Jean-Luc Mélenchon, homme politique de l’année 2012

dimanche 19 septembre 2021.
 

Article original : http://leblogderenerevol.wordpress.com/

Quel est l’homme politique de l’année ?

Quand j’ai posé cette question à une vieille connaissance journaliste parisien que j’ai rencontré lors d’un de mes derniers voyages dans la capitale (et dont les options politiques sont pourtant loin des miennes) sa réponse a jailli sans hésitations : « Mélenchon ». Comme je ne le soupçonne guère de flatterie à mon égard, je lui ai demandé ses raisons. Sa réponse fut en substance la suivante : début 2011 les observateurs rapides de la situation s’attendaient à ce que le triomphe de DSK ne trouve sur sa gauche que l’opposition témoignage d’un Besancenot. Six mois plus tard tout cela était balayé et toutes les cartes redistribuées.

Dans ce contexte le positionnement de Mélenchon et du Front de gauche (c’est-à-dire l’union d’une gauche de rupture alternative au PS) ouvrait un espace politique réel. Bon, à cette étape de son raisonnement je suis en accord sauf que pour lui c’est le fruit du hasard alors que pour moi le contingent (Sofitel de New York d’un côté, le renoncement de Besancenot de l’autre) réalise le nécessaire de la situation sociale et politique.

Ensuite mon interlocuteur souligne le talent et la force de la campagne de Mélenchon. Plein des préventions journalistiques habituelles à son égard il m’avoue avoir été scotché par d’abord l’émission « Des paroles et des actes » de janvier 2012 qui pour lui a révélé Mélenchon au grand nombre, puis par les prestations de ses meetings largement visionnées sur le net où il a apprécié à la fois le souffle et l’argumentation. Un aveu : après chaque écoute du candidat, il fallait qu’il se reprenne pour rester fidèle à ses options politiques (il a fini par voter Bayrou !!). Et quand je lui ai demandé ce qu’il pensait du résultat, il trouve que nous avions eu tort d’être déçu car un score à deux chiffres à une présidentielle fait de votre candidat une « alternative durable ».

Donc oui Mélenchon est bien l’homme nouveau de la vie politique en 2012 ! Or justement cet homme politique ne porte pas un projet personnel et providentiel mais une option politique alternative.

Le problème (et désormais ce n’est que moi qui parle) c’est que le front de gauche n’est pas encore à la hauteur de ce qu’a signifié la candidature Mélenchon en avril dernier.

On l’a vu aux législatives de juin et encore plus aux législatives partielles de décembre.

Certes il y a un aspect du Front de gauche qui s’améliore : à l’actif il y a son élargissement avec l’arrivée du courant Gauche Anticapitaliste (des militants expérimentés et formés issus du NPA) et des Alternatifs (au fond le premier courant écolo socialiste) ; il y aussi cette capacité de mobilisation comme on l’a vu dans la manif du 30 septembre contre le nouveau traité ultralibéral européen. On le voit aussi quand le Front de gauche se mobilise auprès de salariés en lutte comme on l’a vu dans ma région auprès des postiers ou des Sanofi.

Côté passif on ressent une certaine paralysie nationale. Certes il y a des causes conjoncturelles et passagères à cette paralysie, par exemple le fait que le PCF soit en pleine période de Congrès.

Mais à mon avis il y a une vraie discussion stratégique qui traverse le Front de gauche : Faut-il privilégier un positionnement de pression sur le gouvernement de gauche d’Ayrault et Hollande pour qu’il se réoriente plus à gauche ? Ou alors faut il en pointant les renoncements socio libéraux du gouvernement ouvrir une nouvelle perspective gouvernementale à gauche ? Ce débat stratégique traverse le Front de gauche et il est clair que le tournant libéral de l’automne (TSCG, budget d’austérité, hausse de la TVA, pacte de compétitivité, crédits d’impôts au capital sans contrepartie, réforme pour flexibiliser le marché du travail, hausse homéopathique du SMIC…) a dissipé les quelques illusions de l’été.

Manifestement au Parti de Gauche dans nos instances nous avons fait le choix de l’alternative ; et c’est ce qu’affirme nettement la plateforme unifiée qui est sortie du dernier CN et qui est soumise à notre Congrès de mars. Il semble que la grande majorité des composantes du Front de gauche s’oriente vers cette issue. Et nous suivrons tous avec attention le Congrès de février du PCF sur cette question stratégique vitale pour l’avenir.


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