Retraites : ma réaction aux annonces d’Elisabeth Borne (Jean-Luc Mélenchon)

lundi 16 janvier 2023.
 

Le 10 janvier 2022, Jean-Luc Mélenchon réagissait depuis la Guyane à la présentation en conférence de presse de la réforme des retraites par la Première ministre, Élisabeth Borne.

Écouter l’audio :

L’annonce que vient de faire Madame Borne contient beaucoup de désinformation et je crois que c’est important avant toute chose de rappeler que premièrement, il n’y a pas de déséquilibre des comptes des retraites. L’année dernière, il y avait 3 milliards d’excédents et cette année, c’est-à-dire sur l’année 2022, il y aura 2,7 milliards.

Deuxièmement, Madame Borne a rappelé qu’elle comptait arriver au plein emploi. Si elle croyait vraiment à ce qu’elle disait, elle saurait que le plein emploi ferait rentrer 6 milliards de plus dans les caisses des retraites et qu’il n’y aurait donc pas besoin de revoir les comptes. Donc je pense que sur des bases de calcul fausses, on ne peut arriver qu’à des conclusions erronées.

Et là, il y a encore des choses qui sont passées comme ça, comme un trait de plume. Il faut bien que tout le monde comprenne qu’on aura une retraite à partir de 63 ans, puis de 64 ans, et on ne l’aura à taux plein et complètement – si on n’a pas eu une carrière complète – qu’à 67 ans, c’est-à-dire que la situation après sera pire qu’avant.

Et ce recul social que porte derrière tous les grands maux qu’elle emploie, le nouveau régime des retraites, ce n’est pas le seul aspect. Vous avez entendu au détour d’une phrase, elle dit : « tous les régimes spéciaux sont supprimés et tout le monde reviendra au régime général. » Mais elle dit que « c’est seulement pour les nouveaux employés, » ce qui signifie qu’on essaie d’exciter les uns contre les autres. Que ceux qui ont quelque chose maintenant, peuvent fermer leur bouche puisque les suivants ne l’auront pas. Mais je voudrais rappeler que tous ces régimes spéciaux sont le résultat de luttes sur le résultat d’accords de négociations et que donc madame Borne et Monsieur Macron viennent d’un trait de plume d’abroger parfois 40 ou 50 ans de progrès social dans lesquels, dans les négociations, il y avait aussi la question des retraites, tandis que certaines professions sont considérées, elles, comme tellement périlleuses et usantes que l’on peut continuer à partir avant la date. Et bien moi, je pense que la vie d’un cheminot ou d’un conducteur de train est au moins aussi épuisante que celle d’un policier puisque qu’eux peuvent partir à 57 ans, ce qui n’est pas le cas des cheminots qui partiront à 63 ans.

Alors ça, ça conduit ensuite à une enfilade d’exagérations. Elle dit qu’elle va prendre en compte la pénibilité. Parfait, si elle veut prendre en compte la pénibilité, pourquoi ne pas rétablir les critères de pénibilité qui ont été abrogés par la première loi sur le Code du Travail de M. Macron ?

Bref, pour résumer en une expression comme dans une seule : on a supprimé toutes les conquêtes sociales de toutes les professions qui en avaient sur le régime des retraites, sauf les pompiers et les policiers. On a maintenu une situation d’injustice pour tous ceux qui n’ont pas des carrières complètes et on devra travailler plus longtemps.

Or, la majorité des Français disent que ça suffit comme ça, que le bon régime, c’est 60 ans, qui a été traité de mesure démagogique. 60 ans, c’est quelque chose qui est à notre portée et il n’y a pas besoin de travailler plus car nous avons divisé le temps de travail par deux en 50 ans et multiplié par 50 la richesse produite.

Nous avons la capacité de financer le fait que les gens puissent ne pas se tuer au travail.


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