Cinq alertes d’urgence politique et sociale en France depuis 2002 (Manifeste PRS1)

mercredi 16 août 2006.
 

Début avril 2006, la Convention nationale de PRS a débattu et validé un manifeste. Nous l’avons mis en ligne mais sa longueur le rend peu attrayant, peu lisible dans son intégralité sur internet. Aussi, nous allons le présenter en plusieurs articles centrés sur les sujets d’analyse et de programme principaux.

Depuis 2002, cinq grandes alertes ont manifesté la montée de cet état d’urgence.

1) L’usurpation libérale du vote du 5 mai 2002 par Jacques Chirac

Après avoir recueilli 19 % des voix et 13 % des inscrits au 1er tour de l’élection présidentielle, le président sortant Jacques Chirac a obtenu le 5 mai 2002 plus de 80 % des voix. Le mode de scrutin ne laissait en effet pas d’autres moyens pour faire barrage à l’extrême droite. Ce vote n’avait en aucune façon le sens d’un appui à la politique libérale dont il se réclamait. C’est pourtant de cette façon qu’il a voulu l’interpréter. Aussitôt réélu, il a engagé un démantèlement sans précédent des droits sociaux (casse de la retraite par répartition), des instituions républicaines (décentralisation Raffarin) et des grands instruments d’intervention économique (privatisations, appauvrissement de l’Etat). Ce coup de force s’est rapidement heurté à la résistance du mouvement social dès le printemps 2003. En dépit d’une des grèves les plus dures et les plus longues jamais enregistrées dans l’Education Nationale, le gouvernement libéral a poursuivi opiniâtrement sa politique.

2) Le résultat volé des élections du printemps 2004

Massivement remportées par la gauche, les élections cantonales, régionales et européennes ont signifié à la majorité gouvernementale un refus sans équivoque des politiques libérales. Le peuple s’est alors saisi des bulletins de vote de gauche pour prolonger dans les urnes la résistance sociale restée sans issue l’année précédente. Il a donné une prime à l’union des gauches, réalisée par le PS et le PCF dès le 1er tour dans 14 régions sur 21. Mais dans le même temps, le Front national, proche des 20 % dans plus de la moitié des régions, a confirmé la course de vitesse engagée entre lui et la gauche pour représenter l’alternative aux politiques libérales. Tournant le dos à ce que signifient de tels votes, la droite, réduite électoralement au score de Chirac le 21 avril 2002, a poursuivi implacablement sa politique.

3) Le vote populaire du 29 mai 2005 toujours sans lendemain

Refusées au niveau national, les politiques libérales le sont aussi au niveau européen. Les électeurs ont lucidement fait le lien entre les deux. Avec le Non massif et populaire exprimé le 29 mai 2005 contre la Constitution européenne, les électeurs ont stoppé la routine de la construction libérale de l’Europe. En dépit de l’engagement de la quasi totalité des médias, des institutions et de la plupart des partis politiques en faveur du Oui, ce vote a constitué une véritable insurrection civique du peuple français. En démontrant clairement le lien entre les politiques libérales au niveau européen et national, la force unitaire du Non de gauche a réussi à reprendre la main en marginalisant l’extrême droite. Ce mouvement de résistance civique au libéralisme a fait se lever un véritable front de classe, où la majorité populaire de notre peuple a massivement voté et massivement voté Non, ouvriers et employés en tête. Mais ce vote lui aussi a été ignoré et à nouveau bafoué avec la poursuite des politiques libérales au plan national comme européen.

4) L’explosion violente de la misère dans la crise des banlieues

En expansion rapide depuis les années 1970, les quartiers dits en difficultés sont devenus de véritables lieux de bannissement où vivent dorénavant plus de 5 millions d’habitants. En novembre/décembre 2005, ce sont précisément dans les quartiers où la misère atteint des niveaux record que la violence s’est aussi développée de la manière la plus extrême. Dans le grand ensemble de Clichy/Monfermeil, dans le quartier de la Madeleine à Evreux ou dans le quartier Saint Jacques de Perpignan, où les violences ont été les plus précoces et les plus fortes, c’est plus d’une personne sur deux qui est sans emploi, sans diplôme, sans moyen de locomotion. Babeuf, s’interrogeant dès 1789 sur le déchaînement de violence créé par la misère concluait : « les maîtres, au lieu de nous policer, nous ont rendus barbares parce qu’ils le sont eux-mêmes. Ils récoltent et récolteront ce qu’ils ont semé. ». A la crise sociale, le gouvernement a répondu par des incitations à la xénophobie et des surenchères sécuritaires au nom du rétablissement de l’ordre. Leur but affiché a été de « ramener la situation à la normale », c’est-à-dire précisément l’insupportable pour ceux qui y vivent. Au prix d’une répression souvent aveugle. Pour toute réponse, le gouvernement et la majorité de droite ont adopté à la hussarde la loi « Egalité des chances » qui crée le CPE, l’apprentissage à 14 ans et le contrôle social des familles en difficulté. Une nouvelle fois, le sens de l’intervention populaire a été contrecarré.

5) La résistance de tout un peuple dans le mouvement social contre le CPE

A travers la lutte contre le CPE et la loi dite « égalité des chances », c’est l’ensemble du pays qui comprend que ces nouvelles attaques des libéraux ne sont pas qu’une charge contre les jeunes mais surtout un nouveau recul global de la condition du salariat face au capital. Par sa radicalité et par l’ampleur de sa base sociale, cette lutte sera fondatrice. Elle porte en elle l’affrontement de deux visions du monde où tout un peuple réaffirme son refus déterminé de l’ordre libéral. Face à lui, les institutions de la Ve République finissent de s’effondrer avec un chef de l’Etat qui appelle à ne pas appliquer la loi qu’il promulgue et qui demande à l’UMP de suppléer l’exécutif pour sortir le pays de la crise


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