Corbeil-Essonnes : Election partielle, leçon générale

jeudi 2 décembre 2010.
 

Le journal Politis paru hier (un numéro double spécial fin d’année !) accueille une tribune que j’ai rédigée sur le sens de l’élection partielle de Corbeil-Essonnes et sur les leçons que nous devons à mon avis en tirer si nous ne voulons pas connaître les mêmes déboires aux élections gouvernementales de 2012. Je reproduis ci-dessous cette analyse.

La lourde défaite de la gauche à Corbeil-Essonnes, dimanche 12 décembre, rappelle la fin d’un monde politique qui, tel un reflet qui ne veut pas s’effacer, sert pourtant d’arrière-plan à bien des « grands stratèges » de gauche.

Un an seulement sépare cette partielle de la municipale invalidée de 2009. Au cours de cette année, la droite a vu un immense mouvement social contester sa réforme des retraites. Or, si elle ne l’avait emporté que de 27 voix au second tour de 2009, elle a cette fois plus de 700 voix d’avance. En un an, la gauche a perdu 625 voix, 15% de ses électeurs. Quelle claque ! Beaucoup pensaient la victoire garantie par le rassemblement de la gauche sur une même liste dès le premier tour après 15 années de division. Mais ce large rassemblement « de la gauche et des démocrates », élargi au second tour à une ancienne adjointe Modem, a accouché d’un discours rétréci et d’une campagne très modérée avec Huchon et Valls en têtes de gondole. Le besoin criant d’une alternative profonde dans cette ville ravagée par le chômage et la ségrégation urbaine a été réduit à l’éviction de Dassault, pour que « Corbeil redevienne une ville normale ».

Cette stratégie désastreuse est justement celle de la « gauche solidaire » promue par le PS pour 2012. Fondée sur l’idée que l’on forme une majorité en additionnant des cheptels électoraux, elle vise à juxtaposer des soutiens toujours plus disparates autour d’un contenu politique toujours plus mince. Le rejet de Sarkozy serait son seul ciment. C’est méconnaître un fait décisif. Le peuple de gauche ne se présente plus en tribus sociologiquement distinctes et politiquement constituées prêtes à se rassembler à l’appel de leurs chefs. Finie l’époque où l’on pouvait prétendre construire le « front de classe » en regroupant le PCF ouvrier, le PS des professeurs, techniciens et cadres et le PRG expression des petits commerçants ou la gauche plurielle en y ajoutant les Verts porte-parole des « bobos ». Les partis de gauche ont vécu sur l’acquis de leurs ainés, laissant dépérir leur lien aux profondeurs sociales du pays. Un gouffre sépare maintenant l’archipel des exploités de la représentation politique. Une majorité du peuple ne se sent plus représentée, l’abstention se diffuse et s’enracine. Déjà la signification des spécificités partisanes est devenue indiscernable. Même le vieux rocher gauche a commencé d’être englouti. Nous sommes sur la pente de nos camarades d’Amérique du Sud qui disent : nous sommes de gauche, nous le savons bien, mais nous ne pouvons plus utiliser ce mot car ici la gauche a été aussi cruelle que la droite avec le peuple.

Le Front national est le grand bénéficiaire de ce brouillage. Lui-même conteste le clivage gauche-droite. Hélas ses adversaires l’y ont souvent aidé. La liste de leurs coups de main est longue : Front Républicain, absence de toute critique sociale du programme du FN par la gauche démocrate (qui met justement la question sociale au second plan), dénonciation du fascisme du FN remplacée par celle de son « populisme », réalisant le double exploit d’en faire le parti du peuple et de proclamer l’indignité politique de ce dernier. Une fois miné le lien entre la gauche politique et les travailleurs, le FN peut, comme tous les fascismes avant lui, supplanter le lien de classe par le lien du sang. « Peuple national » contre « peuple populaire ». On ne fera donc pas reculer le FN en rassemblant la gauche autour d’un filet d’eau tiède mais en reconstruisant politiquement le peuple par la conscience renouvelée des intérêts de classe qui le rassemblent. Il faut donc parler de et pour ce peuple moqué et réprouvé, celui des citoyens dont la souveraineté est niée par le capitalisme financier mondialisé, celui des travailleurs promis à une même précarité par-delà la diversité organisée de leurs statuts. Et il faut l’appeler au combat contre les puissants de ce monde plutôt que contre l’arabe du coin. Voilà le vrai sens du prétendu « populisme » reproché au Parti de Gauche.

8) Corbeil reste à droite

Jean-Pierre Bechter (UMP) a remporté la municipale de Corbeil-Essonnes, en Essonne, dimanche face à Bruno Piriou (PCF) avec 53.71 % des voix contre 46.29 %.

Corbeil-Essonnes Noisy-le-sec : la stratégie d’addition des cheptels électoraux vient de sombrer dans les urnes (article national PG)

La gauche espérait « tourner la page » à Corbeil -Essonnes lors de cette municipale partielle, à la suite d’un scrutin invalidé pour tricherie, la droite l’emporte sur un score sans appel.

Une espérance déçue. Une nouvelle fois et avec cette fois un score sans appel, la gauche est battue au second tour de l’élection municipale partielle qui a eu lieu ce dimanche à Corbeil -Essonnes. La liste UMP conduite par Jean-Pierre Bechter, le maire « démissionné » bras droit de l’avionneur Serge Dassault, l’emporte au second tour du scrutin par 53,71 % des voix et 33 sièges (47,24 % au premier tour) sur son opposant Bruno Piriou, vice-président du conseil général de l’Essonne (PCF), qui, à la tête d’une liste de toute la gauche, du PS au Parti de gauche en passant par Europe Écologie-les Verts, recueille 46,29 % des suffrages et 10 sièges (45,22 % au premier tour).

Troisième élection municipale depuis 2008, pour cause de tricheries de la part de la droite, ce nouveau scrutin provoquait une certaine lassitude palpable dans l’électorat tout au long de la campagne, ainsi que le sentiment, chez certains, que ce qui s’opposait était plus des individus que des projets. La faiblesse de la participation des électeurs au premier tour (42,42 %) en porte, pour partie, témoignage. Le très léger sursaut au deuxième tour (46,83 % de votants) ayant profité essentiellement à la droite, qui a bénéficié du retrait du candidat divers droite du premier tour (7,52 %), mais aussi, selon Jean-Pierre Bechter, au fait que « nous avons répondu à un besoin de stabilité dans une ville qui, comme à la cité des Tarterêts, à beaucoup changé depuis quinze ans et qui souhaitait élire un maire, pas des partis politiques ». la réalité du « système Dassault »

Remarque qui fait volontairement l’impasse sur la réalité du « système Dassault », fait de clientélisme à outrance et qui sévit depuis tant d’années, y compris pour ce dernier scrutin de décembre.

La mobilisation de l’électorat de gauche, qui dans d’autres scrutins comme les législatives représente plus de 60 % des voix, et qui seule aurait permis de « tourner la page à Corbeil », comme le disaient les candidats de la liste emmenée par Bruno Piriou, n’a pas eu lieu. Pour celui-ci, « les Corbeil-Essonnois n’ont pas osé le changement ». Dans une période politique ou, face à un gouvernement de droite intransigeant, les forces de gauche ne sont pas crédibles sur l’alternative politique ; nombre d’électeurs se déterminent « non en fonction d’idéaux, mais des politiques municipales », affirme Bruno Piriou. Il ajoute : « Le clientélisme a plus rassuré que les propositions de changement - pourtant très concrètes dans des domaines aussi divers que l’emploi, le logement , la sécurité, la démocratie -, portées par la gauche unie pour la première fois au premier tour d’une municipale. » Les réflexions ne font que commencer à gauche sur ces résultats. Elles pourraient valoir au-delà de Corbeil-Essonnes.

Max Staat

7) Corbeil-Essonnes ce 12 décembre Un sursaut citoyen est nécessaire pour en finir avec le système Dassault

Les électeurs de Corbeil-Essonnes (Essonne) avaient le choix entre trois listes pour le premier tour de l’élection municipale des 5 et 12 décembre, après l’annulation par le Conseil d’Etat des scrutins de 2008 et 2009.

* la liste "Corbeil-Essonnes Ensemble" rassemble tous les partis de gauche, derrière Bruno Piriou (PCF). Elle obtient 45,22% des voix.

* La liste "Jean-Pierre Bechter : le maire de tous les Corbeil-Essonnois", menée par le maire UMP sortant Jean-Pierre Bechter, recueille 47,24% des suffrages. L’industriel Serge Dassault, qui fut maire de la commune de 1995 à 2009, y figure en dernière position.

* Jean-François Bayle, ancien adjoint au maire UMP, est à la tête de la liste "Un autre choix pour Corbeil-Essonnes" (sans étiquette) : 7,52%

42,42% des électeurs ont déposé un bulletin dans l’urne. L’écart entre les deux premières listes ce 5 décembre n’est que de 177 voix. Rien n’est joué pour le second tour (12 décembre), la gauche a déjà lancé la mobilisation pour sortir de la main mise du système Dassault sur la ville qui dure depuis 30 ans.

6) Corbeil. Bruno Piriou, « Pour que ça change, il faut voter »

Au soir du premier tour, Bruno Piriou, qui conduit la liste de large rassemblement à gauche, a lancé un appel pour un véritable sursaut citoyen pour le second tour de la municipale.

Comment expliquez-vous ce fort taux d’abstention dans 
une ville où les enjeux sont 
si importants  ?

Bruno Piriou. Il y a un contexte national. Une partie de l’électorat populaire et des classes moyennes de gauche doute que la politique puisse changer quelque chose. Au plan local, notre union est trop récente. Il ne faut pas s’unir seulement le temps d’une élection, il faut s’unir pour être utiles au quotidien de la vie des gens. À Corbeil-Essonnes, on 
se heurte à un système politique mis en place par Serge Dassault et Jean-Pierre Bechter avec des réponses clientélistes qui ne passent pas par 
le cadre de la République ou du service public, mais sont cependant des réponses pour une partie de 
la population. Certains baissent les bras et craignent que la gauche ne puisse faire mieux pour eux.

Cela explique-t-il que Bechter soit 
à 47% et vous à 45%  ?

Bruno Piriou. Au vu des résultats par bureau de vote, le manque à gagner est dans l’électorat de gauche. Et puis, la liste divers droite a récupéré des voix de gauche aussi. Avec le taux d’abstention, on peut dire qu’il y a une volonté de changement. La gauche nouvellement unie n’a pas encore été vue comme pouvant être cette force qui peut opérer 
ce changement.

Dans les jours qui viennent, quels sont vos arguments pour convaincre 
ces électeurs  ?

Bruno Piriou. Nous voulons les convaincre que rien ne se fera sans eux. Nous allons mener une forte campagne de mobilisation des abstentionnistes de gauche car, dans notre ville, pour que ça change vraiment, il faut commencer par aller voter ce dimanche.

Comptez-vous sur des forces nouvelles  ?

Bruno Piriou. Il y a de nombreux démocrates, et pas seulement de gauche, qui, depuis dimanche soir, sont inquiets de l’abstention et veulent s’engager pour que ça change.

Êtes-vous confiant  ?

Bruno Piriou. Je ne suis pas abattu, 
je sais que ce sera difficile mais j’ai 
la conviction qu’il est possible, dans les jours qui nous restent, de faire éclore un véritable sursaut citoyen chez les électeurs de gauche 
et les démocrates.

Entretien réalisé par M.S.

5) Bruno Piriou(tête de la liste de gauche) : « Une liste et un projet pour tourner la page à Corbeil »

Deux ans, trois élections, comment briser 
ce cercle infernal pour Corbeil-Essonnes  ?

Bruno Piriou. Le plus simple c’est que la gauche gagne. Comme nous ne trichons pas, nous, ces élections ne seront pas annulées. Notre ville est victime d’un système où un homme s’est cru au-dessus des lois de la République. Le fait nouveau, c’est qu’aujourd’hui beaucoup de citoyens, y compris ceux qui ont pu partiellement tiré parti de ce système Dassault, mesurent que ce type de gestion est néfaste pour le devenir 
de la ville, pour le vivre-ensemble.

Cette prise de conscience ne s’accompagne-t-elle 
pas aussi d’un ras-le-bol et d’un risque d’abstention  ?

Bruno Piriou. Déjà au plan national, face au rejet de Nicolas Sarkozy, il y a un doute sur la capacité de la gauche à proposer des solutions alternatives. À Corbeil, face au système Dassault, certains baissent les bras par lassitude. Mais, et c’est très important, aujourd’hui toute la gauche, communistes, socialistes, Verts mais aussi des membres des « listes de la diversité » émanant de quartiers populaires (qui s’étaient présentées aux élections l’an dernier – NDLR), nous ont rejoints. Cela crée une dynamique nouvelle que nous voulons faire partager.

Quels sont vos objectifs pour gérer autrement 
la ville de Corbeil-Essonnes, demain  ?

Bruno Piriou. Notre ville était connue pour son développement économique. La ville a perdu 5 000 emplois en quinze ans et elle est classée au neuvième rang en matière d’insécurité. Première priorité, favoriser la venue de nouvelles entreprises grandes et petites. Nous avons déjà le soutien de chefs d’entreprise. Deuxième priorité, la jeunesse. Dans le domaine de l’école, de l’orientation professionnelle, de la formation, du contact avec le monde du travail, nous mettrons notre action au service d’une ambition, la réussite du projet de vie de chaque jeune. Enfin, le vivre-ensemble et la démocratie se déclinant sur tous les aspects de l’action municipale, aménagement, urbanisme, école, culture, sport, vie des quartiers... Aujourd’hui, avec cette équipe de large rassemblement et le projet que nous avons construit 
avec les citoyens, nous pouvons tourner la page Dassault à Corbeil-Essonnes.

Propos recueillis par Max Staat

4) Corbeil-Essonnes en rase campagne municipale

Dimanche 5 décembre, on votera à Corbeil-Essonnes. La troisième élection municipale en trois ans. Et le climat est de plus en plus tendu dans cette ville de 40 000 habitants, dont l’industriel Serge Dassault a été le maire de 1995 à 2009.

Samedi c’est le socialiste Manuel Valls, venu en voisin sur le marché des Tarterêts pour soutenir la liste d’union de la gauche, qui en a fait les frais. Le député-maire d’Evry a été, raconte-t-il, « insulté et menacé physiquement par une bande de voyous ». On lui a jeté des œufs. « Ces actes intolérables révèlent une nouvelle fois le climat régnant sur cette ville », dénonce Valls, qui reproche aux supporteurs de l’UMP Jean-Pierre Bechter d’avoir assisté à la scène sans intervenir. Le maire invalidé « déplore vivement ces incidents » mais estime que « cela aurait pu [lui] arriver de la même façon », soulignant que si ses supporteurs n’étaient pas intervenus, les militants de gauche non plus.

Si on vote encore à Corbeil, c’est que les élections ont été annulées deux fois, en juin 2009 et en septembre dernier. La première fois, pour des « dons d’argent » effectués par Dassault, accusé par ses adversaires et notamment le communiste Bruno Piriou, qui conduira dimanche la liste de gauche, d’avoir versé de l’argent à des électeurs. Serge Dassault avait été déclaré inéligible pour un an.

Clientélisme. La seconde fois, l’élection a été annulée à cause de bulletins UMP où il était mentionné que Bechter était « secrétaire général de la Fondation Serge Dassault ». Redevenu éligible en juin dernier, Dassault 85 ans, figure en dernière position sur la liste Bechter. Mais pèsent toujours sur lui des soupçons de clientélisme. En octobre, Libération publiait le témoignage d’un habitant qui s’était vu proposer 100 000 euros. Le Canard Enchaîné avait aussi évoqué des « versements à une bande de lascars ».« Ça fait trente ans qu’on parle de dons d’argent à Corbeil. C’est une obsession chez Piriou », esquive Bechter, qui reçoit… à la Fondation Dassault.

La troisième fois sera-t-elle la bonne pour la gauche ? « Les jeunes ne nous aiment pas trop. Ils sont contaminés par l’argent », soupire Dramé, un Malien qui fait campagne pour Piriou. « Quand ils ont 35 ans, ils se rendent compte que le système Dassault, ça ne construit pas une vie », assure Piriou, qui veut y croire. Mais son étiquette PCF est aussi un handicap. Il a beau avoir remplacé sur ses affiches le rouge par le bleu et l’orange, couleurs de la ville, cela n’empêche pas Bechter d’agiter le spectre de la « coalition socialo-communiste » et de la « reprise en main par des fonctionnaires du Parti communiste »d’une ville PCF jusqu’en 1995. Il fait même un rapprochement entre Marie-George Buffet et le dictateur nord-coréen, Kim-Jong-il… « Si les communistes, par malheur, revenaient, je quitterai Corbeil et je laisserai la commune retomber dans la décadence, avec ses problèmes, les augmentations d’impôts », menace dans un tract Serge Dassault, qui prédit que « le PCF referait main basse sur la ville ».

« Abstention ».« Des gens de droite voteront pour nous, des patrons, des commerçants, espère Piriou. La ville ne marche plus ! » Quartier de la Nacelle, « Loulou », un cafetier, confirme : « Les gens en ont marre de Dassault. J’ai voté deux fois pour lui, je me suis dit "le type a du fric, il ne piquera pas dans la caisse". Mais là, il s’essouffle. » Ilefe, 20 ans, étudiante, a du mal malgré tout à « imaginer Corbeil sans Dassault ». Hala, 16 ans, raconte que « l’année dernière, Dassault a payé les courses des gens. Ça s’est vu où ça ? Même pas en Afrique ! » Saliha, 28 ans, enrage contre la mairie, qui lui a refusé l’accueil de son fils autiste, et peste de voir les poubelles traîner devant chez elle : « On n’est pas dignes d’avoir des rues propres ? »

Dimanche, le grand vainqueur pourrait être le camp des abstentionnistes. « On en a ras-le-bol de voter ! » se lamente Nicole, 62 ans. Daniel, poissonnier sur le marché, prévient : « Il va y avoir pas mal d’abstention. » Chantal, qui habite Corbeil depuis 1962, ne sait pas si elle ira voter : « Ça commence à nous prendre le chou. Je me plaisais beaucoup dans cette ville, je ne m’y plais plus. Qu’est-ce qu’on voit ? Sans être raciste… On n’a plus rien ! Plus de commerçants ! Ce qui est racheté, c’est made in Chinois ! »

Source : http://www.liberation.fr/politiques...

3) Bruno Piriou (tête de liste de toute la gauche) : "Notre ville est en panne politique"

L’élection à la municipalité de l’équipe Dassault (UMP) vient, une nouvelle fois, d’être annulée. Bruno Piriou, conseiller général PCF, qui conduira une liste de large union, précise ses objectifs.

Pour la deuxième fois depuis 2008, les élections municipales sont annulées 
pour tricherie. Comment réagissez-vous  ?

Bruno Piriou. C’est une première en France qu’une ville voie ses élections annulées deux fois de suite. C’est le résultat du système politique qui a été mis en place par Serge Dassault et son équipe. Dans tous les domaines de la vie publique, ils se sont cru au-dessus des lois. Il y a dans la population un ras-le-bol, de l’exaspération. Notre ville est en panne. En panne politique, puisqu’on revote tous les ans et qu’on est ainsi dans l’incapacité de se projeter dans l’avenir, d’avoir des projets de développement sur le long terme. En panne économique, commerciale, culturelle, mais aussi morale. Je partage cette exaspération. Il faut tous ensemble nous saisir de l’occasion qui nous est donnée avec ce nouveau scrutin pour tourner la page et enfin travailler à l’avenir de notre ville.

Y a-t-il dans la population cette volonté de tourner
la page  ?

Bruno Piriou. Ce qui est sûr, c’est que la situation que nous vivons est exaspérante pour une grande majorité. Mais, un des risques, c’est qu’une partie de la population se détourne de ces questions politiques en renvoyant dos à dos les protagonistes de ces affaires. Le défi que les forces de gauche et tous les démocrates ont à relever, c’est qu’après la justice, qui a su faire preuve d’indépendance face à un des hommes les plus puissants de France, la démocratie l’emporte. Ce n’est pas gagné d’avance. Il y a une volonté de changer qui est sûrement majoritaire. Encore faut-il qu’elle se traduise par le goût, le désir de dire qu’autre chose est possible.

Lors des dernières élections municipales, la gauche est partie désunie au premier tour. Qu’en sera-t-il pour cette élection qui devrait avoir lieu d’ici à la fin de 2010  ?

Bruno Piriou. La dernière fois qu’il y a eu union de la gauche au premier tour d’une élection municipale à Corbeil-Essonnes, c’est en 1989. Depuis, les forces de gauche n’ont pas su s’unir. C’est donc un événement majeur qu’aujourd’hui, de Lutte ouvrière jusqu’au Parti socialiste, en passant par le PCF, les Verts, le NPA… des démocrates et des républicains, une seule liste d’union puisse voir le jour. Je la conduirai. Parce que à quasiment toutes les élections, le courant de gauche que je représente est arrivé en tête au premier tour. Non seulement les partenaires de la gauche reconnaissent cette réalité, mais mesurent aussi qu’aujourd’hui, à Corbeil comme en France, face à une droite qui cogne dur, la nécessité de s’unir est impérative.

Cette union peut-elle vous permettre de gagner alors que, lors des derniers scrutins, à quelques voix près, vous n’avez pas réussi à l’emporter  ?

Bruno Piriou. Le défi, c’est de réconcilier les Corbeil-Essonnois. Quand on perd deux fois, même s’il y a eu tricherie à droite, il faut en tirer les enseignements. Un discours moralisateur ne suffit pas. Il faut gagner une majorité. Nous devons faire la démonstration que des valeurs comme la démocratie, la décision commune, le service public, les politiques sociales, de développement économique, la considération de chaque citoyen apportent plus à chacun et au développement de la ville que le système Dassault. Ce sont des valeurs de gauche dans lesquelles des citoyens d’horizons très différents peuvent se retrouver. Depuis deux ans, nous avons déjà beaucoup travaillé pour élaborer des propositions. Mais, même si la campagne est courte, nous allons prendre le temps de l’écoute pour rassembler et construire des mesures nouvelles répondant aux besoins immédiats et permettant de construire un projet d’avenir. Lors des dernières élections, la moitié des électeurs se sont abstenus ; raison de plus pour prendre le temps du débat avec chacun.

Entretien réalisé par 
Max Staat

2) Election municipale de Corbeil-Essonnes : encore annulée

Source : L’Humanité

L’élection municipale de Corbeil-Essonnes (Essonne), qui remonte à octobre 2009, a été annulée par décision du tribunal administratif de Versailles.

Lundi, le rapporteur public du Tribunal administratif de Versailles avait recommandé l’annulation de l’élection de Jean-Pierre Bechter, maire (UMP) de Corbeil-Essonnes (Essonne) depuis octobre et bras droit de l’ancien maire Serge Dassault, "à cause des manoeuvres de nature à fausser les résultats du scrutin", avait indiqué son adversaire (PCF) Bruno Piriou.

Deux recours avaient été déposés par les opposants après cette élection municipale. L’un émanait de Michel Nouaille (PCF), finaliste lors de l’élection municipale d’octobre, l’autre conjointement de Jacques Picard (Verts-Europe Ecologie) et Carlos da Silva (PS).

Jacques Picard et Carlos da Silva avaient "pointé l’utilisation abusive du nom de Serge Dassault, inéligible, sur tous les documents électoraux".

"Nous avions également dénoncé les pressions faites sur les électeurs Corbeil-Essonnois par le biais de promesses d’emplois ou de sauvegarde des entreprises Corbeil-Essonnoises Helio et Altis", ajoutait-il.

Dans l’hypothèse ou le tribunal déciderait de suivre les recommandations, et d’annuler cette élection, Jean-Pierre Bechter avait assuré qu’il y aura un recours.

L’élection municipale d’octobre 2009 avait été provoquée par l’inéligibilité de Serge Dassault, maire de Corbeil-Essonnes depuis 1995, en raison de "dons d’argent" qu’il conteste.

Zanni

1) Municipales de Corbeil 2009 : 27 petites voix nous ont manqué (9 articles)

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