Jour de l’Ours Fête de l’Ours (24 janvier, 2 février)

samedi 26 janvier 2013.
 

Nos ancêtres de la préhistoire célébraient les forces de la nature pour se les rendre favorables, pour exorciser leurs peurs. Ainsi, ils rendaient un culte au soleil, à la terre, au vent, aux cours d’eau, aux bois, au feu, aux grands animaux. Parmi ces derniers, l’ours occupe une place centrale jusqu’à une époque récente. Il était fêté au moment de sa sortie habituelle d’hivernation comme symbole du retour des bonnes saisons, du retour de la vie et de la végétation.

Globalement, c’est au 24 janvier et au 2 février que la plupart des populations européennes célébraient le grand plantigrade au profil semi-humain.

Il était parfois fêté au moment où commençait sa période d’hivernation. La date de la saint Ursin (9 novembre) et de la saint Martin (11 novembre) peuvent y correspondre.

1) Importance culturelle de l’ours depuis la préhistoire dans toute l’Eurasie

Les spécialistes de la préhistoire ont noté depuis longtemps l’importance symbolique de l’ours pour nos lointains ancêtres des temps glaciaires. Ainsi, par exemple, la grotte Chauvet en Ardèche, et La Balme à Collomb dans le massif de la Chartreuse comptent un nombre important crânes et ossements ursins.

Comme en Bulgarie, en Roumanie, dans les Balkans, en Asie, en Yougoslavie ou chez les Indiens d’Amérique du Nord, les Pyrénéens ont longtemps considéré l’ours comme l’ancêtre de l’homme ou encore comme un homme sauvage, souvent même il avait le statut d’un dieu.

Michel Pastoureau, historien, précise qu’au début du premier millénaire « C’est dans tout le monde germanique, au Nord comme au Sud, une créature spécialement admirée. Plus fort qu’aucune bête, l’ours est le roi de la forêt et celui de tous les animaux. C’est l’animal totémique par excellence... L’ours n’est pas seulement un animal invincible et l’incarnation de la force ; c’est aussi une créature intermédiaire entre le monde des bêtes et celui des humains, et même un ancêtre ou un parent de l’homme. En outre, l’ours mâle passe pour être attiré par les jeunes femmes et les désirer charnellement. »

Dans son ouvrage L’Ours et les hommes dans les traditions européennes, Michel Praneuf (spécialiste en ethnozoologie, auteur de plusieurs ouvrages sur le sujet) explique :

Chassé mais vénéré depuis la préhistoire, l’ours n’est certes pas un animal ordinaire. Les parois des grottes paléolithiques, les traditions populaires de maints pays jusqu’à la vogue moderne de l’ours en peluche, l’attestent suffisamment.

Capable de se dresser sur ses pattes postérieures, l’ours semble mystérieusement proche des hommes, et les montreurs d’ours tziganes ou ariégeois ont naguère exploité ce curieux cousinage. Faits divers ou légendes nous le montrent même séducteur ou ravisseur de femmes, et parfois père de quelque Jean-de-l’Ours à la vigueur exceptionnelle.

Affronté à l’épieu ou au couteau, l’ours fut longtemps pour ceux qui le traquaient un adversaire redoutable. Et de nombreuses chansons de geste, d’anciens rites de guerre ou de chasse prouvent que sa force fut souvent considérée comme une puissances surnaturelle. Lié à la liberté sauvage, à la force vitale, l’ours l’est aussi à la fécondité. Au sortir de son sommeil hivernal, le fameux « pet de l’ours » annoncerait le souffle du printemps, et même, faisant du fauve un messager de l’au-delà, délivrerait l’âme des enfants à naître durant l’année nouvelle.

Devenu rare aujourd’hui dans nos contrées d’Europe, car chassé par les hommes et la civilisation, l’ours, à la silhouette à la fois inquiétante et bonhomme, et dont l’image demeure ancrée dans notre mémoire collective, conserve encore pour nous tout son prestige.

2) La longue lutte de l’Eglise et des pouvoirs politiques contre l’ours

Comme pour le culte du soleil ou de la déesse terre, le christianisme a surtout intelligemment oeuvré à intégrer les anciens rites païens dans son propre calendrier par les saints et les grandes fêtes annuelles.

Fêtes annuelles Noël, Carnaval, Pâques, 1er mai, St Jean, Toussaint...

Ainsi, le 2 février, fête de l’ours et occasion de grandes réjouissances à caractère généralement transgressif et sexuel, l’Eglise place :

- la Présentation du Christ au Temple

- la purification de la Vierge Marie, jour de ses relevailles (première fois que la mère sort de la maison après l’accouchement)

Dans Sciences et Avenir Hors Série n°173, Hervé Poncelet ajoute « Dans la foulée tout sera bon pour éliminer physiquement l’ours de l’écosystème européen. Le très chrétien empereur Charlemagne sera l’un des plus efficaces bras armés du christianisme dans cette lutte. De 772 à 799, il organisera de grands massacres du plantigrade. Mais cela ne suffisait pas à l’Eglise. Il lui fallait aussi extirer symboliquement l’ours des consciences. » Ainsi, l’ours est dénigré, humilié par les saints (Saint Corbinien, Saint Lizier...) comme dans le roman de Renart.

3) La bataille actuelle de l’ours


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