3 janvier 1925 : Discours de Mussolini "Le fascisme, à la fois gouvernement et parti" va imposer sa "solution" "l’emploi de la force"

vendredi 22 mars 2024.
 

- "J’assume, moi seul, la responsabilité politique, morale, historique de ce qui s’est produit." Discours de Mussolini le 3 janvier 1925

- A) Contexte

- B) Discours de Mussolini

A) Contexte

La Grande Bretagne et la France réussissent à attirer l’Italie dans leur camp durant la Première guerre mondiale. Cependant, le refus de mourir pour les marchands de canon est bien plus fort dans ce pays que partout ailleurs. Le Parti Socialiste Italien par exemple campe majoritairement sur une orientation très critique.

Afin d’empêcher l’expression publique du mécontentement humaniste, social et internationaliste, le Royaume-Uni subventionne des nervis à son service autour d’un certain Benito Mussolini.

En 1917, Mussolini était un agent des services secrets de Sa Majesté

Après la victoire des bolchéviks en Russie et l’éclatement de mobilisations révolutionnaires en Allemagne, l’Italie devient un enjeu décisif.

Grands propriétaires terriens, patrons de la banque et de l’industrie financent des milices recrutées parmi d’anciens soldats d’élite pour menacer, terroriser, attaquer des syndicalistes ouvriers et paysans, des militants politiques de gauche, des municipalités... Ces milices privées se groupent bientôt autour de la figure de Mussolini.

Le fascisme naît en Italie comme agent du patronat et de la droite libérale

Pour une partie importante de la droite et du patronat italien tout moyen est bon pour casser les aspirations démocratiques et sociales des milieux populaires, même les pires :

- meurtres horribles de militants de gauche avec la complicité de la police

7 au 12 octobre 1922 Assassinat de Giuseppe Valenti par les fascistes

- attaques de municipalités de gauche et blocage de leur fonctionnement

- trucage total des élections

6 avril 1924 Comment la droite italienne (fascistes et libéraux) gagne les élections

Un député socialiste nommé Matteotti se permet de dénoncer ces méthodes en pleine assemblée nationale. Ordre est rapidement donné parmi les fleurons du libéralisme fasciste de le tuer.

L’enlèvement puis l’assassinat de Matteotti (juin 1924) est un moment essentiel dans la mise en place de la dictature fasciste en Italie. La violence illégale et sans limite des fascistes commence à faire peur dans l’opinion publique ; des gens de droite un tantinet démocrates, quelques religieux... prennent leurs distances.

Après avoir voulu faire taire un opposant résolu au régime, l’entourage immédiat de Mussolini se retrouve compromis dans l’affaire et le Duce lui-même est mis en cause. Face à une opposition parlementaire qui préfère avoir recours à la passivité (elle s’est "retirée sur l’Aventin") qu’à l’affrontement frontal, celui-ci choisit une stratégie qui s’avèrera payante : dans le discours ci-dessous, il endosse la responsabilité du crime. Courage politique ou profond cynisme ? Les Italiens n’auront pas le loisir de réfléchir très longtemps à cette question, puisque l’année 1925 marque une accélération du processus de renforcement des pouvoirs de l’État fasciste. Ce document est extrait des actes parlementaires italiens du 3 janvier 1925.

Il présente un intérêt évident quant au fond de l’idéologie fasciste : la force prime le droit ; la force crée le droit.

Qu’est ce que le fascisme ? selon Mussolini

B) 3 janvier 1925 : Discours de Mussolini

Messieurs,

Le discours que je vais prononcer devant vous ne pourra peut-être pas être classé, à la rigueur, comme un discours parlementaire. Il peut s’en trouver parmi vous qui jugeront vers la fin de ce discours qu’il se rattache, par-dessus le temps écoulé, à celui que j’ai prononcé dans cette même salle le 16 novembre 1922.

Je vous déclare ici en présence de cette assemblée et devant tout le peuple italien, que j’assume à moi tout seul la responsabilité politique, morale et historique de tout ce qui est arrivé... Si le fascisme n’a été qu’une affaire d’huile de ricin et de matraques, et non pas, au contraire, la superbe passion de l’élite de la jeunesse italienne, c’est à moi qu’en revient la faute !

Si le fascisme a été une association de délinquants, si toutes les violencse ont été le résultat d’une certaine atmosphère historique, politique et morale, à moi la responsabilité de tout cela, parce que cette atmosphère historique, politique et morale, je l’ai créée par une propagande qui va de l’intervention dans la guerre jusqu’à aujourd’hui.

Un peuple ne respecte pas un gouvernement qui se laisse vilipender. Le peuple veut que sa dignité soit reflétée dans la dignité du gouvernement, et le peuple même avant moi a dit : "Assez ! La mesure est comble !"

Lorsque deux éléments sont en lutte et lorsqu’ils sont irréductibles, la solution est dans l’emploi de la force. Il n’y a jamais eu d’autres solutions dans l’histoire et il n’y en aura jamais d’autres.

Maintenant j’ose dire que le problème sera résolu. Le fascisme, à la fois gouvernement et parti, est en pleine puissance.

Messieurs, vous vous êtes fait des illusions ! Vous avez cru que le fascisme était fini...

L’Italie, Messieurs, veut la paix, la tranquillité, le calme laborieux ; nous lui donnerons tout cela, de gré si cela est possible, et de force si c’est nécessaire.

Soyez certains que, dans les 48 heures qui suivront mon discours, la situation sera éclaircie, comme l’on dit, dans toute son ampleur. Et que tout le monde sache que ce n’est pas là le caprice d’un homme, que ce n’est pas un excès de pouvoir de la part du gouvernement, que ce n’est pas non plus une ignoble passion, mais qu’il s’agit seulement d’un amour puissant et sans bornes pour la patrie.


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