1) La République française naît le 22 septembre 1792
Elle hérite alors du long combat de plusieurs siècles contre le totalitarisme royal et clérical.
La fondation de la république française est le fruit de la forte mobilisation populaire sans cesse trompée par le roi.
Jusqu’en 1944, les cléricaux, royalistes et fascistes divers vont combattre cette république française exécrée qu’ils surnomment "la gueuse". Pourquoi cette haine ?
* parce qu’ils veulent en revenir à la société autoritaire et inégalitaire d’Ancien régime
* parce qu’ils sont opposés au suffrage universel, à la souveraineté populaire et aux droits de l’homme
* parce qu’ils ne veulent pas de l’école publique et de la laïcité, coeur du républicanisme
* parce qu’ils combattent les valeurs émancipatrices du mouvement républicain
* parce que le risque de confluence entre dynamique égalitaire et citoyenne de la révolution française et développement du mouvement ouvrier fait peur aux classes possédantes
Quiconque constate le poids du fascisme clérical au 20ème siècle en Europe (Espagne, Italie, Portugal, Autriche, Allemagne, Flandre...), dans des pays musulmans comme en Israël peut comprendre en quoi le combat républicain français avait un aspect progressiste, démocratique.
Prenons un exemple Du 6 au 12 février 1934, la France ouvrière et républicaine stoppe le fascisme
Cependant, dès sa source, le fleuve républicain se divise en deux branches : la république sociale et la république bourgeoise.
2) La république sociale
C’est la république avec le social (rôle central de droits sociaux réels).
C’est la république comme moyen d’égalité (retraite, sécurité sociale, services publics) et comme moyen d’émancipation.
C’est la république avec la laïcité et le rôle protecteur de l’Etat.
C’est la république comme symbole des progrès humains arrachés aux puissants, à la droite et aux fascistes depuis 1789.
La République française naît soeur jumelle de la Révolution française, une grande et vraie révolution durant laquelle les paysans font exploser l’oppression seigneuriale, durant laquelle les sans-culottes urbains obtiennent des droits sociaux fondamentaux, durant laquelle l’idéologie dominante papale s’évapore temporairement, durant laquelle les soldats de l’An 2 font rouler les trônes comme des feuilles mortes.
La République française naît jumelle d’une souveraineté populaire réelle du processus constituant commencé par les cahiers de doléances, poursuivi par la discussion sur la Constitution de l’An 1 durant laquelle les citoyens des plus petits villages passent des journées entières en réunion.
Un tel évènement marque l’histoire d’un pays pour plusieurs siècles.
Ainsi, la république française elle-même garde l’anniversaire de la prise de la Bastille comme fête nationale ; ainsi, son drapeau reste celui des Sans-culottes ; ainsi son hymne reste celui des volontaires stoppant l’invasion étrangère.
Ainsi, le vrai courant républicain français est resté celui de la république sociale, des républicains de la veille en 1848, des Résistants face au fascisme. En 1968, j’ai été impressionné par l’importance de cet héritage au coeur du peuple français.
Ce courant Pour la République Sociale s’est logiquement prolongé en osmose avec le socialisme, de la Conjuration des Egaux à la Commune, de 1905 à aujourd’hui. Il demande évidemment à évoluer en fonction des nouveaux problèmes posés à l’humanité (environnement) et des aspirations humaines exprimées (féminisme, droits des homosexuels...).
3) La république bourgeoise
C’est la république théorisée par Marine Le Pen, Nicolas Sarkozy, Xavier Bertrand et Manuel Valls, essentiellement définie par l’obligation de respecter la loi.
C’est la république dans laquelle la souveraineté populaire est fictive car limitée à un vote important tous les 4 ou 5 ans sous un mode de scrutin fonction de l’intérêt des puissants (voir USA par exemple) et sous influence dominante de médias aux ordres.
C’est la république contre le social, contre le peuple, pour un Etat sécuritaire et au service réel du grand patronat.
Quand les partisans de la république sociale ont été en position de prolonger la Révolution française, la bourgeoisie a stoppé le processus par un coup d’Etat ou un massacre :
* c’est le cas lors de la discussion sur la Constitution de l’An 1 qui allait être validée très majoritairement. Le coup d’état du 9 thermidor puis la terreur blanche rétablissent le pouvoir politique de la bourgeoisie
* c’est le cas après 1830
* c’est le cas en juin 1848
* c’est surtout le cas durant la Commune
* c’est le cas en 1944 1947
* c’est également le cas évidemment au niveau international où toute mobilisation populaire, toute aspiration polaire de masse a subi une telle répression que le mouvement en a perdu sa spontanéité démocratique, de la Révolution russe au coup d’état chilien contre Allende...
Jacques Serieys le 1er avril 2008
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