Mardi 24 janvier 2012 s’est ouvert le procès de Baltasar Garzón au Tribunal Suprême de Madrid. Garzón est jugé pour avoir voulu enquêter et rendre justice aux familles des disparus de la guerre civile et du franquisme soit plus de 100 000 disparitions entre 1936 et 1951. En Espagne, la Loi d’Amnistie de la transition de 1977 impose l’oubli de crimes pourtant imprescriptibles au regard du droit international ce que l’ONU a dénoncé en plusieurs occasions. Alors quand en 2008 le juge Garzón a voulu ouvrir l’enquête, trois organisations d’extrême-droite dont la Phalange espagnole et le syndicat d’extrême-droite « Manos limpias » ont porté plainte, une plainte jugée recevable par le Tribunal Suprême.
Ce procès fait d’autant plus scandale que la semaine passée les médias, le Parti Populaire au pouvoir (plusieurs ministres dont Rajoy), et même des représentants du Parti socialiste espagnol (PSOE) ont rendu un hommage vibrant à Fraga, ancien ministre de Franco et fondateur du Parti populaire ! Voir au même moment un juge être traité en criminel pour vouloir rendre justice aux disparus du franquisme est un outrage de trop pour la démocratie et la justice espagnoles.
A l’heure du procès, ce sont des centaines de personnes, pour beaucoup membres de la plate-forme de soutien au juge (« la plataforma Solidarios con Garzón » qui réunit des politiques, des syndicalistes, des intellectuels, des artistes et des associations) qui se sont rassemblées devant le tribunal avec dans leurs mains des photos des fusillés des franquistes, des drapeaux républicains, des pancartes sur lesquelles on pouvait lire : « Contre l’impunité, solidarité avec les victimes du franquisme ! » « on l’appelle justice, et ce n’en est pas une ! ». C’est aux cris de « Tribunal Suprême, Suprême impunité ! », « Ni fierté, ni pardon, justice, réparation ! », et « Nous avons de la mémoire, nous voulons la justice » que s’est ouvert le procès. Plusieurs personnalités issues de l’autre gauche, d’ONG internationales et du monde juridique ( « Human Rights Watch », « Amnesty International » et la « Commission Internationale de Juristes »...) étaient présentes pour dénoncer ce procès scandaleux dont le monde entier se fait l’écho : c’est la première fois que dans un pays de l’UE, un juge est poursuivi pénalement pour avoir défendu les droits de l’Homme.
La récupération de la mémoire historique fait lentement son chemin en Espagne. Mais cela dérange... Austérité et réaction n’ont jamais montré avec une telle évidence leur parfaite complémentarité ! Il est grand temps que la loi du silence soit levée. Place à la justice. Non à l’impunité. Soutien à Garzón !
Signez le manifeste de soutien à Garzón
Date | Nom | Message |