Discours de Marie-George Buffet lors du meeting de lancement du Front de Gauche

jeudi 12 mars 2009.
 

C’est parti !

A vous voir si nombreux cet après-midi, à entendre résonner nos colères, notre solidarité, notre enthousiasme, eh bien oui nous sentons que l’on peut tout bousculer !

Et quelle force cela nous donne de mettre notre front de gauche sur la rampe de lancement un 8 mars, journée internationale des femmes !

Quelle joie cela me donne de voir que les Européennes seront ainsi au coeur de notre engagement pour une vie meilleure !

La marquise Lagarde n’arrive pas a prononcer le mot salaire. Mais en Guadeloupe ils ont bien gagné les 200 euros... En Guadeloupe ils ont réussi à gagner malgré le MEDEF et le mépris du gouvernement !

Barroso a rassuré les patrons de l’automobile : ils pourront licencier, délocaliser. Mais 200 délégués syndicaux de Renault se sont réunis cette semaine pour amplifier leur action et défendre leur entreprise et leur emploi !

Le président de l’Union, Sarkozy a négocié un nouveau vote des Irlandais contre l’interdiction de l’IVG. Et hier nous étions des milliers à défiler à Paris pour les droits des femmes !

Oui partout des hommes et des femmes se mobilisent résistent aux mauvais coups et portent la contestation du système lui-même !

Femmes et hommes, toutes et tous ensemble nous allons donner chair dans la vie et dans les urnes à cette alternative indispensable a l’Europe libérale.

Et pour cela la bataille est aujourd’hui lancée.

Elle est lancée entre les salariés et leurs actionnaires. Elles est lancée entre les peuples et les libéraux.

Et ce bras de fer nous allons tout faire pour le gagner !

Oui nous allons montrer que nous comptons.

Le 19 mars, salariés du privé et du public nous serons encore plus nombreux que le 29 janvier !

Ces prochains jours les enseignants-chercheurs et les étudiants feront enfin ravaler sa morgue à Pécresse !

Infirmières et médecins seront dans l’action pour sauver l’hôpital et ne pas en faire une machine rentable.

Parents et enseignants multiplieront les occupations d’école pour conserver leur Rased.

Et dans mon département la Seine-Saint-Denis on lutte chez Lapeyre et Magneto pour les salaires, on se bat comme à Kremlin contre les licenciements…

Partout en France, ça bouge dans les entreprises.

Et toutes ces exigences qui s’expriment dans ces luttes nous allons les porter avec le mouvement social jusqu’au 7 juin.

Et toutes ces exigences qui s’expriment dans ces luttes nous allons les rendre incontournables le 7 juin, avec le front de gauche, pour changer en France et changer d’Europe !

Alors aujourd’hui j’ai une conviction : c’est parti pour une belle aventure pour que la politique résonne de toutes vos colères et de tous vos espoirs !

* * * *

Alors je sais bien, chers amis, chers camarades : tout le monde aujourd’hui est pour le changement. Même le président Sarkozy nous a promis la main sur le coeur de moraliser le capitalisme. A l’époque il était président de l’Europe : tout allait bouger, tout allait changer. Et on allait voir ce que l’on allait voir. Ça on a vu !

On a vu la crise se généraliser partout en Europe et toucher le plus gravement ceux qui avaient fait le pari du tout marché !

L’Espagne était devenue le modèle du compromis social tant vanté par ceux pour qui la lutte des classes est derrière nous. Le résultat est là, il y aura plus de quatre millions d’Espagnols au chômage à la fin de l’année.

L’Irlande était selon Madame Parisot le laboratoire d’un monde parfait où l’on ne taxait pas les profits. Toute l’économie irlandaise vient de s’écrouler !

Et devant la faillite de ses meilleurs élèves que fait l’Union européenne ? Que font l’Union et les gouvernements des 27 qui ont été les complices de l’enfoncement dans la crise du capitalisme ? Ils continuent comme avant !

Ils continuent comme en Allemagne où un juge a jugé normal de licencier une caissière qui avait utilisé 1,30€ de bons d’achat abandonnés !

Ils continuent comme en France où l’on donne aux banques, à PSA ou à Renault des milliards qui seront bientôt si on les laisse faire transformés en dividendes !

Ils continuent comme la cour de justice européenne qui condamne des syndicats suédois qui avaient exigé d’entreprises lettones de respecter leurs conventions collectives !

Ils continuent comme en Ecosse où une banque se permet d’offrir 726 000€ de rente annuelle à son patron déchu pour avoir perdu 27 milliards d’€ !

Ils continuent dans un même élan les Sarkozy et les défenseurs de la directive temps travail à se draper en partisans des travailleurs qui se lèvent tôt. Mais quand l’on voit le chômage technique dans les usines et les 84 milliards de profits du CAC 40, avec ces gens-là l’avenir appartient d’abord à ceux dont les salariés se lèvent tôt !

Tous hier ont décidé la casse des services publics au nom de la concurrence libre et non faussée ; tous ont laissé mourir l’industrie au nom d’une stratégie de Lisbonne misant tout sur la finance pour les plus diplômés et les services à la personnes pour les autres ; tous ont décidé le sacrifice des salaires au nom de la liberté des capitaux d’aller chercher la rentabilité la plus haute ! Tous ont opposé les territoires d’Europe entre eux comme s’il fallait continuer de reléguer l’est de l’ouest ou le sud du nord !

Et en refusant aujourd’hui de prendre acte de leur échec et donc de rompre avec ce libéralisme, je vous le dis avec solennité et colère : tous sont responsables et coupables du séisme social qui se prépare en Europe !

Aussi devant un tel bilan, ils méritent bien une immense contestation populaire !

Une immense contestation populaire comme en Grèce où la jeunesse a dit non à la « génération 700€ !

Une immense contestation populaire comme en Roumanie où les Dacia ont dit oui aux salaires et non au dumping social !

Une immense contestation populaire pour faire monter, partout en Europe, la même exigence de changement ; la même exigence d’une rupture avec les logiques du tout marchand !

Le monde est face à une crise profonde et durable. Chaque jour qui passe voit 3000 chômeurs de plus en France ; 5500 en Espagne. Personne ne peut dire aujourd’hui les dégâts humains, économiques démocratiques qu’elle peut produire. Aussi face aux Sarkozy, Barroso et Merkel osons l’avenir ! Osons rompre avec ce qui ne marche pas !

Osons leur reprendre des mains les entreprises et les banques qu’ils sont tout bonnement incapables de gérer ! La seule issue à la crise c’est l’appropriation sociale des marchés et la prise de pouvoir des salariés dans les entreprises !

Alors oui il faut que les peuples reprennent la main.

Il faut qu’ils changent d’Europe !

Pas pour se replier chacun chez soi mais pour faire de l’Europe cet espace de liberté de progrès, de coopération dont nous avons besoin.

Il faut qu’ils construisent enfin une Europe où nous serions pleinement acteurs de nos vies et où le pouvoir serait enfin partagé.

Une Europe qui ne laissera pas son destin régi par les oracles de la Bourse ou les caprices des grandes fortunes.

Une Europe où ni les généraux de l’OTAN ni les décideurs de Bruxelles ni leurs amis du patronat ne compteront plus que les citoyens et citoyennes.

Dans notre Europe une voix égalera une voix. Et aucun pays pourra prétendre compter plus qu’un autre !

Et c’est bien par ce bout-là, celui de la démocratie et du partage des pouvoirs que nous proposons de faire l’Europe !

C’est l’Europe des échanges culturels et de la mise en commun des savoirs !

C’est l’Europe d’un nouveau mode de développement bâti par les ouvriers, les techniciennes, les ingénieurs au service des populations !

C’est l’Europe de la promotion des capacités humaines, du respect des droits, de l’éducation, la santé, la culture, de l’emploi et des salaires…

C’est l’Europe où les femmes participeraient à égalité aux prises de décision !

C’est l’Europe sachant produire ce dont elle a besoin et donc portant l’ambition d’une industrie forte, écologique et riche en emplois !

C’est l’Europe de la paix engagée pour le désarmement et la coopération entre les peuples. Une Europe que nous donnerons à voir à Nicolas Sarkozy, le 4 avril, le jour même où il fera à nouveau de la France un des meilleurs élèves de l’OTAN !

Et puisque l’on nous dit que Strasbourg sera une ville fermée à toute contestation, je veux prévenir les autorités préfectorales qu’elles ont du mouron à sa faire. Il y a de la mutation dans l’air.

Car nous serons bien là pour manifester pour la paix et le désarmement mais aussi, au vu des circonstances, pour défendre les libertés.

C’est enfin l’Europe du droit international et donc engagée en faveur du respect du droit imprescriptible du peuple palestinien à un Etat.

Et je veux ici reprendre l’appel lancé par les femmes de l’Isère « solidarité aux femmes palestiniennes qui revendiquent le droit de vivre pour elles, leurs enfants, leur peuple », un appel qui s’associe à celui des femmes israéliennes qui exigent que « la guerre ne soit plus une possibilité, ni la violence une stratégie, ni l’assassinat une alternative »

Oui en ce 8 mars, avec les femmes du monde entier, solidarité, paix pour le peuple palestinien.

Notre Europe c’est celle de l’accueil des hommes et femmes du monde où il n’y aurait pas de « sans-papiers » mais des citoyennes et citoyens participant par leur vote à toutes les décisions ; des salariés de plein droit et pas ces hommes et femmes que l’on maintient dans la peur et la surexploitation comme ces 25 ouvriers de Cleanhouse à Montreuil !

Et pour tout cela il faut battre le clan des libéraux !

Et battre les libéraux c’est d’abord rétablir la vérité quand ils multiplient les mensonges !

Monsieur le Premier ministre. Vous avez lundi l’amalgame entre ceux « qui réclament toujours plus à l’Etat » et les porteurs de « haine et de division ». Vous avez dit que se battre aujourd’hui pour ses droits revient à « mettre la France en péril » et vous nous avez appelé au « civisme » !

Eh bien Monsieur le Premier ministre ceux qui en « défendant des intérêts catégoriels » mettent la France en péril ce sont les békés des Antilles, ce sont les multinationales et leurs actionnaires, c’est votre camp agrippé à ces privilèges fiscaux comme une bernique à son rocher !

Et celles et ceux qui défendent l’intérêt général, celles et ceux qui défendent le bien commun en France et en Europe, c’est nous ! Ce sont les syndicats en lutte ! Ce sont ces maires que vous voulez bâillonner avec le rapport Balladur. Ce sont ces parlementaires qui ont lutté toute la semaine pour la défense de l’hôpital public ! C’est tout ce peuple de gauche qui se lève contre vous !

Oui le chemin pour sortir de la crise n’est pas celui qui nous y a plongé. C’est celui du changement en France et en Europe.

Aussi je veux lancer ici un appel à tous les hommes et les femmes dont les fins de mois commencent si tôt dans le mois ; à celles et ceux qui face au pouvoir ne comptent jamais pour rien ; à ces hommes et femmes que Boutin veut chasser de leur logement et à qui Bachelot veut fermer leur hôpital !

Vous avez récusé la privatisation des services publics, le travail de nuit des femmes, l’allongement du temps de travail et toutes ces directives libérales.

Alors récusez la sainte-alliance de la droite et des socio-libéraux au Parlement européen !

Alors rassemblez-vous sur le seul vote qui portera jusqu’au bout le refus de l’Europe libérale et du traité de Lisbonne. Faites front avec nous contre cette grande coalition au pouvoir pour réenchanter l’Europe et changer la vie !

Et dans l’unité du peuple de gauche, oui ce sont nos vies notre pouvoir d’achat nos libertés que nous pourrons gagner !

Oui quand on est de gauche en Europe on soutient le front de gauche !

Aussi le 7 juin tous ensemble dans l’unité !

Le 7 juin notre vote décidera si l’Europe est un outil aux mains de ceux qui veulent nous dominer et nous exploiter ou si elle est un levier pour vivre mieux.

Le 7 juin juin notre vote décidera de la démocratie et du choix d’un nouveau mode de développement !

Et pour tout cela je vous invite à porter dix propositions dans la campagne !

Un. Pour les salariés dont l’on met toujours l’emploi en balance et le salaire en berne, en finir avec le dumping social et fiscal en créant un salaire minimum européen égal à 60% du salaire moyen de chaque pays. C’est 1600 € par mois en France. Et dans le même temps bien relever partout en Europe les taux d’impôts sur les sociétés. Le capital ne doit plus pouvoir jouer contre les travailleurs !

Deux. Pour tous les salariés dont leurs actionnaires détruisent l’outil de travail à petit feu, donner aux pouvoirs publics et aux salariés de nouveaux droits dans la gestion des entreprises ; de nouveaux droits pour enclencher la réindustrialisation de notre pays ! Et pour commencer dans cette voie, je demande à l’Etat d’acquérir en urgence une minorité de blocage à Renault !

Trois. Devant l’immense faillite des marchés financiers soumettre l’utilisation des capitaux aux décisions des peuples en nationalisant tout de suite les banques pour créer un pôle financier public et en obligeant la BCE à soutenir l’emploi et l’investissement par une politique d’abaissement sélectif des taux d’intérêt.

Quatre. Pour le respect de nos droits à l’énergie, à l’eau au transport et à bien d’autres choses, donner à chaque collectivité élue en Europe, locale ou étatique, le pouvoir de s’affranchir des règles de concurrence sur son territoire pour organiser un service public !

Cinq. Pour l’accès de tous les Européens à une alimentation de qualité et en finir avec ces magasins spécialisés dans la vente de produits avariés, soutenir notre agriculture et notre souveraineté alimentaire en faisant de la PAC un instrument de soutien des prix agricoles et de rémunération du travail paysan dans le plein respect de l’environnement.

Six. Pour les générations futures et l’amélioration de notre cadre de vie, lancer un plan climat permettant de réduire d’ici 2025 de 25% les émissions de gaz à effet de serre et de 50% d’ici 2050.

Sept. Pour la paix dans le monde libérer l’Europe de la tutelle militaire américaine en sortant de l’OTAN.

Huit. Pour toutes les femmes d’Europe et comme nous l’a proposé Gisèle Halimi décider d’une clause de l’Européenne la plus favorisée permettant de généraliser dans chacun des 27 les droits acquis par les femmes dans un pays de l’Union.

Neuf. Pour la jeunesse d’Europe sacrifiée aujourd’hui par ses gouvernements, entrer dans la société du savoir en ouvrant l’accès des connaissances et en doublant notamment le budget de l’université et de la recherche !

Dix. Pour tous ces hommes et femmes qui ont droit à la meilleure vie possible, en finir avec l’Europe forteresse et régulariser tous les « sans-papiers ».

Et ces dix propositions je vous propose de les porter en exigeant à chaque instant la rédaction d’un nouveau traité qui ne soit pas un moyen de balayer les Non français et néerlandais ni de faire ravaler le Non irlandais, mais bien l’illustration d’une immense ambition démocratique et sociale pour les 27 !

Toutes ces propositions pour changer d’Europe ne sont pas un rêve. Elles peuvent demain faire partie de la vie si nous les versons dans les luttes et si nous les utilisons pour renverser le rapport des forces avec la droite.

Elles peuvent être la feuille de route des députés du front de gauche que nous allons élire. Parfois on sourit sur le parlement européen et sur l’utilité des députés. Mais le problème de ce Parlement n’est pas qu’il manquerait de pouvoirs ; c’est bien sa majorité libérale et social-libérale !

C’est pourquoi il est essentiel d’avoir des porte-voix des députés qui soient de véritables combattants au parlement européen.

Rappelez vous ce que notre ami Francis Wurtz, président du groupe de la gauche unie européenne, nous a apportés. Bien sûr lors de la campagne de 2005. D’abord pour alerter sur le projet de texte constitutionnel. puis pour dénoncer la directive Bolkestein et la faire échouer. Plus récemment, Jacky et Francis, nos députés communistes, ont porté le combat des services publics et contribué à la victoire des dockers.

Sans la gauche unie européenne aurait-on mis en échec ce nouveau partenariat- en pleine guerre de Gaza- entre Israël et l’Union européenne.

Oui, voter pour le front de gauche le 7 juin, c’est se donner des députes qui seront en lien permanent avec le mouvement social et démocratique et qui mettront des bâtons dans l’engrenage libéral et qui, sans cesse, feront avancer dans les 27 pays de l’Union des propositions pour changer d’Europe.

C’est se donner des députés qui seront d’autant plus utiles qu’ils agiront avec nos amis en Allemagne, à Chypre, au Portugal ou en Finlande, aux Pays-Bas comme en Irlande, en République tchèque comme en Grèce. Ce seront des députés d’autant plus utiles que nous ne sommes pas seuls en Europe et que partout sur le continent la gauche européenne est prête à bousculer l’ordre établi libéral ! Ensemble agissons pour ce front progressiste européen !

Vous le savez. Francis a fait le choix de ne pas se représenter. Aussi j’appelle le Zénith à se lever pour tout ce qu’il a fait pour nous. Francis merci, avec toi on a vraiment envie changer d’Europe

* * * * * *

On est bien cet après-midi dans ce meeting. Et nous aurons d’autres moments forts ces prochains jours à Nantes, Lille Marseille ou Lyon... Mais ces moments forts c’est aussi ceux qui nous ferons dans notre effort militant pour organiser des milliers et milliers de rencontres, de débats, présence publique, de blogs et de chats sur Internet et qui nous permettront d’aller à la victoire dans chacune des circonscriptions !

Rappelez-vous en 2005. Tous les médias et la plupart des forces politiques faisaient campagne pour le oui. Mais peu à peu, la chaîne populaire s’est mise en place et rien n’a pu l’arrêter. Alors ? pourquoi ce que nous avons fait en 2005, nous ne pourrions le refaire aujourd’hui alors que la crise appelle le débat politique et convoque la question européenne ?

Et pour faire cette chaîne humaine vous pourrez compter sur un journal qui se fera l’écho de tous ces débats et de tous les enjeux de l’Europe. C’est l’Humanité le journal de Jaurès et c’est une bonne nouvelle que notre campagne se fasse avec un titre « l’Humanité » qui résume si bien ce que nous voulons !

Et pour faire cette chaîne humaine nous pourrons compter sur chacun et chacune d’entre-nous ! Tous et toutes ensemble nous pouvons bousculer l’ordre établi ! Nous pouvons mettre au pouvoir nos attentes et nos espoirs !

Aussi c’est parti !

Demain dans les manifestations, faisons événement !

Le 7 juin avec le front de gauche, faisons évènement !


Signatures: 0
Répondre à cet article

Forum

Date Nom Message