Malaise dans l’Education nationale : Vaucluse : Un enseignant se suicide dans sa salle de classe (19 articles)

jeudi 15 février 2024.
 

- 19) Un enseignant se suicide dans sa salle de classe (16 mars 2023)
- 17) Rentrée 2021 La vague de démission de profs dont on ne parle pas
- 15) 17 novembre 2018 : Laurence Dangel, enseignante en LEP à Toulon, se suicide
- 14) 5 décembre 2017 : Tentative de suicide d’un enseignant en Dordogne
- 13) Marseille Rentrée 2013 : Suicide d’un enseignant en STI la veille de la prérentrée
- 10) En classe, pas d’échappatoire, le moindre relâchement peut avoir un retentissement immédiat
- 9) 13 octobre 2011 à Béziers... Les suicides d’enseignants se suivent et se ressemblent (J Serieys)

19) Vaucluse : Un enseignant se suicide dans sa salle de classe

Un professeur de physique-chimie d’un lycée d’Orange a été découvert mort dans sa salle de classe par un agent d’entretien

DRAME - Un professeur de physique-chimie d’un lycée d’Orange a été découvert mort dans sa salle de classe par un agent d’entretien Un professeur du lycée de l’Arc d’Orange, dans le Vaucluse, a été découvert mort dans sa salle de classe ce jeudi matin par un agent d’entretien, rapporte La Provence. Agé d’une cinquantaine d’années, cet enseignant de physique-chimie se serait visiblement suicidé.

De fait, les cours ont été suspendus dans ce lycée d’enseignement général et technologique. Une cellule de soutien psychologique devrait être mise en place, ajoute le quotidien qui décrit un professeur discret mais très apprécié de ses collègues et élèves.

18) Enseignante agressée à Combs-la-Ville : les moyens à l’école, c’est pour quand ?

Pour accéder à cet article, cliquer sur le titre 18 ci-dessus.

17) Rentrée : la vague de démission de profs dont on ne parle pas

Juste avant les vacances scolaires, le 9 Juillet 2021, l’Insoumission publiait un article « Covid : les profs et chefs d’établissements au bout du rouleau » soulignant la détérioration des conditions de travail dans l’éducation nationale avec la crise Covid. En cette rentrée, ce ras-le-bol se traduit par une alarmante vague de démissions d’enseignants qui passe sous les radars médiatiques. Notre article.

« Les premiers résultats d’une étude publiée en juin 2021 révèlent que les chefs d’établissements sont au bout du rouleau. Cette enquête, commandée par le syndicat des chefs d’établissements SNPDEN-Unsa à l’ancien inspecteur de l’Éducation nationale Georges Fotinos et à José Mario Horenstein, médecin psychiatre, a porté sur 4 423 chefs d’établissements. Le constat est sans appel : 3 chefs d’établissement sur 4 ont admis ressentir « une baisse de leur moral », 80 % d’entre eux ont exprimé un « abattement » ou un sentiment de « dépression ». 12,6 % ont reconnu avoir eu des « pensées suicidaires ou d’automutilation » au cours de l’année écoulée. La situation est grave ». L’alerte sur l’état des chefs d’établissements dans notre pays date du 9 juillet.

Les démissions de profs, une « hécatombe »

Cours en distanciel, décrochage scolaire, rythmes alternés, paperasse… La crise sanitaire a aggravé ce malaise qui pousse les chefs d’établissements mais également les enseignants à jeter l’éponge. « Avec la pandémie, les démissions ont sans nul doute augmenté », selon Rémi Boyer, fondateur et président d‘Aide Aux Profs, une association de soutien aux enseignants créée il y a quinze ans.

Du primaires au secondaire, aucun niveau n’est épargné. Dans les Pyrénées-Orientales, les démissions d’instituteurs explosent, passant de 2 en 2018-2019 à 19 l’année scolaire dernière (soit +850 % entre 2019 et 2021), selon le syndicat SNUipp-FSU. « C’est une hécatombe », selon le co-secrétaire départemental de l’organisation. Une fois acceptée, la démission est irrévocable et entraîne « la radiation des cadres et la perte de la qualité de fonctionnaire », précise le site du ministère. La marge de manœuvre est très réduite : les demandes de ruptures conventionnelles sont rejetées à 76%.

D’après les statistiques du ministère de l’éducation pour la décennie 2007/2017, les demandes de démission ont été multipliées par 4. Ils étaient 1517 enseignants a avoir démissionné en 2017 contre 367 en 2007. Des chiffres faussés, les démissions étant souvent maquillées en demande de mise à disposition. Depuis 2017, aucune mise à jour de ces chiffres n’a été publiée. Sollicité, le ministère de Jean-Michel Blanquer n’a pas répondu. Selon Rémi Boyer, le nombre de démissions se chiffrerait cette année entre « 40 000 et 60 000 ». Un nombre de départs qui, si ces chiffres sont confirmés, aurait donc explosé.

On demande toujours plus aux enseignants, avec toujours moins de moyens

Ces démissions traduisent la précarisation du métier : « depuis les années 1990, les réformes successives élargissent le périmètre de la mission des profs, incluant de l’administratif et de la bureautique, tout en diminuant leurs moyens, explique Sandrine Garcia, sociologue et auteur de l’essai Quand les profs claquent la porte (2021).

Selon cette maître de conférences en sociologie à l’université de Paris-Dauphine, « on demande toujours plus aux enseignants, avec toujours moins de moyen. Or, quand les objectifs sont inatteignables, les souffrances sont immenses et la désillusion brutale, surtout pour des métiers à vocation comme l’enseignement ».

68% des parents n’ont pas confiance dans l’Education nationale pour endiguer le mal-être des enseignants

Selon un sondage IFOP publié ce 2 septembre 2021 et intitulé « Quand les parents notent l’école », 68% des parents n’auraient pas confiance en l’institution pour endiguer le mal-être des enseignants. Même constat quant au contenu des cours pour leurs enfants : 69 % estiment que le niveau scolaire s’est détérioré (+ 6 points par rapport à 2019).

Les coupes sèches dans les budget de l’Éducation nationale sont responsables de la dégradation de la qualité de l’Enseignement public Français. Mais les manques de budget ne sont pas seuls responsables, les lacunes de la formation initiale sont également au cœur des critiques.

Des profs jetés dans le grand bain face aux élèves sans avoir été préparés. En 2018, seuls 25 % des profs français se sentaient ainsi bien ou très bien préparés pour « le suivi de l’apprentissage et de la progression des élèves » contre 56 % de leurs homologues anglais, d’après une note du ministère parue en juin 2019.

1 prof sur 2 a déjà été en situation de burn-out

Les conséquence de cette gestion managériale à la start-up nation de l’enseignement national sont catastrophiques. Près d’un prof sur deux (46%) dit avoir déjà été en situation de burn-out au cours de sa carrière, selon un sondage PSOS publié en février dernier.

Les Chefs d’établissements ne sont pas épargnés : 80% des chefs d’établissement sont en « dépression ou ont le sentiment de déprimer » et près de 13% ont des « pensées suicidaires » d’après une enquête commandée par le syndicat des chefs d’établissements SNPDEN-Unsa publiée en Juin 2020 et relayée par notre article du 9 Juillet 2020. 7 000 suppressions de postes d’enseignants depuis le début du quinquennat

Dans ce contexte, se sont plus de 400 écoles rurales qui ont disparu à la rentrée 2019.

Les suppressions de poste dans l’éducation nationale se poursuivent : 1 800 suppressions de postes en cette rentrée, 7 000 depuis le début du quinquennat !

Face à la destruction méthodique de l’éducation nationale par plus de 30 ans de politiques néolibérales, la France insoumise propose depuis de longues années un plan de recrutement de plusieurs dizaines de milliers d’enseignants, le dégel du point d’indice et l’augmentation des salaires. Il y a urgence.

Le malaise de l’Education nationale s’aggrave d’une année sur l’autre malgré le déni habituel des nombreux carriéristes de son administration qui préfèrent regarder ailleurs que la responsabilité du système et la leur propre. Entre 2018 et 2019, 58 agents de l’Éducation nationale ont mis fin à leurs jours.

17) Éducation nationale : 58 suicides sur l’année 2018/2019 et cela continue

Une réunion a lieu ce mercredi 6 novembre 2019 entre les représentants du Ministère et ceux des professeurs. Ces derniers ont manifesté cet après-midi dans toute la France.

Les professeurs répètent tous la même inquiétude et le même désarroi. Il y a quelques semaines, ce malaise a conduit la directrice d’une école de Pantin, Christine Renon, à mettre fin à ses jours. C’est en son nom que certains se battent, à l’instar de Mathilde. "On savait qu’elle était à 150% et qu’elle se donnait à fond mais on ne se doutait pas de l’immensité de la charge. Elles sont toutes seules pour ouvrir la porte, pour faire les tâches administratives, pour gérer les parents, parfois énervés et c’est des gens qui passent à l’acte à l’école ! Christine Renon n’est pas la seule", déclare-t-elle au micro d’RTL.

Pauline, qui enseigne dans le XVIIIe arrondissement de Paris, explique elle aussi la spirale qui la fait basculer dans un engrenage. "Par vague, on se rend compte que ça ne va plus. Et c’est quand on va mal qu’on se rend compte de tout ce qui s’est ajouté à ce qu’on doit faire à la base", affirme-t-elle.

Cet après-midi, les organisations syndicales ont demandé à Jean-Michel Blanquer un passage rapide aux actes, notamment pour que les directeurs d’écoles soient au plus vite déchargés de certaines tâches.

https://www.rtl.fr/actu/debats-soci...

16) Pour Christine Renon – Suicides dans l’éducation : la colère et la mobilisation

200 écoles fermées et 60 % de grévistes en Seine-Saint-Denis, plusieurs milliers de manifestants devant la direction départementale, des rassemblements de plusieurs centaines devant les rectorats à Grenoble et à Toulouse, en Martinique, en Guadeloupe, en Guyane, à Marseille, partout dans le pays la colère monte pour demander que l’éducation nationale soit reconnue responsable des suicides, pour marquer un coup d’arrêt à la politique mortifère de Blanquer et du gouvernement Macron.

Ce ministre et son administration ne reculent devant aucune abjection pour se dédouaner. Ce matin du 3 octobre, jours de l’enterrement de Christine Renon et de grève contre les conditions de travail et les pressions multiples et incessantes de l’administration, ils essayent de faire relayer par les médias le deuil de ses parents pour expliquer son geste tragique. Le frère de Christine a fait lire une lettre aux manifestants : « Je demande de ne pas salir son nom. Non Christine n’était pas fragile. Non Christine n’était pas dépressive. Ils nous l’ont détruite. »

Ce sont bien les réformes destructrices du service public, les directives incessantes, la multiplication des tâches inutiles et souvent contradictoire avec l’intérêt des élèves et la pédagogie, la déprofessionalisation des enseignants auxquels on demande d’appliquer des méthodes normées, inadaptées, désuètes, c’est une médecine du travail inexistante pour une profession très exposée qui sont responsables des suicides. Le jour même où Christine Renon mettait fin à ses jours, Frédéric Boulé, professeur de SVT de Valbone dans l’académie de Nice, se suicidait 5 jours après une visite à la médecine préventive. Même si un chiffre est déshumanisant dans ce contexte, le taux de suicides deux fois et demi plus important chez les enseignants que chez l’ensemble des salariés rend compte de la difficulté et de la souffrance de ce métier.

Ces suicides sont maintenant portés devant les CHSCT de Seine-Saint-Denis et de Nice et une alerte sociale a été posée devant le CHSCT ministériel. La mobilisation doit obtenir la responsabilité de l’institution ainsi que la reconnaissance des suicides comme accidents du travail.

Le mantra de ce gouvernement « faire mieux avec moins » est responsable de l’épuisement au travail comme la signature « Christine Renon, directrice épuisée » le signifie. « Faire mieux avec moins » cela veut dire que les enseignants ne font pas bien. Cela veut dire qu’ils doivent prendre en charge plus de tâches en étant moins nombreux. Ainsi les élèves en difficultés scolaires sont pris en charge par des personnels de moins en moins nombreux, de plus en plus polyvalents et, pour certains, de plus en plus précaires. Les missions d’orientation des élèves sont enlevées aux professionnels pour être confiées aux enseignants. L’anglais doit être enseigné par tous les professeurs d’école, qu’ils l’aient appris ou non. Les évaluations normées et antipédagogiques en maternelle, en CP, en CE1, en 6e et en seconde n’ont aucun intérêt ni pour les élèves, ni pour les enseignants. Elles servent seulement à alimenter la machine statistique du ministère, à rendre les professeur-es responsable de la dégradation des conditions d’enseignement. Blanquer va même plus loin. Il veut imposer la méthode de lecture du b-a-ba en contrepartie des dédoublements de CP et CE1, niant l’expertise des professeurs-es d’écoles et l’adaptation de leurs méthodes aux situations très diverses des écoles. Sans compter que c’est, en Seine-Saint-Denis, un des départements qui connaît le plus de difficultés, où le ministère n’a cessé de diminuer le taux d’encadrement, que ces dédoublements n’ont pas tous pu se mettre en place faute de recrutements.

La mobilisation partie de l’émotion du suicide de Christine Renon et de l’épuisement des directrices et des directeurs d’école, atteint tou-tes les professeurs-es du premier et du second degré, tous les départements. Cette politique mortifère doit être arrêtée. Blanquer, loin d’entendre la colère due à son mépris, a décidé de mettre en place un « comité de suivi des conditions de travail des directeurs d’école ». Il compte sur l’émotion du suicide de Christine Renon pour imposer une nouvelle fois une des dispositions les plus décriées de sa loi.

Non, Blanquer doit revenir sur toute sa politique. Plus largement c’est la politique mortifère du gouvernement dans tous les services publics, à la SNCF, dans les hôpitaux, aux impôts, aux finances qui doit être stoppée. Des appels intersyndicaux à la grève seraient importants pour maintenir un haut niveau de mobilisation et permettre ce changement de politique.

François Montreuil

• Créé le Jeudi 3 octobre 2019, mise à jour Jeudi 3 octobre 2019, 16:23 : https://npa2009.org/actualite/educa...

Pour Christine Renon

Une semaine après le suicide de Christine Renon, dans le hall de son école, la maternelle Mehul à Pantin, nous sommes encore sous le choc, profondément tristes et profondément en colère. Parce que nous avons perdu l’une des nôtres.

Et aussi parce que nous sommes nombreuses et nombreux à nous reconnaître dans les mots qu’elle met sur sa souffrance au travail. La lettre de trois pages envoyée à ses collègues, juste avant de mettre fin à ses jours, commençait ainsi : « Je me suis réveillée épouvantablement fatiguée, épuisée après seulement trois semaines de rentrée ».

Souffrance au travail

Les indécentes tentatives de déni et de dénigrement du rectorat et du ministère n’y peuvent rien : c’est bien de son travail qu’est morte notre collègue, et son geste fait éclater une souffrance au travail qu’on l’on avait jusque-là cherché à garder silencieuse. « Pas de vague », comme on dit chez nous.

Pourtant, de la souffrance au travail, il y en a. « Ces tout petits riens qui occupent à 200 % notre journée », disait-elle. De la souffrance au travail, il y en a, lorsque des rythmes scolaires épuisants sont imposés, malgré les demandes des personnels. De la souffrance au travail, il y en a, lorsque chaque ministre de l’Éducation applique ses réformes sans tenir compte de l’avis des personnels. Lorsque l’on met en place des dispositifs et des évaluations chronophages et dénués de sens pédagogique. « À la fin de la journée on ne sait plus trop ce que l’on a fait », disait-elle encore. De la souffrance, il y en a, lorsque l’institution nie l’expertise des professeurEs et leur liberté pédagogique et impose des méthodes d’apprentissage normées…

Réactions indécentes de l’institution

Pour Christine Renon, il est désormais trop tard. Mais pas pour celles et ceux qui restent. Est-ce que nous allons regarder, impuissantEs et silencieux, nos collègues mourir de servir l’Éducation nationale ? Douze suicides ou tentatives de suicides dans la seule académie de Créteil (77-93-94) depuis le début de l’année…

Nous savons, et Christine Renon le savait aussi, qu’il n’y a rien à attendre de l’institution. « L’idée est de sacrifier les naufragés dans la tempête » écrit-elle.

Au bout de quatre jours de silence, le ministre s’est fendu d’un tweet. Où le nom de Christine Renon n’est pas mentionné. Quant au rectorat, s’il est intervenu sur place, c’est pour enjoindre les directeurs et directrices à respecter leur « devoir de réserve » et à ne pas diffuser sa lettre. Et demander aux enseignantEs de l’école Mehul de retourner en classe le lendemain du jour où le corps de la directrice a été retrouvé.

Face à l’indécence de la réponse institutionnelle, heureusement, il y a celles et ceux qui ont fait preuve de dignité. En se rendant dès le jeudi soir, à plusieurs centaines, devant l’école Mehul pour un premier hommage très fort. En publiant des motions pour dénoncer les conditions de travail qui ont conduit au suicide de Christine Renon dans de nombreuses écoles, collèges et lycées. En appelant le jeudi 3 octobre, jour du CHSCT exceptionnel, à une grève et à un rassemblement devant la direction départementale de l’Éducation nationale, à Bobigny. Le meilleur hommage que nous puissions rendre à notre collègue : des établissements massivement fermés, partout en France, des rassemblements pour demander, enfin, une écoute et une prise en compte de la souffrance des enseignantEs, et la fin de ce management brutal. Parce qu’il n’est pas tolérable que l’on puisse encore perdre sa vie à travailler pour l’Éducation nationale.

François Montreuil et Raphaël Alberto

https://npa2009.org/actualite/educa...

Suicide de Christine Renon : l’État m’a tuée

« L’idée est de ne pas faire de vague et de sacrifier les naufragés dans la tempête ! » Christine Renon, directrice de l’école maternelle Mehul de Pantin, est l’une de ces sacrifiéEs, qui s’est suicidée le 21 septembre dans son établissement. Dans la lettre qu’elle a envoyée, elle décrit son épuisement professionnel, son sentiment de solitude face à l’administration et son manque de confiance en l’institution. Ce nouveau suicide doit alerter sur les conséquences des politiques menées depuis de nombreuses années dans l’éducation nationale, dans la fonction publique et partout ailleurs. Oui, le travail tue !

Ce suicide montre une fois de plus que l’État peut, en tant qu’employeur, pousser au suicide : autoritarisme, infantilisation, humiliation, pressions hiérarchiques, réformes incessantes, restructurations, suppressions de postes… Aujourd’hui les conditions de travail dans l’ensemble des administrations se dégradent et tous les personnels sont pressurés. La souffrance au travail existe bel et bien et les burn-out, les démissions, les suicides se développent partout… malgré l’omerta. Et ce que vient de faire Christine Renon avec son geste tragique et ses lettres, c’est de briser l’omerta, mettre au grand jour les suicides, les conditions de travail des directeurs et directrices d’école, mais aussi celles de nombreux secteurs : hospitalier, rail, finances publiques, territoriale…

Le cas de Christine Renon fait écho à une infinité de situations, dans le public comme le privé. Car la réalité du travail est à des années-lumière du monde aseptisé et pacifié que certains veulent nous vendre. Combien d’entreprises, petites ou grandes, avec leurs pressions managériales, leurs restructurations perpétuelles accompagnées de répression syndicale, combien de travailleuses et de travailleurs touchés ? Nul besoin de sondages ou d’enquêtes internet : il suffit de travailler pour le savoir.

Christine Renon a voulu que son suicide porte, loin, fort, qu’il pousse à réfléchir, à se mobiliser, à faire bouger les choses. Elle a voulu faire de sa mort un acte militant. Agissons donc toutes et tous pour ne plus perdre notre vie à la gagner !

Josephine Simplon

15) 17 novembre 2018 : Laurence Dangel, enseignante en LEP à Toulon, se suicide (extrait du texte NPA dont elle était membre)

Épuisée par des années de lutte, confrontée aux pratiques managériales de l’éducation nationale qui la brisaient, elle s’est donné la mort le vendredi 17 novembre, à l’âge de 44 ans. Pleurant cette jeune femme intelligente, sensible et généreuse qui ne laissait personne indifférent, ses camarades présentent leurs plus sincères condoléances à sa famille, à son compagnon Kalou et à ­Maximilien, leur fils de 3 ans.

Laurent Ripart

14) 5 décembre 2017 : Tentative de suicide d’un enseignant en Dordogne

... Le suicide ou la tentative de suicide d’un enseignant sur son lieu de travail n’est jamais une information anodine. Quand cela arrive dans une banlieue surpeuplée, cloisonnée, qui concentre l’ensemble des tensions sociales susceptibles d’être générées dans notre société cela est funeste, mais peut être analysé avec une grille de lecture relativement simpliste dédouanant, dans son ensemble, l’institution scolaire fatalement impuissante à résorber les fractures sociales qui, insidieusement, peuvent se refléter dans le psychisme fragile de certains de ses acteurs et cela peut se comprendre sans forcément remettre en question le fonctionnement interne de l’institution et ses dérives.

Mais comment expliquer que dans un important collège de campagne, au cœur d’une région idyllique figurant parmi les destinations touristiques phares de l’hexagone un enseignant apprécié de ses collègues et de ses élèves, père d’une famille unie et militant syndical en vienne à s’ouvrir les veines sur son lieu de travail en mettant en cause nommément sa chef d’établissement en l’accusant d’avoir mis en place un système ayant été capable de le pousser à la dernière extrémité ?

Brimades, vexations, humiliations auraient été depuis la nomination de la principale incriminée il y a six ans le lot quotidien d’une partie des personnels enseignants et agent du collège La Boétie de Sarlat-La Canéda. Collège dont le nom honorant l’auteur il y a plus de trois siècles d’un essai sur « La servitude volontaire » faisant encore référence se révèlerait pour le coup d’une ironie mordante.

Les faits tout d’abord. En pénétrant ce mardi 5 décembre à 11 heures dans la salle de technologie où ils devaient avoir cours, des élèves de quatrième trouvèrent leur professeur inconscient les veines ouvertes et allongé sur le sol. Intrigués par le message laissé une heure auparavant par leur collègue sur la messagerie interne du collège faisant état de gibier traqué se jetant du haut d’une falaise et faisant écho à un fait divers local récent, la nouvelle se répandit comme une traînée de poudre parmi les personnels du collège qui, réunis en assemblée générale décidèrent immédiatement et unanimement d’exercer leur droit de retrait et de cesser le travail.

Dès le lendemain, la principale et sa compagne, CPE dans l’établissement, déposaient un arrêt maladie et quittaient précipitamment le collège bloqué par les personnels. Devant les personnels réunis en assemblée plénière l’Inspectrice d’Académie venue les rencontrer en urgence les assurait de la solidarité de l’institution, les informait de la nomination comme principale par intérim de la principale adjointe et de l’ouverture d’une enquête administrative. Une réunion du CHSCT était convoquée le lendemain à Périgueux par l’inspectrice d’académie pendant que l’ensemble des personnels organisaient la remise en fonctionnement du collège qui pouvait reprendre sa mission vendredi 8 décembre après trois jours d’arrêt des cours.

Lundi le rectorat confirmait l’ouverture de l’enquête administrative dès le retour des congés de fin d’année et la Directrice des Relations et Ressources Humaines du rectorat de Bordeaux s’est rendue sur place mardi, soit une semaine après l’acte désespéré de l’enseignant, pour expliquer au personnel réuni en assemblée plénière le fonctionnement de l’enquête et la volonté de l’institution de faire toute la lumière sur l’affaire.

Le personnel du collège, enseignants, personnels administratifs et agents restent vigilants, d’autant plus qu’aucun des signaux d’alertes tirés par certains d’entre eux au cours des six ans de « règne » de la principale n’ont été pris en compte, pas plus que le passif de celle-ci qui avait été mutée de son précèdent poste à Marmande vers Sarlat à la suite d’un mouvement des personnels dénonçant ses méthodes inacceptables de « management ». Durant des années, ses agissements semblent avoir été couverts par la direction rectorale qui peut donner l’impression d’avoir fait le dos rond, croisant les doigts pour que cela n’explose pas avant qu’elle ne prenne la retraite à laquelle elle aurait eu droit en 2018.

La précipitation avec laquelle l’Education Nationale souhaite régler le problème soulevé à Sarlat s’explique sûrement par la crainte que celui-ci révèle l’extrême dangerosité pour les personnels, mais aussi pour l’ensemble de la communauté éducative en commençant par les élèves d’une politique accentuant l’autonomie des établissements scolaires et le pouvoir des chefs d’établissement sur les personnels subordonnés, y compris des enseignants qui n’avaient jusque-là et en théorie de comptes à rendre sur leurs enseignements que devant leurs Inspecteurs Pédagogiques.

Espérons que l’enquête diligentée par l’administration fasse toute la lumière sur les dysfonctionnements et les complicités (actives ou passives) et y compris dans les rouages supérieurs de l’institution, qui ont permis que la situation dégénère au point d’arriver à ce qu’un enseignant impliqué et respecté s’ouvre les veines dans une salle de classe. Les personnels du Collège La Boétie y seront d’autant plus vigilants que les enjeux dépassent largement le cadre de la vallée verdoyante de la Dordogne. Depuis la mise en place d’une politique généralisée de privatisation et de casse des services publics, les pressions sur les personnels s’accentuent au nom de critères de rentabilité à atteindre. Les missions dues au public se dégradent parallèlement aux conditions de travail pour préparer les meilleurs profits possible aux futurs investisseurs, dans la logique de la contre-révolution libérale qui s’étend peu à peu depuis 1986 à tous les aspects de notre société.

À l’opposé d’un management directif et autoritariste, les structures éducatives n’auraient-elles rien à gagner à la responsabilisation des personnels, à leur autonomisation face à leurs directions et au renforcement du caractère démocratique des organes internes de décision à tous les niveaux de l’institution en commençant par les établissements ? Faire réellement de la communauté éducative une communauté d’acteurs conscients et responsable dans sa mission fondamentale.

À cela, et malgré leur bonne volonté, les enseignants du Collège La Boétie de Sarlat ne parviendront pas tous seuls.

Jean Roussie

13) Marseille Rentrée 2013 : Suicide d’un enseignant en STI la veille de la prérentrée

Un professeur d’électronique d’un lycée marseillais a mis fin à ses jours ce dimanche à son domicile. Il a adressé à la communauté éducative une lettre dans laquelle il met directement en cause "l’évolution du métier" d’enseignant, pour expliquer son geste.

"Il dit qu’il ne fera pas la rentrée et que quand on lira ce courrier, il sera mort." a rapporté à l’AFP son collègue Alain Barlatier, qui a lu la lettre laissée par l’enseignant, qu’il avait envoyée à toute la communauté éducative. "Nous l’avons reçu hier en fin d’après-midi et le temps de chercher à le joindre, c’était trop tard". Agé de 55 ans, ce professeur en série STI2D (Sciences et technologies industrielles et du développement durable) du lycée Antonin Artaud (13e) s’est donné la mort à son domicile, "à la veille de la pré-rentrée" pointe le Snes-FSU dans un communiqué.

Dans sa lettre, l’enseignant fait "un lien évident entre son acte et son incompréhension face à l’évolution du métier", explique son collègue à l’AFP. Il n’était "pas spécialement dépressif", mais se montrait "extrêmement critique, comme nombre de ses collègues", à la fois sur la formation STI2D et sur le métier en général, selon le syndicaliste. Toujours dans sa lettre, il déplore le fait que "le métier d’enseignant évolue vers un métier d’exécution, alors que lui avait été recruté pour un métier de conception où il était maître de son travail".

12) Une enseignante se pend dans sa classe dans l’Aisne

VILLENEUVE-SAINT-GERMAIN - Une enseignante de 53 ans du collège Louise-Michel de Villeneuve-Saint-Germain a été retrouvée pendue dans sa classe.

Hier après-midi, des enseignants du collège Louise-Michel de Villeneuve-Saint-Germain ont découvert leur collègue Annick Martin, professeur de biotechnologie spécialisée en hygiène et alimentation, pendue dans sa salle de classe. Ils ont été alertés car elle n’est pas venue accueillir ses élèves, de section d’enseignement général et professionnel adapté, au début de l’après-midi.

11) Une enseignante met fin à ses jours à Béthune

Une enseignante d’un lycée professionnel de Béthune (Pas-de-Calais) est décédée dimanche des suites d’une tentative de suicide survenue six jours plus tôt, rapporte Nord-Eclair ce mardi 23 octobre 2012.

Agée de 48 ans, cette enseignante en secrétariat et bureautique aurait mis fin à ses jours en raison de ses conditions de travail, déplore son syndicat. « Nous venons de perdre une collègue qui n’a pas supporté toutes les pressions (...) L’administration l’a broyée », indique-t-il sur son site Internet.

L’enseignante n’aurait pas supporté la possible suppression de son poste à la rentrée prochaine, ce qui l’aurait forcée à reprendre des remplacements engendrant de nombreux déplacements, a expliqué le syndicat à l’AFP, citée par Libération.

Plainte pour "harcèlement" après le suicide d’une institutrice en Gironde

10) En classe, pas d’échappatoire, le moindre relâchement peut avoir un retentissement immédiat

Voici trois mois, une enseignante de Béziers s’immolait en pleine cour de récréation. Un geste désespéré qui a mis en lumière la souffrance du personnel enseignant, malmené par les réformes du système éducatif, une intensification du travail, un mode de management infantilisant.

Comme un électrochoc. L’immolation, le 13 octobre, d’une enseignante de Béziers en plein milieu de la cour de récréation a sidéré l’opinion publique. Le rectorat et le ministère ont immédiatement exonéré l’institution scolaire de toute responsabilité, renvoyant cet acte de désespoir à la « dérive personnelle » d’une personne « fragile ». Une défausse classique en cas de suicide au travail, mais un peu courte. Pour beaucoup, le drame de Lise Bonnafous, au-delà de son geste ultime, a mis en lumière le profond mal-être d’une profession malmenée par l’avalanche de réformes et plus que jamais sous pression.

Révélé le mois dernier, le rapport de Georges Fotinos sur « la qualité de vie au travail dans les collèges et lycées » donne des indications inquiétantes. Selon cet ancien chargé de mission à l’inspection générale, quelque 17% d’enseignants souffriraient d’épuisement professionnel – le fameux burn-out –, contre 11% en moyenne dans les autres professions. Des chiffres tirés d’une étude néerlandaise. « Mais il n’y a aucune raison pour que ce soit différent en France », argue-t-il. Pour lui, c’est clair  : « La prévalence de maladies mentales ou de difficultés psychologiques est plus importante chez les enseignants que dans d’autres catégories. »

De fait, le métier est toujours apparu comme l’un des plus exposés au stress. « On est en tension permanente, de 8 h 30 à 16 h 45, sous le regard et les attentes de trente paires d’yeux, explique Isabelle, professeur des écoles en région parisienne. Au bureau, vous pouvez vous relaxer dix minutes sans qu’il y ait de conséquences. En classe, pas d’échappatoire, le moindre relâchement peut avoir un retentissement immédiat. » Répondre aux élèves, écouter, se déplacer, écrire, maintenir l’ordre, s’adresser au groupe tout en étant attentif à chacun… Le rythme est intense et la journée minutée, y compris de retour à la maison. « Cette accumulation de tâches et de contraintes entraîne une usure quotidienne et le sentiment d’un travail fait dans l’urgence », soulignent Laurence Janot-Bergugnat et Nicole Rascle ( Le Stress des enseignants. Éditions Armand Colin, 2008, 217 p.).

Des conditions d’exercice exigeantes, devenues, au fil des années, de plus en plus complexes. Depuis deux décennies, le statut social du professeur comme l’autorité qui y est rattachée se sont effrités. Et le public scolaire est devenu plus difficile. « Avec les nouvelles technologies, on vit aujourd’hui le règne du “TTS” (tout, tout de suite) et, pour certains élèves, devoir rester assis des heures sur une chaise et différer leurs envies relèvent de l’incongruité  ! » fait remarquer Isabelle. Maintenir la discipline et l’attention dans des classes hétérogènes est souvent source de tension. Et face à ces difficultés, l’enseignant reste seul. « S’il y a du chahut, la plupart du temps, il n’osera pas sortir de la classe pour demander de l’aide à un collègue, souligne Christine Ammouial, médecin du travail à la MGEN. Il gardera pour lui un sentiment d’impuissance et de culpabilité de ne pas avoir pu faire face aux élèves. L’un des problèmes cruciaux du malaise enseignant est cette absence, dans l’établissement, d’un espace et de temps dévolus pour exprimer ça et échanger sur les pratiques. »

Ce temps de décompression et cette liberté, justement, les enseignants en disposent de moins en moins. Depuis plusieurs années, ils sont soumis à un train de réformes qui augmente non seulement les effectifs dans les classes, mais impose également un modèle de management infantilisant, accentuant la défiance vis-à-vis des profs.

« Depuis trois-quatre ans, on est entrés dans l’ère de la culture du résultat, on doit rendre des comptes sur tout  ! peste Michèle, cinquante ans, professeur en petite section maternelle. Quand j’ai débuté, ma priorité était que l’enfant soit heureux de revenir à l’école tous les jours. Aujourd’hui, tout est saucissonné, chaque cours doit faire l’objet d’une “progression” et je dois remplir des cases validant les “compétences” d’enfants, qui, je le rappelle, ont trois ans  ! C’est absurde, cela prend un temps fou et ce n’est pas du tout ma manière d’envisager le métier. »

Elle n’est pas seule à exprimer ce ras-le-bol. Selon une enquête du Snuipp-FSU, principal syndicat dans le premier degré, les enseignants estiment que « la multiplication des documents à fournir » est le premier obstacle qui empêche de bien faire son métier (49%), devant « le nombre d’élèves par classes » (48%) et « le manque de temps » (44%).

Cette intensification du travail s’accompagne d’une inflation sans fin des injonctions ministérielles. « On doit sans cesse intégrer de nouvelles choses, précise Michèle. Désormais, en primaire, il faut avoir des compétences en informatique, en langue, en histoire des arts, en tableau numérique, il faut modifier nos façons de faire, savoir transmettre les connaissances, accueillir un enfant handicapé, mais aussi aider individuellement les élèves, écouter les critiques des parents… Tout cela pourrait être passionnant mais on y est à peine formé et certains y passent leurs nuits. Moi, dès le troisième jour de la rentrée, j’étais en larme s : j’avais l’impression d’être déjà en retard sur le programme… »

Pour les sociologues, les enseignants d’aujourd’hui font face à de multiples attentes mais manquent de repères fiables. Une situation qui a pour conséquence de favoriser un surinvestissement dans le travail, souvent à l’origine du bur-nout, mais aussi d’accentuer l’isolement. « Dans mon école, on a la chance de pouvoir travailler encore en équipe, explique Élodie, professeur à Lyon. Mais il n’y a plus les longues formations continues qui pouvaient durer cinq ou six semaines et nous permettaient de sortir de l’école et de rencontrer d’autres enseignants. Aujourd’hui, je n’ai plus un seul contact avec les autres profs de la ville. »

Repères

Une étude conduite par l’Inserm, en 2002, évoque un taux de 
39 cas de suicide pour 100 000 professeurs, contre 16,2 pour 100 000 habitants en moyenne 
dans les autres professions.

54 suicides « dans les murs » des établissements scolaires ont été recensés officiellement en 2009.

uLa MGEN « accompagne » 15 000 personnels de l’éducation nationale par an, dont 6 000 bénéficient d’un tête-à-tête avec un psychologue.

L’éducation nationale compte 70 médecins de prévention pour 1,1 million de salariés.

uSelon un sondage réalisé par le SE-Unsa auprès de 5 000 professeurs, 46% des enseignants du premier degré et 39% de 
ceux du second degré songeraient 
à quitter la profession.

Laurent Mouloud, L’Humanité

9) Les suicides d’enseignants se suivent et se ressemblent

* Ce jeudi 13 octobre 2011, une professeure de mathématiques, âgée de 44 ans, s’est immolée dans la cour du lycée Jean Moulin de Béziers. Beaucoup d’articles de presse commencent par caractériser cette dame comme "très fragile psychologiquement". Cela me paraît diffamatoire et à ce titre attaquable en justice.

L’Education Nationale ayant laissé salir son salarié, certains médias sont allés encore plus loin. La lecture des divers articles relatifs à ce drame permet "d’apprendre", que cette enseignante n’était "pas aimée" parce qu’"elle donnait de mauvaises notes", qu’elle était "trop sévère". Elle aurait eu un ou deux jours avant le drame une explication difficile avec des élèves.

L’ "explication" du suicide par la prétendue "fragilité psychologique" de Lise Bonnafous me paraît passer à côté de trois réalités :

- D’une part, ce décès interpelle à nouveau tout citoyen sur la souffrance au travail. De nombreuses professions placent aujourd’hui les salariés dans des conditions de travail où ils se retrouvent psychologiquement affaiblis et mis à nu. Or, un salarié efficace, quel que soit son métier, est un salarié formé, respecté dans son autonomie, son statut et sa capacité d’initiative.

- D’autre part ce drame survenu à Béziers doit être, à coup sûr analysé comme un appel au secours quant aux conditions de travail dans la majorité des établissements scolaires. L’enseignant devant sa classe assume seul une confrontation qui le dépasse : transmettre ses connaissances avec un minimum d’efficacité et permettre aux élèves de progresser sur la voie de leur émancipation intellectuelle alors que les conditions objectives nées de la société "libérale socialement totalitaire" pèsent lourdement en sens inverse.

- Enfin, le témoignage des proches.

Il me semble que l’avis du père de l’enseignante immolée mérite une attention particulière " Son message désespéré était celui-ci : il faut refonder, à tout prix, une nouvelle et authentique école de la république, celle où primaient les valeurs du civisme et du travail ; celle où le professeur était au centre de tout ; celle où l’enfant du peuple pouvait devenir fils de roi."

Dans le Midi Libre du 18 octobre 2011, je découvre cette conviction : "Ceux qui la connaissent" veulent donc voir dans ce geste dramatique "un acte de révolte à l’instar des personnes qui se sont immolées dans d’autres pays pour lancer la révolution contre des dictatures. Elle l’a fait pour ses élèves." Ce point de vue confirme celui du père. Il met évidemment en cause l’évolution de l’Education dans notre pays.

La lettre collective des enseignants du lycée Jean-Moulin de Béziers mérite aussi l’attention :

« Notre collègue qui s’est immolée est décédée.Nous sommes tous bouleversés voire traumatisés. Nous sommes en AG depuis 2 jours, avons refusé d’accueillir les élèves en classe et décidé une grève illimitée jusqu’à ce que les responsabilités soient établies... Nous souhaitons une mobilisation générale pour que la souffrance au travail cesse et que de tels drames ne se renouvèlent plus.

PS Lise à dit en s’enflammant : "je le fais pour Vous". Luc Chatel a menti , elle n’était pas suivie médicalement, ni fragile, mais consciencieuse, compétente, aimant son travail et courageuse. Nous comptons sur Vous tous. Merci de diffuser ce mail à toutes vos connaissances afin d’alerter l’opinion, pour que l’éducation nationale ne devienne pas France-telecom... Merci »

Cette dame avait accumulé bien des souffrances dans son travail pour préparer aussi froidement un tel acte : annuler son cours, quelques minutes avant la récréation se placer sous le préau, calmement s’asperger d’essence, allumer... marcher en feu au milieu de la cour.

" Tout le monde savait qu’elle était en souffrance au travail" affirme devant la presse régionale une enseignante longtemps collègue de Lise Bonnafous. L’administration et l’IPR concerné avaient-ils connaissance de ses difficultés ? Ont-ils essayé d’intervenir ? Je ne sais ?

* Les suicides d’enseignants se suivent sans entamer les certitudes de Chatel et consorts... Hérault en octobre, Isère en septembre, Guyane et Réunion en août, Charente en mai, Gironde en mars... pour citer quelques cas dont j’ai connaissance.

Les suicides d’enseignants se ressemblent aussi : ils ont lieu de plus en plus sur le lieu de travail pour bien marquer la cause de cet acte désespéré. Il est vrai qu’ils concernent fréquemment les collègues les plus exposés : vacataires, contractuels, stagiaires, prof de lycée pro...

Les enquêtes et rapports se suivent et se ressemblent. En collèges et lycées, 17 % des enseignants sont touchés par le « burn-out », un épuisement physique, mental et émotionnel, contre 11 % dans les autres professions, selon un rapport à paraître.

Je lis dans un quotidien régional l’interview d’un collègue du lycée Jean Moulin " Son acte nous fait prendre conscience que les enseignants sont fragilisés... Les suppressions de poste, la surcharge dans les classes, le culte du résultat, les réformes à l’emporte-pièce, faites dans l’urgence... Tout cela met une pression supplémentaire"

Parmi la centaine de messages reçus sur ma messagerie électronique, j’extrais un petit paragraphe qui résume l’essentiel : « La souffrance au travail est une réalité chez nous. Elle est due à de nombreux facteurs : pression insidieuse par les injonctions diverses de la commande institutionnelle, charge de travail croissante, élèves d’une grande hétérogénéité de disponibilité, de niveaux, d’envie face au travail....nous sommes devant une équation sans cesse plus difficile à résoudre et nous y laissons plus ou moins de plumes...certains baissent les bras, d’autres s’usent, d’autres encore s’effondrent.... »

Le ministère de l’Education Nationale comme les recteurs, Inspecteurs d’Académie, IPR... pourraient tenter de cerner ce qui se passe, tenter de trouver des pistes de solution. Ils préfèrent rester dans le registre pitoyable de la communication. De toute façon, je sais par expérience personnelle que le sort des salariés constitue généralement le dernier de leurs soucis, comme pour tous les "managers" d’aujourd’hui.

Les médias mettent en cause les élèves qui seraient trop indisciplinés, trop peu travailleurs, trop peu ceci et cela. Sans nier ces réalités, je crois nécessaire de réfléchir à une question : peut-on être "civique" en dessous du seuil de pauvreté ? Quiconque connaît l’effondrement du niveau de vie dans les milieux populaires, quiconque connaît l’effondrement du niveau de vie des jeunes, quiconque connaît l’effondrement du nombre de postes dans l’Education Nationale comprend que la situation ne peut qu’être explosive.

Comment faire vivre une école républicaine quand l’enrichissement des riches et l’appauvrissement du reste de la population constituent le nec plus ultra des gouvernants comme c’est le cas depuis 2007 ?

Oui, Monsieur Bonnafous, vous avez raison de pointer que l’école n’a de raison d’être que si "l’enfant du peuple peut devenir fils de roi" ; nous en sommes très loin à l’heure actuelle.

Effondrement du niveau de vie des jeunes : quelques chiffres

Jacques Serieys

8) Communiqué de presse commun du SNES-FSU, du SNEP-FSU et du SNUEP-FSU

La tentative de suicide d’une enseignante de mathématiques dans la cour du lycée Jean-Moulin de Béziers est une tragédie. Les syndicats de l’enseignement secondaire de la FSU (SNES, SNEP, SNUEP) assurent de leur solidarité leur collègue, sa famille, ses proches, les personnels et les élèves de l’établissement.

Un tel drame est probablement le résultat de plusieurs facteurs, mais ils ne peuvent s’empêcher de s’interroger sur la signification du choix du lieu de travail pour commettre cet acte désespéré. Ils auront le souci de s’assurer qu’elle aura bénéficié, dans son parcours professionnel et particulièrement ces dernières années, de tout le soutien, l’écoute et l’accompagnement de sa hiérarchie et de l’institution. Ils souhaitent qu’une attention particulière sur le long terme soit portée à l’équipe éducative et aux élèves de cet établissement.

Ils interpellent le ministre sur l’importance :

- de la mise en place d’une véritable médecine du travail dans l’Education nationale et une politique responsable des ressources humaines qui permettraient d’accompagner au plus près tous les personnels, dont ceux en situation de fragilité,

- de dispositions permettant par le travail en équipe de rompre l’isolement des enseignants

- d’améliorer les conditions générales de travail des enseignants, dont la pénibilité s’est considérablement accrue ces dernières années.

Ils proposent aux autres organisations syndicales de porter avec eux auprès du ministre l’exigence de l’organisation d’une demi-journée dans tous les EPLE dans les semaines à venir, pour impulser le débat sur les réalités du métier et les solutions à apporter.

7) la CGT Educ’action de l’Hérault a été reçue au Rectorat (communiqué)

A l’issue de la marche en hommage à notre collègue Lise Bonnafous, la CGT Educ’action de l’Hérault a été reçue le 19 Octobre 2011à 18h00 par L’Inspecteur d’Académie, l’Inspecteur d’Académie adjoint et le Directeur des Ressources Humaines.

Nous tenions tout d’abord à signaler à quel point nous avions été heurtés par la teneur des propos publics tenus par les autorités académiques et ce jusqu’au Ministre.

Ces propos ont, selon nous, montré un empressement choquant à insister sur la fragilité personnelle supposée de notre collègue et à minimiser l’importance des conditions dans lesquelles elle exerçait son métier. Conditions dont nous avons rappelé à quel point elles se dégradaient rapidement avec les politiques menées depuis cinq années.

Le deuxième objet de cette rencontre était d’exposer toute une série de revendications.

* Nous demandons à ce que le décès de Lise Bonnafous soit considéré et traité comme un accident du travail.

* Nous réclamons la mise en place d’un véritable service de médecine du travail dans l’Education nationale qui permette un suivi régulier et efficace de chacun de ses membres. A l’heure actuelle, un membre de l’Education nationale ne bénéficie que d’une seule visite médicale au cours de toute sa carrière.

* La mise en place réelle et efficace d’un suivi de tous les personnels pour une écoute et une aide.

* Un véritable service de suivi et d’aide du parcours professionnel tout au long de la carrière des personnels de l’Education nationale.

* Nous demandons que soit mis en place dans chacun des établissements un Comité d’Hygiène et de Sécurité du Travail élargi aux Conditions de Travail. Ce n’est pas le cas actuellement. On pourrait dans le cadre de cette instance aborder, sur place, le problème de la souffrance au travail dans les établissements scolaires et briser le mur du silence trop souvent organisé dans les établissements sur ce thème.

Communiqué de la CGT Educ’action 34

le 20 octobre 2011

6) Une enseignante s’est immolée par le feu jeudi 13 octobre 2011 dans la cité scolaire Jean Moulin (texte de la section PCF de Béziers)

Les enseignants de la cité scolaire feront valoir leur droit de retrait le lundi 17 et le mardi 18. Ils organiseront avec les élèves une marche silencieuse certainement le mardi en raison de la date retenue pour les obsèques. Une manifestation intersyndicale est prévue mercredi à Montpellier. L’assemblée générale des personnels a souhaité qu’une grève nationale soit initiée le jeudi 20 octobre. (Des ajustements heures par heures sont naturellement en cours.)

C’est dire la profondeur de l’émotion.

La presse a rapporté les dernières paroles que notre collègue aurait prononcées à l’adresse de lycéens :"Je fais ça pour vous". Le lien entre la profonde souffrance professionnelle et l’acte est établi de façon indiscutée. Reste à en prendre la plus complète des mesures et à définir collectivement les chemins de l’action qui ne peuvent rester d’ordre compassionnel ou de l’accompagnement de la douleur.

Quelques éléments se dégagent des débats :

Lors de l’assemblée préparatoire à la grève nationale, unitaire des personnels du mardi 27 septembre la secrétaire du SNES de l’établissement avait alerté sur le point "de rupture atteint pour certains collègues". Le syndicat Educ/Action CGT de l’Hérault a rencontré le 4 octobre le Recteur sur les nombreux cas de soufrance au travail recensés liés à la très grave dégradation des conditions de travail et qualifie son attitude de "pour le moins désinvolte et quelque peu méprisante".

Depuis jeudi dans toutes les assemblées s’exprime une profonde colère contre les tentatives d’une partie de la hiérarchie de faire glisser les causes profondes de cet acte vers le registre de difficultés familiales.

Depuis la rentrée notre collègue vivait mal ses conditions de travail et l’avait exprimé.

Pour tous les enseignants la procédure de notation individuelle interne aux établissements contribue à accentuer l’isolement de chaque enseignant face à ses difficultés. Depuis cette rentrée les difficultés dues à l’augmentation du nombre d’élèves par section, à la disparition des dédoublements, à des conditions de remplacements de plus en plus précaires aggravent un contexte déjà explosif depuis des mois. L’évolution similaire des situations entre France Télécom, d’autres entreprises et l’Education Nationale apparait de façon évidente. Le "management" par la violence dans les services publics mène a des désatres de ce type.

C’est donc à une réelle perte de sens, du "sens profond que chacun peut donner à son travail" que nous nous heurtons.

L’insupportable est atteint. En cela le satisfecit que s’est octroyé à la rentrée le ministre lors d’une visité éclair dans la ville auprès de ses représentants locaux Elie Abou, député et Raymond Couderc Sénateur maire est irresponsable. Dans la plus terrible des situations il se heurte à l’extrème violence des conséquences de sa politique. Le ministre doit laisser la place. Sur la base de ces constatations et des premiers échanges nous souhaitons qu’ enseignants, parents et élèves trouvent les chemins de l’action rassemblée pour une profonde modification des conditions de travail dans cette cité scolaire et partout en France.

Nul ne peut en rester à des mesures d’accompagnement de difficultés bien connues dans les professions éducatives.

C’est d’un réexamen en profondeur qu’a besoin l’école avec de mesures budgétaires décisives dès cette année. Concernant :

l’accompagnement et la formation initiale et continue des enseignants.

le retour dans les établissements des dizaines de milliers de postes supprimés ces dernières années ; Définition d’objectifs de l’Education Nationale pour mener à la réussite chaque enfant de notre pays. La mise en place d’un service public minimum pour les pauvres pousse au désespoir et à des actes de désespoir.Précipitera la jeunesse vers des impasses.

De grandes luttes seront nécessaires. Les communistes travailleront à leur réalisation. Unité dans les luttes.

Paul Barbazange, enseignant retraité, secrétaire de la section du PCF. Samedi 15 octobre 18 H.

5) Professeur : la profession la plus exposée au suicide... (par SUD-Education)

Face au malaise grandissant chez les enseignants, le syndicat Sud-Education 29 va mener une enquête en partenariat avec l’UBO pour « ouvrir la parole » dans l’Éducation nationale.

Les profs sont les plus exposés au suicide, 39 pour 100.000 », assure OlivierCuzon, de Sud-Education 29, qui se base sur une étude de l’Inserm. Des suicides qui font moins de bruit qu’à France Télécom, d’autant que perdure le cliché du prof heureux, toujours en vacances. « En l’absence de lieu de parole dans l’Éducation nationale, nous avons organisé des rencontres tout au long de l’année avec Cyril Labous, psychologue au CHU de Brest. Le compte rendu est édifiant », s’inquiète Sébastien Menes. Et le syndicaliste de poursuivre en dénonçant « l’accroissement du surmenage, de la charge de travail, de la paperasserie, des successions de réformes, des classes surchargées ». Bref, une accumulation de contraintes, « sans compter les suppressions de postes », qui fragilise les enseignants. « Ce ne sont pas les enseignants qui sont fragiles mais l’organisation, de plus en plus calquée sur celle des entreprises, qui les rend malades », rectifie Géraldine Lebagousse. « Quand les profs osent enfin exposer leurs problèmes, la hiérarchie leur reproche de manquer d’autorité. Et, de plus en plus, les licencie pour "insuffisance professionnelle". Ils ont le sentiment qu’on leur fait porter la responsabilité de l’échec scolaire », déplore Michel Boury.

Enquête d’envergure

Le travail mené par Sud-Education va se poursuivre à la rentrée par une enquête auprès de tous les enseignants. Ce questionnaire sera décortiqué par les chercheurs du département de sociologie de l’UBO, qui a elle-même vécu un suicide retentissant. « Nous nous appuierons sur cette enquête afin que le rectorat reconnaisse enfin la souffrance au travail ». En attendant, le syndicat organise simultanément, mardi à 20h30, dans ses locaux de Brest, de Quimper, et dans l’ancien lycée de Kernéguès, à Morlaix, une projection débat autour du documentaire « Ils ne mouraient pas tous mais tous étaient frappés ».

4) Lycée professionnel de Montrouge (Hauts-de-Seine)

Mercredi 7 mars dernier, en fin d’après-midi, un jeune enseignant de 28 ans a mis fin à ses jours, sur les lieux mêmes où il travaillait, au Lycée professionnel de Montrouge. La nouvelle, qui s’est répandue dès le lendemain parmi l’ensemble du personnel et des élèves, a été ressentie comme un choc.

Il est bien sûr très compliqué de comprendre les raisons d’un geste aussi désespéré. Ses collègues, sensibles à son mal-être profond et ancien, lui apportaient depuis longtemps un soutien moral et une entraide au travail. Parmi les raisons de son geste, expliquées dans une lettre, le jeune enseignant a invoqué ses difficultés au travail.

Il n’y a donc pas qu’à Orange, France Télécom ou Renault que le stress professionnel peut pousser à bout. Les enseignants sont eux aussi soumis à des attentes de plus en plus grandes de la part de la hiérarchie, dans un contexte de suppressions de postes. Dans l’enseignement professionnel, comme dans l’enseignement général, les missions des professeurs se compliquent du fait même qu’ils sont moins nombreux. Il leur faut pallier le manque de surveillants et de personnel administratif. Avec la quasi généralisation du contrôle en cours de formation, c’est sur chaque enseignant devant gérer seul dans ses classes les évaluations donnant lieu à délivrance du diplôme, que reposent l’organisation et la responsabilité du bon déroulement des épreuves. Les programmes ne cessent de changer, de surcroît tous en même temps. C’est le cas notamment avec la mise en place du nouveau programme de bac professionnel en trois ans au lieu de quatre, qui donne lieu à une charge de travail supplémentaire. C’est aussi le cas des nouveaux programmes de CAP. Le suivi des élèves en stage est de plus en plus tatillon et nécessite plus de travail au moment où, en raison de la crise, les places de stagiaires diminuent. Les attentes des élèves, qui sont de plus en plus grandes face à un avenir offrant moins de perspectives, font aussi partie des difficultés supplémentaires qui s’accumulent sur les épaules des enseignants.

Ce suicide, comme d’autres, tels à Nancy en avril 2 010 ou à Condé, dans le Calvados en février dernier, illustre de façon dramatique le malaise au travail qui se répand chez les enseignants. Il pourrait bien se transformer en colère.

3) Malaise dans l’Education nationale : exemple de l’académie de Caen

« Depuis début janvier 2011, dans la seule académie de Caen, plusieurs personnes enseignants ou personnels ont mis fin à leurs jours ou ont tenté de le faire. » En s’adressant dans une lettre au ministre de l’Éducation, Luc Chatel, les enseignants du lycée Charles-Tellier de Condé-sur-Noireau (Calvados) évoquent le suicide d’un collègue début février. Mais aussi le décès, mi-janvier, d’un instituteur de la région de Granville (Manche) et la tentative de suicide d’un agent de service d’un lycée caennais qui avait évoqué « d’importants problèmes avec la hiérarchie », selon Michel Lelarge, un représentant du syndicat Sud...

Le rectorat« ne nie pas le malaise »

Au-delà des drames qui touchent des familles et des équipes, les enseignants s’interrogent sur les suppressions de postes, le sens de leur travail, l’évolution de leur métier, les tâches administratives toujours plus lourdes... « On nous demande la culture de la performance, avec moins de monde, moins de matériel. Ce n’est pas valorisant », remarque un enseignant de la Manche. Il reconnaît les difficultés de la profession « à s’adapter dans la morosité ambiante » et « un besoin de vider son sac avec, parfois, de l’agressivité dans les réunions internes ».

Le rectorat de Caen « ne nie pas le malaise », mais ne fait pas d’autre commentaire. Au ministère de l’Éducation, qui emploie près de 2 800 assistants sociaux, on rappelle que les comités d’hygiène et de sécurité vont bientôt se saisir des conditions de travail et des risques psychosociaux. Quelque 80 médecins prévention devraient être recrutés. Luc Chatel s’exprimerait sur ce malaise des enseignants dans les prochains jours.

Sébastien BRÊTEAU.

Source : http://www.ouest-france.fr/actu/act...

2) Le taux de suicide sur un an parmi les enseignants est de 39 pour 100000

Le Réseau des enseignants en résistance dénonce les conditions de travail dégradées. Ils réclament l’ouverture d’une enquête sur le stress des élèves et des professeurs.

Le chiffre est alarmant : 39 cas par an pour 100 000 enseignants, selon une étude épidémiologique de l’Inserm de 2002. Il s’agit donc de la profession la plus touchée, suivie de près par les fonctionnaires de police (35 pour 100 000).

Pour Sébastien Rome, instituteur et désobéisseur, il est urgent d’ouvrir le débat sur les conditions de travail : « Les enseignants sont face à un large public et les occasions de conflits se multiplient. On observe un désarroi croissant chez les profs. Au lieu de parler des problèmes rencontrés dans leur classe, ils se replient. Le questionnement reste individuel alors qu’il devrait être posé collectivement. La médecine du travail n’existe pas dans notre institution. » Autre donnée représentative du sentiment de défaillance : 93 % jugent leur profession dévalorisée et près de la moitié sont prêts à changer de métier. À cela plusieurs explications.

- Les professeurs manquent de reconnaissance. « Le métier n’a pas plus la même aura qu’avant. » Et les sentiments de culpabilité et de honte prédominent. « Nous nous sentons impuissants face à des situations sociales difficiles vécues par les élèves.

- L’exigence de réussite à tout prix des parents met une pression très forte sur les enseignants.

- Le désengagement de l’État fait perdre du sens à notre travail. »Si le tableau est sombre, les désobéisseurs refusent de se résigner. Ils proposent l’ouverture d’une enquête sur le stress des enfants et des enseignants dans l’école.

IXCHEL DELAPORTE

Source : http://www.humanite.fr

1) Suicides d’enseignants : des précédents depuis 2000

Dépêches de l’Education

Source : http://www.vousnousils.fr

Une enseignante de 45 ans s’est suicidée lundi par pendaison à l’intérieur du groupe scolaire Gambetta de Massy (Essonne).

Voici un rappel de quelques suicides d’enseignants depuis 2000 :

- 17 mars 2000 : Un instituteur de 41 ans tue ses deux enfants puis se suicide dans le grenier de sa maison à Jublains (Mayenne).

- 7 sept : Un enseignant en comptabilité, âgé de 34 ans, se suicide par défenestration depuis sa salle de classe d’un lycée professionnel de Tremblay-en-France (Seine-Saint-Denis).

- 12 avr 2001 : Un instituteur d’une classe unique dans un village du nord de l’Alsace, âgé de 42 ans, se suicide en se jetant par la fenêtre de l’école alors qu’il allait être interpellé par les gendarmes. Il avait fait l’objet d’une plainte de parents d’élèves "pour des problèmes relationnels entre lui et certains des enfants".

- 10 fév 2002 : Suicide d’un instituteur de 57 ans d’une école élémentaire privée de Valenciennes (nord), mis en examen deux jours plus tôt pour "atteintes sexuelles" sur mineurs de quinze ans. Il avait été placé sous contrôle judiciaire.

- août : Un ancien instituteur de l’école communale de Bayel (Aube) se suicide en se jetant sous un TGV à Guingamp (Côtes-d’Armor), où il était en vacances, après avoir appris l’envoi de lettres anonymes l’accusant de pédophilie.

- 16 nov 2004 : Un instituteur de Limay (Yvelines) met fin à ses jours après avoir été mis en examen pour "agressions sexuelles" sur mineur de moins de quinze ans.

- 26 sept 2005 : Un professeur de mathématiques d’un collège de Berre-l’Etang (Bouches-du-Rhône) accusé de viols sur mineurs est trouvé mort à la prison marseillaise des Baumettes où il était en détention provisoire depuis un an.

- 8 jan 2007 : Un professeur du lycée d’Albert (Somme) tente de se suicider dans sa classe, avant le début des cours.

- 4 mars 2008 : Une institutrice de 39 ans de l’école maternelle de Pauillac (Gironde), enceinte, se suicide au terme de plusieurs mois de tensions avec l’équipe pédagogique, les services municipaux et des parents d’élèves.

- 7 mars : Un instituteur de 25 ans tente de se suicider à l’école de Brousses-et-Villaret (Aude) avant les cours.

- 17 juil : Un enseignant d’histoire-géographie est retrouvé pendu à un arbre dans un bois à Fessy (Haute-Savoie). Début juin, il avait organisé une sortie au cours de laquelle un car avait été percuté par un train sur un passage à niveau à Allinges, causant la mort de sept collégiens et faisant 25 blessés.

- 19 sept : Un professeur d’un collège de Saint-Michel (Aisne) se suicide chez lui quelques heures après avoir été placé brièvement en garde à vue à la suite d’une plainte d’un élève qui l’accusait de lui avoir donné un coup de poing, ce que l’enseignant avait toujours nié.


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