Un communique signé de Archie Velveth et de Marc-Raoul Jennar met “Christian Picquet” de “lui-même” hors du NPA

jeudi 26 mars 2009.
 

La direction du NPA a réussi sous des prétextes indéfendables politiquement, à refuser l’amendement de sa minorité “UNIR” dirigée notamment par Christian Picquet qui proposait un front de gauche unitaire pour les élections européennes du 7 juin 2009.

Le congrès de NPA a voté contre à 76%. Ce qui laisse transparaître 24% qui n’étaient pas en désaccord. La minorité “UNIR” n’en a pas moins aussitôt été exclue du bénéfice de la représentation proportionnelle à la direction. Sur les 26 membres présentés par la tendance “UNIR” (pour un comité national de 160 membres…) apparemment 13 ont été “retenus” et 13 ont été écartés par la direction - dont Christian Picquet lui-même !

La représentation proportionnelle au sein d’un parti, et de façon générale, pour d’authentique démocrates, est pourtant un principe démocratique intangible !

Ce qui a été fait au sein du NPA en sélectionnant les “élus” de la minorité UNIR et en les divisant par deux, en écartant leur porte parole est un terrible déni de droit. Dans un parti “nouveau”, cela relève de pratiques anciennes parmi les pires de l’histoire de la gauche. Pourvu que cette violation de la représentation proportionnelle ne fasse pas école dans les partis qui la respectent encore à gauche ! (et par exemple pourvu que certains dirigeants du PS qui en rêvent, on le sait, ne parviennent jamais à imposer une telle pratique réactionnaire !).

Evidemment, après avoir exclu Christian Picquet de la direction, il ne reste plus qu’à dépecer le courant : le communiqué signé Velveth et Jeannar affirme que Picquet “s’est mis de lui-même en dehors du NPA”. Il signale en tant que direction du NPA, que UNIR se scinde alors en deux groupes, ceux qui veulent rester au sein du NPA et ceux qui veulent pratiquer l’unité avec le front de gauche PG/PCF. Des 16% d’UNIR au congrès, il suffit de dire qu’il n’en reste plus “qu’une cinquantaine” qui, voulant faire une “gauche unitaire”, ont une “volonté de nuire au NPA” et s’excluent donc à leur tour “du sigle NPA” (sic). Les autres, précise le communiqué, “qui restent” au NPA… “y ont normalement ont toute leur place” (sic).

C’est trop tellement cela fleure bon son procès néo stalinien. Quelle tristesse ! Les reproches faits à Picquet qui milite a l’extrême gauche depuis plus de 35 ans, qui est membre de la LCR depuis 1979, qui en est permanent (payé à mi temps alors qu’il travaillait a plein temps, 16 ans sur 27 ans de bons et loyaux services), qui est âgé de 55 ans et a donné toute sa vie à la construction de ce parti… Il était si mal payé qu’il doit s’attendre à un minimum vieillesse en guise de retraite…

Le voilà “mis de lui-même hors du parti…. parce qu’il n’a pas été présenté par un “comité de base”, sans doute il n’a pas payé sa derniére cotisation (sic) …Il était opposé à la méthode de lancement du NPA par dissolution de la LCR… le voilà lancé, expulsé, dehors par une sale méthode ! On croit cauchemarder de tant de duplicité à l’égard de la démocratie et tout simplement d’irrespect militant humain… mais non, le stalinisme n’a pas été éradiqué - même dans une organisation qui se réclamait du trotskisme et qui, il est vrai, ne s’en réclame plus.

Et si je comprends bien le communiqué est signé Velveth et MR Jennar (que j’aurais cru mieux inspiré) mais pas de Krivine ni de Sabado ni de Besancenot ! ca, dans le détail, c’est presque le pire, cette manière de faire régler ses comptes par des petits “nouveaux”. Pourtant on connaît la main des maîtres : c’est la même qui a déjà mis “hors norme” donc hors du parti,17 % de la LCR sur proposition de Krivine-Bensaid en plein congrès en juin 1994, ceux qui lisent ce blog les connaissant, c’étaient les militants qui ont développé D&S dont j’étais le porte parole…

Comme m’a dit Christian Picquet : “il m’arrive ce qui t’es arrivé à toi, il y a 15 ans”. L’expérience est la chose au monde qui se partage le moins. Je me suis permis d’ironiser sur le fait q’il y a 15 ans, Picquet avait voté dans une circonstance similaire, contre mes amis et moi… Je ne souhaite aucun mal à MR Jeannar, mais je lui rappelle ici de façon bricolée quelques aphorismes genre : “chat échaudé craint l’eau froide”, “si ce n’est toi c’est donc ton frère”, “ne fais pas aux autres ce que tu peux redouter qu’on te fasse”, “au royaume des aveugles… ” “Si tu ne respectes pas une minorité aujourd’hui prends garde à ne pas être minoritaire demain... ”etc.

Car on nous avait mis “hors norme”, nous, minorité de la LCR en 1993. J’avais interrogé alors Pierre Broué, historien éminent du trotskisme, pour savoir si la “mise hors norme” avait déjà été pratiquée en un siècle de mouvement ouvrier, il m’avait répondu “non”. Mais il est vrai que cela à l’avantage d’éviter les votes, c’est excellent pour l’hypocrisie qui consiste à exclure sans exclure : “Ce n’est pas nous qui vous virons, c’est vous qui partez”… grand classique !

En 1993, les mêmes qui viennent de scissionner le NPA à peine né, nous excluaient en congrès au “sein” de la LCR de tout droit à écrire un article dans Rouge, de la ou les revues, nous refusaient tout droit d’éditer des livres, nous interdisaient de parler au nom de la LCR dans toute réunion publique, nous écartaient de la direction réelle, chassaient les permanents qui étaient de notre sensibilité, et refusaient tout compromis, tout arrangement, tout modalité même démocratique minima ( nous avions proposé honnêtement un modus vivendi raisonnable en 13 points pour parvenir à fonctionner en commun en se respectant… cf. bulletins intérieurs de l’époque) Ils disaient “- Vous pouvez rester, mais vous êtes “hors normes”. On n’avait plus de droit en tant que militants.

Là, en 2009 c’est pareil : ” Ils peuvent rester mais il ne faut plus qu’ils existent, d’ailleurs on a viré leur dirigeant principal de la direction, on y met deux autres membres, autant dire qu’on choisit nos fidèles et disciplinés opposants”… Personne ne se souvient dans cet ex parti trotskiste dorénavant appelé NPA du meilleur de la tradition bolchevique (avant la nuit noire du stalinisme) où les fractions s’exprimaient publiquement ? Non, car comme dit Krivine aux militants du NPA par télévision interposée : “le bilan du passé n’est pas intéressant, tournons nous vers l’avenir”

Je répondrai que sans passé on n’a pas d’avenir, et avec un mauvais passé dont on a pas tiré le bilan, l’avenir ne peut être qu’inquiétant…

Gérard Filoche


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