Revue de presse Un an après le 29 mai : " La déconfiture des nonistes" (article du Nouvel Observateur)

lundi 29 mai 2006.
 

Le Nouvel Observateur publie cette semaine une article de Claude Askolovitch qui mérite réflexion. Nous en refusons les conclusions données dès le titre ( La déconfiture des nonistes) mais ses arguments et sa connaissance certaine du sujet ouvrent de vraies questions aujourd’hui. Nous mettons en ligne de longs extraits comme contribution au débat.

"Comme le temps passe et comme l’actualité zappe... Il y a un an, lors du référendum européen, le non l’emportait. Majoritaire dans le pays, majoritaire à gauche, radicalement anti-libéral, annonciateur d’autres victoires. On célébrait ces meetings emportés qui contrastaient avec l’atonie des rassemblemnts du oui. Tous ensemble, exultaient les fans de Besancenot, Buffet, Bové et Mélenchon !...

"Un an après, dans les sondages, seule Ségolène Royal est belle - quand les chefs nonistes s’éparpillent comme autant de nains politiques. L’électorat du non est séduit par une socialiste d’ascendance deloriste, qui défend la famille, le travail et l’ordre juste.

"Arnaque politique, soupirent les tenants de la marque du non ! "Il faudra plus que des apparences, mais une rupture avecla 5ème république, un vrai transfert de pouvoir aux citoyens, aux associations, aux assemblées" jure Grond ( dirigeant LCR). Tandis qu’au PS, les amis de Jean-Luc Mélenchon s’emportent contre l’illusion organisée "par les médias et le système" ; "il y aura une alternance à gauche, et tout est fait pour que celle-ci soit la moins douloureuse pour l’ordre établi. c’estl’invention de Ségolène." dit-on chez le sénateur de l’Essonne.

"Les nonistes sont d’autant plus fâchés qu’ils persistent dans leur analyse. Il s’est passé quelque chose de majeur il y a un an, et la politique n’en est pas quitte. Le non était profond, une révolte venue de loin, que les crises successives ont depuis confirmé. Exclusion, délaissement, humiliations, fractures sociales, angoisses du lendemain, rejet du libéralisme et des accomodements... Si le non n’a pas été fondateur d’une nouvelle donne politique, ce n’est qu’injustice, impéritie et maladresses".

"Depuis l’automne, la Ligue rassemble des promesses de signatures pour Besancenot. Certaine... que Marie George Buffet, contrainte au combat, serait défaite par le brillant et populaire Olivier. Pour elle, il y a deux gauches, elles ne peuvent gouverner ensemble, et unir les nonistes ne serait qu’illusion sans une clarification préalable. Engagez-vous à ne pas gouverner avec les socialistes, promettez que vous ne voterez même pas le budget d’un gouvernement PS ! Conditions impossibles...

Ainsi s’envole le bel élan de l’été 2005, la griserie des combats partagés, l’ivresse de la victoire, même l’estime réciproque réelle des dirigeants du non. (Après l’appel unitaire au rassemblement anti-libéral) le débat interne de la LCR ( qui l’a jusqu’à présent refusé) devient la mère de toutes les batailles de la gauche radicale : la dernière chance de la gauche du non...

"Nous ne sommes pas une secte, nos militants seront sensibles à la pression unitaire", jure Christian Picquet (membre minoritaire du bureau politique de la LCR). Et si cela marche, si la LCR saborde Besancenot ? "On poursuivra le débat. On amènera le PC à clarifier sa position. On ira à la campagne présidentielle comme on est allé au référendum. On fera une campagne collective, avec une équipe de porte-parole. Le candidat ne sera que le premier de ces porte-parole".

"Et qui sera ce premier ? Finalement Buffet ? Besancenot quand même ? Ou Jean-Luc Mélenchon, aujourd’hui engagé avec Laurent Fabius au PS, mais qui encourage ses amis à animer les manoeuvres nonistes... Mélenchon, qui lorgne vers l’expérience allemande du Linkspartei, que d’aucuns imaginent en Lafontaine français, qui romprait avec un PS "ségolinisé" pour devenir le héraut des anti-libéraux ? Ou alors Bové ? Ou le syndicaliste retraité Claude Debons, animateur d’Alternative citoyenne, allié de gauche du PC ? Ou la jeune et médiatique Clémentaine Autain ?... Un an après la victoire, c’est la gueule de bois du trop-plein".


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