Ne pas recommencer le 21 avril 2002 (article du 21 avril 2006)

lundi 22 avril 2024.
 

1) Nous sommes confrontés à un problème difficile

Il ne faut pas que 2002 recommence, dit la voix populaire Elle a raison.

Oui mais... la solution est-elle dans la candidature unique d’une figure médiatique prétendument moderne, embellie par de belles photos et des sondages. Surtout pas ; cela a mené à la disparition de la gauche dans plusieurs pays, le cas de l’Italie avec Matteo Renzi est éclairant.

La solution est -elle dans un glissement de la cible électorale de la gauche vers les "couches moyennes urbaines", vu que les milieux ouvriers, populaires et immigrés votent peu ? Surtout pas. Dans le contexte actuel d’un capitalisme absolu, sans prise en compte profonde de la question sociale, sans un projet politique basé sur la construction d’un front unique social des couches populaires, la gauche devient évanescente et trahit son camp.

La solution est-elle dans l’abandon de la perspective socialiste comme alternative au capitalisme au profit d’un empirisme politicien. Surtout pas ! Il est certain que le rapport de forces international actuel oblige des anti-capitalistes au pouvoir à jauger ce qui est prioritaire, ce qui est possible sur la base d’une mobilisation et ce qui ne l’est pas. Mais le point de bascule entre tactique et trahison, c’est de ne pas décevoir massivement l’espérance populaire qui a porté des progressistes au pouvoir.

La solution est-elle de se serrer les coudes dans une extrême gauche qui ne trahira pas puisqu’elle ne parviendra pas en responsabilité. Bien sûr que non ! La capacité d’une force politique à se faire comprendre par au moins 5% du corps électoral pour peser sur les rapports de force est un critère d’efficacité incontournable.

De plus, la période politique ne nous apporte aucune garantie ni en matière de combativité ni en matière de conscience ; globalement, le monde est sorti de l’époque de recul net des années 1985 à 1995, mais la remontée est lente, éclatée, avec une politisation marquée par les défaites ouvrières et socialistes précédentes, d’où la place naturelle de courants comme les Verts, précieux mais qui ne feront pas avancer le rapport de force sur le fond.

Nous ne connaissons donc pas de solution miracle à court terme. Il faut reconstruire une gauche apte à combattre le capitalisme financier transnational, apte à combattre la logique sécuritaire et réactionnaire qui l’accompagne inévitablement, apte à accéder au pouvoir politique, unitaire sans céder au social-libéralisme...

De telles perspectives doivent être pensées comme passant nécessairement par des étapes liées à la construction de forces réellement à gauche et inscrites dans les combats politiques à venir en adéquation avec les mouvements sociaux et espérances sociétales actuelles. Les magnifiques mouvements de 1995, 2003 et même de ce printemps 2006 nous invitent à ne pas désespérer ; de même, des thèmes comme l’écologie et le féminisme trouvent un écho de plus en plus important dans les profondeurs de la société.

Hasta la victoria, siempre !

Jacques Serieys

2) 21 avril 2002 20h Lionel Jospin est éliminé des présidentielles. Le second tour se jouera entre Chirac et Le Pen.

Des élus et experts parisiens l’ont mal vécu car cela contrariait leurs perspectives de carrière. Qu’ils sachent que des millions de citoyens français l’ont encore plus mal vécu sans perspective de carrière.

Je confirme la stupéfaction et la fureur de millions d’électeurs de gauche cloués devant leur poste de télévision, sans un mot pendant 30 minutes, sans un geste, sans se tourner vers le voisin pour ne pas laisser voir une larme à l’oeil. L’espoir immense né en 1981 s’envolait définitivement. Il faudrait refonder, reconstruire, réussir un nouveau projet de gauche. Les plus vieux savaient qu’ils mourraient sans le connaître.

Il ne faut pas que 2002 recommence, dit la voix populaire Elle a raison.

Que faire dans l’immédiat pour éviter un nouveau 21 avril ?

Il faut voter utile, donc socialiste dès le premier tour, répètent sans cesse les dirigeants du PS. Certains vont même jusqu’à proposer un socialiste comme candidat unique de la gauche.

Pourtant, depuis 30 ans, les électeurs de gauche ont sans cesse voté massivement socialiste et cela :

- n’a pas permis de "changer la vie", slogan et promesse de 1981

- n’a pas permis de protéger suffisamment les milieux ouvriers et populaires contre la précarisation imposée par le capitalisme financier transnational. En conséquence, l’abstention et le vote FN ont progressé

- a mené la gauche dans l’impasse du 21 avril 2002 qui n’est pas seulement celle d’un jour

Depuis 30 ans, les pays où le parti social-démocrate représente la seule alternative à la droite sont ceux où la gauche est actuellement la plus affaiblie, y compris électoralement.

Nous devons donc chercher sérieusement les raisons de l’échec de 2002 et les voies possibles pour ne pas le revivre, d’autant plus que la gauche se trouve dans la même situation, parfois pire, dans d’autres pays. :

Désastre électoral de la gauche italienne. Plusieurs leçons pour toute l’Europe (15 avril 2008 2018)

"La fin de Tony Blair" tragédie social-libérale en 5 actes (25 septembre 2006)

3) Il ne faut pas raisonner seulement en termes électoralistes à court terme

Les milieux ouvriers et populaires votent majoritairement à gauche pour améliorer leurs conditions de vie et de travail ; si celles-ci se dégradent lorsque leurs élus sont au pouvoir, des électeurs cherchent une alternative plus à gauche, d’autres s’abstiennent, certains dépolitisés suivent la dernière trouvaille médiatique, certains même croient malheureusement utile de montrer leur profond rejet du système en votant FN.

Or, de 1983 à 2002, la gauche a formé le gouvernement environ pendant 13 ans et les conditions de vie et de travail des milieux populaires ont régressé. Pour beaucoup, elles ont même nettement régressé.

Il est vrai que le contexte mondial de domination libérale a lourdement pesé et que la gauche française au gouvernement a contribué à ralentir le rouleau compresseur "libéral"..

Il est vrai que dans les années 1983 à 1993, la période politique internationale était marquée par une faible combativité et un faible niveau de conscience.

Ces raisons ne justifient pas d’avoir trop souvent cédé aux lobbies des multinationales et du capitalisme financier, aux intérêts des rentiers et des milliardaires, y compris de 1997 à 2002 :

- moment où la combativité et le rapport de forces international s’étaient nettement améliorés.

- moment où la combativité sociale (nombre de jours de grève) et le rapport de forces s’étaient particulièrement améliorés en France

Gérard Filoche avait raison d’avancer comme cause importante de l’échec de Lionel Jospin " La croissance, le recul du chômage rendaient encore plus intolérable à ceux qui la subissaient, la misère sociale créée par la crise antérieure : ceux qui n’ont pas bénéficié des années 1997 2000 souffraient d’autant plus intolérablement, et ils demandaient un volontarisme, un interventionnisme de l’Etat dans l’économie que notre gouvernement n’a malheureusement pas voulu avoir."

Il est utile de poser aujourd’hui la question : Le gouvernement de gauche plurielle a-t-il eu raison de ne pas vouloir stopper les licenciements boursiers au nom de l’argument abstrait et faux que nous ne sommes pas dans une économie administrée ? Les prémices du contrôle administratif des licenciements posés en 1945, la loi sur le contrôle administratif des licenciements supprimée par Chirac en 1987 comme la loi Aubry de 1993 n’ont pas transformé notre pays en un goulag. Le gouvernement de gauche plurielle a donc eu tort de ne pas tenir sa promesse du programme de 1997 : le rétablissement du contrôle administratif des licenciements.

4) L’élection présidentielle sous la 5ème république : une échéance difficile pour la gauche

A quoi sert l’élection présidentielle dans la cinquième république ? A désigner pour sept ans et maintenant cinq ans un produit commercial appelé "président de la république", censé réaliser le jour du vote "une rencontre individuelle avec le peuple français".

Le but de la droite dans cette opération, c’est de ne pas avoir de compte à rendre, de ne pas avoir à porter difficilement un grand parti conservateur. Il suffit à chaque élection de valoriser une tête d’affiche avec l’appui de médias, d’instituts de sondage...

Le but du capitalisme français dans l’opération, c’est de faire prendre à l’élu des mesures impopulaires sans trop de crainte puisque cinq ans plus tard, il suffit d’une nouvelle campagne bien financée et bien orchestrée pour recréer une "rencontre avec le peuple".

L’expérience montre que ce système pousse à sortir le sortant. Seuls, Mitterrand et Chirac ont été réélus au suffrage universel direct, le premier en 1988 parce que son adversaire Chirac apparaissait comme le sortant (premier ministre contesté de 1986 à 1988), le second en 2002 parce qu’il affrontait Le Pen au second tour.

Il est évident que Lionel Jospin aurait dû se mettre en retrait deux ans plus tôt et préparer sa campagne plutôt que continuer à gérer en perdant mois après mois la confiance d’une partie significative du peuple de gauche.

5) Nous devons pointer des raisons plus "politiques" concernant l’échec du 21 avril

La gauche était effectivement représentée au premier tour en 2002 par un trop grand nombre de candidats. Huit candidats de gauche signaient un contrat suicidaire

-> J’ai beaucoup de respect pour Christiane Taubira mais :

- le Parti radical de gauche voulait à tout prix être représenté parmi les candidats, avançant la raison fallacieuse que sous la 5ème république, un parti sans candidature à la présidentielle disparaît progressivement. Le PRG a donc présenté "un candidat" et risque fort de disparaître encore plus sûrement car il n’existe depuis 40 ans que comme allié du PS et du PCF. Eux affaiblis par la défaite électorale de 2002, il va s’affaiblir encore plus.

- à titre individuel, Christiane Taubira a toujours eu beaucoup de choses à dire d’intéressantes. Mais elle a bien mal choisi le créneau pour les exprimer. Elle a obtenu 2,32% alors qu’il aurait suffi de 0,7% des suffrages en plus pour que Lionel Jospin soit présent au second tour et l’emporte à mon avis.

Jean-Pierre Chevènement a raté le moment clef de sa carrière politique

Qu’il ait tenté sa chance en début de campagne où les sondages, corroborés par mes constats sur le terrain le donnaient à 17%, je veux bien le comprendre. Mais, plus il se rapprochait de 5%, plus il devenait évident que sa candidature allait seulement servir à éliminer Lionel Jospin

* Jean-Pierre Chevènement a obtenu 5,33 %. Son positionnement républicain par delà la gauche et la droite ne pouvait lui apporter plus. Cependant, il a effectivement mangé une partie de l’électorat socialiste habituel. Je l’ai constaté parmi les enseignants.

Eviter à l’avenir ce type de candidature pose :

- d’une part la question de la place des minorités politiques au sein du PS et dans leur apparition publique. Le Parti Socialiste laisse sans problème intervenir ces dirigeants droitiers publiquement ; par contre, tout courant minoritaire de gauche subit d’innombrables embrouilles permanentes. Je l’ai constaté pour le courant chevènementiste lorsqu’il était au PS. J’ai constaté aussi, par exemple de 2000 à 2002 en Aveyron, une volonté systématique de la direction fédérale visant à pousser dehors la Gauche Socialiste. Si le courant majoritaire du PS, ses élus et dirigeants, ne font pas vivre démocratiquement leur parti, celui-ci connaîtra d’autres scissions qui risqueront d’amener d’autres candidatures aux présidentielles vu l’importance centrale de cette élection dans la constitution de la cinquième république.

- d’autre part celle de l’orientation vis à vis de l’Union européenne. Le positionnement de la direction socialiste nationale lors du referendum sur le TCE ne présage pas d’une amélioration sur ce point par rapport à 2002

* L’extrême gauche et le Parti Communiste ont obtenu 14% des voix (5,72% pour Laguiller, 4,25% pour Besancenot, 3,37% pour Hue, 0,47% pour Gluckstein). . Ce total de 14% m’apparaît très haut et très significatif. Il montre la réalité de militants et citoyens vraiment à gauche.

Si ces électeurs n’avaient pas voté ainsi, je suis persuadé qu’ils se seraient majoritairement abstenu. Certains aspects de la politique menée, par Dominique Strauss-Kahn en particulier, étaient totalement contradictoires avec les fondamentaux de la gauche ( régime des stocks options par exemple). L’orientation pratiquée globalement par la social-démocratie laisse inévitablement place à un électorat autonome anti-libéral et anti-capitaliste ; c’est normal et souhaitable. Durant la campagne pour le NON au TCE, j’ai constaté à quel point les milieux populaires précarisés rejettent les partis d’establishment ; face au FN, seule une gauche antilibérale active et puissante peut leur apporter des perspectives. Cependant, quatre candidats pour représenter la gauche de la gauche, c’est beaucoup trop pour créer une dynamique, beaucoup trop pour imposer un réel rapport de forces !

* Noël Mamère, pour les Verts a attiré 5,25% des votants. Il a réalisé une très bonne campagne d’un point de vue médiatique.

De plus, cela correspond à la sensibilité certaine d’une partie de l’électorat aux questions environnementales. En privilégiant de plus en plus les Verts comme ses alliés principaux, le PS se prépare cependant des lendemains difficiles car ce parti fonctionne au moins autant que le PS comme une rampe de lancement pour carrières individuelles d’élus.

Reste une question ? Le candidat Jospin était-il responsable de l’échec ? Franchement, je ne le pense pas. Je me suis cependant plusieurs fois posé la question Qui est le véritable Jospin ? le dirigeant socialiste pétri de formation et apte à s’en servir dans les débats et dans son action qui m’a laissé un bon souvenir lors des conseils nationaux ? ou le leader qui s’est entouré de Strauss Kahn, Hollande, Valls pour des fonctions décisives ? ou le premier ministre acteur de nombreuses privatisations ?

6) Et le mouvement social dans tout ça

Pour 2007, l’objectif n’est pas seulement qu’un candidat de gauche soit présent au second tour, mais qu’il l’emporte et mette en pratique une orientation de gauche.

Troisièmement, depuis 12 ans, de 1995 (grève contre le Plan Juppé) à 2006 (lutte contre le CPE), le mouvement social a maintenu un haut rapport de force face au MEDEF et au libéralisme politique ; il a ainsi permis les défaites de la droite et des victoires électorales de la gauche.

Le mouvement social français ne pourra continuer à porter le rapport de force plus longtemps. Aujourd’hui, la gauche politique lui doit de gagner les présidentielles de 2007.

C’est le parti socialiste qui est le premier concerné ; il a empoché électoralement en 1997, 2003 et 2004 les dividendes du mouvement social ; s’il ne l’emporte pas en 2007, une partie des cadres organisateurs du syndicalisme et des mouvements sociaux vont se poser la question s’il est vraiment utile de miser sur le seul cheval du vote utile socialiste lors des élections ou s’il y aurait également besoin d’une gauche de combat apte à dénoncer, à mobiliser, à soutenir les luttes, apte à vaincre avec tout le mouvement ouvrier et toute la gauche.

Quatrièmement, pour le moment, l’échéance de 2007 approche. Personne ne sous-estime la difficulté d’une campagne électorale face aux grands médias et face à tous les relais de l’idéologie dominante. Il me paraît cependant possible d’avancer cinq repères :

* Le socialisme représente le camp social du salariat et des couches populaires face à l’appétit d’enrichissement des capitalistes, face au système capitaliste lui-même. Cela doit transparaître clairement dans le programme présidentiel comme dans le discours. Trois thèmes sont aujourd’hui particulièrement sensibles : celui du pouvoir d’achat, celui des retraites, celui du droit du travail pour protéger contre la précarité face aux logiques du capitalisme financier transnational. La gauche ne peut bénéficier d’une mobilisation populaire qu’en prouvant son utilité face au libéralisme, qu’en présentant un projet fondé sur la justice sociale ( sécurité des parcours professionnels, droits des salariés, répartition des richesses...) . Un bon candidat de gauche ne peut passer le non du 29 mai par pertes et profits.

* La gauche est héritière d’une longue tradition politique fondée sur les objectifs d’émancipation humaine et d’intérêt public. Il est important de situer la campagne socialiste dans ce sillon en matière de rôle de l’Etat, de laïcité, de services publics, de sécurité, d’éducation, de société métissée... Quand 40% des sympathisants socialistes (sondage récent) ne perçoivent aucune différence entre la campagne du PS et celle du RPR, comment l’électorat large pourrait-il percevoir l’intérêt de faire gagner la gauche ?

* Il faut se méfier des experts, politologues et autres qui vivent de l’analyse des sondages. Depuis 20 ans, les présidentielles rejouent la fable du lièvre et de la tortue, les lièvres des sondages ( Barre, Rocard, Balladur, Jospin) terminant toujours mal. Aujourd’hui, Ségolène Royal planerait très haut dans l’estime des Français. Tant mieux, mais je suis persuadé que cela ne présage en rien le résultat du printemps 2007. Les experts en communication contribuent à peaufiner l’image lisse d’un champion des sondages, mais cela ne sert à rien pour emporter la présidentielle car il faut d’abord être capable de mobiliser son camp.

* En 2002, la gauche a payé une campagne fondée sur la valorisation personnelle d’un candidat plutôt que sur la mobilisation du peuple de gauche sur ses besoins. La crédibilité du candidat, la communication du candidat ont évidemment une extrême importance à condition que cela serve les fondamentaux de la gauche ci-dessus. Le lien personnel à établir avec l’électorat français pour un candidat de gauche passe par sa capacité à s’inscrire dans le filon de la France de 1789, 1848, 1881, 1936, 1945, 1968 et 1981. Ce n’est pas donné au premier produit médiatique issu de l’ENA, des cabinets ministériels ou d’une agence de communication.

* Il ne faut pas prendre les citoyens de notre pays pour des imbéciles, incapables de comprendre les enjeux de la mondialisation Beaucoup comprennent bien que l’Union européenne actuelle roule au bénéfice du capitalisme financier transnational. Ils savent bien que le FMI comme la Banque mondiale ou l’OMC n’existent pas pour favoriser des projets politiques progressistes mais au contraire pour les empêcher. Aucun projet crédible ne peut ignorer ces questions.

Pour conclure, j’insisterai sur la nécessité de dépasser durablement les impasses qui ont mené au 21 avril 2002. Cela demande :

- d’une part un projet politique du Parti Socialiste et de ses alliés habituels, apte à rassembler et à mobiliser, un candidat en adéquation avec ce projet puis une politique également en adéquation.

- d’autre part une force anti-libérale unitaire et autonome, crédible et conquérante, radicalement anticapitaliste.

Il sera très difficile pour PRS d’être un Trait d’Union entre ces deux gauches mais ouvrir les portes de l’avenir n’est jamais simple.

Jacques Serieys le 21 avril 2006


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