La politique, la presse et les sondages à l’ère du marketing commercial (1) !

lundi 25 septembre 2006.
 

Attention danger sondages !

Les sondages occupent une place de plus en plus envahissante dans la campagne interne au Parti socialiste pour la désignation du candidat à la présidentielle. Dans la plupart des médias, ils remplacent toute analyse de fond sur les orientations portées par les candidats. Cette place des sondages est d’autant plus démesurée que la majeure partie des personnes interrogées actuellement, soit refusent de répondre (environ 30 % des personnes contactées), soit acceptent les questions mais n’ont pas d’avis (environ 30 % de ceux qui ont accepté de répondre).

A 7 mois de l’élection présidentielle, les sondages construisent donc une réalité politique artificielle plus qu’ils ne reflètent l’opinion profonde des citoyens sur les échéances à venir. D’ailleurs, à 7 mois des élections présidentielles précédentes (2002, 1995, et même 1981), les résultats des sondages donnaient tous des résultats complètement erronés par rapport à ceux qui sortirent des urnes. Il est donc urgent pour chaque militant engagé dans la campagne interne pour la désignation du candidat à la présidentielle de lutter contre la culture de l’audimat qui est en train de s’emparer du PS.

Omniprésents dans la vie politique, les sondages légitiment les actes et les paroles politiques.

Transformés en véritables porte-parole de l’opinion les journalistes interpellent les hommes politiques en leur assénant ce qu’ils considèrent comme des vérités inébranlables. Toute conclusion tirée d’un sondage tend en effet à devenir doublement irréfutable comme image de l’opinion du peuple et comme produit validé par la science. Les journalistes et politologues sont censés dire, mieux que les représentants du peuple eux-mêmes, ce que veux et pense le peuple. Cruel paradoxe.

Ainsi, en a-t-il été lors des sondages précédant le 29 mai 2005 : le travail d’explication de l’opinion a été accaparé par les journalistes qui expliquaient le non par la peur du plombier polonais. A travers les sondages, la presse dispose ainsi d’un outil redoutable pour conforter l’idéologie dominante, et ancrer la domination d’une opinion compatible avec l’ordre des choses. Un outil que tout militant de gauche se doit de mieux connaître pour en déjouer les pièges alors que se prépare 2007.

L’ère du « marketing d’opinion »

Il faut avoir à l’esprit que le sondage est la simple importation de l’étude de marché dans le domaine politique. Ainsi, dès le début du 20ème siècle, un sociologue, Paul Lazarsfeld énonçait qu’il n’existait « aucune différence de méthode entre l’étude du vote socialiste et l’étude de l’achat de savon ». Cette dimension marketing des sondages est particulièrement flagrante dans ce qu’on appelle les sondages omnibus, qui intercalent des questions de consommation et des questions d’opinion. Après avoir avoué que vous n’achetiez pas telle marque de biscotte, on vous demandera de choisir votre candidat à l’élection présidentielle ou de vous prononcer sur la dette publique de la France ; déroutant...

Les sondages transforment ainsi le citoyen en un consommateur d’idées, de slogans et d’images politiques. La politique tend à être perçue à travers les schèmes de l’économie : les hommes politiques deviennent des produits. ( à suivre)


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