24 avril 2006 Un sondage Harris Interactive annonce 31% pour Ségolène Royal au 1er tour et 53% au second

vendredi 24 avril 2020.
 

21 avril, la procession des sondeurs et des médias a ressorti en grande pompe l’épouvantail du Front National

Le 24 avril 2006, juste avant l’élection présidentielle 2007 « Le Parisien » publiait un « sondage qui dérange » mitonné par l’actuel directeur d’Harris Interactive. Il annonçait Ségolène Royal en tête du premier tour avec un magnifique 31 % des voix, score record pour un candidat socialiste. Bien sûr elle devait l’emporter par 53% des voix au second tour ! La rubricarde du « Parisien » (journaliste qui tient la rubrique), Nathalie Segaunes, ne cessait de parsemer ses éloges intéressés de piques contre les récalcitrants du PS : « il faudra qu’ils expliquent pourquoi ils ne veulent pas de la seule candidate qui peut battre la droite ». Les faits furent assez radicalement différents. Ségolène Royal fera 26 % au premier tour et 47 au second ! Dans ce même sondage extra lucide, Le Pen était crédité de 14 %. Il fera en réalité 10 %. Et Bayrou devait faire 5 % ! Il obtint 18,5 % et faillit faire basculer toute la carte politique. Bon anniversaire les voyants, les chiromanciens et les lecteurs de boules de cristal !

Gare ! Il y a quand même les « vrais arguments » ! Et notamment celui qui tue sur place les plus robustes objecteurs au pavlovien vote utile. Exemple foudroyant : la multiplication des candidats de gauche fait le lit de Le Pen au deuxième tour. Ah ! Toc ! Cloué le bec du bavard qui ne veut pas sauter dans le cerceau enflammé ! Pour ne pas reproduire le 21 avril, il faut donc limiter le nombre de candidats. C’est la condition de base. Voyons cela de plus près. Y-a-t-il un lien entre le nombre de candidats et le score du candidat de gauche le mieux placé ? Là encore c’est à la réalité des précédentes élections qu’il faut se référer. Le 21 avril 2002, il y avait 8 candidats de gauche. Jospin a péniblement dépassé les 16 %. Mais en 2007, il y en avait 7 et Royal a fait près de 26 %. Et en 1995, Jospin réalisait le plus faible score d’un socialiste au premier tour depuis 1974. Combien y avait-il de candidat à gauche ? Quatre seulement !! Les faits montrent qu’il n’y a donc pas de rapport entre le nombre de candidats et le score du candidat de gauche qui arrive en tête.

Mais, quoi ! Vous niez la percée de Marine Le Pen ? N’est-elle pas annoncée autour de 20 % des voix ? Oui, nous avons vu cela. Comparons. Voyons le passé. On peut y faire un constat simple. Ce n’est pas depuis Marine Le Pen que l’extrême droite est à 20 %. Cela fait en réalité une quinzaine d’années que c’est le cas ! A la présidentielle de 1995, l’addition des scores de Le Pen et de De Villiers au 1er tour donnait 19,74 %. A celle de 2002, l’addition des scores de Le Pen et Mégret donnait 19,2 %. La même élection voyait aussi Chasse-Pêche-Nature et tradition (CPNT) à 4,23 % et Christine Boutin à 1,19%. Les intentions de vote attribuées à Marine Le Pen ne constituent donc en rien une « percée historique ». Mais ce qui est vrai c’est que c’est la première fois qu’elle représente seule cette famille politique. L’extrême droite est unifiée en France. La force va donc à la force. Et les commentaires aveuglés suivent le mouvement en boursouflant sa réalité.


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