Avec Jean-Luc Mélenchon, de la Gauche Socialiste puis PRS, PG à France Insoumise

dimanche 18 juin 2023.
 

- 13 décembre 2003 Fondation de PRS, un aïeul du PG
- 6 novembre 2008 : Le groupe Pour la République Sociale quitte le Parti Socialiste pour fonder bientôt avec d’autres le Parti de Gauche. Quelle est l’origine de ce groupe ?

A) La Gauche Socialiste

De 1983 à 1988, de petits courants gauche se forment au sein du Parti Socialiste avec essentiellement pour but de s’appuyer sur les mouvements sociaux pour affronter le glissement social-démocrate de la pratique gouvernementale. Leur pratique de masse se limite à la jeunesse et à SOS Racisme. Leurs animateurs ont souvent milité à l’extrême gauche avant d’entrer au PS. Personnellement, je ne les ai pas rejoint à cette époque. Premièrement, je n’étais pas d’accord avec le groupe aveyronnais sur des points importants. Deuxièmement, j’étais rattaché à une section dans laquelle ce type d’orientation était inexistant.

En 1987 (Congrès de Lille), Question Socialiste présente une contribution. En 1990, la Nouvelle Ecole Socialiste présente un texte devant l’ensemble des adhérents socialistes.

Un cours nouveau pour l’action socialiste (texte NES pour le Congrès de Rennes en novembre 1990)

La fondation de la Gauche Socialiste constitue un moment essentiel dans cette histoire avec le regroupement de forces plus nombreuses se reconnaissant dans les propositions de la gauche du parti. L’hebdomadaire A Gauche créé à ce moment-là restera le fil d’Ariane du même réseau jusqu’à la création du Parti de Gauche qui gardera alors le même titre.

Lors du congrès de l’Arche (décembre 1991), le texte de la Gauche Socialiste obtient 7,2% des suffrages et au congrès socialiste de Bordeaux (juillet 1992) : 6%. Notons dès cette époque l’importance de la réflexion sur le terrain écologique.

Personnellement, je rejoins la GS dans la première moitié de 1993.

La période de 1993 à 1999 correspond à l’apogée de la Gauche Socialiste avec le renfort de nouveaux groupes (Filoche) et militants (René Revol à Montpellier, Jean-Luc Fonvielle et Joël Trottard à Toulouse...).

Au sein du PS, les textes de congrès et de convention permettent de situer l’orientation de la GS :

Pour un nouveau traité européen ( texte Gauche socialiste pour la Convention nationale PS de L’Haÿ-les-roses les 30-31 mars 1996 sur la "mondialisation, l’Europe et la France")

Convention Entreprise du PS (22 novembre 1998) Bataille de la Gauche socialiste : licenciements, précarité, 35h, droits des salariés, services publics, fonds de pension

Convention nationale sur l’entreprise : 26% POUR LES AMENDEMENTS DE LA GAUCHE SOCIALISTE(article de 1998)

Convention socialiste (27 et 28 mars 1999) Nation Europe : Sept amendements de la Gauche Socialiste

RUPTURES ( texte Gauche Socialiste pour le 4ème Congrès du M.J.S. à Tours les 17, 18 & 19 décembre 1999)

La Gauche Socialiste intervient en même temps dans la société française par l’action des clubs Pour la République Sociale. Elle participe au mouvement altermondialiste et se bat contre la dérive "démocrate clintonienne" de l’Internationale socialiste, particulièrement en animant le réseau République Sociale Européenne.

DÉMISSION D’OSKAR LAFONTAINE : LA GAUCHE EUROPÉENNE AU CARREFOUR (texte de mars 1999)

L’opposition à l’orientation politique suivie par le Parti Socialiste se fait donc à l’intérieur de cette organisation mais aussi de façon publique lors de décisions importantes :

Création du PACS L’AMÈRE DE TOUS LES VICES, par Sébastien Paris (5 novembre 1998)

Sans-papiers : Appel des élus (24 novembre 1998)

Traité d’Amsterdam : Intervention de Julien Dray à l’Assemblée Nationale le 25 novembre 1998

35 H : Non, Martine, ne fais pas ça ! (par Gérard Filoche, juillet 1999)

BRADAGE DU SECTEUR PUBLIC... Aérospatiale-Matra, saga suite… juillet 1999

B) La scission de la Gauche Socialiste fin août 2002

Pourquoi cette scission ? Sur le fond, le Parti Socialiste de 1971-2002 s’est fracassé comme parti porteur d’un projet socialiste. La Gauche Socialiste s’était construite comme courant gauche pour empêcher ce fracassement ; à partir du moment où l’accident avait eu lieu, que le parti avait changé de route (stratégie, programme, projet) et de voiture (nature du parti), la Gauche Socialiste n’avait plus d’utilité pour un vrai socialiste.

B1) Plusieurs facteurs me paraissent avoir fragilisé la Gauche Socialiste au fil des années :

- le fonctionnement du Parti Socialiste en cliques et sous-cliques ne pouvait qu’influencer son courant gauche, en particulier au sein de sa direction nationale

- la pratique politique du gouvernement Jospin et de François Hollande comme premier secrétaire crée diverses tensions au sein de la GS : critiques (surtout dans les couloirs) contre Jean-Luc Mélenchon, ministre de l’enseignement professionnel ; critiques des positions publiques de Julien Dray sur la sécurité, tensions dans le secteur jeune (le plus sensible dans tous les partis aux évolutions de la société et le seul dans lequel la GS est en position de responsabilité). Dans la jeunesse, le sous-courant Dray, Thomas, Cherki se divise en deux réseaux de plus en plus irréconciliables.

- le lien d’une partie de la direction de la GS (dont Julien Dray) avec le sionisme atlantiste exacerbe les désaccords après le 11 septembre 2001

L’alignement de Julien Dray sur la stratégie américaine après le 11 septembre 2001 et l’explosion de la Gauche Socialiste

- l’habileté de François Hollande comme premier secrétaire du PS à préparer 2007 en gagnant des sympathies individuelles avant et après l’échec de Lionel Jospin le 21 avril 2002.

B2) L’explosion de la Gauche Socialiste à Nantes, fin août 2002

Le seul compte-rendu rédigé dans la foulée de cet évènement a été écrit par l’historien Pierre Broué. Malgré ses imperfections, le voici :

Julien Dray et "Le cirque de la Gauche socialiste" lors de son Université d’été de Nantes en août 2002 ( par Pierre Broué)

C) Nouveau Monde

Après la scission de la Gauche Socialiste, Julien Dray et plusieurs de ses proches (Harlem Désir, Delphine Batho...) rejoignent la majorité du Bureau National dirigée par François Hollande.

C1) Création de Nouveau Monde

Jean-Luc Mélenchon choisit :

- au sein du Parti Socialiste une alliance avec les emmanuellistes et poperénistes dans un nouveau courant nommé Nouveau Monde

Un autre monde est possible ! par Henri Emmanuelli et Jean-Luc Mélenchon août 2002

L’appel d’Argelès Mélenchon Emmanuelli Vidalies (27 septembre 2002)

Pour un autre monde Un autre chemin. Motion Nouveau Monde pour le congrès socialiste de Dijon (printemps 2003)

- hors du Parti Socialiste, le maintien des clubs Pour la République Sociale comme interface directe entre Nouveau Monde et la société

C2) L’existence difficile de Nouveau Monde

Les relations au sein de Nouveau Monde entre ex-GS, emmanuellistes et vidalistes ont été variables d’un département à l’autre, mais généralement mauvaises sinon exécrables.

Pour mon département, l’Aveyron, les poperénistes emmanuellistes expliquaient ainsi les frictions : "Une majorité des animateurs de l’ex-Gauche Socialiste se considérent d’abord comme membres de la Gauche Socialiste, ensuite comme membres du Parti Socialiste. Pour nous, c’est l’inverse." Je reconnais la pertinence de cette critique.

La direction nationale de Nouveau Monde cherchant plus à déstabiliser les anciens groupes Gauche Socialiste qu’à construire en commun un nouveau courant, d’anciens Gauche Socialiste ont formulé très vite la demande d’une réunion pour faire le point ; le risque ne pouvant être pris trop tôt, les téléphones ont été très utiles durant un an ; finalement nous nous sommes retrouvés le 13 décembre 2003.

D) 13 décembre 2003 Fondation de l’association PRS (Pour la République Sociale) : rapport de Jean-Luc Mélenchon

Ce jour-là se réunit, de fait, l’ex-majorité de la Gauche Socialiste issue des rencontres de Nantes. Seize mois plus tard, après des batailles politiciennes épouvantables au sein de Nouveau Monde et du Parti socialiste, il ne reste guère qu’une quarantaine d’animateurs présents nationalement pour une vingtaine de départements.

Heureusement, nous reprenons vite nos bonnes habitudes ce 13 décembre 2003 avec une grande convivialité, un excellent rapport d’introduction de Jean-Luc Mélenchon et un débat tout aussi enrichissant.

Je considère cette réunion du 13 décembre 2003 comme très importante. Comme je la présidais, mes notes sont peut-être parcellaires et mon compte-rendu ci-dessous insuffisant. Je complèterai plus tard si ce texte est lu.

Rapport de Jean-Luc Mélenchon

D1) LE DIAGNOSTIC

- " Le 21 avril 2002 est la conséquence du fait que nous n’avons pas été entendus lors du congrès de Brest" et que la gauche plurielle n’a pas apporté de réponse cohérente à la crise provoquée par le néo-libéralisme en France, dans l’Union européenne et au niveau international. Depuis le 21 avril, la gauche est mise au pied du mur de construire cette cohérence.

ETAT D’URGENCE SOCIALE - POUR UNE AUTRE COHERENCE (motion de la Gauche Socialiste pour le Congrès de Brest 23 novembre 1997)

- Au sein du Parti Socialiste et de Nouveau Monde, nous sortons d’une bataille moche, dure sur les investitures pour les régionales. Ce n’est qu’un aspect... La défaite de la gauche du parti lors du congrès de Dijon accroît notre obligation de construire un projet politique cohérent, d’autant plus que les conditions objectives et subjectives du 21 avril se sont aggravées, le fascisme substituant comme toujours le racisme à la résolution de la question sociale.

- Des camarades ont cru cet automne que les luttes sociales allaient emporter seules le morceau. C’est impossible sans force politique portant un projet politique donnant un débouché à la radicalité sociale. Après l’échec, le besoin de cette force politique se fait encore plus sentir car les plus combatifs se replient souvent entraînant leurs proches avec eux.

- Aussi, je souhaite que nous mettions en place un regroupement organisationnel... Ni la forme parti, ni la forme syndicat ne sont dépassées... A-t-on déjà vu un "réseau" emporter des revendications salariales ?

La forme parti est indépassable tant que nous luttons dans le cadre du néo-libéralisme.

L’heure n’est donc pas à nous introspecter mais à bâtir un projet et un parti pour porter ce projet.

- Pour la première fois depuis 1977, j’ai le sentiment que le Parti Socialiste n’est pas en mesure de se redresser... Politiquement, l’outil est très mal en point ; c’est une SFIO repeinte par un peu de jeunisme...

Les conditions d’une victoire de la gauche sont moins réunies que jamais

Quelles figures le Parti socialiste présente-t-il au peuple de gauche ? Fabius, Strauss-Kahn, les plus informés ajoutent Hollande. Quand ils s’expriment à gauche, les gens pensent qu’ils mentent et ne respecteront pas leurs engagements.

L’accord avec les Verts est sous-tendu par le choix de prioriser le public des couches moyennes.

Notre devoir est donc de contribuer à construire une nouvelle Union des gauches sur une cohérence sociale et démocratique pour des raisons de mobilisation populaire, de résistance au néo-libéralisme et à l’extrême-droite et de réussite électorale.

Nous allons avoir besoin d’une forte cohérence politique

- "le social ne produira pas spontanément un programme politique"

- bilan du choix de l’Union européenne en 1983

- bilan de l’URSS

- les nuages s’accumulent sur l’économie mondiale (financiarisation, spéculation, baisse du dollar, déséquilibres politiques avec l’enlisement des USA en Irak et la montée de nouveaux pays, aspects pourrissants de la "démocratie" US avec le poids des lobbies, des sectes...)

Sommes-nous dans un mouvement ascendant socialement et politiquement ? Je n’en suis pas sûr. Depuis quinze ans, aucune revendication de conquête n’a été avancée sauf les 35 heures mais surtout des revendications de défense.

D2) LE PROJET POLITIQUE

Je fais partie ici de ceux qui viennent de la trajectoire Union de la Gauche Programme commun. Nous avons cru à la possibilité de faire le socialisme en 100 jours. Nous avons essayé de mettre ce projet en pratique et en 100 jours tout le secteur bancaire était nationalisé...

Il faudrait tirer un bilan détaillé de notre pratique ; ceci dit, ceux qui se sont battus à l’époque et longtemps après pour réformer pas à pas le capitalisme en sont réduits à réformer peu à peu le socialisme.

Le Parti Socialiste lui-même a pris ses distances avec le projet de 1981 :

- rupture de l’Union de la Gauche en 1986

- France unie en 1988...

Notre trajectoire collective naît avec la Nouvelle Ecole Socialiste que nous fondons en voulant nous appuyer sur les mouvements sociaux pour affronter la rupture du PS avec le projet socialiste du programme commun... 1993... 1997... 2002... 2003.

La conséquence du congrès de Dijon, c’est que le PS n’est plus en mesure d’affronter les tâches de la situation politique pour un parti socialiste. Aussi, la question se pose de savoir comment sortir de cette situation du point devue du projet politique comme de l’organisation.

Sur le fond, nous devons refuser le choix entre Strauss-Kahn et Fabius. Nous ne nous y résoudrons que si vraiment nous n’avons pu faire autrement après avoir tout essayé.

Si on pense qu’au prochain congrès nous ne modifierons pas le rapport de forces, il faut s’atteler immédiatement à construire une force de gauche anticapitaliste avec :

- un autre programme

- un autre parti dont je ne préjuge pas ce qu’il sera

Pour avancer vers le socialisme le PS n’est plus bon à rien mais nous pouvons raisonner sur deux hypothèses :

Première hypothèse : par le Parti Socialiste

En ce cas-là, le PS sera vraiment un Nouveau Parti Socialiste qui convoque des Assises en s’adressant particulièrement aux communistes (ou au moins des secteurs communistes) et à l’extrême gauche (ou au moins des secteurs de l’extrême gauche)

L’hypothèse d’un travail par le PS est évidemment la plus économique pour nous. Elle implique inéluctablement une alliance la plus utile possible avec Dolez et le NPS même si NPS est très hétérogène.

Le oui ou le non à la prochaine constitution européenne va fracasser la gauche et en particulier le PS ; seul le NON serait unifiant face à la droite et au néolibéralisme européen mais je ne me fais pas d’illusion. En 1983, le PS a argumenté que nous faisions l’Europe pour faire le socialisme ; le texte de la nouvelle constitution a pour but d’empêcher, d’interdire le socialisme.

Dans l’immédiat, nous avons une question à nous poser : scissionner ou pas le courant Nouveau Monde

Nouveau Monde est le regroupement de la gauche du Parti Socialiste, mais Nouveau Monde se meurt et si nous ne faisons rien d’autre on va y mourir de la pire des morts : de mort lente.

Je reconnais avoir sous-estimé la cohésion du courant d’Alain Vidalies. Beaucoup parmi nous ont constaté l’impossibilité de tout débat politique avec eux ; cela s’explique par le fait que nous n’avons pas un projet politique proche ; ils expliquent aujourd’hui que nous avons eu tort de refuser une synthèse lors du dernier congrès... qu’il ne faut pas désespérer du PS...

L’impasse de Nouveau Monde est également signée par le fait qu’il ne représente en rien une alternative à la direction du PS : Henri Emmanuelli ne sera candidat ni à l’investiture comme 1er secrétaire national, ni à l’investiture pour les présidentielles.

Que faire dans ces conditions de Nouveau Monde ? Une motion de parti vit sa vie de motion du parti pour préparer les réunions d’instances. Rien de plus.

Deuxième hypothèse : créer des liens avec les groupes et réseaux qui peuvent permettre de fonder une force et refonder la gauche après l’explosion qui va suivre ces échéances européennes.

Il faut préempter l’espace dans lequel peut se faire la recomposition politique d’une gauche anticapitaliste. Pour cela, nous avons besoin d’une réponse programmatique et idéologique au néo-libéralisme, c’est la République Sociale.

Il nous faut donc fabriquer le Parti de la République Sociale. Ce projet n’a rien à voir avec le républicanisme chauvin au dessus de la droite et de la gauche.

Nous avons commencé à explorer le terrain... A Montreuil, qui est là ? Christian Picquet...

D3) LE CALENDRIER

On ne construit pas sans délimiter politiquement. Pas besoin de camarades qui ne savent pas ce qu’ils veulent.

Nous devons savoir avec qui on fait la route pour notre perspective historique.

- Montreuil le 17 janvier

- Forum républicain le 31 janvier ou 1er février.

- Composante sociale et syndicale nécessaire

- Entrer partout en contact avec la LCR et ses militants, le PCF et ses militants, des militants du PRG...

- Si le PCF, la LCR, le PRG et ATTAC appellent à voter NON au Traité européen, que va faire la direction du PS ? que ferons-nous ? Beaucoup de nos camarades refuseront de faire campagne pour le oui...

E) Mon intervention après le rapport de Jean-Luc Mélenchon

Je trouve ce rapport de Jean-Luc vraiment très bon. J’en partage avec raison le diagnostic sur le capitalisme d’aujourd’hui, les luttes sociales, l’état du PS et de Nouveau Monde. J’en partage avec enthousiasme le projet de préparer l’émergence d’ une force anticapitaliste au travers des séquences politiques à venir Europe puis présidentielles, force nouvelle impliquant un autre programme et un autre parti. Si nous échouons ensemble dans cet objectif, ce sera toujours mieux que de mourir de mort lente dans les méandres politiciens quotidiens du PS et de Nouveau Monde ; aucun doute.

La période politique est-elle favorable pour un projet aussi ambitieux ? Je réponds oui et c’est un petit désaccord avec Jean-Luc. Il dit "Sommes-nous dans un mouvement ascendant socialement et politiquement ? Je n’en suis pas sûr". Je suis plus optimiste au vu de la courbe des jours de grève, de mouvements comme l’altermondialisme et de l’évolution du champ politique latino-américain comme européen. La dernière poussée sociale et politique internationale s’est achevée en 1975 avec de petites répliques jusqu’en 1984. De 1984 à 1993, le monde connut une phase de réaction néo-libérale malgré quelques luttes d’ampleur, par exemple en France. Depuis 1994, nous assistons à une très lente remontée. Cette grande lenteur s’explique, je crois, par les échecs des dernières périodes révolutionnaires, le stalinisme succédant à l’élan des années 1917-1923, la victoire franquiste clôturant la poussée des années 1936, les déboires rapides des pays de l’Est en 1947-1956 après les victoires de l’armée rouge, l’épuisement des années 68 dans les salles de torture des escadrons de la mort latino-américains, dans les orientations gauchistes pour certains et les trahisons pour d’autres. Un élément me paraît caractériser la nouvelle période de poussée : une attente sociale considérable mais un doute politique aussi considérable d’où une activité politique des masses à l’économie privilégiant les élections et les institutions sur les insurrections comme nous le voyons en Amérique latine.

Jean-Luc a sérié les questions politiques à venir en fonction de deux hypothèses, dans le PS et hors PS. Dans sa première hypothèse, il donne un cadre d’analyse et de propositions que je partage mais qui doit être précisé concrètement par département et surtout suivi en matière d’organisation par le national et dans chaque région. Dans la pratique, les deux hypothèses sont liées par le rôle irremplaçable des groupes départementaux Pour la République Sociale comprenant nos adhérents socialistes et les personnes hors PS intéressées par notre pratique politique ouvrant en pointillé la perspective de la 2ème hypothèse. A part cas rare, les clubs Nouveau Monde ne sont pas un bon cadre pour travailler avec des camarades du PC, de la Ligue ou même du PRG s’il s’en trouve.

J’en viens à mon dernier point, notre cohérence politique. Jean-Luc a articulé un bilan de notre passé dans la Gauche Socialiste puis Nouveau Monde avec nos perspectives. Je l’en félicite ; un courant politique ne comprenant pas son passé peut difficilement se projeter utilement dans l’avenir. Je pense qu’il nous faut produire un écrit sur ce passé, en particulier sur l’explosion de la Gauche Socialiste car le réseau qui a travaillé avec nous et qui nous sera à nouveau indispensable, en a besoin. Il est vrai qu’en écrivant, nous risquons de nous exposer dangereusement dans un cadre organisé comme le Parti Socialiste où le moindre élément peut entraîner un procès inquisitorial. Cependant, je crois notre cohérence politique indispensable au moins vis à vis de notre réseau. Dans le contexte international actuel, je ne crois pas raisonnable de penser la construction d’une force anticapitaliste sans une bonne cohérence sur les questions internationales, par exemple la question palestinienne. Cela peut limiter nos relations avec des membres du PRG ; cela ne me paraît pas gravissime.


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