Implosions en chaîne dans tous les partis

mardi 5 décembre 2017.
 

L’élection présidentielle avait fait apparaître l’implosion des partis de l’ancien monde. Pour beaucoup, c’est un paysage nouveau qui devait en ressortir. Seulement voilà, l’effet déflagrateur ne s’est pas arrêté avec la présidentielle. En témoigne la nouvelle vague de scissions et de ruptures intervenue ces derniers jours qui frappe le PS, LR, l’UDI ou le FN. Mais il percute aussi déjà les faux-jeunes mouvements comme LREM. 

Le 31 octobre, LR excluait en effet, Edouard Philippe, Franck Riester, Gérald Darmanin, Sébastien Lecornu, ou encore Thierry Solère. Il faut dire que ceux-là avaient quitté le navire dès fin juin en fondant Les Constructifs. Mais le label, transformé le 26 novembre en parti, ne s’est pas avéré si bien maçonné que cela puisqu’au même moment, les trois derniers annonçaient déjà leur départ des dits constructifs pour adhérer directement à LREM. Ajoutez-y Alain Juppé, amant trahi, amant aigri, qui fait désormais des yeux doux à M. Macron en vue des européennes, et le délitement sera complet.

Ce n’est guère mieux au PS où le fantôme de Manuel Valls plane toujours sur l’ex parti de la rue de Solférino. C’est ainsi un de ses protégés, Olivier Dussopt, membre à part entière du PS, qui a choisi d’aller à la gamelle ministérielle en rejoignant le 24 novembre le gouvernement d’Edouard Philippe. La pagaille s’est propagée jusqu’au sein des groupes parlementaires, Olivier Dussopt ayant reçu les félicitations de Didier Guillaume président du groupe PS au Sénat.

Le FN a droit lui aussi à ses règlements de compte internes et à sa scission avec les patriotes de M. Philippot qui a embarqué au passage le député Evrard.

Chez EE-LV, il n’y a certes plus grand-chose à dynamiter mais l’attitude de porteur d’eau de M. Macron à laquelle est réduite M. Hulot, qui fut rappelons-le candidat à la primaire EE-LV en 2012, ou le prosélytisme macroniste de M. Cohn-Bendit, qui cofonda EE-LV, éparpillent encore un peu plus celui-ci.

Quant à LREM, il n’échappe pas au reflux contrairement à ce que l’on pourrait croire. Si des personnalités rallient le mouvement de M. Macron, c’est on l’a vu au prix d’arrangements dignes du vieux monde. La contrepartie est que pendant ce temps, les militants de la première heure s’en vont comme cette centaine d’adhérents qui ont quitté le mouvement juste avant le conseil national « fondateur » du 18 novembre. Chez LREM si l’appareil attire, le mouvement repousse.

Le processus destituant qui s’est matérialisé lors de la présidentielle suit donc son cours. Le rejet des représentants partidaires s’était, on l’a vu dans la présidentielle et la législative, étendu aux partis eux-mêmes et d’abord à ceux qui se rendaient alternativement le pouvoir depuis 50 ans.

Depuis, le FN ou désormais LREM, dont l’immunité fournie par l’image du renouveau a volé en éclat lors de son conseil national de novembre, ont été joints à cette liste. C’est que l’un et l’autre ont été dans l’incapacité à se porter constituant pour agréger autour de leur projet. Le moment destituant ne cesse en effet que dès lors qu’émerge en parallèle un nouveau sens commun de la période. Ces deux partis ont cru, l’un sur des bases ethniques, l’autre sur les fondements de l’individualisme de marché, susciter l’adhésion collective. Mais les gens en sont déjà revenus.

La destitution des cadres organisés liés à l’ancien monde se prolonge donc. Elle est une étape qui participe de la révolution citoyenne. Parce que la première n’est pas achevée, la seconde suit son cours. Il n’est pas inutile de constater que la France Insoumise qui tenait les 25 et 26 novembre sa 3ème convention à Clermont-Ferrand, apparaît dans ce contexte comme le seul pôle de stabilité et d’innovation. Et parce que la forme rejoint le fond, elle reste la seule fidèle à son projet englobant : là où le FN en est réduit à regrouper ses ouailles, là où LREM privilégie les cooptations au sommet aux regroupements à la base, la France Insoumise s’est dotée d’une méthode pour être inclusive et se porter, elle, constituante : fédérer le peuple par l’action.

François Cocq


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