Israël Gaza

jeudi 11 avril 2024.
 

Sous l’impulsion du premier ministre, Benyamin Nétanyahou, Israël réoccupe l’étroite bande de terre après l’avoir asphyxiée pendant seize ans. Le maximalisme du gouvernement le plus extrémiste de l’histoire du pays fabrique une crise humanitaire et empêche une reconstruction de Gaza si d’aventure les armes finissaient par se taire.

Six mois se sont écoulés depuis les massacres de civils israéliens perpétrés par le Hamas, le 7 octobre 2023, et le sang n’en finit pas d’être versé à Gaza.

Israël y conduit la plus longue guerre de son histoire, la plus meurtrière et la plus dévastatrice aussi, au point d’ouvrir une nouvelle étape, effroyable, dans un conflit prisonnier depuis longtemps de ses drames.Guerre Israël-Hamas : six mois après l’attaque du 7 octobre 2023, le bilan de l’offensive israélienne à Gaza

Les mois écoulés ont en effet confirmé les pires craintes. L’armée de l’Etat hébreu a répondu à la terreur répandue par le Hamas par de nouveaux paradigmes. La disproportion est devenue la norme, réduisant à néant la distinction entre les miliciens et les civils. Elle a pour allégorie une intelligence artificielle, selon un site d’investigation israélien, chargée de sélectionner des milliers de cibles humaines sur la foi de services de renseignement qui n’avaient rien vu des préparatifs du 7 octobre, ni du gigantesque réseau de tunnels creusé par le Hamas. Pour quel résultat ? Quatre mois après avoir investi le plus grand hôpital de Gaza pour y traquer des combattants du Hamas, l’armée israélienne a jugé nécessaire d’y lancer un nouvel assaut meurtrier et particulièrement destructeur à la fin du mois de mars. Jusqu’au prochain.

Sous l’impulsion du premier ministre, Benyamin Nétanyahou, dont la survie politique est indexée sur la destruction de Gaza, faute d’avoir été capable de parvenir à la libération des Israéliens capturés le 7 octobre pas plus qu’à l’éradication du Hamas, Israël réoccupe l’étroite bande de terre après l’avoir asphyxiée pendant seize ans. Le maximalisme du gouvernement le plus extrémiste de l’histoire du pays ne fabrique pas seulement de toutes pièces une crise humanitaire d’une ampleur inédite. Il annonce l’empêchement d’une reconstruction de Gaza si d’aventure les armes finissaient par se taire.

Cette dérive israélienne a été permise par l’aveuglement des Etats-Unis, dont les timides réserves ont été comprises, à juste titre, comme un acquiescement. Après les décimations de civils, de journalistes et de travailleurs humanitaires palestiniens, il a fallu la mort de six employés étrangers d’une organisation non gouvernementale américaine, tués par les tirs successifs d’un drone israélien au cours d’un déplacement pourtant coordonné avec l’armée israélienne, pour que le président Joe Biden hausse le ton. Pour obtenir quoi ? La promesse de faciliter l’arrivée de l’aide humanitaire indispensable pour éviter la famine, autrement dit le strict minimum qu’on attend d’une démocratie digne de ce nom.

Le parti pris de Joe Biden, qui lui coûtera peut-être sa réélection en novembre, n’est pas seul en cause. Il faut y ajouter l’impuissance dont les gouvernements européens ont délibérément fait le choix, alimentant les critiques sur leurs principes à géométrie variable. Les signataires arabes d’accords de normalisation avec Israël ne trouvent rien à redire, eux non plus, à ce qui se passe à Gaza. La Russie et la Chine s’en tiennent également à une très médiocre posture de contempteurs de l’Occident.

Cette somme de paralysies enterre le très frêle espoir soulevé après les premières semaines de guerre : celui d’une prise de conscience que seule une perspective politique peut garantir la sécurité aux deux peuples enfermés dans la haine. Six mois après le 7 octobre 2023, cette dernière triomphe. Comme jamais.


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