Scandale des sondages OpinionWay : cette fois, la com’ de l’Elysée cafouille.

mercredi 22 juillet 2009.
 

« On commande des sondages, si des journaux veulent acheter les mêmes, nous, on n’y peut rien ! ». C’est presque par le fait du hasard que Claude Guéant a maladroitement tenté de justifier, ce dimanche 19 juillet au micro d’Europe 1, les soupçons de coproduction d’études par l’Elysée, Le Figaro et LCI.

Interrogé par Guy Birenbaum sur lepost.fr, le directeur d’Opinion Way qui tient à démontrer lui aussi qu’il n’y a pas d’affaire, dit exactement le contraire : « Tous les sondages réalisés par OpinionWay et publiés par Le Figaro et par LCI, absolument tous sans exception, ont été payés par Le Figaro et LCI et par personne d’autre. Nous avons toutes les factures correspondant à ces enquêtes et nous pouvons évidemment les produire si nécessaire ».

Se faisant plus précis sur les pratiques du milieu, Hugues Cazenave ajoute : « Comme tous les instituts, OpinionWay dispose d’enquêtes omnibus hebdomadaires qui permettent à nos différents clients d’acheter des questions en partageant les coûts fixes d’une étude. Cela signifie qu’une même enquête administrée à un même échantillon de 1000 personnes va être financée par plusieurs de nos clients (le Figaro et LCI, un cabinet de conseil, le Nouvel Observateur, la fondation Terra Nova, think tank proche du PS, etc.), qui bénéficient ainsi de tarifs avantageux pour des résultats de qualité. Ce qu’a acheté l’Elysée à ce cabinet de conseil, ce ne sont donc pas les enquêtes publiées par Le Figaro, mais des questions spécifiques, non publiées et issues de notre omnibus (d’où probablement la confusion dans la lettre de la Cour des Comptes et l’amalgame pratiqué par certains) ».

Et les arguments d’Etienne Mougeotte, viennent encore ajouter de la confusion à la confusion. Ainsi le directeur du Figaro a affirmé « que les sondages expriment des questions posées par le Figaro et que ces enquêtes sont payées par le Figaro. Je démens formellement qu’un sondage publié par le Figaro ait été payé par quiconque d’autre que le Figaro. Je conteste formellement que la présidence de la République ait pu financer un sondage publié par le Figaro ».

Presqu’autant d’acteurs que de versions des faits : pour Opinion Way, l’Elysée n’achète que des questions spécifiques non publiées par les journaux. Etienne Mougeotte, lui, dément que la présidence de la République ait pu financer un sondage publié par Le Figaro. Et Claude Guéant sème le trouble en expliquant que l’Elysée n’est en rien concerné par le fait que des journaux achètent les mêmes sondages que la présidence de la République ! Façon on ne peut plus explicite d’admettre l’existence de ces pratiques.

Des propos contradictoires qui laissent transparaître un certain laisser-aller dans la très calibrée et ultra-professionnelle communication de Sarkozy et de son entourage. Pris par surprise par ce rapport de la Cour des comptes qui devait faire la preuve du souci de la transparence de l’Elysée, voici la présidence, toujours prompte à l’offensive, incapable de trouver le bon angle de contre-attaque.

Considérée comme un fait mineur, dans un premier temps, la plupart des médias ont d’ailleurs foncé tête baissée dans le mur élyséen, s’extasiant sur les progrès faits par la présidence en matière de transparence. Ce n’est que dans un second temps que l’affaire Opinionway-Le Figaro a pris le dessus.

Au fil des jours, l’Elysée a du faire face au dévoilement de pratiques pour le moins « obscures », telles que le recours à des cabinets conseils, comme celui de Patrick Buisson (un cabinet sans bureau propre, simplement hébergé par une société de domiciliation), qui a refusé de répondre à tous les médias.

Même le si prolixe et intarissable Frédéric Lefebvre toujours prompt à sauter à la gorge de celui ou celle qui oserait émettre des critiques à l’égard du Grand Leader a été pris de court. Pas très inspiré, le sniper de l’UMP a donné dans le service minimum, défendant la « transparence totale » de l’Elysée sur ses comptes, en « rupture » avec le passé. « Les sondages à l’Elysée, c’est un outil indispensable pour fonctionner, et c’est un outil qui a toujours existé », a expliqué le porte-parole de l’UMP. Visiblement déjà agacé d’avoir à admettre que la présidence de la République se gave de sondages quand la coutume veut qu’en politique, on ne mange pas de ce pain là.

Au-delà des faits eux-mêmes, c’est l’incroyable légèreté des communicants de l’Elysée et de la direction du Figaro qui prédomine dans cette affaire. Les enquêtes Opinion Way-Le Figaro/ LCI apparaissent comme la boussole hebdomadaire de la communication et de la tactique politique élyséenne. D’où des accusations de connivence qui expliquent la réaction de la société des journalistes du Figaro. Car de l’accusation de connivence à la possibilité d’envisager que l’Elysée et Le Figaro poursuivent un objectif commun, il n’y a qu’un pas…

Alors que, dans ses pages, le journal n’a pas consacré une ligne à cette affaire, lundi 20 juillet le Figaro a réservé près d’une page à la nouvelle communication du président et son image de leader apaisé.

D’ici à ce qu’une enquête Opinion Way vienne nous confirmer que 89 % des Français trouvent le président « zen », « serein », « apaisé » et « calme »....


Signatures: 0
Répondre à cet article

Forum

Date Nom Message