Le programme 100% réac de Sarkozy

dimanche 26 février 2012.
 

Il promettait des coups d’éclats  ; il ne prépare que des coups fourrés. Le président de la République est désormais candidat et son programme dégage les mêmes effluves nauséabonds que la dernière sortie de Claude Guéant qui décalquait la déclaration de Philippe Pétain lors de son procès le 23 juillet 1945  : « Je représente une tradition qui est celle de la civilisation française et chrétienne face aux excès de toutes les tyrannies. » Voilà donc ce qui se dissimulait derrière ses moulinets sur une « politique de civilisation » agitée 
le 31 décembre 2007 et qui redeviendrait son étendard.

Le philosophe de cour, Luc Ferry, a déjà lustré cette vieille lune de la droite maurrassienne, hier, dans le journal de Serge Dassault, alors même que Nicolas Sarkozy choisissait l’hebdomadaire de la droite chic, ce Figaro Magazine qui dénonçait « le Sida mental » des jeunes qui manifestaient, pour présenter des propositions qui stigmatisent les chômeurs et menacent les étrangers. 
Les premiers seront désignés à la vindicte générale comme des feignants à l’aide d’un référendum qui obligerait – si le oui l’emportait – les chômeurs à accepter les sous-emplois et les formations bidon qui leur sont proposés, sous peine de perdre le droit à des allocations. Sans doute pour marquer le haut degré de civilisation qu’il incarne, le champion de l’UMP veut également rendre plus expéditives les expulsions d’étrangers en les confiant à un juge administratif et réduire leur accès au minimum vieillesse. En organisant, pourquoi pas  ?, un autre référendum.

Opération de dénonciation de boucs émissaires

La consultation des Français est ainsi réduite à une opération de dénonciation alors qu’elle devrait être l’éclatante manifestation de la souveraineté populaire, par exemple en soumettant au suffrage universel la ratification du traité Sarkozy-Merkel ainsi que l’a exigé le secrétaire national du PCF et président du conseil national de campagne du Front de gauche, Pierre Laurent. Menacé par le suffrage universel, Nicolas Sarkozy veut le détourner vers des impasses, celles de la dénonciation de boucs émissaires. Ces nouveautés élyséennes nous renvoient au début du XXe siècle… 
« À l’ulcère du monde, il y a une grande cause générale  : 
c’est l’asservissement au passé, le préjugé séculaire qui empêche de tout refaire proprement selon la raison 
et la morale », s’indignait l’écrivain Henri Barbusse.

Séduire l’électorat d’extrême-droite

Ce dernier épisode de la vie de château s’ajoute aux mesures d’austérité contre lesquelles mobilisent les grands syndicats en vue du 29 février, à la TVA « sociale » qui laminerait le pouvoir d’achat et saperait la protection sociale, au démantèlement des droits sociaux au nom de la « compétitivité ». Le cadre de la campagne de Nicolas Sarkozy est désormais posé, c’est du 100% réac  !

Pour séduire l’électorat d’extrême droite, il refuse le mariage homosexuel et relance le débat sur l’identité nationale qu’il oppose à la religion musulmane. Sans honte, il ose prétendre que « la France est née de la rencontre entre la volonté des rois et celle de l’Église ». Le peuple n’existe pas et même Jeanne d’Arc n’est plus qu’un point de rencontre entre la couronne et la croix… C’est l’histoire revue par Nicolas-du-Chardonnet et ses cohortes intégristes. Que Marine Le Pen ne s’inquiète pas  ! Si elle ne parvenait à réunir les parrainages nécessaires à sa candidature, ses idées seraient bien présentes dans la campagne électorale. Et si c’était le but  ? Le Figaro Magazine n’est pas encombré ce week-end 
de grands desseins, mais de calculs minuscules.

Patrick Apel-Muller, L’Humanité


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