Mussolini : Qu’est ce que le fascisme ? Terrorisme patronal, libéralisme économique, inégalité sociale, dictature politique, militarisme, nationalisme
Tout fascisme se dote au départ d’une idéologie attrape-tout. Il ne peut faire autrement puisqu’il est payé par les classes possédantes pour défendre leurs intérêts mais qu’il doit utiliser un discours national ethnique en partie anticapitaliste pour convaincre des sympathisants socialistes ou communistes.
Nous avons vu comment en Allemagne, le grand patronat et les Junkers ont créé de toutes pièces des organisations prétendues ouvrières socialistes nationales pour contrer l’hégémonie du mouvement ouvrier socialiste internationaliste.
Allemagne Pourquoi et comment le patronat a fondé le fascisme ?
Une fois le fascisme installé au pouvoir, il liquide physiquement les pauvres gens qui l’ont soutenu en croyant son discours populiste d’extrême droite prétendument anticapitaliste.
Les fascismes doivent être décrits, non en fonction d’une définition abstraite mais dans la réalité de leurs parcours comme l’affirme justement le célèbre historien américain Robert Paxton. Ainsi, les faisceaux italiens comme les premiers groupes nazis ne naissent pas d’une idéologie mais d’une fonction : constituer des bandes violentes subventionnées par les classes possédantes pour s’opposer aux mouvements sociaux.
L’idéologie diffusée par les fascismes n’est donc pas réellement autonome de l’intérêt concret des classes possédantes qui les subventionnent. Tel est le cas pour Mussolini et le fascisme italien.
Fondamentalement, le fascisme s’inscrit dans la lutte des classes possédantes qui refusent depuis tout le XIXème siècle la participation des masses à la vie politique, qui refusent l’existence des syndicats comme contraire à la propriété privée, qui refusent les droits de l’homme et du citoyen, qui refusent le pluripartisme et la liberté d’association. Parmi les courants (légitimistes, cléricaux, pré-fascistes...) et institutions (royautés autocratiques...) porteurs de ce combat réactionnaire, le fascisme se crée comme force apte à mener la guerre civile contre les progressistes. C’est bien ce qu’affirment les statuts du Parti National Fasciste en 1927 (première phrase du préambule) « Le fascisme est une milice au service de la Nation (comprendre au service des nationalistes)... Depuis ses origines jusqu’à aujourd’hui, le fascisme s’est toujours considéré en état de guerre : d’abord pour abattre ceux qui étouffaient la volonté de la Nation... Le fascisme est surtout une Foi.. pour laquelle oeuvrent, comme militants, les Italiens nouveaux, surgis de l’effort de la guerre victorieuse et de la lutte qui a suivi entre la Nation et l’anti-nation (sous-entendu la gauche)... A l’heure difficile de la veillée d’armes, les règles furent fixées par la nécessité de la bataille... Dans l’ardeur de la lutte, l’acte précéda toujours la règle.. »
Durant la deuxième moitié de la Première guerre mondiale et les années de l’immédiat après-guerre, Benito Mussolini a deux donneurs d’ordre :
les industriels et grands propriétaires fonciers dont l’objectif premier est de casser les grèves, terroriser les grévistes.
Syndicats de salariés et de paysans pauvres, socialistes et communistes ont sans cesse dénoncé ce financement du fascisme par les milieux de l’industrie, de la finance et des grands propriétaires terriens. Même le journal du Vatican s’en fait l’écho avant la prise du pouvoir par Mussolini : « Le fascisme a… le soutien financier de capitalistes vieux et aveugles, ou bien des jeunes loups affamés de guerre. Les uns et les autres entretiennent pour quelques dizaines de lires par jour les squadre armées des fascistes, qui, pires que les bravi (brigands d’honneur) des siècles passés, lancent leurs expéditions punitives pour la destruction et les exactions. » Article de La Civiltà cattolica, 1922. (La Cité catholique)
les services secrets britanniques dont l’objectif premier, partout en Europe, est de casser les grèves, terroriser les grévistes pour bloquer toute extension des mouvements sociaux pouvant favoriser syndicalisme ouvrier, socialisme et communisme.
Le discours de Mussolini durant ces années a surtout pour but d’intimider les grévistes, syndicalistes, socialistes et communistes.
Déclaration de Mussolini (fin 1918)
"L’éclair de vos poignards et le craquement de vos bombes feront justice de tous les misérables qui voudraient empêcher la marche de la plus grande Italie."
Déclaration de Mussolini (1919)
Quant aux moyens, nous n’avons pas de préjugés, nous acceptons ceux qui se rendront nécessaires : les moyens légaux et ceux qu’on appelle illégaux. Une période s’ouvre dans l’histoire, qu’on pourrait définir celle de la politique des masses (...)"
Mussolini appelle à "taper dur" sur les socialistes, syndicalistes et communistes (1921)
"Il n’y a qu’un remède : tapez dur ! Et nous espérons que peu à peu, en pilant les crânes, on dégrisera les cerveaux."
Editorial du "Popolo d’Italia" (journal fasciste) du 15 juillet 1922
« Le fascisme italien est actuellement engagé dans quelques batailles décisives d’épuration locale...Il suffit de lire les journaux des adversaires pour comprendre que la plus grande confusion règne dans le camp ennemi. L’un invoque l’aide du gouvernement, l’autre menace de la grève générale, l’autre incite encore au crime individuel, il y en a qui recommandent d’attendre et de patienter...
Nous vous répondons en vous sciant politiquement et syndicalement les os. Avec une chirurgie inexorable. »
Nous venons de voir l’importance donnée par le fascisme italien à l’écrasement des syndicats et des grèves avant son accession au pouvoir.
Après la formation du gouvernement par Mussolini, le ton change mais la priorité reste la même.
Le 11 mars 1926, Mussolini intervient au Sénat et formule une véritable définition du fascisme. Notons l’importance, pour lui, de la collaboration de classes, de l’interdiction des syndicats de salariés et des grèves.
"Le fascisme repousse dans la démocratie l’absurde mensonge de l’égalité (...) La police doit non seulement être respectée, mais honorée (...) l’homme avant de ressentir le besoin de culture a éprouvé la nécessité de l’ordre. Et en un certain sens, on peut dire que le policier a précédé le professeur...
Véritable syndicalisme éducatif, la guerre a donné aux Italiens, à tous les Italiens, la notion de la Nation...
Les classes laborieuses, celles qui sont attachées à la terre, celles qui sont encore suffisamment barbares pour ne pas apprécier tous les avantages du "confort" moderne, sont celles qui restent attachées désespérément à leur Patrie.
Autre point du fascisme : la reconnaissance du capital et du capitalisme. Ici nous sommes nettement antisocialistes (...) Les capitalistes modernes sont des capitaines d’industrie, de grands organisateurs... Que peuvent demander ces hommes ? Le succès de leur industrie. Ce succès, c’est celui de la Nation...
Le syndicalisme fasciste se rend compte tout aussi bien que tout est lié au destin de la Nation ; si la nation est puissante, même le dernier des ouvriers peut porter la tête haute ; si la nation est impuissante et désorganisée, si la Nation est habitée par un petit peuple désordonné, tous en ressentent les conséquences et tous doivent avoir un air d’humiliation, de résignation, comme cela a été pendant plus de vingt ans en Italie.
Collaboration des classes : autre point fondamental du syndicalisme fasciste. Capital et travail ne sont pas deux termes contradictoires, ce sont deux termes qui se complètent ; l’un ne peut rien faire sans l’autre et ils doivent donc s’entendre et ils peuvent s’entendre.
Interdiction des grèves. Personne, aucun individu, aucun peuple, ne peut se donner le luxe de faire ce qu’on faisait il y a vingt ans. La lutte pour la vie est devenue et devient chaque jour plus dure. Les sociétés nationales qui, il y a un siècle, étaient moins nombreuses , forment aujourd’hui une importante population. La population de l’Europe a augmenté de quelques dizaines de millions. Aujourd’hui, il n’y a pas un individu qui puisse se permettre le luxe de commettre des sottises, il n’y a pas un peuple qui puisse se permettre des grèves répétées et permanentes. Une seule heure, je dis une seule de travail perdu, dans une usine, constitue déjà un grave dommage d’ordre national.
Extraits de A. Tasca, Naissance du fascisme , Gallimard, 1938 (rééd. 1967)
Les discours de Mussolini présentent une cohérence "libérale de droite" certaine, y compris durant les années avant son accession au pouvoir.
Libéralisme économique : Premier discours de Mussolini au Parlement le 21 juin 1921
« ..Je suis un libéral. La nouvelle réalité de demain, répétons-le, sera capitaliste. La vraie histoire du capitalisme ne commence que maintenant. Le socialisme n’a plus une chance de s’imposer. Il s’agit de choisir entre un passé presque mort et des possibilités illimitées d’avenir... Il faut abolir l’Etat collectiviste, tel que la guerre nous l’a transmis, par la nécessité des choses, et revenir à l’Etat manchestérien*. »
* Ecole de Manchester : nom donné à un groupe de riches fabricants de Manchester qui a fait adopter par l’Angleterre, au XXe s., le système de libre-échange.
Extrait de André Brissaud, Mussolini , tome 1 : le révolutionnaire, Paris, 1975
Libéralisme dans l’exaltation de "l’individu", de la réussite individuelle, de l’homme loup pour l’homme
« Revenons à l’individu. Nous appuyons tout ce qui exalte, amplifie l’individu... » Editorial du "Popolo d’Italia" (journal fasciste) du 1er janvier 1920
« Le fascisme conçoit la vie comme une lutte, avec la conviction que c’est à l’homme de se faire une vie qui soit vraiment digne de lui. »
« Le fascisme transporte cet esprit antipacifiste dans la vie même des individus » (Discours au Sénat le 11 mars 1926)
Libéralisme dans la définition du rôle de l’Etat comme réduit à des fonctions essentielles d’ordre politique, juridique, idéologique
« L’Etat doit être réduit à des fonctions essentielles d’ordre politique et juridique... Les pouvoirs et les fonctions actuellement attribués au Parlement doivent être limités... L’Etat est souverain et cette souveraineté ne peut ni ne doit être entamée ou diminuée... L’Etat doit être le gardien jaloux, le défenseur et le propagateur de la tradition nationale, du sentiment national, de la volonté nationale... »
Totalitarisme politique
La définition de l’Etat totalitaire par Mussolini a surtout pour but de justifier l’interdiction des partis politiques et des syndicats, le refus de la liberté d’association. Comme la définition de l’Etat par le libéralisme ordinaire, elle ne donne aucun rôle à l’Etat dans l’activité économique, elle accorde une large place d’une part au patronat dans la vie économique et d’autre part une large place à la religion dans la vie sociale et intellectuelle. « La conception fasciste est faite pour l’Etat... et cela parce que pour le fasciste tout est dans l’Etat et que rien d’humain ou de spirituel, pour autant qu’il ait de la valeur, n’existe en dehors de l’Etat. Dans ce sens, le fascisme est totalitaire et l’Etat fasciste, synthèse et unité de toute valeur, interprète et donne puissance à la vie tout entière du peuple. Ni groupements (partis politiques, associations, syndicats), ni individus en dehors de l’Etat. »
L’opposition n’est pas nécessaire au fonctionnement d’un régime politique sain. L’opposition est sotte, superflue dans un régime totalitaire comme l’est le régime fasciste (Mussolini, 21 mai 1927)
Programme du Parti National Fasciste du 27 décembre 1921
Libéralisme dans la valorisation des chefs d’entreprise
« Les capitalistes modernes sont des capitaines d’industrie, de grands organisateurs, des hommes qui ont et doivent avoir un sentiment très haut de leur responsabilité civile et économique, des hommes dont dépendent le destin et le bien-être de milliers, de dizaines de milliers d’ouvriers. »
Discours au sénat du 11 mars 1926
Libéralisme dans la valorisation de l’inégalité sociale
Le fascisme affirme l’inégalité irrémédiable et féconde entre les hommes."
Philosophie du Fascisme (1932)
Libéralisme dans la négation d’un possible avenir meilleur
« Nous ne croyons pas aux programmes... ; surtout nous ne croyons pas au bonheur, au salut, à la terre promise... »
« Le fascisme ne croit pas possible le bonheur sur terre comme le désiraient les économistes du XVIIIème siècle... par conséquent il refuse toutes les conceptions théologiques selon lesquelles à une certaine période de l’histoire, on arriverait... »
Editorial du "Popolo d’Italia" du 1er janvier 1920
Pour Mussolini le fascisme est un libéralisme plus efficace que celui du Parti libéral parlementaire
« Passons au libéralisme. L’on dit souvent : « Le libéralisme a fait l’Italie ». Mais, doucement. N’exagérons pas. Je contesterais, pour moi, qu’il y ait eu, pendant le Risorgimento, [...] un vrai parti libéral, au sens moderne du terme. Mais [...] le tricolore italien flotte sur le Mont Nevoso. Si nous avions suivi les inspirations du libéralisme [...], il flotterait tout juste au plus à la gare de Cervignano. [...] »
"La nation, synthèse suprême de toutes les valeurs matérielles et spirituelles de la race"
« La nation n’est pas la simple somme des individus vivants ni l’instrument des fins des partis, mais un organisme comprenant la série indéfinie des générations dont les individus sont des éléments passagers ; c’est la synthèse suprême de toutes les valeurs matérielles et spirituelles de la race... »
Programme du Parti National Fasciste du 27 décembre 1921
Mussolini et la politique du fait accompli (1919)
Le fait accompli, c’est un décret d’annexion en présence duquel les Yougoslaves, même en grinçant des dents, devraient s’incliner. Ils ne peuvent pas faire la guerre à l’Italie. Ils n’ont pas de canons, de mitrailleuses, d’aéroplanes, de munitions (...) l’occasion pour l’Italie est unique."
Mussolini et la propagande impérialiste (1920)
"La destinée veut que la Méditerranée nous revienne. La destinée veut que Rome soit à nouveau la ville dirigeant la civilisation dans tout l’Occident européen. Levons le drapeau de l’empire, de notre impérialisme !"
Mussolini et le culte de la force, de la guerre, de la virilité
« …Nous gardons une extraordinaire sympathie pour cette reprise dans la vie moderne du culte païen de la force et de l’audace (...) » (1919)
« La guerre est à l’homme ce que la maternité est à la femme » (26 mai 1934)
La guerre seule, valeur première
« Le fascisme... ne croit ni à la possibilité ni à l’utilité d’une paix perpétuelle ... Il repousse, par conséquent, le pacifisme qui cache une renonciation à la lutte et une lâcheté devant le sacrifice. La guerre seule porte au maximum de tension toutes les énergies humaines et marque d’un sceau de noblesse les peuples qui ont le courage de l’affronter.
Toutes les autres épreuves qui la remplacent n’ont pas une valeur égale, elles ne placent jamais l’homme en face de lui-même, dans l’alternative de la vie ou de la mort. Une doctrine partant du postulat préalable de la paix ne peut qu’être étrangère au fascisme, de même que l’esprit du fascisme s’écarte de toutes les organisations internationales et de toutes les sociétés du même genre, même s’il les accepte provisoirement... Le fascisme transporte cet esprit antipacifiste dans la vie même des individus. »
(Discours au Sénat le 11 mars 1926)
Seule la guerre...
"La philosophie du fascisme (...) ne croit pas plus à la possibilité d’une paix perpétuelle entre les nations. C’est en ce sens que [le fascisme] rejette le pacifisme bêlant, lâche renoncement à la lutte et au sacrifice. Seule la guerre permet de libérer totalement les énergies humaines et de donner ses lettres de noblesse aux peuples qui ont le courage et les vertus nécessaires pour l’affronter (...).
Le slogan orgueilleux des squadristes : Me ne frego ! (Je m’en fous !), inscrit sur le bandage d’une blessure (...) c’est aussi l’éducation au combat, l’acceptation des risques qu’il comporte : c’est un nouveau style de vie italien
Philosophie du Fascisme (1932)
Il est atterrant de constater le soutien de grands intellectuels à l’idéologie fasciste du Chef. Voici ce qu’écrit Giovanni gentile, philosophe, dans Origini e dottrina del fascismo « Le peuple italien marche, attaché à une discipline qu’il n’avait jamais connue, sans hésiter, sans discuter, avec les yeux fixés sur l’Homme à la trempe héroïque, aux dons extraordinaires... Lui, il va devant, sûr, auréolé par le mythe, homme presque désigné par Dieu, infatigable et infaillible, instrument employé par la Providence pour créer une nouvelle civilisation. »
Les débuts du fascisme à Florence
L’écrivain hongrois Sandor Marai a participé au journal communiste lors de la République des Conseils animée par Bela Kun. Après l’invasion du pays par l’armée roumaine aidée par la France et des bandes armées fascistes, il craint pour sa vie et part pour d’autres pays. Peu après l’accès au pouvoir de Mussolini, il fait un séjour à Florence.
« Florence était le nid du fascisme naissant. Vêtues d’uniformes noirs, noblesse toscane et jeunesse florentine rejoignaient en masse le faisceau, insigne du nouveau mouvement ; les rues grouillaient d’adolescents à la chevelure fournie et au regard sévère, visiblement séduits par le charme sombre de l’uniforme. Il faut dire que les jeunes fascistes touchaient des indemnités et obtenaient du travail : pouvait-on, dans ces conditions, s’étonner de leur enthousiasme ? Un ordre strict réglementait la vie quotidienne ; sur les murs, des affiches criardes vantaient les résultats du régime : trains arrivant à l’heure, monnaie stable, amélioration de la sécurité publique (...). Le fascisme venait d’anéantir et de disperser la social-démocratie ; réduits désormais à la clandestinité, les socialistes se réunissaient en secret, comme les premiers chrétiens des catacombes. Toute ma sympathie allant au mouvement ouvrier vaincu, j’assistais avec des sentiments hostiles aux parades de la dictature triomphante. Force était d’admettre, pourtant, que ce que j’avais appris en Europe centrale sur les « lois de l’évolution sociale » ne s’appliquait guère à l’âme italienne. Les événements d’Italie, nul n’aurait pu le nier, constituaient l’expression de la volonté unitaire de tout un peuple. Toutefois, le rôle que jouait dans un tel mouvement la personnalité d’un seul homme incitait les observateurs étrangers au scepticisme... »
Sandor Marai. Les Confessions d’un bourgeois. Paris, Albin Michel/Le Livre de Poche, 1993/2002, pp. 458 – 459
Les pouvoirs de Mussolini
"Il [Mussolini] est nommé par le roi devant lequel il est responsable de l’orientation politique générale du gouvernement ; il est l’incarnation suprême du pouvoir exécutif ; il choisit ses ministres qui sont responsables devant le roi, mais aussi envers sa personne ; il décide du nombre des ministères et peut personnellement assumer la charge de plusieurs portefeuilles ; il fait partie du Conseil de tutelle des membres de la famille royale et exerce les fonctions de chambellan de la Couronne ; les Chambres ne peuvent aborder aucune question sans son accord préalable ; passé un délai de trois mois, il a le droit de représenter un projet de loi précédemment repoussé par l’une des deux chambres ; de même il peut transmettre et soumettre au vote de l’une des Chambres une proposition de loi rejetée par l’autre Chambre. (...) Quiconque attente à la vie, à l’intégrité physique ou à la liberté du chef du gouvernement est passible d’une réclusion dont la durée ne saurait être inférieure à quinze années, et en cas d’un attentat fatal, il est puni de la peine de mort. Quiconque porte offense en actes ou en paroles au chef du gouvernement est puni d’une peine de réclusion de six à trente mois."
Loi du 24 décembre 1925
Le fascisme est spiritualiste
Souvent, le Duce met en avant la dimension spiritualiste du fascisme, par opposition au rationalisme, au positivisme, au matérialisme.
« Que nous opposent nos adversaires ? Rien. Des misères. Ils sont en retard de cinquante ans. Ils changent en postulats les rêveries des positivistes. Je dis les rêveries, parce que de même qu’il n’y a pas d’hommes plus dangereux que les pacifistes, il n’y a pas rêveur plus déterminé que les positivistes. Tout le procès de rénovation spirituelle conduit par les nouvelles générations est ignoré d’eux... »
« Le fascisme est une conception spiritualiste, surgie elle-même de la réaction générale du siècle contre le matérialiste et faible XIXème siècle... La vie telle que la conçoit le fascisme est par conséquent sérieuse, austère, religieuse, se déroulant toute dans un monde soutenu par les forces morales, et responsable de l’esprit. Le fascisme dédaigne la vie facile. Le fascisme est une conception religieuse... » Oeuvres et discours, Flammarion, 1935, Tome IX
Ordre et sécurité « [...] On a dit [...] que nous n’avions pas de doctrine. Eh ! bien, je ne connais pas un seul mouvement spirituel et politique qui ait une doctrine plus solide et plus définie [...] : l’État [...] doit être fort ; le gouvernement [...] a le devoir de se défendre parce qu’il défend aussi la nation contre tout travail de désintégration ; la collaboration des classes, le respect de la religion ; l’exaltation de toutes les énergies nationales. [...] »
Opposition à la démocratie « Et j’en arrive, messieurs, au dégonflement de la plus prétentieuse vessie de toutes les oppositions : je parle de la Liberté. [...] La Liberté n’est pas un concept absolu. [...] La liberté n’est pas un droit : c’est un devoir. [...] La notion de liberté change avec le cours du temps. [...] Lorsqu’une nation est engagée comme l’Italie d’hier et d’aujourd’hui, lorsqu’il est question pour elle de vie ou de mort, est-ce que vous allez encore suivre vos dangereuses chimères ? Je dis que non. [...] »
La Force comme fondement du droit et du consentement populaire « L’on me dit que je gouverne au moyen de la Force. Mais tous les gouvernements qui sont forts gouvernent par la Force. Du reste la Force implique l’assentiment. Il n’y a pas de force sans un consentement, et le consentement n’existe pas sans la force. [...] »
Une idéologie d’action en lieu et place du "politique" « Celui qui gouverne sent battre dans son coeur le coeur du peuple. Il serait oiseux d’égrener tout le détail d’un beau programme. Ce qui importe, ce sont les directives. Je ne procéderai pas devant vous au minutieux déballage de la pacotille politique. [...] Je ne veux pas que le fascisme attrape la maladie électorale. Je veux qu’une partie du Fascisme intervienne au Parlement, mais je veux que le Fascisme lui-même reste en dehors, pour contrôler et animer ses représentants. Le Parti National fasciste doit rester, par définition, la réserve toujours intacte de la Révolution fasciste. [...] De nombreux adversaires se demandent ce que demain la Révolution fasciste fera. [...] Encore une fois, le devoir de défendre nos idées, d’exalter le sacrifice de nos martyrs, de rester fidèles à notre mission, nous est sacré. Isolés ou en bloc, les ennemis qui nous attaquent, nous les briserons. Messieurs, ils faut être pour ou contre nous. Ou fasciste ou antifasciste. Qui n’est pas avec nous est contre nous. La situation politique n’a jamais été plus simple en Italie. [...] Nous ne plierons pas. [...] Nous avons à faire une Italie grande. Le Fascisme n’a pas d’autre but [...]. »
Benito MUSSOLINI, « Discours aux maires des communes d’Italie rassemblés dans Rome le 23 mars 1924 pour le cinquième anniversaire de la fondation des Faisceaux », d’après le Corriere della Sera, 24 mars 1924
Les pouvoirs de Mussolini
"Il [Mussolini] est nommé par le roi devant lequel il est responsable de l’orientation politique générale du gouvernement ; il est l’incarnation suprême du pouvoir exécutif ; il choisit ses ministres qui sont responsables devant le roi, mais aussi envers sa personne ; il décide du nombre des ministères et peut personnellement assumer la charge de plusieurs portefeuilles ; il fait partie du Conseil de tutelle des membres de la famille royale et exerce les fonctions de chambellan de la Couronne ; les Chambres ne peuvent aborder aucune question sans son accord préalable ; passé un délai de trois mois, il a le droit de représenter un projet de loi précédemment repoussé par l’une des deux chambres ; de même il peut transmettre et soumettre au vote de l’une des Chambres une proposition de loi rejetée par l’autre Chambre. (...)
Loi du 24 décembre 1925, in Marseille, J., Histoire 1re, Paris, Nathan, 1997, p. 277.
Le machisme fasciste donne une grande importance au concept de virilité, mis dans de nombreuses sauces idéologiques.
« Le fascisme exige un homme actif et donnant à l’action toutes ses énergies ; il le veut virilement conscient des difficultés qui existent et prêt à les affronter. »
Tous les régimes fascistes ont exalté la femme comme mère au foyer élevant humblement ses enfants. Le rôle de la femme dans tout régime fasciste ne dépasse pas celui de pondeuse dévouée au service de la patrie
« Le travail féminin, quand il n’est pas un empêchement direct, distrait de la procréation, suscite une indépendance et entraîne des modes physiques et morales contraires à la procréation... » (Mussolini)
« Les fascistes, du premier au dernier, du chef suprême au plus modeste d’entre eux, ne vous demandent qu’une chose : servir avec humilité, avec dévotion et sans défaillance notre Patrie adorée, la divine Italie » (Oeuvres de Mussolini page 108)
Mussolini s’appuie sur les théories de Loffredo qui prétend :
l’intelligence féminine inférieure à l’intelligence masculine.
le travail féminin à proscrire car entraînant la "masculinisation de la femme, l’accroissement du chômage, la stérilité, le divorce"
le sport féminin à interdire car il rend les femmes "non seulement moins prolifiques, mais effrontées, impudiques, immodestes."
Plusieurs décrets concrétisent la volonté des fascistes de renvoyer toutes les femmes au seul service de leur mari et de la procréation. Le décret du 20 janvier 1927 diminue les salaires féminins à la moitié des salaires masculins correspondants. Celui du 30 janvier 1927 les exclue de plusieurs matières d’enseignement dans les lycées (par exemple en Lettres). Un nouveau décret en 1928 leur interdit la fonction de directrice d’établissement scolaire et double la taxe à payer pour qu’une fille puisse étudier en secondaire et à l’Université. Le décret-loi royal du 28 novembre 1933 va encore plus loin en "autorisant" les administrations à interdire les candidatures femmes aux différents emplois. Le 1er septembre 1938, le pourcentage de femmes est ramené à 10% dans l’ensemble des services publics.
Mussolini a refusé les théories racistes durant environ 18 ans avant de se rapprocher du nazisme. Comme il est le créateur du mot fascisme, nous devons donc accepter l’idée que la première caractéristique du fascisme n’est pas le racisme.
Les Juifs sont à Rome depuis l’Antiquité
« Il est ridicule de penser, comme cela a été dit, qu’il faille fermer les synagogues ! Les Juifs sont à Rome depuis le temps des Rois ; ils étaient 50000 à l’époque d’Auguste et demandèrent à pleurer sur la dépouille de Jules César. Nous les laisserons tranquilles. » (Mussolini, 14 mai 1929)
Il n’existe plus de race pure
« Naturellement il n’existe plus une race pure, même pas la juive. mais justement c’est d’heureux mélanges que surgissent souvent la force et la beauté d’une nation. Race : ceci est un sentiment et non une réalité ; un sentiment à 95%. Je ne croirai pas que l’on puisse prouver, biologiquement prouver, qu’une race soit pure ou moins pure... L’orgueil national n’a pas besoin en fait des délires de la race. L’antisémitisme n’existe pas en Italie. Les juifs italiens se sont toujours très bien comportés comme citoyens, et comme soldats, ils se sont battus courageusement. Ils occupent de hauts postes dans les universités, dans l’armée, dans les banques... »
La répression antisémite à partir de 1938
« Les citoyens italiens de race juive ne peuvent pas faire le service militaire... être propriétaires ou gérants d’entreprise... être propriétaires de terrains... d’immeubles...
Ceux qui appartiennent à la race juive ne peuvent avoir à leur service, en qualité de domestiques, des citoyens italiens de race aryenne. » (décret-loi royal du 17 novembre 1938)
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