Nicolas Sarkozy a été applaudi par l’Université d’été du MEDEF. Il est vrai qu’il était porteur d’un cadeau magnifique : la privatisation de GDF par sa fusion avec le groupe Suez. Il est vrai qu’il se montre ainsi un serviteur zélé du grand capital, reniant son engagement solennel d’aôut 2004 en tant que Ministre de l’Economie de ne privatiser ni EDF ni Gaz de France, compte tenu de leur importance stratégique.
Cette opération fait suite à la stratégie permanente de la Commission européenne visant à la "libéralisation" de la branche professionnelle énergétique.
Les simagrées de dirigeants de droite argumentant sur le thème du maintien d’un rôle central de l’Etat ne peuvent tromper personne. La part de l’Etat n’est que d’un tiers dans le capital de cette nouvelle société. Le patron de Suez sera le PDG de GDF Suez. En réalité, GDF, peu endetté et ancré sur un créneau rentable, représentait un gibier de choix pour les marchés.
Les simagrées de dirigeants de droite argumentant sur le thème de l’intérêt industriel de la France face au risque d’OPA ne peuvent non plus tromper personne. L’annonce d’une Offre Publique d’Achat (OPA) hostile de l’entreprise italienne Enel sur le groupe Suez ressemblait plus à un concours de bateleurs de foire plutôt qu’à une grande opération boursière. C’est en privatisant GDF qu’on l’expose un jour à une OPA.
Si la droite française se souciait un peu de l’intérêt général du peuple français, elle prendrait en compte l’échec général des entreprises privées dans ce secteur de l’énergie, en particulier en raison de leur priorité donnée à l’actionnariat au détriment de l’investissement à long terme.
Si la droite française se souciait un peu de l’intérêt général du peuple français, elle prendrait en compte le fait que les privatisations dans ce secteur de l’énergie se sont partout traduites en Europe par des augmentations de tarif et par la dégradation du service rendu aux usagers.
A coup sûr, cette privatisation de GDF prépare, à terme, des attaques contre EDF par la concurrence de GDF-Suez, par la mise en concurrence dans le renouvellement des contrats concernant les barrages hydro-électriques...
Toute la gauche française est d’accord avec l’objectif défini dans la résolution adoptée au Conseil national du parti socialiste : "mettre en place un grand pôle public énergétique, autour d’EDF 100 % public et de Gaz de France, ramené dans le giron public. Cette solution est la seule qui réponde à une véritable logique industrielle, garante à la fois de la pérennité du service public et de l’indépendance énergétique de la France."
Qu’est-qui empêche la gauche, les syndicats, les associations de défense des services publics d’engager une véritable bataille sur cette question ? A mon avis, il manque une force de gauche suffisamment reconnue et réellement républicaine anticapitaliste, héritière du Non de 2005, pour gagner cela "dans les têtes" des Français tout en menant des luttes. Ni la Convergence nationale de défense des services publics, ni les syndicats ne remplaceront cette nécessité politique incontournable. Je n’écris pas du tout cela pour m’éviter de participer à une lutte contre la privatisation de GDF mais pour expliquer la cause d’une défaite probable et grave sur ce terrain.
La fusion Suez-GDF vient d’être relancée par le Président de la République. La nouvelle version du projet n’est pas plus acceptable que la précédente. La Cgt prépare le lancement d’une pétition nationale pour exiger l’arrêt du processus de privatisation de Gaz de France et l’examen de nouvelles solutions.
La fusion Suez-GDF vient d’être relancée par le Président de la République. La nouvelle version du projet n’est pas plus acceptable que la précédente.
1. Le nouveau schéma soumis aux conseils d’administration de Suez et Gaz de France confirme la privatisation de gaz de France prévue dans le projet initial. Cette privatisation conduirait à une réduction de la maîtrise publique sur l’ensemble des outils énergétiques de la France d’autant que la concurrence qui en résulterait entre EDF et Suez -GDF affaiblirait l’opérateur public restant. C’est une grave erreur à un moment où la sécurisation des approvisionnements énergétiques de la France et de l’Europe est stratégique.
2. La conséquence principale de cette opération serait une hausse rapide des prix pour les usagers et les services associés. L’attaque en règle contre le principe même de tarifs réglementés menée par la Commission européenne, rejoindrait les exigences de rentabilité financière des actionnaires. Même à supposer que le principe de tarifs publics soit conservé pour un temps, le niveau de ces tarifs ferait l’objet de hausses dictées par les actionnaires.
3. Enfin, cette opération constitue une véritable capitulation de l’Etat devant les actionnaires de Suez qui vont bénéficier de 8 à 10 milliards de distribution d’actions de Suez-environnement. Cette mise en Bourse de Suez-environnement met directement en cause les emplois dans le secteur de l’environnement qui seraient désormais directement exposés aux exigences des marchés financiers.
Si le projet est certes relancé, il est loin d’avoir abouti. Les questions à traiter sont complexes tant du point de vue social que financier. L’introduction en Bourse de Suez-environnement n’avait même pas été évoquée devant les autorités de Bruxelles. La scission du pôle environnement de Suez et son introduction en Bourse s’ajoutent donc aux nombreux problèmes posés dès le départ.
Dans cette nouvelle phase du projet de fusion, la Cgt s’engage dans un processus d’information et de mobilisation, avec la volonté d’élargir le débat avec les citoyens en convergence avec l’ensemble des organisations syndicales, les associations de consommateurs et les forces opposées au processus de marchandisation des services publics. Elle prépare le lancement d’une pétition nationale pour exiger l’arrêt du processus de privatisation de Gaz de France et l’examen de nouvelles solutions.
La fusion GDF-Suez annoncée lundi 3 septembre par le gouvernement marque un pas de plus en avant dans la politique libérale de déconstruction du pacte social voulu par les français au sortir de la seconde guerre mondiale, quand EDF-GDF était en 1946 nationalisé.
Les faux-semblants n’y changeront rien : le président Sarkozy a beau s’évertuer à clamer qu’il s’agit là d’un projet industriel, l’état a beau chercher à conserver une minorité de blocage au sein de la nouvelle entité, les faits sont têtus. Cette fusion n’est ni plus ni moins que le passage de GDF sous la coupe de Suez et son abandon au secteur privé. Avec tout ce que cela aura une fois de plus comme conséquences pour les consommateurs qui seront les premières victimes de la fin des tarifs administrés pour le gaz.
Le feuilleton de cette fusion est depuis le début rocambolesque. D’effets d’annonce en renoncement, la Droite s’est depuis maintenant presque deux ans évertuée à faire croire la fusion GDF-Suez seule à même d’assurer la perénnité de notre approvisionnement en gaz. Dominique De Villepin avait même été jusqu’à agiter un épouvantail italien de circonstance, le groupe Enel. Il n’y a pas si longtemps, notre actuel Président de la République s’engageait même publiquement à ce qu’il n’y ait pas de privatisation de GDF. Après le crédit d’impôts sur les prêts immobiliers, on voit là toute la valeur des engagements du candidat Sarkozy !
Au delà, cette fusion s’apparente plus de petits arrangements financiers qu’à une vision de la politique énergétique française à long terme. La cession de la filiale environnement de Suez, pour permettre la fusion entre entités à capitalisation comparable, ressemble plus à une partie de Monopoly qu’à la gestion de la destinée d’une grande puissance industrielle comme la France.
Le MARS-Gauche Républicaine dénonce cette nouvelle aventure à courte vue qui s’oppose à la vision égalitaire et républicaine que nous nous faisons de notre société. Des solutions alternatives existent pourtant. Il est à notre sens nécessaire de faire de l’énergie un bien public au service de l’intérêt général, et d’encourager dans ce secteur, ô combien décisif, toutes les coopérations publiques possibles au niveau de l’Europe. Ce serait en effet la meilleure des manières d’assurer nos approvisionnements, de conserver la qualité de services qui est la marque de GDF, et de réguler les tarifs afin de permettre l’accès de tous à une source énergétique indispensable.
Le 3 septembre 2007
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