Instituts de sondage : agents du maillage de l’espace mental social

lundi 25 mars 2024.
 

Dans le monde du marketing généralisé, les instituts de sondage occupent une place de choix !

Les limites des sondages

1-Instituts de sondage : de quoi parle-t-on ?

Lorsque l’on aborde la question du sondage d’opinion, il faut distinguer différents plans de discussion, même s’ils peuvent être liés :

a- aspect technique : comment est fabriqué un sondage ? Quels outils sont utilisés ? Quelles sont les limites de ces outils ? (problèmes d’échantillonnage notamment)

b- aspect psychosociologique : dans quelle mesure les instituts de sondage influent-ils sur le comportement des individus ou des groupes ?

c- aspect commercial et financier comme pour toute entreprise capitaliste.

d- aspect politico-médiatico -financier : quels sont les propriétaires et ceux qui contrôlent les instituts de sondage ? Quelles sont les articulations entre ces instituts, les grands médias et les hommes politiques ? Quelles sont les instrumentalisations politiques possibles ?

e - la fiabilité des sondages.

Il n’est pas question ici d’aborder tous ces aspects.

Nous abordons pour notre part les aspects (c) et surtout (d) traités trop succinctement par chacun des sites que nous avons consulté.(ils sont nombreux !).

Nous abordons la question dans la même optique politique documentaire que notre article concernant les agences de notation sur ce site : http://www.gauchemip.org/spip.php?a...

Il est important d’être conscient que le dernier aspect crucial (e) ne peut résulter que d’une simple analyse technique (a) mais doit être traité en rapport avec la totalité des aspects précédents.

Indiquons des références d’articles traitant de chacun des aspects que nous n’aborderons pas.

Pour l’aspect technique (a), on peut se reporter à wikipédia : Les sondages d’opinion : http://fr.wikipedia.org/wiki/Sondag...

Du bon usage des données d’opinion pour la décision politique de Raymond Boudon. http://www.asmp.fr/fiches_academici...

Pour le second aspect (b)  : Les sondages font-ils l’opinion ? http://www.constructif.fr/Article_3...

Le rôle et les effets des sondages sur l’élection présidentielle : http://vedel.blogspot.com/2007/03/l... Comment conditionner les réponses aux sondages avec l’effet de priming (comment confectionner les questions pour induire des réponses attendus) http://statosphere.fr/website/post/...

L’effet de mode (en anglais, bandwagon effect) http://fr.wikipedia.org/wiki/Effet_...

Sondages et effets bandwagon et under dog http://storage.canalblog.com/14/09/... Underdog Effet Bandwagon

Voir aussi Effet Floyd Mann dans Books Google.fr Sondage = machine à préformater http://objectif-sauver-la-terre.ove...

Pour l’aspect économique (c ) on peut se reporter aux sites des instituts de sondage pour avoir quelques informations de cet ordre. Liste des sites des instituts de sondage : http://www.sondages-election.com/so...

"Contrairement à ce que l’on rencontre aux Etats-Unis, en Asie et dans les autres pays Européens, le marché français des sociétés d’études est très atomisé avec pas moins de 400 instituts, dont beaucoup de micro- structures d’une ou deux personnes spécialisées notamment dans les enquêtes qualitatives. Les 100 principaux intervenants du marché emploient près de 5.000 personnes et réalisent un chiffre d’affaires de l’ordre d’un milliard d’euros" Source : http://www.surveystore.info/NSartic...

Ainsi, on trouve une liste de 183 instituts de sondage à http://marketing.europages.fr/annua...

Evidemment, notre étude ne portera que sur les principaux instituts de sondage d’opinion connus.

Pour l’aspect (e) , il existe deux sites spécialisés sur la critique des sondages d’opinion fournis par les instituts de sondage : Site : Sondons les sondages http://www.sondonslessondages.org

Site : L’observatoire des sondages dirigé par Alain Garrigou, universitaire indépendant, spécialiste des sondages. Cet observatoire exerce une veille scientifique sur les différentes facettes des sondages, non seulement les aspects méthodologiques des enquêtes et des statistiques mais aussi sur leur publication, leurs usages confidentiels et les commentaires politologiques ou journalistiques qui en sont faits quotidiennement. http://www.observatoire-des-sondages.org

En relation avec ce site : Manuel anti-sondages. La démocratie n’est pas à vendre , Editions La Ville brûle, septembre 2011.

ACRIMED Action Critique Médias donne des informations critiques actualisées sur l’ensemble des médias : http://www.acrimed.org

Nous avons remarqué le site du Mouvement des indignées de Marseille-Provence qui a fait une bonne étude sur le thème : Qui possède les médias ? http://democratie.exprimetoi.net/t9...

2- Les articles concernant les sondages sur le site du PG Midi-Pyrénées.

En tapant le mot "sondages" dans le moteur de recherche du site, on obtient une dizaine d’articles. On remarquera notamment l’article s’inspirant de Pierre Bourdieu (septembre 2006 : "Les sondages imposent les problématiques de la classe dominante" http://www.gauchemip.org/spip.php?a...

Ma contribution complète et approfondit les articles publiés sur ce site en septembre 2006 "Le capitalisme des sondages" http://www.gauchemip.org/spip.php?a... et celui de mai 2007 :

http://www.gauchemip.org/spip.php?a... beaucoup trop succinct.

Pourquoi notre contribution ?

Les instituts de sondage peuvent constituer un outil de domination (parmi d’autres) de la classe dominante.

Mais encore faut-il le montrer en mettant en évidence les liens de ces instituts avec le monde financier et les grandes fortunes.

Une fois de plus nous rencontrons ici les deux pôles de la classe dominante : celui de la propriété (grosses fortunes, actionnaires majoritaires qui peuvent être aussi des fonds de pension, etc.) et celui de la gestion – compétence (sociologues, anciens élèves de grandes écoles, statisticiens, docteurs en marketing, etc.). Sans avoir la prétention d’être exhaustif, nous donnons différents exemples de cette bipolarité.

Une étude approfondie nécessiterait un livre entier : par exemple, en mettant en évidence les participations croisées des actionnaires et propriétaires des instituts de sondage dans différents types de sociétés, dont les groupes de médias, en découvrant leur participation éventuelles à certains think –tanks où se réunissent journalistes, membres de cabinets ministériels, financiers influents, etc.

Notre étude ne permet que d’entrevoir la partie émergée de l’iceberg. Mais en cette période de réchauffement climatique, ce n’est déjà pas si mal !

Le lecteur tirera profit des différents liens qui donnent accès à une information plus élargie et qui contextualisent les informations que nous avons extraites.

Les instituts de sondage ne sont pas statiques : ils connaissent des évolutions dans leurs orientations, le recrutement des personnels, leur composition financière, etc.

Ceci rend difficile l’obtention d’une information toujours actualisée. Ainsi par exemple, certaines informations données par l’encyclopédie en ligne wikipédia doivent être mises à jour pour avoir une description valable pour 2010 et 2011. C’est ce que nous avons essayé de faire.

Le magazine en ligne Stratégies permet, entre autres, une actualisation des données. http://www.strategies.fr

Il n’en reste pas moins vrai que la donnée d’informations anciennes permet aussi de comprendre la nature de ces instituts.

3- Qui possède et contrôle les instituts de sondage ?

Passons en revue les instituts les plus connus et les plus influents.

3.1 IFOP

L’Ifop (institut français d’opinion publique) le plus ancien des instituts de sondage français, a été fondé en 1938 par Jean Stoetzel,

L’Ifop intervient dans au moins une cinquantaine de pays, à partir de ses quatre implantations : Paris, Toronto, Buenos Aires et Shanghaï.

- Chiffre d’Affaires consolidé : 36 millions d’euros
- Effectif total du Groupe Ifop : 195 collaborateurs

Répartition de l’activité :
- Opinion : 20%
- Panels : 10%
- Marketing : 70%

Direction de l’IFOP

Stéphane Truchi Président du Directoire, ancien président Ipsos depuis 2000 Laurence Parisot, Vice-présidente, actionnaire majoritaire, président du Medef. (Parisot est le 2ème constructeur mondial de meubles).

Olivier Bauby, Directeur Général, administrateur au CA de Syntec

Anne Pease Directeur Administratif et Financier, à été entre autres, directrice de mission pour Ernst&Young, a travaillé à la direction internationale du Crédit Lyonnais, a participé à la création de la banque sur internet Zebank http://fr.wikipedia.org/wiki/Instit...’opinion_publique http://www.ifop.com/?option=com_in_brief

L’IFOP s’est positionné dans le développement durable et à a créé l’’Observatoire annuel du Développement Durable (connu sous l’appellation ODD), issu de leur gamme Planète Care.

3.2 SOFRES devenu TNS –SOFRES

La Sofres fut créée en 1963 par Pierre Weill.

Ainsi le groupe SOFRES, qui possédait Louis-Harris France jusqu’en 2006, était détenu à 51 % par FIMALAC (Financière Marc Ladreit de Lacharrière),

En bref. En 1977 Taylor Nelson AGB et la Sofres fusionnent - Naissance de Taylor Nelson Sofres (d’où le sigle : TNS) . ; en 2003 : le groupe Taylor Nelson Sofres devient TNS et acquiert NFO ; en 2008 : rachat de TNS Sofres par WPP ; en 2009, TNS Sofres et Research International se rapprochent.

Quelques détails :

En 1991, Marc Ladreit de Lacharrière crée son propre groupe, la Financière Marc de Lacharrière (FIMALAC Financière Marc Ladreit de Lacharrière). Fimalac prend des participations dans diverses sociétés et devient un groupe international de services financiers qui possède Fitch Ratings, troisième agence de notation dans le monde, Algorithmics, société spécialisée dans la gestion du risque financier et TNS SOFRES, numéro deux mondial du secteur

Qui est Marc Ladreit de Lacharrière ? Le magazine les Échos en a décrit le parcours spectaculaire dans un article intitulé :"Les vies multiples de Lacharrière De L’Oréal à Fimalac, une étonnante ascension" ( n° 18415 du 01 Juin 2001 • page 54) http://archives.lesechos.fr/archive...

Le lecteur friand des aventures à la Rastignac pourra combler ici sa gourmandise.

La revue Challenge le classait 50e fortune de France en 2010 et 71e en 2011. Il détient 60 % du capital de Fitch et 82 % de Fimalac et 100 % de Algorithmics. Son patrimoine professionnel est évalué à 665 millions d’euros.

Fimalac est une société holding, une véritable nébuleuse opérant dans de multiples secteurs : http://www.liberation.fr/economie/0...

C’est un groupe de services financiers organisé autour de 3 pôles d’activités :
- prestations de notation financière (67,1% du CA ; Fitch Ratings ; n° 3 mondial) : destinées à évaluer les risques de crédit des entreprises ;
- prestations de mesure et de gestion des risques financiers (19,9% ; Algorithmics) ;
- commercialisation de données et d’outils analytiques (13% ; Fitch Solutions).

La répartition géographique du CA est la suivante : France (2,7%), Royaume Uni (11,5%), Europe (18,9%), Etats-Unis (36,1%), Asie (10,7%), Amérique latine (8%), Canada (2,1%) et autres (10%).

http://bourse.latribune.fr/actions/...

La société d’études Taylor Nelson-AGB et le numéro 1 français des sondages SOFRES (groupe Fimalac) ont décidé de fusionner leurs activités, le britannique prenant 100% de la maison-mère Financière SOFRES pour 1,275 milliard de FF, a annoncé Fimalac. Le nouvel ensemble, noté à la Bourse de Londres, deviendra le premier groupe européen d’études de marché et de sondages et le numéro quatre mondial, avec 2,8 milliards de FF de chiffre d’affaires et 4.500 salariés répartis dans 28 pays.

L’ensemble des partenaires du groupe Fimalac au sein de Financière SOFRES (CDR 12,2%, Banexi 12,5%, GAN 18,3% et Générale des Eaux 6%) céderont également leur participation. Fimalac-Communication souscrira à une augmentation de capital du nouveau groupe qui lui permettra d’en devenir le principal actionnaire avec 11% du capital.

Source : http://www.europolitique.info/sonda...

Le groupe WPP (LSE : WPP) est une holding, cotée à la bourse de Londres qui regroupe des agences de publicité et de communication. L’entreprise a été fondée en 1985 par Martin Sorrell

Le 10 octobre 2008, après de nombreux rebondissements, Sir Martin Sorrell, CEO du groupe WPP, réussit son offre de rachat de TNS Sofres, anciennement Sofres, en mettant sur la table 1.5 milliard d’euros en titres et espèces. Peu de temps après, en novembre 2008, le groupe britannique WPP délocalise son siège à Jersey (considéré comme paradis fiscal par l’OCDE Cette délocalisation, grâce à une fiscalité avantageuse, permettra à Sir Martin Sorrell de réaliser une économie de plus de £200.000.000 par an http://fr.wikipedia.org/wiki/WPP_Group

La vision économique et politique de Martin Sorrell est clairement exposée dans un long entretien du journal financier La Tribune (de décembre 2010) intitulé "On peut tailler dans le budget d’un État comme dans celui d’une entreprise" http://www.latribune.fr/technos-med...

Profil de quelques dirigeants  :

Henri Wallard, est diplômé de l’école Polytechnique et de l’école des Mines. Après avoir débuté sa carrière au ministère de l’Industrie, successivement à la Direction régionale des Pays de Loire (1983 à 1986), à la Direction de la Sécurité Nucléaire (1986 à 1989) et à la DGSI (1989 à 1990), il rejoint ensuite l’Andra (Agence Nationale de Gestion des Déchets Radioactifs) jusqu’en 1994. Il intègre alors le groupe Sofres et se consacre principalement à l’Internet en tant que directeur général du groupe. Il a ainsi fondé et dirigé, en, 1998, TNS Interactive, qui regroupe les compétences et les activités e-business de Taylor Nelson Sofres aux Etats-Unis, en Europe et en Asie. http://www.journaldunet.com/itws/it...

Édouard Lecerf est Diplômé de l’IEP de Grenoble. Il a débuté en tant que journaliste. Fort d’une carrière de plus de 20 ans dans le monde des études (Ifop, SIG, Louis Harris France, Ipsos), il rejoint TNS Sofres en janvier 2007 (après avoir passé 8 années en tant que Directeur général de Ipsos Public Affairs France). Directeur Général Adjoint depuis 2007, il était en charge de deux Business Units : Technology et Media, et Transports et Services. En 2010, il est nommé Directeur Général de TNS Sofres. http://www.tns-sofres.com/qui-somme...

Quelques données financières globales.

TNS est le 2e groupe mondial d’information marketing et d’études de marché Le groupe TNS a réalisé un CA de 1,5 milliard d’euros en 2007

TNS possède des bureaux dans plus de 80 pays répartis en Afrique, en Amérique du Nord et du Sud, en Asie-Pacifique, en Europe et au Moyen-Orient.

TNS emploie plus de 15 000 personnes full-time à travers le monde. TNS fait partie du Kantar Group, la branche Information et Conseil de WPP. http://fr.wikipedia.org/wiki/TNS_Sofres http://www.tns-sofres.com/qui-somme...

"Kantar, c’est une organisation basée sur la proximité, avec 13 divisions et 26 500 collaborateurs dans plus de 95 pays. C’est donc un accès plus facile et intégré à une combinaison d’expertises et de données sur le comportement et l’attitude du consommateur, pour une meilleure compréhension des motivations du consommateur" http://www.kantarmedia.fr/kantar.html

LH2 (ex Louis Harris)

Rappelons que Laurence Parisot était chargée d’études à l´Institut Louis Harris France en 1985. En 1986, elle devient directrice générale de l’Institut. Elle gardera ce poste jusqu’en 1990. http://www.medef.com/fileadmin/user...

C’est Philippe MECHET qui la remplace de 1990 à 1995 dont la carrière à la Sofres débute en 1985 en tant qu’ingénieur. Qui est Philippe MECHET ? Entre 1995 et 2003, il a été membre du directoire et directeur général adjoint de Taylor Nelson Sofres où il a occupé les fonctions de directeur monde des études politiques, corporate et d’opinion. Il a exercé les fonctions de directeur général d’EOS Gallup Europe durant la même période. Il la été directeur de la communication, des affaires publiques et des affaires européennes d’Electricité de France, de 2003 à 2005.

Président de l’Institut européen d’analyse géo-économique et éditorialiste à BFM et LCI entre 2005 et 2006, Il est Directeur de la Communication de Veolia Environnement depuis 2006 http://www.clubcom-mp.com/wp-conten...

Depuis 2006, l’institut est sorti du groupe TNS- SOFRES pour se rapprocher de l’institut Test dans le cadre d’une LBO 220 personnes

3.3 IPSOS

Institut créé en 1975 par Didier Truchot et Jean-Marc Lech La revue Challenge les plaçait en 2010 au 178e rang des fortunes françaises et en 2011 au 226e rang avec un patrimoine professionnel de 191 millions d’euros.

Présent dans 43 pays, Ipsos s’est hissé au 3e rang mondial des sociétés d’études par enquêtes. Avec 4 000 salariés (650 en France).

"Comment partir de rien, et de la banlieue industrielle de Valenciennes (Nord), pour parvenir au 139e rang des fortunes françaises ? C’est l’histoire de Jean-Marc Lech, coprésident d’Ipsos" Voir article de la voix du Nord : " Jean-Marc Lech (Ipsos) sondeur en or" http://www.lavoixdunord.fr/dossiers... CA évalué à 101 millions d’euros en 2009 http://www.ipsos.fr/ipsos-france-pr...

Ipsos fait partie du portefeuille de Fidelity European Fund : (fonds de pension américain) Voir rapport du groupe p78 https://www.fidelitypro.fr/common/p...

Le groupe Pinault en 1997 réalisait une prise de participation dans Ipsos http://www.groupeartemis.com/fr/med... Nicolas Bazire est administrateur de Ipsos. Depuis octobre 2006, il dirige aussi le fonds d’investissement, doté de 3 à 4 milliards d’euros, créé par Albert Frère et Bernard Arnault, le Groupe Arnault. Le 30 avril 2007, il rejoint le conseil de surveillance de Carrefour.

Il a participé à la conférence Bilderberg de 2011. Il a pris la direction de la Fondation pour l’innovation politique « cercle de réflexion » de l’UMP chargé d’anticiper l’élection présidentielle de 2012 http://fr.wikipedia.org/wiki/Nicola...

Pour plus de détails pour ses relations avec le pouvoir politique, voir par exemple : http://www.rue89.com/2011/09/21/ann...

2En 2010 Yannick Carriou reprend la direction générale d’Ipsos France. Acquisition de la société OTX (Etats-Unis). http://fr.wikipedia.org/wiki/Ipsos

3.4 CSA

Cet institut de sondage résulte de la fusion en 1998 des sociétés TMO et CSA, créées respectivement en 1974 et en 1983. Depuis juillet 2008, il est détenu par le groupe Bolloré.

Dans les années 2005, l’ensemble Bolloré Group prend la forme d’une holding de 206 sociétés, contrôlée par la famille Bolloré. Il compte 32 232 salariés dans le monde. 83 % d’entre eux sont employés dans les divisions ransport et logistique, 7 % dans l’industrie, 7 % dans la communication, les médias et les actifs financiers - 2 300 salariés - et 3 % dans la distribution d’énergie http://www.marsouin.org/IMG/pdf/bol...

Vincent Bolloré a une participation d’environ 45 % au capital de l’institut de sondage CSA (patron : Roland Cayrol) entre 2006 et 2008.

Pour prendre connaissance de l’ampleur de l’implantation de Bolloré dans le secteur des médias ne peut se reporter à : http://www.acrimed.org/article2630.html http://www.surveystore.info/NSartic...

Pour actualiser les informations contenues dans ces articles, voici une information du JDD "L’occasion était trop belle. En cédant 60 % de ses deux chaînes de télévision Direct 8 et Direct Star, à Canal +, Vincent Bolloré et son fils Yannick ont vendu au bon moment. Le prix offert est inespéré. Le groupe Vivendi, actionnaire de Canal +, valorise les deux chaînes à 465 millions d’euros. Bolloré a investi moins de 200 millions d’euros dans ces canaux. Le groupe se défend d’avoir fait un choix purement financier : « Nous ne touchons pas d’argent », explique Yannick Bolloré, directeur général de Bolloré Média." http://www.lejdd.fr/Medias/Televisi...

Ce qui est beaucoup moins connu et pourtant d’une grande importance stratégique au niveau politique est que Vincent Bolloré est administrateur à Médiamétrie.

" Depuis juillet 2004, il est devenu actionnaire principal d’Havas, le sixième groupe mondial de conseil en communication, qui possède des agences de publicité, et un pôle d’expertise et de conseil en médias. Vincent Bolloré le préside depuis juin 2006. C’est à ce titre qu’il a obtenu, en octobre 2007, l’un des quinze sièges permanents du conseil d’administration de Médiamétrie8, l’institut interprofessionnel français chargé de mesurer les audiences de la télévision, de la radio et de l’Internet" http://www.marsouin.org/IMG/pdf/bol...

Vincent Bolloré est classé 11e fortune de France en 2010 et 10e fortune en 2011 avec un patrimoine professionnel évalué à 3,8 milliards d’euros. (Challenge juillet – août 2011)

Depuis juillet 2008, l’institut CSA est détenu à 100 % par le groupe Bolloré1 qui a racheté les parts détenues par les actionnaires fondateurs (Claude Suquet, Roland Cayrol et Claude Tharreau).

CSA est dirigé jusqu’en 2010 par un directoire composé d’Etienne Giros, président, d’Henri Boulan, d’Elisabeth Martine-Cosnefroy et de Stéphane Rozès.

Ce dernier quitte CSA après dix-sept ans de maison pour créer Cap, Conseils Analyses et Perspectives. Etienne Giros, président du directoire, lui succède à la tête du pôle opinion, image et stratégies aux côtés de Delphine Martelli, qui garde la direction du département corporate.

Elisabeth Martine-Cosnefroy a quitté le groupe début juillet 2011 et créé son propre institut d’études Adequation Marketing Research (Adequation MR), suite à la nouvelle organisation mise en place par le PDG, Bernard Sananes qui succède à Étienne Giros : Bernard Sananès fut précédemment directeur de la communication d’EDF de janvier à septembre 2010, après avoir été directeur général d’Euro RSCG C&O (Havas).

http://www.strategies.fr/actualites...

http://www.strategies.fr/info/berna...

Delphine Martelli quitte la CSA pour rejoindre en septembre 2011 Harris interactive (LH2) Pour devenir directrice du département corporate.

Une fois de plus, on constate ici la mobilité des cadres supérieurs de la communication des grandes organisations.

CSA a été condamné le 20 septembre 2007 par la cour d’appel de Paris pour avoir illégalement licencié le délégué syndical CGT. Celui-ci a obtenu sa réintégration http://fr.wikipedia.org/wiki/CSA_(s...)

3.5 BVA

Créée en 1970 par Michel Brulé et Jean-Pierre Ville (qui donneront leurs noms à la société : « Brulé Ville et Associé »)

En juillet 2007, FCPI gérés par Edmond de Rothschild Investment Partners et la SCR Equity Vision ont cédé l’intégralité de leur participation dans le Groupe BVA au profit de la holding AXIOM &Cie (Edmond de Rothschild Investment Partners était entré en juillet 2004. A cette époque, le Groupe réalisait 23 millions d’euros ) http://medianet.lcf-rothschild.fr/e...

Le chiffre d’affaires de BVA est passé de 30 million d’euros en 2005 à 60 millions en 2010. 4ème institut d’études en France

Comme pour la plupart des instituts de sondage, le sondage d’opinion ne correspond qu’à une activité parmi d’autres (études sur la grande consommation, le marketing médical, études dans les télécoms, le multimédia et les NTIC, Comptages, études de flux de voyageurs ;…) BVA possède des filiales dans 5 pays

Jean-Louis Roidot qui a dirigé l’institut de sondages du groupe BVA, est un homme d’affaires qui préside depuis 1998 le Directoire de la banque d’affaires Marceau Finance est membre du Conseil de Surveillance de Marceau Investissements (société d’investissements créée par Georges Pébereau en 1987).

http://fr.wikipedia.org/wiki/Jean-L...

"Le portefeuille de Marceau recèle notamment des participations dans le groupe Bolloré Technologies, le couturier Thierry Mugler, Sysmark (marketing direct et bases de données) ainsi que la totalité du capital de l’institut de sondages BVA." (Les Echos n° 17168 du 14 Juin 1996 • page 18 http://archives.lesechos.fr/archive...)

On voit ici que la Finance ne connaît pas les cloisonnements : Georges Pébereau- BVA – Bolloré – CSA

3.6 OpinionWay

OpinionWay est une Société par actions simplifiée créée le 29 mars 2000 par trois anciens salariés de l’institut IPSOS : Hugues Cazenave, Benjamin Gratton et Yann Aledo Chiffre d’affaires 2010 : 8,940 millions d’euros. http://www.verif.com/societe/OPINIO...

Sa neutralité politique a été largement controversée : voir

http://fr.wikipedia.org/wiki/OpinionWay

http://www.lemonde.fr/actualite-med...

Dans un article de La Tribune intitulé : "L’institut de sondage OpinionWay sur la sellette", on a pu lire :

"La Cour des comptes a fait part jeudi de ses interrogations sur le contrat signé en juin 2007 entre la présidence de la République française et un mystérieux cabinet d’études, lui-même chargé de commander des sondages à l’institut OpinionWay pour 1,5 million d’euros par an."

http://www.latribune.fr/depeches/re...

Remarque : concernant l’institut Viavoice, wikipédia indique : "L’institut Viavoice a été créé en avril 2008 sous l’impulsion de ses fondateurs, issus d’instituts d’études renommés (LH2-Louis Harris, BVA, IFOP). Il est indépendant financièrement (par son capital) et politiquement." La dernière phrase laisse donc supposer que les instituts étudiés précédemment ne le sont pas… On pouvait s’en douter !

3.7 Médiamétrie

Cette société n’est pas un institut de sondage mais exerce une activité que l’on pourrait qualifier de connexe ou complémentaire.

Médiamétrie est une société anonyme leader des études médias qui observe, mesure et analyse les comportements du public et les tendances du marché des médias et de la communication. Créée en juin 1985, Médiamétrie est spécialisée dans la mesure d’audience des médias audiovisuels et interactifs

Pour connaître les mesures d’audience d’un point de vue technique :

http://fr.wikipedia.org/wiki/M%C3%A...

Remarquons que certains résultats de Médiamétrie sont accessibles sur son site et gratuits mais que la plupart sont payants et destinés à des professionnels de la communication (journalistes, publicistes, etc.) http://www.mediametrie.fr

"Les actionnaires de Médiamétrie sont aussi ses clients" peut-on lire dans un article détaillé sur Médiamétrie dans le journal La Croix intitulé : Dans les coulisses des mesures d’audience télévisée" http://www.la-croix.com/Culture-Loi...

Alors comment se répartit le capital de Médiamétrie ? voir http://www.mediametrie.fr/mediametr...

Donc indirectement, ce sont les propriétaires les dirigeants des grands médias (TF1, Radio France, RTL, union des annonceurs, etc.) qui financent Médiamétrie.

Qui dirige Médiamétrie ?

PDG : Bruno Chetaille, ancien PDG de TDF de 1992 à mai 2006, puis président du conseil de surveillance de la société holding de ce même groupe, Bruno Chetaille ¬connaît parfaitement les problématiques de la diffusion et n’est pas dénué de sens politique. Après HEC, il a commencé sa carrière à l’Institut national de l’audiovisuel, dont il a été le directeur commercial de 1980 à 1982, avant de rejoindre la Caisse des dépôts, la Générale des eaux, puis le cabinet de François Mitterrand, dont il est le ¬conseiller technique pour la communication de 1988 à 1992.

Source : http://www.strategies.fr/actualites...

Le Comité de Direction de Médiamétrie Le Comité de Direction du Groupe de Médiamétrie assure l’élaboration de la stratégie, la révision des politiques d’entreprise qui en découlent et le suivi des performances.

Outre les membres du Comité Exécutif, il se compose de :

Aurélie Vanheuverzwyn (Directrice Analyses et Méthodes Scientifiques)

Patrick Ballarin (Directeur Mesure d’Usage et Performance des Programmes) "Il était précédemment directeur associé de Réservoir Prod, la société de production dirigée par Jean-Luc Delarue. Il aura pour mission d’élaborer la mise sur le marché des résultats d’audience de télévision issus du Médiamat auprès de nouveaux clients, notamment les producteurs audiovisuels, les analystes financiers, les détenteurs de droits sportifs et les organismes syndicaux professionnels du cinéma."

http://www.strategies.fr/guides-ann...

Francisca Campos (Directrice des Ressources Humaines)

Julien Rosanvallon (Directeur du Département Télévision)

Henri False (Chargé de mission auprès du P-DG, P-DG de Metric Line)

Jérôme Méric (Directeur du développement des Systèmes de Mesure)

Yann-Olivier Rioux (Directeur Financier) Sources : http://www.mediametrie.fr/mediametr... http://www.annuaire-decideur.com/in...

Qu’est-ce que Metric Line) et qui dirige ?

Henri False et Gwilherm Nicolas http://www.mediametrie.fr/mediametr...

4- Le maillage des esprits.

4.1 L’opinion publique n’existe objectivement pas : c’est une fiction construite.

Wikipédia, s’appuyant sur un article assez célèbre de Pierre Bourdieu intitulé : "L’opinion publique existe pas", accessible en ligne à l’adresse suivante : http://www.homme-moderne.org/societ... résume ainsi ce point de vue :

"Le sociologue Pierre Bourdieu traitant du sondage d’opinion, considère l’objet « opinion publique » ainsi construit comme « un artefact pur et simple dont la fonction est de dissimuler que l’état de l’opinion à un moment donné du temps est un système de forces, de tensions et qu’il n’est rien de plus inadéquat pour représenter l’état de l’opinion qu’un pourcentage » et ajoute que « l’effet fondamental de l’enquête d’opinion [est de] constituer l’idée qu’il existe une opinion publique unanime, donc légitimer une politique et renforcer les rapports de force qui la fondent ou la rendent possible ».

Le sociologue Alain Accardo de même considère que la réalité de l’« opinion publique » « tient pratiquement tout entière dans ce qu’en disent les médias et tout spécialement aujourd’hui les instituts de sondage qui, sans s’interroger outre mesure sur le bien-fondé de leur démarche, collent à des fins d’agrégation statistique, cette étiquette abusivement globalisante et homogénéisante sur une série limitée d’opinions individuelles artificiellement provoquées par leurs questions et de surcroît arbitrairement considérées comme interchangeables »." (source : L’opinion publique. http://fr.wikipedia.org/wiki/Opinio... )

4.2 Le règne du marketing.

Comme nous l’avons déjà dit, les instituts de sondage ne consacrent qu’une fraction, le plus souvent minoritaire, de leur activité aux sondages d’opinion concernant la vie politique et sociale. Elles étudient plutôt les comportements dans les domaines de la consommation de biens et de services en tout genre. Ce sont des entreprises qui font des études de marché dans tous les domaines ou presque.

Avec la professionnalisation de l’activité politique, la plupart des partis politiques s’apparentent à des entreprises dont les parts de marché sont constituées de segments du corps électoral.. On pourrait parler de "marché électoral".

La rétribution financière des élus qui peut être parfois très importante en raison du cumul des mandats à laquelle s’ajoutent le prestige social, le pouvoir politique et économique que confère le statut d’élu, rendent particulièrement attractif ces entreprises politiques pour tous ceux et toutes celles qui ont le goût du pouvoir.

Constitution d’un carnet d’adresses bien fourni et de réseaux dans le monde des médias et des affaires, commande aux instituts de sondage de panels d’opinions concernant la vie sociale des Français de manière à pouvoir élaborer des discours politiques bien calibrés à la demande "populaire", connaissance du taux d’audience des interventions radiotélévisées grâce à Médiamétrie, assistance de conseillers en communication et autres spin doctors, font partie des méthodes de travail des acteurs de ces entreprises, devenus véritables market-managers de la politique gagne-pain. Le partage gourmand des circonscriptions entre partis alliés prend parfois des allures de combat de chefs. (d’entreprise !)

Les instituts de sondage s’inscrivent donc dans cet univers du marketing politique.

Certains créanciers des instituts sondage peuvent tirer profit de leur situation en commandant des sondages en rapport avec leur activité et induire certains comportements des populations- cibles. Par exemple, un fonds de pension peut commander des sondages sur le comportement des Français concernant la retraite et par le choix des questions induire certaines réponses valorisant la retraite par capitalisation. Le résultat du sondage est ensuite relayé en multi-supports par plusieurs médias, faisant ainsi progresser l’idée de la retraite par capitalisation.

Il faut donc considérer les instituts de sondage comme faisant partie d’un système médiatique global.

De même qu’un manager va faire évaluer l’efficacité de sa publicité via les médias par les instituts de sondage, le pouvoir politique, pour évaluer l’impact de ses argumentaires diffusés à grande échelle par les médias, commandera-t-il un sondage pour évaluer l’impact de sa propagande. La démarche est la même pour certains organes de presse qui peuvent ainsi mesurer l’efficacité idéologique de leurs articles politiques.

Le timing du sondage a aussi beaucoup d’importance. Par exemple, si l’on veut détériorer l’image d’un acteur politique, il est nécessaire d’organiser un sondage peu de temps après la tenue de propos qui peuvent le discréditer.

Mais on peut imaginer une instrumentalisation s’apparentant à une stratégie relevant de la guerre cognitive de type militaire. Par exemple, le pouvoir politique peut prendre toute une série de mesures pour provoquer des réactions relativement prévisibles de certaines catégories sociales (professionnelles, religieuses, etc.) ouvrant ainsi différents fronts de tension de manière à prévenir et diviser des mouvements de contestation sociale. Ces mesures s’accompagnent d’un grand déploiement médiatique. Cette pratique permet de disperser les forces du mouvement social mais peut aussi avoir une autre fonction : la diversion.

Pendant que les canaux médiatiques sont saturés par la "dispute sociale" du moment, le pouvoir politique peut faire passer dans la plus grande discrétion des décrets ou faire voter des lois dont la portée sont autrement plus importante. Cette "dispute sociale" (portant le plus souvent sur des questions sociétales et non sur des problèmes économiques ou politiques de fondamentaux), est amplifiée par une multitude de sondages qui occupent les colonnes de la presse et alimentent les "débats d’actualité" sur la 5ème chaîne, sur le BFM-TV, sur LCP, et font la joie des Guignols de l’Info…

4.3 - Le maillage des esprits par les instituts de sondage.

Les instituts de sondage opèrent sur trois axes : l’axe de l’individu ; l’axe du citoyen ; l’axe du consommateur.

Sur le premier axe, on trouve les sondages concernant la vie personnelle ou familiale, les goûts artistiques, la maternité etc. ; sur le second sont organisés les sondages concernant la vie sociale, professionnelle, politique.

Sur le troisième axe, le plus fourni, on trouve les sondages concernant les goûts relatifs à tous les produits de consommation de nature matérielle, immatérielle ou culturelle le relatif aussi à tous les types de services publics ou privés.(santé, enseignement, justice, services aux entreprises, communications, transports, etc.)

Remarquons que ces données statistiques fondées sur des sondages peuvent être complétées par les données statistiques de l’INSEE, du CEVIPOF ou autre institut utilisant abondamment des statistiques.

La population est ainsi l’objet d’un véritable quadrillage de leurs représentations mentales et sociales, de leurs comportements qui sont affectées d’un coefficient (généralement un pourcentage). Notons au passage que même les émotions (peur, crainte, colère, joie, etc.) peuvent être aussi l’objet d’une telle quantification.

Ce maillage de l’espace mental social peut conduire à l’idée "d’’individu moyen lambda" doué de représentations et de comportements type, et repérable comme un nœud dans un réseau tridimensionnel. En faisant des relevés statistiques périodiques, on peut obtenir une vision dynamique rendant compte de l’évolution de ces représentations dans un espace de phases. Il s’agit évidemment de pures abstractions statistiques, d’une fiction construite.

Les résultats obtenus sont évidemment d’une fiabilité variable mais certainement pas nulle ou toujours faible, car on comprendrait mal pourquoi les financiers, les publicistes ou les politiques assistés de leurs polytechniciens et autres techniciens issus des meilleures écoles supérieures de commerce et de statistiques investiraient des millions d’euros en pure perte.

Les information obtenues, dont la diffusion publique est très minoritaire, sont stockées dans d’immenses banques de données et peuvent être utilisées à des fins très diverses : du simple objectif commercial de vendre un produit efficacement à un objectif de manipulation de masse des esprits en vue de conquérir ou de conserver le Pouvoir. Et dans ce cas, les sondages sont des instruments de pouvoir. Il n’est pas nécessaire d’avoir lu Foucault ou Deleuze pour comprendre que ce maillage des esprits peut être un redoutable outil de contrôle social dans une société très autoritaire ou de type fasciste.

Hervé Debonrivage


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