Nous avons déjà mis en ligne plusieurs articles :
rendant compte du fait que l’histoire humaine connaît une fois par siècle, puis deux fois par siècle, trois fois au 19ème et au 20ème siècles des périodes de haute combativité sociale (dites périodes révolutionnaires)
Moyen Age : De 1378 à 1385, une période de luttes, révoltes et soulèvements
distinguant entre ces périodes révolutionnaires des cycles comprenant de façon variée dans les formes comme dans la temporalité : une phase incertaine d’indices de montée des luttes et aspirations populaires, une phase de montée de la combativité populaire, une phase d’apogée, une phase de retombée, une phase de faible combativité et conscience, avant le début d’un nouveau cycle.
Le cycle politique, instrument d’analyse des périodes et conjonctures
Les années 1618 à 1639 sont marquées par une guerre longue, sans merci, totale, meurtrière appelée par les historiens Guerre de Trente Ans. Elle met aux prises presque toute l’Europe entre d’une part les puissances catholiques et réactionnaires de l’Europe dirigées par le roi d’Espagne (Habsbourg d’Espagne et Autriche, Etats catholiques allemands dont Bavière et archevêques de la vallée du Rhin, papauté...), d’autre part des forces que l’on peut caractériser comme plus modernes et plus démocratiques, en particulier les Etats majoritairement protestants (Provinces-Unies, Suède, Danemark).
Cette Guerre de Trente Ans entre en résonance d’une part avec la Guerre de 80 ans menée par l’Espagne contre la Révolution des Provinces-Unies, d’autre part avec la volonté déjà ancienne du royaume de France de profiter de toute occasion possible pour affaiblir les Habsbourg dont les territoires l’encerclent de tous côtés (Pyrénées, Méditerranée, Italie, Suisse, Allemagne, Wallonie).
La guerre commence par l’écrasement des Tchèques protestants par les armées catholiques impériales. L’intervention des Danois dans le conflit se solde aussi par la défaite des Protestants.
L’accroissement de la puissance des Habsbourg mécontente la France comme la Suède qui passent un accord en 1631. La Suède engage ses armées en Allemagne sous la direction de Gustave -Adolphe ; la France lui paie 400000 écus par an. Durant plusieurs années les armées protestantes gagnent bataille sur bataille mais s’épuisent face aux forces des royautés catholiques (surtout Autriche et Espagne) sans cesse renouvelées. En 1634, les Protestants sont vaincus à Ratisbonne puis Nordlingen.
La France décide alors d’intervenir militairement elle-même dans le conflit. De plus, elle prend en charge la principale armée protestante d’Allemagne (commandée par Bernard de Saxe Weimar) et passe une alliance avec des principautés italiennes (Savoie, Modène, Parme, Mantoue) contre l’Espagne. L’équilibre des forces ainsi créé pousse les populations opprimées et pressurées par la guerre à des soulèvements contre les puissances féodalo-catholiques, en particulier l’Espagne.
Le premier processus révolutionnaire éclate au Portugal, alors intégré au royaume d’Espagne. Deux soulèvements populaires éclatent en 1635 ( Visèu et Viana del Castelo, un autre en 1636 ( Vila Real) avant que la généralisation de la lutte (en particulier engagement général de la petite noblesse) ne permette la restauration de l’indépendance du Portugal le 1er décembre 1640. La France comme l’Angleterre et les Provinces-Unies apportent leur soutien intéressé à Lisbonne. Cependant, l’Espagne n’acceptera cette indépendance qu’en 1668.
D’autres mobilisations peuvent être notées à la même époque sans que l’on puisse prétendre au moindre lien ; il en va de même dans toutes les phases de haute combativité :
en Corée contre le Japon
au Japon avec un grand soulèvement paysan (dont les chrétiens)
soulèvement des Cosaques du Don contre les Turcs (prise d’Azov)
soulèvement des Cosaques Zaporogues d’Ukraine contre la Russie et la Pologne
D’une phase de montée, nous passons à une époque qui peut être caractérisée de révolutionnaire à partir de 1640 avec la Révolution catalane.
En raison de la guerre menée sur plusieurs fronts en Europe, la royauté espagnole a tendance à négliger l’autonomie et les droits de la generalitat de Catalogne (impôts, présence de troupes à loger qui commettent de nombreux abus...). Pour mater la grogne, Madrid emprisonne plusieurs personnalités dont Francesc de Tamarit (député de la Generalitat) et deux conseillers de Barcelone. Le 22 mai 1640, des paysans armés les libèrent et se voient soutenus par une mobilisation populaire et institutionnelle importante.
Le 7 juin 1640 éclate une révolution populaire victorieuse dans la journée. Au matin, des centaines de paysans attendent d’être embauchés ; les récoltes étant mauvaises, les propriétaires baissent les prix ; le ton monte ; les paysans se mobilisent collectivement ; l’un d’eux est blessé par un officier de justice. Plus rien ne peut arrêter le soulèvement populaire qui, à présent, enflamme toutes les rues., toutes les professions. Le palais du vice-roi est attaqué et pris par la multitude ; celui-ci est tué. Officiers et juges représentant la royauté se cachent, plusieurs sont tués. En quelques jours, l’appareil institutionnel s’évapore. Madrid réagit le 14 août en décidant d’occuper militairement la Catalogne ; son armée reprend Tortose et Tarragonne, arrive aux portes de Barcelone que la population défend vaillamment. Des troupes françaises interviennent aux côtés des Catalans mais se font autant mal voir que les Espagnols. La guerre des Segadors (moissonneurs) se poursuit. La République catalane est proclamée en janvier 1641 (17 au 23). La paix ne sera signée qu’en 1659.
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