Européennes : Après les décisions des Alternatifs et du CN du MRC le 22 mars

mardi 24 mars 2009.
 

Ce week-end s’est achevée la période qui a vu les partis fondateurs du Front de Gauche rencontrer toutes les forces politiques de gauche qui s’étaient engagées contre le Traité Constitutionnel européen.

A chaque fois, avec le PCF nous avons appliqué la même méthode : rencontre bilatérale puis tripartite avec les forces acceptant d’aller plus loin (NPA, MRC, Alternatifs) au cours desquelles nous avons présenté la stratégie et les propositions de contenu du Front. Avec les Alternatifs et le MRC les discussions sont devenues négociations sur le fond (à partir d’une résolution) et sur les listes. Dans ces discussions nous avons été rejoints depuis le 8 mars par la Gauche Unitaire de Christian Picquet et ses amis dès lors que le NPA avait refusé l’alliance avec le Front de Gauche.

Nous n’avons pas ménagé nos efforts pour engager le maximum de partis dans la construction d’un débouché politique à la hauteur des enjeux du moment. Nous l’avons fait sans exclusive ni sectarisme.

Nous attendions donc ce dimanche les réponses des deux seuls partis politiques dont il manquait les réponses.

Pour des raisons différentes les Alternatifs et le MRC ont refusé l’alliance proposée.

LES ALTERNATIFS

Les Alternatifs avaient engagé une consultation auprès de leurs adhérents sur trois propositions.

Le Résultat du 1er tour est le suivant :

- pour ne participer à aucune liste : 35 %

- pour faire alliance avec le NPA : 31 %

- pour aller dans le Front de Gauche : 30 %

- abstentions : 4 %

Un deuxième tour aura lieu cette semaine entre les deux positions arrivées en tête.

Sans aucune volonté de polémiquer et en conservant l’esprit fraternel dans lequel se sont déroulées nos rencontres, nous disons en toute franchise que ces résultats sont en grande partie illogiques si nous avons bien entendu tout ce que nous ont dit les Alternatifs depuis trois mois. Le 9 décembre le Parti de Gauche rencontrait en effet une délégation des Alternatifs qui se terminait par un communiqué commun. Celui-ci s’achevait ainsi : « En conclusion, les deux organisations politiques relèvent avec satisfaction leur accord pour travailler activement à la formation pour les Européennes de ce Front unitaire de toutes les forces politiques de la gauche de transformation sociale et écologique. »

Depuis, nous avons rencontré à plusieurs reprises les Alternatifs avec le PCF. Ils nous ont toujours dit leur accord avec la stratégie du front de Gauche et leur satisfaction sur le contenu de la résolution que nous leur avons présentée. Ils nous ont affirmé que nous avions su entendre leurs demandes sur les listes en leur proposant une tête de liste (Est) et un candidat dans chacune des régions.

En outre, ils nous ont toujours affirmé leur volonté de négocier en leur nom malgré leur appartenance à la Fédération.

A l’inverse, l’accord proposé avec le NPA est politiquement surprenant. 31% des Alternatifs ont ainsi accepté un accord avec un Parti qui refuse de s’allier avec le Front de Gauche et la Fédération. C’est pour le moins contradictoire avec le communiqué cité plus haut qui appelait à un Front unitaire de toutes les forces... ».

Ensuite le NPA parait pour le moment occulter la question pourtant sacro-sainte d’indépendance avec le PS dans ses négociations avec les Alternatifs alors que ces derniers sont dans des exécutifs avec le PS (notamment à Nantes) ! Olivier Besancenot, lors de sa dernière conférence de presse, a du coup expliqué qu’il faudrait effectivement clarifier ce problème. Bref 31% des Alternatifs ont voté pour un accord bien peu finalisé... Pour finir, en acceptant la tête de liste dans l’Ouest proposé par le NPA, soit l’une des deux régions menées par le Parti de Gauche, les Alternatifs seraient conduits à affronter le parti dont chacune des trois résolutions s’accorde à saluer la stratégie unitaire !!!

Nul ne sait ce que donnera le 2ème tour (résultat le 28 mars) même si mathématiquement le premier choix - refus de s’engager - parait avoir le plus de chances de l’emporter. Si tel était le cas, nous resterons ouverts aux discussions avec les Alternatifs jusqu’au bout et avec tous ceux qui pourraient souhaiter s’engager malgré tout dans la campagne unitaire du front de Gauche.

LE MRC DONNE RENDEZ-VOUS EN ... 2012

La résolution votée ce dimanche par le CN du MRC par 56 voix contre 15 se termine par un appel aux rendez-vous de ... 2012 ! Le MRC va donc faire l’impasse sur ces élections.

La résolution votée par le MRC est éclairante car elle pointe effectivement un désaccord que nous assumons. La résolution proposée par les partis du Front de Gauche engageait ces derniers sur des points essentiels : refus du traité de Lisbonne, pour une Union Européenne basée sur l’intérêt général et la souveraineté populaire, lutte contre Sarkozy et la droite, changer la donne à gauche contre les tenants du libéralisme à gauche. Des axes essentiels qui permettaient de faire campagne ensemble à ces élections.

Par contre en dehors de grands principes - dont celui de la souveraineté populaire - ce texte ne s’engageait pas sur les contours institutionnels à venir sur lesquels pourrait se baser une Union européenne enfin capable de répondre aux attentes des peuples. A ce stade, nous connaissons en effet les désaccords des partis de la gauche de transformation sur ces questions (confédération/fédération, traité/traité constitutionnel, assemblé constituante/rôle des Etats nations, etc..).

La résolution proposée par le Front de Gauche n’en précisait pas moins que les nations restent aujourd’hui d’évidents cadres de la souveraineté populaire. Pour mieux le préciser nous écrivions dans la résolution : « Ce que nous voulons, c’est affirmer une vision nouvelle de la société et de l’Europe fondée sur l’intérêt général et la souveraineté populaire à l’échelle nationale comme à l’échelle européenne ».

Jean-Pierre Chevènement et les négociateurs du MRC souhaitaient aller plus loin en indiquant qu’« on ne fera pas l’Europe sans et à plus forte raison contre les nations qui sont le lieu privilégié de l’expression démocratique ». C’était évidemment prétendre imposer au Front de Gauche la vision de la construction européenne du MRC. Alors même que l’inverse n’est pas vrai puisque contrairement à ce qu’affirme la résolution du CN du MRC, la résolution du Front de Gauche ne parle pas d’assemblée constituante par exemple...

Au-delà du fond, c’est sur la forme même que le désaccord est patent : sur 16 amendements proposés par le MRC, 12 ont été intégrés plus ou moins modifiés. Il y a donc eu une vraie volonté de trouver un accord. Mais la méthode pour construire le Front de Gauche interdit d’imposer une vision politique aux autres partenaires. Avec cet amendement sur une souveraineté nationale présentée de fait comme le cadre incontournable et privilégiée de la construction européenne dans l’avenir, la direction du MRC savait ne pouvoir trouver un consensus. A l’inverse de ce que nous réclamaient quelques voix à gauche depuis des semaines - exclure par principe le MRC - nous avons voulu au contraire tout tenter pour trouver un accord avec ce parti comme avec les autres partis du non de gauche. Mais accepter cette demande du MRC aurait conduit les autres composantes du Front de Gauche à se renier. Jean-Pierre Chevènement et la majorité de la direction du MRC ont donc préféré l’isolement. Nous le regrettons. Nous sommes certains que c’est également le cas de nombreux militants du MRC.

Et maintenant ? Faire du Front de gauche un front toujours plus ouvert et populaire

Nationalement trois partis vont donc composer le Front de gauche. A nous d’en faire le débouché populaire dont nous avons bien vu l’impact et le potentiel lors des manifestations du 19 mars !

A nous de ne pas le réduire à ces trois forces mais d’en faire un véritable front populaire.

Nous allons continuer à proposer des places sur les listes à des personnalités d’ouverture, issues des mouvements sociaux et des luttes écologiques, acteurs du monde culturel et intellectuel... Ces possibilités concernent évidemment les responsables politiques de partis qui ont refusé le Front de Gauche ou qui ont choisi d’autre voies (comme la liste Cohn-Bendit/Bové et qui ne s’y résolvent pas ou des animateurs de collectifs citoyens.

Nationalement nous allons proposer au PCF et à la gauche Unitaire d’ouvrir le Comité de soutien national à des groupes qui ne sont pas des partis politiques et qui donc n’ont pas une vocation naturelle à se présenter à des élections et donc à s’afficher en tant que tel dans le Front comme le pratiqua naguère le « Front Populaire ».

Mais surtout nous devons amplifier localement la création de comités pour le Front de Gauche - des « comités populaires » - afin de l’ouvrir aux dizaines de milliers de citoyens qui sont sans nul doute disponibles à le construire. Ils sont la condition de la réussite de cette stratégie politique dont tout démontre l’urgence.

Eric Coquerel

SN chargé des relations extérieures et unitaires


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