En finir avec un régime de corrompus et de sycophantes

vendredi 17 décembre 2021.
 

La formule est brutale, je vous le concède, mais je suis convaincu que la grande majorité de notre peuple pense la même chose, même si c’est avec des mots différents. Je vais m’expliquer en reprenant ce que j’entends par chaque terme utilisé : régime, corrompu, sycophante, en finir.

Article original : https://leblogderenerevol.wordpress.com/

Régime

Il ne s’agit pas seulement du régime politique dans lequel nous vivons. Certes, le régime politique de la Ve République, le plus antidémocratique de toute l’Europe occidentale, y est pour beaucoup dans la situation dans laquelle nous nous trouvons. Cette monarchie présidentielle – tout descend d’en haut – contribue à étouffer la voix du peuple ; et quand cela vient de celui qui, élu pour changer ce mode personnel d’action politique, fait exactement le contraire, il ne peut en résulter que rage et colère. La perpétuation du régime politique de la Ve République est un des obstacles politiques majeur qui ne peut se résoudre sans qu’advienne par la bataille démocratique une VIe République. Mais je donne ici au mot « régime » un sens plus large que celui donné par les politistes quand ils parlent de régime politique.

Un régime ce n’est pas seulement un système d’institutions politiques, c’est aussi, pour celui aujourd’hui en place, tout un ensemble de comportements attendus des uns et des autres, de références culturelles et idéologiques dominantes, de façons de faire dans l’entre-soi des « élites ». La prégnance d’un régime est forte, car elle détermine les comportements et les pensées de la majorité. Or, ce à quoi nous assistons, en ces temps troublés, c’est à l’émergence d’une nouvelle sensibilité, potentiellement majoritaire, qui aspire à rompre avec ce régime dominant.

Notre régime politique stricto sensu est profondément rejeté et, depuis maintenant plus d’une dizaine d’années, la référence à la sixième République sert de drapeau à cette remise en cause. Mais il faut aller plus loin, et caractériser l’ensemble du régime politique et social que le capitalisme contemporain a créé dans notre pays ; celui que nos concitoyens sont en train de remettre en cause.

Corrompu

La corruption a gangréné notre système politique. Mais il faut s’entendre sur ce terme de corruption en ayant à l’esprit deux niveaux d’analyse. Le premier est le plus communément admis : c’est lorsque les élites politiques se font acheter par les puissances de l’argent pour qu’ils prennent des décisions favorables à leurs intérêts.

Les multiples scandales qui égrainent la vie politique depuis de nombreuses années l’ont bien mis en lumière : de Tapie à Cahuzac, de Woerth à Bettencourt, de Bygmalion aux proches de Marine Le Pen, les exemples ne manquent pas pour montrer comment les puissances financières peuvent acheter les politiques. L’intérêt de l’affaire des Panama Papers c’est qu’il ne s’agit pas de cas individuels, mais d’un vrai système international impliquant les grands groupes financiers, organisant l’évasion fiscale systématique, appauvrissant les Etats au bénéfice des puissants. Cette affaire a fortement contribué à éclairer le grand nombre sur le caractère corrupteur de notre régime.

Ce premier niveau d’analyse de la corruption est parfaitement compris par tous. Mais il faut aller plus loin. J’entends aussi la corruption au sens de Jean-Jacques Rousseau. Au sens de Robespierre, l’Incorruptible. On peut parler de corruption de l’esprit public à partir du moment où les représentants du peuple ne sont plus dominés par la seule défense de l’intérêt général, mais se soumettent au jeu des intérêts privés. Je le vois tous les jours en tant qu’élu local. Les représentants d’intérêts privés sont particulièrement puissants, et n’ont de cesse de peser sur les décisions des élus de manière directe et indirecte. Il faut parfois une certaine force morale et des appuis sociaux pour résister et savoir dire « non ». Cette pression est décuplée à l’échelle du pays, et on voit tous les jours les gouvernants céder au lobbying incessant des puissances de l’argent.

Est-il utile de démontrer que la loi travail n’est rien d’autre que le résultat du lobbying patronal, tant en France qu’au sein de la Commission européenne ? N’en va-t-il pas de même pour Notre Dame des Landes ou le nucléaire, ou tant d’autres arrangements industriels ? Les citoyens ne supportent plus cet abandon de l’idéal républicain, qui mettait l’intérêt général au-dessus des intérêts privés. La corruption de l’esprit public est un cancer qui ronge la République.

Sycophantes

Certes, ce terme est peu connu. Ce n’est pas une injure du capitaine Haddock. Les sycophantes étaient dans la Grèce antique des personnages agissant dans leur intérêt et pouvant être payés par des hommes politiques pour diffamer leurs adversaires. La démocratie grecque a particulièrement dégénéré à partir du moment où elle a institué leur rôle. Aujourd’hui, je vois naitre partout des sycophantes modernes, n’hésitant pas à calomnier ceux qui veulent contester le régime dominant. Cela se constate à l’échelle locale comme à l’échelle nationale.

A l’échelle locale, j’ai eu personnellement à faire face à des calomniateurs ; j’ai pu observer qu’ils ne manquaient pas de relais non seulement sur certains blogs, mais aussi dans la presse officielle. Si cela peut sembler anecdotique, il n’en est pas moins significatif. Il est important de noter le développement de cette activité se développe à l’échelle nationale : dès qu’un homme ou une femme commence à émerger comme l’expression d’un refus du régime dominant, on voit surgir nombre de plumitifs pour le ou la calomnier, recourir à des insinuations plus ou moins venimeuses.

La façon dont certains traitent Jean-Luc Mélenchon en devient presque risible tellement elle est outrancière. Face aux sycophantes, la culture de la recherche de la vérité objective, la pratique du débat argumenté, la passion de la délibération publique, doivent s’imposer. Et c’est l’une des vertus de Nuit Debout, d’affirmer ces valeurs démocratiques.

En finir

Ce n’est pas une formule en l’air. J’ai l’intime conviction que la question dominante que se posent nos concitoyens n’est pas simplement de dénoncer le régime dominant des corrompus et des sycophantes, mais de trouver les moyens de le renverser. Nous avons passé des années à analyser l’idéologie dominante, les politiques néolibérales, et les pratiques du conservatisme qui nous dominent.

C’est un acquis précieux, qui constitue notre capital intellectuel commun ; mais l’heure aujourd’hui est à l’action organisée pour mettre à bas ce régime. Nous n’attendons plus seulement de l‘indignation, nous sommes passés à l’époque de l’insoumission. Le mouvement des indignés laisse la place au mouvement des insoumis.

C’est la force de la proposition de candidature de Jean-Luc Mélenchon, d’ouvrir la porte à une mobilisation citoyenne qui, en multipliant les initiatives locales, préparent le changement global. Chaque citoyen peut y trouver sa place, avec son histoire, son expérience propre, son énergie et ses savoir-faire. Serons-nous capables de construire ce mouvement citoyen émancipateur ? Peut-être. Rien ne sert de spéculer, il faut agir.

René Revol


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