Corbeil-Essonnes Noisy-le-sec : la stratégie d’addition des cheptels électoraux vient de sombrer dans les urnes (article national PG)

mercredi 15 décembre 2010.
 

Les élections partielles sont souvent porteuses de leçons générales. Celles du week-end écoulé n’y font pas exception. Elles constituent un très sévère avertissement pour la gauche. Sur le papier, à Noisy-le-Sec comme à Corbeil-Essonnes, nous devions l’emporter. Dans ces deux villes populaires de banlieue la moitié des ménages sont non imposables. Sèchement battue au plan national, Ségolène Royal y arrivait en tête au deuxième tour de 2007 avec 58 et 56% des voix. Longtemps divisées les forces de gauche locales s’étaient finalement rassemblées. Mais dans les urnes les additions attendues se sont muées en soustractions. Dans ces deux villes la gauche est battue avec un même écart de 10 points. Les vieux ressorts n’ont pas joué. La stratégie d’union mécanique et a minima a produit la défaite.

Certes à Noisy-le-Sec, l’union s’est faite dans des conditions désastreuses. A peine la liste « rouge et verte » du Front de Gauche et des Verts arrivée au terme d’une belle dynamique en tête au premier tour, devançant de très loin la maire sortante PS, celle-ci décidait de se maintenir. Il aura fallu qu’un à un ses colistiers se retirent pour contraindre la socialiste à respecter la discipline républicaine en fusionnant avec la liste de gauche arrivée en tête. Sa responsabilité dans la défaite est écrasante. Alors que la participation augmente de 700 voix par rapport au premier tour, la gauche en perd 100 !

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A Corbeil-Essonnes en revanche, où sa division est une constante des élections municipales depuis 15 ans, la gauche était rassemblée dès le premier tour. Pourtant le recul est tout aussi net. La droite progresse très légèrement en voix par rapport à l’élection invalidée de 2009. Dans le même temps, la gauche en perd 1100 au premier tour et 600 au deuxième ! En 2009, la droite n’avait gagné que de 27 voix face à une gauche péniblement fusionnée entre les deux tours. En 2010, elle distance de plus de 700 voix une gauche rassemblée de longue main.

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Une stratégie vient de sombrer dans les urnes. Fondée sur l’idée que l’on peut former une majorité à gauche en additionnant des cheptels électoraux, elle consiste à juxtaposer les soutiens toujours plus divers autour d’un contenu politique toujours plus minimal. Le rejet de la droite en constitue l’unique ciment. Or le peuple de gauche ne se présente plus en tribus sociologiquement distinctes et politiquement constituées qui pourraient se rassembler à l’appel de leurs chefs. Les forces de gauche ont vu se désagréger les liens qui les unissaient aux profondeurs sociales du pays. Elles ne tiennent plus que par la peinture. Un gouffre sépare le pays réel du paysage politique censé le décrire. On peut être incontournable dans les sondages et indétectable sur le terrain. Dès lors la constitution d’une majorité politique impose de reconstruire la conscience d’intérêts communs. Qu’est-ce que le peuple ? Quel programme le rassemble ? Le filet d’eau tiède des rassemblements a minima n’y répond pas. Pas davantage hélas la campagne à Corbeil, entre l’affichage écrasant de Huchon et Valls, alors que le Front de Gauche était en tête en 2009, les appels du pied au Modem, et la promesse pour tout horizon dans une ville ravagée par le chômage que la fin du « système Dassault » permettrait le retour à une « vie normale ». La gauche-rassemblée-avec-les-démocrates proposait seulement d’envoyer un homme au tapis. D’un seul coup de chamboul’tout, ce sont tous les importants de la gauche locale qui se retrouvent par terre.


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