Après Hollande néolibéral, voici Hollande atlantiste : une visite humiliante

mercredi 12 février 2014.
 

L’image provoque d’abord un effet de déjà-vu. François Hollande va à son tour poser tout sourire aux côtés du président des Etats-Unis. Mais la banalité trompeuse du cliché ne doit pas faire oublier le nouvel « outing », atlantiste cette fois, qu’affirme sa visite.

D’abord il y a le contexte du déplacement. Hollande vient se coller tout sourire au chef d’une puissance qui écoute massivement notre peuple. On savait déjà que Valls s’en contrefichait. Le ministre chargé de protéger les Français n’a rien prévu, malgré les révélations sur l’ampleur du dispositif d’écoute états-uniens, pour restaurer nos capacités de contre-espionnage quasiment détruites lors de la fusion de la DST et des Renseignements généraux au sein d’une nouvelle direction mise au service quasi exclusif de la « guerre contre le terrorisme » décrétée par Washington. Leur utilité était pourtant avérée puisqu’elles permirent à Charles Pasqua de confondre et faire expulser des dizaines d’espions nord-américains en un temps où les grandes oreilles de la NSA n’existaient pas et où l’URSS existait encore. La visite de Hollande dans un tel moment proclame donc officiellement que ces pratiques de notre « allié » au détriment de l’économie, de la société et de la souveraineté du pays ne posent guère de problème aux autorités qui le représentent.

Nous avons aussi appris grâce au courage incroyable de Edward Snowden (qu’Hollande chercha à arrêter au prix du détournement de l’avion du président de la Bolivie) que Washington a mis sur écoute le téléphone de Merkel. Là encore Hollande n’a cure du traitement infligée à sa grande alliée. Ou plutôt si ! Merkel a pris ses distances avec les Etats-Unis, qualifiant par exemple d’inacceptable le « Fuck the EU » de Nuland, la responsable Europe au ministère des affaires étrangères US ? Hollande en profite pour courir chercher son diplôme de meilleur élève de la classe atlantiste ! La perspective d’une place sur le podium installé à Washington a eu instantanément raison de sa priorité en fer blanc à l’axe franco-allemand et à la construction européenne.

Et puis il y a le texte. Une tribune commune a été publiée lundi dans la presse de nos deux pays. On croirait que Hollande s’est contenté d’y apposer sa signature en échange de la photo porte-bonheur. Ce texte valide en effet totalement la vision du monde des dirigeants nord-américains, exaltant leur travail au sein du G8 et du G20, leur action pour la paix et la stabilité dans le monde ou célébrant encore l’importance des négociations engagées pour un grand marché transatlantique. Cruels, les dirigeants états-uniens ont placé dans ce pensum une phrase vantant le retour de la France dans le commandement intégré de l’OTAN. Cette décision de Sarkozy avait donné lieu à une motion de censure déposée par le PS. C’est Hollande en personne qui l’avait défendu ! Il déclarait notamment « l’OTAN est dans une fuite en avant, ses missions l’éloignent de ce qu’elle est et doit rester – une alliance militaire – pour la faire devenir l’organisation politique de l’Occident ».

Cette nouvelle humiliation prend la suite de l’épisode du retrait de la loi famille au lendemain de la Manif pour Tous. Dimanche Valls tonnait « la gauche doit se réveiller ». Le PS embrayait en appelant à une manif. Puis lundi Hollande offrait sur un plateau une victoire inespérée aux plus radicaux à droite en retirant la loi. Tout semble fait pour aboutir à ce Tea Party à la française annoncé par Valls. Un Tea Party qui permit justement la réélection d’Obama… L’atlantisme est un tout, l’alignement est donc total.


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