Italie 6 avril 1924 Comment la droite (fascistes, libéraux et catholiques) gagne les élections

mardi 9 avril 2024.
 

L’Italie connaît depuis 1919 une vague de violence organisée par les fascistes soutenus politiquement par la droite libérale et protégés par la police.

12 octobre 1922 Assassinat de Giuseppe Valenti par les fascistes

Depuis la marche sur Rome, Mussolini dirige le gouvernement unitaire de droite. Au Parlement, ses séides sont minoritaires. Pour écraser la gauche, les partis de droite s’entendent sur un nouveau mode de scrutin : d’une part remplacement du scrutin proportionnel par un scrutin majoritaire, d’autre part toute liste arrivant en tête avec au moins 25% des voix obtient les deux tiers des sièges de députés.

La Chambre est donc dissoute et la campagne électorale débute en janvier 1924. Aussitôt, l’évidence s’impose : la droite comprenant les fascistes et leurs alliés, veut absolument gagner. Comment ? grâce à la protection et la neutralité bienveillante de la royauté, du patronat, de la police, de l’Eglise... écraser physiquement les partis de gauche.

Ainsi, des locaux de journaux sont dévastés, des sièges de partis sont attaqués et détruits, des militants battus, des meetings complètement sabotés, de nombreux électeurs progressistes intimidés.

Le 6 avril 1924, la droite se donne un nouveau moyen de l’emporter : les assesseurs des partis de gauche ne peuvent pénétrer dans beaucoup de bureaux de vote.

Comme cela était prévisible dans de telles conditions, la Lista Nazionale (Listone) reçoit 60% des suffrages et obtient 355 sièges sur 535.

A gauche, c’est le Parti Socialiste Unitaire de Matteotti qui obtient le meilleur résultat (6% et 24 sièges) devant le le PS Italiano de Turati (5% et 22 sièges) puis le PCI (3,7% et 19 sièges)

Le 30 mai 1924, Giacomo Matteotti dénonce devant cette nouvelle chambre les conditions dans lesquelles cette élection a eu lieu.

« Nous socialistes affirmons que la liste de la majorité gouvernementale qui a reçu plus de quatre millions de voix n’a pas obtenu librement ces suffrages et il est douteux qu’elle ait atteint le pourcentage nécessaire pour recevoir, même selon votre loi, les deux tiers des sièges qui lui sont accordés. Nous contestons donc ici la validité de l’élection de toute la majorité gouvernementale.

Au cours de cette élection, aucun votant n’a été libre parce que tout le monde savait a priori que, même si la majorité des votants avait osé se prononcer contre le gouvernement, le gouvernement avait à sa disposition une force qui aurait annulé tout résultat contraire à ses vues. Cette intention du gouvernement était renforcée par l’existence d’une milice armée.

Dans 90 % des cas, et pour certaines régions dans 100 % des cas, les bureaux de vote étaient entièrement sous le contrôle des fascistes, et le représentant de la liste minoritaire n’a pas eu la possibilité d’être présent pendant le vote.

Nous rappelons ce qui s’est produit en particulier dans les provinces de Milan et de Gênes et dans plusieurs autres, où les résultats n’étaient pas très encourageants pour la liste fasciste : des journaux ont été détruits, des sièges de partis ont été dévastés, des coups ont été donnés.

Dans la vallée du Pô et en Toscane et dans d’autres régions citées par le président du Conseil pour leur loyauté envers le gouvernement fasciste, les électeurs ont voté sous le contrôle du parti fasciste. Les pauvres paysans savaient que toute résistance était inutile et pour préserver la sécurité de leur famille, ils ont dû se soumettre à la loi du plus fort, à la loi du maître, en votant pour les candidats que le chef local de l’union fasciste ou du club fasciste avaient désignés. »

Le 10 juin 1924, Giacomo Matteotti est assassiné. Après une petite crise, Mussolini sort à nouveau renforcé. Partout en Europe, la droite félicite ce vrai chef envoyé par Dieu.

Jacques Serieys


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