Un an après le non au référendum sur le Traité constitutionnel européen, interprété à l’époque comme un cinglant désaveu pour la classe politique française, celle-ci semble toujours à la recherche de réponses pour surmonter une crise de confiance qui n’a fait que s’approfondir.
Le président de la République, à l’initiative de ce référendum, et qui avait été considéré comme le grand perdant du scrutin du 29 mai 2005, ne s’en est jamais relevé.
Non seulement il n’a jamais réussi véritablement à reprendre la main, mais les trois crises successives dans les banlieues, sur le CPE et autour de l’affaire Clearstream, l’ont encore un peu plus affaibli. Sa cote de confiance dans les sondages ne cesse de chuter, atteignant les niveaux les plus bas depuis son accession à l’Elysée en 1995.
Son Premier ministre, Dominique de Villepin, qui avait succédé à Jean-Pierre Raffarin, sacrifié après l’échec du oui pour lequel il avait fait campagne, n’a connu qu’une éphémère popularité, lui aussi plombé par les crises et sa rivalité avec Nicolas Sarkozy.
Du côté des formations politiques, chacun est peu ou prou resté sur les positions exprimées au cours de la bataille référendaire. Et les positionnements tactiques en vue de la prochaine élection présidentielle ont relégué très loin le débat autour du modèle européen qui avait marqué la campagne référendaire.
La construction européenne et ses conséquences concrètes ne sont qu’à peine évoquées par les partis et les candidats à la candidature.
Les tenants du non n’ont pas réussi à capitaliser sur leur victoire. Les sondages montrent toujours un Laurent Fabius, chef de file du non au PS, isolé dans l’opinion comme au sein de son parti et de la gauche, ressoudée sur la question du Contrat première embauche. A la gauche de la gauche, les comités du non ont fait long feu...
Bien que tous ou presque reconnaissent une crise profonde de la représentation, dont le 29 mai 2005, après le premier tour de la présidentielle de 2002, a été l’illustration, à droite comme à gauche, on s’en remet d’abord et avant tout à l’élection présidentielle.
Dans l’opinion, les raisons du non semblent toujours aussi présentes. Un récent sondage LH2 indique d’ailleurs que 98% des électeurs du non il y a un an affirment ne pas regretter leur vote.
"Un an après, on a toujours sur la plupart des sujets européens et sociaux les mêmes clivages forts entre ceux qui ont voté oui et ceux qui ont voté non", assure Frédéric Dabi, directeur du département d’opinion publique de l’Ifop.
Le vote non de 2005, très marqué socialement, avait révélé une France majoritairement hostile aux orientations libérales de la construction européenne, et inquiète quant à ses conséquences pour le modèle social français et son avenir, selon les études d’après-scrutin.
Le tableau que dresse la première vague du Baromètre politique français (2006-2007) Cevipof-ministère de l’Intérieur, réalisé par l’Ifop, confirme que la construction européenne est toujours considérée comme une menace, 41% estimant que la France en souffre, contre 27% d’un avis inverse.
Il donne l’image d’une population qui considère que la France est en déclin (52%), que les jeunes ont moins de chances de réussir que leurs parents (76%) et qui ne fait confiance ni à la droite ni à la gauche (69%) pour gouverner
(communiqué de l’AFP)
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