Une 6ème République pour des médias libres, pluralistes et impartiaux

mardi 9 juin 2020.
 

Une sixième république n’a pas simplement à traiter du pouvoir exécutif, législatif, judiciaire, administratif mais aussi du pouvoir médiatique.

- A) Sixième République et médias

- B) Réflexions complémentaires (Hervé Debonrivage)

Voici un excellent article de réflexion sur les médias.

A) Sixième République et médias

Source : Blog "Des pas perdus". http://www.despasperdus.com/index.p... du

Page d’accueil du site : http://www.despasperdus.com/

Voici l’article :

Sans faire injure aux uns, ni donner la leçon aux autres, je me demande si nous ne prenons pas les choses à l’envers, moi le premier qui depuis la création du collectif des Blog 6.0 en dénonçant les dérives de la Cinquième et en faisant quelques propositions pour la Sixième République, oublie le quatrième pouvoir.

Chacun a pu constater les dérives médiatiques qui pervertissent le débat public, le favoritisme dont profitent certains partis, le traitement des conflits sociaux, le silence ou le fatalisme sur les plans sociaux, l’acceptation de la mondialisation capitaliste, la propagande pour les réformes de régression sociale, le mépris contre les syndicats, le silence concernant les privilèges de l’oligarchie, l’indifférence à la souffrance sociale, ou la quête du scoop, les sempiternels marronniers, sans omettre la chasse aux sorcières (assistés, immigrés, pauvres, fonctionnaires) et la complaisance à l’égard des puissants.

Pour toutes ces raisons, nous ne devons pas faire l’économie d’une réflexion sur le 4ème pouvoir, c’est-à-dire les médias. D’autant que ces derniers sont plus omniprésents que jamais dans la sphère privée et dans la sphère publique : presse, télévision, supports numériques, radios. Leur influence est trop importante dans le débat public pour les ignorer.

Le travail des médias consiste d’abord à sélectionner, à censurer, à hiérarchiser puis à expliquer (enseigner, vulgariser) telle information. Ce faisant, ils apportent des informations, ils en censurent ou négligent d’autres, ils influencent la perception de la réalité, ils orientent le débat public selon l’information qui est mise en avant, selon sa présentation et selon son angle de traitement.

Les médias véhiculent des informations, des idées, voire des rumeurs. Volontairement ou non, ils ont une influence sur notre façon de percevoir le monde.

Aussi, l’indépendance et la pluralité de l’information doivent être garanties.

Il ne s’agit pas d’empêcher les journalistes de renier leurs convictions personnelles, ni de les baillonner. Ces derniers sont pour la plupart salariés, et de plus en plus précarisés, donc soumis à de fortes pressions de leurs employeurs... [1] qui les obligent parfois à ne pas exposer leur point de vue et souvent à bâcler leur travail pour produire toujours plus.

La nouvelle constitution devra protéger l’indépendance des médias des pressions susceptibles d’être exercées par diverses puissances : groupes religieux ou politiques, multinationales, Etat... Les pressions sont surtout financières

Aussi, ce cadre juridique devra s’attacher à interdire toute promiscuité avec les puissances de l’argent pour limiter les risques d’informations tronquées ou déformées favorables à la finance. Il devra donc limiter les parts détenues par une entreprise ou un oligarque dans un média [2]. De plus, il devra interdire qu’une entreprise ou un individu possède plusieurs médias. Enfin, la part de la publicité dans les recettes financières des médias devrait être marginale.

Le pluralisme de l’information devra aussi être garanti. Quand 95 % des médias portent la même idéologie et défendent grosso modo les mêmes intérêts - comme on le constate régulièrement dès qu’il est question de l’Union européenne, de réformes de régression sociale ou de l’engagement militaire de la France- le débat démocratique est ipso facto tronqué.

Par conséquent, les aides publiques garantissant le pluralisme de l’information devront veiller au financement de médias d’opinion.

Autre domaine à réglementer, les sondages qui, aujourd’hui, ont la fâcheuse tendance à manipuler les citoyen-ne-s. Les médias en abusant pour créer de l’information à bas coût, imposer des sujets bidons, et faire le buzz. Faut-il les interdire, limiter leur diffusion, ou revoir leur élaboration ?

Enfin, les médias audiovisuels traditionnels devront garantir un égal accès à leur antenne aux forces politiques, même en dehors des périodes électorale, sous peine de lourdes amendes, voire de fermeture d’antenne.

Voili voilou, je ne sais si ce que je propose est complet, irréaliste ou porteur de dangers. Mais, il me semble la constitution de la Sixième République devra encadrer le 4ème pouvoir pour garantir l’indépendance et la pluralité de l’information, et ce faisant garantir un débat public de qualité, pluraliste et démocratique...

Notes

[1] La Constitution de la Sixième République se penchera probablement sur la question sociale...

[2] après tout, les entreprises devront se contenter de leurs propres journaux d’entreprises, idem pour les "églises" ou les partis politiques

Fin de l’article

B) Réflexions complémentaires

Suite à ce bon article, apportons quelques documents de réflexion supplémentaires sur cette thématique.

1) Rappelons les dispositions prévues par le programme du FdG L’Humain d’abord (chapitre 9)

"Nous proposerons une loi contre les concentrations dans la presse, les médias et l’audiovisuel, pour les libérer des logiques financières et du diktat de l’audimat, afin de leur permettre d’accomplir leurs missions au service du pluralisme de l’information et de la culture. Nous créerons un Conseil national des médias composé d’élus, de représentants des professionnels et des usagers, chargé de veiller au respect de la responsabilité publique et nationale, et de favoriser la création de coopératives de presse. Nous refonderons un Pôle public des médias et garantirons l’existence de médias associatifs et de la presse d’opinion."

On peut compléter ce rappel par l’article de Jean-François Téaldi, responsable du secteur médias du PCF. "Pas d’alternative à gauche sans démocratisation des médias."

Cliquez ici pour lire l’article

2) Quelques repères juridiques

a) Déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1793

Article 7. - Le droit de manifester sa pensée et ses opinions, soit par la voie de la presse, soit de toute autre manière, le droit de s’assembler paisiblement, le libre exercice des cultes, ne peuvent être interdits. - La nécessité d’énoncer ces droits suppose ou la présence ou le souvenir récent du despotisme.

b) Déclaration universelle des droits de l’homme et du citoyen de 1948 Article 19. Tout individu a droit à la liberté d’opinion et d’expression, ce qui implique le droit de ne pas être inquiété pour ses opinions et celui de chercher, de recevoir et de répandre, sans considérations de frontières, les informations et les idées par quelque moyen d’expression que ce soit.

c) RÉSOLUTION 1003 (1993) relative à l’éthique du journalisme adoptée par le Parlement européen

Le texte complet est disponible en cliquant ici

8. L’information constitue un droit fondamental, mis en lumière par la jurisprudence de la Commission et de la Cour européennes des Droits de l’Homme relative à l’article 10 de la Convention européenne des Droits de l’Homme et reconnu par l’article 9 de la Convention européenne sur la télévision transfrontière ainsi que par les Constitutions démocratiques. Ce droit appartient aux citoyens, qui peuvent également exiger que l’information donnée par le journaliste soit transmise fidèlement dans les nouvelles et commentée avec honnêteté, sans ingérences extérieures que ce soit de la part des pouvoirs publics ou d’entités privées.

9. Les pouvoirs publics ne doivent pas considérer qu’ils sont les propriétaires de l’information. La représentativité publique permet d’agir en vue de garantir et de développer le pluralisme des médias, et d’assurer que les conditions nécessaires à l’exercice de la liberté d’expression et du droit à l’information sont réunies, en excluant la censure préalable. Le Comité des Ministres en est d’ailleurs conscient comme le prouve sa Déclaration sur la liberté d’expression et d’information adoptée le 29 avril 1982.

d) Convention européenne des droits de l’Homme.

Article 9 – Liberté de pensée, de conscience et de religion Toute personne a droit à la liberté de pensée, de conscience et de religion ; ce droit implique la liberté de changer de religion ou de conviction, ainsi que la liberté de manifester sa religion ou sa conviction individuellement ou collectivement, en public ou en privé, par le culte, l’enseignement, les pratiques et l’accomplissement des rites.

La liberté de manifester sa religion ou ses convictions ne peut faire l’objet d’autres restrictions que celles qui, prévues par la loi, constituent des mesures nécessaires, dans une société démocratique, à la sécurité publique, à la protection de l’ordre, de la santé ou de la morale publiques, ou à la protection des droits et libertés d’autrui.

Article 10 – Liberté d’expression Toute personne a droit à la liberté d’expression.

Ce droit comprend la liberté d’opinion et la liberté de recevoir ou de communiquer des informations ou des idées sans qu’il puisse y avoir ingérence d’autorités publiques et sans considération de frontière. Le présent article n’empêche pas les Etats de soumettre les entreprises de radiodiffusion, de cinéma ou de télévision à un régime d’autorisations.

L’exercice de ces libertés comportant des devoirs et des responsabilités peut être soumis à certaines formalités, conditions, restrictions ou sanctions prévues par la loi, qui constituent des mesures nécessaires, dans une société démocratique, à la sécurité nationale, à l’intégrité territoriale ou à la sûreté publique, à la défense de l’ordre et à la prévention du crime, à la protection de la santé ou de la morale, à la protection de la réputation ou des droits d’autrui, pour empêcher la divulgation d’informations confidentielles ou pour garantir l’autorité et l’impartialité du pouvoir judiciaire.

Cliquez icipour avoir le texte entier

e) Références juridiques internationales : voir ONU et UNESCO sur la liberté concernant le droit à l’information

Cliquez icipour accéder à ces références

3) Voici trois documents intéressants donnant une bonne formation de base sur la connaissance des médias. Vous accédez au document en cliquant sur le titre.

Médias, pouvoirs et stratégies

Un cours de sciences économiques et sociales de bon niveau sur la question

Quelle est l’influence des médias sur les attitudes politiques ?

Les cultures politiques

4) Sites d’analyse critique des médias – ACRIMED : http://www.acrimed.org

– Délits d’opinion : http://www.delitsdopinion.com

–Arrêt sur images : http://www.arretsurimages.net

– Média-ratings : http://www.m-r.fr/

Hervé Debonrivage


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