Le gouvernement Berlusconi change de fait la constitution pour rendre éternelles les politiques néolibérales qui ont déjà été constitutionnalisées au niveau européen

mardi 23 août 2011.
 

La manoeuvre décidée par le gouvernement Berlusconi sous la dictée de la BCE et de l’Allemagne n’est pas seulement économique. C’est une grande révolution conservatrice qui utilise le pouvoir de l’Etat pour renverser les rapports entre les classes sociales et en finir avec le compromis démocratique qui a caractérisé notre époque depuis l’après guerre.

Dans la manoeuvre il est prévu de privatiser tout ce qui peut l’etre et est prévue une destruction totale du welfare (Etat providence). Personne ne comprendra plus pourquoi il est important de payer des impots si l’Etat n’assure plus ses services et s’il faudra une nouvelle fois payer au privé.

Dans la manoeuvre est accueillie la requette de la FIAT de detruire le contrat national de travail (en permettant la negotiation entreprise par entreprise) ce qui ouvrira la voie à une importante réduction des salaires et à une décomposition des classes sociales (en outre, ajouterai-je, à permettre finalement les licenciements sans juste cause, interdis par l’article 18 du statut des travailleurs, mais depassés par ce decret, sans qu’il soit nécessaire de supprimer ledit article).

Dans la manoeuvre est prévue une attaque violente contre les salariés du secteur publique, dont on retarde l’âge de la retraite (67 ans à terme, mais le terme lui aussi se retire...), en particulier pour les femmes mais pas seulement.

Dans la manoeuvre économique est prévue la destruction des autonomies locales (regroupement des communes de moins de 1000 habitants et suppression des départements comptant moins de 300 000 habitants ou 3000 km2) et des regions. L’on utilise aussi la polémique contre la caste dirigeante pour éliminer la democratie dans le pays (réduction de 50% des parlementaires, réduction du nombre de conseillers régionaux, généraux et communaux).

La manoeuvre changera la constitution pour rendre éternelle les politiques néolibérales qui ont déjà été constitutionnalisées au niveau européen. Parallèlement on ne touche pas un cheveu aux riches, ces dix pour cents qui detiennent plus de la moitié de la richesse italienne, on ne cherche pas à mettre un frein à l’évasion fiscale (estimée à 170 milliards/an, source ISTAT) et l’on ne prend aucune mesure contre la spéculation financière, même pas l’interdiction de vente à découvert qui est déjà en vigueur dans d’autres pays européens.

C’est une manoeuvre injuste, récessive, qui ne s’attaque pas à la finance mais qui détruit les bases de la démocratie dans le pays.

Contre cette manoeuvre il est important de construire la plus grande opposition possible.

Pour être efficaces il ne suffira pas de se prononcer contre les coupes franches dans le budget de l’Etat. En effet la manoeuvre a été construite et trouve sa justification dans l’urgence de combattre la crise et la spéculation. En absence d’une explication générale différente, il est très probable que les personnes soient opposées à cette manoeuvre économique, mais qu’elles pensent qu’il n’y a rien d’autre à faire parce que "les marchés en ont décidés ainsi", ou "l’Europe a décidé comme ça", etc. Il y a une idéologie dominante - partagée par presque toutes les forces politiques et par les médias dominants - qui doit être mise en discussion, si nous ne voulons pas voir rendue inefficace notre action politique.

De : Paolo Ferrero, Secretaire national Parti de la Refondation Communiste - Federation de la Gauche

Traduction : Guillaume Mariel


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