Louis XIV : despotisme politique et misère populaire

jeudi 15 février 2018.
 

Qui a développé l’esclavage des Noirs, qui a inventé le Code Noir programmant la torture et les autres moyens d’écrasement des peuples noirs, qui a accru le colonialisme, qui a imposé le bagne à ses pauvres, qui a exclus et pourchassé les Protestants, qui a fait crever de froid, de faim et de maladie tout un peuple, qui a multiplié les guerres et les violences en Europe, qui a violé, massacré et torturé la population de Hollande, qui a accru la dictature politique et sociale dans des proportions jusqu’alors inconnues ? Louis XIV !!!

L’acte d’accusation du « Roi-Soleil », malgré la prétention de celui-ci d’avoir construit l’unité nationale et l’intégrité territoriale, comprend les guerres de conquêtes violentes et inutiles (Hollande et Espagne), dans lesquelles les actes de barbarie de l’armée française ont été nombreux et impressionnants, et où le roi dirigeait en personne les généraux, des violences aussi contre les populations civiles, mais aussi les dépenses outrancières de luxe et de parure, au moment même où le peuple mourait en nombre sous les coups de la misère, du froid, de la faim, de la maladie, de l’absence de logement, du déclin économique, des guerres, du banditisme, etc.

Cet acte d’accusation comprend aussi les violences contre les minorités religieuses, notamment les protestants, mais aussi d’autres minorités catholiques, les violences contre tous les opposants, le simple acte de critique publique pouvant mener à la Bastille ou à la pendaison, les lettres de cachet devenant un mode de gouvernement.

La royauté est alors devenue monarchie absolue, cumulant tous les pouvoirs, ayant cassé le pouvoir des grands nobles, mais aussi le pouvoir des parlements, le pouvoir judiciaire, ayant mis à son service tous les pouvoirs administratifs, policier, militaire, financier, fiscal, politique…

L’acte d’accusation du roi-Soleil, malgré la prétention de celui-ci d’avoir construit l’unité nationale et l’intégrité territoriale, comprend les guerres de conquêtes violentes et inutiles (Hollande et Espagne) dans lesquelles les actes de barbarie de l’armée française ont été nombreux et impressionnants, et où le roi dirigeait en personne les généraux, les violences aussi contre les populations civiles, mais aussi les dépenses outrancières de luxe et de parure, au moment même où le peuple mourait en nombre sous les coups de la misère, du froid, de la faim, de la maladie, de l’absence de logement, du déclin économique, des guerres, du banditisme, etc.

Cet acte d’accusation comprend aussi les violences contre les minorités religieuses, notamment les protestants, mais aussi d’autres minorités catholiques, les violences contre tous les opposants, le simple acte de critique publique pouvant mener à la Bastille ou à la pendaison, les lettres de cachet devenant un mode de gouvernement.

La royauté est alors devenue monarchie absolue, cumulant tous les pouvoirs, ayant cassé le pouvoir des grands nobles, mais aussi le pouvoir des parlements, le pouvoir judiciaire, ayant mis à son service tous les pouvoirs administratifs, policier, militaire, financier, fiscal, politique…

Louis XIV est d’abord et avant tout le roi de la contre-révolution : son enfance est marquée par la lutte contre la révolution de la Fronde, puisqu’il lui faut quitter Paris avant de battre la capitale et de l’écraser, il combat la révolution de Hollande et d’Angleterre, il combat la révolte de Marseille, il combat la révolution des esclaves des Antilles. Il combat toute forme d’opposition sociale, idéologique, politique ou religieuse, écrase les jansénistes, les quiétistes, les protestants, les républicains, les démocrates, etc.

Autant Louis XIII étant réticent à employer l’esclavage, autant le règne de Louis XIV est un sommet de l’oppression des esclaves noirs des Antilles, exploités pour la production de sucre et de tabac. La traite est organisée officiellement par le pouvoir d’Etat au travers d’abord de la Compagnie des Indes Occidentales.

L’explosion du nombre d’esclaves correspond aux décisions prises à Versailles par Louis XIV entre 1671 et 1674 pour favoriser la culture du sucre au détriment de celle du tabac. Entre 1674 et 1680, le nombre d’esclaves en Martinique double. Entre 1673 et 1700, il a déjà sextuplé. Louis XIV abolit donc en 1671 le monopole de la Compagnie des Indes occidentales. La traite négrière est alors ouverte à tous les ports français, pour la doper par la concurrence. La Compagnie des Indes occidentales, en faillite, est dissoute en 1674. La Guadeloupe et la Martinique passent sous l’autorité directe du roi Louis XIV, qui pousse la culture de la canne à sucre, plus gourmande en capitaux mais beaucoup plus rentable, en donnant des terres à des officiers supérieurs en Martinique, où le sucre est alors moins développé qu’à la Guadeloupe.

Déjà dès le XVIIe siècle, les esclaves paraissent plus nombreux que les Blancs dans les colonies, mais peut-être pas encore assez pour leur faire peur, tant que la mise en valeur des terres l’exige. Ainsi en 1671 on comptait en Guadeloupe 7578 habitants repartis comme suit : 3203 Blancs dont 1499 hommes adultes, 603 femmes et environ une centaine de gens de couleur, puis 4267 Esclaves dont 1677 adultes et 1513 femmes En 1707, cette population prit du volume, atteignant jusqu’à 13213 individus parmi lesquels on comptait 4140 Blancs pour 8626 esclaves. Sept années plus tard, on y dénombrait 5541 Blancs pour 12512 Noirs. Les libres de couleur, eux, étant au nombre 741 individus. Mais à mesure que se développait en Europe le goût des produits “exotiques’’, notamment le sucre et le café, les importations d’esclaves elles, n’arrêtèrent pas de s’envoler. De 10000 à 20000 esclaves importés annuellement dans les colonies dans la première moitié du XVIIIe siècle, on passa quasiment entre 30000 à 40000 dans la seconde moitié du siècle. Ainsi, en 1726 sur une population totale de 130000 habitants, Saint-Domingue la dévoreuse de main-d’oeuvre servile, comptait à elle seule environ 100000 esclaves pour 30000 Blancs et hommes de couleur libres. Entre 1726 et 1763, la population esclave doubla. Le total des Noirs de la colonie y était de 206539. De 1763 au 1er janvier 1768, sur une rotation de 12O navires venus de Guinée, on y dénombrait 256776 esclaves, soit un apport de 5O247 Noirs en cinq années. En 1789, Benjamin Frossard rapportait le tableau suivant des habitants dans les colonies françaises pour l’année 1787.

Louis Sala-Molins :

« Le Code Noir est le texte juridique le plus monstrueux qu’aient produits les Temps modernes. Le Code, promulgué par Louis XIV en 1685, se compose de soixante articles qui gèrent la vie, la mort, l´achat, la vente, l´affranchissement et la religion des esclaves. Si, d´un point de vue religieux, les Noirs sont considérés comme des êtres susceptibles de salut, ils sont définis juridiquement comme des biens meubles transmissibles et négociables. Pour faire simple : canoniquement, les esclaves ont une âme ; juridiquement, ils n´en ont pas. »

Louis XIV s’est chargé lui-même de construire son mythe de « Roi-Soleil », car celui-ci lui était indispensable à son projet politique : mettre au pas la haute noblesse qui contestait la royauté. N’oublions pas qu’enfant, il avait été contraint de fuir la révolte parisienne et des Grands avec sa mère et son premier ministre. Dès 1661, Louis XIV fait construire un palais grandiose. C’est le château de Versailles. Il veut un palais somptueux à la mesure de son orgueil, pour prouver qu’il est le plus grand roi du monde.

Il faut 31 ans de travail et jusqu’à 30000 ouvriers pour le réaliser. Les meilleurs artistes dirigent ce gigantesque chantier et travaillent à sa décoration très luxueuse. Au château de Versailles, Louis XIV s’entoure d’une cour très nombreuse : il rassemble autour de lui des milliers de courtisans qui vivent de ses faveurs. Ainsi, il peut mieux les contrôler.

Le roi dépense beaucoup pour garder cette cour autour de lui.

Toute la vie de la Cour est organisée autour de la personne du roi. Chaque acte de la vie du roi est une cérémonie. Sa vie est un spectacle : son lever, sa toilette, ses repas, son coucher se font en public. C’est un honneur d’y assister.

« Toute puissance, toute autorité réside dans la main du roi. Tout ce qui se trouve dans l’étendue de nos Etats nous appartient. Les rois sont seigneurs absolus. J’ai décidé de ne pas prendre de Premier ministre, rien n’étant plus indigne que de voir, d’un côté, toutes les fonctions et de l’autre, le seul titre de roi. Il fallait faire connaître que mon intention n’était pas de partager mon autorité. » Louis XIV, 1661

Pour lui, la France doit être le pays le plus fort d’Europe. Alors, il se lance dans de nombreuses guerres contre les rois européens : espagnols, anglais, hollandais.

Louis XIV cherche sans arrêt à étendre son royaume par la guerre. Celles-ci ne s’arrêtent jamais tout au long de son règne.

Mais ces guerres coûtent très cher au royaume.

Pour pouvoir payer les nombreuses dépenses de Louis XIV (le château de Versailles, la cour, les guerres), les paysans sont accablés d’impôts :

taille , gabelle sur le sel , dîme au curé et au clergé , droits à payer au seigneur .

Un grand sentiment d’injustice s’installe : les nobles (les seigneurs) et le clergé (les religieux), eux, ne paient pas d’impôts, alors qu’ils sont les plus riches.

Le règne de Louis XIV connut plusieurs graves famines : la famine de 1693-1694 fut la plus grave. En partie due à de très mauvaises conditions météorologiques, elle entraîna près de 2 millions de morts.

Puis, en 1709, un terrible hiver gèle tous les cours d’eau et le sol sur un mètre de profondeur. La totalité de la récolte de l’année est perdue : pas de blé, de vin , pas de fruits . Les animaux meurent.

En cette dernière partie de règne, la popularité de Louis XIV a beaucoup baissé. Les critiques et les injures deviennent courantes. Le peuple français perd confiance et même le respect envers son roi.

Fénélon, un écrivain, tente d’informer le roi sur l’état de son royaume :

« Votre peuple meurt de faim, la culture des terres est abandonnée, les villes et les campagnes se dépeuplent. Au lieu de tirer de l’argent de ce pauvre peuple, il faudrait lui faire l’aumône et le nourrir. Il est plein de désespoir. La France entière n’est plus qu’un grand hôpital désolé et sans provisions. La révolte s’allume peu à peu. »

Fénelon, Lettre à Louis XIV.

À partir des années 1660, une politique de conversion des protestants au catholicisme fut entreprise par Louis XIV à travers le royaume. Elle s’exerce par un travail missionnaire, mais aussi par diverses persécutions, comme les dragonnades. Les dragonnades consistent à obliger les familles protestantes à loger un dragon, membre d’un corps de militaires. Le dragon se loge au frais de la famille protestante, et exerce diverses pressions sur elle.

Pour achever cette politique importante, Louis XIV révoqua le versant religieux de l’édit de Nantes en signant l’édit de Fontainebleau, contresigné par le chancelier Michel Le Tellier, le 22 octobre 1685. Le protestantisme devenait dès lors interdit sur le territoire français (excepté l’Alsace, où l’édit de Nantes ne fut jamais appliqué, cette région n’étant intégrée au royaume qu’en 1648). Cette révocation entraîna l’exil de beaucoup de huguenots, affaiblissant l’économie française au bénéfice des pays protestants qui les ont accueillis : l’Angleterre et ses colonies de la Virginie et de la Caroline du Sud, la Prusse7, la Suisse, les Pays-Bas et ses colonies du Cap et de la Nouvelle-Amsterdam, cette dernière anciennement située sur le territoire du New York et du New Jersey d’aujourd’hui. On parle très approximativement de 300 000 exilés, dont beaucoup d’artisans ou de membres de la bourgeoisie. La révocation de l’édit de Nantes a aussi eu pour conséquences indirectes des soulèvements de protestants, comme la guerre des camisards des Cévennes, et une très forte érosion du nombre des protestants vivant en France, par l’exil ou la conversion progressive au catholicisme.

Cette politique de conversions plus ou moins forcées fut efficace, au moins officiellement, et on vit se développer une pratique clandestine du protestantisme, chez de nouveaux convertis au catholicisme. Le nombre de protestants « officiels » chuta fortement, et l’édit de Nantes, formellement toujours valide, fut vidé de son contenu.

Si le roi de France est le plus puissant d’Europe, c’est grâce aux ressources de son royaume. Son peuple est le plus nombreux avec environ 21 millions de sujets.

Quatre Français sur cinq vivent dans les campagnes, et deux sur trois sont des paysans, qui connaissent de rudes conditions d’existence.

Le climat est rigoureux. Les récoltes sont peu abondantes et les impôts nécessités par les nombreuses guerres du roi sont élevés.

Les révoltes de paysans, appelées Jacqueries, sont durement reprimées. La dernière importante eut lieu en 1675, mais il en éclate encore en 1707.

Le réseau des villes est déjà le nôtre. Là se pratiquent l’industrie et le grand commerce.

La bourgeoisie s’enrichit et achète des charges administratives, tandis que petits artisans et ouvriers subsistent plutôt difficilement.

Les rues, souvent sales et encombrées, n’ont pas de trottoirs et sont parfois envahies par des hordes de mendiants que l’on enferme régulièrement dans des « hôpitaux » créés à cet effet, ou que l’on condamne aux galères.

L’instruction, monopolisée par le clergé, n’est accessible qu’aux enfants de la noblesse et de la bourgeoisie.

Le Trésor royal doit faire face aux énormes frais des dernières guerres du règne.

Des impôts nouveaux sont créés ;

- la capitation : qui pèse sur les personnes

- le dixième : qui pèse sur le dixième des revenus.

Ils sont conçus pour toucher tous les sujets du roi, mais les privilégiés (clergé et nobles) trouvent rapidement le moyen de se faire exempter.

Le Trésor Royal recourt également à l’emprunt : en 1715, la dette équivaut à ce que rapportent les impôts pendant cinq ans.

Par l’intermédiaire de groupes financiers ou de grands banquiers, ce sont les classes aisées du royaume et de l’Europe qui avancent l’argent au Roi.

Par l’impôt et par l’emprunt, tous payent de plus en plus, alors même que les activités qui ne sont pas liées à la fourniture des armées, gênées par la guerre, marchent au ralenti.

En 1694, en plus des guerres, une terrible famine s’abat sur l’Europe et a de lourdes conséquences sur la population française. C’est la plus forte crise de mortalité du XVIIe siècle. Des printemps et étés pluvieux pourrissent les récoltes trois années de suite. Le blé manque, d’autant qu’il faut nourrir les armées, et le prix du pain est multiplié par quatre.

Des milliers de miséreux errent affamés le long des routes, déterrent les chevaux morts pour se nourrir. Ils sont à la merci de la moindre épidémie.

LE ROYAUME PERD A PEU PRES UN MILLION SIX CENT MILLE HABITANTS EN DEUX ANS.

Cependant, une vigoureuse reprise des naissances permet au pays de retrouver en 1707 ses vingt et un millions d’habitants de 1692.

Puis s’abat sur le royaume le « grand hiver » de 1709, accompagné d’une nouvelle famine. Le froid paralyse toute l’activité.

On allume de grands feux dans les villes pour les sans-logis. L’hiver 1710 est également glacial. Le royaume perd environ huit cent mille habitants et il faut attendre 1719 pour retrouver à nouveau le niveau de vingt et millions d’habitants.

L’observation de la misère conduit certains à critiquer l’action du roi et l’organisation de la société française. Les idées de paix et de réforme progressent à la fin du règne de Louis XIV, loin des rêves de gloire de sa jeunesse.


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