La couleur brune se répand

jeudi 11 juin 2020.
 

Les grandes crises politiques, économiques et sociales servent de terreaux aux expériences fascistes et autoritaires. Les années 30 l’ont hélas démontré. Si l’histoire ne se répète jamais à l’identique comme nous en avertissait Marx, il nous faut quand même prendre la mesure des signes inquiétants qui s’accumulent. Ils ne datent pas d’hier et de la crise de la COVID-19 : la montée des régimes autoritaires au Brésil, en Europe de l’est et le gouvernement de Trump l’attestent depuis quelques années. Par delà leurs différences notables, ils ont en commun de croître dans le climat d’incertitude, de peur et d’inconnu face à l’avenir auxquels les peuples sont soumis.

Aux États-Unis Donald Trump entame une course en avant autoritaire et réactionnaire. Elu après la crise des subprimes, sa démagogie se nourrit désormais du racisme le plus criant. Face aux manifestations massives contre les violences policières et le racisme endémique d’une partie de la police américaine, il n’a pas hésité à courir le risque de la guerre civile en en appelant à l’armée. Ne nous y trompons pas, quand bien même la personnalité de Trump joue un rôle, il demeure le président d’un système oligarchique qui a fait le pari d’une gouvernance autoritaire, prompte à défendre les intérêts économiques des plus riches alors que l’urgence économique et sociale appelaient de profondes restructurations économiques et géopolitiques. America’s first, c’est l’agenda des lobbys de Wall Street.

En France, le Rassemblement National entend lui aussi jouer sa partition. Terrée chez elle pendant le confinement, Marine Le Pen n’a joué aucun rôle dans la crise, comme elle était absente du débat sur les retraites ou particulièrement ambigüe lors des violences policières pendant les manifestations des gilets jaunes. Désormais, elle et ses affidés réintègrent les plateaux de télé, comme pour mieux faire taire les solutions progressistes. Sur les violences policières et le racisme, elle a évidemment eu ici la même attitude que Donald Trump. Mais leurs partis de l’ordre encouragent au contraire la conflictualité et la discorde en France. Il ne s’agirait pas pour eux que la concorde, la solidarité qui se sont exprimées lors du confinement ne viennent modifier leur agenda. Le racisme ouvertement libéré dans les professions de la sécurité en est un autre signe. Ne prenons pas non plus pour des broutilles les milices de génération identitaires à Lyon ou l’attaque du Bar Saint-Sauveur à Paris par le GUD : l’extrême droite se déploie toujours par la violence en même temps qu’elle prétend réssoudre la crise sociale. Depuis quelques années elle s’organise, se répartit les rôles et s’arme. Face à elle la pédagogie est de mise et il faut dissiper la mystification. Mais la solidarité est encore plus importante, comme l’est la nécessité de résister à la violence fasciste. Face aux sirènes des lendemains bruns, organisons les résistances populaires.

Benoît Schneckenburger


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