune aux réformateurs et à leurs adversaires », il est possible de généraliser « le salaire de libre activité des retraités », et ainsi d’« ôter à la bourgeoisie son pouvoir sur le travail et donc sur l’argent. »5

Dans son dernier ouvrage, B. Friot pousse encore plus loin les conséquences pratiques de sa théorie du « travail » des retraités. Dans la perspective d’étendre à tous les travailleurs « l’expérience de la liberté au travail », il entend désormais « faire des retraités les vecteurs de cette conquête de la souveraineté »6. En retraite à 50 ans, avec la garantie d’une rémunération à vie correspondant à leurs meilleurs salaires d’activité « ces nouveaux retraités auraient une responsabilité, celle d’auto organiser le travail dans leur entreprise contre les directions et pour ce faire ils seraient non licenciables ». Il appelle les syndicats à « appuyer cette auto-organisation au lieu des luttes défensives en réaction aux initiatives patronales »7.

Le « bonheur » des retraité·E·s, une vision unilatérale d’une réalité contradictoire

La présentation des retraitéEs comme travailleurs libérés des contraintes du capitalisme s’appuie sur une réalité. Bernard Friot ouvre son nouveau livre sur ce rappel : « …la retraite est la réalité économique, sociale et politique la plus massivement nouvelle des cinquante dernières années, et cette nouveauté est celle du bonheur »8. Elle concerne aujourd’hui 1/3 des personnes majeures. Bernard Friot souligne le vécu « heureux » de millions de « jeunes retraités ». Un état de santé satisfaisant et un revenu à vie suffisant leur permettent de s’adonner à de multiples activités socialement utiles, de s’y épanouir et développer des liens sociaux riches. Il tempère néanmoins ce tableau, en évoquant le faible niveau des pensions (principalement des femmes) synonyme de survie plutôt que de vie heureuse. Le but de sa proposition d’un « salaire continué » prolongeant le meilleur salaire pourrait néanmoins y remédier.

En permettant aux retraitéEs de quitter leur emploi à 60 ans (55 pour certainEs), en prolongeant leur salaire alors qu’ils sont encore en état de poursuivre leur activité, le système de retraite par répartition a transformé et élargi le rôle de la protection sociale. Créé comme garantie des ressources nécessaires aux travailleurs dans l’impossibilité d’occuper un emploi (maladie, maternité, accident de travail, chômage, vieillesse), ce système est devenu, pour une partie des retraitéEs, encore en pleine possession de leurs moyens, la possibilité de vivre, « hors emploi », un moment d’activité libre et « heureuse ». C’est ce temps-là qui est aujourd’hui menacé par le recul de l’âge légal à 64 ans et le rallongement de la durée de cotisation pour une retraite complète. Sa remise en cause a été l’un des moteurs de la mobilisation de 2023.

L’espérance de vie continue d’augmenter en France, mais l’espérance de vie en bonne santé y stagne désormais autour de 64/65 ans, âge minimum désormais requis pour le départ en retraite. Il faut y ajouter les très fortes disparités sociales ; l’espérance de vie et tout particulièrement l’espérance de vie en bonne santé étant très significativement plus faibles chez les ouvriers que chez les cadres.

La retraite est toutefois une réalité plus contradictoire que le laisse entendre le tableau idéalisé qu’en dresse B. Friot. Elle reste pour tous, celle du vieillissement et d’une inéluctable perte de capacités débouchant pour un nombre croissant sur la « dépendance ». En 2015, selon l’INSEE, 15,3 % des personnes âgées de plus de 60 ans était considérées comme « dépendantes » dont 3,7 % avaient perdu toute autonomie. Il est significatif que le sujet de la perte d’autonomie qui occupe depuis plusieurs années une grande place dans le débat public sur la protection sociale, (discussion sur le « 5e risque » et son financement), soit pratiquement absent de la réflexion de Bernard Friot.

Une vision idéalisée et unilatérale de la retraite lui est en effet nécessaire pour donner consistance à sa théorie du retraité productif « travaillant jusqu’à sa mort ». Elle est poussée à la caricature dans son dernier livre. Le/la retraitéE continuant, après 50 ans, à travailler dans son entreprise y devient le vecteur, du développement de l’auto-organisation des travailleurs pour imposer d’autres finalités au travail et d’autres manières de produire. Le personnage principal du petit apologue qui clôt le livre, n’hésite pas à affirmer « Au travail jusqu’à ma mort, tel que nous sommes en train de le libérer du capital, ça c’est sûr. Je ne veux pas devenir vieille en étant exclue du travail productif, je veux mourir sans âge en travaillant comme je l’entends et au rythme que je décide ».9

B. Friot a beau voir là « un horizon autrement enthousiasmant que celui illusoire du “enfin libre” »10, on peut douter de sa capacité à en convaincre les intéresséEs.

La « libération » du travail par la retraite : chemin ou impasse  ?

La perspective de la « libération » du travail par la généralisation du « salaire à vie » des retraités, doit pour Bernard Friot « ouvrir le chemin du pouvoir sur le travail ».

Trois types d’objections peuvent lui être néanmoins opposées :

• Elle évite la question de la nécessaire conquête du pouvoir politique pour priver la classe dominante de ses capacités de réaction, briser son pouvoir économique et politique.

• Elle transfert le rôle décisif dans la rupture avec le capitalisme à certaines couches sociales (les retraités principalement), dont le poids est pourtant très restreint dans la lutte de classe réelle.

• Elle pose enfin la question des buts de l’émancipation sociale. Travail « libéré » des contraintes du capitalisme et/ou temps libre « hors travail ».

Priver la classe dominante de son pouvoir sans qu’elle ne réagisse  ? Pour Bernard Friot la sortie du capitalisme est réalisable par l’émergence et la généralisation (sur une longue période), d’un nouveau mode de production aboutissant au dépérissement du capitalisme. Cette perspective s’appuie sur le développement des institutions « communistes » déjà existantes, telles que le statut des fonctionnaires et le régime général de la Sécurité sociale. Il suffirait de les étendre pour priver à terme la bourgeoisie de sa domination sur le travail.

Dans l’Idéologie allemande (1845) Marx et Engels définissaient le communisme comme « le mouvement réel qui abolit l’état actuel ». S’inspirant de cette définition, Bernard Friot en donne une interprétation très personnelle. Pour lui, « le communisme est le mouvement par lequel la classe révolutionnaire met en place des institutions alternatives à celles du capitalisme »11 (souligné par nous).

Dans une interview de 2020, il précisait « Quand j’appelle communistes des institutions comme le statut de la fonction publique ou le régime général de sécurité sociale, je les pose bien sûr comme prémices du communisme, pas comme communisme accompli ! Dans l’Idéologie allemande, Marx et Engels désignent par communisme le “mouvement réel” de sortie du capitalisme dans la lutte de classes, et c’est une affaire de très longue haleine. Il faut des siècles pour passer d’un mode de production à un autre »12 (souligné par nous).

On est ici très éloigné de la perspective tracée dans le Manifeste communiste (1848), qui affirmait « le but immédiat des communistes est le même que celui de tous les partis ouvriers : constitution des prolétaires en classe, renversement de la domination bourgeoise, conquête du pouvoir politique par le prolétariat »13 (souligné par nous), stratégie confirmée et précisée ensuite après la brève expérience que fut la Commune de Paris.

La nécessité de la conquête du pouvoir politique comme condition à l’instauration d’une société des « producteurs associés » se fonde sur un double constat :

1) Le mode de production capitaliste n’est pas une simple juxtaposition « d’institutions » au sein desquelles il serait possible de « prendre le pouvoir ». Il forme un tout cohérent (propriété privée, salariat, économie de marché, intégration dans le marché mondial) que l’on ne peut espérer démanteler « à la découpe ».

2) La classe dominante dispose d’un État, dont la fonction est de préserver par tous les moyens (y compris la violence la plus extrême) les rapports sociaux existants. Toute l’histoire des luttes de classes en témoigne. Si la bourgeoisie, dans des situations de crise, peut être amenée à faire des concessions majeures pour ne pas « tout » perdre, (comme ce fut le cas en France en 1936 ou en 1945), c’est pour mieux reprendre la main dès que le rapport de force lui est plus favorable. Penser que par un fin stratagème ou une habile tactique, il sera possible de lui arracher le pouvoir, sans qu’elle ne s’en aperçoive et/ou ne réagisse, relève d’une illusion que n’évite pas Bernard Friot.

La lutte de classe par qui et comment  ?

Les ouvrages de Bernard Friot se réfèrent constamment à la « lutte de classe ». Le contenu de cette lutte et ses acteurs sont pourtant chez lui très différents de ce qu’ils sont dans la tradition marxiste à laquelle il se réfère. Pour celle-ci, le rôle révolutionnaire du prolétariat (de la classe ouvrière, des salariés quel que soit le nom donné) repose sur sa place dans le système de production capitaliste. Producteur de la richesse, et en même temps privé des moyens de production, le prolétariat (c’est-à-dire l’ensemble de ceux qui n’ont à vendre que leur force de travail) dispose de la capacité de paralyser et de renverser l’ordre existant.

La perspective tracée par B. Friot qui repose sur la conquête et l’extension d’institutions « communistes », relativise ce rôle. La place centrale dans la « lutte de classe » revient aux couches sociales déjà libérées des contraintes capitalistes de l’emploi, principalement les retraitéEs, dont B. Friot fait dans son dernier ouvrage les « vecteurs » de la transformation sociale, alors qu’ils jouent un rôle marginal dans la production et la reproduction de la richesse sociale.

Ce déplacement se concrétise dans l’appréciation que porte B. Friot sur le rôle de la grève. Dans l’entretien déjà cité à Frustration, il affirmait :

« Décider, ça veut dire s’opposer aux directions. Et s’opposer aux directions ça ne se fait pas par la grève. La grève, c’est un temps pratiquement inexistant dans le secteur privé et très intermittent dans le secteur public. Donc non, ce n’est pas par la grève qu’on s’oppose aux directions, et comme aujourd’hui il n’y a que ça comme moyen d’action, la grève comme absence de travail, on ne mobilise pas toute l’organisation – les militants, les institutions, les protections (par exemple la protection contre le licenciement des délégués syndicaux), on ne mobilise pas toute cette organisation pour dire “ah non non, nous allons nous auto-organiser dans ce que nous faisons au travail” »14.

La grève qui permet à la classe des producteurs de montrer sa force en paralysant la société disparait au profit d’une « lutte de classe » déconnectée des combats réels quotidiens menés par les salariés jugés inutiles et inefficaces. B. Friot lui substitue une illusoire « auto-organisation » reposant sur les épaules de retraités continuant à travailler jusqu’à leur mort.

Émancipation, temps libre et/ou libération du travail

Si B. Friot ne rejette pas dans son dernier livre la réduction du temps de travail, comme il l’avait parfois fait auparavant, il n’en reste pas moins opposé au mot d’ordre « de travailler moins pour travailler tous ». Il ne voit comme justification à la réduction du temps de travail que la nécessité d’« inclure dans le travail le temps de délibération et de formation »15.

Pour B. Friot l’autonomie permise par le « salaire à vie » permettrait de libérer le travail en donnant à chacun le droit citoyen de pratiquer l’activité qu’il souhaite, dans les conditions qu’il désire.

L’approche de Marx, dans le livre III du Capital16 est très différente. Pour lui, l’obligation dans laquelle se trouve l’homme « dans toutes les formes de société et sous tous les types de production » de produire et de reproduire les conditions matérielles de son existence ne permet pas que « cesse le travail dicté par la nécessité et les fins extérieures ».

Même dans une société où les rapports de production capitalistes auront été abolis, subsistera la nécessité « de se mesurer avec la nature17 pour satisfaire ses besoins, conserver et reproduire sa vie ».

Une telle société marquerait un progrès considérable sur la société capitaliste en ce que « les producteurs associés – l’homme socialisé – règlent de manière rationnelle leurs échanges organiques avec la nature et les soumettent à leur contrôle commun au lieu d’être dominés par la puissance aveugle de ces échanges, et ils les accomplissent en dépensant le moins d’énergie possible, dans les conditions les plus dignes, les plus conformes à leur nature humaine. »

La nécessité d’un travail « contraint », partagé entre l’ensemble des « producteurs associés » n’en demeure pas moins. Elle suppose une organisation sur le plan local, national et international pour planifier et assurer la production des valeurs d’usages nécessaires, le renouvellement du matériel, la formation, le maintien de la vie en bonne santé de toutes et tous.

Aussi, pour Marx, le « règne de la liberté », « l’épanouissement de la personne humaine qui est sa propre fin » ne peut se situer qu’« au-delà de la sphère de la production matérielle proprement dite ». La réduction du temps de travail, permise par l’accroissement de la productivité de celui-ci, en est selon lui « la condition fondamentale ».

L’émancipation sociale n’est pas celle du « travail à vie », même libéré des exigences d’une société fondée sur le profit. Elle est avant tout libre activité hors du travail, même si celui-ci, partagé et effectué dans un minimum de temps reste une nécessité. Une position dont B. Friot était beaucoup plus proche dans les années quatre-vingt-dix, quand il faisait l’apologie du droit à ne « rien » faire, permis par le salaire socialisé, précisant que « ne rien faire c’est user librement de son temps pour travailler bien sûr, mais aussi pour entretenir des liens familiaux ou d’amitié, se soigner ou se former, militer dans un syndicat ou un parti politique, élever ses enfants, aller au cinéma, etc. Être payé à ne rien faire, c’est percevoir un salaire à disposer librement de son temps. »18

S’appuyer sur le « déjà là », mais pour aller où  ? Dans ses discussions avec les militantEs anticapitalistes, B. Friot met souvent l’accent sur un risque bien réel. Le combat pour l’émancipation sociale ne peut se contenter de la dénonciation des méfaits du capitalisme, complété par un appel abstrait à « prendre le pouvoir », à « renverser le système » ou « faire la révolution ».

Pour convaincre et mobiliser, il ne suffit pas, insiste-t-il à juste titre, de dire ce contre quoi l’on est mais il faut avancer des objectifs concrets qui montrent la nécessité de rompre avec le système.

Il insiste sur le rôle de ce qu’il appelle les « déjà là », institutions ouvrières, acquis sociaux (il préfère parler de « conquis »), dont la Sécurité sociale est un élément essentiel, instaurant dès aujourd’hui les germes d’une société à laquelle chacunE contribue selon ses moyens, pour recevoir selon ses besoins.

La nécessité de mettre en avant des revendications s’appuyant sur des exigences et des aspirations de notre classe, et posant dans les faits la question de la rupture avec le capitalisme, est ce que nous appelons, dans la tradition des premières années de l’Internationale Communiste, puis de la IVe Internationale, stratégie et programme de transition. Les revendications sur la protection sociale y jouent un rôle décisif (salaire « continué » pour faire face à toutes les situations de « hors emploi », santé gratuite pour tous…). Mais ces revendications n’ont de sens qu’en s’articulant dans la perspective de poser la question du pouvoir, et non de la contourner. Quelles que soient les difficultés actuelles, dans l’état d’affaiblissement et de fragmentation dans lequel se trouve le mouvement social et ouvrier à définir une telle stratégie et à construire une force capable de la faire vivre, il n’y a pourtant pas d’autre voie.

Jean-Claude Laumonier

Notes

1.Prenons le pouvoir sur nos retraites, éditions La Dispute. Par la suite, les initiales PPSR indiqueront les références de pages.

2.PPSR Page 47.

3.PPSR Page 47.

4.PPSR Page 17.

5.PPSR Pages 17-18.

6.PPSR Page 100.

7.PPSR Page 9.

8.PPSR Page 4.

9.PPSR Page 106.

10.PPSR Page 100.

11.PPSR Page 51.

12.Entretien à Frustration magazine, 28 février 2020.

13.Le Manifeste du parti communiste, « II) prolétaires et communistes ».

14.Entretien à Frustration magazine 28 février 2020.

15.PPSR Page 92.

16.Le Capital, Livre III, p 1487-1488.

17.Dans le respect de cette nature, est-il indispensable de préciser aujourd’hui.

18.« Assurances sociales, solidarité nationale, salaire socialisé », La Revue de l’IRES, septembre 1999.

351) Réforme des retraites : et si elle n’avait servi à rien ? (Thomas Porcher)

Nouveau rapport du COR sorti jeudi dernier, 22 juin. Pour voir les effets de la réforme. Et devinez quoi ? La réforme permet bien de faire des économies, MAIS le fameux équilibre en 2030 sur répété et promis par le gouvernement… n’est pas atteint. De plus, l’exécutif a compté deux fois certaines recettes, ce qui laisse un trou de 4 milliards, explique l’économiste Michael Zemmour, spécialiste de la question, qui a énormément éclairé pendant la séquence retraites. Donc. L’équilibre 2030, non. Des économies, oui. Mais en 2070, les scénarios du COR restent identiques, réforme Macron-Borne ou non. Et si la véritable question, ce n’était pas le déficit, comme on se tue à le dire depuis le début ? Thomas Porcher et Lisa Lap remettent l’église au centre du village : le problème de la réforme des retraites est d’ôter deux ans de vie là où le rapport montre bien que l’espérance de vie en bonne santé ne suit pas parallèlement le report de l’âge de départ.

Autre aspect, le COR avance que “quelle que soit la génération considérée, les pensions cumulées des retraités les plus modestes (1er quartile de pension) augmenteraient nettement avec la réforme (gain de 4,7 % pour la pension cumulée pour la génération 1966, 12,0 % pour la génération 1984). Ce résultat est à relier à la hausse du minimum contributif et à son nouveau mode d’indexation. A contrario, pour les deux générations étudiées, les pensions cumulées des 25 % de retraités les plus aisés diminueraient avec la réforme (entre 1 et 2%). Thomas Porcher rappelle que ces quelques dizaines d’euros de gagnés ne valent pas les deux ans de vie de perdus, et refait un point sur le système de cotisation en place. Il explique tout simplement que le débat est très mal posé depuis le début et reprend la question à l’endroit.

Une cinquantaine de chefs d’État et de gouvernement se sont réunis jeudi et vendredi dernier pour le sommet Nord-Sud sur invitation des autorités françaises. L’objectif ? Tenter de “répondre aux immenses besoins des pays en développement en matière de lutte contre la pauvreté et d’adaptation au réchauffement climatique, (...) et repenser les relations Nord-Sud”, écrit Le Monde. Tandis que les pays développés le sont grâce notamment à l’exploitation des pays aujourd’hui en développement, à la fameuse mondialisation ou au fait de pouvoir polluer sans limite il a y des dizaines d’années ; les pays en développement eux sont confrontés à bon nombres d’enjeux et de limites. On pense au climat bien sûr, mais pas que. “Pour la première fois depuis trente ans, l’indice de développement humain qui mesure plusieurs indicateurs comme l’espérance de vie ou le niveau de vie, a baissé, d’abord en 2020 puis en 2021. C’est un « recul majeur », selon l’ONU, qui touche tous les pays en développement.”, lit-on dans les colonnes du Monde. Questions finances aussi, avec la récente hausse des taux d’intérêt, censée enrayer l’envolée de l’inflation, c’est désormais une crise de la dette qui se profile à l’horizon, avec un coût social élevé, raconte le journal.

Il y a donc énormément d’enjeux, sociaux, de pauvreté, climatiques aussi bien sûr, sans oublier le colonialisme. On pourrait également parler de l’aide publique au développement, des pays du nord vers le sud, dont les promesses n’ont pas été tenues et la nature des financements qui échappent à tout contrôle. Un sommet à l’initiative de la France donc, où Emmanuel Macron pratique son fameux en même temps, encourager un développement durable et écologique, mais comprendre que le premier problème est la pauvreté. Un Président qui endosse son rôle préféré : le chef d’État pragmatique, diplomate international, intermédiaire entre le Nord et le Sud, qui veut repenser, régler, soigner les fractures mondiales. Thomas Porcher explique deux éléments : d’une part les pays développés le sont grâce à la colonisation et l’exploitation, d’autre part les investissements des pays riches dans les pays du Sud servent aux industriels occidentaux. Décryptage.

350) Retraites – L’économiste Michaël Zemmour dissout le gouvernement : « Ils ont compté 4 milliards de trop dans le tableau Excel »

L’économiste Michaël Zemmour dissout le gouvernement : « Ils ont compté 4 milliards de trop dans le tableau Excel »

Retraite. « Le gouvernement, quand il a présenté les comptes de la réforme, a fait une erreur de présentation : il a compté deux fois certaines recettes. C’est une erreur de l’ordre de 4 milliards [d’euros]. Cela explique en partie pourquoi est-ce que l’on n’atteindra pas l’équilibre en 2030 alors que c’était un objectif du gouvernement », selon l’économiste Michaël Zemmour, interviewé ce 21 juin 2023 sur RMC. Une révélation qui va faire du bruit, faite par l’un des économistes les plus médiatiques pendant la mobilisation historique contre la réforme des retraites. Michaël Zemmour avait notamment révélé en quoi la promesse du gouvernement sur une retraite de 1200 euros brut pour tous était un mensonge. Notre brève.

349) Les syndicats vont poursuivre le combat des retraites sur le terrain judiciaire

Pour visionner cette video, cliquer sur le titre 349 ci-dessus.

348) La Macronie a gagné, la démocratie a perdu

https://www.youtube.com/watch?v=p_1...

347) La démocratie étouffée ( Michel Soudais, Politis

Le gouvernement a encore multiplié les procédures pour empêcher un vote sur le recul de l’âge de départ en retraite. Surfant sur la récente jurisprudence du Conseil constitutionnel, il se montre d’autant plus enclin à écraser ses oppositions qu’il se sait minoritaire.

https://www.politis.fr/articles/202...

Est-on encore dans une démocratie de plein droit ? Si la question n’est pas nouvelle, elle a ressurgi avec force dans les mobilisations contre la réforme des retraites. Singulièrement le 16 mars, quand Élisabeth Borne a dégainé l’article 49 alinéa 3 pour éviter un vote trop incertain sur le texte issu de la commission mixte paritaire. Obtenir que les députés se prononcent enfin par un vote sur la mesure la plus injuste de cette réforme – le recul de l’âge légal de départ en retraite de 62 à 64 ans –, tel était l’objectif de la proposition de loi portée par le petit groupe Liot, qui l’avait inscrite dans sa niche parlementaire fixée au 8 juin.

Dans un souci d’« apaisement », que l’exécutif ne parvient pas à rétablir, ce texte, que nous avons déjà eu l’occasion d’évoquer, proposait d’abroger la mesure d’âge et de réunir « une conférence de financement » afin de dégager « de nouvelles pistes de financement » de notre système de retraite par « une vraie concertation ».

Soutenue par toute la Nupes, cette proposition de loi a été enregistrée et validée par le Bureau de l’Assemblée nationale fin avril. Au grand dam du camp présidentiel qui ne voulait à aucun prix d’un vote aux airs de match retour. Il y est parvenu. Non sans pressions. Et en usant de plusieurs stratagèmes procéduraux permis par la Constitution de la Cinquième République et le règlement de l’Assemblée nationale. Contraignant Bertrand Pancher, le président du groupe Liot, à retirer son texte dont il ne restait « plus rien » pour ne pas se « ridiculiser » à poursuivre un débat empêché.

Une irrecevabilité à la discrétion de l’exécutif La manœuvre, bien orchestrée, a consisté à obtenir l’invalidation de l’article premier du texte au nom de l’article 40 de la Constitution qui stipule que les propositions ou amendements d’origine parlementaire sont irrecevables « lorsque leur adoption aurait pour conséquence (…) la création ou l’aggravation d’une charge publique ». Ce à quoi le président de la commission des Finances, Éric Coquerel, saisi en application de l’article 89-4 du règlement de l’Assemblée, s’est refusé.

Dans un argumentaire de six pages, l’Insoumis s’est notamment appuyé sur une « jurisprudence de l’Assemblée favorable aux initiatives législatives des parlementaires en particulier issus des groupes d’opposition ». À quoi Jean-René Cazeneuve, le rapporteur général de la commission des Finances et l’un des piliers de Renaissance, lui a répondu que si des propositions de loi créant des charges avaient précédemment été acceptées, « c’est l’endossement de leur contenu par le gouvernement, lors de leur examen, qui les a purgées (sic) de leur éventuelle irrecevabilité financière ». Traduction : l’initiative parlementaire, reconnue à l’article 48 alinéa 5 de la Constitution, ne peut s’exercer que si le gouvernement est d’accord.

Cet arbitraire s’est vérifié jusqu’à la caricature. Après le rejet en commission des Affaires sociales, le 30 mai, de l’article portant abrogation de la mesure d’âge par 38 voix contre 34 – un résultat favorisé par le groupe LR – lors d’une séance houleuse marquée par le refus de Fadila Khattabi, sa présidente (Renaissance), d’examiner des centaines de sous-amendements déposés par la Nupes, la censure pouvait s’exercer sur tous les amendements qui tenteraient de rétablir cet article premier dans sa rédaction initiale lors de l’examen dans l’hémicycle. Mais pas que…

Une boulimie de censure Investie de ce pouvoir par l’article 89.3 de son règlement, la présidente de l’Assemblée, Yaël Braun-Pivet a enfilé les plus grands ciseaux d’Anastasie. Résultat : 104 amendements sur 302 à la trappe ! Dont 59 pour irrecevabilité au titre de l’article 40. Essentiellement présentés par les groupes d’opposition puisqu’au final ne restaient que 11 amendements PS, EELV, LFI ou Liot.

La décision du Conseil constitutionnel sur la réforme des retraites a créé une gravissime jurisprudence.

« Un choix politique et partisan », dénoncé par Éric Coquerel qui pointe « trois transgressions » des pratiques courantes aussi régressives – au regard des évolutions institutionnelles des vingt dernières années –, que révélatrices d’une « application maximaliste de l’article 40 » puisque « des amendements dits d’objectif (…) qui ne sont pas en eux-mêmes constitutifs d’une charge » ont été envoyés à la corbeille.

Fin novembre, la même Yaël Braun-Pivet considérait dans un entretien à La Voix du Nord « qu’il faut débattre sur le fond et ne pas utiliser des techniques procédurales d’obstruction pour éviter finalement le débat sur le fond ». Le diktat d’Emmanuel Macron sur sa réforme des retraites a eu raison de ce genre de promesses.

Pourquoi l’exécutif se priverait-il de maltraiter les droits du Parlement, qui sont d’abord ceux de l’opposition ? La décision du Conseil constitutionnel sur la réforme des retraites a créé une gravissime jurisprudence en permettant au gouvernement d’empiler les procédures bridant le Parlement, sans risque d’être sanctionné par les juges de la rue Montpensier.

Ces derniers, en validant une méthode d’exercice du pouvoir, se sont nettement rangés aux côtés de l’exécutif puisque, dans le secret de leurs échanges, un seul d’entre eux, en l’occurrence Laurent Fabius, se serait prononcé pour une censure totale du texte, en raison des trop nombreuses procédures utilisées pour corseter le Parlement, selon Le Point du 2 juin. Qu’elles permettent à un gouvernement sans majorité absolue à l’Assemblée nationale de faire adopter des lois et des budgets sans vote n’est pas le moindre des problèmes dans une démocratie.

Ce n’est pas le seul : en début de semaine, une majorité de députés refusent d’approuver trois projets de loi de règlement du budget et d’approbation des comptes de l’État pour les années 2021 et 2022, ainsi que celui de la Sécu pour 2022. Quelles conséquences ? Aucune sur la trajectoire gouvernementale. La constitution de la Cinquième République apparaît de plus en plus comme un étouffoir de la démocratie.

346) Retraites : LIOT retire son texte, la démocratie humiliée

« En responsabilité, nous retirons notre texte », a déclaré Bertrand Pancher, président du groupe parlementaire LIOT (Libertés, Indépendants, Outre-mer et Territoires). Dans le cadre de leur niche parlementaire ce 8 juin 2023, les députés LIOT avaient co-signé avec ceux de la NUPES une proposition de loi visant à abroger la retraite à 64 ans. Vidée de sa substance à cause des multiples manœuvres du camp présidentiel, le groupe LIOT n’a eu d’autre choix que de la retirer.

Pour la première fois, un vote sur la réforme des retraites pouvait avoir lieu à l’Assemblée nationale. Par peur de perdre, la minorité présidentielle a préféré piétiner le Parlement en empêchant sa tenue. Un véritable coup de force contre la démocratie. Le chef de l’État, défenseur seul contre tous d’une retraite à 64 ans, a profondément fracturé le pays. Notre brève.

Un vote pour abroger la retraite à 64 ans empêché : un coup de force démocratique du camp présidentiel Quelques rappels chronologiques. La proposition de loi LIOT-NUPES visant à abroger la retraite à 64 ans a été déclarée recevable par une délégation du Bureau de l’Assemblée nationale le 26 avril 2023, sans que cela pose un problème. Mais, petit à petit, la pression est montée au sein du camp présidentiel : la peur que ce texte soit voté par l’Assemblée nationale existait bel et bien. Pendant quelques jours, les soutiens du chef de l’État ont affirmé sur tous les tons qu’un tel texte de loi était soi-disant inconstitutionnel, contre l’avis de plusieurs constitutionnalistes et du président de la commission des finances de l’Assemblée nationale, Éric Coquerel (LFI).

Puis, en commission des affaires sociales, le 31 mai dernier, le Parlement a été humilié. Le camp présidentiel s’est livré à de basses manœuvres institutionnelles. Suppression de sous-amendements déposés par l’opposition, substitution de députés Les Républicains « macron-compatibles », suppression d’un article de la loi LIOT-NUPES visant à rétablir l’âge légal de départ à la retraite à 62 ans, pourtant validé par les instances de l’Assemblée nationale : tous les moyens ont été bons pour empêcher la proposition de loi LIOT-NUPES d’être votée en hémicycle.

Le groupe LIOT, pris sous la menace de la présidente de l’Assemblée nationale de déclarer irrecevable sans fondement de nouveaux amendements sur leur texte de loi, s’est vu contraint de retirer son texte. Par peur de perdre, la minorité présidentielle a préféré piétiner le Parlement pour empêcher la tenue d’un vote sur l’abrogation de sa réforme brutale. Seul contre tous, Emmanuel Macron a profondément fracturé le pays.

Retraites : Michaël Zemmour étrille le gouvernement

L’invitation de Michaël Zemmour sur RMC ce matin fait est liée à l’actualité du jour : la sortie du dernier rapport du Conseil d’Orientation des retraites (COR), rattaché à la Première ministre. Pour résumer : malgré la réforme, le système des retraites sera toujours en déficit en 2030. Pourtant, l’un arguments majeurs du gouvernement pour défendre sa brutale réforme était justement… de combler ce déficit. Le tout, en employant un ton des plus alarmistes, alors que le système était en réalité excédentaire en 2022, et qu’au maximum, le déficit serait de 10 à 12 milliards, sur un budget total de près 350 milliards d’euros.

Pour aller plus loin : Retraites : Macron recadré par le président du Conseil d’orientation des retraites (COR)

Face à la révélation de l’économiste, la journaliste Apolline de Malherbe est décontenancée : « Vous êtes en train de nous dire qu’ils se sont trompés de 4 milliards ? ». « Le gouvernement a compté deux fois certaines recettes », développe Michaël Zemmour. « Quand on fait une réforme des retraites, on fait travailler des personnes plus longtemps qui vont payer des cotisations sociales. Ces cotisations retraites, elles étaient déjà comptées par le rapport du COR, donc elles étaient déjà incluses comme un effet de la réforme. Quand le gouvernement a présenté aux parlementaires son tableau de la réforme, il les a comptées une deuxième fois ».

La journaliste de RMC n’en revient toujours pas : « En fait, ils se sont plantés dans le tableau Excel ?! Enfin, je veux dire, c’est-à-dire que, euh… ». L’économiste résume son propos : « Ils ont compté 3 ou 4 milliards de trop dans le tableau Excel qui leur faisait dire qu’ils atteindraient l’équilibre [du système des retraites], en 2030 ». Michaël Zemmour 2, camp présidentiel 0. À l’Élysée, à Matignon, on ne sait visiblement plus compter.

L’invitation de Michaël Zemmour sur RMC ce matin fait est liée à l’actualité du jour : la sortie du dernier rapport du Conseil d’Orientation des retraites (COR), rattaché à la Première ministre. Pour résumer : malgré la réforme, le système des retraites sera toujours en déficit en 2030. Pourtant, l’un arguments majeurs du gouvernement pour défendre sa brutale réforme était justement… de combler ce déficit. Le tout, en employant un ton des plus alarmistes, alors que le système était en réalité excédentaire en 2022, et qu’au maximum, le déficit serait de 10 à 12 milliards, sur un budget total de près 350 milliards d’euros.

Pour aller plus loin : Retraites : Macron recadré par le président du Conseil d’orientation des retraites (COR)

Face à la révélation de l’économiste, la journaliste Apolline de Malherbe est décontenancée : « Vous êtes en train de nous dire qu’ils se sont trompés de 4 milliards ? ». « Le gouvernement a compté deux fois certaines recettes », développe Michaël Zemmour. « Quand on fait une réforme des retraites, on fait travailler des personnes plus longtemps qui vont payer des cotisations sociales. Ces cotisations retraites, elles étaient déjà comptées par le rapport du COR, donc elles étaient déjà incluses comme un effet de la réforme. Quand le gouvernement a présenté aux parlementaires son tableau de la réforme, il les a comptées une deuxième fois ».

La journaliste de RMC n’en revient toujours pas : « En fait, ils se sont plantés dans le tableau Excel ?! Enfin, je veux dire, c’est-à-dire que, euh… ». L’économiste résume son propos : « Ils ont compté 3 ou 4 milliards de trop dans le tableau Excel qui leur faisait dire qu’ils atteindraient l’équilibre [du système des retraites], en 2030 ». Michaël Zemmour 2, camp présidentiel 0. À l’Élysée, à Matignon, on ne sait visiblement plus compter.

345) Retraites : coup de force contre la démocratie, le Parlement humilié, l’opposition prépare la riposte dans la rue

Retraite. Ce 31 mai 2023, le camp présidentiel et Les Républicains (LR) ont réalisé un coup de force contre la démocratie : réduire la possibilité d’examen d’une proposition de loi destinée à abroger la retraite à 64 ans. Le texte de loi en question doit être débattu le 8 juin prochain, jour de la niche parlementaire du groupe LIOT (Libertés, Indépendants, Libertés et Territoires). Ce matin, la commission des affaires sociales de l’Assemblée nationale s’est réunie pour en discuter. Par des manœuvres politiciennes, le camp présidentiel et LR ont fait supprimer l’article 1 de ce texte de loi, le plus important. Il prévoyait un retour à l’âge légal de départ à la retraite à 62 ans. Durant la suite des débats, la présidente de la commission s’est arrogée le droit de supprimer les sous-amendements déposés par l’opposition.

Une humiliation de plus pour le Parlement, après le 49.3, le « vote bloqué » au Sénat ou le 47-1 pour réduire le temps des débats sur la réforme des retraites. En signe de protestation, les représentants des groupes parlementaires de la NUPES ont quitté la commission. La niche parlementaire LIOT du 8 juin se tiendra malgré tout. Plusieurs questions : le camp présidentiel va-t-il aller au bout de son coup de force ? Va-t-il empêcher les débats et le vote de la proposition de loi ? La présidente Renaissance (ex-LREM) de l’Assemblée nationale va-t-elle déclarer recevable un nouvel article 1, similaire à celui supprimé en commission ?

Emmanuel Macron, plus seul que jamais, continue de vouloir imposer sa réforme des retraites, contre la volonté de 93% des actifs. L’opposition prépare la riposte dans la rue. Prochain rendez-vous donné : la mobilisation nationale à l’appel de l’intersyndicale le 6 juin prochain, deux jours avant la niche parlementaire LIOT. La pression populaire doit avoir raison de ce coup de force démocratique. Notre article.

Retraite : le coup de force du camp présidentiel contre la démocratie

Ce matin, la commission des affaires sociales de l’Assemblée nationale s’est réunie pour discuter de la proposition de loi NUPES-LIOT, destinée à abroger la retraite à 64 ans lors de la niche parlementaire LIOT du 8 juin prochain. Par des manœuvres politiciennes, le camp présidentiel et LR ont fait supprimer l’article 1 de ce texte de loi, le plus important. Il prévoyait un retour à l’âge légal de départ à la retraite à 62 ans. Durant la suite des débats, la présidente de la commission s’est arrogée le droit de supprimer les sous-amendements déposés par l’opposition. Fin avril pourtant, le texte de loi avait passé les filtres du Bureau de l’Assemblée nationale et de la Commission des finances.

Cet évènement est un scandale démocratique. La proposition de loi LIOT-NUPES a de grandes chances d’être votée par les députés le 8 juin, ce qui explique toute l’énergie déployée par les soutiens du chef de l’État. Inquiète de la possibilité de perdre ce vote, la minorité présidentielle cherche par tous les moyens à empêcher sa tenue. En commission, la présidente du groupe insoumis Mathilde Panot dénonce une « macronie en dérive mafieuse » et un loto autoritaire : « 49.3, 47-1, 44.2, 44.3 et maintenant l’article 40 que vous sortez à toutes les sauces ! »

Le Parlement humilié, l’opposition prépare la riposte dans la rue

L’Assemblée nationale réduite à un vulgaire rôle de chambre d’enregistrement des désidératas du monarque présidentiel. Les députés de la NUPES permettent de révéler le visage de plus en plus autoritaire de la 5ème République, d’un pouvoir exécutif de plus en plus violent avec le pouvoir législatif. « Pour qu’on ne puisse abuser du pouvoir, il faut que, par la disposition des choses, le pouvoir arrête le pouvoir », disait Montesquieu, qui peut se retourner dans sa tombe. Par cette énième manœuvre, le camp présidentiel continue de creuser le fossé qui le sépare des Français

Le chef de l’État et son clan ont perdu toutes les batailles en défendant leur brutale réforme des retraites. Face à cette nouvelle attaque contre la démocratie, après le 49.3 à l’Assemblée et le vote bloqué au Sénat, l’opposition prépare la riposte. Dans la rue. L’Assemblée nationale ne sert à rien ? Elle sert à révéler les manœuvre autoritaires d’un pouvoir prêt à tout pour passer en force contre l’avis de 93% des actifs du pays. Le gouvernement est sourd ? La rue doit faire plus de bruit que jamais ce 6 juin, la pression populaire doit être immense sur les épaules de Yaël Braun-Pivet la pression populaire doit être immense pour sauver la démocratie.

344) Retraites : comment le gouvernement veut empêcher l’Assemblée d’abroger sa réforme

Pour lire ce texte, cliquer sur le titre 344 ci-dessus.

343) "Oui c’est une réforme d’assassins" : Le témoignage poignant de Brahim, éboueur dans le privé

Pour visionner la video de ce témoignage, cliquer sur l’adresse URL ci-dessous :

https://www.youtube.com/watch?v=3gw...

Brahim Sidibe, c’est le nom du chauffeur éboueur qui s’est fait connaitre du grand public ces derniers mois à travers des interventions télévisées très fortes et engagées contre une réforme des retraites qu’il a qualifié d’assassine. Si on a tenu à l’inviter ce soir c’est parce qu’il est l’une des figures du mouvement qui a permis aux travailleurs de garder la tête haute. On avait envie de parler de son parcours. Pourquoi avoir choisi le métier d’éboueur et pour quelles raisons est-il ensuite devenu chauffeur ? Pour quelle rémunération ? Quels sont précisément les tâches effectuées par un éboueur et les risques encourus ? Salarié gréviste, mobilisé sur le terrain et sur les plateaux TV, quel a été le coût de son engagement ? Syndiqué à la CGT depuis quelques semaines, on lui a demandé ce qu’il attendait de la rencontre qui a eu lieu hier, mardi 16/05 et aujourd’hui, entre la première ministre et l’intersyndicale. Brahim Sidibe s’est livré au micro de Nadiya Lazzouni avec authenticité et détermination à poursuivre la lutte menée.

342) A Matignon, les syndicats gardent les retraites en travers du dialogue

341) Les habits inconstitutionnels d’une réforme (par des dizaines de spécialistes du droit constitutionnel)

Ou comment faire passer le bouleversement des principes fondamentaux du droit des retraites pour une rectification des comptes de l’année 2023

Le 23 juillet 2008, une réforme constitutionnelle majeure a voulu remédier, au moins en partie, à la critique lancinante du déséquilibre de nos institutions. Elle n’a pas empêché que la très impopulaire loi sur les retraites soit adoptée d’un coup de menton présidentiel, sans majorité parlementaire ni soutien populaire. À observer ce résultat, on pourrait penser que la modification de la Constitution en 2008 fut vaine. Il n’en est rien. Nous avons assisté non pas à son échec, mais à sa violation, laquelle devrait être bientôt sanctionnée par le Conseil constitutionnel.

Depuis 2008, l’article 49 alinéa 3 ne peut plus être utilisé que pour les « projets de loi de finances ou de financement de la sécurité sociale » et une fois par session parlementaire pour les autres textes. Depuis 2008, une procédure parlementaire accélérée est réservée aux « lois de financement de la sécurité sociale » (art. 47.1), afin que les objectifs de dépenses de l’année soient votés à temps. Si l’article 49 alinéa 3 a pu être utilisé à propos de la loi sur les retraites et si le débat parlementaire a pu être à ce point tronqué, c’est seulement parce que la loi sur les retraites s’intitule « loi de financement rectificative de la sécurité sociale pour 2023 ». Or ce titre est un faux-semblant.

L’article 34 de la Constitution définit « les lois de financement de la sécurité sociale » : elles « déterminent les conditions générales de son équilibre financier et, compte tenu de leurs prévisions de recettes, fixent ses objectifs de dépenses ». Le même article 34 fixe le domaine de la loi ordinaire : elle « détermine les principes fondamentaux (…) de la sécurité sociale ». La distinction entre loi ordinaire et loi de financement est une distinction entre questions financières de l’année et principes fondamentaux. La distinction n’est pas toujours facile. Mais en l’occurrence, elle l’est. Il apparaît clairement à tous, y compris au Gouvernement, que l’actuel projet traite des principes fondamentaux du droit des retraites : il modifie l’âge de la retraite, supprime les régimes spéciaux, prévoit des dispositions qui ne seront applicables qu’à partir de 2030, vise à protéger les générations futures… Il n’est pas une simple loi de financement pour 2023.

Et ce d’autant moins que la loi est une loi rectificative pour 2023. Prévue pour ne s’appliquer qu’à partir de septembre, elle n’a qu’un gros trimestre d’application sur l’année budgétaire qui soi-disant fait son objet. Pour la branche vieillesse, la loi de financement initiale prévoyait un déficit de 3,6 milliards d’euros en 2023. La loi rectificative prévoit, elle, un déficit de 3,8 milliards en 2023, soit une différence de 200 millions d’euros. La différence, pour un volume total qui prévoit plus de 270 milliards de dépenses est infime. Elle est du millième, aussi petite qu’un millimètre l’est par rapport à un mètre. Elle est dans l’épaisseur du trait. Chacun voit à l’évidence que l’objet de la réforme actuelle n’est pas de porter la loupe sur ce millimètre. La loi a été pensée et écrite pour les décennies à venir.

De plus, les lois de financement de la sécurité sociale n’établissent que des objectifs de dépenses. Ce qui est tout à fait différent des lois de finances qui votent des autorisations de dépenses, autrement dit des limites de dépenses. Or la modification d’un simple « objectif » est forcément moins utile que la modification d’une limite. Aussi, le recours aux lois de financement rectificatives de la sécurité sociale est très rare. Il n’y a eu que deux précédents depuis 1996. Même la forte augmentation des dépenses de sécurité sociale pour faire face à l’épidémie de Covid en 2020 n’a pas conduit à adopter de loi rectificative. Le plafond d’emprunt a été porté de 39 milliards à 95 milliards. Ce bouleversement a été rendu possible par simples décrets, qui furent ratifiés par la loi de financement suivante, celle pour 2021. Il apparaît difficile de croire que, pour la réforme des retraites, l’évolution budgétaire de la branche vieillesse de la sécurité sociale en 2023 était un aspect central de la réforme. Ce n’est même pas un objet périphérique. Ce n’est même pas un objet anecdotique. C’est juste une manœuvre grossière.

C’est aussi une manœuvre inédite. Toutes les autres réformes du droit des retraites furent des lois ordinaires, normalement débattues.

C’est enfin une manœuvre inquiétante. Si le Conseil constitutionnel juge que tout effet financier suffit à légitimer le recours à des lois de financement, toutes les réformes relatives à la sécurité sociale pourront désormais passer par les lois de financement rectificatives, car toutes ont des effets financiers. Tout l’avenir de notre système de protection sociale pourra désormais être soumis à la procédure accélérée de l’article 47-1 et à l’article 49 al. 3 de la Constitution. Il n’y aura plus en la matière de lois normales que par accident, ou par volonté spécialement laxiste de l’exécutif. La réforme de 2008, qui visait à faire de l’article 49 al. 3 une exception, serait ici réduite à un chiffon de papier.

En réalité, la réforme des retraites n’est pas une loi de financement rectificative pour 2023. Elle vise à modifier fondamentalement le droit des retraites, non à bricoler l’équilibre financier de la fin 2023. Elle use d’une procédure accélérée, pensée pour permettre un temps annuel d’information, d’évaluation et de débat public sur la protection sociale et son financement. Elle use d’une procédure dont l’objet est limité, pour respecter la démocratie parlementaire et la démocratie sociale. Ce n’est pas une loi de financement rectificative pour l’année qui peut modifier les fondamentaux de notre contrat social pour des décennies.

Pour des motifs de procédure bien moins graves, le Conseil constitutionnel a invalidé l’ensemble d’une loi sur le logement en 2012 (Décision n°2012-655 DC du 24 octobre 2012). Il lui appartient aujourd’hui de dire que les procédures démocratiques complètes sont faites pour discuter des principes fondamentaux. Il lui appartient aujourd’hui de dire que cette crise de la réforme des retraites n’est pas produite par le déséquilibre de notre Constitution, mais par sa violation.

Signé par soixante-sept enseignant.e.s-chercheur.e.s en droit social

Laure Camaji, Maîtresse de conférences HDR, Université Lumière Lyon 2

Emmanuel Dockès, Professeur, Université Lumière Lyon 2

Romain Marié, Professeur, Université Lumière Lyon 2

Maryse Badel, Professeure, Université de Bordeaux

Lucas Bento de Carvalho, Professeur, Université de Montpellier

Alexandre Charbonneau, Maître de conférences, université de Bordeaux

Pierre-Emmanuel Berthier, Maître de conférences HDR, Université Lumière Lyon 2

Vincent Bonnin, Maître de conférences HDR, Université de Poitiers

Michel Borgetto, Professeur émérite de l’Université Paris Panthéon-Assas

Alain Bouilloux, Maître de conférences, Université Lumière Lyon 2

Stéphane Brissy, Maître de conférences, Nantes Université

Pascal Caillaud, Chargé de recherche CNRS, Nantes Université

Konstantina Chatzilaou, Maîtresse de conférences, Cergy-Paris Université

Florence Debord, Professeure, Université Lumière Lyon 2

Marion Del Sol, Professeure, Université Rennes 1

Josépha Dirringer, Maîtresse de conférences HDR, Université Rennes 1

Augustin Emane, Maître de conférences, Nantes Université

Rafael Encinas de Munagorri, Professeur, Nantes Université

Ylias Ferkane, Maître de conférences, Université Paris-Nanterre

Nathalie Ferré, Professeure, Université Sorbonne Paris Nord

Florence Fouvet, Professeure, Université de Saint-Etienne

Serge Frossard, Maître de conférences HDR, Université Lyon 3

Anne-Sophie Ginon, Professeure, Université Côte d’Azur

Carole Giraudet, Maîtresse de conférences, Université Lumière Lyon 2

Linxin He, Maître de conférences, Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne

Franck Héas, Professeur, Nantes Université

Francis Kessler, Maître de conférences HDR, Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne

Farida Khodri, Maîtresse de conférences, Université de Saint-Etienne

Marguerite Kocher, Maîtresse de conférences, Université de Lorraine

Robert Lafore, Professeur émérite de Sciences po Bordeaux

Emmanuelle Lafuma, Maîtresse de conférences, Université Sorbonne Paris Nord

Coralie Larrazet, Docteure en droit, ATER à l’Université de Rennes 1

Loïc Lerouge, Directeur de recherche CNRS, Université de Bordeaux

Yann Leroy, Professeur, Université de Lorraine

Benoît Lopez, Maître de conférences, Université Paris Saclay

Arnaud Lucchini, chercheur à l’École de droit social de Montpellier

Sandrine Maillard, Maîtresse de conférences, Université Paris-Saclay

Emmanuelle Mazuyer, directrice de recherche au CNRS, Université Lumière Lyon 2

Kristel Meiffret-Delsanto, Maîtresse de conférences, Université de Lorraine

Frédérique Michea, Maîtresse de conférences, Université Rennes 1

Michel Miné, Professeur, CNAM

Nicolas Moizard, Professeur, Université de Strasbourg

Luc De Montvalon, Maître de conférences, Institut National Universitaire Champollion

Benjamin Moron-Puech Professeur en droit privé, Université Lumière Lyon 2

Sophie Nadal, Professeure, Cergy-Paris Université

Cécile Nicod, Maîtresse de conférences, Université Lumière Lyon 2

Isabel Odoul-Asorey, Maîtresse de conférences, Université Paris-Nanterre

Barbara Palli, Maîtresse de conférences, Université de Lorraine

Jean-François Paulin, Maître de conférences, Université Claude Bernard Lyon 1

Benoit Petit, Maître de conférences, Université Versailles Saint-Quentin en Yvelines

Marie Peyronnet, Maîtresse de conférences, Université de Bordeaux

Geneviève Pignarre, Professeure émérite de l’Université de Chambéry

Ismael Omarjee, Professeur, Université Paris-Nanterre

Elsa Peskine, Professeure, Université Paris-Nanterre

Sophie Rozez, Maîtresse de conférences, Université Paris-Nanterre

Mélanie Schmitt, Professeure, Université de Strasbourg

Morgan Sweeney, Maître de conférences HDR, Université Paris-Dauphine

Thierry Tauran, Maître de conférences HDR, Université de Lorraine

Lou Thomas, Chercheur à l’Université de Strasbourg

Sébastien Tournaux, Professeur, Université de Bordeaux

Jean-Philippe Tricoit, Maître de conférences HDR, Université de Lille

Isabelle Vacarie, Professeure émérite de l’Université Paris-Nanterre

Marc Véricel, Professeur émérite de l’Université de Saint-Étienne

Stéphane Vernac, Professeur, Université de Saint-Étienne

Pierre-Yves Verkindt, Professeur émérite de l’Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne

Laurent Willocx, Chercheur contractuel au Comptrasec, Université de Bordeaux

Cyril Wolmark, Professeur, Université Paris-Nanterre

340) Retraites : grève illimitée des éboueurs parisiens à partir du 13 avril

Les éboueurs parisiens vont entrer en grève illimitée à partir du 13 avril 2023 pour s’opposer à la réforme des retraites d’Emmanuel Macron. Ces derniers étaient déjà en grève du 6 au 29 mars dernier. « Nous avons besoin de rediscuter avec les agents de la filière déchets et assainissement de la ville de Paris afin de repartir plus fort à la grève. Nous allons ressurgir. Le combat n’est pas terminé », écrivait alors la CGT.

La date du 13 avril 2023 n’a pas été choisie au hasard. Le lendemain, le Conseil Constitutionnel rendra son avis définitif sur la réforme des retraites, qu’il censurera ou pas. Si les ordures s’amoncèlent à nouveau dans les rues de la capitale, ce sera de la faute du chef de l’État et à personne d’autre. Notre brève.

Retraites : quand des travailleurs invisibles se mettent en grève, cela se voit

Les éboueurs parisiens repartent en grève illimitée à partir du 13 avril 2023, après un premier long mouvement de grève du 6 au 29 mars. « Nous avons besoin de rediscuter avec les agents de la filière déchets et assainissement de la ville de Paris afin de repartir plus fort à la grève. Nous allons ressurgir. Le combat n’est pas terminé », écrivait alors la CGT. La date n’a pas été choisie au hasard. Le lendemain, le Conseil Constitutionnel rendra son avis définitif sur la réforme des retraites, qu’il censurera ou non.

D’ailleurs, avez-vous entendu des éboueurs invités sur les plateaux s’exprimer sur leur grève du mois dernier ? En effet, c’est rare. BFMTV et les autres chaines en continu préfèrent des heures de débat avec des plans fixes sur des poubelles non-ramassées dans Paris. Le 15 mars 2023, BFMTV s’est décidé à inviter un travailleur essentiel. Ibrahim Sédibé, éboueur à Vitry-sur-Seine, est venu fracasser la porte du studio de la première chaine d’information de France pour y apporter le réel. Nous vous en parlions dans nos colonnes.

Quand des travailleurs invisibles, essentiels, comme les éboueurs se mettent en grève, cela se voit. Au pic de la grève des éboueurs parisiens en mars, plus de 10 000 tonnes de déchets n’avaient pas été ramassées. Qu’en sera-t-il cette fois-ci ? Bientôt peut-être, refleuriront sur les réseaux sociaux des photos d’ordures non ramassées dans la capitale, publiées par des élus macronistes. Comme disait Jacques Prévert : « Quand les éboueurs font grève, les orduriers sont indignés ».

Mais qui est responsable de cette situation ? Pourquoi les éboueurs parisiens vont-ils jusqu’à se mettre en grève illimitée ? Il y a un responsable : Emmanuel Macron, claquemuré dans son palais doré élyséen, incapable d’entendre la colère qui gronde dans le pays contre sa réforme des retraites. Si les ordures s’accumulent à nouveau dans les rues de la capitale, ce sera de la faute du chef de l’État et à personne d’autre.

339) Dehors ce gouvernement minoritaire dans le pays, autoritaire et répressif ! Non aux 64 ans ! Retrait de la loi !

La première ministre a utilisé le 49.3. Il a manqué seulement 9 voix à la motion de censure transpartisane. Le gouvernement est minoritaire dans le pays, il est de plus en plus autoritaire et répressif. Dehors le gouvernement ! Mobilisation jusqu’au retrait !

Après des heures d’un débat parlementaire rabougri, malgré des millions de personnes dans les rues, avec un front syndical uni, le gouvernement a fait le choix d’enfoncer le clou ! À tous les étages de la discussion, il aura manqué la démocratie. Alors même que nous parlons d’une réforme qui concernera l’ensemble de la population et dont personne ne sortira gagnant.

Cette annonce fait monter d’un cran la détermination de celles et ceux qui se mobilisent contre la réforme des retraites. Partout dans les entreprises, on en cause entre collègues. Des cortèges spontanés se rassemblent depuis le soir de la prise de parole de la première ministre annonçant le 49.3. Des piquets de grève et des barrages filtrants prospèrent sur tout le territoire.

À l’Assemblée nationale, le gouvernement répond avec arrogance et mépris. Dans la rue, il engage la force. Les manifestations qui, depuis le début du mouvement, accueillaient femmes, hommes et enfants, dont tout le monde louait la bonne ambiance et l’absence de débordements, se tendent avec un changement tactique du côte des forces de l’ordre. Des nasses, des lacrymos, des arrestations musclées... Le Syndicat de la magistrature dénonce « la répression policière et l’utilisation dévoyée de la garde à vue […] qui détourne l’appareil judiciaire pour le mettre entièrement à son service ». Les témoignages se multiplient : à Nantes, des étudiantes dénoncent des violences sexuelles lors d’une fouille policière ; dans plusieurs villes de France, des vidéos montrent des journalistes empêchés de travailler ; à Paris 292 gardes à vue ont été enregistrées en une journée de manifestation... dont 283 levées sans poursuite !

Nous ne céderons pas face à ces réponses autoritaires. Le mouvement est populaire, massif. Jeudi 23 mars, la journée de mobilisation nationale sera un succès. Nous devons convaincre chacune et chacun de se mobiliser.

Jusqu’au retrait ou l’abrogation.

Contre le recul de l’âge de départ en retraite à 64 ans.

338) Retraites : les 15 mensonges de Macron dans sa lettre aux syndicats (10 mars 2023)

Retraites. Emmanuel Macron est sorti de son silence pour… Refuser de rencontrer les syndicats. Le président de la République, dans une lettre adressée aux syndicats ce vendredi matin, étale une nouvelle fois l’étendu de son mépris pour la démocratie. Le chef de l’État prétend laisser le Parlement faire son travail. Cocasse quand, l’après-midi même, le gouvernement réalise un coup de force parlementaire au Sénat au travers de la procédure du « vote bloqué ».

Pendant que le plus fort mouvement social du 21e siècle embrase le pays, que fait le président ? Il hiberne depuis 2 mois ? Il laisse, courageusement, ses ministres en grande souffrance en première ligne. A tel point que même le journal Le Monde souligne que dans la majorité et au gouvernement, le doute s’installe sur Élisabeth Borne. Le gouvernement est extrêmement fébrile. Et il a de quoi. Et que fait le chef de l’État pour l’aider ? Une lettre bourrée de mensonges.

Après ses 21 mensonges dans sa lettre aux Français durant la présidentielle, Emmanuel Macron vient en effet de récidiver. Dans les grandes largeurs. Dans sa lettre aux syndicats, visiblement écrite avec les pieds, l’insoumission.fr a dénombré au moins 15 mensonges du président. Les voici. Notre article.

Mensonge n°1 : « le Conseil d’Orientation des Retraites (COR), instance indépendante et pluraliste d’expertise et de concertation au sein duquel vous siégez, souligne de manière incontestable les déficits durables et grandissants auxquels notre système de retraite va faire face dans les années à venir » Emmanuel Macron a refusé de débattre avec les autres candidats à l’élection présidentielle. Il s’est déclaré candidat au dernier moment. Il a affronté l’extrême droite au second tour mais le chef de l’État fait comme s’il avait été élu sur un programme, notamment cette réforme des retraites. Emmanuel Macron doit son élection à la présence de Marine Le Pen au second tour, parce qu’il a reçu de nombreuses voix de personnes voulant simplement faire barrage à l’extrême droite.

« La situation financière du système de retraite se détériorerait avec un déficit allant de -0,5 point de PIB à -0,8 point de PIB » dans les 10 prochaines années, peut-on lire dans le rapport du COR. Cela représente environ 10 à 12 milliards d’euros par an, soit moins de 3% du budget des retraites qui est de 340 milliards d’euros. Un déficit faible et contrôlé, « qui serait moindre à l’horizon 2032 » (rapport du COR). Sans parler du fait que le faible déficit constaté par le COR est en partie fictif, comme vous pourrez le lire dans l’article ci-dessous (écrit avant que le gouvernement annonce finalement un décalage de l’âge légal à 64 ans, et non plus à 65 ans.)

Mensonge n°2 : « Ces constats m’ont conduit à présenter devant les Français le choix clair de travailler un peu plus longtemps, en épargnant les plus fragiles » Tout le monde devra travailler plus longtemps pour pouvoir bénéficier d’une retraite à taux plein. Les plus fragiles, les personnes aux métiers les plus pénibles qui ne pourront pas travailler jusqu’à 64 ans, ne verront pas leur retraite augmenter de façon significative. Les fameux 1200 euros minimum promis par le gouvernement ne concernent uniquement que les carrières complètes au SMIC. Soit… entre 10 000 et 20 000 personnes.

Mensonge n°3 : « et en veillant à ne pas pénaliser ceux qui ont commencé à travailler plus tôt »

L’accélération de l’allongement de la durée de cotisation concerne tout le monde. Alors, 43 ou 44 annuités pour partir à taux plein à la retraite ? C’est simple : chiffre pair, tu perds. Si on commence à travailler à 16 ans, on a besoin de 44 annuités pour partir à taux plein. À 17 ans, 43 annuités. À 18 ans, c’est… 44 annuités. À 19 ans ? 43 annuités. On marche sur la tête avec cette nouvelle loterie inventée par le gouvernement.

Mensonge n°4 : « Cette nécessité d’adapter notre système pour le préserver a ainsi été au cœur de la campagne des élections présidentielles »

Emmanuel Macron a refusé de débattre avec les autres candidats à l’élection présidentielle. Il s’est déclaré candidat au dernier moment. Il a affronté l’extrême droite au second tour mais le chef de l’État fait comme s’il avait été élu sur un programme, notamment sur cette réforme des retraites. Emmanuel Macron doit son élection à la présence de Marine Le Pen au second tour, parce qu’il a reçu de nombreuses voix de personnes voulant simplement faire barrage à l’extrême droite.

Mensonge 5 : « plutôt que de baisser les pensions, d’augmenter les impôts ou de faire porter le fardeau financier des retraites à nos enfants et petits-enfants »

Voilà un mensonge par omission. Il existe de nombreux autres moyens pour financer les retraites : l’augmentation des salaires, l’égalité salariale réelle entre hommes et femmes (6 milliards par an), une très légère augmentation de cotisation sur les salaires supérieurs à 3400 euros.

Mensonge n°6 : « Le Gouvernement a travaillé pendant plusieurs mois avec l’ensemble des partenaires sociaux et des groupes parlementaires »

La NUPES et l’ensemble des organisations syndicales n’ont travaillé que contre ce projet. Le recul de l’âge ? Une ligne rouge pour l’intersyndicale depuis le début. Celles et ceux qui ont voulu tenter l’expérience du dialogue à la sauce Macron – Borne – Dussopt sont très vite ressortis dégoûtés par cette mascarade, en ayant l’impression que tout était écrit d’avance dans les « concertations ». La ligne directrice du macronisme avec les corps intermédiaires est restée inflexible depuis 2017 et se résume en deux mots : « cause toujours ».

Mensonge n°7 : « de nombreuses avancées ont été réalisées, y compris sur la question de l’âge légal en renonçant à le porter à 65 ans »

Travailler jusqu’à 64 ans ne peut être qualifié d’avancée. Deux ans de plus, c’est toujours trop. Le retour à la retraite à 60 ans, comme l’ont défendu Jean-Luc Mélenchon et la NUPES, est le sens logique de l’Histoire. Les Français vivent plus longtemps parce qu’ils travaillent moins longtemps.

Mensonge 8 : « ces améliorations ont permis d’aboutir à un projet plus juste sans compromettre l’objectif d’équilibre financier »

Faux, au fur et à mesure des compromis avec la droite dure d’Eric Ciotti, le texte est de plus en plus loufoque, notamment pour les personnes qui ont commencé à travailler à 16 et 18 ans qui devront travailler 44 annuités alors que celles qui commencent à 17 et 19 ans n’auront besoin que de 43 ans. De plus, les macronistes ont tellement lâché des miettes aux Républicains que, selon leur calcul, leur réforme ne permettrait plus de combler le déficit qu’ils annonçaient pour justifier leur réforme. Le camp présidentiel s’englue et s’enfonce. Rattrapé par ses propres mensonges, le gouvernement n’est plus qu’un navire en détresse que son capitaine a abandonné en ne laissant qu’une simple lettre, pleine de mensonges.

Mensonge n°9 : « préserver le temps parlementaire qui se déroule actuellement et qui est l’essence même de notre démocratie »

Quel magnifique sens du timing. Écrire ces lignes le jour même où le gouvernement active l’article 44.3 et active le « vote bloqué » au Sénat, il fallait oser. Qu’est-ce que l’article 44.3 ? De l’avis de certains sénateurs de gauche, il n’est ni plus ni moins qu’un « 49.3 sénatorial ». Son objectif ? Que le Sénat vote en un seul bloc pour ou contre l’ensemble du texte de loi, arrêté au stade choisi par le gouvernement. En somme, un coup de force parlementaire.

De plus, dans le cadre du débat sur la réforme des retraites, le gouvernement a usé de l’article 47-1, contraignant le temps accordé au débat parlementaire. Vous pourriez au moins nous demander de fouiller un peu pour débusquer vos mensonges. Là franchement, c’est trop facile : vous nous avez apporté la preuve du contraire il y a 3 heures à peine.

Mensonge 10 : « Les parlementaires représentent la pluralité des opinions de notre société, sans doute plus que jamais »

Les élections législatives ont lieu au scrutin majoritaire uninominal à deux tours. Le principe est que, justement, la pluralité des opinions n’est pas représentée, mais une majorité est artificiellement créé à l’Assemblée nationale. C’est le principe même de la Constitution de la Vème République. Cher M. Macron, vous le savez très bien puisque c’était votre propre argument lorsque vous tentiez encore de vous faire passer pour un Président différent, à l’écoute du peuple et que vous vouliez introduire une dose de proportionnelle à l’élection législative.

Mensonge 11 : « j’ai moi-même répondu aux questions des Français à ce sujet à plusieurs reprises sur le terrain y compris récemment »

À plusieurs reprises sur le terrain ? C’est-à-dire lors de deux visites organisées au millimètre près au Salon de l’Agriculture et au marché international de Rungis ? 80% des Français et 93% des actifs se déclarent opposés à cette réforme. M. Macron, vous avez croisé une petite centaine de travailleurs de Rungis, et avec une ou deux questions et zéro interpellation un tant soit peu véhémente. Le moins que l’on puisse dire, c’est qu’ils ne semblaient étonnamment pas vraiment représentatif de l’opinion de la population du pays.

Mensonge 12 : « Le débat est nourri et continue de l’être dans nos enceintes »

Tout ce que vos députés et vos alliés Les Républicains ont su répondre à toutes les critiques, interventions, interpellations et questions des députés de la Nupes au Sénat et à l’Assemblée, c’est : « retirez vos amendements ». Pour un débat nourri, on reste un peu sur notre faim.

Vous avez pourtant eu, M. Macron, maintes fois l’occasion de répondre sur le fond grâce aux nombreux amendements proposés par une opposition de gauche sérieuse qui a tenu à débattre de chaque point problématique dans votre projet de réforme. Les opposants de la Nupes ont fait honneur à leur mandat d’opposant politique. Ils ont pris la parole comme le voulaient leurs électeurs. En face, il n’y a eu qu’une bande de couards, d’élus playmobils, incapables d’assumer la contradiction et pressés de pouvoir s’illustrer dans la seule activité à laquelle ils sont bons : lever le bras en cadence aux ordres de leur Président.

Mensonge 13 : « notre responsabilité est de garantir aux générations futures leur pension et leur transmettre un système de retraite par répartition viable »

Faux. La pérennité du système par répartition, Emmanuel Macron s’en moque comme de sa première chemise. Pire, il souhaite secrètement le détruire. En 2019, son projet de retraite à point ouvrait tout grand la porte à la retraite par capitalisation. En effet, avec la retraite à point, impossible de connaître à l’avance son niveau de pension. Toutes les personnes qui en ont les moyens font donc des réserves, donc achètent du capital privé en prévision de leur retraite, au cas où le gouvernement déciderait de baisser la valeur du point. Partout où la retraite à point est mise en place, elle favorise grandement la capitalisation.

Autre preuve, Macron a fait voter la loi PACTE qui incite tous les salariés à contribuer à des retraites complémentaires privées. Enfin, la retraite à 64 ans va avoir un effet majeur : la baisse des pensions massive pour toutes les personnes qui ne peuvent plus travailler après 62 ans. Pour toutes les personnes qui en ont les moyens, il leur restera une solution : la capitalisation. La retraite par capitalisation ce serait l’ouverture d’un marché de 300 milliards d’euros à l’appétit insatiable des milliardaires. Qui peut croire que le Président des riches tienne absolument à un système, la répartition, qui empêche ses amis milliardaires de se faire des super-profits sur la vieillesse des Français ?

Mensonge 14 : « j’ai toujours montré mon attachement au dialogue avec les Français comme avec les organisations syndicales et professionnelles ainsi qu’au respect de nos institutions et d’un débat démocratique au Parlement »

Faux. Alexandre Benalla et les yeux crevés des Gilets Jaunes, c’est du dialogue avec les Français peut-être ? Dix 49.3 pour un seul budget, c’est le respect démocratique du Parlement ?

Mensonge 15 : « Je vous prie d’agréer, Messieurs les Secrétaires généraux, Mesdames et Messieurs les Présidents, Madame et Monsieur les Co-délégués généraux, l’expression de ma considération distinguée »

Faux, en refusant tout net de recevoir les représentants de tous les travailleurs unis, à la tête d’une contestation approuvé par plus de deux tiers de la population du pays et 93% des actifs, le président n’exprime pas une considération distinguée, il leur urine au visage.

Par le comité de rédaction de l’insoumission.fr

337) Retraite à 1 200 euros : Olivier Dussopt revoit ses calculs, l’opposition crie au mensonge

La retraite à 1 200 euros concernera seulement « 10 000 à 20 000 nouveaux bénéficiaires par an », admet Olivier Dussopt qui avait parlé de 140000 puis 40000, aujourd’hui autour de 13300.

Combien de Français, en carrière complète, pourront bénéficier d’une pension minimale de 1 200 euros par mois ? Cela se précise. Finalement, Olivier Dussopt a revu (sérieusement) le nombre annoncé à la baisse.

https://actu.fr/politique/retraite-...

Depuis des semaines, l’opposition somme le gouvernement de révéler combien de personnes toucheront réellement cette retraite minimale de 1 200 euros une fois entrée en vigueur la nouvelle réforme des retraites. Alors que l’exécutif laissait entendre que son texte allait créer une retraite minimale de 1 200 euros valable pour tous, l’opposition dénonçait une supercherie et poussait les ministres à être plus précis.

Dans un courrier, dévoilé ce mardi 28 février 2023, le ministre du Travail a admis que 20 000 retraités, au mieux, pourront en bénéficier.

Olivier Dussopt, interpellé à de nombreuses reprises sur ce sujet depuis des semaines, avait dans un premier temps avancé le nombre de 40 000 bénéficiaires. « Quand on me dit combien grâce à cette réforme vont passer le cap des 85 % du Smic ? On a une prévision, elle m’est arrivée hier soir : 40 000 personnes de plus chaque année », avait-il indiqué encore sur France inter le 15 février dernier.

C’est l’heure du rétropédalage. C’est le député socialiste de l’Essonne, Jérôme Guedj, qui a obtenu cette (nouvelle) réponse. Il avait lui-même mené une inspection dans les locaux de la direction de la Sécurité sociale en sa qualité de co-président de la mission d’évaluation des comptes de la Sécurité sociale.

Le député avait affirmé que la Sécu n’avait pas été en mesure de définir d’où venait ce nombre de 40 000 retraités, estimant que seuls 13 300 nouveaux retraités bénéficieront effectivement d’une retraite à 1 200 euros, c’est-à-dire 1,7 % des retraités.

Depuis, cette lettre du ministre provoque une bronca dans les rangs de l’opposition de gauche qui dénonce des chiffres « gonflés ».

336) Retraite : tout ça pour économiser seulement 2,8 milliards d’euros selon l’OFCE

Retraite. La retraite à 64 ans ne rapporterait que… 2,8 milliards d’euros selon l’Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE). Tout ça, pour 2,8 misérables milliards. La seule justification de la retraite à 64 ans ? Faire des économies. Mais le gouvernement n’a pas anticipé les coûts cachés induits par la retraite à 64 ans, le coût de la misère : 1,7 milliards d’euros en arrêts maladie et prestations sociales selon Bercy, 2,8 milliards d’euros à l’assurance chômage, 0,2% de productivité, 0,1 point de PIB, 3% de salaires et 1,3% de pouvoir d’achat à l’économie du pays selon l’OFCE.

« Il est temps de dénoncer une imposture. Votre réforme est une réforme coûteuse, pour les Français, pour la Sécu, pour les Finances publiques » : a dénoncé Clémence Guetté, députée insoumise du Val-de-Marne. À l’Assemblée nationale le 15 février 2023, elle a dénoncé ces coûts cachés de la retraite à 64 ans, dont aucun média ne parle. Le gouvernement s’est pavané en annonçant 18 milliards d’euros de recettes attendus grâce à sa réforme. Finalement, si on prend en compte les conséquences de la réforme notamment sur nos séniors, la réforme rapporterait en réalité… 2,8 petits milliards d’euros selon l’OFCE. Une somme à mettre en regard avec les 157 milliards déversés chaque année sur les (grandes) entreprises sans aucune contrepartie.

2,8 milliards, une somme dérisoire comparée à la violence pour les Français de devoir travailler deux ans de plus. Faire un trou dans la caisse de l’assurance chômage pour combler un hypothétique déséquilibre des retraites. Des champions. Derrière leur « sérieux budgétaire », les macronistes ont une gestion calamiteuse des comptes publics, de notre argent. Le seul impôt sur la fortune (ISF) rapportait à lui seul 5 milliards d’euros il y a encore 10 ans. Mais la macronie préfère faire travaillez les Français 2 ans de plus pour… économiser 2,8 milliards. Pour continuer à financer ses cadeaux en haut. Cette réforme, c’est l’absurde. La macronie, c’est Kafka.

335) Retraites. Emmanuel Macron interpellé par Rachel Keke (LFI) à Rungis

« La France qui se lève tôt ne peut aller jusqu’à 64 ans » « À partir de 35 ans, moi, j’avais déjà mal au dos » (Rachel Keke)

334) Réforme des retraites : que valent les arguments démographiques ?

Comment contrer les erreurs et contre-vérités démographiques avancées, par ignorance ou non, pour justifier la réforme ? C’est d’autant plus facile que ces arguments ont l’immense avantage de ne pas correspondre à la réalité de notre pays : encore faut-il le savoir. Éric Le Bourg, spécialiste en biologie du vieillissement, donne ici toutes les clés.

http://www.regards.fr/actu/article/...

À chaque réforme des retraites, le gouvernement en place fait appel à des arguments démographiques parce que, contrairement aux arguments économiques, toujours contestables, la démographie semble s’imposer à nous : si on peut moduler immédiatement les cotisations sociales, on ne peut pas augmenter le nombre d’enfants, et donc de cotisants futurs, ou diminuer le nombre de personnes âgées, et donc de retraités. De fait, les dirigeants et militants syndicaux peuvent être désarmés face à ces arguments, comme dans un débat télévisé le 25 octobre 2010, quand le ministre Christian Estrosi affirmait aux secrétaires généraux de la CFDT et de la CGT, qui ne savaient que répondre, que « dans 30 ans les Français vivront 100 ans » – alors que l’Insee ne l’a jamais envisagé, y compris dans les scénarios les plus improbables.

Plusieurs réformes ont été entreprises après celle du gouvernement Balladur en 1993. Ces réformes ont contribué à diminuer les revenus des retraités ou à retarder l’âge de départ, entre autres par l’augmentation du nombre d’années cotisées pour une retraite à taux plein, l’augmentation de l’âge légal de départ, l’indexation des pensions sur les prix et non plus sur les salaires, et finalement leur sous-indexation. Depuis 1993, chaque réforme a été présentée comme indispensable. Se basant sur la même justification, le président de la République veut augmenter l’âge légal de départ, alors que la réforme Touraine de 2014, en cours jusqu’en 2035, augmente déjà le nombre d’années nécessaires pour avoir une retraite à taux plein (43 pour la génération 1973), et donc l’âge effectif de départ (62,2 ans en 2019 contre 60,5 en 2010). L’observateur rationnel pourrait donc penser que ces réformes successives sont justifiées par la dégradation permanente, voire imprévisible, de la situation démographique car, si elle était prévisible, on aurait fait une fois pour toutes la réforme indispensable. Le même observateur, toujours rationnel, conclurait probablement que, en l’absence d’une telle dégradation, il n’y a pas nécessité de nouvelles réformes.

Les arguments démographiques sont généralement les suivants :

du fait des nombreuses générations du baby-boom, le nombre de retraités augmente fortement, alors que le nombre de cotisants ne suit pas la même tendance, ce qui dégrade le rapport actifs/retraités ;

l’espérance de vie augmente régulièrement, ce qui augmente le temps de retraite ;

la fécondité diminuant depuis des années, il y a et il y aura de moins en moins de cotisants.

cette situation générale s’aggraverait en permanence, même après la disparition des générations du baby-boom parce que l’espérance de vie est continuellement en hausse et la fécondité continuellement en baisse ; tout ceci ferait que le paiement des retraites ne serait plus possible à moins de procéder tous les cinq ans à une réforme durcissant les conditions de départ, comme cela a été fait jusqu’ici. [1]

Quelle est la pertinence de ces arguments démographiques ?

L’Insee publie régulièrement des projections d’espérance de vie, de fécondité et de solde migratoire, avec des hypothèses « basse », « centrale » et « haute », la projection centrale étant le plus souvent retenue, en particulier par le Conseil d’orientation des retraites (COR). Les projections centrales d’espérance de vie des projections 2007-2060 et 2013-2070 se sont révélées trop optimistes par rapport à ce qui a été observé jusqu’ici, en particulier pour les femmes. L’Insee a donc revu ses hypothèses et les valeurs d’espérance de vie de la nouvelle projection 2021-2070 sont plus basses que celles de la projection 2013-2070 : la nouvelle projection haute est en fait l’ancienne projection centrale de 2013-2070 et la nouvelle projection centrale est l’ancienne basse. Le COR a retenu en 2021 la projection d’espérance de vie basse de l’Insee de 2013 à 2070, et non plus la projection centrale, et privilégie depuis sa réunion d’avril 2022 la nouvelle projection centrale de 2021 à 2070. Curieusement, le COR dans son rapport de septembre 2022 n’envisage, page 114, que deux variantes de fécondité et d’espérance de vie : une fécondité de l’année plus basse – indice conjoncturel de fécondité (ICF) de 1,6 enfant par femme – et une espérance de vie plus haute, mais pas les autres hypothèses. Depuis 1920, un ICF de 1,6 n’a jamais été observé en France et une espérance de vie plus haute que l’hypothèse centrale n’est jamais non plus observée. On peut donc s’interroger sur les raisons de la considération de ces hypothèses plutôt que d’envisager une fécondité plus haute (ICF de deux enfants, observé par exemple de 2008 à 2012) et une espérance de vie plus basse, hypothèses plus probables. Dans ce qui suit, la projection de l’Insee de 2021 à 2070 sera utilisée dans sa version « fécondité centrale », « solde migratoire central », « espérance de vie basse », parce que cette dernière hypothèse semble plus en accord avec ce qui est observé depuis quelques années, caractérisées par une stagnation ou des oscillations de l’espérance de vie des femmes.

Les générations du baby-boom vont-elles ruiner la France ?

La période du baby-boom en France, qui se termine vers 1970, a abouti de nos jours à des cohortes nombreuses de personnes arrivées ou arrivant à l’âge de la retraite. Ceci implique que le rapport de dépendance démographique, la proportion des personnes de plus de 65 ans sur celles de 20 à 64 ans, augmente. Cette dépendance accrue est souvent présentée comme rendant inévitables de nouvelles réformes des retraites. Toutefois, ce rapport ignore les autres inactifs, c’est-à-dire les jeunes de moins de 20 ans. Le rapport tenant compte des jeunes est lui-même imparfait – des jeunes de moins de 20 ans sont en emploi – mais il donne une meilleure approximation de la « charge » des actifs. La borne des 65 ans semble pertinente, l’âge légal de départ à la retraite ayant été de 65 ans jusqu’en 1983 et l’âge effectif de départ se rapprochant peu à peu de cette valeur.

La proportion des actifs en 2033 sera identique à celle de 1967, année qui ne s’est pas caractérisée par une faillite générale. On pourrait opposer à ce raisonnement que les enfants coûtent moins cher que les retraités et que le coût d’un adolescent de 14 ans ou plus est estimé à la moitié de celui d’un adulte seul, et de 30% avant 14 ans [2].

Quoi qu’il en soit, la situation des années 1960, caractérisée par un grand nombre de jeunes du baby-boom, et celle d’aujourd’hui due au passage à l’âge de la retraite de ces mêmes générations, ont été parfaitement soutenables : les jeunes du baby-boom ont été élevés par les familles et la remontée du taux de dépendance depuis 2010, tout aussi rapide que sa chute après 1967, ne pose pas de problème pour payer les retraites.

Peut-on dès lors considérer qu’après 2033 ce qui était possible en 1967 ne le serait plus et que la faillite guetterait soudainement le pays ? Les projections des coûts des pensions de retraite réalisées régulièrement par le COR ne l’indiquent pas puisque, dans le cadre de la législation actuelle, le coût des retraites devrait baisser dans les décennies à venir. En somme, le paiement des pensions de retraites des générations nombreuses du baby-boom semble maîtrisable. Ces générations passées, le rapport de dépendance baissera, comme l’indique la figure 1, avec toutes les incertitudes sur des projections à 50 ans. Il faut noter que le rapport de dépendance va augmenter dans les années qui viennent, aussi parce que le nombre de naissances va augmenter à cause de l’arrivée à l’âge de fécondité des générations nombreuses nées après 1995 (voir ci-dessous). En résumé, avoir plus de retraités du fait du baby-boom depuis une quinzaine d’années n’a pas signifié la faillite de notre système de retraite et rien ne permet de dire que cela va changer dans les années qui viennent.

L’augmentation de l’espérance de vie va-t-elle se poursuivre ?

L’article 5 de la loi Fillon de 2003 indique que « la durée d’assurance nécessaire pour bénéficier d’une pension de retraite au taux plein et la durée des services et bonifications nécessaire pour obtenir le pourcentage maximum d’une pension civile ou militaire de retraite [...] évoluent de manière à maintenir constant, jusqu’en 2020, le rapport constaté, à la date de publication de la présente loi, entre ces durées et la durée moyenne de retraite » (la loi de 2014 ramènera cette date à 2017). En somme, si l’espérance de vie augmente, « la durée d’assurance nécessaire » pour avoir une retraite à taux plein doit augmenter en parallèle et cette logique a été rappelée par Éric Woerth dans Le Journal du Dimanche du 13 mars 2022 pour justifier une nouvelle augmentation de l’âge légal de départ : le système de répartition « exige d’augmenter l’âge de départ à la retraite en fonction de la durée de vie » (voir d’autres déclarations similaires ici).

Depuis la loi Fillon de 2003, les perspectives d’augmentation de l’espérance de vie ont bien changé. Il y a maintenant bien plus de personnes très âgées, et donc très fragiles. L’espérance de vie se rapprochant de la longévité maximale (110 ans, si on excepte quelques très rares personnes), son augmentation annuelle est de plus en plus faible alors que ces grands vieillards résistent mal aux épidémies hivernales, à la canicule, sans même parler du coronavirus. De fait, l’espérance de vie des femmes tend à stagner ou à diminuer ces dernières années, et la projection basse d’espérance de vie de l’Insee de 2021-2070 fait l’hypothèse d’une faible augmentation d’ici 2070 (figure 2). Les hommes ont une mortalité plus importante aux âges jeunes que les femmes et donc plus de marge de diminution de cette mortalité : on peut estimer que leur espérance de vie devrait continuer à augmenter (figure 2).

Pour tout dire, si on observe pour les femmes et les hommes une augmentation de l’espérance de vie de trois mois par an sur la période 1962-2010, elle n’est plus que de 28 jours par an entre 2011 et 2022 pour les hommes et de 11 jours par an pour les femmes. L’augmentation n’étant pas statistiquement significative pour les femmes, on peut tout aussi bien dire que leur espérance de vie n’a pas augmenté de 2011 à 2022. Dans ces conditions, le plus probable n’est plus une progression continue de l’espérance de vie – au moins chez les femmes – justifiant, selon la loi Fillon de 2003, une augmentation de l’âge légal de départ ou de la durée de cotisation nécessaire pour avoir droit à une retraite au taux plein. Dans la logique même de la loi Fillon, il faudrait peut-être se préparer à un gel de cette durée, voire à une diminution en cas de baisse de l’espérance de vie, et la pertinence d’augmenter l’âge légal de départ interroge.

Une fécondité en berne ?

La crainte de la dénatalité en France n’est pas nouvelle. De temps à autre, des responsables politiques s’en inquiètent, comme le groupe parlementaire Les Républicains qui a déposé en 2021 la proposition de loi « pour relancer la natalité en France », ou le Haut-commissariat au Plan. Ces craintes sont sans objet, puisqu’au cours de leur vie les femmes ont en moyenne plus de deux enfants (femmes nées en 1950, 1960, 1970, 1980 : 2,12 ; 2,12 ; 2,01 ; 2,05). Toutefois, l’indice conjoncturel de fécondité (ICF), qui additionne pour une année, par exemple 2020, les taux de fécondité par âge et permet de connaître le nombre d’enfants qu’ont eus, en 2020, les femmes en âge de procréer, montre des variations d’une année à l’autre (par exemple, 1,68 en 1994 et 2,03 en 2010), parce que la fécondité annuelle est la décision des couples. De ce fait, on observe une fourchette de 65.000 naissances autour d’une moyenne de 790.000 depuis 1970.

Du fait des variations annuelles du nombre de naissances, on observe environ 30 ans plus tard une nouvelle variation de ce nombre puisque, à fécondité égale, il dépendra du nombre de femmes en âge de procréer. Depuis quelques années, le nombre de naissances a baissé, en relation avec la baisse de ce nombre de 1980 à 1995, environ, comme le montre la figure 3. L’Insee a projeté le nombre de naissances de 2021 à 2070 selon un scénario de fécondité centrale (ICF de 1,8 enfant par femme après 2022) ou haute (2 enfants après 2029). Si, de 1982 à 2001, l’ICF était en moyenne de 1,79, il était de 1,94 de 2002 à 2021, ce qui permet de penser que les résultats observés dans les années qui viennent seront plus proches de l’hypothèse de fécondité haute que de celle de fécondité centrale, d’autant plus que le nombre de naissances en 2021 est supérieur de 22.000 à ce qui était projeté par l’Insee pour cette année (742.000 au lieu de 720.000), et d’au moins 8000 en 2022 (725.000 au lieu de 717.000, mais les données de 2022 sont encore provisoires). La figure 3 montre que le nombre de naissances va augmenter jusque vers 2040, quel que soit le scénario, le plus probablement avec un nombre de naissances similaire à ce qui est observé depuis 50 ans. En somme, la dénatalité n’existe pas en France, et il n’y a pas lieu de s’inquiéter du nombre futur de cotisants aux régimes de retraite.

Une population active déclinante après 2040 ?

L’Insee a publié en juillet 2022 [3] des projections de la population active jusqu’en 2070 en se basant sur le seul scénario central des projections démographiques 2021-2070. Contrairement aux projections de 2017 [4], l’Insee prévoit maintenant une baisse de la population active après 2040, ce qui a pu donner lieu à des commentaires soutenant la nécessité d’une nouvelle réforme des retraites. Cette baisse est liée à l’évolution des projections démographiques de l’Insee entre les deux dates, mais il a été dit précédemment que l’hypothèse de fécondité centrale est peut-être trop faible et celle d’espérance de vie centrale trop élevée. Si l’Insee n’a pas publié les résultats d’autres scénarios, il est cependant possible d’effectuer les calculs, en particulier avec le scénario d’espérance de vie basse et de fécondité haute, plus vraisemblable. La figure 4 montre que cela aboutit à une augmentation de la population active après 2040, résultat d’une fécondité plus forte. Il est vraisemblable que la taille de la population active se situera entre l’hypothèse centrale de l’Insee et celle-ci : une baisse de la population active après 2040 n’est probablement pas le scénario le plus crédible.

Conclusions Faut-il faire une nouvelle réforme des retraites augmentant l’âge légal de départ, ou durcissant par d’autres mesures les conditions de départ ? C’est une décision politique qui, pour être acceptée par ceux qui vont la subir, doit être justifiée. Si elle est mise en œuvre pour une raison idéologique, comme la volonté de diminuer le coût des pensions à tout prix, et ceci que les régimes de retraite soient globalement à l’équilibre ou pas, il est peu probable que les salariés l’acceptent. Il faut donc justifier une telle réforme par des arguments qui emportent l’adhésion.

Les arguments démographiques sont dans ce cadre toujours utilisés pour plusieurs raisons. La première est que la population n’a généralement pas les moyens de vérifier leur pertinence. La deuxième est que les responsables politiques et syndicaux, eux-mêmes, sont souvent dans l’incapacité de le faire et propagent parfois des énormités, pas toujours de mauvaise foi. La troisième raison est que les données démographiques semblent échapper à notre contrôle : on ne peut guère augmenter notre espérance de vie ou la fécondité par une simple décision administrative ou politique, ou diminuer le nombre de retraités. Comme le temps qu’il fait, les contraintes démographiques semblent s’imposer à tous.

La bonne nouvelle est que ces contraintes démographiques ne posent aucun problème insoluble pour le paiement des pensions, même si le nombre de personnes âgées augmente grâce aux progrès médicaux et sociaux. Les cohortes nombreuses du baby-boom partent à la retraite depuis 15 ans : les pensions sont payées. La dernière génération du baby-boom, celle de 1973, a 50 ans, et rien ne permet de penser que ses pensions ne seront pas payées. Nos contemporains vivent plus longtemps que durant les décennies précédentes, mais cette progression de l’espérance de vie diminue, voire s’arrête, en particulier parce que nous nous rapprochons des limites de la longévité : l’immense majorité des Français ne sera pas centenaire et la France ne sera pas submergée par des bataillons de Jeanne Calment. Le nombre de cotisants aux régimes de retraite ne va pas s’écrouler, la France étant un des pays les plus féconds d’Europe : il n’y a pas de dénatalité.

En résumé, les arguments démographiques faisant craindre le non-paiement des retraites – trop de retraités du baby-boom, une durée de vie qui augmente tout le temps, une fécondité en baisse constante, et donc un nombre de cotisants qui s’écroule – ne correspondent pas à la réalité et sont propagés par ignorance, incompétence, voire mauvaise foi. [5] À moins de vouloir tromper l’opinion publique, il est nécessaire d’avancer d’autres arguments pour justifier un nouveau durcissement des conditions de départ en retraite.

Éric Le Bourg, chercheur retraité du CNRS, depuis août 2022, en biologie du vieillissement

333) OLIVIER DUSSOPT : LE TRAÎTRE DES RETRAITES (video)

Pour visionner cette video, cliquer sur l’adresse URL ci-dessous :

https://www.youtube.com/watch?v=TL0...

332) Retraites : Appel de cent personnalités contre un projet de réforme archaïque et terriblement inégalitaire

Depuis six ans, Emmanuel Macron s’acharne à imposer au pays une réforme des retraites dont les Français·ses ne veulent pas. Toutes les versions du projet, déjà nombreuses, poursuivent le même but  : le report de l’âge légal de départ à la retraite. L’objectif, à rebours de l’histoire sociale, est de faire travailler plus et plus longtemps des femmes et des hommes qui aspirent au repos et à donner libre cours à leurs projets dans un moment privilégié de la vie.

Pour y parvenir, le gouvernement tente de nous enfermer dans une querelle budgétaire et comptable. Ça n’est pas notre sujet. La question des retraites est éminemment politique. Elle renvoie à des visions profondément divergentes de la vie en société. Nous sommes face à un choix de société structurant et nous refusons celui que le gouvernement veut nous imposer.

Il est urgent que l’on donne au débat sa véritable dimension et son souffle.

La réforme va frapper plus durement ceux qui exercent les métiers les plus difficiles, usants – tant physiquement que psychologiquement –, et qui ont moins de chances de profiter d’une retraite paisible et de s’imaginer un avenir après 64 ans. Le report de l’âge légal n’a aucun effet sur les plus diplômés et fait peser la charge entièrement sur les moins diplômés.

Il pénalise aussi les femmes, qui ont les carrières les plus aléatoires, suspendues, contraintes aux temps partiels, souvent imposés, et qui seront les principales victimes de cette réforme aussi injuste qu’inégalitaire. La différence d’espérance de vie à la naissance entre les 5 % les plus riches et les 5 % les plus pauvres est en France de 13 ans pour les hommes et de 8 ans pour les femmes.

Il est donc urgent que l’on donne au débat sa véritable dimension et son souffle. Derrière tous les faux débats, le projet politique est évident. Pour Emmanuel Macron, il faut séduire la droite pour créer une majorité que les urnes ne lui ont pas donnée. Cet objectif politicien n’est pas notre affaire  ! Nous refusons un projet qui vient frapper si violemment nos vies et celles des générations à venir. Nous lui opposons une exigence de justice sociale et écologique, qui dépasse de beaucoup la seule question des retraites.

Pour toutes ces raisons, nous affirmons notre détermination à combattre ce projet de réforme archaïque et terriblement inégalitaire.

Premiers signataires

Dominique A, auteur, compositeur – Ariane ASCARIDE, comédienne – Patrick AUTRÉAUX, écrivain – Serge AVÉDIKIAN, comédien, cinéaste – Alain BADIOU, philosophe – Étienne BALIBAR, philosophe – Jeanne BALIBAR, comédienne – Lauren BASTIDE, autrice, féministe – François BÉGAUDEAU, écrivain – Lucas BELVAUX, cinéaste – Pierre BERGOUNIOUX, écrivain- Arno BERTINA, écrivain Laurent BINET, écrivain – Romane BOHRINGER, comédienne – Dominique BOURG, philosophe – Nicole BRENEZ, historienne du cinéma – Stéphane BRIZÉ, cinéaste – Mireille BRUYÈRE, économiste – Barbara BUTCH, artiste, DJ – Dominique CABRERA, réalisatrice- Julia CAGÉ, économiste – Robin CAMPILLO, cinéaste – Barbara CARLOTTI, autrice, compositrice – Patrick CHAMOISEAU, écrivain – Samuel CHURIN, comédien – Hélène CIXOUS, écrivaine – Maxime COMBES, économiste- Philippe CORCUFF, maître de conférences en science politique – Sylvain CREUZEVAULT, metteur en scène – Alexis CUKIER, philosophe – Alain DAMASIO, écrivain – Valérie DAMIDOT, animatrice de télévision, comédienne – Jean-Pierre DARROUSSIN, comédien – Laurence DE COCK, historienne – Geoffroy DE LAGASNERIE, philosophe – Monté DE LINGUISTICAE, auteur, vidéaste, vulgarisateur – Marie DESPLECHIN, écrivaine – Rokhaya DIALLO, autrice et réalisatrice – Cyril DION, cinéaste – Samia DJITLI, présidente des Trans Musicales – Olivier DUCASTEL, cinéaste – EMMA, dessinatrice – Didier ERIBON, philosophe – Annie ERNAUX, écrivaine – Jean-Michel ESPITALLIER, écrivain – Didier FASSIN, anthropologue et médecin – Éric FASSIN, sociologue – Brigitte FONTAINE, poète – Geneviève FRAISSE, philosophe – Bernard FRIOT, sociologue, économiste – Irène GARCIA GALAN, autrice – Antoine GERMA, scénariste – Brigitte GIRAUD, écrivaine – José-Manuel GONÇALVÈS, directeur artistique – Robert GUÉDIGUIAN, cinéaste – Alain GUIRAUDIE, cinéaste – Émilie HACHE, philosophe –Adèle HAENEL, comédienne – Kaoutar HARCHI, écrivaine – Jean-Marie HARRIBEY, économiste – Liêm HOANG-NGOC, économiste – Christian INGRAO, historien – Sabina ISSEHNANE, économiste – Hugues JALLON, écrivain, éditeur – Agnès JAOUI, comédienne, cinéaste – Gaël KAMILINDI, comédien – Razmig KEUCHEYAN, sociologue – Bernard LAHIRE, sociologue – Mathilde LARRÈRE, historienne – Éloi LAURENT, économiste – Yvan LE BOLLOC’H, comédien – Élisabeth LEBOVICI, critique d’art – Bertrand LECLAIR, écrivain – Pierre LEMAITRE, écrivain, scénariste – Frédéric LORDON, philosophe – Sandra LUCBERT, écrivaine – Jacques MARTINEAU, cinéaste – Corinne MASIERO, comédienne – Nicolas MATHIEU, écrivain – Dominique MÉDA, économiste – Guillaume MEURICE, auteur, humoriste – Christophe MIOSSEC, auteur, compositeur, interprète – Ariane MNOUCHKINE, metteuse en scène – Félix MOATI, comédien – Marie José MONDZAIN, philosophe – Gérard MORDILLAT, romancier, cinéaste – Jean-Marc MOUTOUT, cinéaste – Myr MURATET, photographe – Gérard NOIRIEL, historien – Stanislas NORDEY, metteur en scène – Juliette NOUREDDINE, autrice, compositrice, interprète – Gaëlle OBIEGLY, écrivaine – Lorrain OISEAU, auteur – Mariana OTERO, cinéaste – Yves PAGĖS, écrivain, éditeur – Stefano PALOMBARIN, économiste – Charles PENNEQUIN, poète – Gilles PERRET, cinéaste – Nicolas PHILIBERT, cinéaste – Ernest PIGNON-ERNEST, artiste plasticien – Thomas PIKETTY, économiste – Dominique PLIHON, économiste – Thomas PORCHER, économiste – Christian PRIGENT, poète – Nathalie QUINTANE, écrivaine, enseignante – Philippe QUIRION, économiste – Patrice ROBIN, écrivain – Olivia ROSENTHAL, écrivaine – Christian ROUAUD, cinéaste – Lydie SALVAYRE, écrivaine – Gisèle SAPIRO, sociologue – Régis SAUDER, cinéaste – Hervé SERRY, sociologue – Pablo SERVIGNE, auteur – Yves SINTOMER, professeur de science politique – Bruno SOLO, comédien – Barbara STIEGLER, philosophe – Charles TEMPLON, comédien, metteur en scène – Hélène TORDJMAN, économiste – Anna TOUMAZOFF, militante féministe – Valérie TRIERWEILER, journaliste – Henri TRUBERT, éditeur – USUL, Youtubeur – Serge VALLETTI, auteur de théâtre, scénariste – Thomas VDB, comédien – Gisèle VIENNE, chorégraphe – Sophie WAHNICH, historienne – Jacques WEBER, comédien – Michel WIEVIORKA, sociologue

331) Emmanuel Macron s’attaque au modèle social français qu’il considère trop cher et pour faire plaisir à Bruxelles. Le report de l’âge de la retraite va augmenter la précarité des ouvriers, des employés, des séniors

Henri Sterdyniak, économiste à Science Po et cofondateur des Économistes atterrés, a apporte son point de vue à Ouest-France.

Qu’est-ce qui vous inquiète le plus dans le projet actuel ?

Le report de l’âge de la retraite va augmenter la précarité des ouvriers, des employés, des gens de 58 à 62 ans qui ne vont pas retrouver de travail ou auront du mal à se maintenir en emploi.

Pour vous dès le départ, le diagnostic du gouvernement au sujet des retraites serait mauvais ?

Il n’y a pas jusqu’en 2030 de déficit préoccupant du système des retraites : la dramatisation du gouvernement n’est pas justifiée. Il n’a retenu que l’une des deux conventions présentées par le Conseil d’Orientation des Retraites (COR), celle dite « Equilibre permanent des régimes » (EPR). Selon celle-ci, les dépenses de l’État affectées aux retraites baisseraient à l’avenir car la part de la masse salariale de la Fonction publique chuterait elle-même, avec un nouveau gel du point d’indice (et donc des pensions futures) et un gel des effectifs (hormis ceux concédés au Ségur de la santé).

Le COR présente pourtant une autre convention : celle dite à « Effort de l’État Constant » où les ressources des retraites assurées par l’État restent stables en % du PIB. Les déficits se réduisent alors sensiblement : ils sont seulement de l’ordre de 0,3% du PIB entre 2025 et 2035 et diminue ensuite avec un retour à l’équilibre en… 2050 justement !

Craignez-vous une baisse des pensions d’ici 2050 d’ici 2050 ?

Le gouvernement ne le fait pas explicitement mais il ne fait rien pour l’éviter, car les prévisions du COR tablent sur un niveau de retraites en baisse de 25% d’ici 2050 (Ce décrochage s’explique par l’indexation des pensions de retraite sur les prix à la consommation, et non sur les salaires, NDLR).

Réforme des retraites : faut-il mettre à contribution les pensions des retraités les plus riches ?

Le gouvernement refuse cette solution, alors qu’on pourrait l’augmenter progressivement de 0,25 point par an. A ce moment-là, on n’aurait pas à toucher à l’âge de départ et au niveau des pensions.

Comment expliquez-vous alors cette dramatisation ?

Sur le plan politique, Emmanuel Macron veut montrer qu’il est toujours capable de réformer, il a choisi son terrain de jeu. Et fait fondamental, il pense que le modèle social français coûte trop cher. Il s’attaque donc aux retraites, au système d’assurance chômage et au RSA. Et se dit qu’ainsi il fera également plaisir à Bruxelles.

Une des raisons du gouvernement n’est-elle pas justement d’éviter une dégradation de la notation de la France, qui joue notamment sur notre capacité à nous refinancer ?

Oui on peut dire cela, mais la notation de la France n’est pas vraiment menacée : personne dans les milieux financiers ne met en doute la qualité de la dette française. Et les taux d’intérêt français n’ont pas monté singulièrement par rapport aux taux de l’Allemagne notamment, qui est toujours vue en modèle.

Cette réforme, si elle est adoptée, ne va-t-elle pas également permettre à l’Etat, en tant qu’employeur, de réaliser des économies ?

Bien sûr ! L’hypothèse du COR, qui a suivi les indications du ministère du Budget, c’est que l’indice de la fonction publique ne va pas augmenter pendant une dizaine d’années : du coup, un écart important se creuse avec les salariés du privé. Cela permet de baisser le niveau de retraite des fonctionnaires, du coup leur régime de retraite n’est plus déficitaire.

En parallèle le déficit des régimes spéciaux diminue très fortement car beaucoup de leurs bénéficiaires vont décéder.

Au total, ce serait ainsi l’équivalent de 1,2% du PIB de subventions de l’Etat en moins au régime de retraite.

Certains points pourraient-ils être revus lors du débat parlementaire ?

Le principal point qui pourrait être revu, c’est le minimum de 1200 euros pour la pension de retraite pour les futurs retraités aux carrières complètes. Certains parlementaires voudraient qu’il s’applique aussi aux retraités actuels, mais cela nécessiterait de recalculer toutes leurs situations pour savoir qui a fait une carrière complète. Cela me paraît difficile.

De même pour les facteurs de pénibilité qui ne sont plus pris en compte. Les parlementaires vondront-ils vraiment les réintroduire sachant que les entreprises sont dressées contre ? Pourtant cela aurait pu jouer pour les manutentionnaires, les caissières…

Faut-il mettre à contribution les retraités eux-mêmes ?

Pour moi ce n’est pas une bonne idée. Le niveau de retraite moyen est de 62% par rapport du salaire moyen, il n’est pas excessif. Et on fait déjà payer de la CSG aux retraités pour financer le chômage. Il y a des retraités riches, mais ils ne représentent pas la masse des retraités.

330) France – Financer les systèmes de retraite sans report de l’âge légal ? C’est possible ! ATTAC

Le pouvoir veut imposer une réforme des systèmes de retraites au motif que leur équilibre financier n’est pas assuré et, par ailleurs, qu’il faut améliorer le financement de certains services publics. La question du financement est donc centrale. Mais, à la lumière de la situation actuelle et des choix du gouvernement en matière de « finances publiques », il apparaît clairement que le financement des « retraites » peut être assuré durablement sans pour autant imposer un report de l’âge légal de départ à la retraite et un allongement de la durée de cotisation.

Retour sur les prévisions moins alarmistes du COR et les intentions gouvernementales

Rappelons en préalable que la question du financement a été dramatisée par le gouvernement. En effet, pour le Conseil d’orientation des retraites (COR), dans un contexte d’une stabilisation de la part des dépenses de retraite dans le PIB, le solde du système de retraite accuserait un faible déficit d’ici 2032 (0,5 à 0,8 point de PIB). Un déficit que les réserves du système de retraite (8,3 % du PIB) pourraient d’ailleurs couvrir.

Rappelons également que les systèmes de retraites sont financés par les cotisations sociales et l’impôt. Il existe en effet des transferts financiers de l’État vers la branche vieillesse de la Sécurité sociale, outre le financement des pensions de retraite des fonctionnaires par l’impôt. C’est en réduisant sa contribution que l’État entend dégager des moyens budgétaires. Ce qui pourrait lui permettre par ailleurs, en abaissant le montant moyen des pensions, de favoriser les régimes privés complémentaires, la retraite par capitalisation, dans l’intérêt des fonds de pension ce qui constitue de longue date l’un des principaux objectifs des « réformes ».

Un autre financement est possible

Le besoin de financement des retraites pourrait atteindre 10 milliards d’euros en 2027, 13,5 milliards d’euros en 2030 et davantage après selon le gouvernement qui a retenu l’hypothèse du Conseil d’orientation des retraites la plus défavorable. Le COR estime qu’il faudrait que chaque actif cotise entre 21 et 28 euros de plus par mois en 2027. Il existe cependant d’autres pistes plus justes pour financer les retraites et rétablir davantage de justice fiscale.

Dans le cadre d’une « revue des niches fiscales et sociales » telle qu’Attac la préconise, d’autres mesures sont envisageables comme revoir les politiques d’exonération de cotisations sur les bas salaires, dont le périmètre s’est étendu aux cotisations de retraites complémentaires en 2019. Ces exonérations représentaient 15,7 milliards d’euros en 2021 pour la branche vieillesse de la Sécurité sociale. Soit davantage que le besoin de financement prévu en 2030.

On peut également préférer agir sur la fiscalité pour améliorer la participation de l’État aux finances de la Sécurité sociale. De ce point de vue, les solutions sont nombreuses :

- Annuler la suppression de la Cotisation sur la valeur ajoutée des entreprises (CVAE) en 2023 et 204 pour un montant de 8 milliards d’euros et revenir sur son allègement de 50 % appliqué dès 2021, ce qui permettrait de dégager plus de 16 milliards d’euros rapidement. Davantage là aussi que le besoin de financement pour 2030.

- Instaurer un impôt de solidarité sur la fortune permettrait de rapporter au bas mot 7 à 10 milliards d’euros de plus que l’actuel impôt sur la fortune immobilière (2 milliards d’euros). Soit presque autant que le besoin de financement estimé pour 2027.

- Supprimer le prélèvement forfaitaire unique (la flat-tax) pour imposer l’ensemble des revenus financiers au barème progressif de l’impôt sur le revenu (selon les estimations, 2 à 5 milliards d’euros en plus).

- Renforcer véritablement les moyens alloués à la lutte contre la fraude fiscale (80 à 100 milliards d’euros par an) pour envisager un doublement des résultats du contrôle fiscal (environ 15 milliards d’euros et dont plus de 10 milliards d’euros recouvrés rapidement). Soit davantage que le besoin de financement estimé pour 2030.

- Réduire le nombre et le coût des niches fiscales (90 milliards d’euros pour 2023) pour renforcer la progressivité de l’impôt et dégager des ressources.

Nous ne faisons que rappeler ici certaines propositions d’Attac qui passent bien entendu par la hausse des salaires et la réduction des inégalités salariales entre les femmes et les hommes notamment. Une véritable justice fiscale, sociale et écologique doit passer par la mise en œuvre de l’ensemble de ces propositions. En attendant, s’agissant des retraites, on peut être certain que leur financement peut être assuré durablement sans organiser un nouveau recul des droits sociaux.

Attac

• Observatoire de la justice fiscale (Attac). 15 janvier 2023 : https://obs-justice-fiscale.attac.o...

329) Retraites : non à cette réforme injuste et brutale !

Pétition

https://www.change.org/p/retraites-...

Le gouvernement a annoncé le report de l’âge de la retraite à 64 ans avec un allongement accéléré de la durée de cotisation.

Cette mesure est injustifiée : le rapport du Conseil d’orientation des retraites (COR) l’indique clairement, le système de retraites n’est pas en danger. Il n’y a aucune urgence financière.

Cette réforme va frapper de plein fouet l’ensemble des travailleurs, et plus particulièrement ceux qui ont commencé à travailler tôt, les plus précaires, dont l’espérance de vie est inférieure au reste de la population, et ceux dont la pénibilité des métiers n’est pas reconnue. Elle va aggraver la précarité de ceux n’étant déjà plus en emploi avant leur retraite, et renforcer les inégalités femmes-hommes.

Ce projet gouvernemental n’a rien d’une nécessité économique, c’est le choix de l’injustice et de la régression sociale.

Renforcer notre système de retraites nécessite en revanche des mesures de progrès et de partage des richesses.

D’autres solutions sont possibles ! Je soutiens la mobilisation intersyndicale et je m’oppose à cette réforme : « je signe la pétition » (déjà plus de 355000 signataires).

https://www.change.org/p/retraites-...

328) Retraites : une violence injuste et inutile (Manuel Bompard)

327) CGT Pétrole : « Grève reconductible » en vue

326) DÉFENDONS NOS RETRAITES - L’HEURE EST À LA MOBILISATION GÉNÉRALE ! GRÈVES ET MANIFESTATIONS LE JEUDI 19 JANVIER (Solidaires)

325) Mobilisation générale pour sauver nos retraites (LFI)

324) Scandale : 157 milliards d’aides pour le CAC40 et pas 10 milliards pour financer nos retraites ?

323) Programme caché de Macron : faire travailler plus longtemps le peuple pour enrichir davantage les grands patrons (François Ruffin)

322) Retraite à 64 ans : travaillez 2 ans de plus pour financer les cadeaux aux assistés d’en haut

Emmanuel Macron, un robin des bois à l’envers. Sa réforme des retraites répond à un choix économique : faire payer le travail plutôt que le capital. Oui, il s’agit bien d’un choix économique, et il faut le marteler : le « There is no alternative » macroniste est un leurre. Le chef de l’État a une multitudes d’autres options économiques pour financer le système des retraites. Mais il a fait un choix : faire travailler les français toujours plus longtemps, pour pouvoir continuer à faire toujours plus de cadeaux au capital. Prendre au travail pour donner au capital. Travaillez plus, pour gaver plus. Notre article.

Prendre au travail pour donner au capital

Le rapport du Comité d’Évaluation et d’Orientation des retraites (le COR), qu’on ne peut soupçonner de communisme, souligne que le système des retraites n’est pas en danger : un déficit de 10 à 12 milliards d’euros par an (pour un système de retraite dont les dépenses annuelles totales sont d’environ 340 milliards d’euros), avant un retour à l’équilibre, sans réforme, entre le milieu des années 2030 et 2050. Un déficit qui n’a donc rien d’insurmontable, contrairement aux discours alarmistes qui visent à masquer la terrible réalité : le coût du capital, le pognon de dingue que nous coûtent les assistés d’en haut.

Chaque année, l’État déverse en effet au moins 157 milliards d’euros d’aides publiques aux (grandes) entreprises, sans aucune contrepartie. Un chiffre choc révélé par des chercheurs du Centre lillois d’études et de recherches sociologiques et économiques (Clersé), à la demande de l’Institut de recherches économiques et sociales (Ires). De l’argent public dilapidé sans aucune contrepartie et qui finit donc dans les poches des actionnaires : 80,1 milliards d’euros de dividendes et de rachats d’actions en 2022. Les records de gavage ne cessent d’être battus. Mais Emmanuel Macron persiste et signe : la seule suppression de la CVAE (Contribution à la Valeur Ajoutée des Entreprises), représente un nouveau cadeau de 8 milliards d’euros par an.

Au diable la rationalité économique

Au diable la rationalité économique, peu importe que le CICE (Crédit d’impôt pour la compétitivité et l’emploi, mis en place en 2013) ait démontré l’absurdité de déverser des milliards d’argent public sans aucune contrepartie sur les grands groupes du CAC 40, peu importe le coût gigantesque pour l’ensemble des contribuables : 900 000 euros par emploi créé par le CICE. Une folie économique !

Peu importe que France Stratégie, institut rattaché à Matignon, ait démontré la conséquence de la suppression de l’Impôt Sur la Fortune (perte de 3 milliards par an pour les recettes) et de l’instauration de la flat tax (perte de 900 millions par an) : l’explosion de la distribution de dividendes pour les 0,1% des plus riches. Peu importe les résultats, Emmanuel Macron poursuit sa folie économique.

Nos lecteurs les plus assidus se souviennent peut-être que, dans la dernière ligne droite de la campagne législative, Jean-Luc Mélenchon avait tenté d’alerter sur le programme économique caché d’Emmanuel Macron. Peut-être vous rappelez-vous du mano à mano par médias interposés entre Bruno Le Maire et Jean-Luc Mélenchon. Le leader des insoumis posait alors une question simple : où le gouvernement va-t-il prendre les 80 milliards promis à Bruxelles ? En taxant le capital ou en prolongeant la durée du travail ? Voici ce que l’insoumission écrivait à l’époque :

Le programme caché que Macron a envoyé à Bruxelles

Emmanuel Macron n’a pas de programme ? Détrompez-vous. Un document envoyé par la Commission européenne à la France il y a 4 semaines, le 23 mai 2022, donne des réponses fortes intéressantes. Le gouvernement a un objectif affiché : ramener le déficit public à 3% en 2027. Un projet qui a un coût : 80 milliards d’euros. Mais malgré les nombreuses interpellations de Jean-Luc Mélenchon, le gouvernement refuse toujours de dire où ces 80 milliards d’euros d’économies vont être réalisés.

Le chapitre « viabilité des finances publiques » du document donne des indications : « il est possible de réaliser d’importantes économies dans cinq domaines stratégiques, à savoir les dépenses de santé, la politique de l’emploi, les prestations sociales, le logement social et le système de retraite ».

Les discours, et les actes : ce document envoyé à Bruxelles résume la folie économique d’Emmanuel Macron. Une folie austéritaire : nous faire travailler toujours plus longtemps, fermer toujours plus de lits d’hôpitaux, détruire toujours plus nos services publics, dans quel but ? Pouvoir continuer à gaver les grands groupes sans aucune contrepartie. Peu importe les super-profits, les 185 milliards d’euros du seul Bernard Arnault devenu l’homme le plus riche du monde, les 30 milliards de Rodolphe Saadé pris en une seule année de Covid, les 17,3 milliards de TotalEnergies, le bénéfice net le plus élevé jamais réalisé par une entreprise française en seulement 9 mois, et ainsi de suite. Peu importe le pognon de dingue que nous coûtent les assistés d’en haut.

80% des Français contre la retraite à 64 ans : la bataille commence Emmanuel Macron a fait un choix : faire payer les travailleurs, mangez 2 ans de plus. Peu importe que vos corps soient déjà brisés tant que le capital peut continuer à se gaver sur vos dos fatigués. Travaillez plus, pour gavez plus.

Mais 80% des Français sont contre la retraite à 64 ans. Et ils ont raison, cette réforme est absurde : un Français sur deux n’est déjà plus en emploi au moment de prendre sa retraite. Cette réforme est absurde, elle va contre le sens de l’Histoire : partager et réduire le temps de travail, pour pouvoir travailler tous. Cette réforme est ultra minoritaire et le gouvernement le sait : il l’a repoussée à de multiples reprises. Emmanuel Macron n’a pas oublié le mouvement social historique qui l’avait obligé à reculer avant le Covid.

La guerre sociale est déclarée, la bataille commence : rendez-vous les 19 et 21 janvier dans la rue.

Par Pierre Joigneaux.

321) Communiqué intersyndical CFDT CGT FO CGC CFTC UNSA Solidaires FSU

La Première Ministre a annoncé ce 10 janvier 2023 le report de l’âge légal de départ à la retraite à 64 ans avec une accélération de l’augmentation de la durée de cotisation.

Cette réforme va frapper de plein fouet l’ensemble des travailleurs et travailleuses, et plus particulièrement celles et ceux qui ont commencé à travailler tôt, les plus précaires, dont l’espérance de vie est inférieure au reste de la population, et celles et ceux dont la pénibilité des métiers n’est pas reconnue.

Elle va aggraver la précarité de celles et ceux n’étant déjà plus en emploi avant leur retraite, et renforcer les inégalités femmes-hommes.

Le système de retraites par répartition n’est pas en danger, rien ne justifie une réforme aussi brutale. Attachées à un meilleur partage des richesses, les organisations syndicales n’ont eu de cesse pendant la concertation avec le Gouvernement de proposer d’autres solutions de financement, à commencer par l’amélioration de l’emploi des seniors. Jamais le gouvernement, arcbouté sur son projet, ne les a étudiées sérieusement.

Suite à l’annonce de la réforme gouvernementale, toutes les organisations syndicales se sont immédiatement réunies pour construire une réponse commune de mobilisation interprofessionnelle. Celle-ci prendra la forme d’une première journée de grèves et de manifestations le 19 janvier 2023.

Parce qu’elles représentent l’ensemble des travailleurs et des travailleuses, demandeurs et demandeuses d’emploi, et retraité.es, c’est cette date syndicale qui donne le départ d’une puissante mobilisation sur les retraites dans la durée.

Elles décident d’ores et déjà de se réunir le 19 janvier au soir avec les organisations de jeunesse pour prolonger le mouvement de mobilisation et convenir d’autres initiatives.

Les organisations syndicales appellent les salarié.es à se mobiliser fortement dès cette première journée dans l’ensemble du territoire et à participer aux différentes initiatives organisées en intersyndicale.

Paris le 10 janvier 2023

320) Retraites : ma réaction aux annonces d’Elisabeth Borne (Jean-Luc Mélenchon)

319) Sondage : 68% des Français sont pour la retraite… à 60 ans

318 « Les carreleurs ont des genouillères » : la bourgeoisie défend la retraite à 64 ans… le cul assis confortablement dans ses salons

317) Retraites : Clémence Guetté démolit Aurore Bergé

316) Marche pour nos retraites le 21 janvier : Trop c’est trop !

315) Que les sénateurs macronistes s’embauchent à 65 ans comme maçons, déménageurs ou couvreurs !

314) Une grande bataille commence ! En campagne pour nos retraites (Manuel Bompard)

Lors de ses voeux, Emmanuel Macron a donc confirmé sa volonté de reporter l’âge de départ à la retraite dès cette année. Sauf nouveau report, la réforme devrait être présentée par Élisabeth Borne le 10 janvier prochain et déposée à l’Assemblée Nationale à la fin du mois.

Pour se donner une légitimité, il se revendique d’un mandat que lui aurait confié le peuple pour faire cette réforme puisqu’elle figurait dans son programme présidentiel. C’est un détournement total du sens de son élection. Rappelons que selon les études publiées après le vote, 42% de ses électeurs de second tour disent avoir voté pour lui pour battre Marine Le Pen. Si on y ajoute l’abstention et les votes blancs et nuls, c’est à peine 20% des français qui revendiquent un vote d’adhésion au programme d’Emmanuel Macron. On est bien loin d’un soutien populaire à cette réforme. D’ailleurs, tous les sondages réalisés indiquent que plus de 70% des français y sont opposés. Et l’ensemble des syndicats de salariés y sont également hostiles. L’opposition du peuple ne peut pas être plus claire !

Le gouvernement tente également de justifier sa réforme pour des raisons économiques. Le Conseil d’Orientation des Retraites, dans son rapport publié en septembre 2022, indique pourtant que « ses résultats ne valident pas le bien-fondé des discours qui mettent en avant l’idée d’une dynamique non controlée des dépenses de retraite ». Et si le COR évoque l’hypothèse d’un déficit à moyen terme, il prévoit également que le système redevienne ensuite excédentaire. Disons également que le rapport du COR publié en 2019 prévoyait en 2022 un déficit de 10 milliards. Le système y a finalement été excédentaire de plus de 3 milliards. Il n’y a donc aucune nécessité économique à cette réforme. Emmanuel Macron le disait lui-même en 2017. Il déclarait à l’époque que « le problème des retraites n’est plus un problème financier » alors que les prévisions du COR étaient plus pessimistes qu’aujourd’hui (25 milliards de déficit prévus à l’époque en 2027 contre 10 milliards prévus désormais à cette échéance).

En vérité, si le pouvoir veut mettre un nouveau coup de rabot dans les retraites, c’est pour permettre le financement de ses nouveaux cadeaux aux grandes entreprises sans aucune contrepartie. Ainsi, le projet de loi de finances 2023 précise que « les administrations de sécurité sociale participeront à la maîtrise de l’évolution des dépenses, permise notamment par la réforme des retraites » et que « cette maîtrise de la dépense permettra la suppression de la Cotisation sur la Valeur Ajoutée des Entreprises (CVAE) sur deux ans. ». Bruno Le Maire faisait lui-même le lien sur France Inter lorsqu’il indiquait que « si le MEDEF veut véritablement que nous réduisions les déficits et la dette, qu’il soutienne la réforme des retraites avec enthousiasme, avec détermination ». C’est donc bien un nouveau transfert de richesses des poches du peuple vers celles des grandes entreprises (qui capteront l’essentiel de la suppression de la CVAE) qui est à l’ordre du jour de cette réforme.

Fidèle à leurs habitudes, les macronistes tentent de faire passer une énorme régression pour un progrès social. Ainsi, avec la complicité du monde médiatique, il insiste sur l’immense progrès que représenterait l’instauration d’une retraite minimum à 1200 euros. Vaste enfumage. Au moins 70% des retraités qui ont une pension inférieure à ce montant aujourd’hui n’ont pas de carrière complète. Pire encore, cette mesure, qui a été inscrite dans la loi en 2008 mais n’a pas été appliqué depuis, ne s’appliquerait qu’aux futurs retraités et pas aux retraités actuels. Tous ceux qui pensaient pouvoir y gagner dans l’immédiat peuvent ranger leur enthousiasme au placard.

Au contraire, les effets d’une telle réforme seraient délétères. La durée de la retraite serait réduite : avec les réformes précédentes, les générations nées après 1960 auront déjà une retraite d’un an plus courte que la génération née en 1950. Mais avec cette réforme, la génération née en 1970 perdrait carrément 2,5 années à la retraite par rapport à la génération née en 1950. Même les personnes nées en 2000 auraient une retraite plus courte que ceux nés en 1950. Est-ce vraiment le sens du progrès social ?

Le chômage augmenterait : selon l’OFCE, le passage à 64 ans ferait augmenter le chômage de 0,9 point en 10 ans, soit presque 300 000 chômeurs de plus. Elle aurait donc également un impact à la baisse sur les salaires. Selon le même organisme, le report à 64 ans ferait baisser les salaires de 3% et le pouvoir d’achat d’1,3% sur 10 ans. Et contrairement à ce que dit Élisabeth Borne, une telle réforme ne permettrait pas de maintenir les séniors dans l’entreprises. Il suffit de voir l’impact du report de l’âge de départ à la retraite à 62 ans. Suite à cette décision, la baisse du taux de retraités chez les ouvriers entre 60 et 61 ans s’est faite pour deux tiers par le chômage ou par l’inactivité.

Face à la volonté du gouvernement d’aller vite et de n’écouter personne, il est indispensable de tout faire pour empêcher l’adoption de ce projet. Bien évidemment, nous le ferons à l’Assemblée Nationale avec les députés de la NUPES. Mais pour gagner, la bataille parlementaire ne sera pas suffisante. Il faut convaincre largement dans l’opinion et construire les conditions d’une mobilisation massive du peuple. Près de 20% de la population se dit prête à participer à un mouvement social pour sauver nos retraites. Notre objectif doit être de les mettre en mouvement.

La France Insoumise s’est déjà largement déployée autour de ces objectifs en organisant des premiers meetings contre la vie chère et la réforme des retraites en décembre. D’autres sont déjà prévus en janvier, ainsi qu’une campagne de cafés populaires pour décrypter la réforme quand l’ensemble des détails en seront connus. Mais il était décisif que la NUPES s’engage comme force populaire et unie dans cette bataille. C’est désormais chose faite avec la publication du communiqué du jour. Nous initions l’organisation de meetings communs partout en France, à commencer par un premier meeting le 17 janvier à Paris. Nous proposons à tous les militants de la NUPES de constituer des collectifs locaux dans les communes et dans les circonscriptions et de prendre des initiatives ensemble. Nous préparons un matériel commun pour permettre une campagne sous les couleurs de la NUPES. C’est un signal très positif pour la bataille.

Cela l’est d’autant plus que les propositions de la France Insoumise de prendre des initiatives communes, de généraliser les assemblées populaires de la NUPES à l’échelle locale, de réunir le parlement de la NUPES ou de produire du matériel commun s’étaient heurtées depuis le mois de juillet à des blocages de la part de certains de nos partenaires. La bataille des retraites devrait donc permettre à la NUPES de franchir une nouvelle étape de son déploiement. C’est essentiel : il était indispensable de compléter la bonne entente de l’intergroupe à l’Assemblée Nationale par une capacité d’action commune dans la société. C’est donc une très bonne nouvelle. N’en déplaise aux cassandres qui veulent affaiblir cette construction inédite et indispensable.

Un autre paramètre décisif est que le front intersyndical s’avance très large et rassemblé dans cette bataille. Ainsi, l’intersyndicale qui s’est déjà réunie à plusieurs reprises rassemble l’ensemble des organisations syndicales de salariés. Toutes s’opposent au report de l’âge de départ à la retraite, que ce soit à 64 ou à 65 ans. Toutes ont dit, ensemble, qu’elles prendraient des initiatives fortes de mobilisation si le gouvernement s’entête sur la voie de cette réforme. Celles-ci pourraient être annoncées immédiatement après la présentation du projet. Bien évidemment, dès lors que ce sera fait, nous y participerons pleinement avec l’objectif de faire reculer le gouvernement.

Mais d’ores et déjà, une première date de mobilisation a été mise sur la table le samedi 21 janvier prochain à Paris à l’initiative des organisations de jeunesse. Nous l’appuyons de toutes nos forces. Des bus sont mis à disposition pour pouvoir y participer depuis toute la France. Les militants de la France insoumise, comme des différentes formations politiques, syndicats ou associations qui y participent, sont d’ores et déjà en campagne partout en France pour mobiliser largement autour de cette initiative. Ce sera sans doute une première étape de la mobilisation. Et une première occasion de construire un rapport de force avec le gouvernement. Alors, préparez-vous et mobilisez-vous. Une grande bataille commence !

313) CGT : Ensemble pour la retraite à 60 ans

Le projet de loi sur la réforme des retraites sera présenté le 10 janvier. Sans attendre les détails, la CGT est déjà mobilisée. Les propositions envisagées engendreront inévitablement la baisse du niveau des pensions.

La version 2023 est une réforme plus dure encore que celle de 2020 Sous couvert de contreparties comme le relèvement du montant minimum des pensions, la réforme 2023 est en fait encore plus dure que celle avortée de 2020.

Si elle était appliquée, elle serait plus rapidement défavorable aux salariés et accélérerait la baisse des pensions. Le Conseil d’Orientation des retraites estime que le pouvoir d’achat des retraités pourrait à terme baisser de 20% par rapport à celui des actifs.

La « garantie » d’un minimum de pension à 1 200 € n’est qu’un leurre, car elle ne serait effective que pour les carrières complètes.

La CGT propose une autre réforme

Il faut s’appuyer sur l’opinion publique pour passer du mécontentement à l’action collective.

Il s’agit non seulement de s’opposer au projet Macron-Borne, mais aussi de partager les propositions de la CGT pour améliorer le système de retraite existant :

- retour à un départ à 60 ans,
- pension minimum au niveau du SMIC à 2 000€,
- prise en compte des années d’études, …

Comment ? En allant chercher de nouveaux financements :

- fin des exonérations de cotisations,
- hausse du taux de cotisation,
- égalité professionnelle femmes-hommes, ...

312) Les sept perfidies de la réforme des retraites 2023

par Jean-Marie Harribey,

https://france.attac.org/se-mobilis...

Dans le débat qui s’annonce pour le début de l’année 2023 au sujet de la réforme des retraites, comment peut-on décrypter les discours du président Macron et du gouvernement ? Autant d’arguments avancés, autant de contre-vérités factuelles [1].

Gouverner par anti-phrases contribue-t-il au débat démocratique, éclaire-t-il celui-ci ou consiste-t-il à faite prendre des vessies pour des lanternes ? En 1671, Molière mettait en scène « Les fourberies de Scapin ». En 2022-2023, de qui parlerait-il ?

1. Une perfidie sur l’espérance de vie

Lors de la réforme dite Fillon de 2003, le gouvernement d’alors avait tenté de la justifier par l’argument mathématique suivant. Puisqu’en moyenne les deux-tiers de la vie adulte étaient passés au travail et un tiers au temps de retraite, il fallait appliquer cette règle à l’allongement constaté de l’espérance de vie : deux tiers de cet allongement pour travailler plus longtemps, un tiers pour augmenter le temps de retraite ; on avait appelé cela la règle des 2/3-1/3.

À l’époque, les démographes et statisticiens disaient que le gain d’espérance de vie était d’un trimestre par an. Or ce n’est plus du tout le cas. L’espérance de vie augmente très peu : un mois par an environ au lieu d’un trimestre. Ainsi, depuis 2010, les Français ont en moyenne gagné une année d’espérance de vie [2].

Que propose Monsieur Macron ? Une année d’espérance de vie gagnée et trois ans de travail en plus : donc neuf tiers de l’allongement de l’espérance de vie. Par rapport à la réforme Fillon, celle du président Macron est 9/3 / 2/3 = 9/2 = quatre fois et demie plus sévère, plus réactionnaire [3].

2. Une perfidie à l’encontre des premiers de corvée

Si le projet Macron est mené jusqu’au bout, il faudra attendre 65 ans pour pouvoir partir à la retraite. Ceux qui ont commencé à travailler à 18 ans auront travaillé pendant 47 ans, sauf s’ils bénéficient des dispositifs dits de carrière longue. Ceux qui ont commencé à travailler à 23 ans après des études longues et qui doivent 42 ans de cotisation auront juste 65 ans au moment de partir à la retraite. Donc cela ne changera rien pour eux par rapport à la législation actuelle.

Les économies que veut réaliser le gouvernement se feront donc sur le dos de ceux qui ont commencé à travailler tôt, occupé les travaux les moins bien payés et de, surcroît, les plus pénibles, en un mot les premiers de corvée. Autrement dit, pour ces derniers, et notamment pour les femmes, ce sera la triple peine : mauvaises conditions de travail et mauvais salaires + moindres pensions + moindre espérance de vie.

L’ignorance des écarts d’espérance de vie entre les catégories socio-professionnelles frise l’autisme politique : à 35 ans, l’écart d’espérance de vie entre un ouvrier et un cadre est de 7 ans, et celui de l’espérance de vie en bonne santé est de 10 ans. L’ignorance des inégalités de salaires entre femmes et hommes (22 % en moins en moyenne au détriment des premières), se transformant en 40 % de moins pour les pensions, ajoute le sexisme à l’autisme.

3. Une perfidie sur la part des pensions dans le PIB

Le gouvernement estime qu’il faut stabiliser la part des pensions dans le PIB à 14 % pour les cinquante années prochaines. Or, pendant ce temps, la proportion de retraités dans la population passera de 18,5 % aujourd’hui à 27,5 % en 2070 selon un scénario central de croissance démographique [4].

Le résultat ne peut être qu’une très forte régression du niveau de vie relatif des personnes âgées par rapport à la population active, quelle que soit l’évolution du niveau absolu du PIB. Le projet Macron ne pourrait qu’accentuer l’effet des réformes passées. Sans les réformes passées, et selon un scénario de croissance annuelle moyenne de la productivité du travail de 1 %, la part des pensions dans le PIB aurait été de 6 points de pourcentage supplémentaires à l’horizon 2070 [5].

Au niveau individuel, la pension moyenne brute relative au revenu d’activité brut moyen passerait de 50,3 % en 2021 à 39,4 % en 2070 selon le scénario de gain annuel de productivité de 0,7 % et à 32,6 % avec le scénario à 1,6 % [6].

4. Une perfidie sur l’emploi

Le leitmotiv du gouvernement est qu’il faut augmenter le taux d’emploi des séniors. En 2021, ce taux était de 56,1 % entre 55 à 64 ans, modulé ainsi : 75,1 % de 55 à 59 ans (+24,7 points depuis 2000 du fait des réformes précédentes), et 35,5 % de 60 à 64 ans (+24 points depuis 2000).

Mais près de la moitié des plus de 60 ans sont déjà hors emploi et le COR prévoit un maintien du taux de chômage à 7 % au début de la décennie 2030. Le sas de pauvreté entre l’emploi et la retraite concerne 28,3 % des plus de 60 ans, ceux qui ne sont ni en emploi ni en retraite, et qui doivent vivre avec un RSA, une allocation d’adulte handicapé ou une allocation d’invalidité.

Pourquoi cette obstination à faire travailler plus longtemps ceux qui ont encore un emploi et à maintenir au chômage 7,4 % de personnes en catégorie A, soit 3,185 millions, et 5,447 millions en catégories A, B et C (hors Mayotte) ? Pourquoi conserver une hypothèse de taux d’emploi des femmes qui restera éternellement inférieur de 8 % à celui des hommes ? Quel sens a le maintien au travail des séniors si cela doit empêcher ou retarder l’entrée des jeunes dans la vie active ?

N’est-ce pas la même logique qui a inspiré les deux réformes de l’assurance chômage, visant d’abord à augmenter la durée de travail nécessaire pour le versement des allocations, et ensuite à diminuer celles-ci si la situation économique s’améliore ? La réponse tient dans la fixation du taux de chômage à 9 % comme seuil définissant le passage d’une situation conjoncturelle favorable à une situation défavorable, comme si on considérait que le plein emploi était atteint à ce taux. Et que vaut la promesse de mieux prendre en compte la pénibilité des travaux après en avoir supprimé plusieurs critères (manipulation de charges lourdes, postures pénibles, vibrations mécaniques, agents chimiques dangereux) ?

5. Une perfidie sur la rigidité éternelle des rapports sociaux

Pour refuser la moindre augmentation du taux de cotisation vieillesse pour accompagner l’augmentation de la proportion de retraités dans la population, le gouvernement table sur le fait que la répartition de la richesse produite entre travail et capital ne bougera plus pendant les cinquante ans à venir, c’est-à-dire que la part salariale restera figée à un niveau inférieur de 3 à 5 points de pourcentage de PIB à celui qui était en cours avant la phase néolibérale.

De même, il table sur l’arrêt définitif de la tendance séculaire à la diminution du temps de travail [7] ; au contraire, il entend ouvrir une nouvelle ère, celle de travailler toujours plus pour produire n’importe quoi. La rigidité des rapports sociaux ainsi postulée confine au mieux à l’aveuglement, au pire au cynisme.

6. Une perfidie ubuesque

La perfidie est à son comble en laissant croire que reculer l’âge de la retraite à 65 ans crée le moindre emploi supplémentaire, rendant ubuesque la déclaration du président Macron (22 septembre 2022, interview BFMTV) :

« On doit faire la réforme des retraites de manière transparente et apaisée. En parallèle, on est en train de refonder de grands services publics : l’hôpital, l’école et notre sécurité. Ça coûte de l’argent. Est-ce qu’on peut le financer par le déficit ? Non. Nous sommes un des pays qui a le plus grand déficit en Europe. Peut-on le financer par plus d’impôts ? Non. Nous sommes le pays parmi ceux taxant le plus en Europe.

La vérité, c’est qu’il nous faut travailler plus et produire plus de richesses dans notre pays si nous voulons protéger, avoir une politique de justice sociale et défendre le modèle social français, sa force et son avenir. »

Ubuesque, mais peut-être est-ce une fourberie puisqu’il déclarait lors de sa conférence nationale du 25 avril 2019 à l’issue du prétendu Grand débat national :

« Franchement, ce serait hypocrite de décaler l’âge de la retraite… Quand on est peu qualifié, quand on vit dans une région qui est en difficulté industrielle, quand on est soi-même en difficulté, quand on a une carrière fracturée, bon courage déjà pour arriver à 62 ans ! C’est ça la réalité de notre pays. On va vous dire : non, non, faut aller jusqu’à 64 ans ! Vous savez déjà plus comment faire à 55 ans ! Les gens vous disent : les emplois, ce n’est plus bon pour vous. C’est ça la réalité… Vous dire : mes bons amis, il faut travailler plus longtemps, c’est le délai légal, ce serait hypocrite ! ».

7. Mais des perfidies qui ne manquent pas de cohérence

Le gouvernement a compris que plus jamais nous n’aurons une croissance économique durablement forte. Il a fait siennes les hypothèses de plus en plus réduites de croissance de la productivité du travail pour les décennies à venir retenues par le COR.

Comme il n’entend pas remettre en cause la répartition de la valeur ajoutée produite et qu’il assure au contraire de sa volonté à continuer de favoriser les classes possédantes, il n’a plus qu’une solution : contraindre les droits sociaux, contraindre les salaires (dont les hausses sont remplacées par des primes) et stabiliser la part des pensions, donc les diminuer individuellement.

Ainsi, il pense pouvoir répondre positivement aux impératifs pseudo-scientifiques de baisse des dépenses publiques et sociales, soit de manière absolue si le climat social le lui permet, soit en tout cas de façon relative en maintenant la croissance nominale des dépenses publiques et sociales en dessous de la progression de la valeur ajoutée, si minime soit cette dernière. Comme quoi, une réforme remplie de perfidies peut se révéler très cohérente avec les intérêts de la classe dominante.

Jean-Marie Harribey

311) Réforme des retraites : les arguments fallacieux d’Emmanuel Macron

La réforme des retraites n’aura rien d’une réforme de justice et d’équité !

Emmanuel Macron a repoussé la présentation de la réforme des retraites, prévue le 15 décembre, au 10 janvier. Craintes de la colère qu’un si mauvais cadeau soit si massivement déposé au pied du sapin, et juste le temps de vérifier que le LR d’Éric Ciotti ne censurera pas le 49.3 qui seul permettra de faire adopter cette réforme au Parlement.

Mais avant même le 15 décembre, Élisabeth Borne, ses ministres Dussopt et Guérini, et Emmanuel Macron lui-même ont commencé à se répandre en petites phrases et en interviews. Ils confirment ce qu’on savait déjà : la réforme Macron consistera pour l’essentiel à passer l’âge légal de départ à la retraite de 62 à 64 – ou plus vraisemblablement 65 ans – en le repoussant de quatre mois par an à partir de 2023. Les régimes spéciaux (industries électriques et gazières, RATP, SNCF, Banque de France, Opéra de Paris, parlementaires) seront progressivement éteints. Les nouveaux recrutés seront affiliés au régime général du privé. La réforme s’appliquera aux salariés de la fonction publique dont le régime spécifique sera maintenu.

Dans l’immédiat, les petites phrases du Président et de ses ministres visent à justifier une réforme massivement rejetée par la population. La survie d’un système de retraite par répartition auxquels les Français sont très légitimement attachés est l’argument numéro 1. Sur TF1, samedi 3 décembre, Emmanuel Macron a ainsi affirmé : « Oui, nous devons faire cette réforme […] Si on ne la fait pas, on laisse le système de retraites par répartition en danger. Les besoins de financements sont massifs, ils vont continuer de s’accroître dans les prochaines années. Le seul levier que nous avons, c’est de travailler un peu plus longtemps ».

Grâce à cet argent économisé et au travail supplémentaire de celles et ceux dont la retraite sera retardée, nous pourrons réaliser nos objectifs de protection contre l’inflation, de réindustrialisation, de transition écologique, de développement des services publics tout en baissant les impôts et sans augmenter la dette. C’est l’argument numéro 2. C’est ce qu’a affirmé Emmanuel le 4 décembre dans Le Parisien [1] : « Nous dépensons de l’argent pour protéger le pouvoir d’achat des Français contre l’inflation. Nous dépensons de l’argent pour transformer et investir dans la France de 2030, par une réindustrialisation et tenir nos engagements climatiques. Nous dépensons de l’argent pour développer nos grands services publics, Intérieur, justice, école, santé... Et tout cela, j’ai pris l’engagement de ne pas le financer par des impôts, que je veux au contraire baisser. Tout comme je ne le financerai pas davantage par de la dette, on est déjà l’un des pays qui a la plus élevée. Donc il faut le financer par plus de création de richesse et la richesse est créée par le travail. C’est tout le sens de la priorité accordée au travail que ce soit à travers la réforme des retraites, de l’assurance chômage, des lycées professionnels, du service public de l’emploi… Nous avons un potentiel considérable de richesse par notre travail ».

On fera ça dans « la justice et l’équité ». C’est l’argument numéro 3. Dans la même interview, Emmanuel Macron explique : « Personne ne se réjouit de travailler un peu plus longtemps mais pour ne pas baisser les retraites et reporter de nouvelles charges sur nos enfants, il faudra faire un effort, progressivement et en tenant compte des parcours de chacun : carrières longues, pénibilité des métiers. Il est hors de question par ailleurs de baisser le niveau des pensions. Je veux au contraire augmenter la retraite minimum et améliorer les petites retraites. La réforme des retraites est donc aussi une réforme de justice et d’équité ».

Ces arguments sont fallacieux Leur réfutation n’est pas inutile à l’heure où démarre cette nouvelle bataille des retraites [2].

Une réforme pour sauver le système par répartition ?

Le système de retraite français n’est pas en danger. Il est financièrement équilibré en 2021. Il sera excédentaire en 2022. Le Conseil d’orientation des retraites (COR), organisme indépendant d’expertise et de prévision, placé auprès de la Première ministre, prévoit d’ici à 2032 un déficit entre 0,5 et 0,8 point de PIB soit de l’ordre de 10 milliards d’euros par an. Sur la période 2021 à 2027 la part des dépenses de retraite dans le PIB serait stable et légèrement inférieure à 14%. Elle pourrait augmenter à 14,2 voire 14,7% entre 2028 et 2032. Par la suite et jusqu’en 2070, cette part serait stable ou en baisse malgré le vieillissement de la population. La conclusion du COR est sans appel : « Les résultats de ce rapport ne valident pas le bien-fondé des discours qui mettent en avant l’idée d’une dynamique non contrôlée des dépenses de retraite » [3].

Le déficit prévu pour les années 2022 à 2032 est dû à la politique économique du gouvernement. Ce ne sont pas les dépenses qui augmentent trop vite mais les recettes qui sont pénalisées. Par les économies sur les emplois et la masse salariale dans la fonction publique, et par la politique salariale qui cherche à limiter au maximum la hausse des salaires avec les boucliers tarifaires et les primes non soumises à cotisation retraite.

Les prévisions économiques sont fragiles. Le gouvernement a accru cette fragilité en imposant un cadrage irréaliste avec un taux de chômage qui, grâce à sa politique baisserait à 5% d’ici à 2027. Ce qui est si peu fiable que le COR refait passer ce taux à 7% par la suite. L’incertitude est grande sur les hypothèses économiques des prochaines années. Une récession en 2023 est probable. Sa durée et son ampleur dépendront fortement des politiques économiques et monétaires. Repousser l’âge de la retraite dans une telle situation conduirait sans doute à aggraver le chômage, la pression à la baisse du pouvoir d’achat et in fine la spirale récessive [4].

Le seul levier possible pour équilibrer le système ?

D’autres solutions que l’âge de départ peuvent permettre d’équilibrer le système de retraite. L’économiste Michaël Zemmour en évoque cinq : revenir sur les exonérations de cotisations les plus inutiles ; soumettre l’épargne salariale à cotisations retraite ; ralentir le remboursement de la dette sociale ; revenir sur la baisse de la Cotisation sur la valeur ajoutée des entreprises (CVAE). Cette seule mesure rapporterait 8 milliards par an dès 2024 ; et même augmenter les cotisations de 0,8 point d’ici à 2027. Ce qui rapporterait 12 milliards d’euros. Et l’économiste Gilles Raveaud souligne de son côté l’importance des fonds de réserve des retraites et des retraites complémentaires (150 milliards).

Économiser sur les retraites pour baisser les impôts et financer les dépenses publiques pour la réindustrialisation, les engagements climatiques, restaurer l’école, la santé, la justice… ?

Les dépenses de retraites sont officiellement classées dans les dépenses publiques. Le gouvernement veut imposer une politique d’austérité budgétaire pour toute la période 2022 à 2027. C’est selon lui le moyen de revenir à l’équilibre budgétaire. Et tout cela en baissant les impôts sur les revenus des entreprises et sur les catégories sociales les plus favorisées. Cela commence avec le budget 2023 qui sera le 2e budget le plus austéritaire des 20 dernières années. Il a programmé sur la période 2022-2027 une croissance annuelle moyenne des dépenses publiques de 0,6% en volume, inférieure à la croissance prévue du PIB. Les économies réalisées sur le recul progressif de l’âge de la retraite durant cette période ne feront pas sortir de la pénurie et de l’insuffisance les dépenses publiques qui seraient nécessaires pour tenir les engagements climatiques, restaurer la qualité des services publics pour tous, réaliser une véritable réindustrialisation.

L’économiste Patrick Artus, lui-même, souligne qu’au niveau de la zone euro « pour assurer la transition énergétique (l’équivalent d’au moins 4% du PIB, dont seulement la moitié est actuellement financée), pour rattraper son retard de recherche-développement (plus d’un point de PIB pour atteindre le niveau des États-Unis), pour investir dans la santé et l’éducation. On peut estimer qu’il manque environ quatre points de PIB de dépenses publiques pour honorer ces dépenses nécessaires au-delà de ce qui est déjà engagé ». Cela vaut sans doute aussi pour la France. Ce n’est pas la réforme des retraites qui permettra de le réaliser. Ni non plus la baisse des impôts. Au contraire. Si l’on ne veut pas renoncer à des investissements nécessaires, notamment dans la transition énergétique, il n’y a pas explique-t-il d’autre véritable option que financer « des dépenses publiques élevées soit par une taxe inflationniste, soit par de vrais impôts ».

Repousser l’âge de la retraite va permettre d’augmenter le travail des seniors et donc de produire plus de richesses ?

Il faut reconnaître aux arguments d’Emmanuel Macron le mérite de la franchise et de la clarté. La retraite à 65 ans, cela va avec la réforme du chômage et la réforme des lycées professionnels. Le but est le même : obtenir plus de travail en le payant moins. Et pour cela augmenter la pression de la précarité et de la concurrence sur le marché de l’emploi. En prime, nous avons même la reconnaissance, si non l’aveu, que c’est le travail qui créée les richesses. En même temps on est toujours dans le ruissellement mais à partir du bas : le travail créateur de richesses oui, mais à condition qu’il soit rentable.

Le recul de l’âge légal de la retraite participe de la même politique de l’offre et de la compétitivité par la baisse des salaires réels. C’est une politique d’ancien régime. Elle ne répond ni aux enjeux immédiats de la conjoncture économique, ni aux enjeux de la transformation du système de production et de consommation.

Le recul de l’âge de la retraite permettra-t-il d’améliorer l’emploi des personnes âgées de plus de 55 ans qui est particulièrement bas en France [5] ? Les mesures spécifiques d’accompagnement envisagées par le gouvernement [6] sont faibles ou nocives comme la baisse de la durée maximale d’indemnisation des chômeurs de plus de 55 ans. La question de l’emploi des seniors doit être traitée à la racine par l’amélioration des conditions d’emploi, de travail et de formation durant toute la vie professionnelle. Et si elle était obtenue au détriment de l’emploi des autres, l’amélioration d’ensemble serait très limitée, au plan économique comme au plan social.

Une réforme juste et équitable qui tiendra compte des carrières longues et de la pénibilité des métiers ?

Yvan Ricordeau, le Monsieur Retraites de la CDFT, n’y croit pas lui-même. Le dispositif actuel carrière longue, explique Henri Sterdyniak, permet aux personnes qui ont travaillé au moins un an avant 20 ans et qui ont cotisé 42 années, de partir à la retraite à 60 ans. La réforme retarderait de deux ou trois ans leur âge de départ. Le dispositif actuel de prise en compte de la pénibilité, le compte personnel de prévention ne concerne que 12.000 bénéficiaires depuis sa création. Le gouvernement ne propose que de le modifier à la marge.

Augmenter la retraite minimum et améliorer les petites retraites ?

La principale mesure envisagée par le gouvernement consisterait à appliquer enfin une loi adoptée en 2003 selon laquelle la retraite minimum serait de 85% du SMIC… La mesure pourrait être appliquée à l’ensemble des retraités. Mais avec un retard équivalent au recul de l’âge de la retraite pour les nouveaux. Et cela ne concerne que les salariés ayant une carrière complète.

Les inégalités de retraites entre les femmes et les hommes restent considérables. Selon le COR, les pensions de droit direct sont en moyenne inférieures de 37%. La principale mesure de « justice et d’équité » du gouvernement en la matière serait de ne pas retarder à plus de 67 ans le droit à une pension à taux plein, qui concerne principalement les femmes.

Il est hors de question de baisser le niveau des pensions ?

Le Président joue sur les mots. Comme le souligne Henri Sterdyniak, « l’objectif d’un système de retraite doit être d’assurer que les actifs bénéficient d’un niveau de vie à la retraite équivalent à celui des personnes en activité, cela à partir d’un âge de départ à la retraite socialement déterminé, permettant de jouir d’une période en bonne santé ».

Le système des retraites français est l’un des plus généreux au monde, avec en règle générale un départ à 62 ans, une parité de niveau de vie entre actifs et retraités, un taux de pauvreté des retraités faible et une redistribution entre les hauts et les bas salaires.

Mais les différentes réformes menées sous les différents gouvernements conduisent à une dégradation progressive pour les retraités actuels et pour les retraités futurs. La diminution du pouvoir d’achat des pensions nettes pendant la retraite est sensible. Elle s’est accentuée sous le premier quinquennat d’Emmanuel Macron du fait de la sous indexation des pensions et de la hausse de la CSG. Et pour l’avenir, dans le cadre actuel, selon les différents scénarios du COR, la pension moyenne augmenterait certes plus que les prix, mais le niveau de vie relatif des retraités régresserait progressivement au niveau de celui des années 1980. Encore ne s’agit-il que d’une moyenne. Pour toute une partie de la population, le système de retraite ne réaliserait plus sa promesse. C’est cela qui devrait être mis en débat. Mais Emmanuel Macron qui veut imposer une nouvelle et grave régression, fera tout pour l’enterrer.

Bernard Marx

Notes

[1] Deux jours avant, c’est Élisabeth Borne qui était longuement interviewée par le même journal.

[2] Ces explications doivent beaucoup à des notes et analyses de Henri Sterdyniak, Michaël Zemmour et Eric Berr. À lire également le petit livre que François Ruffin vient de publier aux éditions Les Liens qui Libèrent : Le temps d’apprendre à vivre. La bataille des retraites.

[3] COR, rapport annuel, septembre 2022, page 9

[4] Voir l’analyse de Romaric Godin et Dan Israël.

[5] Dominique Seux, sur France Inter le 6 décembre, a prétendu débusquer la fake news selon laquelle « on entend souvent que la plupart des nouveaux retraités, ceux qui arrivent à la retraite, seraient en fait au chômage ». Triste méthode que de répandre, soi-même, une fake news pour mieux la combattre. Car personne ou presque ne prétend que la plupart des nouveaux retraités sont des chômeurs. L’éditorialiste donne lui-même le chiffre de 63% de nouveaux retraités qui étaient en situation d’emploi au moment de partir en retraite. Cela veut dire que 37% ne l’étaient pas. Et c’est cela qui est considérable et qui ne va pas. Qui plus est, la proportion varie, évidemment, en fonction de la catégorie sociale, au détriment des ouvriers et des employés et au détriment des femmes. « Les faits, rien que les faits », conclut-il ce jour-là. Chiche !

[6] Cf Henri Sterdyniak : « Refuser la dégradation des retraites, maintenir et développer un système satisfaisant », page 16.

Bernard Marx

http://www.regards.fr/actu/economie...

[310) "Je vous décrypte la retraite Macron !" Video François Ruffin]

C’est pas le père Noël qui a amené les retraites au pied du sapin. Alors, vidéo pédago pour convaincre vos copains cousins entre la dinde et la bûche. Et qu’on se bouge tous à la rentrée ! Cliquez sur l’adresse URL ci-dessous pour visionner la video :

https://www.youtube.com/watch?v=g9u...

Chapitrage :

0:00 - Introduction

0:49 - Enjeu social

1:17 - Le miracle des retraites

2:17 - Les effets des précédentes réformes

3:06 - L’explosion du RSA chez les personnes âgées

4:54 - Macron 2019 contre Macron 2022

6:04 - La baisse des pensions depuis dix ans

6:22 - Le mensonge de la pénibilité

6:49 - La double peine pour la seconde ligne

8:03 - Le durcissement du travail depuis 40 ans

8:53 - L’enjeu démocratique

9:50 - Une opposition dans les sondages

13:09 - L’enjeu écologique

16:16 - 4 semaines de travail par an pour les actionnaires

18:39 - Il n’y a plus de lien entre croissance et bien-être

20:44 - La vraie raison de la réforme des retraites

24:03 - Comment financer la retraite à 60 ans

25:31 - Conclusion

309) François Ruffin déconstruit la réforme des retraites

Le député La France insoumise alerte sur le report de l’âge de la retraite, qui pénaliserait les plus pauvres. Et défend un projet inverse.

https://www.challenges.fr/politique...

Décidément, il a changé. Pour la première fois de sa vie, François Ruffin a eu recours au logiciel favori des consultants, PowerPoint. Celui qui a récemment surpris en se revendiquant "social-démocrate" n’a rien trouvé de mieux que la fameuse présentation en "slides" pour résumer son opposition radicale à la réforme des retraites.

- Slide n° 1 : même sans la réforme, les dépenses de retraites diminueront dans les décennies à venir, de l’ordre de 1 à 2% de la richesse nationale.

- Slide n° 2 : 28% des personnes de 60 ans ne sont ni en emploi ni à la retraite, et c’est même 34% chez les ouvriers.

- Slide n° 3 : le report de l’âge de départ pénalisera au premier chef les plus pauvres.

"Le cumul des réformes votées sous Sarkozy, qui a repoussé l’âge légal à 62 ans, et sous Hollande, qui a allongé la durée de cotisation, a réduit de 5,8% les pensions des 25% les plus pauvres, appuie-t-il, dans un café où il a ses habitudes, à deux pas de l’Assemblée nationale, tandis que les retraites des 25% les plus riches n’ont baissé “que” de 3,4%."

Des chiffres parfaitement exacts, même s’ils font l’impasse sur les 12 milliards de déficit attendus en 2027. Une paille. Et occultent que le taux d’emploi des 55-64 ans a bondi de 32 à 56% en vingt ans. Justement sous l’effet des réformes des retraites successives.

Qu’importe, dans la bataille qui s’annonce, le député La France insoumise compte incarner un projet aux antipodes de celui du président de la République. Et ce, même si les deux hommes ont grandi à Amiens et ont fréquenté le sélect lycée privé La Providence. La question financière est une question de pur choix politique, martèle-t-il. Pour preuve, il cite la programmation budgétaire de la France pour 2022-2027 transmise à la Commission européenne qui mentionne les économies dégagées par la future réforme des retraites comme gages aux investissements pour la transition écologique et à la baisse de 10 milliards d’impôts pour les entreprises. "La vraie raison de la réforme, elle est là, c’est la diminution de la fiscalité des entreprises, lâche-t-il. C’est écrit noir sur blanc dans ce document que je nomme “le programme caché” d’Emmanuel Macron."

Le réalisateur du documentaire satirique Merci Patron ! se veut surtout le porte-voix de tous les travailleurs qui exercent des métiers pénibles et ont déjà du mal à tenir jusqu’à 62 ans. Lui, l’ancien reporter et fondateur du journal Fakir, a toujours un cahier à portée de main pour recueillir les témoignages des habitants de sa circonscription de la Somme. Comme cette auxiliaire de vie d’un Ehpad de 61 ans qui souffre de polyarthrite et se dit harcelée par Pôle emploi pour reprendre une activité. "Le travail est presque un devoir moral et la fierté du travail est au cœur de l’identité ouvrière, avance celui qui a récemment remis les médailles du travail à des salariés d’une usine Bonduelle, où son père était cadre."

Le droit au repos, au congé, à la retraite "Mais il y a aussi le droit au repos, au congé, à la retraite, qui est au cœur des combats de la gauche." Dans un court essai, intitulé Le Temps d’apprendre à vivre (éd. Les liens qui libèrent), il plaide pour que le progrès économique et technique continue d’aller de pair avec la réduction du temps de travail. Et juge que l’urgence écologique est une raison supplémentaire de ralentir l’activité. "In fine, peut-être que le gouvernement passera sa réforme et y verra une victoire, conclut-il.

Mais ce nouveau coup porté aux classes populaires, en pleine période d’inflation, se paiera sur le long terme." Sur les 89 députés Rassemblement national, 52 ont été élus sur des terres acquises à la gauche en 2012, rappelle-t-il. En forme d’avertissement.

308) Contre l’allongement de l’âge légal et la baisse des retraites Grande marche à Paris le 21 janvier

La bataille de la rentrée se précise. Avec une première grande date : une grande marche à Paris le 21 janvier. C’est par la voix d’Aurélie Trouvé, députée insoumise , ancienne porte-parole d’ATTAC et figure du dernier mouvement social des retraites, et d’Hadrien Clouet, député insoumis et sociologue du travail, que La France insoumise (LFI) a annoncé la couleur ce samedi 10 décembre dans le cadre de sa Convention à Paris. Trois ans après la bataille historique déjà sur les retraites, quatre ans après le début du mouvement des Gilets Jaunes, focus sur le grand sujet de la rentrée.

« Sans cette réforme, notre système de retraite par répartition est en danger », affirmait Emmanuel Macron sur TF1 samedi dernier. Pour faire accepter aux Français de travailler jusqu’à 65 ans, la macronie cherche à faire peur. Mais son discours n’est en rien justifié. Les « chiffres », si chers aux libéraux dans leur argumentation, ne vont pas dans son sens. Le rapport du Conseil d’Orientation (COR), rattaché à Matignon, tord le cou au discours alarmiste sur le financement de notre système de retraite. Le camp présidentiel l’a-t-il vraiment lu ? À l’insoumission, nous en doutons. Nous nous en sommes chargés pour vous, pour vous donner les arguments contre votre tonton de droite au repas de Noël.

307) RETRAITES : LES MENSONGES DE M. MACRON (video)

Pour accéder à cette video, cliquer sur le titre 307 ci-dessus.

306) Le système des retraites est « en danger » selon la minorité présidentielle ? Le Conseil d’Orientation des Retraites (COR) dit l’inverse

Pour la cinquième fois depuis 30 ans, un gouvernement veut réformer le système des retraites. Les discours se suivent et se ressemblent depuis des décennies : « notre système de retraite est en danger », « il faut le réformer pour le sauver, car il est gravement déficitaire ». En somme, « cela fait 30 ans qu’on nous vend des réformes des retraites, qui nous sont présentées comme le seul moyen de sauver le système, mais dont la principale caractéristique est qu’elles ne sauvent pas du tout le système, puisqu’il faut en refaire une tous les 6 ans en moyenne, pour le sauver de nouveau, alors qu’on avait promis six ans plus tôt qu’il serait sauvé », résume le journaliste Sébastien Fontenelle pour Blast.

Notre système de retraite serait en danger, selon la minorité présidentielle. Ce n’est pas l’avis du Conseil d’Orientation des Retraites (COR). Créé en 2000, le COR est une structure rattachée à Matignon, difficilement soupçonnable de positions gauchistes. Son rapport annuel est attentivement scruté par l’ensemble de la classe politique. Dans son dernier rapport, sorti en septembre 2022, on peut y lire écrit noir sur blanc : « les résultats de ce rapport ne valident pas le bien-fondé des discours qui mettent en avant l’idée d’une dynamique non contrôlée des dépenses de retraite ». Le gouvernement et les députés Renaissance (ex-LREM) l’ont-ils lu ? Vu leurs discours alarmistes sur notre système de retraite, on est en droit d’en douter.

900 millions d’euros d’excédent ont été dégagés en 2021, malgré la crise sanitaire. Celui-ci est de 3,2 milliards d’euros pour cette année. « La situation financière du système de retraite se détériorerait avec un déficit allant de -0,5 point de PIB à -0,8 point de PIB » dans les 10 prochaines années, peut-on lire dans le rapport du COR. Cela représente environ 10 milliards d’euros par an, soit moins de 3% du budget des retraites qui est de 340 milliards d’euros. Un déficit faible et contrôlé, « qui serait moindre à l’horizon 2032 » (rapport du COR).

Le faible déficit constaté par le COR est en partie fictif

Néanmoins, le déficit constaté dans le rapport est en partie fictif, comme l’explique l’économiste Éric Berr : « Ce déficit provient en partie d’une modification des hypothèses retenues en matière de chômage par le gouvernement dans le programme de stabilité qu’il remet tous les ans à la Commission européenne ». En 2021, le gouvernement prévoyait un taux de chômage de 8,4% en 2027. Cette année, il prévoit 5% de chômage pour 2027, c’est-à-dire le « plein-emploi » selon les libéraux.

Dans ces projections, le COR doit se baser sur les estimations gouvernementales jusqu’en 2027. Au-delà, il peut établir ses propres hypothèses. Puisque le COR prévoit, lui, 7% de chômage en 2032, il est obligé de simuler une récession entre 2027 et 2032 dans ses calculs. « C’est cette récession fictive qui explique en partie le déficit du régime des retraites constaté sur cette période et sur lequel le gouvernement s’appuie afin de justifier sa réforme », conclue Éric Berr. Pour justifier son coup d’État social en nous faisant travailler jusqu’à 65 ans, le gouvernement agite le chiffon rouge d’un déficit certes existant, mais faible, maitrisé, et en partie fictif.

Financement du système de retraite : un problème de recettes, et non un problème de dépenses

Une autre phrase dans le rapport du COR nous rassure sur la maitrise des dépenses de retraite : « À plus long terme, de 2032 jusqu’à 2070, malgré le vieillissement progressif de la population française la part des dépenses de retraite dans la richesse nationale serait stable ou en diminution ». Le faible déficit des retraites à venir n’est pas la conséquence d’une dynamique incontrôlée des dépenses mais d’un manque de ressources.

L’octroi de primes (non-soumises à cotisation), comme la « prime Macron » est monnaie courante dans le camp présidentiel depuis plusieurs années. De même pour les exonérations sur les bas salaires accordées aux entreprise. Préférer des primes et des exonérations à des hausses de salaires participent à une baisse des cotisations retraites. À cela s’ajoute les « mesures d’économie sur la masse salariale de la fonction publique territoriale et de la fonction publique hospitalière », faisant mécaniquement baisser les cotisations, détaille Eric Berr.

À 62 ans, un quart des hommes les plus pauvres sont déjà morts Ces chiffres ne sont pas dans le rapport du COR. Pourtant, ils existent. À 62 ans, 25% des 5% des hommes les plus pauvres sont déjà morts (Libération). Il faut attendre l’âge de 80 ans pour que cette proportion soit atteinte pour les 5% les plus riches. À l’âge de départ actuel, déjà, certains ne voient même pas le début du quart de leur retraite, brisés par des années de travail jusqu’à la mort. Quelle est cette vie que de devoir travailler toujours plus longtemps, jusqu’à en mourir, le corps brisé par des années de travail ?

Qu’en est-il pour ceux qui sont encore en vie ? Les travailleurs les plus modestes (les 40 % ayant les revenus les moins élevés de 48 à 55 ans) ont aujourd’hui 30 % de risques d’avoir une retraite de moins de 10 ans (toujours selon l’économiste Eric Berr). La réforme voulue par la minorité présidentielle diminuerait de près de deux ans en moyenne leur durée de retraite, déjà fracassée par la précarité.

En 2021, moins d’une personne sur deux était en emploi à 61 ans, un quart était en retraite anticipée et un quart « sans emploi ni retraite ». La réforme du gouvernement aura pour conséquence d’allonger la précarité que vivent déjà de nombreux seniors. Une réforme injuste et cruelle.

Pas besoin de travailler quelques années de plus même si nous vivons plus longtemps

Livré de manière brute, l’argument « il faut travailler davantage car on vit plus longtemps » semble tomber sous le sens. Mais il n’en est rien. Au-delà des progrès de la médecine, nous vivons plus longtemps parce que nous travaillons moins longtemps. Dès lors, cet argument ne tient pas debout : il ne tient pas compte du nombre de richesses produites par les travailleurs. À lui seul, un travailleur français produit trois plus de richesses en 2022 qu’il y a 50 ans. La question du financement des retraites pose avant tout l’enjeu de la juste répartition des richesses. On pourrait ainsi financer davantage notre système de retraite avec autant de travail.

La mobilisation contre la réforme des retraites de la minorité présidentielle se prépare

La macronie défend un projet minoritaire dans le pays. « Emmanuel Macron a été élu sur son programme ! », s’époumone le camp présidentiel. Un mélange de déni et de mauvaise foi. Le chef de l’État n’a pas été réélu parce que son projet était plébiscité par une majorité de Français. Il a été reconduit dans ses fonctions car le pays ne voulait pas de l’extrême droite au pouvoir. Alors, comment décaler l’âge de départ à la retraite lorsque l’on est minoritaire ?

Macron compte dégainer un 49.3, pour faire passer la réforme grâce à un projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) rectificatif en janvier (France Info). Ce serait un scandale démocratique, doublé d’une déclaration de guerre au monde du travai.

Sur la question de la retraite à 65 ans, Macron a l’opinion et toutes les organisations syndicales contre lui. Fin septembre, un chiffre intéressant ressortait d’un sondage Odoxa-Backbone Consulting pour Le Figaro : 67% des Français sont prêts à soutenir une mobilisation contre la réforme des retraites. Toujours selon ce sondage, 10 millions de Français sont prêts à manifester.

La mobilisation contre la réforme des retraites de la minorité présidentielle se prépare. Le 1er décembre 2022, de nombreuses organisations de jeunesse comme L’Alternative, La Jeune Garde, Les Jeunes Insoumis.es ou La Voix Lycéenne ont appelé à une mobilisation unitaire le 21 janvier 2023 à Paris. « Dès demain, nous devons organiser la riposte […] pour mettre un coup d’arrêt à ce gouvernement avec toutes les forces qui souhaiteraient nous rejoindre dans la bataille », ont elles écrit.

Quatre jours plus tard, de nombreuses organisations dont la CGT, la CFDT, FO ou l’UNSA se sont dites « prêtes à la mobilisation » dans un communiqué commun. « Le gouvernement, en s’entêtant, porterait l’entière responsabilité d’un conflit social majeur », ont elles dénoncé Affaire à suivre, aussi bien à l’Assemblée nationale que dans la rue.

Par Nadim Février

305) Retraites : prêt-es à la mobilisation (communiqué intersyndical)

Nous reproduisons ici le communiqué issu de la réunion du 5 décembre dite de l’intersyndicale "totale" puisque regroupant tous les syndicats de salariés (8) et les 5 organisations syndicales de la jeunesse.

Les consultations en cours concernant notre système de retraite ont été une nouvelle occasion pour les organisations syndicales de faire des propositions dont aucune ne nécessite une réforme paramétrique. Le système par répartition n’est pas en danger, y compris pour les jeunes générations. Le gouvernement instrumentalise la situation financière du système de retraites et affirme, à tort, que le recul de l’âge légal de la retraite est un impératif.

De premiers arbitrages seraient ainsi rendus en ce sens dès la mi-décembre. Au moment où le contexte social, environnemental et économique est particulièrement difficile pour une partie croissante de la population, le gouvernement, en s’entêtant, porterait l’entière responsabilité d’un conflit social majeur.

Les organisations syndicales réaffirment qu’elles sont, comme la très grande majorité de la population, fermement opposées à tout recul de l’âge légal de départ en retraite comme à toute augmentation de la durée de cotisation. La jeunesse, déjà fortement touchée par la précarité, serait fortement impactée par ce projet. Pour l’intersyndicale, des alternatives, y compris financières, existent pour améliorer les fins de carrière et les montants des pensions tout en faisant reculer les inégalités touchant particulièrement les femmes.

Les organisations syndicales et de jeunesse ont d’ores et déjà décidé de se revoir le jour-même des annonces gouvernementales. Elles réaffirment leur détermination à construire ensemble les mobilisations passant en particulier par une première date de mobilisation unitaire avec grèves et manifestations en janvier si le gouvernement demeurait arcbouté sur son projet.

Les Lilas le 5 décembre 2022

304) Réforme des retraites : démontez les arguments du gouvernement en 5 minutes

https://rapportsdeforce.fr/boite-a-...

La réforme des retraites est déjà impopulaire, puisque 70 % des Français sont opposés à un recul de l’âge légal de départ (sondage Elabe du 22/09) et 19 % seraient prêts à aller manifester (sondage Odoxa du 21/09). Mais pour convaincre vos collègues de travail ou leur donner des arguments face à ceux du gouvernement, Rapports de force revient point par point sur les discours de justification de la majorité.

Ça y est, la bataille des retraites commence. Ce jeudi 29 septembre, le gouvernement a finalement annoncé qu’il présenterait en janvier un projet de loi pour reculer à 65 ans l’âge de départ à la retraite. D’ici là, il ouvrira des concertations à la marge avec les organisations de salariés et le patronat. Mais dès à présent, attaquons-nous aux arguments tronqués du gouvernement pour tenter de convaincre l’opinion du bien-fondé de sa réforme.

Argument n°1 : Macron a été élu pour faire la réforme des retraites

Avant de s’attaquer au fond, commençons par la forme. Lundi 26 septembre, à l’occasion de la présentation du projet de loi de finances en Conseil des ministres, Bruno Le Maire a affirmé à propos des retraites : « il est tout à fait possible de mener une réforme juste et efficace dans un délai raisonnable. Et d’autant plus que le président de la République a reçu un mandat du peuple français pour faire cette réforme ». Et bien… en fait… heu… non !

S’il a bien reçu un mandat, parce qu’il a été élu président de la République au printemps, il n’a pas réellement été mandaté pour réformer les retraites. Revenons cinq mois en arrière. Emmanuel Macron l’emporte face à Marine Le Pen avec 58 % des suffrages exprimés. Outre que l’abstention, les votes nuls et blancs représentent plus 34 % des inscrits, une estimation de l’institut Ipsos-Sopra Steria sortie des urnes souligne que 42 % des électeurs d’Emmanuel Macron au second tour ont voté pour lui pour faire barrage à Marine Le Pen. Au final, il reste moins de 11 millions de votes d’adhésion sur plus de 48 millions d’inscrits. Soit 22,3 % du corps électoral. Et encore, il n’est pas sûr que tous ceux qui ont choisi Emmanuel Macron au premier tour souhaitaient une réforme des retraites.

Le locataire de l’Élysée avait même convenu le soir de sa victoire : « Je sais que nombre de nos compatriotes ont voté pour moi, non pour soutenir les idées que je porte, mais pour faire barrage à celles de l’extrême droite. Ce vote m’oblige pour les années à venir. » Sans grande surprise, cette promesse a été bien vite oubliée.

Argument n° 2 : les déficits rendent nécessaire la réforme des retraites

Passons de la forme au fond. À l’occasion de la remise du dernier rapport du Conseil d’orientation des retraites (COR), les membres du gouvernement ont insisté sur la nécessité financière de la réforme. « Ce rapport dit que le système de retraites connaît un très léger excédent en 2021-2022, mais que dès 2023 ce sont presque deux milliards d’euros de déficit, en 2027 plus de 12 milliards de déficits, et en 2030 une vingtaine de milliards de déficits. Ces chiffres nous montrent qu’il faut agir pour améliorer le système de retraites et le préserver dans le temps », expliquait Olivier Dussopt, le ministre du Travail, le 20 septembre sur RTL.

Pourtant, ce ne sont pas vraiment les conclusions du COR. À l’inverse, celui-ci affirme que « les résultats de ce rapport ne valident pas le bien-fondé des discours qui mettent en avant l’idée d’une dynamique incontrôlée des dépenses de retraite ». En clair, il y a des déficits, mais dans des proportions maîtrisées. À la place du solde des régimes en milliards d’euros, le COR compte en pourcentage des richesses produites (PIB), « un indicateur déterminant pour évaluer la soutenabilité financière du régime de retraite ». Et là, les variations ne sont pas alarmantes : globalement stable entre 2021 et 2027 (13,8 % à 13,9 % du PIB), la part des dépenses augmenterait entre 2027 et 2032 (14,2 à 14,7 % du PIB) pour se stabiliser ou diminuer à partir de 2032 jusqu’à se situer en 2070 dans une fourchette comprise entre 12,1 % et 14,7 % du PIB. Et encore, l’augmentation de la période 2027-2032 est en partie liée à l’écart entre le taux de chômage prévu par le gouvernement de 5 % et celui projeté du COR à 7 %. Ces deux points de différence induisant en effet un autre niveau de cotisations.

Il reste cependant à déterminer quoi faire avec les déficits annoncés. Ils pourraient être transformés en dette comme bien d’autres dépenses gouvernementales, en considérant qu’assurer des retraites aux travailleuses et travailleurs dans les conditions d’aujourd’hui est une volonté politique. Qu’elle a un coût. Et que celui-ci n’est pas exorbitant. Il serait également possible de jouer sur d’autres paramètres, les dépenses ou les recettes, puisqu’un déficit n’est qu’un déséquilibre entre les deux. Mais nous allons revenir sur ce point essentiel.

Argument n°3 : pour ne pas baisser les pensions ou augmenter les cotisations, il faut travailler plus longtemps

Certes, aucun retraité n’accepterait une baisse de sa pension, surtout dans un contexte de forte inflation. Pas plus qu’un salarié ne voudrait voir son taux de cotisation augmenter, ce qui ferait baisser son salaire net. Mais d’autres variables sont envisageables.

C’est un peu enfoncer des portes ouvertes, mais pour réduire un déficit, il faut soit réduire les dépenses, soit augmenter les recettes. Emmanuel Macron en bon libéral a fait son choix : baisser les dépenses publiques en repoussant l’âge de départ à la retraite. Mais la question des recettes du système de retraite reste posée. À ce titre les dizaines de mesures d’exonération de cotisations sociales prises par tous les gouvernements ces dernières décennies ont un coût pour les finances publiques, caisses de retraite incluses, puisque ces exonérations ne sont pas toutes compensées par l’État. En 2019, année avant la crise sanitaire, celles-ci étaient estimées à 66 milliards d’euros par la Cour des comptes, dont 52 milliards de cotisations patronales. La part manquant au financement des régimes de retraite s’élevait à 9,75 milliards. De quoi relativiser le poids des déficits envisagés par le COR pour les régimes de retraite.

Autre paramètre à prendre en compte : le niveau des cotisations. Aujourd’hui, elles représentent 79 % du financement des retraites (rapport du COR). Sur les 21 % restant, 12 % proviennent de la CSG. Les recettes dépendent donc très fortement du niveau d’emploi, c’est-à-dire du nombre de personnes en activité pour lesquels salariés et employeurs payent des cotisations. Mais elles dépendent également du niveau des salaires, puisqu’il s’agit d’un pourcentage de celui-ci. De ce point de vue, les excédents des régimes de retraite en 2021 et 2022 présentés dans le rapport du COR sont révélateurs. Le fort rebond de l’activité économique a eu pour effet de faire repasser dans le vert les comptes en augmentant le nombre de cotisations versées. Même constat pour les comptes de la Sécurité sociale dont le déficit a nettement baissé cette année. Une amélioration en partie due à l’inflation et l’augmentation du SMIC qui a mécaniquement fait grimper le niveau des cotisations salariés et employeurs.

Voilà clairement un paramètre majeur. Et un choix politique. Celui d’un gouvernement qui préfère des primes défiscalisées et désocialisées à une pression sur le patronat pour augmenter les salaires. Ce qui prive toute la protection sociale, retraites incluses, de recettes importantes. Les paies, trop souvent au ras du SMIC, pèsent sur le système de retraite en limitant le niveau des cotisations sociales. Un autre partage de la valeur, c’est-à-dire de la rémunération du travail et de celle du capital, générerait des recettes qui pourraient faire revenir les comptes au vert.

Argument n° 4 : il faut travailler plus longtemps pour financer l’école, l’hôpital, etc.

C’est probablement l’argument le plus fou de la majorité. Et peut-être aussi le plus flou. Pour les uns la réforme des retraites servira à financer l’éducation et l’hôpital. Pour Bruno Le Maire, elle permettra de financer des cadeaux aux entreprises sous forme de fin des impôts de production. Pour d’autres, elle financera le chantier de la dépendance ou la transition climatique. Bref, un peu tout. Mais ici, c’est clairement un mensonge. À ce jour, aux dires de l’exécutif, l’allongement de l’âge de départ à la retraite concernerait les salariés nés en 1966 et après. En clair, des salariés qui ne liquideraient leurs droits à la retraite, si rien n’était modifié, que dans sept à huit ans. Soit vers 2029 ou 2030. Les économies envisagées étant pour plus tard, comment la réforme des retraites pourrait-elle financer aujourd’hui des réformes à l’hôpital ou dans l’éducation ? En fait, elle ne le pourrait pas.

Mais au-delà de cet élément tronqué, c’est une rupture inédite du pacte social. Jamais à ce jour un gouvernement n’avait proposé de réorienter les dépenses de retraites issues des cotisations sociales vers d’autres types de dépenses de l’État. Et là encore, si l’argent manque pour engager certains chantiers, il faut chercher du côté des choix politiques libéraux du gouvernement qui assèchent les recettes du budget de l’État au profit des plus aisées. Et la liste est longue des manques à gagner en dizaine de milliards annuels : de la suppression de l’ISF à la flat tax qui a baissé les prélèvements sur les entreprises en passant par le CICE qui était censé créer des emplois et a coûté une centaine de milliards. Tout n’est donc que question de choix politiques, voire idéologiques.

303) Réforme des retraites  : la gauche prépare sa riposte (L’Humanité)->43325

302) Élisabeth Borne précise les contours d’une réforme des retraites injustifiée (Mediapart)->43326]

301) Repousser l’âge de la retraite serait une régression pour de nombreuses personnes et une injustice

Le projet de recul à 65 ans est aujourd’hui acté, après une longue hésitation avec un nouvel allongement de la durée de cotisation. Ce sera un recul progressif de 4mois par an, aboutissant à 65ans en 2031. Selon le ministre du Travail, c’est la mesure qui a « l’efficacité budgétaire la plus forte ». L’économie serait de fait très limitée. Mais c’est une mesure brutale,qui s’appliquerait dès 2023 et concernerait les personnes qui peuvent prétendre à un départ en retraite l’an prochain(génération 1961).

Prolongation de la période de précarité Économie limitéepour une mesure très injuste

Le gouvernement semble ignorer la situation précaire de nombreuses personnes entre la fin de l’emploi et la liquidation de la retraite, situation qui s’allongerait donc. Le COR rappelle qu’une proportion sensible des assuré·es passe par des périodes de chômage ou d’inactivité entre leur sortie définitive du marché du travail et leur départ à la retraite. Ainsi selon la Drees2, 32 % des personnes de la génération née en 1950 n’étaient plus en emploi l’année précédant leur retraite, ce chiffre étant plus élevé pour les femmes(37 %)que pour les hommes(28 %). Ces personnes hors emploi étaient au chômage(pour la moitié environ d’entre elles), en inactivité, maladie ou invalidité. Et 23 % des personnes ni en emploi, ni en retraite n’ont aucun revenu personnel ou minimum social, car vivant avec une personne qui a un revenu, et donc dépendant d’elle.

Dégradation de la qualité de vie

Les premières années de retraite sont vécues comme les meilleures, celles dont les retraité·es profitent le plus lorsque leur santé n’est pas trop dégradée, alors qu’elles deviennent les plus difficiles s’il est nécessaire de prolonger l’activité professionnelle. De nombreux métiers sont pénibles et usants, mais la pénibilité est très mal prise en compte actuellement pour la retraite. L’intensification du travai ldepuis plusieurs décennies a alourdi la charge mentale pesant sur de nombreuses catégories de salarié·es, qui attendent de plus en plus la retraite avec impatience.

De plus, près d’un tiers (30 %) des personnes âgées de 55 à 69 ans sont déjà concernées par des limitations d’activité sévères ou modérées. Cette proportion est légèrement plus forte pour les femmes (page245). Une période de retraite en bonne santé, attente légitime après la vie professionnelle, est donc déjà compromise pour toutes ces personnes. Quelle en serait l’évolution après un recul à 65 ans de l’âge légal ?

Inégalités d’espérance de vie et de revenus

Un recul de l’âge légal à 65 ans ne touchera pas tout le monde de la même façon. L’espérance de vie à 35 ans des ouvriers est inférieure à celle des cadres de 6,4 ans pour les hommes, et de 3,2 ans pour les femmes3. Le niveau de revenu, qui est lié à la catégorie socio-professionnelle, joue un rôle important : les 5 % les plus aisés ont une espérance de vie supérieure de treize ans à celle des 5 % les plus pauvres chez les hommes, et de huit ans chez les femmes4.Les durées de carrière baissent au fil des générations, s’éloignant de la durée de cotisation exigée.

En moyenne, la durée de carrière réalisée par la génération1955 (en retraite aujourd’hui)a été de 40,5 ans (c’est le point maximum sur le graphe). Or pour cette génération, la durée exigée pour un taux plein était de 41,5 années, soit une année manquante en moyenne.

Durée de carrière en nombre d’années Durée d’assurance validée, tous régimes. Rapport COR 2022

À partir de cette génération1955,du fait d’entrées plus tardives dans l’emploi et de la précarisation des carrières, les durées de carrière attendues baissent continuellement pour n’être plus que de 38 années pour la génération 2000... pendant que de son côté, la durée de cotisation exigée augmente pour atteindre 43 années à partir de la génération 1973. L’écart entre le réalisable et la règle va croissant. Ce qui signifie que les carrières vont s’éloigner de plus en plus de l’objectif fixé pour le droit à une pension à taux plein. Déjà actuellement, sans nouvelle « réforme », de plus en plus de personnes n’atteindront pas la durée exigée, ce qui se traduira par des pensions plus faibles puisque calculées au prorata5, et diminuées en outre de la décote. On constate déjà que la proportion des départs avec décote augmente à partir de la génération 19506. Il est possible de ne pas subir de décote en attendant 67 ans pour liquider sa retraite. Cet âge reculerait-il lui aussi de 3 ans,pour être porté à 70 ans ? Au lieu de souligner ce constat inquiétant, le rapport du COR commente la baisse projetée de durée de carrière en notant qu’elle constitue une « diminution de l’effort contributif [des actifs] au fil des générations » ! Comme si c’était une évolution positive pour les actifs, alors qu’en contrepartie, ils et elles percevront des pensions de plus en plus faibles ! 3

https://france.attac.org/se-mobilis...

300) Retraites : 79% des Français sont contre la réforme de Macron

Pour lire ce texte 300, cliquer sur le titre 300 ci-dessus.

299) La retraite à 64 ans en catimini dès ce lundi 21 novembre ?

La nouvelle vient de tomber. Ce mardi 15 novembre 2022, Mathilde Panot, la présidente des insoumis, a posé une question à l’Assemblée nationale : le gouvernement s’apprête-t-il à faire passer en catimini la retraite à 64 ans ? La non réponse d’Élisabeth Borne cet après-midi laisse craindre le pire. Repousser l’âge de départ à la retraite à 64 ans à travers un amendement sur le budget de la sécurité sociale, puis par 49.3, constituerait une véritable déclaration de guerre à l’ensemble du monde du travail. Réponse dès ce lundi 21 novembre. Notre article.

Mardi 15 novembre, question aux gouvernement. Mathilde Panot, présidente du groupe parlementaire insoumis à l’Assemblée nationale, mène l’enquête : « Samedi dernier, les sénateurs vous ont servi sur un plateau le report de l’âge de départ à la retraite à 64 ans, avec 43 annuités, en l’introduisant dans le PLFSS. Pratique, une mesure adoptée en catimini, pas de mouvement social. Un petit 49.3 et le tour serait joué ! ».

« Madame la Première ministre, vous voilà prévenue. Un seul geste, et vous nous trouverez dans la rue dès le lendemain. Un seul geste, et nous vous ferons battre en retraite ! », s’est exclamée Mathilde Panot à la fin de sa prise de parole dans l’hémicycle, juste avant celle de la Première ministre.

En guise de réponse, Élisabeth Borne s’est contentée de se moquer de la présidente de groupe, faisant mine de croire que les insoumis auraient oublié les résultats de l’élection présidentielle. Les élus de la NUPES n’ont jamais contesté la légitimité de l’élection du Président. En revanche, la Première ministre semble, elle, bien sujette à l’amnésie sélective. Emmanuel Macron n’a été élu que grâce aux votes de la gauche pour faire barrage au péril brun, non sur son programme, encore moins pour mener une réforme des retraites à 65 ans : 79 % des Français sont contre !

« Nous regarderons ces propositions avec attention »

Finalement, Élisabeth Borne lâche : « En effet, parallèlement, les sénateurs ont avancé des propositions, même si elles ne viennent pas de notre majorité, nous regarderons ces propositions avec attention ».

Les pires craintes semblent se confirmer. Mathilde Panot relance Élisabeth Borne : « Madame la Première ministre, êtes-vous en train de nous confirmer que vous allez passer en catimini la réforme des retraites dans le PLFSS que vous étudiez avec intérêt comme vous venez de nous le dire ? ». Pas de réponse. Comme dit Johnny « t’as rien dit, tu l’as déjà dit, c’est ta gueule que je prends au mot, parfois un seul regard suffit pour vous planter mieux qu’un couteau ».

Le vote du PLFSS a lieu le 21 novembre à l’Assemblée nationale. À ce moment-là, la représentation nationale décidera. Si la macronie franchit le Rubicon et décale l’âge de départ à la retraite à 64 ans, les insoumis sonneront la mobilisation générale contre cette déclaration de guerre au monde du travail.

298) « L’équilibre financier des retraites n’est pas en danger ! »

Entretien avec Michael Zemmour, maître de conférence en Économie à l’Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne,

Le candidat Macron, puis le gouvernement Borne, semblent avoir beaucoup varié et louvoyé sur la question des retraites. Au point qu’on ne sait plus très bien ce qu’ils nous réservent. Pouvez-vous nous dire quels seront les contours du projet de réforme à venir ?

Le seul projet de réforme que l’on connaisse assez précisément est celui qui figurait dans le projet présidentiel d’Emmanuel Macron. D’abord, il prévoit de décaler l’âge minimum de départ à la retraite de 62 à 65 ans en 9 ans, ce qui concernerait dès 2023 les personnes nées en 1961. Ensuite, il s’agirait de décaler les départs en retraite pour les carrières longues, de 60 à 62 ans. Enfin, il serait mis fin à certains régimes spéciaux. Mais pas tous : on sait, par exemple, que la police ne serait pas concernée. Voilà ce qui était dans le programme. Mais depuis, le gouvernement entretient le flou, et laisse entendre que, tout en maintenant son objectif d’économies, il pourrait moduler un peu différemment les variables âge de départ et durée de cotisation. Cette modulation ne rendrait pas la réforme moins dure, simplement elle ne toucherait pas exactement les mêmes personnes, ou pas de la même façon.

Retraite : l’âge de départ bientôt décalé à 64 ans via le PLFS ? Voilà une information passée un peu inaperçue ce week-end. Le Sénat a voté un amendement prévoyant de décaler l’âge légal de départ à la retraite à 64 ans. Ce, en profitant des débats sur le projet de loi de finances 2023 de la sécurité sociale (PLFSS). Le 49.3, arme préférée du gouvernement aurait pu être utilisé pour balayer cet amendement. Les mots de la Première ministre dans l’hémicycle, ce mardi 15 novembre 2022, laissent pourtant penser le contraire. Cet amendement pourrait bien être conservé dans le PLFSS final. Le 49.3 n’est pas exclu pour le faire passer. Ainsi, le gouvernement décalerait en catimini l’âge de départ à la retraite à 64 ans. Un passage en force aussi violent que fourbe.

Déclaration de guerre contre le monde du travail : la France insoumise sonne l’alerte

En 2017 déjà, Jean-Luc Mélenchon mettait en garde les électeurs. Si vous élisez « Fillon, Macron ou Le Pen, vous allez cracher du sang ». Au vu des lois anti-sociales et de la brutalité policière qui s’est déchaînée pendant le premier quinquennat Macron, force est de constater que le tribun du peuple avait raison.

Cette fois-ci encore, la France insoumise sonne l’alerte. Le pouvoir macroniste semble tenté par l’opportunité offerte par Les Républicains d’engager le pays vers la pire régression sociale sans aucun vote, via un amendement caché, dans la grande bouillie anti-démocratique de la procédure 49.3.

Quel est le processus envisagé par le gouvernement pour imposer sa réforme ?

Dans un premier temps, le gouvernement souhaitait passer la réforme par un amendement au Projet de loi de finance de la Sécurité sociale (PLFSS). Cela aurait été un passage en force trop manifeste. Finalement, la loi serait présentée à la fin de l’année et discutée en janvier ou février. En attendant, le gouvernement temporise et mène une « concertation ». « Concertation » entre guillemets, car le résultat semble déjà connu et que les « partenaires » consultés ne disposent apparemment d’aucune marge de manœuvre.

Comment l’exécutif justifie-t-il cette nouvelle réforme ? Notre système de retraite est-il, comme on l’entend souvent, en danger ? Est-il urgent de le transformer ?

Le discours de justification de la réforme est fluctuant. L’argument le plus courant, le plus usé et le moins convaincant, c’est l’idée qu’il faut sauver un système de retraites qui serait en péril. En vérité, l’équilibre financier du système n’est pas en danger. Il est même très stabilisé, du fait de la combinaison de deux effets : la baisse du taux de remplacement et le raccourcissement de la durée des retraites. On peut certes prévoir un léger déficit pour les 10 ou 15 années à venir, mais c’est un déficit très faible, qui pourrait être facilement réduit, et se résorbera de lui-même. Cet argument traditionnel a une fonction stratégique : avant chaque grande réforme, on procède à la mise en scène du péril sur les retraites. En réalité, la motivation du gouvernement est autre. D’une part, procéder à cette réforme est une manière d’agir sur le marché du travail : il s’agit d’augmenter la main d’œuvre disponible pour intensifier la concurrence (et donc tirer les salaires vers le bas). D’autre part, c’est un choix de dépense publique : l’État prévoit en 2023 et 2024 de se priver de ressources en abaissant les « impôts de production » sur les entreprises. D’où la hausse du déficit public, que l’on tente de résorber en réformant et comprimant les retraites.

Cette réforme n’est-elle qu’un simple prolongement et approfondissement des réformes précédentes ? Ou bien y a-t-il quelque chose de neuf : un saut qualitatif, le franchissement d’un seuil critique ?

Il y a un point commun avec les précédentes réformes : il s’agit toujours d’une réforme « paramétrique », c’est-à-dire qui joue sur les variables âge de départ et durée de cotisation sans refondre l’ensemble du système (comme l’envisageaient dans un premier temps les macronistes, avec le système de retraite à points). Il y a cependant, cette fois-ci, une vraie différence de fond par rapport à ce que l’on a connu jusque-là. Toutes les réformes des années 1990-2010 étaient dures, mais intervenaient dans un contexte où les carrières s’amélioraient. Donc, malgré les réformes, le niveau des pensions, en moyenne, ne baissait pas. Aujourd’hui, les retraites raccourcissent déjà, et le niveau de vie des retraités se dégrade. Il ne s’agit donc plus, désormais, de réformer le système, mais bien d’en réduire les protections (ce qui revient à un démantèlement partiel). C’est ce caractère radical, et relativement nouveau, de l’offensive qui explique sans doute la très forte unité syndicale que l’on constate jusqu’à maintenant.

Si la réforme est adoptée, que peut-on en attendre, concrètement ?

Aujourd’hui, la majorité des personnes sont en retraite à 62 ans, soit parce qu’elles ont opéré un départ anticipé, soit parce qu’elles bénéficient à cet âge d’un taux plein. Si la réforme est appliquée dans les termes du programme présidentiel, c’est-à-dire si l’on impose un décalage de 2 ou 3 ans, cela se traduira différemment selon les groupes sociaux. Chez les cadres, cela signifiera un maintien dans l’emploi pendant 2 ou 3 ans de plus, avec les conséquences possibles, chez certains, sur la santé physique et psychique. Pour un quart de la population au moins, cela aura pour effet d’allonger le sas de précarité entre emploi et retraite. Car il faut savoir que, d’ores et déjà, à 59 ans, 1 ouvrier sur 3 n’a ni emploi ni retraite (NENR). Pour ce type de population, on verra s’allonger la période où les gens vivent du chômage, de pensions d’invalidité, du RSA, ou du revenu d’un conjoint. En vue, donc, un accroissement de la précarité des seniors, en particulier chez les ouvriers et employés.

Si l’on refuse cette réforme et la logique qui l’inspire, quelle est l’alternative ? Quelles seraient les pistes pour une réforme plus égalitaire, plus progressiste, et viable, du système de retraite ?

C’est évidemment une question très politique. Pour la résoudre vraiment, il faudrait déterminer ce que l’on veut pour l’avenir, comment on conçoit la retraite, quel âge de départ et quel niveau de pension on juge souhaitables… C’est donc un débat de fond, qui par beaucoup d’aspect déborde l’expertise économique. Mais, même à court terme, il y a des mesures d’améliorations possibles. On pourrait par exemple changer le calcul des retraites pour les poly-pensionnés, c’est-à-dire améliorer la condition de ceux qui sont rattachés à plusieurs régimes de retraite. On pourrait également ouvrir les minima de pension et le minimum vieillesse, sans condition, dès l’âge de la retraite, c’est-à-dire les rendre accessible dès 60 ou 62 ans au lieu de 65 ou 67 ans. Il faudrait, en outre, individualiser ces prestations, comme on l’a fait pour l’Allocation aux adultes handicapés (AAH). Ce sont des mesures qui sont tout à fait finançables. Bien sûr, rien n’est gratuit, mais cela ne pèserait pas beaucoup sur le budget, et apporterait déjà des améliorations très fortes.

Il semble qu’une variable ne soit jamais envisagée par les « réformateurs » : l’augmentation des cotisations. Pensez-vous qu’on puisse utiliser ce levier ?

Bien sûr ! La stratégie des gouvernements a, dans les dernières décennies, consisté à procéder à des ajustements des dépenses sans jamais augmenter les recettes. Du coup, les seuls choix disponibles consistent à faire partir les gens plus tard en retraite et/ou à diminuer les pensions. L’augmentation des cotisations ne devrait pas être un tabou, ni un épouvantail. Elle pourrait être efficace tout en restant très progressive et très modérée. Pour donner un ordre de grandeur, si l’on souhaite résorber le déficit d’ici 2027 en ne jouant que sur le levier des cotisations salarié, il suffirait d’augmenter les cotisations de 11 euros par mois en 5 ans. Il ne s’agit donc pas d’une ponction effrayante. Ce serait, à l’évidence, pour beaucoup, une solution préférable à celle qui consiste à décaler encore l’âge de la retraite.

Propos recueillis par Antoine Prat

297) Derrière la réforme, des retraites au rabais

https://france.attac.org/se-mobilis...

Le débat sur une nouvelle réforme du système de retraites est lancé. Le gouvernement veut mener celle-ci tambour battant et il menace même d’intégrer un recul de l’âge de la retraite et/ou un allongement de la durée de cotisation sous la forme d’un amendement au projet de loi de financement de la Sécurité sociale pour 2023 en utilisant le « 49.3 » devant l’Assemblée nationale si nécessaire.

Le gouvernement entend tirer parti du rapport du Conseil d’orientation des retraites de septembre 2022. Au-delà même du fait que ses projections dépendent d’hypothèses fragiles comme le COR lui-même le reconnaît, ses conclusions ne sont pourtant pas un cri d’alarme sur le financement des retraites. Comment peut-on comprendre ces dernières ? Trois éléments essentiels doivent être portés sur la place publique : l’évolution des retraites au sein d’une économie en crise ; la volonté néolibérale de diminuer les dépenses publiques ; la situation du travail et de l’emploi.

Au fil de ses rapports annuels, le COR a intégré le ralentissement progressif des gains de productivité du travail qui concerne toutes les économies du monde. Les différents scénarios qu’il retient s’échelonnent maintenant entre 0,7 %, 1 %, 1,3 % et 1,6 % de croissance annuelle moyenne. Plus l’augmentation de la productivité est faible, plus la part des pensions dans le PIB a tendance à croître. Cette part est aujourd’hui de 13,8 %. Elle pourrait monter à 14,7 % en 2070 dans l’hypothèse la plus basse de la productivité. Et c’est la hantise du gouvernement qui a sans doute plus ou moins compris que la croissance économique forte ne reviendrait pas.

Or, comme sa volonté première est de diminuer les dépenses publiques, les pensions qui en forment le quart sont la cible toute trouvée. Le gouvernement veut intégrer cette réforme dans sa stratégie d’évolution des dépenses publiques pour satisfaire aux exigences convenues au sein de l’Union européenne. Son « programme de stabilité 2022-2027 » présenté par Bruno Le Maire prévoit que le déficit budgétaire soit ramené à 3 % du PIB en 2027 et que l’augmentation des dépenses publiques en volume ne dépasse pas 0,6 % par an. Mais, sans réforme, la croissance spontanée de la masse des pensions croîtrait de 1,8 % par an sur cette période. C’est plus qu’une hantise, c’est le mal absolu !

Il est loin le temps où les gouvernements promettaient de « sauver les retraites par répartition menacées par l’allongement de l’espérance de vie ». Aujourd’hui, l’espérance de vie ne progresse plus que très faiblement, alors on invente un nouvel argument : les besoins de santé, d’éducation, de transition écologique, etc., sont immenses, il faudrait donc économiser sur les retraites et travailler davantage. Un véritable détournement de fonds ! Et, de toute façon, on voit bien le déni du gouvernement en matière de transition, car économiser 10 à 12 milliards d’euros par an, soit moins de 0,5 % du PIB, n’est qu’une goutte d’eau face aux 5 % nécessaires par an pour la financer.

Cependant, le vieillissement de la population va se poursuivre et le nombre de retraités augmentera dans l’avenir : il passerait de 16,8 millions en 2020 à environ 21 millions en 2050. Il est donc improbable que la masse des pensions puisse être réduite de manière absolue. Dans la perspective néolibérale, le seul moyen qui subsiste est donc de réduire très fortement les pensions individuelles. Ainsi, allonger encore la durée de cotisation empêcherait un plus grand nombre d’individus d’atteindre le nombre d’annuités requis pour obtenir une pension à taux plein. Il s’ensuivrait une baisse de leurs pensions. Déjà, avec les seules réformes passées, le niveau de vie relatif des retraités par rapport à la population entière, aujourd’hui pratiquement équivalent en moyenne, baissera d’un quart dans le scénario de productivité le plus élevé et de 13 % dans le scénario de productivité le plus faible. C’est dire que le taux de remplacement (pension sur salaire antérieur) va fortement baisser : il était en moyenne de 50,3 % en 2021 ; il tomberait à 39,4 % en 2070 dans le scénario de productivité le plus faible et à 32,6 % dans le scénario le plus fort.

Vient alors ce qui concerne le travail et l’emploi afin d’assurer la prise en charge des retraités dans la société. L’argument ressassé à l’envi est que la France connaît un taux d’emploi des seniors qui serait insuffisant : en 2021, il est de 56,1 % de 55 à 64 ans, modulé ainsi : 75,1 % de 55 à 59 ans (+24,7 points depuis 2000 du fait des réformes précédentes), et 35,5 % de 60 à 64 ans (+24 points depuis 2000). Mais deux questions sont passées sous silence. Plus de la moitié des 60-64 ans sont privés d’emploi parce que ne satisfaisant plus aux normes des entreprises : ne pas en tenir compte rend encore plus indécentes les réformes simultanées de l’assurance chômage et des retraites. D’autre part, dans une situation économique donnée, augmenter le taux d’emploi des seniors ne crée de facto aucun emploi supplémentaire. Comme globalement, le taux de chômage anticipé par le COR reste figé à 7 %, l’abandon de la perspective du plein emploi signifie que le maintien des seniors au travail amoindrira les possibilités d’entrée de nouvelles personnes dans l’emploi.

Le COR, qui reprend les projections de l’Insee, prévoit que le taux d’emploi des femmes resterait constamment inférieur de 8 points à celui des hommes. Aucune raison ne justifie pourtant de pérenniser cet écart, si ce n’est renoncer à agir pour l’égalité. Autrement dit, pour les femmes comme pour toute la population, il faudrait faire travailler davantage les personnes qui ont un emploi plutôt que d’en offrir à celles qui n’en ont pas. Cette hypothèse d’un chômage restant à un niveau élevé pendant plusieurs décennies enlève toute crédibilité à la possibilité d’accroître le taux d’emploi pour réussir le maintien au travail jusqu’à 64 ou 65 ans, voire davantage si l’on en croit quelques sirènes patronales. Devant cette impossibilité, la conclusion est que l’objectif est bien de diminuer les droits futurs à pension de ceux et surtout de celles qui ne pourront satisfaire aux nouvelles contraintes.

Surtout, le COR considère comme immuable la répartition des revenus : le partage salaires/profits ne bougera pas pendant le demi-siècle prochain, alors même que la part des salaires dans la richesse créée a baissé de cinq points par rapport à la moyenne des « Trente Glorieuses » et que les profits des grandes entreprises atteignent des sommets. Or, les déficits prévus ne dépassent pas 0,5 % de PIB, c’est-à-dire 1 % de la masse salariale, malgré le fait que la proportion de cotisants par rapport aux plus de 65 ans passerait de 1,7 à 1,3 d’ici 2050. À partir de 2023, pendant une décennie, le déficit des caisses de retraites atteindrait au plus une douzaine de milliards d’euros et la part des pensions dans le PIB se stabiliserait. Pourquoi alors vouloir prendre des mesures régressives ? Parce qu’il faut à tout prix éviter d’envisager une hausse des cotisations vieillesse. Il suffirait pourtant, d’après le COR, d’une hausse du taux de cotisation comprise entre 0,2 point et 1,7 point pour équilibrer le paiement des retraites sur les 25 prochaines années, en fonction des hypothèses de productivité et des conventions comptables retenues.

L’ensemble de ces éléments devrait être soumis à une délibération démocratique. Sinon, la dégradation des retraites accompagnera celle du travail, de ses conditions et de son sens, au moment où précisément la place du travail dans la société et ses finalités définissent l’enjeu d’une transition sociale et écologique véritable. Avec l’agenda néolibéral du président Macron, il faut craindre que, de crise en crise, ce soit les premiers de corvée et les personnes retraitées les plus paupérisées qui en paient le prix.

La tendance séculaire à la diminution progressive du temps de travail est remise au musée de l’histoire puisque, dorénavant, nous n’aurions d’autre choix qu’entre son augmentation ou la baisse encore plus drastique du niveau des pensions. Or, et il faut l’affirmer avec force, il faut non pas travailler individuellement plus mais moins. La grande avancée civilisationnelle qu’a apportée la retraite par répartition a été de faire de cette période de la vie, non pas l’antichambre de la mort, mais une phase de la vie où, encore en relative bonne santé, nous pouvons nous adonner à des activités sociales libres. C’est cette avancée que toutes les réformes néolibérales remettent en cause en voulant nous faire travailler toujours plus pour la plus grande profitabilité du capital.

Jean-Marie Harribey, Pierre Khalfa et Christiane Marty, Automne 2022

296) Déterminées pour nos retraites (communiqué intersyndical)

Nous reproduisons ici un communiqué intersyndical CFDT, CGT, FO, CFE-CGC, CFTC, UNSA, Solidaires, FSU, Unef, VL, FAGE, FIDL, MNL.

L’intersyndicale, réunie le 3 octobre à Bagnolet, a pris acte de la volonté du gouvernement d’ouvrir des consultations concernant notre système de retraite. Il faut que le gouvernement précise ses intentions, ses éléments de diagnostics, la méthode de concertation et ses objectifs.

Attachées au système par répartition, les organisations syndicales se disent ouvertes pour mener des concertations qu’elles souhaitent loyales et transparentes pour plus de justice sociale. Celles-ci doivent porter sur les dispositifs de carrières longues, de pénibilité et d’usure au travail, de transition emploi retraite et de fins de carrière, d’emploi des séniors, de minimum retraite, de financement du régime et d’égalité femme/homme. Sur ces questions, les organisations syndicales travailleront ensemble pour porter des revendications communes. Les organisations syndicales réaffirment que l’ensemble de ces sujets ne nécessitent pas de réforme paramétrique.

Les organisations syndicales réaffirment ainsi qu’elles sont, comme la majorité de la population, fermement opposées à tout recul de l’âge légal de départ en retraite et à une augmentation de la durée de cotisation. Pour l’intersyndicale, des alternatives y compris financières existent et doivent faire l’objet de discussions.

Dans ce contexte, nos organisations syndicales rappellent qu’un salarié sur 2 arrivant à l’âge de départ à la retraite n’est plus en activité (invalidité, chômage, minima sociaux…). Ainsi, toutes mesures d’âge ne feraient que précariser encore les actuels et futurs travailleurs et travailleuses. Cela ne générerait par ailleurs, aucune économie pour notre système car conduirait à un transfert financier vers l’assurance chômage et pour l’invalidité et les minima sociaux, vers notre système de protection sociale.

Nos organisations appellent les actuels et futurs travailleurs et les travailleuses à se réunir et débattre, et n’hésiteront pas à construire tous les moyens d’action nécessaires si le gouvernement demeurait arcbouté sur son projet.

Dans ce contexte d’incertitude pour les travailleurs et travailleuses, l’intersyndicale a décidé de se réunir à nouveau courant octobre.

Le 4 octobre 2022

295) RETRAITE, LE DESSOUS DES CARTES

https://www.gaucherepublicaine.org/...

Emmanuel Macron a décidé d’accélérer la réforme des retraites quitte à utiliser des procédures expéditives : un amendement au projet de loi sur le financement de la sécurité sociale (PLFSS) ou le recours à l’article 49-3 de la Constitution sur un texte spécifique, afin de montrer qu’il est encore capable de réformer et de donner du contenu à son deuxième quinquennat afin d’éviter nous dit-on de se « chiraquiser » ou pire de s’« hollandiser ». Pour cela il compte sur le soutient de la droite « S’il n’assume pas cette réforme, son quinquennat est mort »(1) affirme Bruno Retailleau, président du groupe LR au Sénat. Cette réforme est indispensable dit la macronie car le régime sera en déficit structurel dans les années à venir, s’appuyant sur le rapport annuel de septembre 2022 du Conseil d’orientation des retraites (COR).

Le rapport du COR

Les travaux du COR sont basés sur des hypothèses qui résultent de choix arbitraires, que ce soit pour la croissance du PIB — alors que l’on nous bassine avec la sobriété voire la décroissance — ou pour le taux de chômage. Le COR parle à ce sujet « d’artefact statistique » pour justifier ses hypothèses d’un taux supérieur à celui prévu par le gouvernement. Par contre l’objectif est bien de maintenir la part des dépenses de retraite dans le PIB en deçà des 14 %, « malgré le vieillissement de la population, une baisse ou quasi-stabilisation des dépenses dans le PIB liée à la diminution relative de la pension »(2)est nécessaire. Les hypothèses conduisent donc à « démontrer » que le régime de retraite sera déficitaire dans l’avenir.

La réalité dément souvent, pour ne pas dire presque toujours, les plus belles prévisions. Le système de retraite est « légèrement excédentaire » en 2021 avec un taux de dépenses et de ressources de 13,8 % du PIB donc inférieur au fatidique 14 %, alors qu’on nous prédisait un déficit et les régimes de retraite complémentaire sont également excédentaires de plus de trois milliards d’euros en 2021.

Ceci n’empêche pas le COR et le gouvernement d’annoncer que le système de retraite serait déficitaire en moyenne sur les 25 prochaines années, afin de justifier l’urgence des réformes. De ces prévisions, il résulte que l’âge de départ à la retraite devrait augmenter à 63,7 ans en 2035/2040 et à 63,9 ans en 2070, comme si des prévisions aussi précises sur 50 ans avaient un sens !

Et le COR précise que « le niveau de vie des retraités stagne depuis 2012, mais il reste légèrement supérieur à celui de l’ensemble de la population » ce qui laisse entendre que la diminution de leur pension est parfaitement légitime. Toutefois les « taux de remplacement (sont) en baisse par génération », c’est-à-dire une diminution de la pension depuis les années 1970, avec de plus « une diminution du pouvoir d’achat des pensions nettes pendant la retraite du fait des sous indexations et de la hausse de la CSG » ce qui signifie que le pouvoir d’achat des retraités baisse constamment et sensiblement au cours de la vie du retraité, donc « le taux de pauvreté des retraités augmente légèrement ces dernières années, mais reste plus faible que celui de l’ensemble de la population, et notamment des moins de 18 ans », ce qui doit les enchanter de savoir qu’ils sont moins pauvres que leurs petits-enfants quand l’on sait que la pauvreté augmente dans la population en raison de la faiblesse des salaires qui prive la Sécurité sociale et le régime des retraites par répartitions de recettes.

Le COR note également que « l’écart du montant moyen de pension entre les femmes et les hommes se réduit progressivement, de 25 points actuellement à environ 10 points à l’horizon de 2070 » soit dans50 ans ! Et « les femmes partent à la retraite plus tard que les hommes actuellement, mais ce ne sera plus le cas des générations nées au milieu des années 1970 », « la durée de retraite des femmes continuerait à être plus longue que celle des hommes, mais l’écart se réduirait ».

Ces constats et prévisions méritent discussion. Le COR est certes un organisme dit indépendant, placé auprès du Premier ministre dont la composition est pluraliste(3). Cependant, ses rapports sont souvent démentis par la vie pour ce qui concerne les projections. Le gouvernement et ses soutiens y puisent ce qui les intéresse pour développer leur politique. Comme tout rapport il sert à justifier, sous un couvert pseudo-scientifique et d’expertise, des « réformes » qui sont souvent des contre-réformes ou des réformes régressives. Nous sommes bien dans la « gouvernance par le nombre » ainsi que le décrit Alain Supiot. En 2021, pour inciter à la vaccination, le gouvernement a établi une sorte d’interdit, repris par tous les médias : « On peut débattre de tout sauf des chiffres ». Nous sommes dans une situation comparable avec l’utilisation du rapport du COR. Or « Interdit sans fondement scientifique, car de savants travaux d’histoire des statistiques ont démontré depuis longtemps que toute quantification reposait sur des opérations préalables de qualification, qui ne doivent pas échapper à une critique rationnelle »(4).

Aujourd’hui, tous les syndicats estiment qu’il n’y a aucune urgence à réformer le système de retraite et tous sont opposés à l’augmentation de l’âge de départ à la retraite, « On a un ministère qui vise à noircir la perspective financière des régimes… pour légitimer une mesure qui interviendrait rapidement » a estimé Yvan Ricordeau secrétaire de la CFDT(5) après la réunion de « concertation » du lundi 19 septembre, et Benoît Teste, secrétaire général de la FSU d’ajouter : « On a senti qu’Olivier Dussault rôdait les éléments de langage du gouvernement…. Dans le but de foncer ». Face à cette opposition, le gouvernement cherche un mode opératoire qui permette d’aller vite et d’éviter autant que possible les débats et les mobilisations des salariés, en utilisant soit un amendement dans le projet de loi sur le financement de la Sécurité sociale qui va être discuté rapidement au Parlement, soit le 49-3 sur un texte spécifique. Cette méthode heurte y compris au sein de la majorité gouvernementale puisque François Bayrou et le MoDem s’y sont déclarés opposés, ainsi que Yaël Braun-Pivet, présidente de l’Assemblée nationale.

Pourquoi tant de précipitation : le dessous des cartes

Pour bien comprendre pourquoi Emmanuel Macron veut à tout prix cette « réforme » dès 2023, il faut remonter le temps, au moins en novembre 1995, lors des grandes grèves qui ont marqué cette fin d’année. Rappelons toutefois que dès le vote de la loi du 22 mai 1947 portant généralisation de la Sécurité sociale, la droite et le patronat de l’époque même très affaibli par sa collaboration avec l’occupant se sont mobilisés contre(6).

Le 15 novembre 1995, Alain Juppé, Premier ministre, présente devant l’Assemblée nationale son plan de réforme de la sécurité sociale, des régimes spéciaux de retraite (des cheminots, de la RATP, d’EDF…) et la réforme de la SNCF, un vaste plan de « réforme » du pays afin de démontrer la volonté et la capacité de réformer du gouvernement. Ce plan prévoit une réforme de la gouvernance des caisses de Sécurité sociale en donnant le pouvoir aux directeurs au détriment des présidents des caisses qui étaient des syndicalistes, la création des Agences régionales de santé (ASR), la réforme des modalités de calcul des retraites et surtout l’étatisation de la sécurité sociale en créant la loi annuelle de financement (LFSS) adoptée par le Parlement sur proposition du gouvernement.

Le 24 novembre, a lieu, à l’appel de la CGT, la FSU une grève contre ces dispositions, une grève très forte dans le secteur public notamment dans les transports. La France est très vite complètement paralysée, la population soutient massivement le mouvement et les revendications qui portent sur le retrait du plan Juppé. Le 12 décembre au 19e jour de grève plus de 2 millions de personnes manifestent dans toute la France. Devant cette opposition massive, Alain Juppé fait la part du feu et retire la réforme des régimes spéciaux de retraite et le plan de réforme de la SNCF, mais maintient la réforme de la Sécurité sociale « ce plan de la Sécurité sociale était le cœur de l’action réformatrice du gouvernement et je ne voulais pas céder là-dessus » dira-t-il encore lors d’une émission de France culture sur les grandes luttes sociales le 4 avril 2022(7).

Les effets de la réforme Juppé de la Sécurité sociale sont particulièrement à la portée de tous quand on examine l’état de nos hôpitaux et du système de santé même si d’autres dispositions de destruction de la « Sécu » avaient été prises avant et d’autres prises après.

Aujourd’hui, nous pouvons analyser le résultat de cette grande grève comme une victoire à la Pyrrhus pour le mouvement syndical. Les effets de la réforme Juppé de la Sécurité sociale sont particulièrement à la portée de tous quand on examine l’état de nos hôpitaux et du système de santé même si d’autres dispositions de destruction de la « Sécu » avaient été prises avant et d’autres prises après. Mais le fait de donner la main au gouvernement sur les finances de la Sécurité sociale, dans la droite ligne de l’esprit des ordonnances De Gaulle pour une gestion paritaire, syndicats des salariés et patronat, de la Sécurité sociale, a permis de non seulement diminuer encore plus les prestations sociales en fixant des plafonds de dépenses, mais aussi de modifier en profondeur les recettes notamment en exonérant de plus en plus le patronat des cotisations sociales et en faisant supporter au budget de la Sécu des charges qui ne lui reviennent pas comme celles dues à des dispositions du « quoi qu’il en coûte » de la crise de la Covid-19. En exonérant les entreprises des cotisations sociales jusqu’à deux fois et demie le SMIC, c’est en fait une diminution des salaires qui a été effectuée grâce à ce procédé. Ce processus est actuellement arrivé au bout de ces possibilités. Il convient donc de faire une nouvelle réforme pour dégager encore plus de recettes pour les multinationales (rappelons que les budgets de l’État et de la Sécurité sociale sous des formes multiples fournissent entre 140 et 180 milliards d’euros aux entreprises essentiellement aux grandes entreprises multinationales). Dans les faits le budget de la Sécurité sociale est aujourd’hui un deuxième budget de l’État.

La création d’un nouvel impôt uniquement sur le travail

Il s’agit bien aussi d’une nouvelle rupture du pacte social du pays dans lequel les prestations de la Sécurité sociale étaient assises sur des cotisations qui sont une part du salaire, une forme de solidarité prestations contre cotisations.

Le gouvernement, Emmanuel Macron et sa majorité parlementaire sont parfaitement conscients qu’il n’y a aucune urgence à réformer le système de retraite. En soutenant cette nécessité, il poursuit d’autres objectifs dont il ne se cache même pas. Bruno Le Maire, ministre de l’Économie est très clair « Pour financer notre modèle social, soit les impôts augmentent, soit le volume global d’heures travaillées augmente. Nous ne voulons pas augmenter les impôts » et Jean-René Cazeneuve, rapporteur du budget à l’Assemblée nationale précise « C’est une obligation pour équilibrer notre système de retraites, mais aussi une façon de trouver des recettes pour financer d’autres politiques publiques ». Emmanuel Macron affirme vouloir utiliser « intelligemment » l’argent dégagé ! Et un de ses conseillers rappelle « Pas de hausse d’impôts, c’est un totem pour nous. Et les retraites, c’est la mère des réformes, c’est notre ADN ». Bonjour la concertation avec de telles positions dogmatiques. Il s’agit bien de trouver des ressources nouvelles pour financer des politiques publiques qui n’ont rien à voir avec les retraites. Il s’agit bien aussi d’une nouvelle rupture du pacte social du pays dans lequel les prestations de la Sécurité sociale étaient assises sur des cotisations qui sont une part du salaire, une forme de solidarité prestations contre cotisations. En augmentant le temps de travail par un prolongement de l’âge de départ à la retraite, on augmente les cotisations qui serviront à financer des politiques publiques (école, université, transitions énergétique et écologique…) normalement financées par l’impôt, c’est bien la création d’un nouvel impôt sur le travail et uniquement sur le travail puisque les cotisations sociales sont une part du salaire. Bravo l’artiste, pas d’augmentation des impôts que pourraient payer aussi les entreprises, mais création d’un nouvel impôt uniquement pour les salariés. On revient à l’ancien régime d’avant 1789 avec des impôts ciblés sur une partie de la population.

La messe n’est pas dite

Pour l’heure tous les syndicats de salariés sont opposés à l’allongement de l’âge de départ à la retraite. Mais tous ne sont pas opposés à des réformes du système de retraite. La CFDT par exemple demandait une réforme à points qu’Emmanuel Macron a essayé de mettre en place lors de son premier quinquennat ; elle a soutenu en 1995 le plan Juppé et toutes les réformes des retraites par la suite jusqu’à la loi Touraine de janvier 2014 qui allongeait la durée de cotisation à 172 trimestres pour toucher une pension complète. Le front syndical actuel ne tiendra que si des actions puissantes sont menées contre les velléités du gouvernement et de la droite de réformer le système. Rappelons que pendant le congrès de la CFDT en juin dernier, c’est sous la pression des délégués que la direction de la confédération a dû « durcir sa doctrine sur les retraites » comme le souligne Le Monde du dimanche 19-lundi 20 juin 2022, c’est d’ailleurs le seul vote du congrès dans lequel la direction confédérale a été battue, ce qui est une indication sur l’importance de la question pour les salariés. Ce sont les salariés dans les entreprises, les retraités par leur mobilisation qui ont la clef pour faire échec à ce nouvel impôt censitaire.

Notes de bas de page

↑1 Le Monde du 23 septembre 2022, page 11.

↑2 Toutes les citations en italiques sont issues du diaporama de la présentation grand public du COR, sur son site.

↑3 Le COR est composé de 42 personnes : 4 députés et 4 sénateurs soit 8 parlementaires, 9 représentants de l’État, 6 experts, 2 représentants des familles et des retraités, 16 représentants des assurés sociaux et des employeurs dont 11 syndicalistes, plus un président.

↑4 Alain Suppiot, La justice au travail, Seuil, avril 2022.

↑5 Propos rapportés dans Le Monde du mercredi 21 septembre 2022.

↑6 Voir à ce sujet le livre de Pierre Laroque Au service de l’homme et du droit— Souvenirs et réflexions, Comité d’histoire de la Sécurité sociale.

↑7 Lien de l’émission : https://www.radiofrance.fr/francecu...

294) Réforme des retraites : C’est toujours non !

Communiqué du groupe parlementaire La France insoumise-NUPES

Emmanuel Macron isolé et désavoué par son propre camp a dû battre en retraite sur l’hypothèse d’un amendement en catimini pour imposer sa réforme des retraites. Le gouvernement pense désormais reculer pour mieux sauter.

Le nouveau cycle de « concertation » pose comme condition préalable l’acception d’un recul de l’âge de départ à la retraite. Le groupe LFI-NUPES refuse de participer à cette mascarade.

Macron déclare la guerre sociale au peuple et menace de dissolution toute opposition parlementaire. Pas d’inquiétude : nous sommes plus que jamais prêts à gouverner.

Nous prenons l’engagement solennel auprès de tous les salariés de ce pays : nous nous opposerons à toute réforme visant à les faire travailler plus longtemps.

Nous répliquerons par tous les moyens dont nous disposons. Dès lundi dans l’hémicycle et dans toutes les mobilisations à venir. Déferlons à Paris le 16 octobre prochain !

293) Retraites : Macron annonce la guerre sociale cet hiver

65 ans, c’était l’âge légal du premier texte sur les retraites ouvrières et paysannes en 1910. Lors d’un dîner convoqué pour resserrer les rangs d’une minorité présidentielle qui montre de nouveaux signes de division, Emmanuel Macron l’a réaffirmé : il veut sa réforme des retraites et le report de l’âge légal à 65 ans. Il veut imposer au peuple français un recul social de plus d’un siècle.

Pour déclencher cette guerre sociale, le président minoritaire aura besoin de troupes rassemblées, et ce n’est pas gagné. Pour résister à cette offensive sans précédent sur nos acquis sociaux, il faudra un front de résistance populaire plus puissant et plus uni. Les associations citoyennes pour la défense des droits humains et du climat, les partis politiques progressiste ont donné rendez-vous au peuple le 16 octobre. Ce pourrait être le deuxième acte, après le mouvement social historique contre sa réforme des retraites en 2020, de cette bataille sociale qui laisserait nécessairement un des deux protagonistes à terre. Macron et sa clique d’ultra-riches, ou le peuple ? Notre article.

Les troupes macronistes étaient réunies mercredi 28 octobre, à la veille de la manifestation intersyndicale. Au programme : écouter toutes les forces qui composent la minorité présidentielle et trouver un consensus qui permette de mettre fin aux divisions largement étalées devant l’opinion public sur la réforme des retraites.

Après trois heures de discussions, Emmanuel Macron a tranché. Il veut absolument sa réforme des retraites, avec un report de l’âge légal à 65 ans. Le président des riches est prêt à s’aliéner une majorité écrasante de la population française qui confirme, sondage après sondage, son opposition à cette régression injuste et injustifiée. Pour la méthode, puisque c’est ce qui divisait jusqu’alors la majorité, Elisabeth Borne devra jouer le dialogue et la concertation. À un lapsus révélateur prêt, on aurait presque pu croire qu’elle y croyait elle-même, à ce dialogue.

En réalité, personne n’est dupe, aucun syndicat, aucun opposant politique sérieux (oui donc ciao le RN et Les Républicains) n’acceptera de dialoguer. Tout ce qu’il reste à négocier, ce sont des miettes, des modalités d’application. Le fond a déjà été tranché : report de l’âge à 65 ans pour réaliser 8 milliards d’économie (exactement le même montant que la baisse de l’impôt sur les entreprises, oui oui, c’est une coïncidence).

Un âge légal à 65 ans, ce sont les plus pauvres qui paient les retraites des plus riches.

Or, c’est bien ce fond qui pose problème. A 62 ans, un quart des hommes les plus pauvres sont déjà mort. Un système de retraites avec un âge légal à 65 ans, c’est donc un système financé par les plus pauvres au bénéfice des plus riches. A 65 ans, chez les ouvriers et les employés, de nombreuses personnes sont déjà mortes, par manque de soins, éreintées par le travail. Le droit à la retraite pour laquelle ils ont payé toute leur vie, ils n’en verront jamais la couleur. Leurs cotisations ne serviront qu’à payer les dizaines d’années de retraites des personnes qui n’ont pas usé leur corps au travail.

Emmanuel Macron se réserve le droit de retourner à sa méthode préférée : la brutalité

Or, si personne d’autre que son fan club ne veut dialoguer et que la résistance sociale prend de l’ampleur, Emmanuel Macron se réserve le droit de retourner à sa méthode préférée : la brutalité. Au programme : amendement au projet de loi de financement de la sécurité sociale, un projet de loi qui pourrait lui-même adopté au 49.3. Et dire qu’il y a eu des éditocrates pour vanter pendant des heures sur la nouvelle méthode, basée sur la concertation, du nouveau quinquennat Macron…

Il faut donc que le front de résistance populaire s’organise, s’unisse et se prépare à toutes les éventualités.

La Première ministre fait mine de dialoguer, elle annonce vouloir adopter le projet de loi avant la fin de l’hiver après un temps de concertation. Cependant, les organisations de défenses des droits sociaux seraient bien mal avisées de faire confiance à ce gouvernement minoritaire qui n’a qu’un objectif : affaiblir autant que possible le peuple au bénéfice des plus riches. Pour les beaux yeux et les gros portefeuilles de leurs amis milliardaires, ils ne reculeront devant rien d’autres qu’une résistance implacable et prête à affronter la classe bourgeoise sur tous les terrains.

Ce jeudi 29 septembre, une première manifestation intersyndicale aura lieu à Paris. Une prochaine date de mobilisation populaire est déjà connue : la marche contre la vie chère et l’inaction climatique, le 16 octobre, dont un des mots d’ordre est le rejet de la réforme des retraites de Macron et le progrès vers la retraite à 60 ans.

Un combat plus large est lancée : Emmanuel Macron joue sa place sur le trône de la monarchie parlementaire.

C’est un mot qui pourrait tout changer. Olivier Dussopt a admis qu’Emmanuel Macron était prêt à aller jusqu’à la dissolution de l’Assemblée nationale si celle-ci opposait une résistance à la réforme des retraites, par exemple en adoptant une motion de censure qui ferait tomber le gouvernement macroniste. Ce gouvernement, faut-il le rappeler, qui n’a jamais obtenu la confiance des députés élus en juin 2022.

Le peuple tient donc une occasion d’en finir avec le pouvoir d’Emmanuel Macron.

Le Président joue tapis. Il veut faire peur aux députés les Républicains qui doutent, probablement à raison, de leur chance d’être réélu en cas de dissolution. Il veut les convaincre qu’il ne serait pas dans leur intérêt de voter une motion de censure contre le gouvernement.

Seulement quand on va au tapis, on peut aussi tout perdre. Les députés LR pourraient aussi saisir cette chance d’infliger une défaite cinglante au parti présidentiel et espérer redevenir la force conservatrice principale du pays.

Et alors ? Emmanuel Macron devra convoquer de nouvelles élections législatives. Olivier Dussopt achève ainsi son propos : « évidemment […], nous serions en campagne pour que le président soit conforté ». Évidemment. Face aux macronistes et aux autres partis anti-sociaux : La Nupes. L’union politique du bloc populaire est toujours rassemblée et contredit chaque jour un peu plus les brillantes analyses prospectives des éditorialistes de plateaux. Elle avait remporté le premier tour de l’élection législative puis était devenue la première force d’opposition du pays au soir du second tour, autour d’un programme de rupture avec le néolibéralisme brutal prônée par tous les partis de droite et d’extrême-droite

La Nupes sera en première ligne dans cette bataille autour de la réforme des retraites. En cas de dissolution, portée par la puissance d’un front de résistance sociale, l’union du bloc populaire pourrait être en capacité de devenir première force d’opposition à la première force tout court et appliquer enfin le programme partagé de gouvernement. Alors, Macron n’aurait plus que ses pouvoirs de président inscrit dans la constitution, le peuple aurait enfin un remède durable à sa brutalité.

292) Manuel Bompard dans BFM politique : "Il n’y a pas de compromis possible sur la réforme des retraites"

291 bis) Retraites, chômage, énergie : Macron attaque sur tous les fronts

291) Agenda néolibéral : Derrière la réforme, des retraites au rabais

290) Retraites : la réforme aux flambeaux de Philippe Aghion

Pour faire la promotion de sa politique, Emmanuel Macron peut compter sur l’un de ses économistes de cour : Philippe Aghion. Bernard Marx se le paye dans cette chronique.

Sur le plateau de BFM Business, le 15 septembre, l’économiste de cour (et du collège de France) Philippe Aghion reprend le flambeau de la réforme macronienne des retraites. Ses collègues de plateau, Natacha Valla, économiste à Sciences Po et administratrice à LVMH et Sylvie Matherat, économiste de cabinet de conseil, jouent les Dupond. Elles diraient même plus : cette réforme, il faut la faire et la faire tout de suite.

Philippe Aghion fournit à cette occasion des termes de langage militants qui se veulent à la fois experts et grand public. Il fait de l’amélioration du taux d’activité un objectif central des réformes macroniennes des retraites, du chômage et de la formation. Comme si c’était la même chose que le taux d’emploi. Sans doute pense-t-il lui aussi que, sur un malentendu, ça peut marcher. Raison de plus pour décortiquer son argumentaire.

1. D’abord la question des voies de la réforme et de son calendrier

Comme il faut la faire, c’est maintenant ou jamais explique Philippe Aghion : « Si on ne fait pas la réforme cette année, on ne la fera jamais. Ce n’est jamais le bon moment ». Et donc pourquoi pas le passage en force via la loi de Finances de la Sécurité sociale.

La CFDT est vent debout. Mais, juge l’économiste, cela dépendra de la façon dont on présente l’affaire. Laurent Berger n’est pas forcément opposé à « l’idée d’accélérer Touraine (sic !) ». Et, ajoute-t-il, c’est une idée qui vient de milieux d’expertises comme l’Institut des Politiques Publiques proches de la CFDT.

La « réforme Touraine », adoptée sous Hollande en 2014, allonge la durée de cotisations permettant d’obtenir une retraite à taux plein sans décote de ses droits de 167 trimestres à 172 (pour les personnes nées à partir de 1973).

« Accélérer Touraine », cela veut dire, tout simplement, allonger la durée de cotisations au-delà de 42 ans pour les générations nées à partir de 1961, arriver plus vite à 43 ans et même, pourquoi pas, aller au-delà. « Il faut, dit Philippe Aghion, que tout le monde travaille un petit peu plus sauf ceux qui ont commencé à travailler avant 20 ans ».

L’opposition de Laurent Berger et de la CFDT à une réforme inscrite dans la loi de Finances de la Sécurité Sociale, et par un passage en force à coups de 49.3, sera-t-elle ou non une opposition de façade ? Le mouvement social avec ou sans la CFDT sera-t-il assez puissant pour empêcher la réforme macronienne et, éventuellement, pour en imposer une autre ? « Qui vivra verra le temps roule roule » dit le Poète qui en sait plus que l’Économiste.

2. Ensuite le prétendu déficit

Une réforme allongeant la durée de cotisations et/ou repoussant l’âge légal de départ en retraite serait nécessaire pour assurer l’équilibre financier du système ? Le rapport du Conseil d’orientation des retraites paru le 15 septembre ne dit pas du tout cela.

L’économiste Michael Zemmour explique que les prévisions du COR font état d’un petit excédent pour 2022 et un tout petit déficit dans les années à venir. Mais on resterait très proche de l’équilibre : le déficit serait de l’ordre 0,4% du PIB en moyenne, dans les 25 prochaines années. Ce n’est pas du tout un déficit qui mettrait en danger le système. « Pour donner un ordre de grandeur, explique Michael Zemmour, si on voulait équilibrer le système en augmentant les cotisations il faudrait chaque année augmenter de l’ordre de 2 euros par salarié, les cotisations salariales et de 2 euros les cotisations employeurs ». Pas de quoi vraiment pénaliser le pouvoir d’achat des salaires nets, ni alourdir les charges patronales.

En réalité, les prévisions du COR intègrent les conséquences de la réforme Touraine et des autres réformes précédentes. Et ce qu’elles font apparaître n’est pas le déséquilibre financier du système mais la paupérisation progressive des retraités. En 2021, explique Henri Sterdyniak, le niveau de vie des retraités est égal à celui de l’ensemble de la population. Dans sa projection centrale où la productivité augmente de 1% par an, « il ne serait plus que de 89% en 2050 ; de 84% en 2070. Le système de retraite français perdrait sa caractéristique : fournir aux retraités un niveau de vie égal à celui des actifs. Les retraités seraient de nouveau la partie pauvre de la population ».

C’est cela qui devrait être mis en débat. Une réforme du système de retraites et de son financement est, effectivement, nécessaire. Mais pas la double peine de l’allongement des durées de cotisations et des mesures d’âge venant s’ajouter à la dégradation relative des pensions.

Au lieu de quoi, considérant que le déficit prévu par le COR est trop faible pour servir d’argument à la réforme macronienne, Philippe Aghion reprend à son compte la théorie du déficit masqué de la retraite des fonctionnaires : l’État affiche pour les fonctionnaires un taux de cotisation beaucoup plus élevé que le taux de cotisation patronale dans le privé. La différence représente 30 milliards pour 55 milliards de dépenses de retraites des agents de la fonction publique.

Considérer que le taux de cotisation du privé doit être appliqué aux fonctionnaires de l’État c’est affirmer que le taux de cotisation implicite de l’État est illégitime et renvoie à des avantages particuliers dont bénéficieraient les fonctionnaires. Le rapport du COR fait litière de cet argument [1] : il existe certes de nombreuses différences entre les régimes publics et privés. Mais, exceptées les possibilités de départs anticipés pour certaines catégories spécifiques d’agents publics (policiers, pompiers, aides-soignants...) au titre des « catégories actives », il n’y a pas une différence systématique et importante dans la générosité des régimes publics de droit commun par rapport au privé. « Dès lors que les régimes sont placés sur un pied d’égalité (même assiette de cotisation, même ratio démographique notamment), les taux pratiqués dans le public et le privé sont équivalents ». Qui plus est, si l’on embauche des enseignants, des personnels soignants dans les hôpitaux et les EPHAD publics et qu’on les paye correctement, cela fera baisser le taux de cotisation de l’État pour les retraites des fonctionnaires.

Prétendre traiter la différence de taux de cotisation entre l’État et le privé comme un déficit à supprimer, reviendrait en fait à réduire de 57% les dépenses de retraite de l’État. Ce n’est, dit sans emphase le COR, « ni possible, ni souhaitable : les niveaux de taux de remplacement ou d’âge de la retraite des fonctionnaires de l’État seraient alors en décalage important avec celui du reste de la population ».

Du reste, Philippe Aghion lui-même n’ose pas le proposer. Il se contente de se servir démagogiquement du chiffre magique pour justifier le recul de l’âge de la retraite de tout le monde.

3. Augmenter le taux d’activité

Il y a une autre raison pour laquelle cette réforme est « fondamentale », martèle Philippe Aghion, c’est qu’il faut augmenter le taux d’activité. Pourquoi est-ce si important d’augmenter maintenant le taux d’activité de la population ? Mais pour « être crédible vis-à-vis des marchés financiers et vis-à-vis de nos partenaires », bien sûr : « Il faut faire des investissements dans l’école, dans l’hôpital, dans la transition énergétique. On a une dette importante. Le gouvernement doit être crédible pour faire ces investissements. Il ne peut le faire qu’en augmentant le taux d’activité ». Et comment augmenter le taux d’activité ? « Il y a le levier assurance chômage, et il y a le levier retraite ». Et voilà pourquoi votre fille est muette et pourquoi selon Philippe Aghion, le gouvernement Macron a tout bon.

Philippe Aghion n’utilise pas l’argument des économies réalisées grâce aux réformes des retraites et du chômage qui pourraient servir à financer les investissements publics pour l’éducation, la santé et pour l’écologie. Effectivement le compte n’y serait pas. Son argument c’est l’augmentation du taux d’activité. Il faut s’y arrêter. Le taux d’activité est le rapport entre le nombre d’actifs (personnes en emploi et chômeurs) et l’ensemble de la population correspondante.

L’amélioration du taux d’emploi et plus précisément du taux d’emploi en équivalent temps plein serait un objectif clé pour garantir la situation du système de retraite et la capacité des finances publiques à investir pour l’éducation, la santé, l’écologie, la dépendance, l’égalité entre les femmes et les hommes.

C’est toute la différence avec l’augmentation du taux d’activité. On peut avoir une augmentation du taux d’activité sans augmentation de l’emploi et même avec une baisse. Il suffit pour cela que plus d’actifs soient demandeurs d’emploi.

Et l’on voit bien l’enjeu et pour quelles raisons les marchés financiers ont d’avantage l’œil fixé sur le taux d’activité que sur le taux d’emploi. L’augmentation du taux d’activité favorise la concurrence entre les salariés. Cela permet de mieux contenir les salaires et en principe de mieux garantir les profits.

Penser que cela permettra de trouver l’argent pour financer les besoins en matière d’éducation, de formation, de santé, ou de transition énergétique, c’est vraiment prendre ses désirs pour des réalités et ignorer la profondeur de la crise systémique dans laquelle nous sommes plongés.

http://www.regards.fr/actu/economie...

Bernard Marx

Notes

[1] Voir notamment page 57 et pages 94 à 96.

289) Vers un passage en force de Macron, une déclaration de guerre au monde du travail

Emmanuel Macron n’en démord pas : le chef de l’État veut repousser l’âge de départ à la retraite à 65 ans. Pourtant, 77% des Français se sont exprimés contre sa réforme. En effet, si Emmanuel Macron parvenait à passer, une grande partie des ouvriers mourraient à la tâche. Sans jamais bénéficier d’une retraite pour laquelle ils ont cotisé toute leur vie. Alors, comment le chantre du « compromis » et de la « co-construction » compte-t-il s’y prendre pour passer ? Deux options sont sur la table : le passage en force par 49.3, un amendement au budget de la sécurité sociale.

Au mépris démocratique, au piétinement du pouvoir législatif, s’ajouterait un coup d’État social sans précédent. Après le mouvement des retraites d’avant confinement, plus long mouvement social en France depuis mai 1968, un tel passage en force constituerait une déclaration de guerre au monde du travail. « Quand on est obligé, dans une majorité, d’utiliser un instrument aussi brutal, ça sent la fin de règne » : le 49,3, c’est finalement Bruno Le Maire qui en parle le mieux. Fin de règne ? Notre article.

Retraites : vers un passage en force, 49.3 ou amendement au budget de la Sécru, la vision du « compromis » et du « dialogue social » sauce Macron Passage en force grâce au fameux article 49.3 de la Constitution ? Simple amendement inséré au budget de la sécurité sociale ? Un mélange des deux ? Le camp présidentiel ne manque pas d’idées pour faire passer cette réforme des retraites à laquelle il tient tant. Mais, une fois n’est pas coutume, la méthode macroniste laisse sans voix. En avril 2022, le chef de l’État évoquait la possibilité d’un référendum sur les retraites. Hasard du calendrier, nous étions… en plein entre-deux-tours de l’élection présidentielle. Aujourd’hui, le discours présidentiel est tout autre.

Emmanuel Macron « n’exclut pas d’insérer un amendement dans le projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS), qui doit être présenté en conseil des ministres le 26 septembre, pour s’assurer d’une mise en œuvre à l’été 2023 » (Le Monde). Ou comment vouloir décaler l’âge de départ à la retraite en catimini. La question de l’âge de départ à la retraite est un débat fondamental. Elle ne peut se régler entre deux lignes comptables, sans consultation ni du peuple, ni du pouvoir législatif. C’est pourtant l’idée qui a germé dans la tête d’Emmanuel Macron.

« Quand on est obligé, dans une majorité, d’utiliser un instrument aussi brutal, ça sent la fin de règne »

Brutaliser le Parlement ? C’est une possibilité du côté du camp présidentiel. Le président n’exclut pas… de dégainer l’article 49.3 pour faire travailler les Français plus longtemps. Il pourrait alors voir sa réforme des retraites adoptée, sans vote de l’Assemblée nationale. Avec le risque que son gouvernement soit renversé. « Quand on est obligé, dans une majorité, d’utiliser un instrument aussi brutal, ça sent la fin de règne ». Le 49.3, c’est Bruno Le Maire qui en parle le mieux. L’actuel ministre de l’Économie critiquait la méthode du Premier ministre de l’époque, Manuel Valls, sur la sanglante loi Travail. À l’époque, Valls dirigeait un gouvernement, auquel appartenait un certain… Emmanuel Macron.

Associer 49.3 et vote du PLFSS pour reporter l’âge de départ à la retraite à 65 ? La députée LFI Danièle Simonnet ne cache pas sa colère : « Cela montre bien toute la dérive antidémocratique dont est capable ce président qui use et abuse des rouages de la Ve République : c’est vraiment l’abus monarchique, c’est totalement inacceptable. »

Retraites : division brûlante en macronie

Fracture en macronie : les soutiens du chef de l’État se déchirent sur la « méthode » à utiliser pour réformer les retraites. François Bayrou, président du MODEM et allié d’Emmanuel Macron, s’oppose à une passage en force à travers un amendement inséré dans le budget de la sécurité sociale. « Je suis opposé au passage en force » explique-t-il. De même pour Yaël Braun-Pivet, présidente de l’Assemblée nationale (LREM), « Si on fait ça, tout le monde va hurler » s’inquiète-t-elle. « Pour les uns, la méthode d’une réforme par le biais du PLFSS est jugée « d’une brutalité sans nom » ; pour les autres, le moment est inopportun et peut « bien attendre trois mois » » détaille Le Monde.

« C’est la pagaille en macronie, vous n’êtes même pas d’accord entre vous. » Mathilde Panot, présidente du groupe LFI à l’Assemblée nationale, vise juste. Même sur LA réforme à laquelle Emmanuel Macron tient le plus, l’ambiance est à couteaux tirés parmi ses soutiens. Du côté de LFI, les boucliers sont levés. « Notre opposition sera totale, à l’Assemblée nationale comme dans la rue ! » écrit Manuel Bompard, député LFI des Bouches-du-Rhône. La bataille politique ne fait que (re)-commencer. Après le mouvement des retraites d’avant confinement, le plus long mouvement social en France depuis mai 1968, un tel passage en force constituerait une déclaration de guerre.

288) Retraites : un Président ne devrait pas faire ça (François Ruffin)

Un Président réélu par défaut, sans campagne, sans enthousiasme, ne devrait pas, dans un pays exténué, déprimé, bricoler une retraite à 64 ans avec une ambition de comptable.

« Emmanuel Macron veut relancer sa réforme des retraites coûte que coûte », titre Le Monde. « Pour retrouver une dynamique politique et renouer avec son ambition réformatrice, le chef de l’Etat souhaite que la réforme des retraites entre en vigueur dès l’été 2023, malgré l’opposition des syndicats… Soucieux d’aller vite, le chef de l’Etat n’exclut pas d’insérer la réforme des retraites dans le projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) cet automne… »

Je le dis, avec gravité, avec une solennité à laquelle je ne suis pas habitué, je le dis pour mon pays : c’est une folie.

Les Français sont sortis déprimés, exténués, exaspérés, de la longue crise du Covid. Que nous avons enchaînée avec la guerre en Ukraine et ses conséquences sur les prix, l’inflation galopante, les découverts bancaires, les salaires qui ne suivent pas.

Au printemps, Emmanuel Macron n’est réélu que par défaut, sans campagne et sans enthousiasme. Il ne trouve, à l’Assemblée, qu’une majorité de raccroc, avec une assise incertaine : dans mon département, la Somme, plus de la moitié de ses candidats n’ont même pas atteint le second tour ! Le Rassemblement national prospère comme jamais, aux aguets, dans une France divisée.

L’été fut marqué par les méga-feux chez nous, par la sécheresse, par un réchauffement palpable. Et l’hiver se profile avec des coupures d’électricité, du rationnement, l’explosion des factures.

C’est dans ce climat, dans ces temps d’inquiétude, sociale, géopolitique, écologique, que le chef de l’Etat envisage sa réforme des retraites, une mesure qu’il sait, massivement, très massivement, impopulaire. Sérieusement, c’est ça, sa priorité ? C’est l’urgence, l’équilibre des comptes à l’horizon je ne sais pas trop combien ? C’est un impératif que d’avoir, en plus, des grèves, des manifestations ?

Je ne prédis aucun mouvement géant. On verra bien. Nul n’est prophète en la matière. Et il est fort possible que la force de résignation l’emporte, au final, sur une colère sans espérance.

Mais même si ça passe.

Même si ça passe sans trop de dégâts apparents.

Même si ça passe vite fait par de petits amendements.

Ne pas croire que ça ne laissera pas de trace, durablement, dans le cœur des gens, dans l’âme de salariés qui, très concrètement, le corps usé, l’esprit fatigué, verront leur retraite attendue reculer encore. Ne pas croire que, à agir ainsi, hors démocratie, on n’aiguise pas un peu plus le sentiment d’injustice, on ne nourrisse pas en souterrain le ressentiment. Et je sais, moi, quel en sera le débouché.

C’est stupide.

C’est dangereux.

Mais si Monsieur Macron veut « renouer avec son ambition réformatrice », c’est pas en bricolant une retraite à 64 ans. Quelle « ambition » y a-t-il à ça ? Une ambition de comptable. Non : que son « ambition réformatrice », il la mette au service du plus formidable et du plus terrible défi que l’Humanité ait eu à affronter : le changement climatique.

François Ruffin

287) Réforme des retraites : la « priorité » cruelle du gouvernement

7 septembre 2022

Macron tente à nouveau de repousser l’âge de départ à la retraite. Si il y parvient, une grande partie des ouvriers mourront à la tâche, sans jamais pouvoir bénéficier d’une retraite pour laquelle ils auront cotisée toute leur vie.

Lors des universités d’été 2022 de LFI, les « AMFIS », a eu lieu une conférence intitulée « Retraites : des arguments pour la bataille à venir ». Les intervenants ont pu décrypter le sujet d’une des prochaines batailles qui opposeront le gouvernement et l’opposition : la réforme des retraites, très chère au chef de l’État. Elle reste « une priorité » du gouvernement selon Olivier Dussopt, ministre du Travail. Il était l’invité de France Info ce matin.

Après un premier abandon sous son premier quinquennat, Emmanuel Macron a fait de la réforme des retraites le cheval de bataille de sa (maigre) campagne présidentielle. Son objectif : reporter l’âge de départ à 65 ans. Une idée qu’ont rejeté 77% des Français au moment de l’entre-deux-tours de l’élection présidentielle. La conférence des « AMFIS » s’était donnée comme objectif de donner au public assez de contre-arguments sur cette réforme. Ce, afin qu’un maximum de personnes soient armées pour contrer les éléments de langage à venir du gouvernement. Notre article. Retraites : le désastre social actuel

À partir du 1er avril 1983, l’âge de départ a été 60 ans. Puis il a été décalé de 2 ans en 2011 sous Nicolas Sarkozy. Le passage de 40 à 42 annuités, c’est-à-dire le nombre d’années de cotisations nécessaires pour partir à taux plein, a eu pour effet d’augmenter « le sas de pauvreté ». Michael Zemmour, maître de conférences en économie, utilise cette expression pour désigner la période de pauvreté par le non-emploi des ouvriers et employés avant la retraite.

Repousser à 65 ans prolongerait logiquement ce sas. Sur ce point, les députés NUPES ont souligné le besoin de supprimer la décote. Certains travailleurs ne peuvent pas, pour de nombreuses raisons (pénibilité, précarité, instabilité de la vie…), remplir toutes leurs annuités. Aussi, les femmes sont les grandes perdantes de ce système de retraite. Plus sujettes à des carrières morcelées et victimes des inégalités salariales, les femmes souffrent d’une grande injustice, qui ne serait que renforcée par un prolongement jusqu’à 65 ans.

Enfin, le système actuel est marqué par le problème du minimum vieillesse (pour les retraités ayant un revenu inférieur à 916,78 €). Cette aide sociale n’est accessible uniquement qu’à partir de 65 ans. Se pose donc la question des retraités précaires, jugés « trop jeunes » Une réforme injustifiée

« Travailler plus longtemps quand on vit plus longtemps », « Il faut réformer pour retourner à l’équilibre » : voilà les deux totems sacrés brandis par la droite depuis des années pour justifier chacune de ses réformes. Ils sont cependant erronés. Premièrement, le Conseil d’orientation des retraites (COR) a, dans ses différents scénarios, souligné la possibilité d’un retour à l’équilibre du système des retraites pour 2035 (via un effort constant de l’État). Il n’y a pas donc de problème de financement de notre système de retraite.

286) Réforme des retraites : le gouvernement va "bien évidemment" la faire, assure Élisabeth Borne

https://www.francetvinfo.fr/economi...

Les discussions sur la réforme des retraites "s’engageront après le Conseil national de la refondation", annonce la Première ministre sur France Inter.

Le gouvernement va "bien évidemment" faire la réforme des retraites, assure la Première ministre Élisabeth Borne jeudi 1er septembre sur France Inter, alors qu’elle ne l’a pas évoquée mercredi à l’issue du séminaire gouvernemental qui fixait le menu de l’exécutif pour les mois à venir. Cette réforme "reste un enjeu très important", dit-elle.

"On souhaite engager les discussions avec les organisations patronales et syndicales, on souhaite avoir des discussions évidemment avec les parlementaires", ajoute la cheffe du gouvernement. Ces discussions "s’engageront après le Conseil national de la refondation".

On a un Conseil national de la refondation que le président de la République tiendra la semaine prochaine et dans la foulée on va avoir un programme de discussions d’abord sur l’assurance chômage avec les organisations patronales et syndicales, mais il faut aussi qu’on puisse parler de ce sujet qui est un sujet complexe, il ne faut pas le nier", détaille-t-elle.

Pour elle, "c’est important que chacun mesure que si on veut avoir un modèle social généreux, protecteur, il faut avoir des ressources et on ne peut pas se priver d’une partie de notre capacité de travail pour créer des richesses. C’est aussi important pour pouvoir demain financer la transition écologique", affirme-t-elle.

285) Sur les retraites, passe d’armes entre Adrien Quatennens et Olivier Véran sur France 2 (9 juin 2022)

Le débat des législatives sur France 2 a été l’occasion d’un débat : la retraite à 60 ans pour l’insoumis Adrien Quatennens, à 65 ans pour le macroniste Olivier Véran ? Le coordinateur de LFI n’a pas hésité à installer d’entrée de jeu le vrai duel de la soirée, reflet du véritable enjeu de ces élections législatives.

La retraite à 65 ans avec Macron ou à 60 ans avec Mélenchon ?

À peine arrivé, Adrien Quatennens, député de la France Insoumise, pose les bases du véritable match de ces élections législatives. Faut-il donner à Macron la possibilité de sa retraite à 65 ans et organiser une maltraitance sociale généralisée ? Ou faut-il élire une majorité de députés de la Nouvelle Union Populaire Écologique et Sociale (NUPES) pour propulser Jean-Luc Mélenchon à Matignon et mettre en place la retraite à 60 ans pour tous ?

Dès le lendemain de ces élections, la retraite à 60 ans serait rétablie après 40 annuités de cotisation. Pas une retraite ne serait en-dessous du SMIC à 1500 euros net avec une carrière complète. Pas une pension ne restera en-dessous du seuil de pauvreté. Face à lui, Olivier Véran est autant en sueur que Macron face à l’arrivée de plus en plus probable de Jean-Luc Mélenchon à Matignon.

Le temps du partage des richesses est venu

Contre les attaques approximatives, le député insoumis du Nord n’a pas hésité pas à passer en revue le bilan du président des riches et à donner une leçon d’économie à l’ex-ministre désastreux de la Santé. La France n’a jamais été aussi riche, et les travailleurs français n’ont jamais été aussi productifs : un travailleur français produit 3 fois plus de richesses qu’il y a 50 ans ! Pourtant, seuls les actionnaires et les ultra-riches en voient la couleur, avec des dividendes astronomiques jusqu’en pleine crise sanitaire. Il est possible et plus que temps de partager les gains de productivité en permettant à chacun de partir à la retraite à 60 ans.

Le premier tour des élections législatives ce dimanche sera l’occasion inespérée de trancher en deux projets que tout oppose pour les cinq années à venir. Soit un quinquennat de plus d’une fuite en avant néolibérale pour pousser à l’épuisement les travailleurs de ce pays, producteurs de la richesse qui ne la reçoivent que par miettes ; soit la chance historique de soulager la peine au travail et de partager enfin les richesses avec un gouvernement de la NUPES mené par Jean-Luc Mélenchon. Il est temps de trancher. Leur programme est chiffré et applicable tout de suite. Ils sont prêts à gouverner. Du côté de l’Élysée, ils ont peur. L’occasion de pouvoir mettre fin à l’enfer est historique.

284) Mettre le macronisme à la retraite !

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283) Réforme des retraites : pour « emmerder » les Français ?

par Christiane Marty, Jean-Marie Harribey , Pierre Khalfa

Les économistes Jean-Marie Harribey, Pierre Khalfa et Christiane Marty critiquent, dans une tribune au « Monde », l’annonce faite par Emmanuel Macron de repousser l’âge de départ à la retraite à 65 ans, s’il est réélu président. Ils considèrent qu’il s’agit, en un sens, d’une réforme faite pour « emmerder » les Français.

Tribune

Emmanuel Macron veut repousser l’âge de départ à la retraite à 65 ans. Changement de registre, donc : il abandonne l’équité qui guidait, selon lui, le projet de système universel, pour se rabattre sur une modification paramétrique, le recul de l’âge, présenté comme une nécessité économique, la pandémie ayant dégradé les comptes. Il annonce aussi un geste pour les petites retraites : un minimum de pension de 1 100 euros mensuels pour les personnes ayant une carrière complète.

Rétablissons d’abord les choses sur ce prétendu geste : la loi de 2003, article 4, impose déjà que le minimum de pension pour une carrière complète soit égal à 85 % du smic... ce que le président Macron a négligé de faire appliquer durant son quinquennat ! Compte tenu du smic actuel (1 269 euros), le minimum légal est déjà aujourd’hui de 1 079 euros !

Ensuite, il est clair qu’un recul à 65 ans de l’âge de départ à la retraite serait très injuste pour de nombreuses catégories de salarié·es. Il ne pèserait guère sur la carrière des cadres, car ayant rarement commencé à travailler avant 22 ans, les 43 ans de cotisations exigés à partir de la génération 1973 les amènent déjà à 65 ans.

Mais pour une personne entrée en emploi à 18 ou 19 ans, ce recul signifie concrètement devoir attendre trois ans de plus en emploi... ou, comme souvent, au chômage ou en inactivité. D’autant plus que, pour de nombreuses personnes, les premières années de retraite sont vécues comme les meilleures, alors que, si elles devaient être travaillées, elles deviendraient les plus difficiles de la carrière. Rappelons que la prise en compte de la pénibilité des métiers, toujours promise lors des réformes de retraite, n’a toujours pas abouti.

De grandes inégalités

Mesure injuste encore, car s’il est vrai que globalement on vit plus longtemps – pas forcément en bonne santé et avec un allongement devenu aujourd’hui très faible –, l’espérance de vie n’est qu’une moyenne qui masque de grandes inégalités.

Ainsi, entre les 5 % les plus aisés et les 5 % les plus modestes, l’écart d’espérance de vie à 60 ans est de huit ans chez les hommes et de cinq ans chez les femmes. Ecart qui se retrouve donc dans la durée espérée de retraite. De plus, en faisant travailler plus longtemps ceux qui ont déjà un emploi, Emmanuel Macron laisse sur la touche 5,5 millions de chômeurs et ignore que la moitié des 59-62 ans sont hors de l’emploi.

Par ailleurs, l’argument de la nécessité économique ne tient pas. Le Conseil d’orientation des retraites (COR) indique que « malgré le contexte de la crise sanitaire et le vieillissement progressif de la population, les évolutions de la part des dépenses de retraite dans le produit intérieur brut (PIB) resteraient sur une trajectoire maîtrisée à l’horizon 2070 » (rapport de juin 2021). Le système de retraites a certes enregistré un déficit de 0,6 % du PIB en 2020, mais cette dégradation est conjoncturelle, due à la baisse des ressources liée à la baisse d’activité.

Le COR indique que, avec la reprise de l’activité en 2021, la part des dépenses de retraite dans le PIB devrait, dès 2022, retrouver un niveau proche de celui d’avant la crise. Si, quel que soit le scénario retenu en termes de gain de productivité du travail et de chômage, les soldes du système seraient légèrement meilleurs qu’anticipés en juin 2019, il n’en reste pas moins que la part des pensions dans le PIB est d’autant plus élevée que la productivité augmente faiblement. D’où l’acharnement à vouloir baisser le niveau absolu des pensions.

Temps de travail divisé par deux

L’argument récurrent – repris par Emanuel Macron – pour justifier les réformes de retraite est qu’il faut travailler plus puisqu’on vit plus longtemps.

Remarquons d’abord que l’augmentation de l’espérance de vie est déjà prise en compte puisqu’elle commande l’allongement régulier de la durée de cotisation exigée pour la retraite à taux plein : 42 annuités pour la génération 1963, 43 pour la génération 1973.

Cet argument répété à l’envi paraît de bon sens mais ne résiste pas à l’examen. L’augmentation de l’espérance de vie n’est pas nouvelle : elle est continue depuis le début du XIX e siècle, à part les interruptions dues aux guerres. Cet accroissement n’a pas empêché que le temps passé au travail – à la fois durée hebdomadaire et totale dans une vie – diminue régulièrement.

En France, du XIX e siècle à la fin du XX e , le temps de travail annuel individuel a ainsi été divisé par deux. Cela a été permis par un accroissement de la productivité horaire du travail supérieur à celui de la richesse produite.

Appauvrissement programmé

La conclusion est claire : le partage de la richesse produite permet que l’augmentation de l’espérance de vie s’accompagne d’une diminution du temps passé au travail. Le fait que les gains de productivité sont moins importants que précédemment rend d’autant plus décisive la meilleure répartition des richesses. Mais c’est précisément ce que refusent les dominants.

Aussi, la réforme prévue tourne à nouveau le dos au progrès. Un appauvrissement des retraité·es est programmé : alors que leur part dans la population va augmenter, la part de la richesse produite qui leur revient va baisser. Elle diminuerait de 14 % du PIB actuellement à une valeur comprise, selon les scénarios, entre 11,3 % et 13 % en 2070.

Le COR l’indique explicitement : cette diminution résulte de la baisse des pensions rapportées aux revenus d’activité.

Les retraites ont pourtant déjà franchi un cap inédit dans la régression : la pension brute moyenne des personnes ayant liquidé leur retraite en 2019 est devenue inférieure à la pension moyenne de l’ensemble des retraités (Drees, 2021) ! Il est indispensable de stopper cette régression.

Le progrès ne consiste ni à appauvrir les retraité·es, ni à faire travailler plus longtemps les actifs, mais à augmenter les ressources du système (améliorer les salaires, en finir avec les inégalités de taux d’emploi et de salaires entre les sexes, supprimer les exonérations abusives de cotisations sociales, créer les emplois répondant aux besoins sociaux et écologiques, etc.). La campagne présidentielle doit être l’occasion d’évaluer les différentes propositions.

282) Retraites : Reconnaître l’utilité sociale des retraités

Le Président Macron a annoncé vouloir reporter l’âge légal de départ en retraite (de 62 à 65 ans) et allonger encore la durée de cotisation pour bénéficier d’une pension à taux plein.

L’âge légal de départ est en principe l’âge à partir duquel tout travailleur peut obtenir une pension de retraite (hors dispositifs de départ anticipé ou régimes spéciaux), et la durée de cotisation correspond au nombre d’années de travail nécessaire pour constituer une “carrière complète”, donnant droit au “taux plein” de calcul de la pension. C’est à dire au montant maximum théorique de pension, par exemple 50% du salaire moyen des 25 meilleures années de travail pour un salarié du privé.

En 1982 sous François Mitterrand l’âge légal de départ avait été fixé à 60 ans et la durée de cotisation à 37,5 annuités. Pour limiter les trop faibles niveaux de pension des salariés dont la situation ou les accidents de la vie (enfants, chômage, maladie…) n’a pas permis d’obtenir une carrière complète, un âge de départ automatique au taux plein a été fixé à 65 ans. Depuis, de réforme en réforme, les âges légaux de départ et de taux plein comme la durée de cotisation n’ont cessé d’être augmentés. En 2010 sous Nicolas Sarkozy l’âge légal de départ a été fixé à 62 ans et l’âge automatique du taux plein à 67 ans. En 2014 sous François Hollande la durée de cotisation a été portée à 43 annuités poussant encore plus les salariés à travailler au-delà de 62 ans.

Maltraitance sociale

Le report de l’âge de départ à 65 ans voulu par Macron aggraverait encore la maltraitance et l’injustice sociales poussant les non-retraités vers le chômage ou l’invalidité en attendant de pouvoir liquider leur pension. Notons par exemple que plus on avance en âge, passé 55 ans, et plus on est exposé aux soucis de santé qui rendent plus pénible le travail (voire conduisent à l’inaptitude), et plus on est exposé au risque de se retrouver au chômage et d’y rester indéfiniment. En effet, selon la DREES[1] près de la moitié des personnes de plus de 50 ans connaissent au moins une fois une période significative de chômage, de maladie, d’invalidité ou d’absence du marché du travail. Et selon la DARES[2], la durée d’inscription à Pôle Emploi des demandeurs d’emploi de 55-64 ans en catégorie ABC est 2 fois plus importante (plus de 2 ans de chômage - 771 jours) que celle de l’ensemble de la population (moins de 1 ans - 349 jours).

Et celles et ceux qui ont finalement liquidé leurs droits à pension ne sont pour autant pas sortis de la précarité : parmi les retraités ayant pourtant eu une carrière complète 18% perçoivent une pension de droit direct inférieure à 1000€ bruts mensuels, et 53% des 65-69 ans qui travaillent cumulent leur retraite avec un emploi[3].

Cette politique visant à faire travailler toujours plus longtemps les plus de 60 ans n’a aucun sens économiquement, et mobilise un budget public toujours plus important. En effet en plus des allocations chômage versées aux seniors “non employables” jusqu’à ce qu’ils puissent liquider leur retraite, et de l’augmentation des dépenses de santé pour soigner les salariés usés jusqu’à la corde, des aides à l’emploi importantes sont également versées aux entreprises pour les employer. Ainsi, alors que les plus de 50 ans ne représentaient que 7% des emplois aidés (contrat unique d’insertion…) en 1990, cette part n’a fait qu’augmenter depuis pour atteindre 23% en 2020[4].

La société a besoin des retraités

Mais bien d’autres impacts sociaux et sociétaux sont à attendre de cette réforme. Car les retraités, émancipés de la contrainte du temps de travail et libres de consacrer une partie de leur vie à un engagement bénévole ou familial, constituent de loin la majorité des membres et militants d’associations en France et participent grandement à l’activité de garde d’enfants.

Ainsi, d’après plusieurs études[5], alors que seulement 35% des moins de 25 ans et 43% des 25-39 ans sont adhérents à une association, la proportion monte à 52% chez les plus de 60 ans. 48% des présidents d’association sont des retraités, dont 62% dans les associations caritatives ou humanitaires[6]. Non seulement les retraités sont plus nombreux à s’engager dans les associations, mais ils y consacrent également plus d’heures de bénévolat : d’après une étude de 2017[7], ils consacrent de 139 à 153 heures par an au bénévolat tandis que le reste de la population y consacre de 86 à 95 heures annuelles. Ainsi 38% du nombre total d’heures de bénévolat réalisé en France l’est par des retraités. Par le report des départs en retraite, on peut donc s’attendre à une baisse significative de l’activité des associations, ce qui serait une catastrophe quand on sait l’utilité sociale et écologique des associations en France (soutien aux sans-abris, protection de la nature…). La même perte frapperait très probablement l’engagement civique, les retraités étant particulièrement nombreux parmi les élus des conseils municipaux et notamment les maires.

Les retraités contribuent également massivement à l’activité de garde d’enfants : environ deux tiers des enfants de moins de 6 ans sont gardés au moins occasionnellement par leurs grands-parents, et 65% des grands-parents gardent régulièrement ou occasionnellement leurs petits-enfants[8]. Au total, les grands-parents effectueraient environ 16,9 millions d’heures de garde d’enfants par semaine. Autant d’heures, pourtant “productives” et d’une grande utilité sociale, mais, cependant, non décomptées comme “bénéfice” à l’actif des retraités lorsque le gouvernement envisage de reporter l’âge de départ en retraite.

S’ils sont considérés comme “inactifs” dans les études de population, les retraités contribuent pourtant grandement à la réalisation d’activités d’utilité sociale. Un report des départs en retraite porterait un grand coup à ces services qu’ils rendent à la société. Un raison de plus de réduire la durée de cotisation à 40 annuités, de rétablir le droit au départ à 60 ans et de supprimer l’injuste décote qui punit les salariés partant avant d’avoir une carrière complète.

Ulysse M.

[1] Direction de la Recherche, des Études, de l’Évaluation et des Statistiques - Rapport 2020

[2] Direction de l’Animation de la recherche, des Études et des Statistiques - Rapport 2020

[3] DARES 2020

[4] DARES Tableau de bord seniors 2021

[5] Enquête IFOP – France Bénévolat La situation du bénévolat en France en 2010 / Enquête BVA-DREES - La vie associative en France en 2010

[6] Les retraités et la vie associative en France - François JEGER Unité de recherche sur le vieillissement - Direction des Statistiques, de la prospective, d’évaluation et de la Recherche - CNAV

[7] La participation associative et le bénévolat des retraités : état des lieux - Lionel Prouteau Université de Nantes 2017 - Enquête CSA 2017 pour le Centre de recherche sur les associations

[8] Les grands-parents : un mode de garde régulier ou occasionnel pour deux tiers des jeunes enfants - Morgan Kitzmann - DREES et INED - 2018

281 Retraites : Bruno Le Maire envisage le 49.3 pour faire travailler jusqu’à 65 ans

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280) Présidentielle – Retraites : 60 ou 65 ans ?

Alexis Cesar

L’élection présidentielle est l’occasion de trancher une question majeure : faut-il repousser à nouveau l’âge de départ à la retraite ou revenir à 60 ans ?

Le système de retraites par répartition dans notre pays date de 1945. Il a réduit drastiquement le nombre de retraités pauvres. Ils étaient 30% en 1970, ils ne sont plus que 10% aujourd’hui.

Depuis des années, il a été attaqué. Balladur a diminué le salaire à partir duquel est calculée la pension et a indexé les salaires pris en compte dans le calcul de la retraite sur les prix (qui progressent moins vite que les salaires) en 1993. Raffarin a ajouté deux ans et demi de cotisation pour les fonctionnaires et Sarkozy aux régimes spécifiques du service public ou aux professions régulées. Woerth, passé de Sarkozy à Macron depuis, a repoussé l’âge de départ de 60 à 62 ans. Touraine et le PS ont allongé encore les durées de cotisation jusqu’à 43 ans. Seul Macron a été mis en échec en 2020 par la combinaison de grèves et manifestations puissantes, de la guérilla parlementaire des députés insoumis et de l’apparition du Covid.

Dans cette campagne, des projets tranchés s’affrontent. D’un côté, ceux qui souhaitent poursuivre ces contre-réformes. Macron veut ainsi reporter l’âge de départ à 65 ans après qu’il a été obligé de renoncer à imposer un système « à points », dans lequel il aurait été impossible de savoir quel montant de pension on toucherait et à quel âge on aurait pu partir. Pécresse et Zemmour font partie de ce camp : lui vise 64, elle vise 65.

De l’autre, le camp du rétablissement de la retraite à 60 ans. Cette diminution du temps de travail dans la vie est proposée par Philippe Poutou, Fabien Roussel, Nathalie Arthaud et Jean-Luc Mélenchon. Mais avec ce dernier, ce n’est pas seulement une revendication mais la possibilité d’un acte de gouvernement car il est en capacité de parvenir au second tour, au vu de la dynamique de la campagne. Le 2e tour prendrait alors la forme d’un référendum social : « Si le 2e tour c’est Macron-Mélenchon, ça sera quand même autre chose que si c’est Zemmour ou Le Pen : on parlera des choses qui intéressent les Français, comme les retraites », déclarait le candidat de l’Union populaire le 9 mars. Il propose aussi que plus aucune retraite ne soit sous le SMIC pour une carrière complète.

Refusant la retraite à 60 ans pour tous, Marine Le Pen louvoie. Elle présente un projet incompréhensible qui repousse la retraite à taux plein 67 ans pour les uns, et veut inciter les autres à travailler dès 17 ans, leur promettant la retraite à 60 ans quand la grande majorité des salariés continueraient de subir les 62 ans de Sarkozy. Yannick Jadot et Anne Hidalgo se contentent quant à eux d’accepter les reculs de ces dernières années, promettant de ne rien changer. Les votes trancheront aussi cette grande question sociale.

Côme Delanery

279) France : Retraite à 65 ans, c’est non ! (appel collectif)

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278) Retraite à 65 ans : Macron promet la guerre sociale aux classes populaires

Sans peur et sans reproche, le Président-candidat promet de repousser l’âge de départ à la retraite à 65 ans. Une promesse d’injustice qui repose sur les bobards de l’allongement de la durée de vie et du plein emploi. Bernard Marx vous décrypte tout ça afin de mieux comprendre la portée d’une telle réforme.

Le premier quinquennat d’Emmanuel Macron a été celui d’une politique antisociale au service du grand capital, comme on aurait dit autrefois. Quelques « en même temps » lui ont servi de paravent. Surtout, les mobilisations sociales que les injustices ont provoquées et les crises non anticipées, comme celle du Covid, l’ont obligé à plusieurs reculs. Pour le second quinquennat, Emmanuel Macron a mis sur la table un programme encore plus radicalisé, largement commun avec celui de Valérie Pécresse.

C’est un programme de guerre sociale contre les classes populaires autour duquel ils espèrent fédérer les classes moyennes supérieures, les retraités aisés, les milliardaires français et leurs affidés de la finance, des médias et de l’État. Emmanuel Macron veut faire feu sur les « salauds de pauvres », feu sur les enseignants paresseux. Il veut continuer de faire feu sur les droits des chômeurs et le droit du travail. Il veut baisser encore les impôts locaux payés par les entreprises et les impôts payés par les héritiers du haut de l’échelle. Et, pendant ce temps-là, toute cette droite continue d’alimenter les tirs de diversion si dangereux contre les immigrés.

Le recul de l’âge de la retraite à 65 ans est une pièce importante de ce dispositif. Il ne servira pas à équilibrer financièrement le système de retraite français qui le serait sans cette réforme et qui pourrait, en tout état de cause, l’être autrement. Il ne servira pas à dégager des ressources importantes qui sont nécessaires pour financer les transformations écologiques et sociales urgentes de la production et de la consommation. La retraite à 65 ans est une réforme profondément injuste. Elle pénalisera avant tout et surtout les ouvriers, les employés et les classes populaires. Mais les réformes de régression sociale ont aussi pour effet, sinon pour but, d’affaiblir tous les salariés au-delà de celles et de ceux qui en subissent directement les conséquences. La preuve par quelques infographies.

Le dernier rapport annuel du Conseil d’Orientation des Retraites (COR), décrit l’évolution passée et prévisible de l’âge moyen de départ à la retraite dans le cadre des règles actuelles [1]. Comme on le voit, l’âge moyen actuel est un peu au-dessus de 62 ans. Il serait de 63,5 ans d’ici à 2032 pour s’établir ensuite durablement autour de 64 ans. Soit seulement un an de moins que les 65 ans promis comme nouvel âge légal par Emmanuel Macron. Mais cette moyenne cache des différences importantes.

La durée de cotisations pour obtenir une retraite à taux plein est, en règle générale, de 42 ans pour les générations nées en 1961, 1962 et 1963. La durée augmentera de trois mois par tranches de trois générations annuelles. À partir de la génération née en 1973, il faudra 43 ans de cotisations. D’une façon générale, l’âge de départ où l’on peut bénéficier d’une retraite à taux plein dépend de l’âge de démarrage dans la vie « active » et de la continuité de l’emploi pendant la durée de celle-ci.

Au moment du débat sur la réforme Macron 2020, le COR avait pris trois cas types, c’est-à-dire représentatifs d’une situation sociale : un cadre, un non-cadre et un salarié au Smic. Nés après 1973, ils ou elles sont célibataires et sans enfants, bénéficient d’une carrière continue et liquident leur retraite à taux plein au terme de 43 ans de travail. Le salarié au Smic démarre sa carrière à 19 ans et part en retraite à 62 ans. Le non-cadre démarre à 21 ans et prend sa retraite à 64 ans. Et le cadre démarre à 23 ans et prend sa retraite à 66 ans.

Avec le recul de l’âge légal de la retraite à 65 ans, le cadre « type » ne perd donc rien, le non-cadre perd un an de retraite et le salarié au Smic perd trois ans de retraite. En même temps que le recul de la retraite à 65 ans, Emmanuel Macron promet « la juste prise en compte des cas d’incapacité, des carrières longues ou pénibles ». Une promesse purement verbale puisqu’elle ne dit ni que la prise en compte actuelle est déjà très insuffisante, ni s’il s’agit de maintenir l’âge actuel de départ pour ces cas, ou de le reculer lui aussi de trois ans.

Une injustice multipliée par les inégalités de santé et d’emploi

Le recul de l’âge de la retraite est d’autant plus injuste que, selon que l’on est cadre ou ouvrier, selon que l’on est un homme ou une femme, on ne prend pas sa retraite, en moyenne, dans les mêmes conditions de santé, avec la même espérance de vie en bonne santé et avec le même risque d’être en réalité sans emploi, sans indemnité chômage.

plus du tiers des ouvriers partent en retraite ou manifestent dès leur première année de retraite des handicaps physiques élevés (14%) ou limités (20%) contre seulement respectivement 2 et 12% pour les cadres et les professions intellectuelles supérieures. Il montre également qu’après 50 ans, les ouvriers ont en moyenne été en emploi seulement 7,5 ans avant leur départ en retraite contre 11,5 ans pour les cadres. Les premiers ont été, en moyenne, 4,3 ans sans emploi ni retraite. Les seconds 1,4 an. Le recul de l’âge de la retraite aggraverait considérablement tous ces dégâts. Le bobard de l’allongement de la durée de vie

Le patron du Medef, Geoffroy Roux de Bézieux, a écrit la leçon : « Tant que l’espérance de vie augmente, il faut accepter de travailler plus longtemps ». Emmanuel Macron la récite : « Nous sommes dans une société qui vieillit, C’est une chance, une force de nos sociétés où on améliore le soin, la prévention. Il est donc normal que nous travaillions plus ».

La revue Alternatives économiques a publié une infographie sur la base des calculs de l’économiste spécialiste de la protection sociale, Michael Zemmour. Ils font litière de cette histoire à essayer de faire dormir debout les Françaises et les Français. Malgré les gains d’espérance de vie, les réformes de la retraite déjà mises en œuvre ont entraîné une baisse de la durée moyenne de retraite de plus d’un an pour la génération 1960. Il faudrait attendre les années 2035 (génération 1973) pour retrouver une retraite de la même durée qu’en 2008. La réforme Macron ferait baisser cette durée d’un an et demi supplémentaire pour la génération 1973. Les femmes retraitées nées en 2000 continueraient d’avoir une retraite moyenne de durée inférieure de un an à celles nées en 1953.

Encore s’agit-il de durée moyenne de vie pour l’ensemble des hommes et des femmes qui atteignent l’âge de la retraite. Et non de l’espérance de vie à la naissance. Ni de l’espérance de vie en bonne santé. En 2018, l’espérance de vie à la naissance sans incapacité [2], s’élevait en France en 2018 à 64,4 ans pour les femmes et à 63,4 ans pour les hommes. Elle stagne depuis dix ans. Cela veut dire que moins d’un Français sur deux atteint l’âge de 65 ans en bonne santé. Et pour ceux qui atteignent 65 ans, l’espérance de vie en bonne santé est seulement de 10,5 ans pour les femmes et 9,4 ans pour les hommes.

Mais ça, c’est la moyenne, sans tenir compte des inégalités sociales. Les personnes ayant les retraites les plus faibles ont aussi une santé dégradée plus tôt et des durées moyennes de retraite plus courtes. Les mesures d’âges ont donc pour elles des conséquences encore plus marquées.

La différence d’espérance de vie entre un ouvrier de 35 ans et un cadre du même âge est de 6,4 ans pour les hommes et 3,2 ans pour les femmes. Elle n’a pas diminué entre 1970 et 2013. La différence est de 7,3 ans entre les hommes avec un diplôme post-bac et les hommes sans diplôme. Elle est de 4,2 ans pour les femmes. Entre les plus aisés (les 5% de plus hauts revenus) et les plus modestes (les 5% de plus bas revenus), la différence d’espérance de vie est de 12 ans chez les hommes et de près de 8 ans chez les femmes. Le bobard du plein emploi

En France, rappelle le sociologue Jean-Yves Boulin, selon les études de la Dares (ministère du Travail) sur les conditions de travail, un tiers des personnes âgées de 35 à 55 ans estiment ne pas pouvoir exercer la même activité jusqu’à l’âge de 60 ans. Ce sont même 44% dans l’enquête européenne d’Eurofound sur les conditions de travail (EWCS). La France est en dernière position de l’Union européenne.

Comme l’explique Jean Yves Boulin, « il est difficile de faire le partage entre la perception par les salariés de la soutenabilité de leurs conditions de travail au-delà d’un certain âge, et celle qu’ils ont de leur employabilité du fait des pratiques des employeurs, prompts à licencier les seniors ». Mais « le résultat est, en tout cas, un taux d’emploi de 53,9% des 55-64 ans en France, contre une moyenne de 60,2% au sein de la zone euro ».

Et à l’autre bout, le taux d’emploi des jeunes de 15 à 24 ans est globalement dans la moyenne des pays européens, avec qui plus est, des différences importantes de situation selon les études et le diplôme.

L’idée que le recul de l’âge de la retraite à 65 ans puisse dans ces conditions provoquer une amélioration de la situation de l’emploi des seniors et des jeunes est juste mensonger.

Gros dégâts, petits gains

Dans le cadre des règles actuelles la part des dépenses dans le PIB baisse progressivement à partir de 2030. L’augmentation de 2020 est exceptionnelle, due à la chute de la production du fait du confinement. La part des dépenses de retraite dans le PIB devrait retrouver dès 2022 un niveau proche de celui observé en 2019 (13,6% du PIB environ). Et elle baisserait à partir de 2030 principalement à cause de la baisse de la pension moyenne (les carrières étant de plus en plus nombreuses à être incomplètes).

Par rapport à cette évolution le recul progressif de l’âge légal de la retraite à 65 ans ferait de gros dégâts économiques et sociaux. Mais elle rapporterait financièrement assez peu : au maximum 0,7 point de PIB annuel à partir de 2032 soit 16 milliards environ selon Michael Zemmour, comme on peut le voir dans son graphique ci-dessous.

L’Institut Montaigne, très partisan d’un recul de l’âge légal, a lui aussi chiffré le programme Macron. 18 milliards d’euros de baisse à l’horizon 2032, et seulement 7,7 milliards d’euros en 2027. L’économiste Gilles Raveaud pointe bien l’ambition de la réforme : « Mais le problème ce sont les retraités, pas la suppression de l’ISF ni les cadeaux aux entreprises (hors Covid). France, Travaille ! »

La retraite à 60 ans ?

En face, Jean Luc Mélenchon et Fabien Roussel veulent restaurer le droit à la retraite à 60 ans. Jean-Luc Mélenchon veut aussi rétablir la retraite à taux plein pour 40 années de cotisation. Son programme prévoit également de porter au Smic les retraites pour une carrière complète. Et d’indexer les retraites sur les salaires. Fabien Roussel veut revenir à une pension de retraite égale à 75% du salaire net des dix meilleures années. Son programme prévoit également le départ anticipé à la retraite pour les métiers pénibles. Et de faire passer le minimum contributif à 1200 euros.

Selon les chiffreurs du l’équipe de campagne de Jean-Luc Mélenchon, cela entraînerait environ 70 milliards de dépenses de retraites supplémentaires. L’Institut Montaigne a, pour sa part, évalué à 85,8 milliards d’euros annuel le programme retraite de Jean-Luc Mélenchon, et celui de Fabien Roussel à 88 Milliards d’euros. Cela représente, selon les chiffrages, une augmentation des dépenses de retraites de 20 à 25%. Et un déplacement important d’au moins 3 points de PIB. Une partie du financement viendrait de la diminution des coûts du chômage, de la précarité et de la pauvreté des jeunes et du sous-emploi des actifs de 60 ans et plus. À quoi pourrait s’ajouter, selon l’équipe de campagne de Jean-Luc Mélenchon, des prélèvements supplémentaires sur les revenus salariaux (augmentation annuelle de 0,5% des cotisations retraites, prélèvement sur l’épargne salariale et l’intéressement) et surtout une mise à contribution des revenus financiers de l’ordre de 30 milliards [3].

Analysant les différents programmes de la gauche, l’économiste atterré Henri Sterdyniak alerte : « Les programmes des partis de gauche reprennent les diverses revendications des syndicats et mouvements progressistes, ce qui est légitime, mais cela sans réel arbitrage, que ce soit la hausse du Smic, des salaires des fonctionnaires, la hausse et l’extension du RSA, l’égalité des salaires femmes/hommes, la hausse des emplois publics, la baisse de l’âge de départ à la retraite. Les mesures nécessaires de restructuration de l’économie (comme la réindustrialisation, le tournant écologique, l’intervention des travailleurs dans la gestion des entreprises) ne peuvent avoir elles des effets favorables qu’à plus long terme. De sorte qu’un gouvernement de gauche aura le choix entre ne tenir que progressivement ses engagements, ce qui pourrait être considérer comme une trahison ; se retrouver en face de déséquilibres importants, en termes de situation financière des entreprises et de solde extérieur ; assumer frontalement la lutte de classe en réduisant fortement le niveau de vie des classes supérieures, en prenant le contrôle des entreprises, en se heurtant aux règles de la zone euro et de l’UE ».

Cela concerne directement la retraite à 60 ans et les autres mesures prévues par Jean-Luc Mélenchon ou Fabien Roussel. Les dégâts inégalement répartis d’un recul de la retraite à 65 ans disent a contrario ce que pourraient être les priorités pour retourner vers une retraite à 60 ans.

http://www.regards.fr/actu/economie...

Bernard Marx

277) Retraites : un mouvement social déterminé

L’expert de la sécurité sociale Justin Benard et l’économiste Michaël Zemmour soulignent, dans une tribune au « Monde », que plus que le Covid-19 ou les divisions politiques, ce sont les grèves et les manifestations qui ont contraint Emmanuel Macron à abandonner son projet de réforme des retraites.

Le quinquennat qui s’achève sera le premier sans réforme des retraites depuis vingt ans. Ce n’est pas faute pour Emmanuel Macron d’avoir essayé, et bien sûr la pandémie a joué un rôle dans la décision finale d’enterrer la réforme.

Mais il serait hâtif d’expliquer ce recul par les seules circonstances sanitaires ou des désaccords de palais. Si la réforme des retraites a été retirée, c’est avant tout parce que le gouvernement a fait face à un mouvement social déterminé, qui a contribué à déplacer le terrain du débat et à lui faire perdre l’essentiel du soutien politique à son projet.

Le scénario était pourtant soigné. Le rapport Delevoye (voir lien PDF), publié durant l’été 2019, présentait après un an de « concertations » une réforme qui prétendait ne faire « que des gagnants », être à la fois juste, simple et efficace.

Nuage de fumée

Derrière cette présentation lénifiante, il passait largement sous silence le cœur de la réforme : la volonté de mettre en place « la dernière des réformes », celle qui assurerait que désormais tout besoin d’ajustement financier du système se traduirait par une baisse des droits quasi automatique pour les retraités. Un projet qui conduisait chaque génération à partir à la fois plus tard que la précédente et avec une retraite moins favorable…

La mobilisation pour élucider les enjeux de la réforme et s’y opposer a rapidement dissipé ce nuage de fumée. A mesure que la contestation a progressé, le débat s’est profondément déplacé, depuis les questions d’équilibre automatique des comptes ou d’« universalité du régime », les deux thèmes choisis par le gouvernement, vers les deux questions qui intéressent principalement les assurés : « A quel âge pourrai-je partir à la retraite, et combien représentera ma retraite par rapport à mon dernier salaire ? »

Or à ces deux questions centrales le gouvernement n’a jamais donné de réponse explicite. Et pour cause : en gelant les ressources du système de retraite comme il en avait le projet, le niveau des pensions ne pouvait que baisser. Le gouvernement s’est d’ailleurs toujours refusé à rendre publiques ses projections sur l’effet de la réforme, se limitant à présenter des cas types ininterprétables et peu sincères.

Le Conseil d’Etat épinglait d’ailleurs, fin janvier 2020, l’étude d’impact remise par le gouvernement au Parlement, truffée de trous et d’imprécisions. Ainsi, plus qu’en surpassant le gouvernement dans des réponses techniques, c’est en imposant ses propres questions que l’opposition à la réforme a marqué les premiers points.

Reculs et reports

La seconde clé du basculement a été l’ampleur du mouvement social. A partir de la manifestation du 5 décembre 2019 – réunissant un million et demi de participants selon les syndicats, 800 000 selon le ministère de l’intérieur –, une grève historique a secoué le pays : quarante-sept jours de grève à la RATP, plus qu’en 1995 contre la réforme Juppé, des taux de grévistes dépassant les 85 % chez les conducteurs de la SNCF, ou les 70 % dans le corps des professeurs des écoles.

Mais le mouvement a très largement dépassé ces catégories historiquement mobilisées, avec des images qui ont fait le tour de la France : avocats jetant leur robe aux pieds de la ministre de la justice et danseuses mobilisées devant l’Opéra de Paris ont ainsi rejoint égoutiers, étudiants et militantes féministes pour construire un des mouvements sociaux les plus massifs depuis 1968.

Contraint, le gouvernement dut concéder de multiples reculs et reports de calendrier − sans que cela change grand-chose au fond, ni que cela l’empêche de perdre la quasi-totalité des soutiens à sa réforme. A l’occasion de la discussion parlementaire, l’opposition de gauche s’est trouvée une vigueur et une détermination nouvelles, multipliant les interventions de fond et les obstructions de forme.

Devant l’ampleur de la grève, le Medef rappelait de loin en loin qu’il n’était pas demandeur de la réforme. Même la CFDT, partisane indéfectible du projet d’un système de retraite par points, n’est jamais parvenue à obtenir un accord contenant suffisamment de concessions pour rendre la réforme désirable. Au point qu’une certaine gêne s’est mise à gagner la majorité parlementaire elle-même, secouée par le départ de Jean-Paul Delevoye du fait d’omissions dans sa déclaration d’intérêts.

Contexte explosif

Au total, alors que le 1er décembre 2019, 64 % des Français se déclaraient favorables au principe d’un système universel de retraite, l’opposition au projet de réforme rassemblait plus de 56 % de la population après un mois de mouvement social.

C’est dans ce contexte explosif que le gouvernement, ayant déjà perdu beaucoup de temps et de crédit politique, a renoncé à convaincre, utilisant un conseil des ministres exceptionnel consacré au Covid-19 pour enclencher une procédure d’adoption sans vote, dite du « 49-3 », dès la première lecture à l’Assemblée nationale.

Et c’est comprenant cette défaite politique face au mouvement social qu’il a jugé opportun, au sortir de la première vague de la pandémie, de renoncer à cette réforme – largement encouragé en cela par le patronat et les syndicats – sans jamais tout à fait admettre avoir clôturé ce dossier. Pour le dire clairement, la réforme des retraites aurait peut-être été à son terme sans le covid-19 mais, sans le mouvement social, il est certain que le gouvernement n’y aurait pas renoncé.

Aussi, dans l’histoire sociale et politique, si le mandat d’Emmanuel Macron aura été celui du mouvement des « gilets jaunes », c’est aussi celui où, pour la première fois depuis l’abandon du contrat première embauche (CPE) en 2006, un gouvernement aura été contraint de reculer à l’occasion d’une « réforme » sur le terrain social – alors même qu’il en a imposé beaucoup d’autres. Il est certain que les prochains gouvernements auront cet épisode en tête. Et le débat présidentiel à venir pourrait être marqué par l’ombre de cet échec.

Justin Benard

Fonctionnaire, expert de la sécurité sociale et membre du collectif Nos retraites

Michaël Zemmour

Economiste au Centre d’économie de la Sorbonne/CES-Université-Paris-I et au Laboratoire interdisciplinaire d’évaluation des politiques publiques/Liepp-Sciences Po

• Le Monde. Publié le 27 décembre 2021 à 06h00 - Mis à jour le 27 décembre 2021

https://www.lemonde.fr/idees/articl...

276) Retraites : Macron veut nous faire travailler toujours plus longtemps (15 décembre 2021)

Ce mercredi 15 décembre sur TF1, Emmanuel Macron a été interrogé par Audrey Crespo-Mara et Darius Rochebin sur la réforme avortée des retraites à la suite d’un mouvement social soutenu par la majorité de la population. Bien qu’il ne soit toujours pas officiellement candidat, il a de nouveau défendu cette proposition.

“Il faudra travailler plus longtemps”, a-t-il répété à 5 reprises. Une position partagée par de nombreux candidats à l’élection présidentielle, comme Eric Zemmour ou Valérie Pécresse. Un sujet sur lequel Jean-Luc Mélenchon est l’un des rares candidats à avoir une position claire : le retour à la retraite à 60 ans pour 40 annuités de cotisation.

“On doit repenser ce qu’est le travail des seniors”, a ajouté Emmanuel Macron, plutôt qu’envisager qu’après une dure vie de labeur, les seniors puissent profiter de leur temps libre pour s’engager dans des associations ou s’occuper de leurs petits-enfants.

Le candidat-président a précisé son projet de réforme des retraites, sans grande nuance avec celui qui était rejeté par la majorité des Français en 2019-2020 : “Il faut qu’on aille vers une sortie des régimes spéciaux”. “On doit produire plus, on doit travailler plus longtemps pour avoir un pays plus riche, plus fort”, a-t-il ajouté. Ce faisant, il oublie de mentionner que dans l’Union européenne, la France est le pays le plus productif des grandes économies comparables, par exemple devant l’Allemagne, dépassée uniquement par des paradis fiscaux comme l’Irlande ou le Luxembourg.

Un projet de réforme qui ne manquera pas de faire réagir les Français, alors que 68% d’entre eux sont favorables à la retraite à 60 ans ou moins, selon un sondage Harris Interactive de mars 2019.

275) OUI, on peut faire la retraite à 60 ans : la démonstration implacable de Jean-Luc Mélenchon

Retraite à 60 ans. Pas une retraite en dessous du SMIC.

Pour écouter cette démonstration de Jean-Luc Mélenchon, cliquer sur l’adresse URL facebook ci-dessous en bleu

https://www.facebook.com/permalink....

Invité sur BFM Business à dévoiler son programme en matière d’économie, Jean-Luc Mélenchon a détaillé, ce jeudi 4 novembre 2021, plusieurs propositions de financement d’un retour à la retraite à 60 ans.

Parvenir à l’égalité de salaires entre les femmes et les hommes suffirait à financer ce progrès social ! Augmenter les salaires des femmes, qui touchent en moyenne 25% de moins que les hommes, permettrait de dégager assez de cotisations pour financer ce progrès social pour tous et toutes.

Cette année, l’écart est tel que les Françaises ont commencé à travailler gratuitement à compter du 3 novembre et jusqu’à la fin de l’année.

Il a aussi mis sur la table un autre moyen d’y parvenir. Pour le financer, il propose d’augmenter de 2 points la cotisation pour les salaires supérieurs à 3400 euros et de revenir sur les baisses de cotisations vieillesse.

Travailler trop longtemps nuit à la santé, augmente la maladie, augmente le chômage.

Les Français en sont conscients. Ils sont 65% à soutenir la proposition de retraite à 60 ans, selon un sondage Elabe pour BFM Business dévoilé au cours de l’émission, qui révèle aussi que la majorité estime cela réalisable.

“Essayez d’imaginer une fois, quelque chose qui est mieux, qui fasse qu’on vive mieux ! Le bien-être, la beauté de la vie : ça compte ces choses-là”, a poursuivi le candidat de l’Union populaire.

En clair, “essayez d’inventer un monde meilleur, pas juste des comptes meilleurs, un monde meilleur” a-t-il conclu.

274) Emploi des seniors : Avant la retraite, le chômage !

Pour accéder à cet article, cliquer sur le titre en bleu 274 ci-dessus.

273) Les retraites pour plaire à la Commission européenne | Adrien Quatennens le 7 septembre 2021)

Le 7 septembre 2021, Adrien Quatennens interrogeait le gouvernement sur la réforme des retraites qui pourrait être relancée par le gouvernement.

https://www.youtube.com/watch?v=Dzx...

272) Rapport Blanchard-Tirole, un quitus inutile à la réforme néo-libérale des retraites

Le rapport Blanchard-Tirole approuve la stratégie de Macron : ne pas augmenter les taux de cotisation, introduire une système par points, inciter fortement les salariés à retarder leur départ sans tenir compte des différences d’espérance de vie, de capacité à rester en emploi. Cette analyse par Henri Sterdyniak est la première des quatre analyses que les EA consacreront au rapport.

La question du vieillissement de la population, et plus particulièrement celle de l’évolution du système de retraite français, était le troisième sujet qu’Emmanuel Macron avait demandé à aux économistes internationaux réunis sous la houlette d’Olivier Blanchard et de Jean Tirole de traiter. Comme on pouvait s’y attendre, ceux-ci approuvent la stratégie de réforme structurelle vers un régime par points que Macron a essayé de mettre en œuvre, sans y parvenir, durant son quinquennat[1]. Ils proposent cependant certains amendements qui ne sont pas de nature à modifier l’opposition de la masse des actifs et des retraités à ce projet.

Où en sommes-nous ?

La question des retraites a donné lieu à de nombreux travaux et rapports. Le COR (Conseil d’orientation des retraites) publie, chaque année, des projections allant jusqu’en 2070 ; en fait, d’un rapport à l’autre, les faibles ajustements se font souvent sur la base des évolutions de court terme prolongées à la légère ; par contre, ces projections ne tiennent aucun compte des contraintes écologiques, des modifications de la structure des emplois, de la nécessité d’une transition écologique et sociale. Le rapport de juin 2021 s’appuie sur les années 2020-21 marquées par la crise sanitaire, tout en reconnaissant qu’elles ne sont pas pertinentes pour analyser l’évolution du système des retraites, de court comme de long terme. Sans doute, aurait-il été plus sage d’attendre 2022 pour présenter un rapport mieux fondé.

Selon la projection du COR de juin 2021[2], la part des retraites dans le PIB qui était de 13,6 % en 2019, retrouverait ce niveau en 2023, monterait à 13,8 % en 2030, puis diminuerait à 13,4 % en 2050, à 13 % en 2070. Ainsi, ne serait-il pas nécessaire d’augmenter les taux de cotisation retraite. En fait, de 2019 à 2050, le nombre de retraités par actif augmenterait de 23,7 %, de sorte que la prévision du COR ne stabilise la part des retraites dans le PIB qu’en acceptant une baisse de 18 % d’ici 2050 du ratio entre la retraite moyenne et le salaire moyen. En 2070, la baisse du niveau relatif des retraites atteindrait même 27 %. A l’avenir, les retraités redeviendraient progressivement la partie pauvre de la population ; cette paupérisation relative frapperait surtout les plus âgés des retraités ; elle poserait problème pour le financement de la dépendance puisque les seniors dépendants devraient avoir recours plus massivement à l’Allocation personnalisée d’autonomie (APA). Il est donc faux de proclamer que la question des retraites est résolue.

Par ailleurs, la hausse programmée jusqu’à 43 ans de la durée de cotisation requise pour le taux plein, comme le recul de l’âge d’entrée en emploi, ferait que l’âge moyen de départ à la retraite passerait progressivement de 62,2 ans en 2019 à 64 ans vers 2040.

Les générations qui arriveront à la retraite dans les années à venir auront accumulé moins de droits que les générations précédentes, ayant subi plus de périodes de chômage et de précarité[3], mais surtout le COR fait l’hypothèse que les salaires pris en compte pour le calcul de la retraite, comme les pensions liquidées, ne seront indexés que sur les prix dans le Régime général, que les régimes complémentaires s’équilibreront par la dégradation de leur taux de rendement, que l’indice des traitements de la fonction publique continuerait à se dégrader par rapport à l’évolution des salaires du secteur privé, ceci étant partiellement compensé par une hausse des primes qui ne donnent pas droit à retraite ; bref, que la pression sur les retraites sera maintenue jusqu’en 2070. Par contre, la projection du COR n’introduit aucune nouvelle réforme, paramétriques ou structurelles.

Le système actuel est relativement généreux (puisque les retraités ont à peu près le même niveau de vie que les personnes d’âge actif[4]), relativement redistributif (le taux de remplacement des hauts salaires est nettement inférieur à celui des bas salaires). Il pourrait encore être amélioré par le relèvement et l’extension du minimum contributif. Les salariés âgés, qui ont perdu leur emploi, qui ont épuisé leur droit à l’assurance chômage, qui n’ont plus de chance de retrouver un emploi dans le secteur privé, devraient se voir proposer un emploi de dernier ressort ou une pension d’invalidité ou une pension à taux plein. Une réflexion devrait s’engager entre les différents régimes pour unifier et rationnaliser les différents dispositifs familiaux (majorations de durée de cotisation et de pension en fonction du nombre d’enfants élevés, pensions de réversion). Le gouvernement devrait imposer au patronat une négociation sérieuse au niveau des branches sur les dispositifs de prise en compte de la pénibilité des emplois, aboutissant à des trimestres de bonification sur la durée de cotisation requise et sur l’âge de départ pour chaque période passée dans un emploi pénible, organisant une évolution de carrière ou permettant un départ précoce pour les emplois qu’il est impossible de tenir après un certain âge. Une convergence devrait être organisée entre les différents régimes fixant des taux de remplacement cibles, fonctions décroissantes du niveau du salaire. Enfin, un débat social devrait arbitrer entre le niveau des cotisations et le niveau des pensions : maintenir le système tel qu’il est, assurant la parité de niveau de vie entre les retraités et le reste de la population, demande d’accepter une hausse des taux de cotisation retraite d’environ 0,25 point chaque année pendant 15 ans.

Une réforme structurelle en échec

La réforme des retraites qui figurait dans le programme électoral d’Emmanuel Macron visait à instaurer un système par point, s’inspirant du système des comptes notionnels, mis en œuvre en Suède et popularisé, jadis en France, par Antoine Bozio et Thomas Piketty[5]. Elle s’est heurtée à des fortes oppositions de nombreuses couches de la société. Après avoir été plusieurs fois remaniée, elle n’a été adoptée à l’Assemblée nationale que par l’utilisation de l’article 49-3 en février 2020. Le gouvernement a renoncé à la présenter au Sénat.

Dans un système par point, les cotisations permettent d’acheter des points, à une certaine valeur d’acquisition ; au moment du départ à la retraite, les points cumulés sont transformés en droit à la retraite, selon la valeur de service du point. Le rapport entre la valeur de service du point et sa valeur d’acquisition, se nomme le taux de rendement. Dans un système de compte notionnel pur, la valeur d’acquisition augmente comme le salaire moyen tandis que le taux de rendement est égal à l’opposé de l’espérance de vie au moment de la retraite (évaluée selon la date de naissance) ; les pensions liquidées évoluent comme le salaire moyen. Ainsi, un salarié ayant reçu pendant 42 années le salaire moyen, ayant cotisé au taux de 28 % et ayant à 62 ans une espérance de vie de 23 ans, a droit à une retraite de 28*42/23=51,13 % du salaire moyen, soit un taux de rendement (le rapport entre la valeur de service du point et sa valeur d’acquisition) de 4,3%. Autrement dit, 1€ cotisé donne droit à 4,3 centimes de retraite. Une année de report de l’âge de la retraite fait passer le ratio entre pension et salaire à 54,60 % (+6,8 %). Le système garanti au salarié de recevoir en retraite l’équivalent des cotisations actualisées au taux de croissance du salaire moyen. Il prétend assurer la neutralité actuariel : le salarié supporte le coût de ses choix en matière de départ à la retraite.

Ce schéma idéal, préconisé par tous les « économistes sérieux » pour son équité et sa capacité à donner les bonnes incitations aux actifs pour leur choix de partir à la retraite a le défaut de ne pas tenir compte des inégalités d’espérance de vie et de capacité à se maintenir en emploi après 60 ans, de sorte qu’il est en réalité fondamentalement injuste. Un cadre qui peut se maintenir en emploi jusqu’à 65 ans a eu généralement de bonnes conditions de travail ; il a la même espérance de durée de retraite qu’un ouvrier qui part, usé à 60 ans. Faut-il augmenter la retraite du cadre bien-portant par rapport à celle de l’ouvrier usé ?

Par ailleurs, ce schéma oublie les objectifs redistributifs des assurances sociales, qui certes sont essentiellement contributives (la retraite de chacun dépend de ses cotisations), mais qui ne doivent ne pas prolonger toutes les inégalités de salaire. Ainsi, existe-t-il un minimum contributif et le taux de remplacement est une fonction décroissante du niveau de salaire. Il oublie ses objectifs rétributifs, tenir compte de la pénibilité de l’emploi, tenir compte des enfants élevés, tenir compte dans une certaine mesure, de la progression durant la carrière : il n’est pas choquant, par exemple, que tous les professeurs agrégés aient la même retraite, même si certains ont commencé leur carrière comme professeurs des écoles, d’autres directement comme agrégés.

Ce schéma oublie que les dispositifs de retraite, décidés au niveau national, font aussi partie du contrat salarial. Les modalités de départ de retraite doivent être collectivement gérés au niveau des entreprises. Ainsi, ne peut-on reculer l’âge effectif de départ à la retraite sans repenser les carrières des salariés. Ainsi, dans certaines professions, le niveau des pensions compense le niveau relativement faible des salaires ; c’est l’inverse dans d’autres. Ainsi, la gestion des emplois pénibles doit se faire dans le cas de l’entreprise et de la branche, ceci dans le cadre de dispositifs nationaux.

Le système proposé par Jean-Paul Delevoye, puis par le gouvernement, même s’il prétendait s’inspirer du modèle à comptes notionnels, ne fournissait, en fait, aucune garantie aux actifs, ni sur l’évolution de la valeur d’acquisition du point, ni sur l’évolution du taux de rendement, ni sur l’indexation des pensions liquidées. N’indexer la valeur d’acquisition du point et les pensions liquidées que sur les prix permet d’augmenter le taux de rendement affiché de 38%, qui passerait de 4,3% à 5,9 %, mais ce taux s’applique à des cotisations moins biens revalorisées et à des retraites moins bien indexées.

La réforme faisait apparaître au grand jour la forte baisse du niveau relatif des retraites de 27 % d’ici 2070, qui figure dans la trajectoire envisagée par la technocratie au COR ou dans les projections communiquées à Bruxelles, mais qui n’avait pas été mise en évidence dans le débat public. Aussi, aucune garantie ne pouvait être donnée sur l’évolution de la valeur de service du point, donc sur le niveau des retraites.

La réforme prévoyait un âge pivot de 64 ans, qui devait passer rapidement à 65 ans, de sorte que le report de l’âge ouvrant le droit à une retraite à taux plein était en fait mis en place, malgré la promesse d’Emmanuel Macron.

Le projet unifiait et étatisait l’ensemble des régimes de retraites. Il a donc rencontré l’opposition frontale des syndicats qui cogéraient les caisses de retraites, des salariés des régimes spéciaux, mais aussi des non-salariés des régimes autonomes (avocats, pharmaciens, notaires…). Contrairement à la communication gouvernementale, les prétendues économies réalisables sur les régimes publics et spéciaux sont faibles, sinon inexistantes (les retraites déjà liquidées ne peuvent pas être réduites, la carrière des fonctionnaires à faible niveau de prime auraient dû être revalorisée) et ne pouvaient éviter la baisse généralisée des retraites.

Le projet ne tenait pas compte des spécificités des différentes professions, en particulier de la pénibilité du travail et de la capacité à rester en emploi après 60 ans. Dans la fonction publique, la baisse du taux de remplacement et l’élargissement de l’assiette aux primes favorisait les fonctionnaires à fort taux de prime au détriment des fonctionnaires à bas taux de prime, de sorte qu’il aurait nécessité une réforme de la grille des salaires de la fonction publique, en particulier des enseignants.

Enfin, il n’avait d’effet sur les dépenses de retraite qu’après 2037, alors que la hausse du ratio retraités/actifs a essentiellement lieu de 2005 à 2035. La réforme structurelle arrivait après la hausse, de sorte qu’elle devait être complétée, dans l’esprit du gouvernement, par une réforme paramétrique brutale : le passage de 62 à 64 ans de l’âge ouvrant le droit à une retraite à taux plein.

Notons que, dans la période récente, l’oligarchie financière distille l’idée qu’il serait nécessaire de réduire rapidement et fortement le ratio des dépenses de retraite au PIB, sous prétexte d’augmenter d’autres dépenses publiques (dépendance, santé, voire prestations aux jeunes adultes), de façon à faire croire qu’il existe des divergences d’intérêt entre les différentes catégories de salariés.

Des propositions novatrices ?

Les auteurs de la partie vieillissement du rapport Blanchard-Tirole (Axel Börsch-Supan, Claudia Diehl et Carol Propper[6]) présentent d’abord les spécificités du système français. Ils prétendent (page 393) que les taux de cotisation retraites nuisent à l’incitation à l’emploi, ce qui est contestable, même dans l’idéologie néo-classique, puisque ces cotisations ont une contrepartie en termes de droit à pension de retraites et que ce droit est d’autant plus précieux qu’il n’est pas corrélé aux fluctuations des marchés financiers.

Comme cela a déjà maintes fois écrit, ils remarquent que la désindexation des retraites par rapport aux salaires est une méthode fragile pour réduire le poids des retraites puisqu’elle perd de son efficacité si la croissance de la productivité du travail (et les salaires par hypothèse) ralentit, ce qui est le cas en France comme dans tous les pays avancés. Ils estiment aussi que l’importante baisse du niveau relatif des retraites inscrite dans les projections du COR sera difficilement acceptée par la population.

Les auteurs plaident pour une hausse du taux d’emploi des seniors (les hommes de 55 à 65 ans), des personnes atteintes de maladie chronique et des immigrés[7]. En fait, ils raisonnent comme si c’est la demande de travail qui déterminait le niveau d’emploi, en oubliant qu’ en 2019, avant la crise sanitaire, le taux de chômage élargi (y compris chômeurs découragés et temps partiel subi) était en France de 15%, de sorte que la priorité devrait plutôt être de permettre à tous ceux qui le souhaitent de travailler. De même, on ne peut analyser l’évolution du taux d’emploi des seniors en oubliant la situation du marché du travail. Les auteurs reprennent la thèse néo-classique que le report de l’âge de la retraite permettrait une hausse de l’activité, donc une baisse du taux de cotisation favorable à l’emploi des jeunes, tout en reconnaissant que le canal inverse (maintenir des seniors en emploi) nuit à l’embauche des jeunes joue en période de récession (donc de chômage keynésien) et pour les secteurs en stagnation. Faut-il imposer/inciter les seniors à prolonger leur carrière en situation de chômage de masse, en prétendant que la hausse de la population active crée automatiquement de l’emploi ?

Les auteurs remarquent, à juste titre, que la retraite précoce est liée à l’insatisfaction au travail. En même temps, cette insatisfaction se rencontre particulièrement chez les travailleurs, à tâches répétitives, sans autonomie au travail. Changer le travail, repenser les carrières, devrait être une priorité.

Ils montrent que, dans certains emplois, la productivité ne décline pas après 55 ans, mais ces emplois ne sont pas des emplois manuels. Globalement la population de 55 à 65 ans est en bonne santé, mais les disparités sont importantes (page 422) selon le revenu et le niveau d’éducation (qui conditionne en grande partie le type d’emploi).

Les auteurs découvrent qu’être atteint d’une maladie chronique diminue la probabilité d’être un emploi. Ils montrent longuement que le taux d’emploi est relativement faible parmi les immigrés (mais, cet écart se retrouve dans tous les pays européens, que ce soit l’Allemagne ou la Suède, page 430), tout particulièrement parmi les immigrés et surtout les immigrées originaires d’Afrique du Nord, d’Afrique et de Turquie. Il est difficile de faire la part de facteurs objectifs (la non-connaissance du français, l’absence de réseau social, le nombre d’enfants pour les femmes), de facteurs culturels (pour les femmes d’origine non-européenne, encore soumises à des cultures archaïques) et de la discrimination à l’embauche.

Un quitus au projet du gouvernement.

Les auteurs précisent : « notre stratégie générale de réforme consiste à adopter une approche globale et à adjoindre aux éléments impopulaires, mais nécessaires une plus grande transparence, une relation plus étroite entre salaires et prestations de retraite et une protection sensiblement meilleure des actifs à faibles revenus vis-à-vis des aspects du projet qui pourraient menacer leur situation économique et sociale. Dans un contexte de vieillissement de la population, aucune réforme du système de retraite ne peut se faire sans qu’il y ait des perdants. Notre stratégie est de veiller à ce qu’il y ait aussi suffisamment de gagnants, en particulier parmi les personnes qui perçoivent un revenu relativement faible ». Ce dernier objectif est contradictoire puisque qu’une relation plus étroite entre salaires et pension se traduit obligatoirement par une baisse des retraites les plus basses, comme par une mise en difficulté des actifs qui ont du mal à se maintenir en emploi au-delà d’un certain âge.

Les auteurs proclament, page 441 : « le projet de réforme soumis par le gouvernement à l’Assemblée nationale le 24 janvier 2020 qui repose en grande partie sur le rapport Delevoye de juillet 2019, constitue un excellent point de départ ».

Les auteurs rejettent avec raison le recours à la capitalisation qui ferait payer deux fois certaines générations et qui augmenterait l’épargne dans une période où celle-ci est déjà surabondante. Par contre, ils rejettent aussi toute hausse du taux de cotisation retraite, alors même que les actifs ont le droit d’arbitrer globalement entre niveau de la retraite, condition de départ et taux de cotisation, alors même que la hausse des cotisations doit être envisagée si l’objectif du système des retraites doit être de garantir aux retraités un niveau de vie équivalent à celui des actifs.

Les auteurs reprennent du rapport Delevoye la norme absolue de non-augmentation du taux de cotisation retraite fixé à 28,12%. Toutefois, ils proposent d’exprimer directement les droits acquis en pourcentage du salaire moyen, de sorte qu’une année au salaire moyen rapporterait 100 points, et que la valeur d’acquisition des points augmenterait comme le salaire moyen. Cela fournirait, écrivent-ils, une certaine garantie aux salariés. La valeur du point à 64 ans serait fixé, au départ, à 4 euros de façon à ce qu’un travailleur ayant touché le salaire moyen pendant 43 ans touche la pension moyenne, soit 1435 euros (car 1435 = 4 *4300/12), ce qui correspond, le salaire moyen étant de 2424 euros à un taux de rendement de 5,8 % (car 5,8 %=4/(0,2812*2424)).

Le projet reprend l’idée d’un âge minimal de départ à la retraite, avec une surcote pour ceux qui partent au-delà de cet âge (ce qui revient au même, avec une présentation, plus habile qu’un âge pivot). Ainsi, un départ à 62 ans subirait une pénalité de 9% par rapport à un départ à 64 ans et la retraite passerait de 1435 euros à 1243 euros (4100*4*0,91/12), soit une baisse de 12,4%. Ainsi, les salariés qui ne peuvent continuer à travailler après 62 ans seraient libres de prendre leur retraite à cet âge, au prix d’une retraite plus faibles. L’âge minimal de départ à la retraite augmenterait de 2 ans chaque fois que l’espérance de vie augmente de 3 ans, soit de 1 an tous les 10 ans.

Les auteurs refusent toute mesure générale pour les travailleurs qui ont commencé à travailler tôt ou qui ont eu des emplois pénibles : « Fixer l’âge minimal de départ pour les travailleurs qui ont commencé à travailler très tôt ou ont été confrontés à la pénibilité du travail est une affaire complexe. Cette question doit être gérée de manière décentralisée, au niveau sectoriel, par les partenaires sociaux, lesquels ont une bonne connaissance des conditions de travail. Pour éviter que les possibilités de liquidation de droits avant l’âge minimal général n’aient des retombées financières sur l’ensemble du système de retraite, il conviendrait que leur financement soit assuré par des ressources sectorielles entièrement provisionnées ». La neutralité actuarielle signifie ici l’aveuglement devant les différences d’espérance de vie et de capacité à se maintenir en emploi.

La valeur de service du point, serait, selon les auteurs, indexée sur les salaires, mais elle serait corrigée d’un facteur de soutenabilité, l’évolution du ratio entre bénéficiaires et cotisants. La même règle s’appliquerait aux pensions déjà liquidées. L’avantage par rapport au système actuel est certes que les retraités les plus âgés ne subiraient plus de baisse du niveau relatif de leur pension par rapport aux retraités récents. Mais, compte-tenu de l’évolution démographique et de la fixité imposée des taux de cotisation retraite l’évolution de la pension moyenne subirait la même baisse par rapport au salaire moyen que dans le système actuel ou dans le système rêvé par Delevoye. Par rapport au système à prestations définies de jadis, le système serait un système à cotisations définies où l’ajustement porterait sur le niveau des pensions, qui serait la variable d’ajustement du système. Ainsi, l’équilibre financier du système serait automatiquement assuré, ne dépendrait pas de l’évolution de la productivité du travail. Les modalités d’ajustement seraient soustraites du débat public.

Les auteurs imaginent qu’il serait nécessaire de constituer un fonds de réserve pour passer les mauvaises périodes. Ce fonds servirait d’indicateur à un conseil consultatif, composé sur le modèle du COR, pour gérer le facteur de soutenabilité : ils ne précisent pas si ce conseil serait purement consultatif, devrait obéir à des règles strictes ou s’il aurait des marges de manœuvre, comme augmenter les cotisations. Ils oublient qu’un système public de sécurité sociale peut s’appuyer sur la garantie de l’État (comme on le voit en 2020-21) et que des réserves ne sont pas nécessaires. En fait, le système proposé imposerait une baisse des retraites pour reconstituer le niveau des réserves, après une crise économique. Les retraites seraient une variable d’ajustement des finances publiques.

Les auteurs n’ont pas une connaissance approfondie du système français de sorte qu’ils croient que « les éléments redistributifs sont financés par la cotisation déplafonnée (qui n’ouvre pas droit à prestations) prélevée sur les revenus supérieurs au plafond de la sécurité sociale. » ; que le taux de remplacement est actuellement le même pour 80% des salariés ; qu’ils ne voient pas le rôle que jouent le régime général et l’ARRCO pour déterminer le minimum contributif. Cela les amène en particulier à écrire que le minimum contributif décourage l’offre de travail des personnes à faible salaire, comme si certains travailleurs ne faisaient aucun effort pour obtenir une hausse de salaire puisque, de toute façon, celle-ci n’induirait pas une hausse de retraite : les économistes néoclassiques vivent souvent dans un monde imaginaire.

Les auteurs voient que la baisse du niveau des pensions qu’induirait leur système (comme d’ailleurs l’évolution prévue par le COR du système actuel ou le système Delevoye) ferait bientôt passer beaucoup de retraités au minimum contributif (et que celui-ci pourrait passer en dessous du seuil de pauvreté et du minimum vieillesse, l’ASPA). Ils proposent donc d’ajouter des points gratuits aux points obtenus par les 40% de salariés du bas de l’échelle pour « compenser au moins partiellement le fait que ces travailleurs ont souvent un état de santé plus dégradé (et, par conséquent, une espérance de vie plus courte) que les autres » et leur permettre éventuellement de choisir de partir plus tôt à la retraite (mais ils partiraient alors avec un faible taux de remplacement). Ils ne donnent pas de précision sur le montant de ces points.

Les auteurs évoquent vaguement de financer ces points comme les autres éléments redistributifs par « la part déplafonnée des cotisations », sans donner là encore aucune précision sur ce que seraient les plafonds des cotisations et des prestations. Or, le niveau de ces plafonds sont cruciaux à la fois pour évaluer les ressources du système et les risques de développement de systèmes par capitalisation, d’entreprise ou individuel.

Les auteurs proposent une transition en 15 ans, que le rapport Delevoye avait écarté : « Chaque nouvelle cohorte arrivant à l’âge de la retraite percevra une pension égale à x/15 fois la pension due en vertu du nouveau système et à (15-x)/15 fois la pension due en vertu de l’ancien système, étant entendu que x augmente chaque année pour passer de 1 à 15 ». Les simulations avaient montré que ce système n’était pas gérable, demandant des impossibles reconstitutions de carrières, des combinaisons impossibles de droits au départ à la retraite selon l’ancien et le nouveau système. Les auteurs reconnaissent qu’ils n’ont pas examiné le cas de la fonction publique.

Ainsi, les auteurs approuvent fondamentalement le projet de réforme de Macron et du gouvernement d’Édouard Philippe ; ils proposent quelques aménagements, mais ceux-ci ne sont pas susceptibles de faire que le projet recueille un soutien populaire, puisque le niveau des retraites n’est pas garanti et que l’équilibrage se fait toujours par une forte baisse des retraites. Ils oublient les obstacles, sociaux et techniques, auxquels s’est heurté le projet depuis 2017

Les auteurs proposent des mesures visant à augmenter le taux d’emploi des seniors. Certaines ont déjà été mises en œuvre avec peu de succès, comme la retraite progressive. D’autres sont effectivement souhaitables comme l’amélioration de la qualité de l’emploi et le développement de la formation professionnelle ; elles sont peu compatibles avec les politiques gouvernementales de flexibilisation et de précarisation de l’emploi. La réduction des hausses de salaires avec l’ancienneté n’est acceptable que si elle s’accompagne d’une hausse des salaires d’embauche. D’autres sont dangereuses comme des CDD-seniors ou des mini-jobs pour les seniors. Faut-il, comme les auteurs, prendre l’Allemagne comme modèle, pays où les retraités sont souvent sous le seuil de pauvreté, de sorte qu’ils acceptent des emplois précaires et faiblement rémunérés ?

Les auteurs veulent aussi augmenter le taux d’emploi des personnes atteintes de maladie chromique, ce qui les conduit à préconiser, page 464, « de limiter le volet indemnisation et de développer celui de l’insertion », politique injuste s’il en est (prétendre développer l’incitation de personnes malades ou handicapés à travailler en diminuant leurs ressources) et inutile en situation de chômage de masse. Ils fondent un grand espoir sur la téléconsultation pour réduire le coût des maladies chroniques et résoudre la question des déserts médicaux : c’est justifier la disparition des hôpitaux de proximité et la baisse du nombre de lits d’hôpitaux. Pour augmenter le taux d’emploi des travailleurs immigrés et de leurs enfants, ils préconisent le développement des cours de français (en reconnaissant que le problème ne se pose pas en France pour les immigrés en provenance d’Afrique), une politique de lutte contre les ségrégations sociales dans les écoles (en particulier dans les écoles privées), et le développement des études statistiques permettant de mieux distinguer les immigrés et de combattre les discriminations qu’ils subissent. ls oublient que les discriminations à l’embauche diminueraient obligatoirement dans une économie où la demande serait plus dynamique, plus proche du plein-emploi, donc les entreprises moins sélectives à l’embauche, sachant que cette sélectivité pèse aujourd’hui sur les jeunes, les femmes, les immigrés (et leurs enfants) d’origine non-européenne.

Quelques questions problématiques.

Nous terminerons par quelques questions problématiques. Grosso modo, nous assistons à un report des âges de la vie. Les jeunes finissent leurs études 5 années plus tard et l’espérance de vie augmente de 5 ans. Cela posent deux problèmes. Qui prend en charge les jeunes de 18 à 23 ans ? La réponse actuelle est la solidarité familiale, mais beaucoup de jeunes sont dans la pauvreté, puisqu’ils n’ont pas droit au RSA à titre personnel. La solidarité nationale devrait intervenir par un développement des Bourses universitaires et pas une Allocation d’insertion pour les jeunes sans emploi, dont les modalités devraient être socialement réfléchies. Peut-on prolonger de 5 ans l’âge de départ à la retraite ? Cela passe avant tout par une modification de la gestion des âges dans les entreprises, par l’organisation de carrières longues, ce qui entre en contradiction avec l’objectif d’une économie en innovation permanente comme avec la tendance à la précarisation de l’emploi. Il faut éviter d’aller vers un modèle à l’asiatique où les seniors éjectés des entreprises à 50 ans, végètent ensuite dans des emplois précaires.

Faut-il penser comme les auteurs que l’offre de travail des travailleurs détermine l’emploi, de sorte que le report de l’âge de la retraite créerait automatiquement les emplois nécessaires dans un pays où le taux de chômage élargi est de 15% ? Ce n’est qu’en situation proche de plein-emploi que l’allongement de la durée des carrières pourrait être envisagé, sachant qu’il doit être volontaire et ne pas être imposée par une baisse des retraites de ceux qui ne pourraient ou ne voudraient se maintenir en emploi.

Compte tenu des contraintes écologiques et de la saturation des besoins marchands, faut-il vraiment tout faire pour augmenter l’emploi marchand en mobilisant les seniors, les malades chroniques ? Faut-il récompenser par des suppléments de retraite ceux qui restent en emploi jusqu’à 67 ans, qui ont généralement une longue espérance de vie et un salaire important ? Faut-il imposer à une partie importante des seniors, ayant perdu leur emploi, sans espoir d’embauche une période de précarité de 60 à 67 ans ? Il faut leur offrir le choix entre une retraite précoce sans pénalité financière et un emploi de dernier ressort. Par ailleurs, maintenir la possibilité d’une période de retraite en bonne santé, consacrée à des activités sociales ou culturelles, doit rester un objectif du modèle social français.

Henri Sterdyniak

https://blogs.mediapart.fr/les-econ...

NOTES

[1] Voir le rapport, Les grands défis économiques, pages 381 à 492.

[2] Nous nous limitons à la projection la plus réaliste d’une croissance future de la productivité du travail de 1% par an.

[3] Cela a été compensé jusqu’à 2015 par l’arrivée à maturité de certains régimes et par l’arrivée en retraite de plus en plus de femmes ayant eu une carrière complète.

[4] En fait, les personnes de plus de 65 ans avaient en 2018, un niveau de vie médian supérieur de 2 % à celui de l’ensemble de la population, mais inférieur de 3 % à celui des personnes de 30-65 ans. Les classes d’âge défavorisées sont les enfants de moins de 18 ans (niveau de vie médian inférieur de 10,7 % à la moyenne) et les jeunes adultes de 18 à 29 ans (niveau de vie inférieur de 7,9 % à la moyenne). Par ailleurs, les retraités sont plus souvent propriétaires de leur logement, mais ils supportent des primes de complémentaire santé.

[5] Voir : Antoine Bozio et Thomas Piketty, 2008, Pour un nouveau système de retraite, des comptes individuels de cotisations financés par répartition, Éditions Rue d’Ulm, et une analyse critique dans : Henri Sterdyniak, 2009, « Retraites : à la recherche de solutions miracles… », Revue de l’OFCE, n°109. Bozio comme Piketty ont, depuis, critiqué les modalités de la réforme proposé par Macron et son gouvernement.

[6] Aucun ne semble connaître en détail le système français.

[7] Comme le COR, ils renoncent à augmenter le taux d’emploi des femmes pourtant inférieur de 8 points à celui des hommes, sous prétexte qu’il est déjà supérieur à celui de la moyenne de l’UE.

271) Retraites – Nous vivons plus longtemps. Qui est ce « Nous » ?

270) Non, le Covid ne nous oblige pas à réformer les retraites

269) Retraites à 64 ans ? L’appel des insoumis à bloquer Macron 7 juillet 2021

Report de l’âge légal de départ à la retraite à 64 ans ? Le projet serait dans les cartons du gouvernement et pourrait être intégré au prochain Projet de loi de financement de la Sécurité sociale à la rentrée. Après le plus long mouvement social depuis mai 68 et l’arrivée du Covid, le gouvernement avait été contraint de reculer sur sa réforme des retraites. Pour passer en force dans la dernière ligne droite du quinquennat ? La France insoumise (LFI), par les voix d’Adrien Quatennens, Mathilde Panot, Manuel Bompard, Manon Aubry et Eric Coquerel, appelle à bloquer Macron.

Madame, Monsieur,

En 2020, une ample mobilisation populaire et de nombreux mois de grève faisaient reculer le gouvernement sur la réforme des retraites.

Sans que l’on sache à cette heure quelle est l’intention réelle du président de la République, le débat sur les retraites s’est ouvert à nouveau. La presse rapporte que le gouvernement envisagerait un report de l’âge légal de départ à la retraite à 64 ans. Cette disposition pourrait être intégrée dans le prochain Projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS). Pourtant, dans son programme présidentiel de 2017, le candidat Macron s’engageait à ne pas toucher à l’âge légal de départ à la retraite ni au niveau des pensions.

Nous réaffirmons notre opposition totale au rallongement de l’âge de départ à la retraite, quelle qu’en soit la forme, alors que l’espérance de vie en bonne santé a reculé et qu’il persiste un écart d’espérance de vie de 13 années entre les 5% les plus riches et les 5% les plus pauvres et de 6 années entre un cadre et un ouvrier. Alors que la productivité a considérablement augmenté ces dernières décennies, la question du financement de notre système de retraites n’est rien d’autre que celle de la répartition de la richesse produite.

Ce n’est pas aux travailleurs de payer encore alors qu’un ménage français sur cinq déclare avoir connu une baisse de ses revenus pendant la période Covid alors que les plus riches voyaient leur patrimoine augmenter comme jamais. Ce n’est pas aux travailleurs de payer encore alors que les dividendes versés aux actionnaires par les grands groupes continuent d’exploser. Accroître l’âge de départ à la retraite, c’est aussi aggraver le chômage aux deux extrémités de la vie active.

En toute hypothèse, si le président de la République devait confirmer une telle mesure, nous nous y opposerions aussi vigoureusement que nous nous étions opposés à la réforme avortée en mars 2020.

Nous souhaitons voir se former une grande coalition autour des syndicats en premier lieu, associations et formations politiques contre ce projet. Dans ce but, nous avons pris l’initiative et avons proposé à ces interlocuteurs une rencontre à ce sujet.

Pour La France insoumise : Adrien Quatennens, Mathilde Panot, Manuel Bompard, Manon Aubry, Eric Coquerel

268) Pour la première fois, en 2019, le montant des pensions versées a diminué. Reculer l’âge de départ à la retraite aggraverait cela.

« La réflexion sur les retraites devrait plutôt s’orienter vers les moyens d’améliorer les salaires »

vendredi 25 juin 2021, par MARTY Christiane

L’économiste Christiane Marty observe, dans une tribune au « Monde », que pour la première fois, en 2019, le montant des pensions versées a diminué. Reculer l’âge de départ à la retraite aggraverait, selon elle, le phénomène.

Reculer l’âge de départ à 64 ans ou accélérer l’allongement de la durée de cotisation ne feraient qu’aggraver encore la dégradation inquiétante de notre système de retraites. Le rapport annuel du ministère du travail [1] révèle en effet une évolution très préoccupante du montant des pensions : la pension brute de droit direct de l’ensemble des retraités a diminué de 1,1 % en euros constants en 2019 par rapport à 2018. Jusqu’en 2017, elle progressait par le jeu normal du renouvellement de la population : les générations âgées qui décèdent et qui avaient de plus faibles pensions laissent la place à de nouvelles générations ayant bénéficié en moyenne de meilleures carrières, et donc de meilleures pensions ; c’est « l’effet de noria ».

Mais ce mécanisme est devenu insuffisant. Les pensions brutes des retraités ont d’abord baissé du fait d’une revalorisation désindexée de l’inflation : leur pouvoir d’achat a ainsi diminué de 1 % en 2019. Mais ce qui est inédit, c’est que la pension brute moyenne des personnes ayant liquidé leur retraite en 2019 est devenue inférieure à la pension moyenne de l’ensemble des retraités (1401 € contre 1 430 €) ! La pension moyenne des personnes nouvellement retraitées diminuait année après année depuis trois ans. Mais en 2019, elle est passée sous le niveau de l’ensemble des retraités. Un cap symbolique est franchi, qui acte la fin d’une évolution positive assurant jusqu’alors à chaque génération une meilleure pension que celle de la précédente.

Une autre évolution notable concerne l’inégalité hommes femmes. La pension moyenne de droit direct des femmes est, en général, inférieure de 40 % à celle des hommes (28 % si on intègre la réversion). Mais du fait des meilleures qualifications acquises par les femmes au fil du temps, leur pension augmentait et l’écart avec les hommes se résorbait lentement. Les réformes successives ont freiné, si ce n’est quasi stoppé, cette dynamique : au lieu de refléter leurs meilleures carrières, les pensions des femmes qui liquident leur retraite sont juste stables. Sur les 10 dernières années, la baisse de l’écart hommes-femmes est essentiellement due à la diminution des pensions des hommes. C’est l’égalité par le bas…

Situation précaire

Un nouvel allongement de la durée de cotisation accroîtrait cette baisse du niveau de pension pour les futurs retraités, et plus encore pour les futures retraitées. Les conséquences de l’allongement en cours de la durée de cotisation – elle doit atteindre 43 ans pour la génération née en 1973 – sont déjà bien visibles : la part des retraités n’ayant pas réussi à se constituer une carrière complète, n’obtenant donc qu’une pension amputée, s’accroît au fil des ans. Elle était de 39 % des hommes et 46 % des femmes pour la génération née en 1950.

Avec un niveau de chômage durablement élevé, augmenter la durée de cotisation ou reculer l’âge de départ pénaliserait un grand nombre de personnes. Par exemple, 58 % de la génération née en 1946 (54 % pour les femmes) étaient en emploi au moment de liquider la retraite ; les autres étaient soit au chômage (pour près de la moitié), soit en maladie, en inactivité ou en préretraite. Reculer l’âge de la retraite signifierait pour toutes ces personnes la prolongation d’une situation précaire, avec des revenus faibles, voire nuls… Cela reviendrait tout simplement à remplacer les pensions de retraite par des allocations-chômage ou des minima sociaux versés par d’autres caisses de sécurité sociale !

La part des retraités dans la population va augmenter dans les prochaines années. Refuser d’accompagner cette évolution par une augmentation de la part de la richesse produite qui leur est attribuée revient à décider de paupériser les retraités actuels et futurs. Cela a déjà commencé, et ce n’est pas acceptable. Le déficit du système de retraite (13 milliards d’euros en 2020, selon le dernier rapport du COR) est dû au refus obstiné, depuis des années, d’en accroître les ressources. Le Medef, notamment, refuse d’envisager une augmentation des cotisations, car elle impliquerait une augmentation de la part patronale. Pourtant, il existe des marges de manœuvre : le montant des cotisations versées librement auprès des assurances privées représentent, en 2019, près de 14 milliards d’euros.

La réflexion sur les retraites devrait plutôt s’orienter vers les moyens d’améliorer les salaires et la situation de l’emploi – de nombreux besoins sociaux et environnementaux ne sont pas satisfaits –, d’assurer un rattrapage des salaires des femmes et un meilleur partage des richesses produites, toutes pistes qui amélioreraient le financement des retraites.

Christiane Marty (Economiste) .

https://www.lemonde.fr/idees/articl...

267) Retraite à 64 ans ou retraite à 60 ans ?

Depuis que Macron a recommencé un tour de France de propagande pré électorale, la question de l’âge de la retraite est remise sur la table. Le résultat des élections régionales et départementales poussent une partie du gouvernement à proposer un report de l’âge de la retraite à 64 ans. Une façon de couper l’herbe sous le pied à la droite LR qui se sent le vent en poupe. Ne pas sous-estimer la menace c’est construire dès maintenant un mouvement social pour le droit à la retraite à 60 ans. Une bonne manière de rétablir le clivage gauche-droite et d’intéresser une grande majorité d’abstentionnistes.

Alors que la crise sanitaire devait poser la question d’un autre monde mettant l’humain au cœur des politiques publiques, c’est le retour des réformes réactionnaires. Le Conseil d’État a suspendu la réforme de l’assurance chômage avant un jugement sur le fond à intervenir dans plusieurs mois. Qu’importe pour le gouvernement qui annonce maintenir son projet d’appauvrissement des chômeurs indemnisés.

Les droites LR et LREM, c’est la casse sociale

La crise a mis à mal l’emploi dans de nombreux secteurs. Plutôt que de développer un véritable plan de création d’emplois dans le domaine de la transition écologique ou des services publics, le gouvernement réfléchit à reprendre la réforme des retraites. Les syndicats de salariés unanimes s’y opposent, le patronat aussi (lui, il veut en faire un sujet de la présidentielle). Peu importe ! La droite LR se sent le vent en poupe antisocial et Macron a intérêt à en rajouter pour la concurrencer. C’est un des résultats par ricochet des élections régionales et départementales. On avait vu au premier tour que 66% des électeurs s’étaient abstenus, démontrant la profondeur de la crise démocratique, ce n’était pas la préoccupation majeure de Macron. Le second tour, avec 65,7% confirme cet élément central de la situation.

Construire un mouvement social majoritaire

C’est sur le terrain social que doit désormais s’exprimer la majorité sociale de notre pays. Il faut mettre en avant l’exigence d’un droit à la retraite à 60 ans, c’est un pas dans la réduction du temps de travail sur la vie, c’est un pas pour l’emploi partagé et une retraite décente. La retraite à 60 ans c’est du travail pour les jeunes, un vrai combat. Faire de cet objectif la question centrale de la prochaine rentrée sociale. Les organisations syndicales peuvent initier un tel mouvement et le monde associatif et toute la gauche intervenir en soutien.

Se mobiliser par millions sur les retraites aura plus de poids pour installer un vrai choix politique permettant de distinguer la gauche et la droite pour 2022. Cela doit être un point majeur du pacte de législature à conclure entre les forces de gauche. Mais pour y parvenir il y a besoin de la mobilisation de tout le salariat, de la population toute entière.

infolettre de D&S n°461 - 28 juin 2021

266) Réforme des retraites : ils préparent le terrain

Des annonces sur le devenir du dossier de la réforme des retraites pourraient intervenir dès cet été. Une conférence du dialogue social avec les organisations patronales et syndicales est envisagée début juillet. Jean Castex pourrait y dévoiler les intentions du chef de l’État.

Coup de com en direction de sa base électorale ? Ballon d’essai pour tester les réactions ? Préparation des esprits ? Depuis la petite phrase d’Emmanuel Macron, en déplacement dans le Lot jeudi 3 juin à l’occasion de son « tour de France », les vannes des déclarations favorables à un retour d’une réforme des retraites sont grandes ouvertes.

« Je vais devoir prendre des décisions, certaines sur la relance, d’autres difficiles » a lâché le chef de l’État, laissant entendre que sa candidature pour la présidentielle en dépendrait. Puis à propos de la réforme des retraites : « je veux un peu regarder aussi comment le pays avance et ce qu’on est prêt collectivement à faire ». Le chef de l’État a remisé ses annonces à l’été, tout en avançant que la réforme telle que votée en mars 2020 avec l’usage du 49-3 ne pouvait pas « être reprise en l’état ».

Depuis l’abandon du processus parlementaire à l’occasion de la crise sanitaire, le gouvernement joue à « Good cop bad cop ». Dans le rôle du « méchant », Bruno Le Maire, qui au moins une fois par mois depuis l’été 2020 explique la nécessité de faire cette réforme pour rembourse la dette Covid. Dans le rôle des « gentils », Élisabeth Borne et Jean Castex qui affirment que la priorité est l’emploi et la relance économique.

Travailler plus

Changement de ton cette semaine et fini le Good cop bad cop. Si Bruno Le Maire reste sur sa ligne dans une longue interview accordée au JDD, « il faudra […] poursuivre les réformes structurelles : la priorité, ce sont les retraites », il est rejoint par de nombreux ténors de la majorité. Au premier rang desquels, François Bayrou, le président du Modem, commissaire au Plan et premier allié d’Emmanuel Macron. Celui-ci juge « inéluctable » la réforme avec pour argument : « ce sont les pensions qui seront en question ». Moins pressé que le ministre de l’Économie, il pense nécessaire d’en faire un débat pour la campagne présidentielle.

Même timing avec Richard Ferrant, le président de l’Assemblée nationale. Pour lui la séquence 2020 a eu « une vertu : provoquer une prise de conscience collective sur la nécessité de revoir notre système et de travailler plus longtemps pour garantir une retraite à tous », assure-t-il ce dimanche dans une interview à Paris Match. Suite à quoi, « il faudra la remettre sur le métier ». Même son de cloche du côté de l’ancien Premier ministre qui accordait une interview à LCI samedi. Pour Édouard Philippe, « oui il faut penser à l’équilibre des retraites, oui on devra prendre des mesures qui seront peut-être impopulaires ». Et là encore la même ritournelle : « il faudra travailler plus longtemps ».

Pour enfoncer le clou de cette obsession libérale faisant fi de six millions de personnes inscrites à Pôle emploi, Éric Woerth avance ses pions. Dans un entretien à Libération, le président LR de la commission des finances de l’Assemblée nationale assume : « on va devoir continuer à augmenter l’âge de départ ». Au nom d’un « retour à l’équilibre », il « milite pour qu’on aille assez vite à 64 ans, et plus tard à 65 ans », tout en mettant fin rapidement « aux régimes spéciaux pour les nouveaux entrants ».

6 juin 2021 Stéphane Ortega

Pour accéder à la totalité de l’article :

https://rapportsdeforce.fr/classes-...

265) Réforme des retraites : le départ à 64 ans refait surface (juin 2021)

L’Elysée songe à une grande conférence sociale au début de l’été pour dévoiler les contours d’une nouvelle réforme des retraites. Le système à points serait abandonné, mais le recul de l’âge légal de départ est à nouveau envisagé.

https://www.leparisien.fr/economie/...

Le gouvernement étudie des pistes pour relever progressivement l’âge légal de départ à la retraite à 64 ans, contre 62 ans actuellement

Plusieurs scénarios sont d’ores et déjà à l’étude. Mais quelles sont-elles ? On vous les résume :

https://www.linternaute.com/argent/...

L’accélération de la réforme Touraine : instaurée en 2014, elle prévoit une montée en charge progressive, génération par génération, du nombre de trimestres nécessaires pour obtenir une retraite à taux plein, avec pour objectif 43 annuités en 2035. Ses effets sont similaires à celui d’un recul de l’âge légal de la retraite, puisqu’elle incite les actifs à travailler plus longtemps pour éviter de voir leur pension de retraite minorée. Objectif affiché, faire des économies. En accélérant cette réforme, le gouvernement pourrait ainsi financer d’autres mesures relatives aux jeunes, à la dépendance ou à la revalorisation des petites retraites, indique le quotidien économique.

Evolution des régimes spéciaux (SNCF, RATP, industries gazières, etc...) : exit le système universel promis par Emmanuel Macron durant la campagne présidentielle de 2017 (qui visait notamment les régimes spéciaux mais également ceux des professions libérales). Le gouvernement planche sur la suppression des régimes spéciaux, avec une réforme qui ne toucherait que leurs nouveaux entrants. Pareille réforme sera-t-elle pour autant tenable ? La suppression des régimes spéciaux était au cœur des manifestations contre la réforme des retraites à l’automne 2019 et début 2020.

Recul de l’âge légal de départ à la retraite à 64 ans : il est aujourd’hui fixé à 62 ans. Selon une source proche du gouvernement citée par Les Echos, plusieurs mesures sont étudiées comme le relèvement de l’âge de deux ans, à 64 ans (soit par paliers de six mois par an, soit plus rapidement) ou l’augmentation de la durée de cotisation. Objectif affiché, engranger 20 à 25 milliards d’euros par an d’économies.

264) Retour de la réforme des retraites en échange du plan de relance européen

Une information qui devrait faire du bruit : le retour de la réforme des retraites. Vous vous souvenez ? Cette fameuse réforme des retraites qui avait engendrée… le plus long mouvement social en France depuis mai 1968. Un mouvement qui semble aujourd’hui appartenir à une autre époque, celle d’avant le coronavirus. C’est d’ailleurs à l’occasion du premier conseil de défense sanitaire, que le gouvernement avait décidé de brandir le 49.3 pour faire passer en force la réforme des retraites. Le projet de loi organique avait été adopté dans la foulée par les députés et en avril 2020 la réforme des retraites devait être débattue au Sénat. Mais l’exécutif avait décidé de suspendre toutes les réformes en cours avec l’arrivée du Covid-19.

La réforme des retraites fait donc son grand retour. C’est ce que nous révèle le plan de relance soumis par la France à l’Union européenne, que s’est procurée l’eurodéputée insoumise Manon Aubry. En échange des 40 milliards d’euros de subventions européennes, la France s’engage à mettre en œuvre non seulement la réforme des retraites, mais également à durcir sa féroce réforme de l’assurance chômage. L’insoumission vous alertait dans un récent article sur le programme d’Emmanuel Macron pour 2022 : le retour de l’austérité.

Le programme ? Travailler toujours plus longtemps pour une pension toujours moins élevée, et pour enrichir les fonds de pensions BlackRock & Co. Et pour ceux qui auraient le malheur de perdre leur emploi avec l’explosion du chômage qui s’annonce ? Le « resserrement des conditions d’ouverture des droits (au chômage) » et le « durcissement de la dégressivité des allocations (chômage) ». Breaking news : ce sont les premiers de corvées qui vont donc payer la crise.

Pas de retour de l’Impôt sur la fortune (ISF) en vu. Pas de taxe sur les profiteurs de crise non plus, alors que nous venons d’apprendre que les entreprises du CAC40 s’apprêtent à reverser… 51 milliards d’euros à leurs actionnaires. Et en « même temps » réforme de l’assurance chômage et retour de la réforme des retraites ? Emmanuel Macron annonce la guerre sociale en plein cœur d’une crise économique sans précédent. Un « projeeeeet » hautement inflammable pour 2022.

Par Pierre Joigneaux.

263) 2021 Macron veut relancer la loi de destruction des retraites (Jacques Serieys) !

Les proches d’Emmanuel Macron expriment sans cesse leur soif d’imposer leur projet d’intégration des retraites françaises dans le bouillon instable et dangereux du capitalisme financier international. Telle était la volonté du gouvernement d’Edouard Philippe dès le début du quinquennat. Tel était le signal donné par la nomination de Jean-Paul Delevoye, poids lourd des proches du président, pour porter cet objectif. Aussi, le processus d’écriture et de "négociations" a commencé dès 2017.

Malheureusement pour l’exécutif, heureusement pour les futurs retraités, cette loi de destruction du système de retraite héritée du Conseil National de la Résistance, s’est sans cesse heurtée à des obstacles :

- mouvement social intersyndical autour des traminots et cheminots.

- révélation du conflit d’intérêts de Jean-Paul Delevoye

- manifestations déterminées des Gilets Jaunes obligeant le gouvernement à la prudence

- enfin, la loi a été votée en mars 2020 en première lecture à l’Assemblée nationale grâce au 49.3 mais n’a pas été au bout du processus de validation (navette avec le Sénat).

Sur le fond, cette loi a été retardée par l’hostilité d’une majorité de Français contre le travail jusqu’à 67 ans pour bénéficier d’une retraite à taux plein, contre la réduction de la responsabilité de l’Etat dans le paiement des retraites...

Le bouleversement du système de retraites souhaité par le MEDEF et les sociétés d’assurance a donc pris du retard :

- la "gouvernance" du nouveau système de retraite devait être mise en place pour le 1er décembre 2020

- la baisse des retraites enseignantes devait être compensée par une forte augmentation des salaires en janvier 2021

- l’âge pivot à 64 ans devait entrer en vigueur au 1er janvier 2022

Le gouvernement et le MEDEF sont décidés à imposer ce dossier avant la fin du quinquennat.

La presse a, par exemple, rendu compte des interventions de Bruno Lemaire fin novembre 2020 sur le fait que le dossier des retraites restait « une priorité absolue » du quinquennat Macron. Le 14 décembre 2020, ce grand ministre du gouvernement est allé plus loin sur France Info, pointant la nécessité de voir "quand et comment" engager la mise en oeuvre de cette priorité.

Le secrétaire d’état chargé du dossier Laurent Pietraszewski a rappelé ce 24 janvier 2021 face à Jean-Jacques Bourdin que l’exécutif reprendrait le moment venu la réforme, toujours considérée comme nécessaire. Le porte-parole du gouvernement Gabriel Attal a affirmé le même point de vue tout en précisant que le projet redeviendrait une priorité « dès lors que la crise sanitaire sera maîtrisée ».

Pour le gouvernement, le calendrier possible pour gagner est de plus en plus serré. Se croit-il assez fort pour détruire EDF par le projet Hercule tout en cassant les retraites ? Va-t-il tenter un passage en force ce printemps en pleine campagne pour les élections départementales et régionales ? Peut-il repartir à l’assaut cet automne à quelques mois des élections présidentielles ? L’avenir dépendra surtout de notre vigilance et de notre détermination.

Jacques Serieys le 29 janvier 2021

262) Novembre 2020 : Les sénateurs repoussent l’âge de départ à la retraite à 63 ans

261) Réforme des retraites : le Gouvernement s’obstine (analyse CGT)

260) Retraite à points : pensions saignantes ? (Débat des Amfis 2020 avec : Pierre Dharréville (député PCF), Catherine Perret (CGT), Justin Bernard (Collectif Nos Retraites), Clémentine Autain (députée LFI), Marianne Maximi (Conseillère municipale de Clermont Ferrand)

Pour accéder à cette video 259, cliquer sur le titre 259 ci-dessus.

259) Août 2020 : Contre les retraites, les tueurs sont lâchés

Pour accéder à cet article 258, cliquer sur le titre 258 ci-dessus.

258) Non au retour de la "réforme" des retraites (Gérard Filoche)

Pour accéder à cet article 257, cliquer sur le titre 257 ci-dessus.

257) Réforme des retraites : le gouvernement reporte "au moins jusqu’à la fin de l’année" les concertations avec les partenaires sociaux

256) VIDÉO - Retraites : Pourquoi déclarer la guerre sociale au pays ? Adrien Quatennens

Le 8 juillet 2020, Adrien Quatennens interrogeait le nouveau Premier ministre, Jean Castex, alors que le gouvernement a l’intention de remettre à l’ordre du jour la réforme des retraites largement rejetée par les Français.

Pour visionner la video de cette intervention, cliquer sur l’adresse URL ci-dessous :

https://www.youtube.com/watch?time_...

255) Emmanuel Macron ressuscite sa réforme des retraites...dont plus personne ne veut

254) Retraites – Pour un comité parlementaire uni de résistance (LFI)

Communiqué de Jean-Luc Mélenchon, président du groupe La France Insoumise à l’Assemblée nationale :

Macron veut remettre en marche son projet de destruction du droit à la retraite. Je propose l’organisation d’un comité parlementaire uni pour organiser la résistance commune des députés et des sénateurs qui s’opposent à ce projet. De son côté le groupe parlementaire insoumis va demander à rencontrer les syndicats de salariés et les associations professionnelles hostiles à cette réforme.

253) Retraites : Macron veut relancer sa réforme coûte que coûte, les syndicats mettent en garde

252) Le gouvernement va-t-il remettre la réforme des retraites sur la table ? 6 juin 2020

251) Retraite : seulement 98 voix pour adopter la réforme (Jean-Luc Mélenchon)

250) Retraites : Le nouveau texte sous 49.3 (Jean-Luc Mélenchon)

Le gouvernement ajoute à l’autoritarisme des stratagèmes grossiers et déloyaux. Son but est, dans le fracas provoqué par son acte inouï, de passer inaperçu certaines dispositions. Les insoumis ne tombent pas dans le panneau. Le régime doit comprendre que, quoi qu’il fasse, il trouvera toujours en face de lui une opposition inépuisable.

249) Retraites : la CGT cheminots envisage une nouvelle grève reconductible

248) L’assureur AXA l’affirme : La loi retraites, c’est "la baisse programmée des futures pensions"

247) La contre-réforme des retraites et la triple peine pour les métiers pénibles

246) Pourquoi les retraites agricoles sont-elles si basses ?

245) Réforme des retraites : . Un rapporteur abracadabrantesque à l’Assemblée

244) Assemblée : La stratégie LREM de la pleurnicherie

243) Pour nos retraites : la vie plutôt que la bourse ! (ATTAC)

242) Mélenchon DÉGOMME la retraite à points (avec humour) !

241) 49.3 : la grenade de désencerclement est dégoupillée (Jean-Luc Mélenchon)

240) VIDÉO – Retraites : Il faut réduire le temps de travail ! (intervention de Jean-Luc Mélenchon à l’Assemblée)

239) TANT QU’IL LE FAUDRA ! ! ! (Communiqué unitaire intersyndical CGT, FO, FSU, Solidaires, FIDL, MNL, UNL et UNEF)

238) Retraites : le faux problème du financement

237) Toulouse - Meeting contre les retraites Macron avec Jean-Luc Mélenchon et Manuel Bompard

236) Retraites : Paroles trompeuses des personnages officiels

235) Pas de hasard pour ma retraite, je veux savoir quand et avec combien je partirai ! (CGT)

234) Mobilisation générale et nationale le 20 février 2020 contre La Retraite En Moins. Communiqué intersyndical.

233) Retraites : le cri du pays Retranscription et vidéo de l’intervention de Jean-Luc Mélenchon à l’Assemblée

232) Retraites : le braquage à 72 milliards qu’aucun média n’a vu

231) RETRAITES : LES ILLUSIONNISTES DÉMASQUÉS. Le Média

230 DEMOGRAPHIE ET RETRAITE : Libéraux et sociaux-libéraux N’EN FONT PAS ASSEZ ; vers le rétablissement du travail des enfants ? (Robert Mascarell)

229) Retraites : Conférence de presse du groupe parlementaire LFI

228) Retraite : 19 000 occasions d’exiger le retrait (Adrien Quatennens)

227) Savez-vous planter les retraites à la mode Laurent Berger ?

226 La réforme Macron est une équation de type inconnu (Jean-Luc Mélenchon)

225 La retraite par points au doigt mouillé (Jean-Luc Mélenchon)

224 Retraites : un projet de loi « aveugle aux inégalités

223 Retraites : « Ceux qui abîment l’Assemblée, c’est vous ! » (François Ruffin)

222 Retraite : Mélenchon lève un gros lièvre (vidéo)

221) BlackRock : les raisons de la détestation (Jeab-Luc Mélenchon)

BlackRock, qui est-ce ? C’est un géant du capitalisme financiarisé. Un fond de pension qui gère 7 000 milliards de dollars d’actifs... Depuis l’élection de Macron, BlackRock a gagné une influence considérable dans la politique conduite par l’État français. Et la réforme des retraites les intéressait particulièrement. On le comprend : la perspective de voir s’ouvrir une brèche dans les 312 milliards de pensions françaises aujourd’hui gérées par répartition est alléchante pour eux.

220) Travailler plus et pénibilité au travail : « Le recul de l’âge de la retraite, pour nous, c’est criminel »

219) La retraite, patrimoine de celles qui n’en ont pas

218) Gérard Filoche : « Macron veut changer ce pays à la schlague »

217) En lutte dans les incinérateurs de Paris : « Mieux vaut des poubelles dans nos rues que nos retraites à la poubelle »

216) RETRAITES : LE CHIFFRE QUI TUE

1 personne à revenu modeste sur 4 meurt avant la retraite. Oui, vous avez bien lu. On n’est pas tous égaux face à la vieillesse, et certains - les cadres, les riches - profitent beaucoup plus de la retraite que d’autres : les gens au SMIC et en dessous, les ouvriers, les petits employés..

215) MACRON : LA RETRAITE POUR LES MORTS (Jean-Luc Mélenchon)

214) RETRAITES : Pour des jours heureux (vidéo LFI)

213) Salaire différé : « La réforme des retraites n’est qu’un volet d’une baisse générale des revenus du travail »

212) Un tournant : la réforme des retraites a été une déroute intellectuelle pour l’exécutif

211) Même les patrons lâchent Macron (Jean-Luc Mélenchon)

210) 3 au 8 février : La semaine de la lutte de longue durée (Jean-Luc Mélenchon)

209) Les enjeux politiques d’un mouvement social - Contre les réformes de Macron, pour « un monde meilleur » (NPA)

208) Nouveau : les retraités paieront les crises économiques (Jean-Luc Mélenchon)

207) Réforme des retraites : cachez cette capitalisation (Regards)

206) Retraites : le gouvernement manipule encore les chiffres (Médiapart)

205) Le projet de système universel par point doit être abandonné (FO)

204) MACRON ENTERRE LES RETRAITÉS (Henri Sterdyniak)

203) « Best-of » : le Conseil d’Etat flingue la loi retraites (Jean-Luc Mélenchon)

202 Retraites à points : la rigidité néolibérale

201) Pourquoi Macron ne cède pas (par ATTAC)

Il ne cède devant aucune grève. Parce qu’il s’en fout. Il se fout de vous, il se fout du pays, il se fout de la misère et de la pauvreté, il se fout des éborgnés et des amputés par sa police. Il s’en fout. Il détricotera tout jusqu’à la dernière maille sans écouter personne hors ses amis des 1 % les plus riches, sans état d’âme. Il n’a pas besoin de penser trop à son avenir : il est bien assuré de ce côté-là.

Et il terminera en laissant un pays épuisé et exsangue, trop sonné pour se défendre contre le plus violent des systèmes de finance néolibérale qu’on puisse imaginer.

Voilà pourquoi il ne cède pas, et voilà pourquoi la seule façon de le faire céder est de nous montrer plus obstinés, plus jusqu’au-boutistes, plus tenaces.

200) Retraites à points : la rigidité néolibérale

199) VIDEO – Réforme des retraites : une agression contre la République sociale (Jean-Luc Mélenchon)

198) SALAIRE DES ENSEIGNANTS et retraites : LE MENSONGE DE BLANQUER

197) Non, le système de retraite suédois n’est pas un modèle

196) Niches sociales : le patronat doit 10 milliards d’euros à la caisse des retraites

195) LA RETRAITE... ET LE BONHEUR TOUT DE SUITE !

194) Le projet de loi retraites encourage l’épargne-retraite et la capitalisation (ATTAC)

193) En Allemagne, la retraite à points a accru la pauvreté des personnes âgées

192) Retraite par capitalisation : une double peine pour les salariés

191) Retraites : Les mensonges de Macron (Mathilde Panot et Manuel Bompard)

190) François Hommeril, président de la CFE-CGC, s’insurge contre la réforme macronienne monstrueuse des retraites

189) Retraite par points, retraite en moins !

188) La réforme des retraites, fidèle au Conseil national de la Résistance ? Voilà pourquoi c’est faux

187) Bras de fer social sur les retraites : les points de vue croisés de Stéphane Sirot, Jean-Pierre Page et Benoît Foucambert

186) ALERTE ! ARNAQUE SUR LES RETRAITES (Henri Sterdyniak, vidéo)

185) Retraite Macron : "Au nom de l’équité, davantage d’inégalités" (Christiane Marty)

184) Macronistes : Les (dis)simulateurs de retraites

183) Lenglet, Aphatie, Calvi, Brunet... Retraites : violences médiatiques en continu contre les grévistes

182) Insee  : le comité de mobilisation produit une « analyse retraites » qui démolit le projet gouvernemental

181) Financement des retraites : quels sont tous les paramètres à considérer ?

180) Retraites amères pour les classes populaires

Le projet de réforme ne permet pas de garantir une réduction des inégalités. Il existe au contraire de bonnes raisons de penser que celles-ci risquent de s’accroître.

179) Excellente parodie “À cause de Macron” - Retraite des femmes

178) Retraites : La réforme illégitime (POLITIS)

177) L’espérance de vie en bonne santé : « Une retraite tardive, c’est un corps qui s’abîme »

176) Les retraites appartiennent aux travailleurs !

175) Quel horizon ils offrent ? Celui d’une calculette ! (François Ruffin)

174) Tour d’horizon : Retraites, des clefs pour comprendre

173) VIDÉO – RETRAITES : Le ras-le-bol est général ! (Jean-Luc Mélenchon)

172) Retraites : Yvan Le Bolloc’h en colère contre le gouvernement sur BFMTV

171) Les masques tombent "Il faut ouvrir le système de retraite à la capitalisation"

170) Delevoye au placard, sa réforme aussi !

169) Retraites : le braquage à 72 milliards qu’aucun média n’a vu (vidéo)

168) Julie Garnier, LFI : « La réforme des retraites qu’on nous propose, c’est une vraie boucherie »

167) Retraites Contre-projet de La France Insoumise pour des jours heureux

166) LES DIX PIÈGES DE LA RÉFORME MACRON-PHILIPPE

165) Meeting de Jean-Luc Mélenchon sur les retraites ce 18 décembre 2019

164) Avec cette réforme, toutes les retraites des salariés vont baisser, toutes !

163) RETRAITES MACRON : L’ARNAQUE DE L’ÂGE PIVOT

162) Retraite : cadeaux aux riches et déficit organisé (Jean-Luc Mélenchon)

161) Delevoye : Sommet de l’iceberg des relations incestueuses entre macronie, société d’assurances et fonds de pension

160) Précis d’autodéfense pour contrer les mensonges des partisans de la retraite par points

159) Retraites : Face à la guerre de classes voulue par Macron contre tous les salariés (Serge Goudard)

158) Retraites Contre-projet de La France Insoumise pour des jours heureux

157) Réforme Macron des retraites : La funeste histoire de la retraite par points

156) France, l’assaut contre les retraites – Macron face aux grèves et à la rue

155) BLACKROCK. UN GÉANT AMÉRICAIN DE LA FINANCE À L’ASSAUT DES RETRAITES DES FRANÇAIS

154) Serons-nous bientôt réduits à être des points ?

153) Pourquoi la réforme des retraites n’est pas juste

152) "Les régimes spéciaux des patrons du CAC40 sont pharaoniques !

151) Retraites : Édouard Philippe confirme les mauvais coups du rapport Delevoye

150) Gérard Filoche réagit aux annonces d’Edouard Philippe !

149) Blackrock : Les manipulations de Macron pour "piller" nos retraites révélées au grand jour

148) Retraites : touche pas au grisbi ! (François Ruffin à l’Assemblée nationale)

147) VIDÉO – Macron veut la retraite à 64 ans ! (Jean-Luc Mélenchon)

146) Retraites des femmes : en finir avec les inégalités ! (déclaration unitaire

145) Retraites : « Nous n’avons pas de raisons de lâcher un système qui fonctionne » déclare le secrétaire général de Force Ouvrière

144) Je suis pour la fin d’un régime spécial : celui du capital ! (spécial BlackRock) François Ruffin

143) UN TYPHON NOMMÉ MACRON : de Liberté Egalité Fraternité à Liberté Concurrence Finance

142) Inégalités : « La réforme des retraites pénalisera encore plus les femmes » (Le Monde)

141) RETRAITES : UN DÉFICIT IMAGINAIRE POUR JUSTIFIER LA RÉFORME (Henri Sterdyniak)

140) Réforme des retraites : « C’est la plus violente des attaques contre nos vies » (Gérard Filoche)

139) Ne nous laissons pas voler nos retraites ! (Solidaires)

138) Non au projet de retraite universelle par points !

137) Livrer les retraites françaises à la voracité du capitalisme international, voilà la raison de la "réforme Macron"

136) Jeune, voilà pourquoi la réforme des retraites va gâcher ta vie

135) Derrière un discours d’universalité et d’équité, cette réforme vise à détruire notre système de retraite ! En décembre, c’est tous ensemble

134) Retraites à points : tout le monde comprend qu’on va tous y perdre (Jean-Luc Mélenchon)

133) Retraites à points, le dernier coup pour briser la Sécurité sociale ?

132) Inégalités décuplées – Mobilisation contre la réforme des retraites : un enjeu féministe

131) Retraites : contre l’individualisme, nous choisissons la solidarité (appel unitaire LFI, PCF, EELV, NPA, GDS...)

130) Réforme des retraites : « les carrières gruyère des femmes vont se payer cash »

129) Retraites : contre l’individualisme, nous choisissons la solidarité LFI PCF NPA EELV...

128) Entretien avec Sylvie Durand, secrétaire nationale de l’UGICT-CGT, spécialiste des retraites

127) Retraites  : la punition bicarrée (par Jean-Marie Harribey Membre du conseil scientifique d’Attac)

126) RETRAITES : LE VRAI PROJET DU GOUVERNEMENT

125) Les mensonges de la réforme des retraites

124) Réforme des retraites : comprendre l’arnaque en 8 minutes

Pour lire cet article, cliquer sur le titre 124 ci-dessus.

123) Retraites : tous perdants, n’est-ce pas ?! (Adrien Quatennens)

122) Retraites : Alerte à l’enfumage !

Communiqué de presse du groupe parlementaire de La France insoumise.

Il fallait bien tout ce verbiage du premier ministre Edouard Philippe pour masquer l’essentiel dont il ne fût pas question lors de sa prise de parole :

Le gouvernement entend bloquer les ressources pour financer les retraites à 14% du PIB. Or, il va y avoir plus de retraités. Il s’agira donc de partager le même gâteau avec toujours plus de monde à table.

La réforme des retraites concernera tout le monde et tout le monde sera perdant. Selon les projections, s’il devait y avoir des gagnants, ils ne pourraient l’être que de façon anecdotique et temporaire.

Mécaniquement, il faudra travailler toujours plus longtemps pour prétendre à une pension digne et bien au-delà de l’espérance de vie en bonne santé. Mais Emmanuel Macron a déjà pensé à tout, puisque dans la loi Pacte, les systèmes de retraite par capitalisation où chacun cotise pour soi-même en rupture avec le modèle solidaire par répartition sont encouragés.

Les assureurs et les banques attendent cette réforme avec impatience.

La France insoumise proposera un contre-projet de réforme des retraites solidaire visant notamment à assurer le maintien du niveau de vie entre l’activité et la retraite et à garantir la liberté de partir dès 60 ans.

Alors que la productivité a considérablement augmenté, qu’un sénior sur deux n’est plus en emploi à l’âge de partir en retraite et que les jeunes peinent à s’insérer dans l’emploi, nous affirmons que le progrès, ce n’est pas de travailler toujours davantage. Or la retraite par points, c’est le travail sans fin.

121) Henri Sterdyniak : « L’objectif du gouvernement, c’est de baisser les retraites de 20 à 25% d’ici 2050 »

120) Réforme Delevoye sur les retraites : un projet régressif

Pour lire cet article, cliquer sur le titre 120 ci-dessus.

119) Retraites : Et si on GENERALISAIT vraiment le REGIME GENERAL ? Avec un taux de remplacement universel à 75% et à 60 ans ?

118) Destruction du modèle social français : Et maintenant les retraites !

Pour lire ce dossier, cliquer sur le titre 118 ci-dessus.

117) Macron et les retraites : la « méthode » change, le but reste Ni amendable ni négociable

116) Retraites : le gouvernement repart à l’attaque

Pour lire cet article, cliquer sur le titre 116 ci-dessus.

[115) Macron veut « simplifier » les retraites ! C’est-à-dire ? (Adrien Quatennens, 27 juin 2019)

Macron a simplifié le code du travail, maintenant il veut simplifier vos retraites ! « Simplifier » en macronie, vous savez ce que cela veut dire.

Pour visionner la vidéo de cette intervention d’Adrien Quatennens, cliquer sur l’adresse URL ci-dessous :

https://www.youtube.com/watch?time_...

114) Victoire des syndicats croates pour un référendum sur les retraites : il est temps de donner la parole au peuple

Pour lire cet article, cliquer sur le titre 114 ci-dessus.

113) Édouard Philippe vient d’annoncer, à l’Assemblée nationale, la suppression de l’âge de la retraite à 62 ans. Explications.

Pour visionner cette vidéo de la CGT, cliquer sur l’adresse URL ci-dessous :

https://www.cgt.fr/documents/vers-l...

112) Avec Macron, la retraite par points c’est le travail sans fin

Retraites Macron veut plaire à Bruxelles

Lancées à l’automne 2017, les « consultations » organisées par Jean-Paul Delevoye, Haut-Commissaire à la Réforme des retraites, viennent de s’achever. 18 mois pour rien, si l’on en croit les organisations syndicales et patronales qui y ont participé. Rien n’est tranché, tout reste à faire. Pas étonnant, puisque comme toujours, c’est Emmanuel Macron qui décide de tout, tout seul.

Mais Macron tâtonne et navigue à vue. Sur la forme, la date de présentation du projet de réforme n’est toujours pas définie. Sur le fond, les déclarations de son gouvernement ont semé le doute. Jusque chez Jean-Paul Delevoye qui a menacé de démissionner en raison de l’incertitude sur le maintien à 62 ans de l’âge légal de départ.

Mais il s’agit de toutes les façons d’un faux débat car même en maintenant l’âge légal, les décotes amèneront les futurs retraités à repousser l’âge de départ. Quelles que soient les modalités finalement retenues, avec le système par points la logique est simple : faire travailler plus ceux qui n’en peuvent plus. Contrairement à la justice prétendue, la transformation du système par répartition en un système par points accentue à la retraite les inégalités du parcours professionnel. Les femmes, aux carrières plus heurtées, et les jeunes, qui entreront plus tard en emploi, en seront les principales victimes.

Finalement, c’est François Fillon qui parlait le mieux de ce système quand il le défendait devant le patronat, en mars 2016 : « la retraite par points permet de baisser chaque année la valeur du point et donc de diminuer le montant des pensions ».

Défendre et améliorer la retraite par répartition

Les insoumis n’ont pas attendu pour se mettre à la tâche. Un groupe de travail s’est formé, mène ses propres auditions et construit méthodiquement une contre-réforme. Elle vise à permettre par exemple la retraite à 60 ans avec 40 annuités, les pensions minimales au niveau du SMIC ou encore le minimum vieillesse au niveau du seuil de pauvreté et proposera des sources de financement pérennes.

Mais en lisant les « recommandations » de la Commission européenne on comprend que le monarque présidentiel tente d’imposer ce nouveau recul. Elle réclame la réduction de la part des retraites dans le PIB. Pas d’urgence sociale pour les tenants de l’ordo-libéralisme. Pour leur plaire Macron veut défaire notre système de protection. Le 26 mai, sanctionner Macron, c’est sanctionner la Commission et défendre notre système de retraites.

Samy Olivier

111) ALERTE SUR L’ÂGE DE DÉPART À LA RETRAITE (Adrien Quatennens)

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110) Retraites : avec Macron, la fin du droit au bonheur ?

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109) Retraites : la ministre Agnès Buzyn évoque un recul jusqu’à l’âge de 65 ans

La ministre de la Santé Agnès Buzyn a jeté un pavé dans la mare. Elle souhaite proposer "un allongement de la durée du travail" lors des discussions avec les partenaires sociaux dans le cadre de la réforme générale des retraites.

Le candidat Emmanuel Macron avait pourtant promis de ne pas toucher à l’âge de départ à la retraite. La ministre de la Santé indique être favorable "à titre personnel" au recul de l’âge de départ à la retraite à 65 ans : "Je pense qu’un jour, nous serons obligés de travailler plus longtemps sinon notre système de retraite ne pourra pas tenir".

Sa prise de position a immédiatement fait réagir Force Ouvrière et la France Insoumise. "Les masques tombent un peu plus sur les retraites", réagit Yves Veyrier, le secrétaire général de Force Ouvrière qui appelle que l’âge moyen du départ à la retraite (hors départ anticipé) est aujourd’hui de 63,3 ans.

De son côté, la France Insoumise dénonce par la voix de Manuel Bompard une "provocation irresponsable". Le député LFI accuse, lui, le gouvernement de "faire les poches des Français".

Source : https://www.ladepeche.fr/2019/03/18...

108) RETRAITES : MACRON PRÉVOIT DE LES BAISSER DE 24%

107) MACRON et l’argent de votre retraite

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106) Macron... oscar du grand menteur : exemple des retraites

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105) Retraites : 25 ans de régression

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104) Retraite par points : Illusion et hypocrisie

https://www.ensemble-fdg.org/conten...

Depuis 1993, les réformes successives des retraites ont été menées au nom de l’équilibre financier des régimes. Aujourd’hui que le déficit des caisses est en voie de résorption – au prix de la baisse du niveau des pensions et du départ plus tardif en retraite -, c’est la recherche de l’équité qui est invoquée pour justifier une nouvelle réforme. Le projet est de transformer le système actuel par annuités en un régime par points, à vocation universel, qui remplacera les 42 régimes actuels (base et complémentaires). L’objectif annoncé est qu’« à carrière identique, revenu identique, la retraite doit être identique ». Donc, à carrière incomplète et faibles revenus, faible retraite, mais ce sera la même chose pour tout le monde ! Est-ce cela l’équité visée ? Jean-Paul Delevoye, haut commissaire à la réforme des retraites, interviewé sur France Inter le 11 octobre 2018, précisait : « la retraite est le reflet de la carrière, ça, c’est quelque chose qui est juste. Si vous avez une belle carrière, vous avez une belle retraite, si vous avez une moins belle carrière, vous avez une moins belle retraite ».

Quid alors des dispositifs de solidarité ? Ce sont eux qui constituent le socle de la redistribution du système de retraites en faveur des personnes qui n’ont que peu de droits à la retraite car elles n’ont pas eu une activité professionnelle suffisante. Tout le monde, en effet, n’a pas les mêmes possibilités de faire « une belle carrière » et d’avoir de bons salaires, du fait de l’existence de contraintes économiques – le chômage et la précarité sont une réalité -, du fait des normes sociales qui pèsent sur les femmes en leur attribuant la charge de l’éducation des enfants. Les inégalités de pension qui en résultent sont importantes. L’équité doit consister à les prendre en compte et à assurer une pension convenable, y compris aux personnes qui n’ont pas une belle carrière.

Certes, les documents officiels affirment que les solidarités seront consolidées, mais ils indiquent aussi qu’il faut « redéfinir leurs objectifs et clarifier la nature de leur financement ». JP Delevoye demandait : ne relèvent-ils pas plutôt de la solidarité nationale via l’impôt ? La question préfigure la réponse. L’idée est de sortir certains dispositifs du système de retraites et de les faire financer par la fiscalité. Dans le contexte actuel de recherche tout azimut de baisse des dépenses publiques, il y a là un risque majeur de régression.

En outre, il est clairement indiqué que le montant actuel des retraites, qui représente 14 % du PIB, doit être un plafond. Tout d’abord, déclarer que la part des retraites dans la richesse produite ne doit pas croître alors que la part des retraité·es dans la population va augmenter revient à décider de leur appauvrissement. Est-ce là « bâtir un système de retraite fondé sur une solidarité renforcée1 » ?

Ensuite, on ne voit pas bien alors comment on pourrait assurer cette « solidarité renforcée », qui prendra en compte « les interruptions d’activité liées aux aléas de carrière ou de vie », « les carrières longues, les métiers pénibles, le handicap », tout cela à budget constant. On ne voit pas non plus comment les pensions de réversion seraient garanties, comme il a été annoncé : les conditions d’attribution de la réversion varient actuellement selon les régimes (de 50 % à 60 % de la pension de la personne décédée, avec des conditions d’âge ou de ressources différentes) : les harmoniser dans le cadre d’un budget constant signifie mathématiquement qu’il y aura beaucoup de perdant·es !

Le fonctionnement d’un régime par points permet d’éviter le débat public

Dans un régime par points, on accumule des points en cotisant tout au long de sa vie active, les cotisations achetant des points. Au moment de la retraite, les points sont convertis en pension. Il n’y pas de taux de remplacement (rapport entre la pension et le salaire) fixé à l’avance, à la différence du régime de base par annuités qui définit un taux plein que l’on obtient moyennant une certaine durée de cotisation. Un régime par annuités est « à prestations définies », un régime par points est « à cotisations définies » : on connaît le niveau de ses cotisations, mais comme il n’y a aucune notion de taux plein, on n’a pas de visibilité sur sa future pension.

La valeur du point à l’achat, celle du point lors de la conversion en pension ainsi que d’autres paramètres sont réglés chaque année de manière à équilibrer les finances des caisses de retraite. Ce sont des mesures techniques d’ajustement qui sont décidées au niveau des gestionnaires de caisse, ce qui escamote ainsi tout débat public sur l’évolution des retraites et le partage de la richesse produite, d’une part au sein de la masse salariale entre salarié·es et retraité·es, d’autre part en amont, entre masse salariale et profits.

L’exemple des régimes complémentaires Agirc et Arrco qui fonctionnent par points est loin d’être enviable : entre 1990 et 2009, le taux de remplacement a baissé de plus de 30 % dans chacun d’eux, ce qui est une baisse beaucoup plus sévère que dans le régime de base. À l’Agirc, par exemple, la pension des nouveaux liquidants est très inférieure à celle des personnes déjà retraitées, en raison notamment de la baisse du rendement des cotisations au cours des dernières années. En 10 ans, de 2006 à 2016, la pension moyenne de droit direct des retraité·es a baissé de 16,4 %.

Un régime par points ne peut que pénaliser plus encore les femmes, et plus généralement toutes les carrières heurtées

Un régime par points est basé sur une logique purement « contributive », c’est-à-dire qu’il vise à ce que les pensions perçues par une personne pendant sa retraite soient proportionnelles à la somme actualisée de l’ensemble des cotisations versées au cours de sa carrière. La pension reflète ainsi l’ensemble des salaires perçus, et non plus les 25 meilleures années de salaires comme dans le régime général, ou les six derniers mois comme dans la fonction publique. Tant pis alors pour les personnes aux carrières courtes ou avec de bas salaires, elles auront peu de points. On le sait, la mesure de 1993 qui a modifié le calcul de la pension en prenant en compte comme salaire de référence la moyenne des 25 meilleures années au lieu des 10 meilleures auparavant a abouti à une baisse conséquente des pensions des personnes liquidant leur retraite.

Dans la situation actuelle, caractérisée par des carrières de femmes en moyenne plus courtes, assorties de salaires plus faibles et de périodes de temps partiel, les inégalités de pension entre les sexes, alors qu’elles sont déjà importantes et doivent diminuer, ne pourraient qu’en être encore accentuées par rapport au système actuel.

Une simulation réalisée avec le modèle Destinie de l’Insee permet de s’en faire une idée : pour les générations nées entre 1950 et 1960, la somme des salaires perçus au cours de sa carrière par une femme ne représenterait en moyenne que 58 % de celle d’un homme. La somme des cotisations versées par les femmes ne représenterait, de même, que 58 % de celle des hommes et la pension moyenne des femmes serait aussi de 58 % de celle des hommes. Actuellement, la pension moyenne de droit direct des femmes parties en retraite en 2017 représente 69 % de celle des hommes ! (Pour l’ensemble des retraité·es, ce ratio est de 61% : il est plus faible car les inégalités sont plus fortes pour les générations les plus âgées).

Des dispositifs de solidarité bien plus faibles dans les régimes par points

La logique de construction des régimes par points qui vise une contributivité maximale du système n’empêche pas malgré tout, la présence de quelques dispositifs de solidarité dans les régimes complémentaires du système de retraite actuel. Mais ils sont bien moins importants que dans les régimes par annuités. Ils ne représentent que 6,9 % du montant des pensions servies dans ces régimes, contre 23,1 % dans les régimes de base par annuités. De plus, en proportion, ces dispositifs bénéficient moins aux femmes. Notamment, il n’y a pas de minimum de pension (sauf exception).

Dès le premier enfant ?

Selon le dossier de presse publié le 10 octobre, « des points seront accordés pour chaque enfant, dès le premier enfant, afin de compenser les impacts sur la carrière des parents de l’arrivée ou de l’éducation de l’enfant ». L’information « dès le premier enfant » a été commentée par les médias et même par la CFTC comme un nouvel avantage du projet car actuellement ce ne serait qu’à partir du troisième enfant. Mais il y a confusion. Il existe des majorations de durée d’assurance (MDA) qui attribue des trimestres pour chaque enfant, dès le premier. Rien de nouveau donc. On sait que les droits familiaux liés aux enfants permettent de compenser, un peu, les pensions des femmes et ainsi de réduire les inégalités de pension entre les sexes. Il ne peut évidemment pas être question de les réduire lorsqu’on annonce une réforme au nom de l’équité (mais les augmenter n’est pas non plus la bonne solution pour améliorer les pensions des femmes2). L’indication « dès le premier enfant » vise en réalité un dispositif existant qui attribue une majoration de pension de 10 % à chacun des parents ayant trois enfants : les hommes ayant en moyenne des pensions plus élevées, ce dispositif leur bénéficie beaucoup plus qu’aux femmes, alors que ce sont elles qui subissent l’impact des enfants sur leur carrière et leur pension ! Ce dispositif, injuste, représente la somme importante de 9 milliards d’euros, et de l’avis à peu près unanime, ce montant doit être utilisé de manière plus juste. Réparer cette injustice est donc le minimum que l’on attend de toute réforme.

Le libre choix de sa retraite ?

JP Delevoye et les partisans d’un régime par points insistent sur le fait que celui-ci offre « la faculté de choisir le moment de partir en retraite ». On pourrait ainsi arbitrer soi-même le montant de sa pension : si on n’a pas assez de points, on continue de travailler. Quelle illusion… ou quelle hypocrisie ! Lorsqu’on sait que les transitions directes d’une situation d’emploi à la situation de retraite n’existent que pour un peu plus de la moitié des personnes, que les employeurs continuent de se débarrasser des seniors, ou encore que de nombreuses personnes qui ont des métiers pénibles et souvent de faibles salaires (par exemple des métiers comme aide-soignante) ont déjà du mal à attendre l’âge légal de départ, de quelle liberté de choix parle-t-on ?

Une perte de crédibilité du système sciemment organisée

Les arguments mobilisés pour légitimer la nouvelle réforme pointent la perte de confiance des Français·es dans notre système de retraite. Les jeunes notamment sont nombreux à penser qu’ils n’auront pas de retraite. En effet, les réformes passées ont organisé une baisse continuelle du niveau des pensions en refusant d’augmenter les ressources des caisses de retraite, tout en durcissant les conditions pour une pension à taux plein. L’objectif de fond est d’inciter celles et ceux qui le pourront à se constituer un complément de retraite par une épargne individuelle, et de faire ainsi la place aux assurances privées et aux produits financiers. Avec la crise de 2008, qui a entrainé de très sévères baisses de pension pour de nombreuses personnes dans les pays où les fonds de pension sont développés, la promotion de la capitalisation n’était plus à l’ordre du jour. Aujourd’hui, la voilà de retour. Il est prévu dans le projet présenté que les revenus d’activité ne cotiseront plus dans le système commun de retraite sur la partie supérieure à 10 000 euros bruts par mois… et pour ces personnes, il y aura des incitations financières pour l’épargne individuelle. L’étage de capitalisation étant instauré, il suffira ensuite abaisser ce seuil de revenus pour élargir le volume offert au secteur privé.

En conclusion

JP Delevoye, questionné sur les raisons d’une nouvelle réforme, mentionnait que ses amis européens l’interrogeaient de même, en lui faisant remarquer que le niveau des retraites en France était le meilleur des pays européens et que le système est proche de l’équilibre. Alors pourquoi changer ? Oui, bonne question. La réponse donnée par JP Delevoye fut que le système actuel n’est pas adapté au 21ème siècle, car les métiers évoluent, et les régimes professionnels qui voient la baisse des effectifs connaitront des difficultés (médecins libéraux, agriculteurs, …), ce qui risquerait de créer des conflits entre régimes. Piètre argument ! Comme si les métiers n’avaient pas déjà évolué au 20ème siècle : par exemple, les métiers de mineurs ont disparu, c’est la solidarité qui a naturellement joué son rôle pour assurer leurs retraites. Il existe une solidarité horizontale entre les différents régimes, qui prend en compte et compense l’évolution différenciée de la démographie selon les secteurs professionnels. Nul besoin d’un régime par points.

Le système actuel n’est certes pas satisfaisant, avec la baisse programmée des pensions, des inégalités qui doivent être corrigées, et notamment les conditions de pénibilité qui doivent être prises en compte. Mais il est tout à fait possible d’améliorer notre système par annuités, en visant à harmoniser par le haut les différents régimes et en augmentant leurs ressources (voir Retraites, l’alternative cachée3).

Christiane Marty, octobre 2018.

NOTES

1 Dossier de presse du haut commissariat à la réforme de retraites, 10 octobre 2018, page 17.

2 Les droits familiaux qui sont attribués aux femmes en tant que responsables des enfants sont au final contre productifs, car ils les enferment dans le rôle de mères. Ils pérennisent les rôles sociaux inégalitaires qui sont à l’origine des inégalités. S’ils permettent de compenser un peu les pensions des femmes, ils affaiblissent de fait leur droit direct à une pension hors droits familiaux. Voir « Retraites des femmes, un enjeu décisif pour toute réforme », C. Marty, juillet 2018.

3 Retraites, l’alternative cachée, coord. Jean-Marie Harribey et Christiane Marty, Attac Fondation Copernic, Syllepse, 2013.

103) Retraites, la mère de toutes les batailles

Vendredi 24 août, se tenait à Marseille aux AmFis d’été de la France insoumise la conférence « Retraites, la mère de toutes les batailles ».

Cette conférence était animée par :

– Adrien Quatennens, député LFi

– Christine Marty, ingénieure, membre du conseil scientifique d’Attac

– Bernard Borgialli (cheminot, candidat LFi aux élections européennes)

– Christine Poupin (porte-parole du NPA)

Pour visionner la vidéo de ce débat, cliquer sur l’adresse URL ci-dessous :

https://www.youtube.com/watch?time_...

102) Retraite : La grande bataille avec Macron va commencer

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101) Retraites : le vautour Macron

100) Les pensions de réversion, ça craint ! (Jean-Luc Mélenchon)

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99) Retraites : Macron a rendez-vous avec Ubu

98) Vers une suppression des retraites de réversion ?

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97) Avec Macron Retraites à points, retraites en déclin

96) Retraite, le basculement ? (Pierre Khalfa)

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95) Macron : son régime par points prépare l’éclatement du système solidaire

L’exécutif a donné le coup d’envoi, jeudi, à la réforme qui doit être présentée à la mi-2019, et selon laquelle « chaque euro cotisé doit donner les mêmes droits » à pension pour tous. Derrière se profile un régime par points qui prépare l’éclatement du système solidaire.

Emmanuel Macron en avait fait un de ses slogans de campagne pour l’élection présidentielle  : «  Un euro cotisé (doit) donne(r) les mêmes droits  » à la retraite pour chacun. La formule, séduisante car elle renvoie à une apparence d’égalité parfaite, a été explicitée par Jean-Paul Delevoye à l’occasion du lancement, hier, d’une «  consultation citoyenne  » sur la future réforme des retraites, qui doit être présentée à la mi-2019. Le haut-commissaire nommé pour préparer ce chantier confirme qu’il s’agit bien de passer à un «  système par points  ». «  L’objectif est qu’à carrière identique, revenu identique, la retraite soit identique  », a-t-il déclaré dans un entretien publié dans le Parisien-Aujourd’hui en France. L’égalité, à revenus et carrières comparables, donc. Mais comme, dans la vie, les carrières et les salaires ne sont pas les mêmes pour tous – et encore moins pour toutes –, les capacités contributives de chacun, dans ce nouveau système «  à la carte  », seront très différentes d’un individu à l’autre. «  Dire que pour un euro, on aura la même valeur de retraite, c’est passer outre le fait que certain-es gagnent beaucoup d’euros et d’autres beaucoup moins  », a fait ainsi valoir le syndicat Solidaires. Quant à la CGT, elle a réagi hier en estimant que «  les problématiques et les questions posées (dans la consultation – NDLR) sont orientées et les réponses attendues téléphonées  », et en dénonçant une volonté de «  casser notre système de retraite par répartition et solidaire  » et de «  poursuivre la baisse des pensions  ».

1 Un principe faussement juste et inégalitaire

De fait, dans le système à points, quand certains gagneront à peine de quoi cotiser à un taux minimal, d’autres pourront y consacrer une large part de leurs revenus. En clair, plus on est aisé, plus on pourra partir tôt à la retraite et avec une meilleure pension. Ce nouveau système va donc en réalité reproduire, voire amplifier, les inégalités au détriment des salaires les plus faibles et des parcours professionnels les plus chaotiques. Les femmes, les ouvriers, les chômeurs, les malades en seront les premières victimes. «  L’argument selon lequel un euro cotisé donne les mêmes droits, va à l’envers du principe qui veut que la retraite compense un peu les inégalités de salaires et de carrière, relève Henri Sterdyniak, membre des Économistes atterrés. Dans le système actuel, quand vous ne cotisez pas parce que vous êtes malade ou au chômage, vous avez quand mêmes des droits.  » Prévenant les critiques, Jean-Paul Delevoye le promet  : «  Cette réforme maintiendra et consolidera les solidarités qui seront les piliers du nouveau système.  » La majoration pour enfants, la prise en compte des périodes d’invalidité et de chômage, les minima contributifs et la pension de réversion (pension du conjoint décédé versée au conjoint survivant) seront donc conservés dans le nouveau système, mais ces correctifs pourraient être financés par l’impôt, c’est-à-dire par la «  solidarité nationale  » et non par les cotisations. À l’instar de «  la majoration pour enfants (qui) est une politique de caractère familial  », prévient Jean-Paul Delevoye  : logique, d’une certaine manière, puisque ces politiques de solidarité contredisent le principe posé des «  mêmes droits pour chaque euro cotisé  ». Ce qui réintroduit un peu de justice dans des carrières fondamentalement inégalitaires pourrait ainsi ne plus relever de la responsabilité sociale des entreprises, à l’exemple de certains avantages sociaux «  déjà payés par le Fonds de solidarité vieillesse (FSV), donc en partie par la CSG qui le finance, souligne Henri Sterdyniak, et par l’excédent de la branche famille  », dont les ressources sont à 40 % fiscalisées (CSG et autres impôts et taxes) en 2018.

2 la retraite à 62 ans réservée aux plus aisés  ?

Jean-Paul Delevoye abat franchement ses cartes sur un aspect  : «  Dans un système à points, la notion de durée (de cotisation pour partir à la retraite – NDLR) disparaît. C’est votre nombre de points qui vous permet un arbitrage personnel.  » Adieu, les 43 annuités exigées pour des générations nées à partir de 1973. Désormais, chacun fera «  un arbitrage personnel  » en fonction du nombre de points collectés. Dans les faits, ce choix sera là encore réservé aux plus aisés, qui auront les moyens de cotiser vite et beaucoup. Les autres devront arbitrer entre une pension réduite ou la poursuite du travail… à condition d’être épargnés par le chômage. Conséquence, fixer un âge de la retraite n’aura plus de sens. «  L’âge actuel de 62 ans devrait être conservé  », prétend pourtant Jean-Paul Delevoye. Mais il s’agit surtout d’un «  seuil en dessous duquel (les gens) ne peuvent pas partir pour éviter que cela pèse  » dans les comptes, précise le haut-commissaire. «  C’est injuste pour les travailleurs manuels aux carrières longues et pénibles qui ne peuvent pas se maintenir au travail jusqu’à 60-62 ans  », estime Henri Sterdyniak. Pour tous les autres, cet âge légal «  ne garantit aucunement qu’on parte à 62 ans  », souligne encore l’économiste.

3 Un niveau de pension qui ne sera plus garanti

«  Dans le système par points, le niveau des retraites n’est pas garanti par un taux de remplacement (le taux de la pension calculé par rapport au salaire de référence-NDLR) comme dans le système actuel  », poursuit Henri Sterdyniak. C’est même tout l’inverse  : alors que le système actuel est dit à «  prestations définies  », c’est-à-dire qu’«  il garantit un niveau de pension au moment du départ à la retraite  », explique la CGT, le système par points renverse la logique, puisqu’il s’agit d’«  un régime à cotisations définies (qui) garantit un plafond de cotisation  ». Dès lors, ce ne sont plus les actifs qui supportent les aléas financiers du système grâce au réglage de paramètres comme l’âge de départ, la durée de cotisation, le salaire de référence ou encore le taux de cotisation, mais les retraités eux-mêmes, pour lesquels «  le niveau des prestations (...) est imprévisible à long terme  », poursuit le syndicat. En d’autres termes, le niveau de pension peut baisser en cours de retraite en cas de choc économique ou démographique. «  Dans les systèmes envisagés, on saura ce qu’on paiera chaque année, mais on ne saura qu’à la fin ce qu’on aura comme retraite  », résume l’union syndicale Solidaires.

4 Un système à deux vitesses avec les fonds de pension

Le système à la suédoise qui fait la part belle à la capitalisation, «  ce n’est pas du tout notre philosophie  », jure le haut-commissaire, qui se prononce pour le «  maintien d’un système de répartition par cotisation couvrant un maximum d’actifs  ». En apparence, l’essentiel est sauf, et les fonds de pension ne sont pas pour demain. En apparence seulement… Car «  la question se pose pour les plus gros salaires qui excéderaient un certain plafond  », concède Jean-Paul Delevoye. Ceux qui gagnent 120 000 ou 160 000 euros annuels ou davantage pourraient être éligibles à une «  épargne individuelle, éventuellement en capitalisation  ». Même si cela ne concerne que «  200 000 à 300 000 personnes  », le problème serait alors que ces très hauts revenus ne voient plus l’intérêt de cotiser au «  système universel  » à partir du moment où ils tireraient l’essentiel de leur retraite des fonds de pension. «  La grande idée, c’est d’attirer les traders de Londres en fixant un plafond au-delà duquel ils seront exonérés de cotisation. Le risque est alors que s’instaure un système à deux vitesses, avec l’abaissement progressif de ce plafond, qui permette à de plus en plus de gens de sortir du régime universel  », commente Henri Sterdyniak.

Le medef en renfort de macron, veut «  aller vite  »

«  Il est urgent d’aboutir avant 2019  », expliquait, fin mars, Claude Tendil, vice-président du Medef. En somme, détaillait le Monsieur social de l’organisation patronale, il suffit d’ «  inciter les assurés à partir plus tard que l’âge légal  » en instaurant «  une nouvelle décote suffisamment forte  ». De son côté, Jean-Charles Simon, candidat à la succession de Pierre Gattaz, estime qu’il faut carrément supprimer les cotisations Agirc/Arrco au-delà de 3 310 euros de salaire brut mensuel. En clair, exonérer les plus riches de la solidarité et alléger, encore, les entreprises de cotisations. Une «  économie  » qu’il chiffre à 25 milliards d’euros. Quant aux favoris, Alexandre Saubot et Geoffroy Roux de Bézieux, s’ils entendent conserver le système des complémentaires, ils se laisseraient bien tenter par un financement par fonds de pension.

Sébastien Crépel, L’Humanité

94) Retraite par points : une régression inégalitaire !

Prévue pour 2019, la réforme des retraites instaurerait la « retraite par points » que les travailleurs collectionneraient tout au long de leur carrière et qui donneraient droit à un certain niveau de pension. Lequel serait calculé en fonction de l’espérance de vie moyenne d’une génération. Quel est le sens d’un tel indicateur quand on sait que treize années d’espérance de vie séparent les 5 % les plus pauvres des 5 % les plus aisés ?! Baser la valeur d’un « point » de retraite sur la moyenne conduirait à favoriser les seconds au détriment des premiers !

Quant à l’ambition d’Emmanuel Macron de construire une retraite « universelle » en unifiant tous les régimes existants, elle passe sous silence les arbitrages que cela va nécessiter : cette harmonisation va-t-elle se faire vers le haut, ou au contraire ramener tout le monde au niveau des régimes les moins avantageux ? Qu’en sera-t-il de la diversité des situations, la dangerosité des métiers et les inégalités entre catégories socio-professionnelles ?

Sous couvert de simplification, « d’égalité » et « d’universalité », cette réforme va donc faire travailler tout le monde plus longtemps et réduira les niveaux de pension. Une telle incertitude sur le montant de la retraite et l’âge de départ est une atteinte au système de retraites par répartition et une incitation à recourir à la retraite par capitalisation pour celles et ceux qui en ont les moyens.

La France insoumise défend quant à elle le renforcement du système par répartition et la solidarité intergénérationnelle : la retraite à 60 ans à taux plein, 40 années de cotisations et la revalorisation des pensions au niveau du SMIC, et du minimum vieillesse au niveau du seuil de pauvreté. L’égalité salariale entre les femmes et les hommes, la mise en place d’une contribution de solidarité sur la fortune et les revenus financiers des entreprises, la hausse des salaires ainsi que la fin de certaines exonérations fiscales sont autant de mesures qui permettraient de financer une retraite vraiment égalitaire, aux antipodes des propositions du Président des riches.

Communiqué du groupe parlementaire de la France insoumise

Source : https://lafranceinsoumise.fr/2018/0...

93) Macron : des retraites par points ? Pour mieux baisser les pensions ?

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92) 10 millions de retraités en colère : Manifestons dans toute la France ce 15 mars 2018 !

15 mars 2018 Forte mobilisation des retraités Appel intersyndical

Au 1er janvier 2018 la CSG a augmenté de 1,7 point. Une augmentation de 25 %, pour la plupart des retraités, provoquant une baisse nette des pensions de plusieurs centaines d’euros par an.

Quelques exemples de baisses de pensions :

Un couple de retraités, Anne, ancienne infirmière en hôpital avec 970 € de pension, et Jean, ancien employé municipal avec 1010 €, tous deux en dessous du seuil de pauvreté, perdent ensemble 34 € par mois et 404 € par an.

Avec une pension de 2000 € par mois, Jean-Pierre perd, rien que pour sa retraite complémentaire, plus de 200 € par an.

Nous avons connu les blocages des pensions, des sous indexations, jamais une telle amputation !

Cette nouvelle baisse des pensions s’ajoute à une liste déjà longue de diminution du pouvoir d’achat des retraités : la CASA de 0,3 %, la suppression de la 1/2 part fiscale pour les veuves et veufs, la fiscalisation de la majoration familiale et le blocage des pensions pendant 4 ans.

Et comme si ça ne suffisait pas, la pension de 2018 sera à nouveau gelée et les complémentaires bloquées pour très longtemps. Le 1er janvier, arrivent les augmentations des complémentaires santé, du gaz qui prend 6,9 %, du forfait hospitalier qui passe à 20 €, des taxes sur le carburant...

D’autres choix budgétaires sont possibles

La suppression de l’ISF pour les patrimoines boursiers et la mise en place d’une taxation plafonnée à 30 % pour l’imposition des dividendes représentent 4,5 milliards d’euros de cadeaux faits aux plus fortunés. Ensuite, le gouvernement met en avant le déficit budgétaire provoqué par lui-même avec de telles pertes fiscales pour imposer de la rigueur et de l’austérité au reste de la population. C’est dans ce cadre qu’intervient la hausse de la CSG.

En France, les 39 milliardaires en dollars ont vu leur fortune grimper de 21 % au cours de cette seule année 2017, atteignant, au total, 245 milliards. Sur les vingt dernières années, les dix plus grandes fortunes françaises ont augmenté de 950 % ; bien loin des 35 % d’inflation dans la même période. Les profits du CAC 40 ont progressé de 27 % cette année, bien loin de la progression des salaires et des pensions.

La pension du retraité n’est pas une allocation sociale ni une variable d’ajustement mais un droit acquis par le travail.

Dans toute le France, en manifestant le 15 mars vous montrerez au gouvernement votre refus total de tels choix budgétaires.

Les retraitées et les retraités ne sont pas des privilégiés !

Non à la hausse de la CSG

Non à la baisse des pensions

91) La baisse de la retraite complémentaire des contractuels annonce la future réforme des retraites prévue par Macron

La CGT appelle le monde du travail à la plus grande vigilance, dès le début de la concertation sur la réforme des retraites Macron prévue en 2018, et présentera des propositions de progrès social pour garantir l’avenir du système de retraite.

90) Les 16 millions de retraite -e-s de ce pays EN ONT ASSEZ

Non seulement nos pensions sont bloquées depuis maintenant plus de 4 ans, mais s’ajoute a cela l’annonce de l’augmentation de 1,7 point de la Contribution sociale généralisée (CSG) pour les pensions égales ou supérieures a 1 200 Euros pour un célibataire, bien moins pour un couple, ce qui ne peut avoir pour effet que de détruire un peu plus la protection sociale.

Les « efforts », comme vous dites, les retraite -e-s les ont déjà faits : Il y a eu les 0,3% de la CASA, la suppression de la 1/2 part fiscale pour les personnes vivant seule ayant élevé au moins un enfant, la fiscalisation des majorations familiales, et, cerise sur le gâteau, la baisse annoncée de 5 Euros des APL... pendant que les personnes vraiment riches vont bénéficier de la baisse de l’ISF, de l’impôt sur les sociétés a 28 %, de l’impôt sur les revenus du capital.

89) La retraite à points de Macron a été appliquée en Suède. Elle a abouti à une baisse des pensions

Pour lire ce texte, cliquer sur le titre 89 ci-dessus.

88) Fonds de pension : Le piège des retraites par capitalisation

Pour lire ce texte de Jean-Luc Mélenchon, cliquer sur le titre 88 ci-dessus.

87) Mesures Macron : Les dangers de la retraite à points

Pour lire ce texte de Jean-Luc Mélenchon, cliquer sur le titre 87 ci-dessus.

86) CSG : Macron va-t-il faire les poches des retraités ?

85) Non a la baisse de 1.7 % des retraites au programme de Monsieur Macron

84) Macron déclare la guerre aux retraites

83) Le pire des programmes contre les retraites : Macron

Pour lire ce texte de Jean-Luc Mélenchon, cliquer sur le titre 83 ci-dessus.

82) Les retraites restent le sujet brûlant de 2017 (Jean-Luc Mélenchon)

Le rétablissement du droit à la retraite à 60 ans avec 40 annuités de cotisation est récurrent dans mes discours. Ce fut le cas une fois de plus à Brest. J’y reviens. J’insiste : la question du droit à la retraite n’est pas une affaire secondaire dans l’élection qui vient. Il y a tout lieu d’être mobilisés sur cette question. Les trois derniers quinquennats forment une seule et même vague régressive dans ce domaine. Et ce alors même que les candidats n’en avait rien dit avant l’élection.

En 2003, la réforme Fillon a allongé la durée de cotisations de 37,5 à 41 ans pour les fonctionnaires et de 40 à 41 pour les salariés du privé. En 2010, la deuxième réforme Fillon a supprimé la retraite à 60 ans et reporté l’âge de départ à 62 ans. Et, en 2013, la réforme Hollande-Tourraine a encore allongé la durée de cotisation de 41 à 43 ans. Deux de mes concurrents étaient à ce moment-là ministre et secrétaire-général adjoint de l’Elysée. Les deux ont précisé leur position en cours de campagne. Le premier a dit qu’il ne toucherait pas à la situation actuelle et a donc confirmé le régime à 43 annuité et 62 ans pour partir. Le second, avec ses formules volontairement incompréhensibles sur France 2, a opté pour une mesure radicale : la retraite par point. La fin du régime des retraites par répartition emballé dans une formule « pour chaque euro cotisé, le même droit » ! Je vais y revenir.

Ce n’est pas le seul qui ait précisé sa menace avant l’élection. Raison de plus de se méfier. Le plus brutal est évidemment François Fillon. Après avoir été le premier liquidateur des droits à la retraite depuis 10 ans, il veut remettre cela. Il ne propose rien de moins que d’obliger tout le monde à travailler trois ans de plus. Il veut ainsi porter l’âge légal de départ de 62 à 65 ans ! Ce serait même 70 ans pour pouvoir partir sans décote lorsqu’on n’a pas toutes ses années de cotisations !

Pourtant, son bilan est déjà catastrophique. Car l’un des principaux effets de la réforme Fillon de 2010 supprimant la retraite à 60 ans aura été… d’augmenter le chômage des personnes âgées de 60 ans ! C’est que montre une étude du Ministère des affaires sociales d’octobre 2016. Sa direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (DREES) a calculé que désormais, « près d’une personne sur trois n’est ni en emploi, ni à la retraite aux alentours des 60 ans » ! Elles sont soit au chômage soit en invalidité ! Et on compte désormais dix fois plus de chômeurs de plus de 60 ans aujourd’hui que du temps de la retraite à 60 ans.

Ce n’est pas tout ! Cette affaire a un coût humain supplémentaire ! Le Ministère des affaires sociales estime que la réforme Fillon aura fait exploser le nombre d’invalides. Il y en aurait près 150 000 de plus qu’il ne devrait y en avoir aux conditions antérieures ! Evidemment il y a aussi un coût financier : 1,2 à 1,5 milliards d’euros supplémentaires servis en pensions d’invalidité ! Sans oublier 80 000 personnes aux minimas sociaux de plus pour un coût de 600 millions d’euros supplémentaires. Voila le bilan de Fillon : vider les caisses de l’invalidité, du chômage et des minimas sociaux pour espérer remplumer celles des retraites ! Une politique de gribouille qui a pour premier effet d’augmenter la misère et l’injustice pour ceux privés du droit au départ à la retraite à 60 ans.

Emmanuel Macron est plus sournois. Mais pas moins menaçant pour autant. Déjà dans l’Obs en novembre dernier, il envisageait à haute voix la retraite à 67 ans : « certains veulent la prendre à 60 ans, d’autres à 65 ans, d’autres encore à 67. Il faut pouvoir moduler selon les individus et les situations ». Dans Le Parisien de ce jeudi 2 mars, il dit finalement ne pas vouloir toucher à l’âge légal de départ. C’est donc d’abord qu’il garde la retraite à 62 ans comme Hollande. En plus, il ne s’engage pas à ne pas allonger la durée de cotisation au-delà des 43 ans. Il explique même que c’est « la vraie question ». Et il annonce une « réforme structurelle ». Il n’utilise pas le mot mais sa proposition ressemble fort à la retraite par points. C’est-à-dire un système où le montant de votre retraite ne dépend pas du montant de votre salaire mais de la valeur du « point » au moment où vous partez. Je résume à grands traits. Premièrement, vous cumulez vos points au cours de votre carrière. Deuxièmement, la valeur du point varie d’une année sur l’autre selon le nombre de cotisants, de partants à la retraite, le déficit ou l’excédent des caisses de retraites etc. Qu’il y ait beaucoup de partants en retraite l’année où vous partez et votre retraite risque d’être amputée par la baisse de la valeur du « point ».

La fourberie n’est pas que chez Macron. Elle est évidemment aussi chez Le Pen. Officiellement, Mme Le Pen copie notre proposition de retraite à 60 ans avec 40 années de cotisation. Mais chaque fois qu’elle s’exprime sur le sujet, elle ouvre la porte à des « sacrifices » supplémentaire et prépare les esprits à son futur reniement. J’ai déjà eu l’occasion de le dire sur ce blog. Je l’ai redit à France2. Mme Le Pen a pu compter sur ses avocats M. Lenglet et Mme Salamé pour continuer de faire croire qu’elle défend les salariés. On a même vu Mme Salamé mettre en doute la citation que je faisais des propos de Mme Le Pen. Revoici donc la citation exacte : « Si des sacrifices doivent être demandées aux Français, alors il faudra leur demander des sacrifices en matière d’allongement de la durée du travail, quand toutes les autres économies auront été faites ». Et comme Mme Salamé laissait entendre que c’était un propos ancien que je citais, je donne à présent la référence qui me manquait lors de l’émission. Mme Le Pen a tenu ces propos sur Europe1 et Itélé, le 13 février 2017, une semaine après avoir présenté son programme présidentiel et dix jours seulement avant que Mme Salamé ne la défende sur le service public. Mme Salamé faisait pourtant comme si elle était certaine de son propos. Honnêteté intellectuelle, quand tu nous tiens !

Enfin, je ne peux finir sans dire un mot du candidat du PS. Lui non plus ne veut pas rétablir la retraite à 60 ans. Il l’a dit explicitement le 25 janvier dernier lors du débat de l’entre-deux tours de la primaire PS sur TF1 et France2. La question de la journaliste était très simple : « Revenez-vous sur l’âge légal du départ à la retraite qui est de 62 ans ? ». La réponse des deux finalistes a été très claire : « non ». Mes facétieux camarades ont retrouvé la vidéo d’un échange entre lui et moi dans une manifestation de 2010 contre la réforme Fillon. Il affirmait alors catégoriquement que le PS restait pour la retraite à 60 ans. Hollande ne l’a pas rétablie en 2012. Le candidat y a donc officiellement renoncé en direct sur TF1 il y a un mois. Vous voilà prévenus.

J’ai aussi entendu que la retraite à 62 ans et avec 43 annuités de cotisations serait une moindre souffrance du fait de l’instauration du compte pénibilité inventé par Hollande. Ce compte est une arnaque. Il faut travailler 25 ans sur un métier pénible pour avoir le droit de cotiser seulement deux ans de moins avant de partir à la retraite. C’est-à-dire qu’en 2035, si on a travaillé 25 ans sur un métier pénible, on pourra partir avec 41 ans de cotisation. C’est-à-dire qu’on pourra partir avec la même durée de cotisation qui était exigée en 2012 avant que Hollande n’allonge la durée de cotisation à 43 ans ! Et ceux qui n’auront pas toutes leurs cotisations ne pourront toujours pas partir à 60 ans, même avec une décote !

Sur la retraite, mieux vaut s’en tenir à des choses claires et simples qu’inventer des usines à gaz pour accompagner des régressions. Ceux qui veulent la retraite à 60 ans et la réduction du nombre d’année de cotisation exigées de 43 à 40 annuités savent qu’ils peuvent vraiment compter sur le bulletin de vote à mon nom.

81) Retraite : La droite prône le pire pour les autres, le meilleur pour soi (exemple d’Alain Juppé)

80) Fillon, Juppé, Sarkozy : SUS AUX RETRAITES !

Nicolas Sarkozy veut reporter l’âge de départ en retraite, de 62 à 64 ans. Alain Juppé et François Fillon en rajoutent : ils veulent le fixer à 65 ans.

Quelle mouche les pique donc ?

L’avenir des caisses de retraite est-il à ce point en danger ? Que non d’après les documents établis par l’INSEE selon lesquels les besoins vont baisser à l’horizon 2060 pour revenir au niveau de 1990, soit 11,2 % du PIB !

L’alignement sur l’âge de départ en retraite en Allemagne est-il un argument acceptable ? Que non ! D’une part, l’argument d’une faible natalité ne correspond pas à la réalité française. D’autre part les salariés allemands peuvent prendre leur retraite à 63 ans s’ils ont cotisé trente-cinq ans.

79) Alain Juppé : la retraite à 65 ans, priorité des priorités

Premier ministre en 1995, Alain Juppé avait mené une bataille terrible pour imposer un large recul des droits à la retraite, particulièrement recul de l’âge de départ en retraite et suppression des régimes spéciaux.

Aujourd’hui candidat à la primaire de la droite pour 2016, bénéficiant, semble-t-il, de sondages très favorables parmi les électeurs, quelles sont ses nouvelles priorités des priorités, s’il est élu Président de la République en 2017 :

- décaler l’âge légal de la retraite de 62 ans à 65 ans.

- "harmoniser" les régimes de retraite dans le privé et le public d’où suppression des régimes spéciaux et alignement du calcul des droits des salariés de la fonction publique sur 25 ans de cotisation.

78) Le Comité de suivi des retraites veut poursuivre les contre-réformes

Juillet 2016 : À la suite de la remise du rapport du Comite d’Orientation des Retraites au premier ministre, l’institution a émis des observations qui visent à continuer le sabordage du système par répartition.

77) Retraites complémentaires Le Medef fait encore reculer l’âge de départ à la retraite

Le MEDEF veut pénaliser les salariés partant avant 64 ans contre 62 aujourd’hui. Le gouvernement a déjà promis 2 milliards d’euros d’économies à la Commission européenne sur le dos des salariés.

- A) Ce que dit le triste "accord" que la CFDT, la CGC et la CFTC paraissent valider. Honte à eux !

- B) L’âge de la retraite ne peut reculer à 64 ans comme le demande le MEDEF ? (par Gérard Filoche)

- C) Déclaration du bureau confédéral CGT

76) Retraites complémentaires : vers la retraite à 64 ans ? (Jean-Luc Mélenchon)

75) La bombe à fragmentation des lois retraite

Selon une étude de la Drees ( Direction de la recherche, des études, de l'évaluation et des statistiques), le taux de remplacement du salaire 
par la retraite recule au fil des générations. Conséquence directe 
des contre-réformes libérales.

74) Retraites été 2015 Le MEDEF pousse au sabordage maximum

73) 27 mai 2015 : Le Medef lance des bâtons de dynamite sur les retraites complémentaires

72) Medef : toujours moins pour les retraités (départ à 67 ans, baisse des complémentaires et des reversions...)

71) Retraite : Pas avant 67 ans pour une pension complète ! exige le MEDEF (février 2015)

70) Rapport sur l’ARRCO et l’AGIRC : la Cour des comptes porte-parole du Medef (CGT)

69) Hollande a fait voter son injuste loi retraite. Nous ne l’accepterons jamais ! (Jacques Serieys)

En France, on ne peut être socialiste sans défendre les grands acquis de 1905, 1936, la Libération et 1981. Tous les gouvernements de gauche ont fait progresser les retraites.

Et puis patatras ! Il a suffi d’un François Hollande qui n’a jamais été socialiste, d’une Marisol Touraine trop riche pour prendre en compte les pauvres, de députés bénis oui oui pour balayer plus d’un siècle de combat social, pour donner raison momentanément au Tous pourris !

Il est vrai que le capital financier, le patronat (français et international) comme la droite mènent bataille depuis 20 ans pour fragiliser la capacité du système de retraite par répartition à garantir le niveau des pensions. Pourquoi ? parce que les institutions financières ont des produits d’épargne à placer et demandent pour cela à leurs toutous comme la BCE... de fragiliser la couverture solidaire.

J’ai honte pour les familles dont je sais les énormes privations impliquées par la grève en 1995, 2003 puis 2010 mais qui poursuivaient la lutte pour ne pas perdre ce que nos anciens avaient eu tant de mal à conquérir.

J’ai honte pour nos enfants et petits enfants si nous n’arrivons pas à balayer ces banquiers vampires qui passent des grandes banques à la BCE, des grands partis de pouvoir aux gouvernements. En gros, un salarié partant à la retraite en 2015 va toucher 20% de moins qu’un salarié dans la même situation en 2000 : 60% du dernier salaire contre 80% en 2000.

J’ai honte pour les adhérents socialistes de base qui ont voté systématiquement et benoîtement l’inverse dans tous les congrès depuis 50 ans.

Il est vrai qu’un acquis social demande à évoluer fonction de nouveaux contextes. La question centrale demeure : Qui profite de cette évolution ? Cette loi Hollande Ayrault ne bénéficie en aucune manière au peuple.

Depuis 30 ans, le grand capital et les droites poussent dans tous les pays européens à une baisse des retraites par répartition pour favoriser celles par capitalisation. Pourquoi ? pour garantir les intérêts du capital placé, pour élargir la sphère économique du marché. Le social-libéralisme leur a emboîté le pas ; dans les années 1997 à 2000, une grosse partie des dirigeants et élus du PS souhaitaient une loi retraite instaurant un "troisième étage" constitué par de la capitalisation ; c’était le cas en particulier de la Commission Europe dirigée par Pierre Moscovici.

En France, cette baisse des retraites par répartition est déjà une réalité. Les pensions ont diminué de 9% entre 1993 et 2003 (source COR), estimée à 8% entre 2003 et 2011 (FO) ; selon le COR encore, elles doivent s’effondrer de 25,5% d’ici 2060 par la seule application des réformes de 2003, 2010 et 2013.

De plus, les contre-réformes de Chirac, Sarkozy, Hollande volent sept ans de retraite aux salariés ; les meilleures puisque la santé se détériore à partir de 59 ans pour les ouvriers, de 70 ans en moyenne pour l’ensemble des Français.

Durant les 30 dernières années, les rentiers ont pris 200 milliards d’euros dans les poches des salariés. Les retraites de ces derniers en étaient déjà automatiquement affectées. Le décompte des meilleures années passant de 10 à 25 en 1995 avait eu des conséquences négatives immédiates. La fin de l’indexation des retraites sur les traitements n’avait rien arrangé. L’augmentation du nombre d’annuités de 37,5 à 42 les pénalisaient aussi considérablement dans cette époque de plans sociaux, de chômage, de contrats à durée déterminée... Vu que ce sont les mêmes qui meurent les plus jeunes et donc profitent le moins de leur retraite, l’injustice est énorme, tellement énorme qu’elle est inadmissible !

Les parlementaires qui ont avalisé et aggravé cela ne sont pas de gauche malgré leur petit baroud d’honneur de la dernière nuit ! Il est vrai que leurs origines sociales et leurs revenus ne les intègrent pas dans le monde du travail, à part cas rare. Je n’admets pas qu’ils n’aient même pas la reconnaissance du ventre. Qu’est-ce qui a permis au Parti Socialiste de revenir au pouvoir au printemps 1997 sinon l’ampleur de la grève générale contre le plan Juppé en décembre 1995 ? Qu’est ce qui a permis le raz de marée rose lors des cantonales et régionales (20 régions sur 22) de 2004 sinon les 140 jours de lutte, 11 journées nationales de grève enseignante, 9 journées interprofessionnelles de lutte de 2003 ? Qu’est-ce qui a permis les victoires électorales des présidentielles et législatives de 2012 sinon les huit millions de personnes qui ont participé à au moins une manifestation de l’automne 2010 ?

De plus, cette loi anti-ouvrière profondément dépendantes des intérêts du capitalisme financier va de pair avec d’autres mesures défavorables aux salariés :

- report de la date d’ajustement des pensions sur les prix du 1er avril au 1er octobre.

- fiscalisation de la part de 10% attribuée aux retraités qui ont eu trois enfants.

- gel des hausses des retraites complémentaires désindexées des prix en 2013, 2014, 2015

- hausse des cotisations sociales salariées (0,3% soit 2,2 milliards d’euros)

- hausse de la TVA au 1er janvier 2014...

La baisse de pouvoir d’achat correspondant à ces seules mesures a été estimée entre 4 et 7% sur trois ans. Vu que la loi Hollande Ayrault Touraine prolonge la baisse des retraites et pensions jusqu’en 2035, où en serons-nous d’ici là ?

Chaque jour, télés, radios et journaux nous ont rappelé le prétendu "trou des retraites" : 7,6 milliards d’euros en 2013. Comme le fait justement remarquer Gérard Filoche « c’est peanuts alors que nous savons qu’il existe 80 milliards de fraude fiscale par an, 590 milliards d’avoirs français dans les paradis fiscaux, et que les 500 familles ont amassé 59 milliards de plus en un an, passant de 271 à 330 milliards (16 % du PIB). La France n’a jamais été aussi riche et c’est honteux de prendre aux petites retraites dont la moitié est inférieure à 993 euros... Les difficultés présumées de nos caisses de retraites n’ont pas de raisons structurelles : l’espérance de vie stagne à nouveau, l’espérance de vie en bonne santé régresse depuis 5 ans, la démographie est favorable. Même si on accepte les chiffres du COR, le PIB en 2011 s’élève à 2000 milliards, il devrait être multiplié par 2,25 en 2060 et donc atteindre 4500 milliards. Le COR estime que la productivité du travail aura doublé : 1,35 cotisant produira en 2060 autant que 2,7 cotisants aujourd’hui. Il ne devrait pas être trop difficile d’augmenter la part du PIB destinée aux retraites, même avec 21,8 millions de retraités en 2060 contre 15,1 millions en 2060 ! »

Comme l’a bien noté André Chassaigne lors de son intervention à l’Assemblée nationale, cette loi contre les retraites est mauvaise pour les femmes, pour les salariés, pour les retraités mais aussi pour les jeunes : « Le compte n’y est pas pour les jeunes, dont François Hollande affirmait vouloir faire sa priorité, demandant à être jugé sur les mesures qu’il prendrait à leur égard. Faut-il donc le juger sur les seules mesures de rachat des années d’études et de trimestres de stages ? C’est plutôt mince ! L’adoption de ce projet de loi aura pour eux une double amertume. L’effet quasi immédiat, par l’allongement de la période d’activité des seniors, sera de retarder leur entrée dans la vie active, de repousser l’âge auquel ils signeront leur premier contrat à durée indéterminée, de prolonger une précarité qu’ils subissent déjà trop injustement. L’effet secondaire, pour le moment indolore, n’en est pas moins injuste : il les pénalisera à double titre au moment de la retraite, d’abord en les contraignant à travailler au moins jusqu’à 66 ans en moyenne, ainsi que vous l’avez admis, madame la ministre, dans un récent rapport à la Commission européenne, puis en leur réservant une retraite de misère. »

Répétons que durant les 30 dernières années, les rentiers (dividendes d’actions) ont pris 200 milliards d’euros dans les poches des salariés. Les hauts revenus ont bondi de façon astronomique aux dépens toujours des salariés et de l’investissement productif (d’où chômage). Le financement de la Sécurité Sociale s’en trouve évidemment affecté. Le coût du capital... voilà la principale raison du petit déséquilibre financier des retraites et non l’allongement de la durée de vie qui a bon dos au moment où il stagne ou même régresse en raison des conditions de travail et de statut.

D’autres solutions pouvaient être envisagées pour conforter financièrement les retraites par répartition. André Chassaigne les a introduites devant les députés « Vous avez délibérément choisi de n’agir que sur les leviers les plus injustes pour les salariés, alors même que l’élargissement de l’assiette des cotisations sociales aux revenus financiers serait presque indolore pour la compétitivité des entreprises, dans la mesure où il s’agit de revenus déjà distribués, dont une large part n’est jamais réinvestie dans l’économie, du moins pas dans l’économie génératrice d’emploi. L’assujettissement de ces revenus financiers au même niveau que les salaires rapporterait immédiatement 30 milliards d’euros au bas mot, soit au moins quatre fois plus que ce que vous escomptez récolter avec cette réforme injuste. » De plus, « non contents de valider les exonérations générales de cotisations sociales, vous les avez renforcées en faisant adopter le CICE, scellant le carcan des grilles salariales comprises entre 1 et 2,5 SMIC. »

Je ne peux terminer sans annoncer une bombe anti-retraites amorcée par cette loi : elle met en place un organisme "d’experts", sans présence des syndicats de salariés, chargé de décider seul, si besoin, d’une nouvelle aggravation des droits à la retraite. Même Sarkozy n’avait pas pensé à un tel stratagème pour se défiler des responsabilités devant les Français.

Résumons-nous pour conclure : Cette loi Hollande Ayrault Touraine s’attaque aux salariés et retraités pour protéger les profits et dividendes des gros actionnaires. Elle avalise et aggrave les lois précédentes dont le but était de casser ce coeur des grandes réformes de la Libération : les retraites par répartition. J’ai connu des Résistants qui appelleraient à prendre le fusil s’ils n’étaient pas morts. Dans nos têtes, gardons une telle détermination... et le plus tôt possible, faisons abroger cette pantalonnade de loi. Dans l’immédiat, conservons la distance critique et exigeante nécessaire vis à vis du Parti Socialiste dans les élections de ce printemps 2013... sinon nous désespèrerions un peu plus les citoyens qui nous font confiance.

Le choix antisocial opéré par Fillon Sarkozy en 2003 et 2010 puis Hollande 2012 n’est pas un choix technique mais politique : il s’agit d’une acceptation totale du libéralisme économique. Ainsi, la méthode de calcul de la retraite va de pair avec d’autres évolutions qui vont naturellement oeuvrer à baisser les retraites, en particulier la précarité des jeunes qui génère un manque à gagner des caisses de retraite et un manque à gagner des futurs retraités.

Jeunesse sacrifiée : pauvreté, précarité, chômage...

Sur bien d’autres sujets, la nécessité de sortir du capitalisme apparaît comme indispensable. Reconstruire un rapport de forces et une organisation apte à porter les intérêts humains sont bien des objectifs d’actualité.

Jacques Serieys

68) Mercredi 18 décembre Jour noir pour nos retraites

Hier, les parlementaires du SPD ont voté leur soutien à Mme Merkel et son gouvernement de coalition CDU/SPD.

Aujourd’hui, à l’assemblée nationale, l’adoption définitive de la réforme des retraites par la majorité gouvernementale, hors député-e-s EE-LV, constitue un vote tout aussi historiquement honteux.

C’est en effet la toute première fois dans l’histoire de notre République qu’un gouvernement dit "de gauche" fait adopter une réforme qui recule l’âge de départ à la retraite ! Voilà la commission européenne satisfaite, elle qui avait exigé cette réforme en échange de l’assouplissement léger et provisoire de la règle d’or budgétaire.

Voilà la politique de l’offre renforcée qui fait du niveau des revenus salariés et des dépenses de protection sociale les causes de la crise.

Comme les précédentes réformes Balladur puis Fillon, celle-ci ne réglera rien mais va aggraver le sort des salariés et des retraités dans notre pays tout en favorisant à la fois le chômage chez les jeunes et les salariés en fin d’activité.

Et dire que François Hollande aura certainement dû sa victoire du 12 mai 2012 au passage en force de Nicolas Sarkozy sur sa réforme des retraites !

Il aura donc réussi à faire pire. C’est un mercredi noir pour nos retraites

Eric Coquerel, Secrétaire national du Parti de Gauche

67) Loi contre les retraites votée dans la douleur

L’Assemblée nationale a finalement adopté ce mardi 26 novembre le texte défendu par la ministre Marisol Touraine après que les députés de la majorité ont multiplié les exceptions afin d’alléger le poids des économies réalisées.

Très discuté, le texte a finalement été adopté par 291 voix contre 243.

C’est dans un climat de tension au sein même du Parti socialiste que le scrutin s’est déroulé, le gouvernement ayant décidé la semaine dernière d’opter pour la procédure du vote bloqué, très impopulaire chez les parlementaires. Ce dispositif prévu par la Constitution prévoit que les députés se prononcent par un seul vote sur tout ou partie du texte en ne retenant que les amendements proposés ou acceptés par le gouvernement. Un passage en force en bonne et due forme à moins qu’une majorité d’élus ne décide de ruer dans les brancards.

Passage en force

Adoptée de justesse une première fois à l’Assemblée, rejetée au Sénat, la réforme n’a cessé d’être rafistolée par une majorité de circonstance au Parlement et contre la volonté du gouvernement. Dernier couac en date, les députés ont supprimé à la surprise générale le report de six mois de la revalorisation des retraites. Mesure d’économie qui cristallise l’opposition des écologistes, des communistes, du centre et de l’UMP.

Dans la foulée, l’annonce du vote bloqué, auquel le gouvernement Fillon avait déjà eu recours pour sa propre réforme des retraites de 2010, avait provoqué jeudi les protestations de cinq groupes parlementaires, François de Rugy, co-président du groupe EELV, critiquant une volonté de "passer par dessus la volonté de plusieurs groupes" . Le chef de file des députés FG André Chassaigne, opposés à la réforme, avait lui accusé le gouvernement de sombrer "dans l’indignité", avec un "exercice pitoyable pour la démocratie".

Afin d’éviter un désaveu magistral, sur lequel comptaient ardemment le Front de Gauche et les syndicats contestataires, le gouvernement avait opté pour la calinothérapie au prix de quelques aménagements parlementaires. Dans la nuit de lundi à mardi, la ministre des Affaires sociales, Marisol Touraine, avait présenté toute une série de mesures compensatoires censées soulager les petites retraites du report de la revalorisation annuelle qui sera bel et bien maintenu.

Source de cet article 67 : http://www.huffingtonpost.fr/2013/1...

66) Loi retraite : Ayrault impose à l’Assemblée un vote bloqué sans débat

Pour lire cet article 66, cliquer sur le titre 66 ci-dessus.

65) Lettre aux député-e-s abstentionnistes : dites non à cette réforme des retraites

64) Réforme des retraites touchée… coulons la !

Eric Coquerel, Secrétaire national du Parti de Gauche

La réforme des retraites vient d’être retoquée à l’unanimité au Sénat. Le Parti de Gauche se félicite que cette loi de régression sociale soit ainsi touchée. Il est désormais possible de la couler.

Lors du 1er passage à l’assemblée nationale elle n’avait en effet pas obtenu de majorité absolue. Il suffit donc lors de son passage final que les 47 députés de gauche abstentionnistes - dont le groupe EE-LV et plusieurs socialistes - aillent jusqu’au bout de leur conviction en rejoignant ceux du Front de Gauche dans leur opposition à cette loi et elle ne passe pas !

Ces parlementaires du PS et d’EE-LV n’ont pas été élus pour faire pire que la réforme Sarkozy. Le Parti de Gauche les appelle donc solennellement, ainsi que plus largement tous les député-e-s de gauche, a,enfin, dire clairement non.

63) Le Sénat rejette la réforme des retraites à l’unanimité

Le Sénat a rejeté mardi 5 novembre le projet de réforme des retraites à l’unanimité, socialistes compris.

Les sénateurs avaient adopté trois amendements portant sur des dispositions importantes :

- un rejet de l’allongement progressif de la durée de cotisation

- un rejet du compte pénibilité.

- un système de retraite par points proposé par le centre droit du Sénat

Dans ces conditions, les sénateurs socialistes ont voté contre le texte en même temps que le Front de Gauche et que la droite.

Le texte doit à présent à nouveau repasser devant l’Assemblée nationale, les 19 ou 20 novembre, après un échec probable en commission mixte paritaire (CMP), où sont présents sept sénateurs et sept députés.

62) Retraites : on ne lâche rien !

Après l’adoption de la contre-réforme des retraites par une courte majorité à l’Assemblée Nationale, la mobilisation reste plus que jamais nécessaire ! C’est maintenant au Sénat que se tiennent les débats du 28 octobre au 5 novembre.

Le collectif unitaire retraites 2013 poursuit sa mobilisation contre un projet de réforme qui va poursuivre l’entreprise de démolition des retraites par répartition et contribuer à appauvrir davantage les futurs retraités.

Nous pensons qu’une autre réforme des retraites est possible : retraite à 60 ans, départs anticipés pour travaux pénibles… Les possibilités de financement existent : par exemple, en soumettant à cotisation les revenus financiers.

C’est pourquoi nous nous mobilisons pour que le Sénat rejette ce projet de réforme injuste et irresponsable. La bataille n’est pas terminée ! A ce titre, nous appelons à participer au rassemblement unitaire interprofessionnel qui se tiendra devant le Sénat, rue de Tournon, (Métro Odéon), le mercredi 30 octobre 2013 à 12H30.

Communiqué du collectif Retraites 2013

61) Retraites. Prise en compte de la pénibilité : attention à la désillusion

Pour lire cet article 61 sur la prise en compte de la pénibilité dans la loi sur les retraites, cliquer sur le titre 61 ci-dessus.

60) Retraites : Hollande, menteur aux ordres de Bruxelles

59) Un résumé contre le plan retraite d’Ayrault (Jean-Luc Mélenchon)

58) Un 10 septembre qui ne sonne pas la retraite

57) La retraite de Hollande est une Bérézina sociale (PG)

56) Pour nos retraites , on lutte !

Conférence de presse du Collectif retraites 2013 : Jean-Marie Harribey (Attac), Pierre Khalfa (Fondation Copernic), Christiane Marty (collectif femmes), Jean-Luc Mélenchon (PG), Olivier Besancenot (NPA), Karima Delli (EELVerts), Gérard Filoche, Pierre Laurent (PCF)...

55) "Un projet de réforme des retraites fou et aberrant" (Jean-Marie Harribey, ATTAC, Copernic, Collectif retraites)

54) La réforme des retraites, un empilement d’arnaques (Jean-Luc Mélenchon)

53) La réforme anti retraites que le gouvernement veut faire voter n’est, hélas, ni « juste » ni « équilibrée » (Gérard Filoche, BN du PS)

52) Retraites : SIX ARGUMENTS CONTRE L’ALLONGEMENT DE LA DUREE DE COTISATION (CGT)

51) « Réforme des retraites : » l’UNEF appelle les étudiants à manifester le 10 septembre

50) Retraites : Un projet gouvernemental inacceptable (CGT, FO, FSU, SOLIDAIRES fonction publique)

49) Les embrouilles du plan Ayrault contre les retraites (Jean-Luc Mélenchon)

48) Projet Ayrault sur les retraites : triste première pour un gouvernement de gauche

Déclaration du Front de Gauche : PCF - PG - GU -C&A -R&S -FASE -GA -PCOF - Alternatifs

Les éléments du projet gouvernemental de réforme de retraites sont maintenant dévoilés.

Elle repart de la réforme Sarkozy : le gouvernement légitime la fin de la retraite à 60 ans. Elle utilise les mêmes leviers que toutes les réformes de la droite : allongement de la durée de cotisations ce qui signifie le recul de l’âge réel de départ en retraite. C’est une triste première pour un gouvernement de gauche ; elle touchera plus particulièrement les jeunes.

Les retraité-e-s seront mis à contribution, une « double peine » pour eux après une vie de salarié-e-s à cotiser pour la protection sociale.

D’autre part, si le gouvernement annonce une augmentation des cotisations des salariés et des patrons, ceux-ci sont rassurés par l’annonce de l’allègement de leurs cotisations concernant les prestations familiales dès 2014. Il s’agit d’un nouveau cadeau au patronat après les 20 milliards déjà accordés aux entreprises sans contrepartie en 2013. Puisqu’il est si bien entendu, le MEDEF aurait tort de ne pas en demander encore plus comme il le fait dès aujourd’hui…

Cette contre-réforme ne vise en rien un progrès ! Avec ces mesures inefficaces et injustes, c’est plus de chômage et moins de pouvoir d’achat.

Les classes populaires, les classes moyennes et les retraité-e-s sont ponctionnées au lieu de faire financer les entreprises et la finance.

Cette « réforme » n’est pas faite pour répondre aux besoins des Français mais pour obéir aux injonctions de Bruxelles. Pour cela, le gouvernement est prêt à faire ce qu’aucun gouvernement « de gauche » n’a fait. Au mépris des aspirations de ceux qui ont battu Nicolas Sarkozy et l’avis d’une part grandissante de la majorité gouvernementale comme le montrent, notamment, les réactions à Europe Ecologie – Les Verts ou l’appel de 3000 socialistes.

A l’inverse, le Front de gauche entend contribuer à la plus grande unité possible contre cette réforme derrière les syndicats et dans le cadre du Collectif retraites 2013. La première mobilisation du 10 septembre, le succès de la fête de l’Humanité doivent être au plus haut niveau pour se faire entendre du gouvernement.

47) 27 août : Le gouvernement entérine et accroit la réforme Sarkozy

Pour accéder à ce document, cliquer sur le titre 47 ci-dessus.

46) Retraites  : l’été 2013 de tous les coups en douce

45) Grève générale le 10 septembre pour défendre les retraites (appel CGT)

44) La Retraite, une affaire de jeunes (appel de 14 organisations de jeunesse)

Pour accéder à ce document, cliquer sur le titre 44 ci-dessus.

43) Retraite : « Pas un trimestre de plus, pas un euro de moins ! » (positions prises au sein du Parti Socialiste)

42) Retraite : la bourse ou la vie ?

Pour accéder à ces document, cliquer sur le titre 42 ci-dessus.

41) Hollande, touche pas à nos retraites ( PG)

Pour accéder à ce montage audiovisuel, cliquer sur le titre 41 ci-dessus.

40) Ensemble, défendons nos retraites (appel unitaire)

Lors de la Conférence sociale du 20 juin, François Hollande a annoncé que, dans le cadre de la prochaine réforme des retraites, l’allongement de la durée de cotisation sera « la mesure la plus juste » face à « cette chance formidable qu’est l’allongement de l’espérance de la vie ». Cette voie n’est pas acceptable. Les réformes de 1993, 2003, 2007 et 2010 ont déjà réduit les droits à pensions de plus de 30 %, en aggravant les inégalités déjà fortes entre les pensions des femmes et celles des hommes. Elles doivent donc être remises en cause.

Refusons les régressions sociales

« On vit plus vieux, il faut donc travailler plus longtemps », tel est l’argument qu’on nous rabâche. Mais on oublie de préciser qu’augmenter la durée de cotisation, c’est en réalité programmer la baisse des pensions. Baisse immédiate pour tous ceux – chaque année plus de la moitié des nouveaux retraités – qui passent directement du chômage, ou de l’inactivité, à la retraite, et qui ne pourront jamais atteindre cette durée. Baisse à venir pour les nouvelles générations entrées plus tard dans la vie professionnelle du fait de l’allongement des études et qui connaissent déjà un chômage massif, aggravé par l’incitation faite aux seniors qui le peuvent de prolonger leur activité. On oublie aussi de rappeler que l’allongement de la durée de cotisation et la décote pénalisent plus fortement les personnes aux carrières courtes, en majorité des femmes.

L’espérance de vie augmente, mais l’espérance de vie en bonne santé, elle, diminue depuis plusieurs années. La souffrance au travail se développe, de nouvelles pathologies apparaissent. Les plus dures années au travail sont entre 60 et 65 ans. Les meilleures années de la retraite sont entre 60 et 65 ans. L’allongement de la durée de cotisation, c’est la double peine. Nous ne pouvons pas l’accepter.

L’austérité sans fin est suicidaire

Le gouvernement justifie cette nouvelle réforme par l’allongement de la durée de vie. Mais le déficit actuel ne doit rien au vieillissement de la population. Il s’explique par la récession qui se creuse en Europe, détruit des millions d’emplois et diminue les cotisations sociales induites par l’emploi. Cette récession provient essentiellement des politiques de réduction des dépenses publiques et de baisse du « coût du travail » menées partout en Europe par les gouvernements en accord avec la Commission.

Si, comme cela semble être le cas, le gouvernement inscrit la réforme dans le cadre de ces politiques, il ne pourra que retenir des pistes entraînant une nouvelle baisse du niveau des pensions. Ce qui diminuerait encore le pouvoir d’achat des retraités, aggraverait la récession et entraînerait une nouvelle hausse du chômage. Sans qu’au bout du compte les déficits ne soient réduits !

Il est possible de faire autrement

L’augmentation de l’espérance de vie ne date pas d’aujourd’hui. Par le passé, elle s’est accompagnée d’une diminution du temps passé au travail et d’une amélioration du niveau de vie, grâce à un partage de la richesse produite. C’est à nouveau la voie à suivre.

Pour augmenter le volume des cotisations sociales, il faut en finir avec l’austérité, relancer l’emploi par une réduction du temps de travail, une sécurisation de l’emploi, de la formation et du revenu, une augmentation des minima sociaux, une politique audacieuse d’investissement en matière sociale et écologique. Une voie supplémentaire, toujours négligée, pour répondre au besoin de financement des retraites, est la réalisation de l’égalité professionnelle entre les femmes et les hommes, à la fois par l’accroissement du taux d’activité des femmes, la suppression des inégalités salariales et la lutte contre le temps partiel subi. Il s’agit là de choix politiques de justice et de solidarité.

Il y a plus de retraité-es ? A moins de décréter leur paupérisation, il est normal de financer leurs retraites en augmentant leur part dans la richesse produite. Selon le Conseil d’orientation des retraites, il faudrait, à législation inchangée, un point de PIB supplémentaire en 2020 pour équilibrer le système de retraite alors que la part des salaires a chuté d’environ 6 points au cours des dernières décennies en faveur des dividendes.

Pour une large mobilisation citoyenne

La question des retraites pose celle de la société dans laquelle nous voulons vivre. La retraite à 60 ans par répartition n’est pas un fardeau, elle est une transmission continue et solidaire de la prise en charge d’une génération par la suivante. C’est pourquoi elle dépend aussi de l’avenir que la société sera capable d’offrir aux jeunes générations. Nous ne pouvons accepter la paupérisation programmée des futurs retraité-es, la destruction des solidarités sociales, l’idéologie absurde du « travailler toujours plus » dans une société productiviste et inégalitaire. Cet engrenage favorise l’extrême droite et menace à terme la démocratie. Comme en Europe du Sud et dans bien d’autres pays du monde, la société doit se mettre en mouvement. Pour y contribuer nous organiserons partout des réunions, des initiatives de rue, des ateliers d’éducation populaire et nous soutiendrons les initiatives prises par le mouvement syndical. Nous voulons un système de retraites solidaire.

Pas un trimestre de plus, pas un euro de moins !

Premiers signataires

Gérard Aschieri (président de l’institut de la FSU) - Clémentine Autain (FASE) - Ana Azaria (Femmes Egalité) - Marinette Bache (Résistance sociale) - Guillaume Etiévant (économiste) - Fatima-Ezzahra Benomar (Les Effronté-e-s) - Michel Barthélémy (CEMS-IMM CNRS) - Nicolas Belorgey (sociologue, CNRS) - Nicolas Béniès (économiste) - Gérard Berthiot (vice-président PS de la région Champagne Ardenne) - Sophie Béroud (politiste, université Lyon 2) - Jean Bigot (producteur de cinéma) - Martine Billard (co-présidente du Parti de Gauche) - Bernard Bosc (Réseau Féministe Ruptures) - Jean-Jacques Boislaroussie (les Alternatifs) - Gérard Billon (CGT) - Jean Marc Canon (secrétaire général UGFF CGT) - Bernard Cassen (Mémoire des luttes) - Nadine Castellani (secrétaire nationale CGT-Educ’action) - Jean-Claude Chailley (Résistance sociale) - Isabelle Charpentier (sociologue, université Versailles-Saint Quentin) - Chantal Charvy (Femmes Egalités) - Gérard Chaouat (Bureau national SNCS FSU) - Philippe Corcuff (sociologue, IEP de Lyon) - Laurent Cordonnier (économiste Lille 1) - Annick Coupé (secrétariat national de l’Union syndicale Solidaires) - Thomas Coutrot (économiste) - Alexis Cukier (Editions La Dispute) - Isabelle De Almeida (présidente du Conseil National du PCF) - Marielle Debos (politiste, université Paris Ouest Nanterre) - Claude Debons (syndicaliste) - Bernard Defaix (Convergence de Défense des services publics) - Laure Delair (Vice Présidente de l’UNEF) - Christophe Delecourt (CGT Finances) - Karima Delli (députée européenne EuropeEcologie/Les Verts) - Monique Dental (Réseau Féministe Ruptures) - Ivan Dementhon (président de l’Union Nationale Lycéenne) - Patrick Désiré (secrétaire général de la CGT-Educ’action) - Michèle Dessenne (M’PEP porte parole national) - Jean-Michel Drevon (Etats Généraux du Service Public) - Paul Dirkx (sociologue, université de Lorraine) - Denis Durand (CGT Banque de France) - Cédric Durand (économiste, université Paris 13) - Philippe Enclos (juriste, université Lille 2) - Anne Eydoux (économistes atterrés) - Anne Féray (Secrétaire Nationale de la FSU) - Gwenaëlle Ferré (CNDF) - Jacqueline Fraysse (Député des Hauts de Seine FASE-Gauche citoyenne) - Gerard Gueniffey (retraité CGT) - Jérôme Gleizes (économiste, université Paris 13) - Jean-Marie Harribey (ATTAC) - Clémence Helfter (militante d’Osez le féminisme !) - Gérad Filoche (membre du Bureau National du PS) - Bertrand Geay (politiste, université de Picardie) - Guillaume Floris (Gauche Anticapitaliste) - Cyril Gispert (agrégé d’économie) - Lucas Gomez (Les Effronté-e-s) - Bernadette Groison (Secrétaire Générale de la FSU) - Elsa Hardouineau (trésorière nationale de l’Union Nationale Lycéenne) - Nordine Idir (Secrétaire général du MJCF) - Lucien Jallamion (secrétaire général de République et Socialisme) - Wandrille Jumeaux, (Secrétaire fédéral des Jeunes Écologistes) - Nicolas Jounin (sociologue, université Paris 8) - Marianne Journiac (porte-parole de République et Socialisme) - Pierre Khalfa (co-président de la Fondation Copernic) - Razmig Keucheyan (sociologue, université Paris 4) - Lucile Koch-Schlund, (Secrétaire fédérale des Jeunes Écologistes) - Michel Koebel (sociologue, université de Strasbourg) - Bernard Lacroix (politiste, Institut Universitaire de France) - Rose-Marie Lagrave (sociologue, EHESS) - Véronique Lamy (porte-parole PCOF) - Pierre Laurent (secrétaire national du PCF) - Jacques Le Bohec (professeur de sciences de la communication, Lyon 2) - Isabelle Le Roux-Meunier (CGT Banque de France) - Alain Lipietz (économiste EuropeEcologie/Les Verts) - Wenceslas Lizé (sociologue, université de Picardie) - Marc Mangenot (économiste) - Jean-Claude Mamet (Convergences et Alternative) - Alain Marcu (secrétariat d’AC) - Nathalie Marcu (les Alternatifs) - Olivier Masclet (sociologue, université Paris 5) - Lilian Mathieu (sociologue CNRS) - Philippe Marlière (politiste, université de Londres) - Myriam Martin (Gauche Anticapitaliste) - Christiane Marty (Bureau de la Fondation Copernic) - Gustave Massiah (fondateur d’IPAM) - Gérard Mauger (sociologue, CNRS) - Jean-Luc Mélenchon (co-président du Parti de Gauche) - Olivier Michel (informaticien, université Paris Est) - Catherine Mills (rédactrice d’Economie et Politique) - Jean-Marie Monnier (économiste Paris 1) - Christian de Montlibert (sociologue, université de Strasbourg) - Julie Muret (porte-parole d’Osez le féminisme !) - Corinne Nativel (géographe, université Paris Est) - Toni Negri (philosophe) - Frédéric Neyrat (sociologue, université de Limoges) - Jacques Nikonoff (M’PEP porte parole national) - Martine Noël (CADAC) - Daniele Obono (Convergences et alternatives) - Alain Oriot (Editions du Croquant) - Ugo Palheta (sociologue, université Lille 3) - Roland Pfefferkorn (sociologue, université de Strasbourg) - Willy Pelletier (sociologue, université de Picardie) - Matthias Perez (secrétaire académique de la CGT Educ’action Créteil) - Jean-Marie Pernaut (IRES) - Michel Pialoux (sociologue, CNRS) - Christian Pierrel (porte-parole PCOF) - Christine Poupin (porte-parole du NPA) - Philippe Poutou (porte-parole du NPA) - Frédéric Rauch (rédacteur en chef d’Economie et Politique) - Suzy Rojtman (CNDF) - Michel Rousseau (Marches européennes contre le chômage) - Henri Sterdyniak (économistes atterrés) - Maya Surduts (CADAC) - Baptiste Talbot, (secrétaire général, fédération des services publics CGT) - Patricia Tejas (CGT Finances) - Sylvie Tissot (sociologue, université Paris8) - Christian Topalov (sociologue, CSU) - Marie-Pierre Toubhans (porte-parole de Gauche Unitaire) - Stéphanie Treillet (Convergences et alternatives) - Marcel Trillat (réalisateur) - Aurélie Trouvé (ATTAC) - Denis Turbet-Delof (secrétariat national de l’Union syndicale Solidaires) - Janine Vaux (Convergence de Défense des services publics) - Christophe Ventura (Mémoire des luttes) - Christophe Voilliot (politiste, université Paris Ouest Nanterre) - Louis Weber (responsable éditorial) - Laurent Willemez (politiste, université Versailles St Quentin) - Emmanuel Zemmour (président de l’UNEF).

39) 10 SEPTEMBRE, POUR NOS RETRAITES : première journée d’action unitaire, de grève et de manifestations (appel CGT)

38) Réforme des retraites : déclaration de la commission exécutive confédérale de Force Ouvrière

37) Journée nationale d’action interprofessionnelle le 10 septembre 2013 (intersyndicale CGT, CGT-FO, FSU, Solidaires)

36) Retraites : le PS et la presse organisent la retraite

35) Ayrault et les retraites, le temps des adjectifs (Jean-Luc Mélenchon)

34) Rapport Moreau sur les retraites : "Une attaque frontale contre le pouvoir d’achat des retraités (retraités CGT, FO, FSU, Solidaires)

Rapport Moreau sur les retraites : Hollande déclare la guerre sociale, non contre la finance mais contre les salariés

33) Retraites : les fonctionnaires dans le collimateur

32) Pour nous, c’est toujours à 60 ans ! 4 arguments contre la réforme des retraites (PG)

A) Retraites : il n’y a pas de problème démographique

Nous vivons plus longtemps, réjouissons-nous ! Ces années gagnées sont une conséquence du progrès des conditions de vie et du progrès social dont la retraite à 60 ans. Mais les inégalités d’espérance de vie demeurent : un ouvrier (soit 1/4 des salariés) vit en moyenne 6 ans de moins qu’un cadre. L’espérance de vie en bonne santé est aujourd’hui, en France, seulement de 61,8 ans. Et cette espérance de vie en bonne santé stagne ou recule dans de nombreux pays d’Europe, dont la France et comme l’Allemagne depuis que l’âge légal de la retraite a été reculé à 65 ans.

Il n’y aurait plus que 7.6 retraités pour 10 actifs à l’horizon 2060 ? Oui mais avec des actifs qui produisent plus de richesses ! En 1900, la France comptait 1 agriculteur pour 3 habitants, aujourd’hui elle n’en compte plus que 1 pour 30 habitants. Connaissons-nous pour autant la famine ? Non car les progrès techniques ont amélioré le rendement de cette agriculture.

C’est la même chose pour les retraites : la croissance multiplie les richesses chaque année, le PIB aura doublé en 2060. A nous de consacrer une part croissante des richesses à la solidarité nationale. Mieux répartir des richesses multipliées par 2 : voilà le défi des retraites à horizon 2060 !

B) Retraites : il n’y a pas de problème de financement

Cessons le catastrophisme : même dans les pires projections le déficit des caisses de retraites ne représente jamais que 0% à 3% du PIB. A quoi cela sert-il d’être une des premières économies mondiales si ce n’est pas pour consacrer une part de la richesse nationale à profiter en bonne santé de nos retraites ? Depuis 25 ans, la part des salaires dans la valeur ajoutée a baissé de 8 à 10 points : les profits ont augmenté d’autant et se sont envolé en spéculation sans bénéficier ni à l’investissement, ni à l’emploi. Rattrapons ce retard !

Mais le déficit des caisses de retraites est aussi le produit des politiques d’austérité. Elles jettent la France et l’Europe dans une spirale récessive et entraîne la montée du chômage. Pour atteindre l’équilibre des retraites, il faudrait d’abord relancer l’emploi. D’ailleurs selon les scénarios de reprise de la croissance, les calculs montrent que les caisses de retraites retrouvent l’équilibre si le chômage baisse vraiment !

C) Une réforme injuste et inadaptée qui fait d’abord baisser les pensions

Le recul de l’âge légal de départ à la retraite et l’allongement de la durée des cotisations sont de fausses solutions : 60% des personnes sont hors emploi lorsqu’elles liquident leur droit à retraite, l’entrée sur le marché du travail se fait de plus en plus tardivement : 1 jeune sur 4 est au chômage. C’est dire si l’allongement de la durée des cotisations, va multiplier les retraites incomplètes : la première conséquence du recul de l’âge légal c’est d’abord de faire baisser les pensions. Il va donc aussi avoir pour effet mécanique de creuser le déficit de l’assurance chômage…

Quelle est l’idée sous-jacente ? Faire baisser les pensions, c’est contraindre les salariés à cotiser pour une retraite complémentaire et développer les assurances individuelles et privées. Aujourd’hui les retraites représentent un flux de 245 milliards d’euros qui échappe aux marchés financiers. C’est bien à la finance que profite le crime !

D) Un déni de démocratie

Hollande veut mener rapidement cette réforme des retraites alors qu’il n’a pas été élu pour ça ! Pendant sa campagne présidentielle, il n’a jamais parlé d’allonger les cotisations. Au contraire, les français l’ont choisi pour dégager Sarkozy et sa réforme inique des retraites de 2010.

Pire, lié par le traité européen (TSCG) qu’il n’a pas renégocié ni modifié d’une ligne, Hollande se soumet aux diktats de l’Union européenne et du FMI qui exigent des réformes structurelles de notre économie et de notre modèle social. C’est au peuple de choisir son modèle de société et de solidarité ! La Commission européenne appelle la France à augmenter « encore l’âge légal de départ à la retraite et la durée de cotisation pour bénéficier d’une retraite à taux plein et en réexaminant les régimes spéciaux ». Ce n’est pas à la Commission européenne de dicter sa loi !

31) Retraites : reculer encore ? (Gauche Unitaire)

30) Il faudra se mobiliser dans l’unité pour défendre nos droits et notre système de retraite (Gauche Anticapitaliste)

29) Retraite : mais crevez donc et qu’on en finisse ! (Jean-Luc Mélenchon)

Les retraites des Français font du mal aux profits des actionnaires, aux compagnies d’assurances, à la Commission européenne et d’une façon générale à tout le monde des belles personnes intelligentes et sensées qui savent bien que puisqu’on vit plus longtemps, les autres n’ont qu’à travailler plus longtemps. Tout le monde est mal à l’aise sur le sujet sauf les retraités et ceux qui ont l’intention de l’être un jour dans les meilleures conditions possibles. Entre les deux Hollande, le vote utile, a choisi. Souriez : vous êtes floués ! Vous étiez prévenus car il avait déjà annoncé le 28 mars à la télévision qu’il exigeait un nouvel allongement de la durée de cotisation requise pour avoir droit à une retraite complète. Le journaliste ne s’était pas appesanti pour ne pas gêner. C’est pourtant la première fois dans l’histoire que le PS entend rendre plus difficile l’accès à la retraite pour les travailleurs. Comme le SPD, le PS s’engage dans la démolition de l’Etat social qu’il avait jusqu’ici contribué à construire avec le reste de la gauche et grâce à la mobilisation des salariés. Une page se tourne.

Hollande n’a fait que se soumettre aux exigences de la Commission européenne. Les grands médias ont rapporté que la Commission européenne aurait donné un délai de deux ans à la France pour ramener son déficit budgétaire à 3% de la richesse du pays. Aussitôt, la propagande solférinienne a vanté un "succès" de François Hollande. C’est une grossière manipulation. La Commission européenne n’a pas du tout lâché du lest. D’ailleurs, lors du séminaire gouvernemental du 6 mai, Jean-Marc Ayrault a été très clair : la politique d’austérité sera poursuivie. Il l’a dit dans son intervention : "Il ne doit pas y avoir d’ambiguïté. La maîtrise des dépenses est indispensable. Le budget 2014 devra mettre en œuvre les économies prévus dans ma lettre de cadrage". Cette lettre de cadrage exige des coupes de 5 milliards d’euros en 2014 dans le budget de l’Etat, en plus des 10 milliards de coupes déjà prévues chaque année par le gouvernement Ayrault. Au total, ce sont donc 15 milliards d’euros qui seront coupés en 2014. Cette lettre de cadrage a été adressée le 8 mars. Deux mois avant la décision de la Commission d’accorder un soi-disant "sursis". Et moins de trois jours après cette décision de la Commission, Ayrault a confirmé que les coupes prévues auraient bien lieu. Tout cela était bien ficelé d’avance entre les uns et les autres. Le calendrier des annonces le prouve comme je viens de le montrer. La propagande solférinienne fait pschitt.

La Commission a annoncé deux années de chantage. Elle ne demandera pas de sanction contre la France pour déficit excessif avant 2015. Mais Olli Rehn, l’androïde qui est commissaire européen aux affaires économiques et monétaires, a été très clair dans ses menaces le 3 mai dernier. Il a confirmé l’objectif de réduction des déficits et appelé à amplifier les mauvais coups pour l’atteindre. En langage de machines ça donne ceci : "Pour ramener le déficit sous les 3%, des efforts beaucoup plus importants et urgents sont nécessaires". Ou encore, "dans tous les cas de figure, il est essentiel que la France mette pleinement en œuvre les mesures envisagées et précise rapidement quelles nouvelles actions elle compte entreprendre pour respecter ces objectifs de politique monétaire". Olli Rehn est un robot traditionnel et il parle la langue qui peut se traduire en globich, l’anglais des boutiques de souvenirs.

La Commission sonne donc l’offensive. Elle exige des « réformes structurelles » contre le droit du travail, les retraites et les services publics. Ce n’est pas un procès d’intention que je fais. C’est le commissaire européen lui-même qui l’a dit explicitement : "Une stratégie budgétaire de moyen terme crédible doit s’accompagner de réformes structurelles substantielles en matière de marché du travail, de système de pensions et d’ouverture des marchés". Les retraites sont clairement nommées comme une cible pour les libéraux. L’habillage de "dialogue social" ne masquera pas longtemps qu’il faut choisir son camp. Jean-Marc Ayrault a mis en scène lundi 13 mai ses rencontres avec les soi-disant "partenaires sociaux". Personne n’est dupe. Les syndicats de salariés et le patronat ne sont pas des "partenaires". Et le MEDEF n’a rien de "social".

Le MEDEF attaque. Depuis des mois Laurence Parisot est à l’offensive sur ce dossier. Ce lundi à Matignon et ce mardi en conférence de presse, elle a été particulièrement claire. Le MEDEF réclame l’allongement de la durée de cotisation à 43 années pour une retraite à taux plein. Et le patronat veut aussi reporter l’âge légal de départ à 65 ans. Cet âge-là fait sursauter. Pas seulement parce qu’on se demande quels métiers peuvent être accompli à cet âge-là. Ouvrier du bâtiment ? Pilote de ligne ? Serveur dans un restaurant ? Instituteur ? La même chose au féminin ? Et puis 65 ans c’est une étape dans les statistiques. Ça se situe au-delà de l’espérance de vie en bonne santé qui culmine à 62 ans pour les hommes et 63 ans pour les femmes dans notre pays. Et pas d’illusions à avoir sur les contreparties du « gagnant-gagnant » et autres refrains habituels. Laurence Parisot a aussi été catégorique sur ce point : "il n’est pas question pour nous de rouvrir le dossier pénibilité". Voilà prévenus ceux qui espéraient nous vendre ce pansement pour faire passer un nouveau recul général.

En fait la docilité et la couardise de l’équipe gouvernementale en place donne des ailes au MEDEF. Il avance sur tous les fronts. Laurence Parisot a dit vouloir "augmenter la quantité de travail, tout au long de la vie et annuelle". Ses propositions sur les retraites s’accompagnent d’autres demandes tout aussi grossières contre les droits sociaux : suppression de la durée légale du travail au profit d’une durée fixée branches par branches, extension du travail du dimanche, suppression de deux jours fériés par an. En échange on suppose qu’il faut considérer que le maintien du droit au salaire doit être considéré comme bien meilleur que le retour à l’esclavage qui est pourtant dans l’ordre des choses compte tenu de la « compétitivité-l’inde-la-chine-et-donc-l’emploi ».

Pour l’instant, le gouvernement Ayrault laisse Parisot préparer les esprits sans réagir. La radio Europe 1 a même indiqué que François Hollande envisagerait d’aller au-delà des exigences du MEDEF. Selon la radio, l’Elysée réfléchirait à allonger la durée de cotisation à 44 années contre 41,5 années aujourd’hui et 43 demandées par Parisot. La ministre compétente, Marisol Tourraine a démenti très mollement mardi 14 mai au matin : "Nous n’avons pas encore pris de décision quant au contenu de la réforme des retraites, nous avons la concertation comme ligne de conduite". Dormez braves gens, dit-elle. Mais on nous a déjà fait le coup. Souvenez-vous du rapport Gallois sur la compétitivité. Pendant des semaines, le gouvernement expliquait n’avoir pris aucune décision pour laisser le temps à la réflexion et au dialogue. Et moins de 24 heures après la remise du rapport, les décisions étaient annoncées : 20 milliards d’euros de cadeaux au patronat. N’oubliez jamais que François Hollande est sournois au combat. Sa mine perpétuellement réjouie dans le malheur du présent, pourtant éclatant, signale une très grande force d’indifférence au sort des autres.

C’est une bataille au long cours qui s’annonce mais il faut être en alerte rouge dès maintenant. Le calendrier est serré. Les rencontres de Ayrault avec les syndicats et le patronat ce lundi ne sont que le premier tour de piste. Hollande donnera peut-être déjà des précisions jeudi dans sa conférence de presse. Début juin, un rapport rédigé par Yannick Moreau, ancienne présidente du Conseil d’orientation des retraites, sera remis au gouvernement. Attention, offensive médiatique à prévoir. On en connaît toutes les figures depuis dix ans que le numéro est joué. Ressortez vos vieux argumentaires il n’y a rien de changé depuis la prémisse (il faut sauver notre régime par répartition) jusqu’à la conclusion (en 2054 il y aura un trou abyssal si nous n’agissons pas tout de suite). Après les banderilles du « rapport Schmoll » viendra le lourd. Les 20 et 21 juin, la deuxième "conférence sociale" permettra aux solfériniens de reprendre leur propagande sur le "dialogue social" entre "partenaires sociaux" et d’appeler au "réalisme" et à la "responsabilité" pour tenter de diviser les syndicats de salariés comme ils l’ont fait sur l’Accord "Made in Medef". En juillet le gouvernement devrait rendre ses arbitrages définitifs. Un projet de loi sera discuté à l’Assemblée à partir de septembre. Nous devons tenir la digue. Il faudra sans doute le faire dans la rue. Si nos syndicats nous y appellent, nous répondrons présents. Mais la bataille des esprits recommence dès maintenant. Le droit à la retraite n’est pas d’abord une question d’espérance de vie. Si l’espérance de vie a augmenté ces dernières décennies, c’est justement parce que les gens ont pu arrêter de travailler plus tôt. Dit autrement, si on vit plus longtemps c’est parce qu’on travaille moins longtemps. Retenez la formule et ressortez-la aussi souvent que nécessaire.

Le droit à la retraite est avant tout une question de partage des richesses. La France est plus riche qu’elle n’a jamais été de toute son histoire. Lorsqu’on vous explique qu’il y a aujourd’hui un déséquilibre entre actifs cotisants et retraités, répondez. Oui, le ratio entre actifs et retraités est passé de 2,7 actifs pour 1 retraité au début des années 1980 à 1,5 actifs pour 1 retraité aujourd’hui. Mais dans le même temps, les progrès de la productivité et les efforts des travailleurs font que deux actifs d’aujourd’hui produisent autant que trois actifs de 1983. Les gains de productivité compensent donc le déséquilibre du ratio entre actifs et retraités.

L’équilibre du système de retraite n’est pas d’abord une question de dépenses excessives. La question centrale est celle du volume des cotisations. Le déficit est estimé à une vingtaine de milliards d’euros par an en 2020. La création de trois millions d’emplois comme le prévoit le programme du Front de Gauche permettrait de faire rentrer 24 milliards d’euros par an de cotisations sociales pour les retraites. C’est plus que le déficit estimé. La hausse des salaires permettrait aussi de faire rentrer de l’argent en augmentant les cotisations perçues par la Sécurité sociale et en relançant l’activité économique. C’est ce qui a fait dire à Thierry Lepaon que "si on allait vers un salaire minimum à 1 700 euros, on n’aurait pas de problème de retraite". Cette formule résume parfaitement la situation. Enfin, s’il faut des ressources nouvelles, la CGT a calculé que la mise à contribution des revenus financiers des entreprises rapporterait 20 milliards d’euros. De l’argent, il y en a !

Nous ne devons pas nous laisser enfermer et enfumer. Les anticorps répandus en 2010 doivent être réactivés. Chacun doit les répandre autour de lui, dans sa famille, auprès de ses amis ou de ses collègues de travail. Le grand succès de notre marche du 5 mai montre la disponibilité du peuple pour se battre. Chacun doit tenir son poste. Les répliques du 1er juin doivent être organisées comme les premières manifestations pour défendre les retraites.

28) Retraites : République sociale contre individualisme libéral

Après des années dans l’opposition à critiquer les réformes de la droite concernant les retraites, les dirigeants solfériniens se sont résignés à poursuivre les mêmes orientations idéologiques. Alors que le PS s’était opposé au passage de l’âge de départ à la retraite à 62 ans, il veut aujourd’hui accélérer sa mise en œuvre. Le Président de la République a même annoncé un allongement éventuel de la durée de cotisation. Quatre syndicats (CGT, FSU, Solidaires et FO) ont d’ores et déjà dénoncé cette application de l’austérité aux systèmes de financement des retraites. Le gouvernement s’était déjà auparavant félicité de l’accord prévoyant une désindexation des pensions complémentaires sur l’inflation pendant trois ans. Cet accord injuste va pourtant engendrer une perte immédiate de pouvoir d’achat pour 11 millions de retraités. Le gouvernement envisage même d’étendre cette désindexation au régime général. Les députés ont par ailleurs voté la mise en place d’une contribution additionnelle de solidarité pour l’autonomie sous la forme d’une taxe à 0,3% pour une partie des retraités.

La crise économique actuelle, conséquence directe de l’austérité imposée dans toute l’Europe, est devenue le prétexte à toutes les régressions sociales. La lutte de classe se radicalise car l’agressivité du capital est désormais décomplexée par l’alternance de gouvernements menant en boucle les mêmes politiques néolibérales. Les lois Fillon et Woerth sur les retraites reposaient déjà sur des choix politiques visant à alléger le « coût » du travail et à briser le modèle de solidarité républicaine. En multipliant les exonérations de cotisations sociales, les libéraux veulent augmenter les profits des actionnaires et détruire petit à petit la cotisation, c’est-à-dire le salaire socialisé, sur lequel le capital n’a aucune emprise et qui constitue ainsi un véritable levier d’émancipation. Le gouvernement Ayrault impose à son tour des politiques de l’offre faisant peser le rééquilibre des comptes sociaux sur les salariés pour épargner le capital. Cet individualisme est la base du système de retraites par capitalisation que les capitalistes se sont jurés d’instaurer dans notre pays. En désarmant peu à peu l’Etat social, ils entendent privilégier les acteurs privés : là ou l’Etat recule, les intérêts privés progressent, et les plus démunis en sont les premières victimes.

Une politique absurde et injuste

Pour résoudre le problème de financement des retraites (déficit de 20 milliards d’euros prévus pour 2020), il n’y aurait selon les libéraux que deux possibilités : accroître le nombre de trimestres nécessaires et reporter l’âge légal de départ en retraite. Augmenter le nombre d’annuités conduirait à diminuer le montant des pensions versées, déjà largement insuffisantes pour vivre décemment. Peu d’individus seront en mesure de travailler assez longtemps et les retraités percevront donc des pensions minorées après des carrières devenues incomplètes. La durée d’annuités est en moyenne de 36,5 ans, bien loin des 41 ans aujourd’hui nécessaires pour percevoir une retraite à taux plein. Seules 44% des femmes valident une carrière professionnelle complète, contre 62% pour les hommes. Le report de l’âge légal visant à compenser l’allongement de l’espérance de vie est d’une absurdité inouïe, puisqu’il existe une relation inverse entre le temps de travail et la durée de vie : nous vivons plus longtemps car nous travaillons moins. Travailler moins, c’est vivre plus ! Face aux solutions antisociales prônées par le gouvernement, il est essentiel de changer de logique.

Favoriser le travail et l’égalité

Dans l’urgence, il faut d’abord en finir avec les exonérations de cotisations patronales, faire cotiser les revenus financiers et mettre à contribution l’ensemble des revenus non soumis à cotisations (intéressement, participation, etc.). Les travailleurs et les retraités n’ont pas à payer pour les « cadeaux sociaux » faits au patronat depuis trente ans. Sur le plus long terme, il faut avant tout une politique de création massive d’emplois : un million d’emplois en plus c’est cinq milliards d’euros de rentrées de cotisations supplémentaires pour les retraites. L’Etat doit donc investir massivement dans l’économie par l’intermédiaire d’un pôle public bancaire au service de l’intérêt général. Il doit également sécuriser le travail en augmentant les droits de salariés et en créant une loi d’interdiction des licenciements économiques dans les entreprises en bonne santé financière. Il faut donc faire tout l’inverse de la politique actuelle du gouvernement qui choisit l’impuissance face aux plans sociaux et qui va accélérer les licenciements avec la loi made in Medef, en débat actuellement au Sénat.

L’aggravation du déficit des comptes sociaux n’est pas liée à un choc démographique mais bien à une crise du travail, des salaires et à la répartition profondément injuste de la valeur ajoutée. Il faut créer des millions emplois, mais aussi augmenter les salaires pour créer une véritable relance et échapper au cercle vicieux de l’austérité qui contracte perpétuellement l’activité. Revaloriser les salaires, c’est relever d’autant le niveau des sommes disponibles pour les retraités. Pendant les années 1970, le plein emploi assurait un équilibre solide des caisses de retraites. Par ailleurs, l’égalité des sexes doit être un axe majeur d’une grande réforme de l’emploi. Favoriser le travail des femmes et faire respecter l’égalité des salaires entre les sexes permettraient d’élargir de manière considérable le volume de cotisations.

A partir de ces nouvelles ressources, le Parti de Gauche propose un droit à une retraite à taux plein pour tous dès 60 ans (75% du salaire de référence). Aucun retraité ne pourra percevoir de pension inférieure au SMIC (ramené à 1 700€ nets en 5 ans). La pénibilité du travail devra également être prise en compte donnant droit à des départs anticipés. Les années d’études seront comptabilisées dans les années de cotisations. A l’inverse des orientations libérales privilégiées depuis plus de trente ans, notre choix sera celui de la République sociale : postulant que « le but de la société est le bonheur commun », Saint-Just souhaitait dès 1793 « donner à tous les français les moyens d’obtenir les premières nécessités de la vie sans dépendre d’autre chose que des lois ».

27) Hollande, Ayrault : recul général des retraites (Jacques Serieys)

François Hollande a organisé "la concertation" sur les retraites en plusieurs temps durant l’année 2013 :

- travail d’une "commission d’experts" jusqu’en juin, date où elle remettra ses propositions au gouvernement

- conférence sociale ensuite réunissant les "partenaires sociaux"

- proposition de loi, débat puis vote au Parlement.

Nous n’en sommes encore qu’à la période exploratoire de la Commission d’experts. Cependant, plusieurs pistes se précisent, malheureusement, autour de quatre axes principaux : niveau des cotisations, montant des pensions, durée de cotisation, âge légal de départ.

Niveau des pensions

Lors de sa dernière prestation télévisée, François Hollande a applaudi l’accord sur les retraites complémentaires qui organise une baisse du pouvoir d’achat pendant trois ans (réévaluation des pensions inférieure de 1 point chaque année à la hausse des prix). Il a même caractérisé ces mesures de "très responsables" et "très courageuses". Dans ces conditions, il est probable que le gouvernement cherche à reprendre cette formule pour le régime de base.

Allongement de la durée de cotisation

La durée de cotisation nécessaire pour bénéficier d’une retraite à taux plein va progressivement augmenter pour atteindre 44 ans (personnes nées en 1989).

François Hollande justifie ainsi ce nouveau recul : "Il va falloir avoir des durées de cotisation plus longues. On a 20 milliards d’euros de déficits en 2020 si nous ne faisons rien". Son Premier ministre reprend le refrain : "L’espérance de vie a considérablement augmenté. On vivra plus longtemps à la retraite que nos parents et grands-parents. Tout le monde le comprend."

Age légal de départ en retraite

Même s’il reste fixé à 62 ans (réforme Sarkozy Woerth de 2110), peu de salariés pourront bénéficier d’une retraite à taux plein à cet âge. En effet, il faudra avoir commencé à travailler et cotiser à 18 ans pour disposer de 44 ans de cotisation à l’âge de 62 ans. Or, l’âge moyen d’entrée dans la vie active se situe aujourd’hui aux environs de 23 ans et continue à monter. L’âge de départ en retraite recule de fait à 67 ans.

Taxe sur les retraites

Les retraités qui payent l’impôt sur le revenu sont les plus pénalisés. En effet, entre en vigueur la "taxe sur les retraites", de son véritable nom la Contribution additionnelle de solidarité pour l’autonomie (Casa), destinée à faire participer les retraités au financement de la dépendance qui doit être revu en 2014. D’un taux de 0,3%, elle va représenter un coût de 4,50 euros pour une retraite moyenne de 1.500 euros. Instaurée l’automne dernier dans le cadre de la loi de financement de la Sécurité sociale, elle est amenée à augmenter. Elle concerne toutes les pensions : régime de base (régime général, indépendants, agriculteurs), retraites complémentaires, pension d’invalidité, pré-retraite.

Sont exonérés de cette taxe les retraités non imposables et ceux qui n’acquittent qu’une CSG de 3,8% (contre 6,6% pour les autres).

Pensions moins réévaluées

Pour l’ensemble des retraités du régime de base, les pensions avaient augmenté de 2,1% en 2012, seulement 1,3% en 2013. La baisse de l’inflation ne justifie pas un tel écart.

Minimum vieillesse en berne

Ceux et celles qui perçoivent le minimum vieillesse n’auront pas de coup de pouce cette année : il n’augmente que de 1,3% contre 4,7% l’an dernier. Sous le précédent quinquennat, un effort particulier avait été fait sur cette allocation qui avait augmenté au total de 25,1%. Mais, auparavant, le minimum vieillesse était également revalorisé comme les retraites.

Retraites complémentaires désindexées

Autre coup de rabot sur le pouvoir d’achat des pensionnés : les retraites complémentaires des salariés du privé vont être sous-indexées, c’est-à-dire qu’elles ne vont pas suivre la hausse des prix. Cette décision, une première depuis une vingtaine d’années, résulte du récent accord patronat-syndicats visant à renflouer les régimes Arrco (tous salariés) et Agirc (cadres). Les retraites complémentaires de l’Arrco vont augmenter de 0,8% et celles de l’Agirc de seulement 0,5%.

Si le gouvernement suit son idée de désindexer le régime de base selon les modalités de l’accord Agirc-Arrco, en sus des mesures ci-dessus, le pouvoir d’achat des retraités va en prendre un sacré coup.

26) Non à la baisse du pouvoir d’achat des retraités !

Les « partenaires » sociaux qui gèrent les régimes de retraite complémentaire sont parvenus à un protocole d’accord qui a pour but de réduire le déficit annuel de l’Agirc-Arrco de 3,1 milliards d’euros à l’horizon de 2017.

Ce texte prévoit la désindexation des pensions sur l’inflation pendant trois ans. Cela entraînera une baisse du pouvoir d’achat pour 11 millions de retraités. Le gouvernement s’est félicité de cet accord et pourrait même étendre cette désindexation au régime général.

Le Parti de Gauche s’oppose à cet accord injuste qui fait peser tous les sacrifices sur les retraités. Nous affirmons qu’il est possible de faire une réforme des retraites qui assure une retraite à taux plein à 60 ans pour tous et aucune retraite en-dessous du SMIC. C’est tout à fait finançable par la hausse des cotisations patronales et par la mise à contribution des revenus financiers et de l’ensemble des revenus non soumis à cotisations (intéressement, participation, etc.).

Il faut également d’urgence en finir avec l’austérité en menant une politique publique d’investissement massive et créatrice de centaines de milliers d’emplois dont les cotisations permettront largement de financer des retraites dignes pour tous.

Vendredi 15 Mars 2013 Guillaume Etievant, Président de la commission économie

25) Parisot : Après le contrat de travail, les retraites ! (Jean-Luc Mélenchon)

Pour accéder à ce texte 25, cliquer sur le titre 25 ci-dessus

24) Réforme des retraites  : de dangereuses pistes

Dans une feuille de route donnée à un groupe d’experts 
pour préparer 
une réforme, 
le gouvernement évoque un nouvel allongement 
de la durée 
de cotisation 
et une action 
sur le niveau 
des pensions.

La réforme des retraites s’invite plus tôt que prévu dans l’actualité. À peine le projet de loi sur le marché du travail vient-il d’être adopté en Conseil des ministres que la question de l’allongement de la durée de cotisation vient se superposer à un ensemble de mesures que le gouvernement tente d’imposer à marche forcée. Hier matin, sur France Inter, après avoir défendu méthodiquement le très décrié accord national interprofessionnel sur l’emploi, le ministre du Travail, Michel Sapin, annonçait dans la foulée que l’allongement de la durée de cotisation était «  évidemment sur la table  » pour les prochaines négociations sur la réforme des retraites. Cette «  évidence  » acte la possibilité que l’allongement de l’activité professionnelle soit instauré progressivement, au-delà du passage aux 42 annuités d’ici 2020 prévu par les précédents réformes de droite.

Le gouvernement présentait avant-hier son «  cahier des charges  » aux partenaires sociaux. Cette feuille de route précise trois «  leviers susceptibles de consolider notre système de retraite par répartition  »  : durée de cotisation, niveau des prélèvements et montant des retraites. Cela dans le but affiché d’inscrire le système «  dans une trajectoire durablement équilibrée à l’horizon 2040  ».

Un déficit 21 milliards d’euros en 2020

Selon le Conseil d’orientation des retraites (COR), le déficit, tous régimes confondus, pourrait dépasser 21 milliards d’euros en 2020. D’ici la fin juin, un groupe de dix experts présidé par Yannick Moreau sera chargé de formuler des propositions pour entériner une révision globale du système. Dans un document liminaire, le ton est donné  : «  Il est légitime qu’un accroissement de l’espérance de vie se traduise par un allongement de la durée d’activité.  » Un principe institué par la réforme Fillon de 2003. Plusieurs voix, au sein du PS, se sont exprimées en ce sens ces derniers jours. Jean-Marie Le Guen, député socialiste parisien, proposait en début de semaine d’accélérer le report de l’âge légal à 62 ans, imposé par la droite en 2010, en le fixant à 2015, au lieu de 2017. Avant lui, Henri Emmanuelli, député des Landes, estimait que la question d’une augmentation de la durée de cotisation n’était pas taboue.

Autre levier d’action envisagé officiellement  : le niveau des retraites. Sur ce point, comme sur les autres, le gouvernement se défend d’avoir déjà arrêté ses choix. Mais la tentation est forte de soumettre les retraités à l’austérité. À ce sujet, tous les regards se tournent vers les négociations patronat-syndicats sur les régimes complémentaires Agirc-Arrco. Ici, le Medef réclame une désindexation des pensions par rapport à l’inflation, qui ferait perdre, en cinq ans, 5 points de pouvoir d’achat. Avec un argument que l’on retrouve dans le «  cahier des charges  » du gouvernement pour la réforme du régime général : « Notre système de retraite permet aujourd’hui de garantir un niveau de vie moyen des retraités proche de celui des actifs et légèrement supérieur à celui de l’ensemble de la population.  » Or cette comparaison est fortement sujette à caution, comme le relève le responsable CGT Éric Aubin, dans la mesure où les chiffres, s’agissant des retraités, prennent en compte le patrimoine, et qu’en cette matière les inégalités sont énormes.

Le train de mesures d’austérité déjà prises

Pourtant, si le Medef parvenait à ses fins dans le cadre des complémentaires, le gouvernement pourrait s’appuyer sur ce mauvais exemple pour l’appliquer à la retraite de base. C’est ce que faisait valoir, le 15 janvier dans un entretien aux Échos, le ministre du Budget, Jérôme Cahuzac  : «  Un accord de ce type des partenaires sociaux sur les retraites complémentaires serait un élément d’appréciation important. On ne pourra pas ne pas en tenir compte.  » Hier, plus prudent, Michel Sapin récusait tout «  parallélisme  » avec les pourparlers sur les complémentaires. S’ajoutant au train de mesures d’austérité déjà prises (gel des rémunérations des fonctionnaires en 2013, hausse de la TVA, etc.), un gel des pensions de quelque 15 millions de retraités risquerait d’aggraver la crise économique, en pesant sur la consommation.

Le Parti socialiste s’était fortement opposé à la réforme sarkozyste de 2010 qui a reculé l’âge légal à 62 ans. Mais François Hollande ne l’a pas remise en question. Pendant la campagne électorale, il n’a pas pris d’engagements précis, hormis «  une négociation globale avec les partenaires sociaux  ». Le gouvernement a toutefois rétabli l’an dernier le droit au départ à 60 ans pour les assurés ayant commencé à travailler avant 20 ans. La feuille de route donnée aux experts prévoit enfin qu’ils fassent des propositions pour «  rendre le système plus juste  », notamment en prenant en compte la pénibilité du travail, et pour «  opérer une convergence entre les régimes, afin de garantir un socle commun de droits  ».

23) Le gouvernement Ayrault va s’attaquer aux retraites

Ce 27 février 2013, a été installée la « commission pour l’avenir des retraites ». Le gouvernement lui a donné pour objectif principal de "résoudre le problème du financement".

Cette commission, présidée par l’ancienne présidente du Conseil d’orientation des retraites, Yannick Moreau, devra remettre mi-avril au gouvernement plusieurs propositions de réformes. Ces propositions seront ensuite soumises aux partenaires sociaux (patronat et syndicat) puis au Parlement à la rentrée.

OBJECTIF : "Rassurer Bruxelles et les marchés financiers" (Le Monde)

CONTEXTE : La "méthode" employée pour les retraites rejoint celle sur d’autres chantiers "comptes publics, sécurité sociale, modernisation de l’action publique, collectivités locales, amélioration des politiques publiques."

TROIS PISTES ENVISAGEES :

- DESINDEXATION DES RETRAITES PAR RAPPORT AUX SALAIRES COMME AUX PRIX « Le fait que les partenaires sociaux soient en train de s’entendre pour désindexer temporairement les retraites complémentaires de l’inflation inspire directement le gouvernement pour les retraites de base. »

- RECUL DE l’AGE DE DEPART EN RETRAITE ? Nicolas Sarkozy l’avait porté à 62 ans, le gouvernement Ayrault envisage 62 ans et trois trimestres. Pascal Terrasse (monsieur Retraites du PS) avait proposé 63 ans (voir articles ci-dessous), Michel Rocard évoquant même 65 ans.

- OU ALLONGEMENT DE LA DUREE DE COTISATION Marisol Touraine envisage l’une ou l’autre hypothèse et laisse la "commission" faire des propositions. L’ancien premier ministre Michel Rocard a proposé dans le JDD du 26 janvier d’allonger à 43 ans la durée de cotisation, contre 41,5 actuellement. L’ancien premier secrétaire du PS Henri Emmanuelli lui a emboîté le pas mardi en déclarant au micro de France Info que "la biologie fait qu’il faut se poser la question de la durée de cotisation"

- HAUSSE DES COTISATIONS dont une part à charge des retraités ? "au moins en partie".

UN GOUVERNEMENT SOCIALISTE UN PEU PLUS LIBERAL QUE BALLADUR ET FILLON.

La question de l’indexation des retraites constitue un élément décisif des politiques de droite depuis bientôt 30 ans.

En 1987, Philippe Seguin, ministre du travail de Chirac, supprime l’indexation des retraites sur les salaires pour les indexer sur le coût de la vie, moyen de les baisser.

En 1993, le premier ministre Balladur incorpore dans la loi ce nouveau mode de calcul qui entraîne (avec le calcul sur 25 ans au lieu de 10) une baisse des retraites globale de 20% pour le privé.

En 2003, la célèbre loi Fillon impose également cette régression dans la fonction publique.

En 2013, Hollande, Ayrault, Touraine poursuivent dans la même direction en allant beaucoup plus loin : la désindexation totale des retraites par rapport à l’évolution des salaires comme du coût de la vie. Ainsi, l’évolution du montant des retraites se situerait 1,5 point en dessous du coût de la vie en 2013, puis un point chaque année de 2014 à 2017. Même le responsable CFDT Jean-Louis Malys dénonce la baisse de revenus de 5% ainsi entraînée.

QUE NOUS PREPARE ENCORE LE GOUVERNEMENT AYRAULT ?

- En prenant l’accord sur l’AGIRC et l’ARRCO comme exemple à suivre, il suscite des craintes légitimes sur la pension de reversion. En effet, durant ces négociations le MEDEF a proposé d’une part de les baisser de 60% à 56% dès le 1er janvier 2014, d’autre part de porter l’ouverture des droits de 55 à 60 ans.

- L’instauration d’un système de retraite à points, évoquée par Najat Vallaud-Belkacem et soutenue par la CFDT ? Cette proposition défendue par le FN avait été évoquée également par l’UMP durant la réforme de 2010. Mais elle suppose une remise à plat complète du système

N’en jetez plus ; nous préparerions une grève générale si la droite était au gouvernement.

Jacques Serieys le 28 février 2013

22) Parisot et Cahuzac d’accord pour désindexer les retraites de l’inflation

Le 14 janvier 2013, Jérôme Cahuzac affirme que la désindexation des retraites complémentaires mais aussi du régime général sur l’inflation n’est pas inenvisageable. Le 15, le MEDEF suit cette idée et propose de revaloriser la valeur des points Agirc et Arrco de 1,5 point en dessous de l’inflation en 2013 et de 1 point de 2014 à 2017. Sur 5 ans, d’ici 2017, cela conduit à un recul important du niveau de vie des retraités.

Jusqu’à présent, chaque 1er avril, les rentes servies aux retraités des régimes de base Sécurité Sociale, RSI, MSA ainsi qu’aux assurés des régimes spéciaux (SNCF, RATP ...) sont revalorisées en fonction de l’augmentation du coût de la vie (inflation). Ainsi, les pensions de retraites sont augmentées chaque année d’au moins l’inflation (même si celle-ci est calculée sur des critères qui désavantagent les milieux populaires), afin que les retraités conservent au moins le pouvoir d’achat dont ils disposaient au moment de la liquidation de leur retraite.

Lors de la première réunion de négociation du 22 novembre 2012 sur les retraites complémentaires Agirc (pour les cadres) et Arrco (pour les salariés), le Medef a proposé le gel des pensions durant trois ans. Devant l’hostilité des syndicats, Laurence Parisot a mené bataille pour la sous-indexation de 1 point des pensions pendant cinq ans. Les syndicats CFTC, CFE-CGC et FO acceptaient cette désindexation des retraites par rapport à l’inflation mais demandaient qu’en contrepartie, les cotisations, notamment patronales, soient augmentées.

Lors de la seconde réunion de concertation du 14 décembre, le MEDEF a maintenu sa proposition de désindexation des retraites mais refusé toute augmentation des cotisations patronales.

Le 14 janvier 2013, à la veille de la nouvelle réunion patronat syndicats, Jérôme Cahuzac a été encore plus loin que le MEDEF affirmant que la désindexation des retraites complémentaires mais aussi du régime général sur l’inflation n’était pas inenvisageable.

Question des Echos : Les partenaires sociaux devraient se mettre d’accord d’ici à mars sur une désindexation, au moins partielle, des pensions Agirc-Arrco. Le gouvernement doit-il faire de même en désindexant les retraites au 1er avril ?

Réponse de Cahuzac : « Un accord de ce type des partenaires sociaux sur les retraites complémentaires serait un élément d’appréciation très important. On ne pourra pas ne pas en tenir compte. »

Le ministre du budget explique dans le même interview espérer un accord patronat syndicat sur cette base. « Pour autant, rien n’est décidé aujourd’hui et rien ne le sera sans qu’une concertation approfondie soit menée... L’accord sur l’emploi montre que cette méthode est la bonne. Cet accord change incontestablement l’image que la France donne d’elle-même, et pas seulement vis-à-vis des agences de notation. Au même titre que la gestion rigoureuse des dépenses, c’est un élément qui conforte notre signature. »

Cette désindexation des pensions du régime général sur l’inflation signifierait mécaniquement que les pensions augmenteraient moins fortement que les prix, aboutissant ainsi à une rapide réduction du pouvoir d’achat des ménages à la retraite.

Lorsqu’un gouvernement socialiste s’attaque aussi frontalement au revenu des couches populaires, le MEDEF n’a qu’à se glisser dans sa politique. C’est bien ce qu’il a fait dès la réunion de concertation du 15 janvier. Il a donc proposé de revaloriser la valeur des points Agirc et Arrco de 1,5 point en dessous de l’inflation en 2013 et de 1 point de 2014 à 2017.

Une "revalorisation de 1,5 point en dessous de l’inflation en 2013" signifie que les prix peuvent officiellement augmenter de 1% ou 1,2% sans hausse automatique des retraites mais au contraire avec une baisse automatique des retraites de 0,5% à 0,3%. Sur 5 ans, d’ici 2017, cela conduit à un recul important du niveau de vie des retraités.

Jacques Serieys

21) Laurence Parisot suit le conseil de Pascal Terrasse et demande la retraite à 63 ans pour 43 annuités

Nous avions signalé ci-dessous l’effarante déclaration de Pascal Terrasse, délégué retraite de François Hollande, qui a déclaré ce 30 octobre 2012 : "Il est temps de dire que la retraite à 60 ans, c’est fini, terminé : la barrière d’âge doit sauter !"

Le MEDEF n’attendait pas un effort aussi méritoire en faveur de ses projets et intérêts. Aussi, ce 16 décembre 2012, Laurence Parisot a appelé le gouvernement à repousser l’âge légal à 63 ans d’ici deux ans avec 43 ans de cotisations au lieu de 41. « Est-ce que nous, en France, on peut être les seuls à rester à 62 ans, alors que nos voisins espagnols, italiens, anglais, allemands sont suivant les cas, entre 65 et 67 ans ? Non, ce n’est pas possible » a-t-elle asséné.

Quel est le but concret de ce chantage patronal ? Mettre la pression sur les syndicats et le gouvernement avant l’ouverture des premières négociations sur l’avenir des retraites. Dans le cadre des négociations sur l’avenir des caisses complémentaires AGIRC et ARRCO (que les réserves actuelles permettent de financer jusqu’en 2017 et 2020), le MEDEF a proposé : le gel des pensions durant 3 ans ou une sous-indexation de 1 point en dessous de l’inflation durant 5 ans.

Sur ce sujet des retraites comme sur celui de la flexibilité, la présidente du MEDEF ne change pas de disque. Elle refuse toute "augmentation des cotisations, que ce soit côté entreprises ou salariés". Une telle mesure "ne ferait qu’aggraver" l’écart de coût du travail avec "nos principaux concurrents".

20) Pascal Terrasse le 30 octobre 2012 : “La retraite à 60 ans, c’est fini, terminé !” (extraits)

Faudra-t-il d’autres réformes des retraites ?

- Bien sûr. Il faut avoir un discours de vérité : soit on sauve notre régime par répartition, avec un niveau décent de revenu pour les retraités, soit on ferme les yeux, et il en sera bientôt fini de ce régime…

Quelle est cette vérité à dire ?

- Nos régimes de retraite sont tous déficitaires : le régime général, les complémentaires Agirc et Arrco, les régimes spéciaux… La raison est simple : la France vieillit, le ratio cotisants-bénéficiaires se dégrade. À partir de là, il y a trois possibilités : soit augmenter les prélèvements obligatoires sur les actifs, soit jouer sur l’allongement de la durée de cotisation, soit baisser les pensions de retraite. La seule option satisfaisante, c’est l’allongement de la durée de cotisation. Il est temps de dire que la retraite à 60 ans, c’est fini, terminé : la barrière d’âge doit sauter !

Donc on ne touche pas à l’âge légal ?

- Non, car pour moi, il n’a plus de sens. C’est le nombre d’annuités qui devra évoluer, en fonction de l’allongement de la durée de la vie après la retraite, ce que l’INED (Institut national des études démographiques) pourrait calculer régulièrement. Quelqu’un qui part aujourd’hui à la retraite à 60 ans, a une espérance de vie d’environ 32 ans. Dans vingt ans, il aura une espérance de vie de 39 ou 40 ans… On ne peut pas imaginer passer plus de temps à la retraite qu’en activité.

Il faudra bouger assez vite les 42 années ?

- Oui, il faut en parler dès le grand débat de 2013. Il faut avoir du courage : j’en ai eu avant les élections, cela m’a valu beaucoup d’attaques, mais je constate que le gouvernement socialiste n’est pas revenu sur la borne d’âge de 62 ans, comme je l’avais dit. Mais il faut aussi imaginer des années de bonification, en fonction de la pénibilité du travail : dix années de travail de nuit, par exemple, pourraient valoir non pas 40 trimestres, mais 45…

http://www.ledauphine.com/politique...

19) Contenu du décret pris en Conseil des ministres le 6 juin 2012

A la sortie du Conseil des ministres de ce mercredi 6 juin 2012, la ministre des Affaires Sociales Marisol Touraine a apporté des informations concernant le nouveau décret sur la retraite pour les salariés ayant commencé à travailler tôt. Fondamentalement, il s’agit d’une extension du dispositif "carrières longues" et non d’un retour partiel à la retraite à 60 ans.

Bénéficiaires : les salariés ayant commencé à travailler à 18 ou 19 ans (cinq trimestres cotisés à la fin de l’année civile de leurs 20 ans) et disposant de 41 annuités de cotisation pour la génération née en 1952 (pour les personnes plus jeunes, voir ci-dessous dans ce même article). Tous les régimes de retraite sont pris en compte : salariés du secteur privé, agents de la fonction publique, professions libérales, agriculteurs, commerçants et artisans. Par rapport au dispositif mis en place en 2010, ces bénéficiaires pourront faire valoir leurs droits à la retraite neuf plus tôt pour ceux nés en 1952, deux ans plus tôt pour ceux nés en 1955... Le dispositif "carrières longues" concernait jusqu’à présent seulement les personnes ayant commencé à travailler à 17 ans et avant.

Personnes nées le 1er janvier 1953

Selon le dispositif 2010, elles pouvaient faire valoir leurs droits à la retraite à 61 ans et deux mois à partir du 1er mars 2014. Avec ce décret du 6 juin 2012, leur départ peut avoir lieu le 1er janvier 2013.

Personnes nées le 1er janvier 1954

Selon le dispositif 2010, elles pouvaient faire valoir leurs droits à la retraite à 61 ans et 7 mois à partir du 1er août 2015. Avec ce décret du 6 juin 2012, leur départ peut avoir lieu le 1er janvier 2014.

Personnes nées le 1er janvier 1955

Selon le dispositif 2010, elles pouvaient faire valoir leurs droits à la retraite à 62 ans à partir du 1er janvier 2017. Avec ce décret du 6 juin 2012, leur départ peut avoir lieu le 1er janvier 2015. Gain : 2 ans

Personnes nées le 1er janvier 1956 et après

Aucune information pour le moment.

Chômage : le temps de chômage n’était pas pris en compte dans le dispositif "carrières longues" précédent. Les accédants à la retraite ayant connu le chômage pourront à ce titre bénéficier à présent de 2 trimestres cotisés .

Maternité : les mères pouvaient bénéficier de 4 trimestres cotisés au titre du congé maternité dans le dispositif Fillon. Elles pourront bénéficier à présent de 2 trimestres cotisés supplémentaires, soit six trimestres .

Maladie Le dispositif des carrières longues plafonne actuellement les périodes de maladie à quatre trimestres. Ce plafond paraît conservé dans le nouveau décret.

Service militaire : jusqu’à présent, il était pris en compte comme cotisé dans la limite de 4 trimestres maximum. Jean-Marc Ayrault a déclaré vendredi 1er juin sur BFM-TV "Il y a le service militaire qui devrait être pris en compte", mais nous n’en savons pas plus pour le moment.

Début de carrière professionnelle à 14 et 15 ans

Un salarié ayant commencé à travailler à 14 ans ne pourra pas partir en retraite à 55 ans et demi tout en ayant la durée de cotisation nécessaire. Le ministère des affaires sociales a précisé que ce temps de cotisation nécessaire sera "lissé pour ne pas créer de distorsion entre les uns et les autres."

Début de carrière professionnelle à 20 ans

Les syndicats avaient demandé une transition équitable entre ceux qui pourront partir en retraite à 60 ans et ceux qui, parfois pour un jour, devraient travailler jusqu’à 62 ans. Cette proposition n’est pas prise en compte dans le nouveau décret.

Date de publication du décret : début juillet 2012

Les caisses de retraite prendront elles-mêmes contact avec les bénéficiaires du nouveau dispositif

Date de validité de ce décret : 1er novembre 2012

Régimes complémentaires de retraite

Syndicats et patronat vont se rencontrer pour définir les modalités d’adaptation au décret 2012.

Financement :

La mesure « est intégralement financée », par un prélèvement supplémentaire de cotisation d’assurance vieillesse de 0,1 point pour les assurés et de 0,1 point pour les employeurs la première année, et « coûtera moins cher que ce qui était initialement prévu tout en concernant autant de personnes ». Marisol Touraine ajoute : « la hausse de cotisation nécessaire c’est 1,6 euro (par mois) pour les personnes qui sont au smic, deux euros pour quelqu’un qui gagne 1.600 euros", "donc on est très loin des scénarios catastrophistes de la droite"

Perspective de négociation sur l’ensemble du dossier Retraites

Une conférence sociale avec les différents partenaires sociaux sera organisée en 2013. « Aucun sujet ne sera tabou dans cette discussion : âge légal de départ à la retraite, montant des pensions, prise en compte de la pénibilité... Nous devrons bien sûr inscrire cette réflexion dans un cadre financier équilibré dans la durée » a précisé la porte-parole du gouvernement Najat Vallaud-Belkacem.

18) Un décret d’ici la mi-juin 2012

* Une dépêche AFP complémentaire aux déclarations ci-dessous, en particulier de N. Vallaud-Belkacem paraît bien plus floue sur la nature du décret qui va être pris d’ici 3 semaines.

Le gouvernement de Jean-Marc Ayrault travaille sur un décret à prendre rapidement concernant le droit à la retraite à 60 ans pour les salariés ayant commencé à travailler à 18 ou 19 ans.

Ce décret "concerne ceux qui ont commencé à travailler jeune, qui ont cotisé 41,5 annuités, en prenant en considération les périodes de maladie, chômage, invalidité, et qui souhaitent partir à 60 ans", a précisé Mme Najat Vallaud-Belkacem, à l’issue du Conseil des ministres ce 22 mai 2012.

La ministre des affaires sociales, Marisol Touraine, a pour sa part expliqué le 18 mai que "les congés maternité (seraient) évidemment comptabilisés dans cette période-là, de même que les périodes de service militaire" et "les périodes de maladie, dans certaines limites".

Jean-Marc Ayrault a également précisé ce matin 22 mai : " aux alentours de 100.000 le nombre de personnes qui pourraient être concernées la première année par la mesure".

Le gouvernement vient d’apporter là plusieurs précisions que des dizaines de milliers de Français attendaient. Reste une surprise : si les périodes de maternité, armée, chômage, maladie, invalidité sont prises en compte comment le nombre de bénéficiaires n’atteint-il que 100000 personnes ?

Par ailleurs, le gouvernement Ayrault va ouvrir cet été, comme annoncé durant la campagne par François Hollande, la négociation sur "l’avenir des retraites". Le Front de Gauche maintient l’ objectif fixé par Jean-Luc Mélenchon :

« Je suis pour la retraite à 60 ans à taux plein et sans décote. Ce n’est pas parce que l’on vit plus vieux que l’on doit travailler plus longtemps. C’est une aberration. Si on vit plus vieux, c’est parce que l’on travaille moins. »

La retraite à 60 ans c’est possible !

Jean-Luc Mélenchon : ARGUMENTS POUR NE PAS MASSACRER LES RETRAITES

Jacques Serieys

17) Précisions de François Hollande en date du 4 avril

Sans remettre en cause l’allongement à 41 ans de la durée de cotisations prévu par la réforme Fillon, François Hollande (PS) souhaite rétablir la possibilité de partir à 60 ans à taux plein pour « tous ceux qui auront cotisé la totalité de leurs annuités ». Mais attention : les trimestres assimilés (pendant les congés de maternité, le chômage) ou majorés (pour les mères de famille notamment) ne seront pas pris en compte. La mesure ne devrait donc concerner que 150000 personnes et coûter 1 Md€ par an, financé par une hausse de 0,1 point par an des cotisations salariales et patronales.

Source : http://www.leparisien.fr/election-p...

17) La retraite négligée par les candidats, sauf par Mélenchon

Pour accéder à cet article 17 du site Mediapart, cliquer sur le titre 16 ci-dessus.

16) Retraites à 60 ans Salaires Sécu : Marine Le Pen enfume les Français

Pour accéder à cet article 16 du site Mediapart, cliquer sur le titre 16 ci-dessus.

15) Nouvelle réponse d’une équipe de François Hollande (Isère)

Message du 21/03/12 12:43 De : "Président Français" Objet : Re : point sur la retraite

Cher Monsieur,

Vous nous avez sollicités par un courriel en date du 25 février dernier afin de nous faire part de vos interrogations au sujet de votre retraite et nous vous en remercions. La question des retraites est un sujet important puisqu’il concerne tous les Français sans distinction. Comme vous le savez, aujourd’hui, l’âge légal de départ à la retraite est de 62 ans, sans considération pour ceux ayant commencé à travailler jeunes et ceux ayant occupé des emplois pénibles. Même s’il est logique qu’en raison de l’allongement de l’espérance de vie les Français travaillent plus longtemps, il n’est pas normal que les modalités de départ soient identiques pour tous. C’est la raison pour laquelle, François Hollande s’engage à rétablir, s’il est élu le 6 mai prochain, le droit au départ à la retraite dès l’âge de 60 ans pour les salariés qui ont cotisé la durée nécessaire. Ainsi, ceux qui ont commencé à travailler à 18 ans et cotisé suffisamment – 41,5 ans (166 trimestres) – pourront partir dès 60 ans. La différence très importante avec le dispositif actuel sera la prise en compte du temps de chômage puisque nous estimons que toute la période (avec ou sans chômage) doit être considérée. Par ailleurs et de façon à rendre ce système plus juste, François Hollande ouvrira une négociation avec les partenaires sociaux dès l’été 2012, afin de définir dans un cadre financier durablement équilibré, la prise en compte de la pénibilité, les décotes, le montant des pensions et l’évolution des recettes indispensables à la pérennité d’un système de retraite solidaire. Restant à votre disposition, Nous vous prions de bien vouloir recevoir, Monsieur, l’expression de nos sentiments les meilleurs.

L’équipe de François Hollande en Isère francoishollande38@yahoo.fr

Commentaire du site PG Midi Pyrénées sur le texte ci-dessus :

Depuis plusieurs mois, des milliers de mails ont été envoyés aux équipes de campagne de François Hollande sur la question des retraites. Celles-ci ont parfois répondu sans jamais clarifier la question de la retraite à 60 ans sur la base de trimestres cotisés ou validés. Le mail ci-dessus a été envoyé par la fédération de l’Isère du Parti socialiste à une personne l’ayant interpelée. Il prétend que les trimestres de chômage seraient pris en compte par François Hollande pour le droit à la retraite à 60 ans et, semble-t-il, pour le calcul de cette retraite. C’est là une affirmation contradictoire avec d’autres textes émanant du Parti socialiste ; ceci dit, nous la portons à la connaissance de nos lecteurs. Merci à Max pour nous avoir transmis ce texte.

14) Trimestres cotisés ou validés pour la Retraite à 60 ans : promesse de Hollande à préciser

Des personnes peuvent croire à tort qu’elles sont concernées, notamment parmi les mères de famille et les anciens chômeurs.

C’est le dix-huitième engagement, et l’un des plus remarqués parmi les soixante de François Hollande. « Je ferai en sorte que tous ceux qui ont 60 ans et qui auront cotisé la totalité de leurs annuités retrouvent le droit de partir à la retraite à taux plein à cet âge-là », écrit-il dans son programme. Chaque mot a son importance. En particulier, le verbe « cotiser ». « Il va y avoir des déçus » parmi ceux qui pensaient bénéficier de la mesure, craint un syndicaliste spécialiste des retraites, pourtant favorable au dispositif.

La durée prise en compte pour le calcul de la retraite (41 ans pour un taux plein pour la génération 1952, première concernée par la promesse du candidat socialiste) comprend en effet des trimestres cotisés, c’est-à-dire travaillés, mais aussi des trimestres « assimilés » et des majorations. Les périodes assimilées sont celles où le salarié n’a pas cotisé mais où des trimestres lui sont accordés au nom de la solidarité nationale : congé maternité, congé parental, chômage, arrêt maladie long, invalidité, service militaire. Les majorations, elles, concernent surtout les mères de famille (2 années de « bonus » par enfant).

Mais Marisol Touraine, en charge du social dans l’équipe Hollande, le confirme : le projet est bien de permettre aux seuls salariés ayant réellement cotisé 41 ans de partir. Les autres devront attendre l’âge légal (60 ans et 9 mois pour la génération 1952, conséquence de la réforme Woerth). Autrement dit, il faudra avoir travaillé dès l’âge de 19 ans, sans aucune interruption, pour prétendre partir à 60 ans pile. « Sous couvert de générosité, on oublie la solidarité », déplore Philippe Pihet, le M. Retraites de FO, constatant que les femmes ayant eu des enfants ou les personnes ayant connu le chômage auront du mal à remplir les critères.

13 ) Retraites et 60 engagements de François Hollande

François Hollande confirme qu’il entreprendra, en cas de victoire à la présidentielle, une réforme des retraites avec une négociation globale dès l’été 2012 portant sur l’âge légal de départ, la prise en compte de la pénibilité, le montant des pensions et l’évolution des recettes.

« Je ferai en sorte que tous ceux qui ont 60 ans et qui auront cotisé la totalité de leurs annuités retrouvent le droit de partir à la retraite à taux plein à cet âge-là : ce principe sera mis en oeuvre immédiatement ».

Pour avoir droit à la retraite à taux plein, il faudra donc être âgé d’au moins 60 ans et bénéficier de 41,5 annuités cotisées.

12) François Hollande confirme ses propositions prétendument "réalistes" au Bourget ce 22 janvier 2012

Dans son discours du Bourget, François Hollande a confirmé nos craintes quant à son projet sur la question des retraites :

- abandon de la retraite à 60 ans comme âge légal

- abandon des 37,5 annuités et même des 40 annuités

- maintien des modalités de calcul créées par Fillon et Sarkozy (décote...)

- possibilité de retraite à 60 ans pour les personnes pouvant faire valoir 41 années cotisées

- négociation avec patronat et syndicat de salariés

Voici exactement le texte complet de son intervention concernant les retraites :

« Commencer à faire partir à la retraite ceux qui ont commencé à travailler tôt, exercé les métiers les plus pénibles. Et c’est pourquoi, tout en ayant le souci de maîtriser les comptes et en ouvrant une négociation sur la réforme des retraites indispensable — puisque celle qui a été votée est non seulement injuste mais pas financée -, eh bien sans attendre l’ouverture de cette négociation, tous ceux qui ont 60 ans et qui auront cotisé 41 années retrouveront le droit à partir à la retraite à taux plein. La négociation, elle, portera sur la pénibilité, les décotes, le montant des pensions, l’âge légal, l’évolution des recettes, indispensable, et la pérennité de notre système par répartition. »

11) Hollande « oublie » la retraite à 60 ans pour tous

Les déclarations du candidat PS, limitant ce droit aux seuls salariés ayant commencé à travailler à 18 ans et cotisé 41,5 ans, suscitent l’inquiétude à gauche et à la CGT.

Sale temps décidément pour les retraites. Tandis qu’à droite, poursuivant sur la lancée des réformes régressives de 2003 et 2010, l’UMP envisage ouvertement de supprimer toute revalorisation des pensions, le candidat socialiste à la présidentielle vient d’indiquer que, s’il est élu, il ne rétablira pas l’âge légal de la retraite à 60 ans. Selon François Hollande, seuls les salariés ayant commencé à travailler à 18 ans et cotisé 41,5 ans pourraient partir à 60 ans. « Ceux qui n’ont pas la durée de cotisations ne le pourront pas », a-t-il insisté.

Avec cette prise de position, le candidat s’écarte du projet du PS pour 2012, qui stipule  : « Nous rétablirons l’âge légal de départ à 60 ans et l’âge de départ sans décote à 65 ans. » Un revirement qui constitue « une forme de mépris pour les millions de salariés qui se sont mobilisés à plusieurs reprises l’an dernier contre le report de l’âge légal à 62 ans… et qui avaient alors reçu le soutien des partis de gauche, PS inclus », souligne Éric Aubin, dirigeant de la CGT chargé du dossier. « Combien de salariés vont demain cotiser 41,5 ans  ? » interroge-t-il, évoquant les réalités de la situation de l’emploi, marquée par une entrée, en moyenne, à 27 ans dans l’emploi stable, et une éviction, pour plus d’un salarié sur deux, avant 60 ans…

En acceptant, de fait, le report de l’âge légal à 62 ans et l’allongement de la durée de cotisation, le candidat PS « valide sans le dire les réformes de 2003 et 2010 » et impose « une double peine » aux futurs retraités, observe Éric Aubin. « Nous allons continuer de porter le retour de l’âge légal pour tous à 60 ans et un départ anticipé, avant 60 ans, pour les métiers pénibles », ainsi qu’une réforme du financement, dit-il. Afin de peser dans le débat électoral et de préparer le débat national prévu en 2013 sur une réforme systémique, la CGT organise, le 31 janvier, un meeting national à Paris. Son de cloche différent à la CFDT, François Chérèque notant que « François Hollande revient à la réforme de 2003 que la CFDT a soutenue ». À gauche, le député Verts Noël Mamère et Olivier Dartigolles, directeur adjoint de campagne de Jean-Luc Mélenchon, ont épinglé le renoncement du candidat PS...

Yves Housson

10) Le candidat du PS a enterré l’une des conquêtes majeures de mai 1981 : la retraite à 60 ans (Jean-Luc Mélenchon)

Pour accéder au texte, cliquer sur le titre 9 ci-dessus.

9) Aubry et Fabius confirment le non retour à la retraite à 60 ans en cas de victoire de Hollande en 2012. Réaction du PG

Reculer l’âge de la retraite : non seulement une injustice mais une faute

Après les déclarations de François Hollande, Martine Aubry et Laurent Fabius ont confirmé ce matin qu’en cas de victoire, ils ne reviendraient pas à l’âge légal de la retraite à 60 ans.

Bien sûr ils se réfugient derrière la négociation avec les partenaires sociaux mais Laurent Fabius a, sur RTL, lâché le morceau sur ce qui y serait défendu par un gouvernement socialiste : « Ne nous faisons pas non plus d’illusion, la situation financière des régimes de retraites qui n’a pas été réglée par le gouvernement et la situation financière générale du pays fait qu’on ne peut pas raser gratis ».

C’est cette approche qui est illusion. On reconnait là les raisonnements de la droite pendant le mouvement social sur les retraites. En réalité, repousser l’age de la retraite n’est pas seulement attaquer un des principaux acquis sociaux mais constitue une faute en matière économique et sociale. Alors que le chômage explose tant chez les jeunes que chez les travailleurs en fin de carrière, il est stupide d’empêcher des salariés de prendre leur retraite à un âge qu’ils ont toujours plus de mal à atteindre en activité. La richesse nationale et la productivité n’ayant jamais fléchi, rien ne justifie qu’on revienne ainsi sur une évolution séculaire. C’est une prime au libéralisme, à la régression et en réalité au développement des retraites par capitalisation qui flairent là l’aubaine.

Décidément plus la campagne avance, plus il apparait malheureusement qu’il revient au seul Front de Gauche de défendre les valeurs de la gauche et les intérêts des salariés.

Eric Coquerel, Conseiller spécial auprès de Jean-Luc Mélenchon

8) Jean-Luc Mélenchon : ARGUMENTS POUR NE PAS MASSACRER LES RETRAITES

Pour accéder au texte, cliquer sur le titre 8 ci-dessus.

7) Réaction du Front de gauche : Où est passé l’engagement du PS de rétablir la retraite à 60 ans ?

Lundi 12 décembre sur RTL, François Hollande a précisé la réforme des retraites qu’il entend mettre en œuvre s’il était élu Président de la République. Ceux qui ont commencé à "travailler à 18 ans" et qui cumulent "41 ou 42 années de cotisations" pourront partir en retraite à 60 ans. C’est un peu court. Où est passé l’engagement du projet socialiste de rétablir l’âge légal de départ en retraite à 60 ans ?

François Hollande recule aussi sur la pénibilité. Alors que l’accord EELV-PS stipule que le droit de partir à 60 ans sera rétabli pour ceux ayant commencé à travailler tôt et ayant exercé des métiers pénibles, le candidat socialiste a confirmé qu’un départ anticipé à 60 ans ne sera pas automatique mais que les conditions seraient renvoyées à une négociation entre partenaires sociaux.

Quelle audace ! Pour rassembler, pour répondre aux enjeux de la période, la gauche a besoin d’une orientation différente, en rupture avec les politiques régressives des dernières années. Il s’agit donc de rétablir la retraite à 60 ans à taux plein pour toutes et tous avec la prise en compte de la pénibilité de professions donnant droit à des départs anticipés. Aucun salarié ne devra toucher de retraite inférieure au Smic. Le financement des retraites peut et doit être assuré, notamment par un cotisation nouvelle sur les revenus financiers des entreprises, au même taux que les cotisations employeurs sur les salaires.

Olivier Dartigolles directeur adjoint de campagne de Jean-Luc Mélenchon

6) 50 arguments pour rétablir la retraite à 60 ans pour tous

Pour accéder au texte, cliquer sur le titre 6 ci-dessus.

5) François Hollande confirme qu’il écarte le retour à la retraite à 60 ans

Lundi 12 décembre, sur RTL, le candidat socialiste a enfin détaillé comment il interprétait l’engagement du programme socialiste de "rétablir l’âge légal de départ à 60 ans"...

"Devant les auditeurs, je prends cet engagement : ceux qui ont commencé leur vie professionnelle à 18 ans, qui ont fait 41 années de cotisations, 42 ans, pourront partir à 60 ans. Ceux qui n’ont pas leur durée de cotisation, ne le pourront pas", a expliqué le candidat socialiste à la présidentielle. Des propos qui excluent d’office un rétablissement général de la retraite à 60 ans.

Si elles s’inscrivent dans la continuité de ses déclarations lors du troisième débat à la primaire socialiste, où il avait affirmé que "ceux qui ont fait 41 ou 41,5 années de cotisation doivent pouvoir partir à 60 ans", ces déclarations vont un peu plus loin en limitant cette proposition à ceux qui ont commencé à travailler à 18 ans.

Par ailleurs, François Hollande n’écarte pas une nouvelle augmentation de la durée de cotisation, qui sera de 41,5 ans pour les générations nées en 1955 et après. Le candidat socialiste semble également prêt à ne pas remettre en question l’augmentation progressive de l’âge légal de départ, qui, selon la réforme de 2010, sera de 62 ans en 2018.

De facto, la réforme proposée par M. Hollande consiste en une extension du dispositif "carrière longue" actuellement réservé à ceux qui ont commencé à travailler avant 18 ans. Ce dispositif permet de prendre sa retraite avant 60 ans pour les salariés qui travaillent depuis l’âge de 15, 16 ou 17 ans et qui justifient d’une durée d’assurance complète majorée de 5 à 8 trimestres selon les générations. Par exemple, pour les personnes nées après 1955, il faudra en tout 174 trimestres de durée d’assurance...

En comparaison, la proposition du programme socialiste ne permettait, certes, le départ à 60 ans à taux plein qu’aux salariés ayant commencé à travailler avant 18 ans et demi (pour atteindre les 41,5 ans) mais laissait la porte ouverte à des départs anticipés avec des décotes, alors que François Hollande veut réserver son dispositif aux gens ayant démarré leur carrière à 18 ans. "Il n’y aura pas de départ possible avec décote avant 62 ans", confirme Marisol Touraine, chargée de la protection sociale au sein de l’équipe de campagne de François Hollande...

Jean-Baptiste Chastand, Le Monde du 13 décembre 2011

4) L’accord PS-EELV escamote la retraite à 60 ans pour tous !

Avec l’agitation médiatique sur la disparition du paragraphe sur le MOX, kidnappé par des représentants d’AREVA, est passée inaperçue une évolution politique majeure dans l’accord PS-EELV : l’abandon du rétablissement de l’âge légal de la retraite à 60 ans pour tous.

Sur ce sujet, les dirigeants du Parti Socialiste s’accordaient tous pour accepter l’augmentation à 41 – voire 41,5 – annuités de cotisations nécessaires pour toucher une retraite à taux plein. Ce qui revenait déjà à accepter une bonne partie des réformes de la droite. Mais le PS, après moult hésitations de la première secrétaire Martine Aubry, avait fini par reprendre la revendication de rétablissement de l’âge légal à 60 ans, au nom de la « liberté de choix pour tous les français ». C’est ce qu’affirmait encore le texte adopté par le bureau national du Parti socialiste le 18 mai 2010 « Cela passe par le maintien de l’âge légal de départ à 60 ans car c’est une garantie pour ceux qui ont atteint leur durée de cotisation ; c’est une protection pour les salariés usés par le travail et qui souhaitent partir ; et c’est une liberté de choix pour tous les Français. » Quant à Europe Ecologie, ce rassemblement défendait également le retour à la retraite à 60 ans. Cela avait été d’ailleurs l’objet d’un échange musclé fin août 2011 entre Cécile Duflot et Laurence Vichnievsky, qui considérait cette idée comme une « lubie ».

Fini maintenant la « liberté de choix » pour « tous les français » ! Les « lubies » sont abandonnées ! L’accord PS-EELV a passé à la trappe cette proposition et prévoit maintenant : « Nous organiserons une conférence sociale réunissant l’Etat, le patronat et les organisations syndicales pour remettre à plat la contre-réforme Sarkozy-Fillon des retraites afin de garantir de manière durable le système par répartition : pour toutes celles et ceux qui ont commencé à travailler tôt ou qui ont exercé des métiers pénibles, l’âge légal de départ à 60 ans et à taux plein sera rétabli » Le retour à l’âge légal de 60 ans est donc restreint aux carrières longues et métiers pénibles (dont la définition constitue un enjeu de négociation houleux entre patronat et syndicats). Pour les autres ce sera 62 ans et pas avant !

La campagne présidentielle vient à peine de commencer. Mais le PS et EELV viennent déjà d’abandonner une aspiration largement majoritaire au sein des classes populaires. Cette bataille qui avait pourtant mobilisé à l’automne 2010 toutes les organisations syndicales, des millions de salariés et des centaines de milliers d’électeurs et de militants de gauche et écologistes.

La gauche ne pourra pas gagner en 2012 si elle ne regagne pas la confiance des classes populaires en osant défendre des propositions en rupture avec le libéralisme. C’est la démarche du Front de Gauche, qui aujourd’hui est la seule force à gauche qui défende la retraite à 60 ans pour tous et à taux plein. C’est cette voie que doit suivre toute la gauche.

par Gauche Unitaire

3) Précisions de Pascal Terrasse, député socialiste, conseiller retraite de François Hollande

Lors d’un colloque mercredi matin 12 octobre, le conseiller retraites de François Hollande, le député de l’Ardèche Pascal Terrasse, a affirmé qu’il ne pensait pas revenir sur l’âge légal de 62 ans, expliquant qu’il faudrait même porter cette borne à 65 ans.

L’enregistrement de sa déclaration, que Libération s’est procuré, est limpide autant qu’embarrassant. Interrogé par un participant au débat sur le retour aux 60 ans, le député déclare d’abord : « Il y a ce que les gens ont compris, ce que dit le PS, et ce qu’on fera. C’est trois choses différentes. » A propos de l’âge légal qui a été déplacé (progressivement) à 62 ans dans le cadre de la réforme gouvernementale, Terrasse affirme : « Compte tenu de la situation de la Cnav [Caisse nationale d’assurance vieillesse, ndlr] et de ses déficits, je ne pense pas honnêtement qu’on reviendra sur la borne d’âge », avant d’évoquer un passage à 65 ans, afin d’« équilibrer » le système.

Voilà le verbatim de sa prise de parole selon Libération :

« Il y a à la fois ce que les gens ont compris, ce que dit le PS, et ce qu’on fera. C’est trois choses différentes…C’est compliqué. Ce que les gens ont compris, c’est les socialistes, s’ils reviennent au pouvoir, vont remettre la retraite à 60 ans [à taux plein pour tout le monde]. Ca , ça n’a jamais été dit.Après, il y a la partie projet, c’est moi qui l’ai rédigée, je suis quand même bien placé. Je dis simplement que l’on acte le principe de l’allongement de la durée de cotisation : 41,5 années. Ca, on l’a acté. Pour avoir sa retraite à taux plein, il faut avoir 41,5 années. Et nous disons qu’on pouvait partir à 60 ans dès lors qu’on a ses 41,5 années. On est sur le principe retraite à la carte. Si vous partez avant, vous pouvez, mais là vous avez une décote. Etc, etc..

Sauf que, disons nous la vérité, ce qui rapporte de l’argent aux caisses, ce n’est pas vraiment l’allongement de la durée de cotisation. C’est la borne d’âge. Ca rapporte beaucoup d’argent. C’est la raison pour laquelle les 62 ans ont été donnés comme horizon... Parce que la borne d’âge rapporte directement, c’est du lourd, c’est du concret, il faut attendre pour avoir sa retraite. Ca veut dire que la borne d’âge est utile. Je vais vous dire ce que je pense. Compte tenu de la situation de la Cnav, et de ses déficits, je ne pense pas honnêtement qu’on reviendra sur la borne d’âge. La vérité c’est qu’il faut qu’on aille à 65 ans sur la borne d’âge, pour arriver à trouver un équilibre financier compte tenu des enjeux démographiques lourds que nous avons. Mais si l’on dit qu’on va à 65 ans sur la borne d’âge, à ce moment-là, il va falloir qu’on trouve quelques dispositifs pour adoucir la douleur. Parce que c’est dur. Moi je plaide depuis très longtemps pour la mise en place de dispositifs de pénibilité qui n’ont pas été mis en place. »

Sources :

http://www.liberation.fr/politiques...

http://www.filoche.net/2011/10/13/f...

2) François Hollande et les retraites. Plus d’âge légal. Maintien des 41 ans de cotisation pour taux plein (article de L’Expansion, extrait)

"A l’avenir, il n’y aura plus d’âge légal de la retraite. Tout sera déterminé par rapport à la durée de cotisation", a indiqué dimanche François Hollande sur France 5. Le programme du PS ne dit pas exactement cela.

La réforme de la réforme des retraites sera bien au coeur du programme des socialistes. François Hollande, candidat déclaré à la primaire PS pour 2012, a assuré dimanche que les Français ayant "cotisé 41 années doivent pouvoir partir à 60 ans (...) avec une retraite à taux plein", mais que ceux qui n’ont pas ces 41 années de cotisation n’auront "pas le taux plein".

"Ce qui est écrit (dans le programme PS) et que je défendrai est que ceux qui ont cotisé 41 ans doivent pouvoir partir à 60 ans avec une retraite à taux plein", a-t-il affirmé sur France 5, alors que le gouvernement a reporté l’âge de départ à la retraite à 62 ans.

"Vous aurez le droit de partir à 60 ans. Vous n’aurez pas le taux plein si vous n’avez pas fait vos 41 années de cotisation", a assuré le député de Corrèze. "La variable d’ajustement, c’est la durée de cotisation", a-t-il insisté.

"A l’avenir, il n’y aura plus d’âge légal de la retraite. Tout sera déterminé par rapport à la durée de cotisation", a assuré l’ancien patron du PS.

Le programme du PS, moins précis, indique : "pour les retraites, nous rétablirons l’âge légal à 60 ans" et "nous abrogerons la réforme de 2010".

http://lexpansion.lexpress.fr/econo...

1) Attention, le Parti Socialiste est en train de se rallier aux "réformes" Balladur Fillon Sarkozy sur les retraites

Un an nous sépare encore de l’élection présidentielle et nous pouvons entrevoir la politique que s’apprête à mener le PS s’il revient au gouvernement.

Il fait valoir des "propositions" (30) à but interne et électoraliste mais pas une orientation correspondant au contexte économique et politique du monde d’aujourd’hui (austérité, euro fort, politique financière de Merkel, désindustrialisation progressive du pays, détermination du MEDEF à casser les acquis sociaux, logiques de valorisation des dividendes par le capitalisme d’aujourd’hui, projet de grand marché transatlantique...). En écrivant cela, je ne sous-estime pas les capacités des experts, dirigeants et candidats potentiels de ce parti ; je pointe seulement l’électoralisme marketing comme forme de malhonnêteté. Il est vrai que la droite agit de même depuis longtemps mais ce n’est pas une excuse.

Programme 2007 2012 de l’UMP : le marketing comme credo

A la lecture des textes produits par le PS pour les échéances électorales de 2012, une évidence s’impose à mon avis : il ne se prépare pas à appliquer son programme (par exemple abolir la "réforme" de 2010 sur les retraites.

Nous devons donc scruter les petites phrases (par exemple de François Hollande) pour déceler le projet réel, en particulier sur cette question des retraites.

Pour l’essentiel, je crois que le PS :

- ne remettra pas en cause les ravages provoqués par les "réformes" mises en place par la droite en 1993, 2003, 2010.

- s’apprête à chercher de nouvelles formes "d’économies" pour "financer" les retraites sans guère toucher au capital (sinon il le dirait)

- continuera à détricoter les acquis de la retraite à 60 ans

Dans les jours et mois à venir, je mettrai en ligne sur ce site les articles qui me paraîtront éclairer le vrai projet du PS sur les retraites.

Jacques Serieys, avril 2011


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