Une période politique de Fins de cycle

vendredi 21 septembre 2018.
 

Nous sommes dans une période de fin de cycle. Une période où les politiques et tout ce qui les sous-tend : rapports de forces et compromis, consensus et conflits, croyances, représentations… qui permettent à l’humanité de se créer ses mondes, arrivent en bout de course.

Leurs effets positifs s’épuisent, tandis que leurs contreparties négatives atteignent des masses critiques qui les rendent progressivement incontournables. Ces effets négatifs sont niés, ou font l’objet d’une reconnaissance tardive ; leur traitement est inexistant ou insuffisant. En effet une prise en charge lucide, comparant coûts et avantages, conduirait à des changements de « paradigmes ».

Mais les changements de paradigme sont toujours des révisions déchirantes, parce qu’ils bouleversent tout : les intérêts en place, bien sûr, mais plus profondément encore tous les repères avec lesquels nous construisons le monde, nos identités, nos vies, tout ce que nous pensons être bien et qui légitime nos actions. Entre autres, la « modernité », le mythe de la modernité, celui de la technique triomphante, la vision enchantée du capitalisme comme porteur de bien-être matériel et support de nos sociétés, sont en train d’en prendre de sacré coup. Nous sommes dans une période de fin de cycle car cette situation est généralisée, elle caractérise tous les domaines, et cette analyse peut être déclinée du général au particulier.

Nous sommes dans une période de fin de cycle où les négativités s’accumulent, où la prise de conscience progresse mais où l’élaboration d’alternatives reste pour l’instant relativement embryonnaire. La marche du monde est pour l’instant dominée par le raidissement autour des formules actuellement à l’œuvre, par le refus ou la sous-estimation de leurs effets négatifs et par la « fuite en avant ». La fuite en avant, c’est fermer les yeux sur les conséquences qui sapent la rationalité et la légitimité des actuelles façons de faire et de les pousser jusqu’au bout de leur logique, pour qu’elles produisent les effets qui leur permettent de se maintenir, laissant les « factures » s’alourdir. La politique se resserre autour des facteurs de pouvoir ; l’adhésion, l’autre pilier qui permet aux sociétés de fonctionner, s’érode de plus en plus au fur et à mesure que les effets négatifs deviennent de plus en plus manifestes. Le contrôle idéologique, le déni de démocratie, l’intensification de la répression sont les symptômes de l’état de crise créé par toutes ces « fins de cycle » conjuguées.

C’est bien sûr le capitalisme qui est en fin de cycle, avec les dégâts immenses impliqués quant à la nature aux personnes humaines. En prendre conscience aide à comprendre le monde à percevoir le lien qui existe entre les différentes crises sectorielles.

Mais il faut se méfier des pièges que nous tend le terme « capitalisme » : • l’illusion qu’avec le mot on a atteint le fond des choses et leur explication ultime (et qu’on n’a plus qu’à se reposer, intellectuellement parlant). Or c’est tout le contraire : c’est là que tout commence ou devrait commencer : qu’à partir de quelques traits clairs théoriques, instruments d’analyse, c’est le moment de partir à la découverte des enjeux en cours, et de se poser la question des réponses à y apporter. • Ce qui rejoint un autre piège du mot capitalisme : on a tendance à penser que les capitalistes sont les autres (les patrons, les multinationales, les banques, les financiers…), d’autres que l’on pourrait regrouper sous le vocable de décideurs or nous contribuons tous à reproduire le capitalisme, ne serait-ce que contraints et forcés. Et nul ne peut s’exonérer de la question : comment sortir de cette contrainte ?

Parier sur notre imagination, sur notre capacité de projeter, concrètement, un monde différent, est la première voie à suivre pour sortir de l’impuissance.


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