Le Parti socialiste ruine même l’idée d’espoir

dimanche 12 janvier 2014.
 

Paris Match. Dans ses vœux le 31 décembre dernier, le président de la République a annoncé un pacte de responsabilité avec les entreprises, qui envisage des baisses de charges. Avez-vous été surpris par ce tournant ?

Eric Coquerel. Non, ce n’est pas un tournant. Si vous écoutez ce que dit François Hollande depuis le début de son quinquennat, c’est toujours cette logique, une logique de droite. Aucun gouvernement de gauche dans l’histoire de ce pays n’a jamais osé mettre en avant le fait d’appliquer une politique de l’offre. Ce qui est clair, par contre, c’est qu’il y a eu une accélération. Manifestement, François Hollande maintenant n’estime même plus nécessaire d’enrober son discours par un discours social. Nous avons un Hollande totalement décomplexé sur sa politique, un libéral de plus en plus à l’aise dans ses baskets.

On pourrait imaginer que la politique menée par le gouvernement donne un espace politique à la gauche que vous représentez. Pourtant, le Front de gauche est en difficulté en raison des divergences entre vous et les communistes. N’est-ce pas paradoxal d’être aujourd’hui affaiblis ?

Non, ce n’est pas paradoxal, mais c’est ennuyeux. Ça tombe mal. Il y a une origine claire : un désaccord stratégique. Nous partageons l’analyse selon laquelle la politique du gouvernement n’a plus de gauche que le nom, mais nous n’en tirons pas la même conclusion. Pour nous, la seule solution, c’est de s’opposer à cette politique. Et il faut devancer les socialistes dans le suffrage universel. Au premier tour, on ne peut être ensemble. Là, nous avons une différence avec le Parti communiste. Notre espoir, c’est que 2014 permette de remettre les pendules à l’heure quant à notre stratégie d’autonomie vis-à-vis du Parti socialiste.

Serez-vous en ordre de bataille pour les élections européennes, après la confusion sur les municipales ?

Nous espérons parvenir à trouver un accord correct pour contester l’hégémonie du PS. Nous ne souhaitions pas entamer de discussion sur les européennes en pleines difficultés sur les municipales. Nous allons rencontrer le Parti communiste au tout début de la deuxième quinzaine de janvier. Il faut voir comment remettre du vent dans les voiles du Front de gauche.

Que vous reste-t-il en commun avec le Parti socialiste ?

Nous partageons une large part de notre électorat. Il est clair qu’aux européennes, nous allons devoir conquérir ceux qui ont hésité jusqu’au dernier moment entre François Hollande et Jean-Luc Mélenchon. Il faut qu’on montre qu’on est une alternative crédible. Le plus grand problème posé par le Parti socialiste, c’est qu’il ruine même l’idée d’espoir. Cela dit, il y a quelques sujets d’entente : par exemple, la loi sur le mariage pour tous. Mais je remarque aussi que dans le passé, des gouvernements de droite, comme à l’époque de Giscard, ont été capables de porter des lois progressistes dans le domaine sociétal. Ce n’est pas suffisant pour définir un socle de gauche. La gauche, c’est le partage des richesses et c’est la souveraineté populaire et sur ces deux aspects-là, nous n’avons plus grand chose en commun.

Regrettez-vous d’avoir appelé à voter pour François Hollande au soir du premier tour de l’élection présidentielle en 2012 ?

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François Hollande s’est approprié un discours traditionnellement libéral, à propos de la simplification administrative. Pourquoi la gauche ne s’empare-t-elle jamais de ce sujet ?

Qu’on simplifie des procédures administratives, ce n’est évidemment pas un mal en soi. Mais il nous semble que, quand vous commencez à utiliser de tels gadgets, c’est que vous renoncez à changer le fond d’une société. C’est une bonne manière de faire moins d’Etat social, moins de service public, moins de dépenses publiques. C’est rarement au profit d’un meilleur service rendu, c’est l’habillage d’une politique de droite.

Réduire le nombre de collectivités locales, par exemple, ça ne vous paraît pouvoir être une question transpartisane ?

Je vous ferai remarquer qu’avec l’acte 3 de la décentralisation, les socialistes se préparent à créer des échelons supplémentaires….


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