Les réseaux de François Hollande dans le monde de la finance

jeudi 28 avril 2022.
 

L’oligarchie dans la France de François Hollande

François Hollande et ses réseaux.

Source : La violence des riches de Michel et Monique Pinçon Charlot (éd. Zones) ( suite de notre contribution : la violence des riches.) )

chapitre 3 : L’oligarchie dans la France de François Hollande Sont reproduites ici les pages 89 à 97 du livre à partir de sa version numérisée.

En effet, le livre existe en lyber, c’est-à-dire en version numérisée intégrale et gratuite en ligne.

http://www.editions-zones.fr/spip.p...

Cet extrait répond à une question que de très nombreuses personnes se posent : comment se fait-il que le gouvernement actuel persévère dans une politique d’austérité et de l’offre ne remettant pas en cause la toute-puissance de la finance, alors que l’on ne compte plus les économistes qui contestent sa rationalité, son efficacité économiques et sociale ?

Le comment et le pourquoi de la politique de François Hollande et de son premier ministre trouvent leur explication dans l’adoption depuis 1985 par François Hollande d’une vision politique ultralibérale et dans son réseau qui se déploie dans le monde de la finance et de l’industrie.

On peut lire dans un article qui vient de paraître sur ce site : " Austérité : enfin, l’aveu ! "

"Le seul bilan positif de ces politiques est au bénéfice des oligarchies. Les 500 plus grandes fortunes professionnelles françaises ont augmenté de 25 % en un an, tandis que la France figure au troisième rang mondial et au premier européen pour le nombre de millionnaires en dollars"

En effet, c’est ce que montrent les auteurs dans leur livre La violence des riches : c’est la logique qui sous-tend la politique du gouvernement actuel dans la continuité de la politique sarkozyste. Il ne faut donc pas attendre à ce qu’une politique de compassion budgétaire remplace la politique de compression budgétaire qui asphyxie l’économie, mais, au contraire, à sa continuation dans son mépris ou ignorance de l’intérêt général et de sa bonne compréhension de l’intérêt des riches.

La finance fonctionne avec des humains faits de chair et d’os qui possèdent un visage et un nom, même si son fonctionnement fait système. C’est en cernant ce double aspect : abstrait/concret ; finance/individus dans son articulation de classe : classe des dominants/classe des dominés que Michel et Monique Pinçon – Charlot permettent de comprendre le système de domination actuel du capitalisme et les raisons de la grande " casse sociale".

En italique sont reproduits les encadrés figurant dans le texte.

Voici le texte :

La violence de classe ne peut s’exercer sans la complicité et la collaboration du personnel politique au pouvoir. Cette connivence entre les gouvernants et les dominants, nous l’avons démontrée dans l’enquête sur le Président des riches et ses relations privilégiées avec les grandes fortunes et toute l’oligarchie des affaires note. Durant sa campagne électorale, François Hollande a martelé que « le changement c’est maintenant » et que son ennemi principal est le monde de la finance. Aussi, comme nous l’avions fait dès le 7 mai 2007, nous avons, cinq ans plus tard, tenu un journal au quotidien et passé au crible des outils de la sociologie les choix politiques et sociaux du nouveau pouvoir socialiste, donnant à voir une nouvelle dérive des valeurs de la gauche.

François Hollande et ses réseaux

En pleine campagne pour la présidentielle, le 22 janvier 2012, au Bourget, François Hollande prononce un discours qui lui permettra d’emporter la victoire le 6 mai 2012. Il déclare que son véritable adversaire « n’a pas de nom, pas de visage, pas de parti, il ne présentera jamais sa candidature, il ne sera donc pas élu, et pourtant il gouverne. Cet adversaire, c’est le monde de la finance ». En s’en prenant à la finance, il espère bien récupérer des voix auprès des millions de Français qui subissent les conséquences de la spéculation financière qui a abouti à la crise de 2008.

François Hollande louvoie et esquive la réalité, car il est très bien placé pour savoir que la finance a des visages et des noms. Son trésorier de campagne, Jean-Jacques Augier, devenu un homme d’affaires avisé, est alors actionnaire de deux sociétés offshore dans les îles Caïman, paradis fiscal des Caraïbes, sous « souveraineté » britannique. Quelques semaines seulement après le discours du Bourget, François Hollande déclare, lors d’un entretien accordé à la presse anglaise : « La gauche a été au gouvernement pendant quinze années, au cours desquelles nous avons libéralisé l’économie et ouvert les marchés à la finance et aux privatisations. » Sa conclusion est claire : « Il n’y a pas à avoir peur. » Les visages et les noms de la finance lui sont en effet beaucoup moins inconnus qu’il ne l’a laissé entendre. Rappelons quelques-uns de ses amis ou de ses proches.

Jean-Pierre Jouyet, fils de notaire, est inspecteur général des finances après son passage à l’ENA où il a fait partie de la promotion Voltaire, celle de François Hollande. Et c’est donc tout naturellement qu’ils ont rédigé ensemble le livre La Gauche bouge, avec trois autres socialistes, sous le pseudonyme de Jean-François Trans.

Jean-Pierre Jouyet, socialiste, très ami du couple formé alors par François Hollande et Ségolène Royal, n’hésite pas à collaborer avec la droite lorsque l’intérêt l’exige. Directeur du Trésor de 2000 à 2004, il sera nommé par Nicolas Sarkozy, lorsque celui-ci devient ministre de l’Économie et des Finances en 2004, « ambassadeur chargé des questions économiques ». Dès l’élection de Nicolas Sarkozy à la présidence de la République, en mai 2007, il devient secrétaire d’État aux Affaires européennes, poste qu’il quitte en décembre 2008 pour accéder à la présidence de l’Autorité des marchés financiers (AMF).

Son épouse, Brigitte Taittinger, fille de Claude Taittinger et de Catherine de Suarez d’Aulan, est membre, selon le Bottin mondain, de l’Association d’entraide de la noblesse française (ANF). Elle a eu cinq enfants de son premier mariage avec le comte Nicolas de Warren, puis un enfant avec son second mari, Jean-Pierre Jouyet. Elle travaille dans le marketing et le luxe et a coprésidé Baccarat de 1997 à 2005, et elle est aujourd’hui PDG des parfums Annick Goutal. Elle organise des dîners auxquels François Hollande est toujours le bienvenu. Autour de la table, son cousin germain Christophe de Margerie, le PDG de Total depuis 1974, vient apporter les dernières nouvelles du CAC 40 à ceux qui sont au cœur de la politique et des finances.

Jean-Pierre Jouyet a été nommé le 19 octobre 2012 à la tête de la Caisse des dépôts et consignations, le bras financier de l’État. Il est également le président de la Banque publique d’investissement (BPI), créée pour venir en aide aux petites et moyennes entreprises.

Matthieu Pigasse est membre du Parti socialiste et soutien inconditionnel de la candidature de François Hollande à l’Élysée, tout en étant banquier d’affaires à la tête de Lazard France et Europe. Il a travaillé au cabinet de Dominique Strauss-Kahn à Bercy. Puis il a continué chez Laurent Fabius où il a contribué à quelques privatisations. Il doit son entrée chez Lazard à Alain Minc, mais c’est par goût personnel que, durant l’été 2009, il a acheté l’hebdomadaire Les Inrockuptibles.

De la même promotion Voltaire que François Hollande on retrouve Henri de La Croix de Castries. De sensibilité catholique et conservatrice, ce directeur général du groupe d’assurance AXA, neuvième groupe au monde, après avoir été suffisamment proche de Nicolas Sarkozy pour faire partie des invités de la fameuse fête du Fouquet’s le 6 mai 2007, a soutenu la campagne de François Hollande avec une contribution de 7 500 euros au cercle animé par Jean-Jacques Augier « Répondre à gauche avec François Hollande ».

Charles-Henri Filippi, inspecteur des finances, fut conseiller au cabinet de Jacques Delors alors que celui-ci était ministre des Finances dans les années cruciales 1983-1984, lorsque les socialistes mirent en place la dérégulation du système bancaire et financier. Charles-Henri Filippi a eu de très hautes responsabilités dans le domaine de la banque et de la finance en étant directeur de la banque Stern puis de la Banque HSBC France.

Pierre Duquesne fut un autre camarade de classe de la promotion Voltaire à l’ENA. Il a été responsable de la division commerciale des marchés de devises à la Banque Indosuez, secrétaire général adjoint de la Commission bancaire, président du comité d’audit de la Banque mondiale et du comité d’éthique du Fonds monétaire international (FMI). Il fut aussi conseiller de Lionel Jospin en 2000 et 2001, à un moment où François Hollande était le premier secrétaire du Parti socialiste.

Jean-Hervé Lorenzi, professeur d’économie à l’université Paris-Dauphine, président du Cercle des économistes, a participé en tant qu’expert aux réflexions du candidat François Hollande. Il est également conseiller du directoire et banquier-conseil de la Compagnie financière Edmond de Rothschild Banque, administrateur de BNP Paribas Assurances et membre du conseil de surveillance de la compagnie financière Saint-Honoré.

Emmanuel Macron, jeune associé-gérant de la banque Rothschild, est secrétaire général adjoint de l’Élysée. Il a fallu le limogeage de la ministre de l’Écologie, Delphine Batho, pour apprendre, lors de sa conférence de presse du 4 juillet 2013, que Sylvie Hubac, directrice de cabinet de François Hollande, avait fait l’ENA dans la même promotion Voltaire que le président.

Et que son mari, Philippe Crouzet, membre du Conseil d’État, est le président du directoire du groupe Vallourec. Or Delphine Batho n’a cité qu’un cas concret de lobbying, celui de ce conseiller d’État à la tête du leader mondial des tubes sans soudure utilisés précisément pour l’exploitation des huiles et gaz de schiste.

Un ministre socialiste bien introduit dans le monde des affaires

Le ministre de l’Économie, Pierre Moscovici, est en phase avec les réseaux qui comptent. Membre du Cercle de l’Union interalliée, à deux pas de l’Élysée, rue du Faubourg-Saint-Honoré, il fréquente aussi le Siècle, dont les célèbres dîners, réunissant l’élite des hommes politiques et des journalistes, ont connu un certain succès médiatique, malgré la discrétion de l’Automobile Club de France qui les accueille place de la Concorde.

Pierre Moscovici fut aussi, de 2004 à 2012, l’un des vice-présidents du Cercle de l’industrie, poste qu’il a sans doute jugé plus prudent de quitter, le conflit d’influence risquant d’être trop flagrant avec ses nouvelles responsabilités. À ce poste au Cercle de l’industrie celui qui allait entrer au gouvernement de Jean-Marc Ayrault a fréquenté le grand patronat qui compose l’essentiel de ce cénacle. En juin 2012, on y rencontre 41 PDG ou directeurs généraux, de Christophe de Margerie (Total) à Jean-Cyril Spinetta (Air France KLM), de Patrick Kron (Alstom) à Guillaume Pepy (SNCF). Le président de cette puissante assemblée est Philippe Varin, P-DG de PSA Peugeot Citroën. Six autres membres du Cercle de l’industrie sont d’anciens dirigeants d’entreprises comme Louis Gallois, ancien patron de la SNCF et d’EADS, ou des hommes politiques comme Jacques Barrot (centriste), aujourd’hui membre du Conseil constitutionnel, et Gilles Carrez (UMP).

Ce cercle fut fondé en juin 1993 par Raymond H. Lévy, président de Renault, et par Dominique Strauss-Kahn, qui avait été ministre délégué à l’Industrie et au Commerce extérieur dans les gouvernements d’Édith Cresson et de Pierre Bérégovoy de mai 1991 à mars 1993, date des élections législatives perdues par la gauche. Selon l’autoprésentation du Cercle de l’industrie, que l’on peut consulter sur son site, ce cercle, « basé à Paris et à Bruxelles, […] est un lieu de dialogue et d’échanges destiné aux grandes entreprises industrielles. Il rassemble les présidents de grandes entreprises intervenant dans tous les secteurs industriels ainsi que des hommes politiques. Le Cercle de l’industrie se distingue par sa spécificité industrielle, son engagement pour la construction européenne et son bipartisme politique. Le Cercle de l’industrie a pour vocation de participer à la réflexion sur la définition et la mise en œuvre d’une vraie politique industrielle. Il plaide pour une amélioration de la gouvernance économique et financière en Europe ».

Pierre Moscovici a été député de la circonscription de Sochaux-Montbéliard, fief de Peugeot, et tout naturellement il est le président de l’Acsia, qui n’est autre que l’Association des collectivités sites d’industrie automobile.

La séparation des pouvoirs n’existe pas dans la classe dominante. La collusion entre les élites va de soi. À travers une intense sociabilité, cette classe sociale est la seule à être aussi mobilisée, au-delà même de certains clivages politiques, avec, pour point commun, l’adhésion au libéralisme économique. Les variantes d’orientation ne sont pas sans importance pour les travailleurs, mais un véritable changement de la condition des plus pauvres ne saurait venir d’agents sociaux englués dans la logique du profit capitaliste

Les liens tissés pendant des années entre les membres du Cercle de l’industrie et le ministre de l’Économie favorisent les relations entre les industriels et le gouvernement. Ce n’est pas un hasard si Pierre Moscovici a choisi comme conseiller chargé des relations avec les entreprises un ex-dirigeant du groupe Accor, André Martinez, ancien camarade de promotion de François Hollande à HEC.

Ce mélange des genres au plus haut niveau est justifié, pour les intéressés, par l’intérêt d’être en contact avec de grands patrons, détenteurs d’informations, porteurs de projets dont l’action politique doit tenir compte.

Mais la contrepartie négative de ces relations réside dans la promiscuité avec un monde dont les enjeux vont influencer les choix politiques, dans lesquels les intérêts particuliers risquent toujours de l’emporter sur l’intérêt général. On comprend ainsi la gêne qu’a dû éprouver Pierre Moscovici, le 13 avril 2013, lorsqu’une cinquantaine de salariés de l’usine PSA d’Aulnay, en grève, ont envahi, à Paris, la salle où se tenait le Conseil national du Parti socialiste. Si les ouvriers ont été largement applaudis, le ministre de l’Économie et des Finances s’est, lui, tout de suite réfugié au fond de la salle.

Cette liste de la finance sans nom et sans visage n’est pas exhaustive et il faudrait y ajouter André Martinez, qui a rencontré François Hollande en 1973 à HEC. Il fut responsable mondial du secteur hôtellerie de la banque américaine Morgan Stanley et c’est lui qui a représenté le candidat Hollande au forum de Davos en janvier 2012.

Il y a encore Marc Ladreit de Lacharrière, actionnaire de la troisième agence de notation mondiale, Fitch Ratings, qui a été l’un des fondateurs de la Fondation Agir contre l’exclusion (FACE), créée par Martine Aubry, alors ministre du Travail, en 1993.

C’est ainsi qu’une finance sans nom ni visage se serait libéralisée toute seule. C’est l’histoire que François Hollande aimerait bien faire croire au peuple de France. Mais pourquoi choisit-il un inspecteur des finances, Nicolas Dufourcq, comme directeur de la Banque publique d’investissement (BPI), censée aider au financement d’entreprises en difficulté, alors qu’il a participé à la privatisation d’une filiale de France Télécom, Wanadoo, et qu’il a été directeur financier de Cap Gemini  ?

Comment croire que les socialistes, dans leur majorité, pourraient mener une politique plus équitable à l’égard des travailleurs, alors qu’ils sont formés dans les mêmes grandes écoles que les patrons et les politiciens de droite : ENA, Sciences Po, HEC et bien entendu Harvard ? Coupés du peuple avec le cumul des mandats – sur les 297 députés du groupe socialiste de l’Assemblée nationale, on compte 207 cumulards –, nombre d’élus socialistes, dans le souci de faire progresser leur carrière en politique, ont rejoint les intérêts de la classe dominante dont ils sont devenus les alliés objectifs.

L’ensemble de la classe politique française pratique très majoritairement le cumul des mandats. Sur 577 députés, on n’en compte que 109 ne siégeant qu’à l’Assemblée nationale. Et seuls 84 sénateurs sur 348 sont aussi dans ce cas. Tous d’accord pour que, au nom de la « démocratie » et des « droits de l’homme », la vie politique française soit gérée dans un régime, en réalité censitaire, où les élites sociales qui composent l’essentiel des Chambres vont promulguer les lois les plus favorables à leurs intérêts et à ceux qu’ils représentent.

Comment se fait-il que les ouvriers et les employés, qui sont 52 % de la population active, soient si peu présents, à l’Assemblée nationale et au Sénat ? Cette absence explique le désintérêt pour la politique que traduit le succès remarquable du parti des abstentionnistes.

L’art et l’argent : les investisseurs de la gauche libérale

La société Piasa, créée en 1996, a été vendue par François Pinault à un groupe d’investisseurs proches du Parti socialiste. Ce groupe contrôle, depuis 2011, l’intégralité de cette maison. Elle occupe, avec un chiffre d’affaires supérieur à 45 millions d’euros, la quatrième place sur le marché national de l’art.

Hommes d’affaires et hommes politiques mènent l’aventure, sur une barque où le goût de l’art, la défense du patrimoine et l’argent font bon ménage. Laurent Fabius, ministre des Affaires étrangères, ancien Premier ministre de François Mitterrand, en est la figure la plus connue. Charles-Henri Filippi, inspecteur des finances, a été le P-DG de la banque HSBC France. Jérôme Clément, exprésident d’Arte, participa à l’équipe de Pierre Mauroy. Serge Weinberg dut le côtoyer à ce moment-là comme chef de cabinet de Laurent Fabius en 1981-1982.

La liste se poursuit avec Christian Blanckaert, directeur et président de sociétés, dont Hermès, et Louis Schweitzer, ex-P-DG de Renault, ancien directeur du cabinet de Laurent Fabius. On retrouve encore ce dernier avec Lionel Zinsou qui fut l’un de ses chargés de mission, devenu associé-gérant de Rothschild & Cie et membre du conseil d’administration de Libération.

Patrick Ponsolle, lui aussi, passa par le cabinet de Laurent Fabius. Il est vice-chairman de la banque Morgan Stanley International et président de Morgan Stanley France. Exilé en Suisse, Claude Berda figure au 60e rang des 500 plus grandes fortunes professionnelles françaises, avec un pécule de 900 millions d’euros, amassé dans la production audiovisuelle du groupe AB (Hélène et les garçons…), qui détient la majorité des parts de RTL 9. Autre banquier, Michel Cicurel préside le directoire de la Compagnie financière Edmond de Rothschild. Avocat à la cour d’appel de Paris, Jean- Michel Darrois est membre du Conseil de l’ordre des avocats, et administrateur des Ciments français.

Jean de Kerguiziau de Kervasdoué fréquenta le cabinet du Premier ministre Pierre Mauroy comme ingénieur en chef du génie rural. Autre membre de la noblesse, Marc Ladreit de Lacharrière, 58e patrimoine professionnel de France, avec Fimalac et l’agence de notation Fitch Ratings, membre de l’Académie des Beaux-Arts, est aussi un financier avisé, typique de cette alliance de l’art et de l’argent dont Piasa est l’une des synthèses. Une seule femme, Orla Nonan, souligne le non-respect de la parité dans cette auguste assemblée.

Sur ses quatorze membres, douze ont une notice dans le Who’s Who. Dix d’entre eux sont diplômés de l’Institut d’études politiques de Paris (IEP), huit sont passés en outre par l’ENA et six ont fréquenté Janson-de-Sailly, le lycée phare du XVIe arrondissement. Vendeurs et acheteurs du marché de l’art sont du même monde, le grand. Un marché où s’organisent les échanges entre collectionneurs héritiers de bonne famille.

Les inégalités sociales ne se construisent pas seulement par la richesse matérielle, mais aussi par ces symboles de l’excellence que fournissent la culture et le marché qui lui est consacré. L’art légitime les pouvoirs et les richesses, et fait reconnaître cette légitimité par ceux qui en sont démunis. Cette reconnaissance passe par celle de l’État qui, grâce au lobbying de Laurent Fabius, lors de la création de l’impôt sur la fortune en 1982, n’a pas intégré les œuvres d’art dans son assiette. Jérôme Cahuzac a confirmé, en tant que ministre du Budget, à l’automne 2012, l’opposition du gouvernement socialiste à la fiscalisation des tableaux, des joyaux et autres biens culturels de valeur.

Fin du texte.

On comprend aussi en ayant lu ce texte que se dégager de l’emprise du parti socialiste peut être coûteux en termes de promotion sociale et professionnelle, de conservation sonnante et trébuchante de sièges électifs. Cela explique pourquoi, que même si quelques dizaines de parlementaires socialistes partagent au final, l’essentiel des thèses développées par le Front de Gauche, ces derniers ne quitteront pas le bateau fantôme de François Hollandetant que celui-ci arrivera toujours à flotter sur la mer aux reflets d’argent.

Hervé Debonrivage


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