Malgré l’éditorial du Monde (26 mai), malgré Frédéric Lefebvre qui veut nous faire travailler en congé maladie... l’explosion sociale couve

mercredi 27 mai 2009.
 

Alors, elle ne vient pas cette explosion sociale annoncée ?

Ouf, mai 09 est quasi passé. Un de plus sans répétition de mai 68 ! Pourtant, écrit Noblecourt en page 2, éditorial véritable du Monde (26 mai), tout le monde pronostiquait l’explosion sociale, Alain Minc, Le Nvel Obs, Villepin, Besancenot, et alors ? Il souligne même que le pouvoir a pu arrêter 74 salariés ERDF sur leur lieu de travail… sans que les syndicats ne bougent. Oui, c’est vrai, les directions syndicales sont unies mais sages », trop sages dans un cas pareil. Noblecourt cite Caterpillar, Continental, Molex, pour mieux conclure à « une forte déprime collective tissée par une kyrielle de colères individuelles ». Voilà, ils orchestrent l’annonce de la montée probable de la révolution et orchestrent aussi la publicité sur la fin probable de la période où elle devait monter : c’est pratique les médias sarkozystes, ça fait les questions et les réponses, la peur et la fin de la peur. Le même tocsin sert aux deux fins. Ensuite ils se glorifient dans les deux cas.

Comme Viansson-Ponté qui osait écrire en février 68 que « la France s’ennuyait » et lui, qui ne voyait rien venir de ce qui crevait les yeux, a ainsi été glorifié à l’infini d’avoir pressenti mai 68 ! Parions que Noblecourt pourra se retourner demain, quand ça va exploser, et affirmer que derrière le constat de la « déprime sociale » il avait tout prévu… Parce que, entre nous, ça couve, ça couve… Ca ne se passe jamais deux fois pareil. L’histoire réelle est toujours plus complexe que l’histoire projetée. Personne ne sait ce que sera le déclencheur. Ni quand. Mais la plaine est sèche et attend son étincelle… Et ce pouvoir sarkozyste le plus inique depuis 60 ans multiplie les provocations…

Ainsi Lefevre UMP propose qu’on modifie encore le Code du travail pour qu’on puisse continuer à travailler chez soi quand on est en congé maladie ou en congé maternité, il appelle cela de « nouveaux droits pour les salariés ». On nous dit qu’il abuse, qu’il serait minoritaire même à l’UMP. Mais non, ce ballon d’essai en cache d’autres. Avec le même abus de langage sur le « volontariat » du salarié, ils proposent qu’il ait « la liberté de travailler le dimanche », « la liberté de travailler 65 h (directive européenne déposée sous la présidence Sarkozy refusée le 17 décembre 2008 par le Parlement par 471 voix contre 243) » par semaine… Comme si « la liberté » existait en droit du travail avec 3 millions de chômeurs et des salaires bloqués de façon draconienne… Ce qui caractérise un contrat de travail c’est « un lien de subordination juridique permanente » : seul l’employeur décide de la naissance du contrat, de la gestion du contrat, de la fin du contrat… Tout salarié est subordonné : Lefèvre veut étendre « la liberté » des employeurs d’en abuser.

Ainsi l’UMP a déposé une proposition de loi pour que les entreprises puissent « prêter » des salariés aux autres : « loueurs de bras » individualisés contre droit à l’emploi avec contrat de travail légal et conventionnel. Ainsi ils proposeraient aussi que les intérimaires ne se voient plus appliqués tous les droits du contrat de travail et des conventions dans les entreprises où ils sont placés. Demain ils feront pareil avec les CDD. Comme ils ont établi les « ruptures contractuelles » sans motif : c’est un record, c’est une hécatombe. 66 951 ruptures recensées dont 13 326 dans le seul mois de mars 2009 : dans ce tête à tête solitaire individualisé sans rapport de force collectif, les salariés perdent leur emploi par dizaines de milliers chaque mois, sans même un PSE, sans mesure sociale… Et on voit des entreprises qui vont jusqu’à diminuer leurs effectifs par rupture contractuelle pour passer en dessous des seuils qui leur imposent des obligations… Ils essaient ainsi dans le cadre du Code du travail « recodifié » selon un plan qui permet facilement de tout casser, pièce après pièce, d’enlever tous les droits, ils essaient de nous cuire à petits feux sans qu’on s’en aperçoive…

Mais nous sommes sans doute le salariat le plus politisé au monde, celui qui a le plus de tradition de luttes, de 68 à 73, 79, 86, 95, 2003, 2006, alors Noblecourt n’enterrera pas cela avec un éditorial !


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