Retraites été 2015 Le MEDEF pousse au sabordage maximum

dimanche 12 juillet 2015.
Source : L’Humanité
 

- A) Retraites complémentaires. Le Medef refuse de mettre un sou de plus

- B) Retraites. « La proposition du Medef est totalement inacceptable » (Henri Sterdyniak, directeur du département économie de la mondialisation de l’Observatoire français des conjonctures économiques ...)

Retraites bientôt à 67 ans ? A bas la loi Hollande MEDEF ! (73 articles)

B) Retraites. « La proposition du Medef est totalement inacceptable » (Henri Sterdyniak)

D’après un sondage du baromètre OpinionWay, 92 % des Français, quels que soient leur âge ou leur métier, sont inquiets pour l’avenir de leur retraite. En quoi est-ce légitime  ?

Henri Sterdyniak Il y a une grande propagande pour inquiéter les Français sur l’avenir de leur retraite. Que ce soit au niveau des institutions bancaires ou des assurances qui cherchent à placer leurs produits. Le fait que le COR (Conseil d’orientation des retraites) fasse chaque année une projection expliquant que le système de retraite est déficitaire peut également inquiéter les gens, même si en fait le déficit programmé est très faible. Par ailleurs, la majorité de la population considère qu’il est très difficile de travailler après 62 ans. Beaucoup de gens ont eu des carrières pénibles, la situation du marché du travail est actuellement critique et il est très difficile de trouver du travail après 55 ans. Les Français sont totalement opposés à rallonger encore l’âge du départ à la retraite qui se traduirait par un nombre important de chômeurs et des difficultés d’insertion pour les jeunes.

Le patronat propose même un système punitif où les travailleurs qui voudraient partir avant 65 ans subiraient une décote de leur pension…

Henri Sterdyniak La proposition du Medef est totalement inacceptable. Nous sommes déjà dans une situation où une partie de la population est contrainte de partir à la retraite avant 60 ans parce qu’elle ne trouve pas d’emploi ou parce qu’elle ne peut pas se maintenir dans l’emploi. Ces gens se retrouveraient avec une retraite extrêmement diminuée. En plus, la logique du système français veut que la législation des retraites soit décidée par l’État et là, on passerait à un système où le Medef prendrait la main et déciderait de la législation des retraites par l’intermédiaire des régimes complémentaires, ce qui n’est pas acceptable.

La proposition de fusionner l’Agirc et l’Arrco est-elle bien sérieuse  ? Quels sont les moyens plus à même de garantir notre système de retraites  ?

Henri Sterdyniak Les régimes complémentaires sont en difficulté à court terme du fait qu’il manque 5 % d’emploi. L’État devrait venir en aide à ces régimes complémentaires. Le fait est que le Medef a refusé de faire appel à l’État et essaie de gérer la situation sur le dos des retraités. Structurellement, la population vieillit, le temps passé à la retraite va s’allonger. Il faut donc augmenter les taux de cotisations de retraite. On ne peut pas reporter l’âge de la retraite alors qu’on a un chômage important. On ne peut pas non plus baisser les pensions alors que l’on prévoit déjà de fortes baisses dues au fait qu’elles ne sont plus indexées sur les salaires. Il faut accepter l’idée de hausses de cotisations, sachant qu’un point de hausse apporterait 8 milliards au régime de retraite et suffirait à régler une grande partie des déficits. Ce qui pose problème, c’est le refus persistant du gouvernement et du Medef d’accepter toute hausse de cotisations pour équilibrer le système.

Dans ce cadre, quel système de financement pour le régime général et complémentaire faut-il mettre en place  ?

Henri Sterdyniak L’idée du Medef et de certains syndicats de baisser les pensions et augmenter l’âge de départ à la retraite ne constitue pas une solution. La question des retraites est aujourd’hui liée à la question de l’emploi. On a un taux de chômage de 10,5 %. Si on avait un taux de chômage de 7,5 %, le problème des retraites ne se poserait pas. J’ajoute également que la situation actuelle du système de retraite est aussi intimement liée à la mauvaise politique économique menée dans la zone euro. Il faut mettre en place un accord où l’on dit clairement qu’on ne repoussera pas l’âge de la retraite, que l’on mettra en œuvre des mesures comme le compte de pénibilité pour les personnes qui ont des carrières longues et pénibles. Enfin, qu’on ne diminuera pas le niveau des retraites et qu’on ajustera son financement par le taux de cotisation.

Henri Sterdyniak est directeur du département économie de la mondialisation de l’Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE)...

Pas d’accord avant octobre.

Les organisations syndicales 
faisant face à des positions 
trop éloignées de la part du 
patronat, les négociations 
continueront d’avoir lieu durant tout 
l’été et une réunion plénière aura vraisemblablement lieu le 16 octobre prochain. Les représentants syndicaux 
ont fait état de trois principaux 
«  éléments de blocage  »  : l’absence d’augmentation des cotisations patronales, les abattements 
temporaires et dégressifs «  trop élevés  » proposés par le Medef avant 65 ans et, pour la CFE-CGC et la CGT, 
la fusion de l’Agirc-Arrco.

A) Retraites complémentaires. Le Medef refuse de mettre un sou de plus

Alors que les négociations sur l’Arrco et l’Agirc doivent se conclure lundi, l’organisation patronale, intransigeante, 
maintient sa volonté de raboter les pensions liquidées avant 65 ans.

Ils lâchent un peu de lest, mais ne cèdent rien sur le fond. À quatre jours d’une nouvelle séance, en principe conclusive, de négociations sur les régimes de retraites complémentaires, le Medef affiche toujours la plus grande intransigeance  : l’organisation patronale persiste à réclamer des retraités et des salariés tous les efforts nécessaires pour l’équilibrage financier de l’Arrco et de l’Agirc, et à refuser la moindre contribution des entreprises. C’est ce qui ressort de ses dernières propositions présentées aux syndicats lors de rencontres bilatérales.

Le patronat veut ainsi imposer des abattements sur les pensions des salariés partant à la retraite avant 65 ans. La punition serait certes un peu moins sévère que dans la précédente mouture de son projet, qui avait soulevé un tollé syndical. Pour un salarié décrochant à 62 ans, la décote serait de 30 % (au lieu de 40 % initialement). De 20 % pour un départ à 63 ans, de 10 % à 64 ans. Le taux plein serait assuré à 65 ans. Un coup de rabot tel qu’il dissuaderait la plupart de partir à 62 ans. Soit le but poursuivi par le Medef qui espère ainsi amener le gouvernement à suivre le mouvement et repousser à son tour l’âge légal de départ dans le régime de base.

Les économies sont supportées 
par les retraités et les salariés

Le patronat entend toujours peser sur le niveau des pensions en augmentant le prix d’achat du point (Arrco et Agirc sont des régimes par points) de 3,5 % par rapport au salaire moyen. Dans son collimateur encore, les pensions de réversion – donc les femmes, qui en sont les principales bénéficiaires –  : il prétend encore les sabrer en instaurant une proratisation en fonction des années de mariage. Toutefois, il consent à aligner l’âge d’ouverture du droit dans les deux régimes à 55 ans, au lieu de 60 ans actuellement à l’Agirc.

Enfin, il s’obstine à vouloir faire la peau du régime des cadres, l’Agirc, en le fusionnant avec l’Arrco. Feignant d’ignorer les conséquences d’une telle décision  : mise en cause de la garantie minimale de points (GMP) assurée par l’Agirc aux cadres les moins bien lotis, et du statut cadre.

«  Globalement, ils restent sur la même logique  : les économies sont supportées par les retraités et les salariés. Les entreprises ne mettent pas un sou de plus sur la table  », analyse Éric Aubin, chef des négociateurs CGT, qui étaient reçus jeudi matin au siège du Medef. Et le syndicaliste de dénoncer la volonté patronale de forcer les salariés à reculer leur départ, alors qu’ «  une majorité ne sont plus en activité à 60 ans parce que les employeurs les jettent en dehors de l’entreprise  ». «  Pour nous, la solution, c’est d’amener des ressources nouvelles  », rappelle-t-il. Seule à avoir mis sur la table un contre-projet chiffré permettant d’équilibrer les régimes sans rogner les droits, la CGT préconise une hausse modérée de la cotisation à l’Agirc, régime le plus en difficulté, et l’instauration d’une contribution patronale, dégressive et temporaire, pour inciter les entreprises à réaliser l’égalité salariale.

En l’état, les chances de parvenir à un accord lors de la dernière séance, lundi, paraissent faibles, les autres syndicats ayant récusé le principe des abattements, ou les ayant accepté mais à un niveau beaucoup plus faible («  hors de question d’aller au-delà de 10 %  », a déclaré le leader de la CFDT, Laurent Berger). Dans le but d’informer le plus largement sur les enjeux du dossier, et de faire pression sur le patronat pour l’amener à mettre la main à la poche, la CGT appelle à un rassemblement lundi à 13 heures, devant le siège du Medef.


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