Retraites : le gouvernement repart à l’attaque

samedi 13 juillet 2019.
 

Jean-Paul Delevoye, le haut-commissaire à la réforme des retraites, doit présenter ses recommandations au gouvernement.

On n’en est pas à la grande réforme prônée par Macron et renvoyée à plus tard, mais à ces « ajustements de paramètres pour faire des économies de court terme » que le président stigmatisait chez ses prédécesseurs mais qu’il s’apprête à utiliser.

Officiellement, l’âge de départ en retraite resterait à 62 ans. Mais un âge pivot ou « d’équilibre » s’établirait aux alentours de 64 ans, et tous ceux qui partiraient à l’âge officiel toucheraient une pension amputée d’un malus. Une autre hypothèse serait d’augmenter plus rapidement le nombre d’années de cotisation nécessaire pour partir en retraite. La réforme de 2014 prévoyait que cette durée passerait de 41,5 ans à 43 entre 2020 et 2035 à raison d’un trimestre supplémentaire tous les trois ans. Le gouvernement veut accélérer les choses et les 43 ans pourraient être imposés d’ici 2025. Dans l’un et l’autre cas, c’est une coupe insupportable dans les revenus des futurs retraités, ou l’obligation de travailler plus longtemps.

Pour le Premier ministre, la réforme qu’il envisage donnera à chacun la possibilité de « faire son choix en liberté et en responsabilité ». Quelle liberté ? Celle de se serrer un peu plus la ceinture, ou de s’échiner au travail ? Celle de retrouver un emploi quand on a plus de 50 ans ? Le mouvement des gilets jaunes et les manifestations des retraités ont pourtant rappelé quelques vérités : que toucher moins de mille euros par mois permet juste de survivre, qu’accumuler les petits boulots ne peut que déboucher sur des carrières à trous et des pensions minables. Les femmes sont souvent les plus pénalisées, car les arrêts pour élever les enfants, les temps partiels et la faiblesse des salaires leur valent des pensions inférieures de 25 % à celles des hommes.

Pour justifier les futures attaques contre les retraités, le gouvernement actuel utilise, comme ses prédécesseurs, l’argument de l’équilibre financier du régime des retraites. Mais si déficit il y a, les responsables sont les patrons qui licencient, suppriment des postes et diminuent de ce fait le nombre de cotisants.

Pour le moment, la réforme des retraites est toujours en discussion. Le gouvernement procède prudemment : les élections municipales ne sont pas loin. Mais il préférerait aussi éviter de relancer un mouvement de protestation qui est pourtant la seule réponse à lui faire. Sylvie MARÉCHAL


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