Retraites : L’arnaque politique en bande organisée n’est pas encore un délit.

samedi 14 septembre 2013.
 

La réforme des retraites, un empilement d’arnaques

Les spécialistes de la communication apprécient sans doute la nouvelle méthode mise au point par l’équipe Hollande – Ayrault pour faire passer en douceur ce qui, présenté autrement, ne le pourrait pas. En ce qui concerne la réforme des retraites, c’est presque un cas d’école.

D’abord des rumeurs de toutes sortes dessinent l’essentiel des mesures qui vont être prises. Puis, premier temps, l’annonce dans le style « bonnet de nuit » qu’affectionne Jean-Marc Ayrault, très technique et bien embrouillé pour permettre de résumer tout son propos dans une idée : « c’est une réforme juste parce que tout le monde est mis à contribution ». Les premiers commentaires recueillis dans l’instantané et sans véritable possibilité d’examiner de près le contenu de ce qui est dit sont naturellement orientés autour de cette idée de « justice », sans oublier la prise en compte de la pénibilité, qui était en quelque sorte la cerise sur le gâteau.

Après quoi commence la deuxième phase qui est d’une tout autre nature. C’est le moment où Pierre Moscovici annonce au Medef que les entreprises se verront compenser entièrement l’augmentation des cotisations sociales patronales. Adieu le fameux « tout le monde est mis à contribution ». Seuls les salariés le sont. Mais ce n’est pas tout. La compensation versée aux « entreprises » sera en réalité un allégement des cotisations patronales « famille ». Deuxième point, car c’est le début de la liquidation d’un système de cotisations que payait le seul patron. Comme il faudra bien que la somme soit trouvée, c’est la CSG qui prendra le relais ! La voie est ouverte : il n’y a pas besoin d’être grand clerc pour prévoir que c’est sur le volume total de ces cotisations que se feront les prochains « allégements du cout du travail » en reprenant la méthode du transfert sur la CSG. Il y a là, en effet, un gisement de 34 milliards d’euros !

Quant à la fameuse « prise en compte de la pénibilité », c’est presque une farce. D’abord parce qu’elle introduit pour la première fois un système de points pour calculer les retraites. C’est un début très suspect. Peut-être est-ce là le seul objectif. Deuxièmement, une fois les calculs faits, on s’aperçoit que pour obtenir le maximum de bonus possible, c’est-à-dire deux ans de cotisations en moins pour accéder à une pension au taux plein, il faudra avoir été exposé pendant vingt ans à un poste de travail pénible ! Vingt ans : la moitié d’une carrière ! Si l’on n’est toujours pas mort après cela, on pourra donc « bénéficier » d’un départ anticipé de deux ans sur les quarante-trois de cotisations exigées. Mais quarante-trois moins deux égale quarante et un. C’est-à-dire qu’à ce moment-là, la « prise en compte de la pénibilité » correspond exactement au maintien de la situation actuelle.

Bravo les joueurs de bonneteau ! Sur le plan de la communication c’est une victoire totale pour Jean-Marc Ayrault et François Hollande. Ils ont en effet réussi à faire passer inaperçus les coups les plus rudes de leur réforme contre les salariés. C’était leur but essentiel pour démobiliser ceux qui auraient voulu résister. La presse libérale et sociale-libérale s’est contentée de gémir sur « l’insuffisance des mesures prises » ! L’arnaque politique en bande organisée n’est pas encore un délit.


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