La droite espagnole engluée dans les affaires de corruption

jeudi 15 octobre 2009.
 

Il y a comme un bruit de casseroles au sein du parti de Mariano Rajoy, le Parti populaire. Argent, montres et voitures de luxe offerts à des responsables du PP, en échange de l’attribution de marchés à un groupe d’entreprises dont le patron, Francisco Correa, se faisait appeler « Don Vito », comme le Parrain de Coppola : l’affaire Gürtel, du nom de ce réseau, a pris cette semaine un méchant tour pour le parti de la droite conservatrice espagnole. Son président, depuis de longs mois qu’a éclaté le scandale, a beau s’employer à écoper le navire, la levée partielle du secret de l’instruction sur ce dossier vient de provoquer une véritable tempête. Le PP est pris dans un tourbillon, alors qu’il misait jusqu’ici sur les déconvenues des Espagnols face à la crise économique pour revenir au pouvoir en 2012.

Il y a près de vingt ans, Rajoy, Galicien, député et vice-président de sa région, avait été appelé en renfort par José-Maria Aznar pour « rénover » le PP et était devenu son homme de confiance. Le prix de son dévouement, à un parti dopé et regonflé à bloc, et surtout au chef, lui valut la récompense d’embrasser une carrière nationale et d’obtenir des ministères clés, notamment l’Intérieur et la présidence. Il a été intronisé chef de file du Parti populaire par Aznar en 2004 pour briguer, en vain, la présidence du gouvernement.

Chef il est resté, d’un parti gangrené par une corruption généralisée, où d’anciens proches d’Aznar sont aujourd’hui mis en cause : son propre gendre, Alejandro Agag, et l’ex-ministre de l’Équipement, Francisco Alvarez-Cascos. Le feu couve aussi dans des fiefs régionaux de la droite, comme en Castille-Leon et… en Galice, alors qu’il était circonscrit jusqu’ici à ceux de Valence et de Madrid. Des dirigeants de Valence, dont le président de la région, Francisco Camps, allié de poids de Rajoy, ou le trésorier national démissionnaire, Luis Barcenas, sont au coeur de cette « trame » où se débattent désormais 17 membres du PP soupçonnés d’avoir mis dans leur poche plus de 5 millions d’euros. Sous pression, Rajoy s’est résolu à annoncer qu’il exigerait « des responsabilités », sans en dire plus. Mais le même, quand les révélations ont paru mardi, revendiquait « un sentiment d’indifférence pour certaines choses ». Insouciant Rajoy !

Bernard Duraud


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