Unité, le NPA à la croisée des chemins ? (par Gauche Unitaire)

dimanche 11 octobre 2009.
 

La direction du NPA a-t-elle, majoritairement, su tirer des leçons de l’épisode des européennes ? Etant apparu alors comme ayant fait le choix de la division des forces à gauche du PS, le NPA en avait payé un prix non négligeable : difficultés dans le cadre de la campagne à répondre à de nombreuses interpellations, et au final un résultat fort décevant au regard des objectifs fixés et des espoirs entretenus. L’argument mis en avant pour justifier le cavalier seul – l’absence de garantie quant à l’indépendance par rapport au Parti socialiste – n’avait pas convaincu.

Aujourd’hui, dans la perspective des prochaines élections régionales, le NPA affiche une volonté unitaire. Sans céder sur l’exigence des nécessaires clarifications politiques, en particulier en termes d’indépendance par rapport au PS et au social-libéralisme, le NPA ne dit plus faire de celles-ci des préalables à la recherche de cette unité souhaitable et nécessaire entre les forces anticapitalistes et antilibérales.

Cette rentrée politique marque ainsi une évolution dans le discours du NPA.

Lors de la fête de L’Humanité, le NPA s’est adressé aux militants du Parti communiste de manière fort positive. Le texte alors diffusé par le NPA développait une analyse avancée dès son université d’été et qui rejoint une compréhension des enjeux de la situation politique à présent largement partagée :

« Les grandes manœuvres entre le MODEM, le PS et les Verts ont commencé. Elles marquent un déplacement à droite de toute une partie de la classe politique dans une alliance de centre gauche qui mène droit dans le mur. Nous savons toutes et tous quelles furent les conséquences catastrophiques d’un tel choix en Italie : une alliance de centre-gauche, incluant la gauche radicale, bat Berlusconi puis mène une politique de droite, antisociale et militariste, qui prépare la voie à Berlusconi II. Aujourd’hui, il n’y a plus un seul député de gauche au Parlement italien. »

Et faisait découler de ce constat une exigence elle aussi largement partagée - « Face à cette dérive, il faut absolument proposer une autre voie, celle qui combine unité, radicalité et indépendance politique » -, assortie d’une proposition constructive : « Nous proposons donc au PCF, au PG, à la Fédération, aux Alternatifs et à LO un accord unitaire durable, dans la rue et dans les urnes, fondé sur un plan d’urgence sociale et écologique répondant aux besoins de la grande majorité de la population. »

Ensuite,la réunion unitaire de toutes les forces se situant à gauche du PS, qui s’est tenue le 28 septembre, et a débouché sur une déclaration commune. Déclaration rendue possible par l’acceptation par le NPA que, compte tenu des rythmes de débat des uns et des autres, il n’était pas possible à cette étape d’affirmer la nécessité de l’autonomie des listes par rapport au PS, et d’une formulation rendant compatibles les positions des uns et des autres quant aux objectifs en termes de prises de responsabilités au sein des Conseils régionaux : « Face à un capitalisme de plus en plus brutal et sauvage et à un gouvernement bien décidé à accélérer le rythme de ses attaques, rien ne doit détourner de la nécessaire construction d’une alternative à la logique du système capitaliste et productiviste. Sur cette base, il faut œuvrer à gagner la majorité des travailleurs et des citoyens aux perspectives ouvertes par une gauche de combat. Voilà nos priorités. »

Par ailleurs, le NPA, en la personne de Pierre-François Grond, a participé à la table-ronde organisée dans le cadre des Université de rentrée du courant du Parti socialiste « Un Monde d’Avance » (dirigé par B. Hamon et H. Emmanuelli), débat visant pour ses initiateurs à mettre en scène les accords possibles en termes de programme entre ce courant socialiste et les autres forces participantes.

Tous ces éléments accréditent l’idée d’un possible tournant unitaire du NPA. Ce dont on ne pourrait que se féliciter. Pourtant l’optimisme en la matière se voit tempéré par les prises de position telles que posées dans le débat interne.

En juillet, le Conseil Politique National (CPN), la direction du NPA, avait mis comme conditions à un accord aux régionales, « le choix de l’indépendance et le refus d’entrer dans des coalitions de gestion du système et des régions, un bilan critique de la gestion des six dernières années, la possibilité d’accords au second tour (qui excluent évidemment le Modem) pour battre la droite mais sans accord de gestion » (1).

Quant au CPN de septembre, face à un amendement proposant d’atténuer la formule concernant la participation aux exécutifs des conseils régionaux, il a confirmé par un vote majoritaire le verrou posé en juillet : « […] un programme de mesures d’urgence contre l’offensive patronale, en opposition déterminée à la politique gouvernementale et à l’extrême droite, dans l’indépendance vis-à-vis du PS et du parti des Verts, impliquant le refus de toute majorité de gestion et par conséquent de participation à tout exécutif de région avec eux. »

La formule « impliquant le refus de toute majorité de gestion et par conséquent de participation à tout exécutif de région avec eux » ayant été opposée à celle qui proposait : « impliquant le refus de tout accord de gestion ».

A quoi il convient d’ajouter que la volonté de battre la droite au second tour se voit atténuée par les hésitations touchant aux questions du 2ème tour, caractérisées comme « tactiques », et à l’éventuelle fusion des listes de gauche au 2ème tour.

De telles distorsions entre les positions adoptées au sein des instances du NPA et les actes politiques posés publiquement interrogent. Elles laissent en effet planer le soupçon du double langage tel que pratiqué lors de précédents rendez-vous politiques.

Reste que l’accent mis fortement par le NPA, et ce depuis son université d’été et réaffirmé depuis à maintes reprises, quant au risque d’une possible désintégration de la gauche, selon le scénario qui s’est réalisé en Italie, ne peut qu’inviter tout à chacun à faire preuve de la plus grande responsabilité politique.

Face à de tels enjeux on comprendrait mal que les ambitions politiques se bornent à trouver le bon moyen de se débarrasser du mistigri de la division. La seule préoccupation qui vaille doit être de réunir les conditions d’un rassemblement des forces anticapitalistes et antilibérales pour proposer une alternative crédible au social-libéralisme et au Parti socialiste. C’est bien la possibilité d’une gauche de gauche à vocation majoritaire et donc apte à modifier positivement les rapports de force entre les classes qui est en cause. Les militantes et militants du NPA ne sauraient donc se défausser de leurs responsabilités au regard de cet enjeu.

(1) Ensuite les formulations concernant la participation aux exécutifs régionaux ont varié selon les interlocuteurs. Dans le communiqué publié avec le PG, on lisait que les élus du NPA « refuseront de contracter des accords de gestion avec les dirigeants du PS et d’Europe écologie ». Avec le PCF, était en revanche avancée l’exigence selon laquelle « l’indépendance vis-à-vis de la gestion sociale-libérale doit être assumée jusqu’au bout, et donc l’ensemble des élus issus de chaque formation partie prenante des listes unitaires refuseront de contracter des accords de gestion avec les dirigeants du PS et d’Europe écologie ». Avec la Fédération, avait été rendue publique une formulation commune indiquant que « l’indépendance vis-à-vis de la gestion sociale-libérale doit être assumée jusqu’au bout, et donc l’ensemble des élu-e-s issus de chaque formation partie prenante des listes unitaires refuseront de contracter des accords de gestion qui cautionneraient une politique sociale-libérale de gestion avec les dirigeants du PS ou de toute formation centriste (écologiste ou pas) ».


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