L’Insoumission et le média espagnol Diario Red s’associent pour proposer à leurs lecteurs des contenus sur les résistances et les luttes en cours en France, en Espagne et en Amérique du Sud.
Pour ce nouvel article, nos deux médias se sont entretenus avec le journaliste russe engagé ayant notamment passé plusieurs années d’exil en Suède, Alexey Sakhnin, l’un des cofondateurs du Front de Gauche russe en 2005. Il a pris part à l’organisation des manifestations de 2012 contre la réélection entachée de fraude de Vladimir Poutine, avant de faire face à des années d’interdiction et de répression. Alexey Sakhnin a quitté le Front de Gauche russe en 2022, au moment de l’invasion de l’Ukraine.
Il réside désormais en exil en France, où il a pu être reçu au début de la guerre grâce à l’action de Jean-Luc Mélenchon auprès de l’Etat français. Au moment où la situation en Ukraine et au Proche Orient fait poindre le risque d’une guerre généralisé, l’Insoumission est venu à sa rencontre pour échanger sur la situation en Russie et les perspectives d’une paix juste et durale en Europe.
Rafael Raroubi pour l’Insoumission : Depuis deux ans et demi, la Russie a lancé l’invasion de l’Ukraine. S’en est suivie une série de manifestations d’opposition à la guerre. Où en est ce mouvement aujourd’hui ?
Alexey Sakhnin : La situation est très mauvaise. En Russie, il est désormais impossible de protester : on peut dire que, dans un certain sens, il n’y a plus de politique au sens normal, le système politique est mort. Il s’agit d’une situation absolument nouvelle.
Dans les années 2000, avant la guerre, des leaders et des partis d’opposition s’exprimaient, ils provenaient des classes moyennes et supérieures urbaines, majoritairement libérales, et parfois de gauche. C’est uniquement ce secteur de la société civile qui a tenté de résister dans les premiers jours de la guerre, et la répression brutale ne s’est pas fait attendre. 2000 personnes ont été arrêtées, 1000 personnes jetées en prison pour des motifs politiques : après un tel niveau de répression, le mouvement a été en quelque sorte tué dans l’œuf.
À cette vague d’arrestations se sont ajoutées 20 000 incarcérations de personnes refusant de joindre l’armée, et 100 000 détentions administratives : on peut donc considérer aujourd’hui que la Russie s’est transformée en une véritable dictature. Dans ce contexte, il n’est donc plus possible de protester légalement, et les médias d’opposition sont interdits, voire complètement détruits.
Comment l’opposition libérale à Poutine a-t-elle pu s’effondrer aussi vite ?
Celle-ci souffre de sa faible assise sociale. En réalité, 80 % des Russes ne se sentent pas représentés par cette tendance politique. La majorité de la classe ouvrière russe ne se reconnaît pas dans cette tendance, et ne s’est pour le moment pas organisée politiquement…
Il faut comprendre que la Russie souffre, depuis la chute du communisme, d’un fort séparatisme social : la classe moyenne politisée et les classes populaires communiquent peu, elles ne sont pas rassemblées dans un mouvement commun comme cela peut exister à une certaine échelle en France. Dans ce contexte, les luttes sociales sont au point mort. Les classes populaires russes font face, désorganisées, à un gouvernement qui les livre à la boucherie.
Car ce sont bien plus les personnes issues des milieux ouvriers qui sont mobilisées en priorité, et qui souffrent le plus de l’inflation. Les gens sont contraints de s’enrôler dans l’armée pour payer un prêt, rembourser des dettes ou nourrir leur famille. C’est une situation terrible. La grande question est donc de savoir jusqu’où ira la patience des milieux ouvriers, où se situe la limite.
Rafael Karoubi : Le régime Poutine est soutenu par une partie des classes populaires russes. Peut-on faire un parallèle avec le Rassemblement national français ?
Alexey Sakhnin : Il est évident qu’il existe une certaine proximité entre les deux phénomènes politiques. Basiquement, ces deux mouvements incarnent une forme de désespoir des milieux populaires dans le monde néolibéral. Cependant, l’ajustement néolibéral a été bien plus violent en Russie qu’en France. Les années 1990 ont signifié un véritable écrasement des travailleurs : l’intensité des luttes sociales est bien moindre en Russie qu’en France, et les syndicats sont sous contrôle du pouvoir.
Je pense que la vraie proximité entre les deux forces politiques réside dans leur volonté de créer une fracture entre les classes moyennes progressistes et la classe ouvrière. Depuis les années 2000, Poutine s’emploie à créer des contradictions et des conflits sur des sujets politiques et culturels entre les deux groupes sociaux. Un exemple très concret : en 2012, au moment où Moscou et Saint-Pétersbourg se mobilisaient contre la fraude électorale du régime Poutine, le Kremlin fit arrêter les Pussy Riot, un groupe de musique dont certaines prestations contre l’Église orthodoxe avaient choqué.
Habilement, le régime Poutine a donc déplacé l’objet du débat politique vers un terrain culturel, où il a pu déployer sa propagande avec efficacité. Ainsi, alors que Poutine n’est pas arrivé au pouvoir en 2000 sur des propositions ouvertement homophobes, il se fait quelques années plus tard le chantre de la lutte contre les LGBT. L’objet de cette manœuvre était évidemment d’isoler les classes moyennes progressistes des grandes villes par rapport au reste de la population. Cela a malheureusement en partie fonctionné.
Mais l’opposition est tout autant responsable de son désastre. Son discours libéral ne s’adresse qu’aux classes moyennes urbaines, de Moscou et Saint-Pétersbourg notamment. Elle a de toute façon été laminée à la suite de la guerre. En Russie, il n’y a plus de parti Vert, libéral et social-démocrate, nous sommes désormais confrontés à un pur conflit de classes entre le pouvoir et la classe ouvrière, empêtrée et appauvrie dans une guerre menée contre ses intérêts. La situation est potentiellement explosive.
Rafael Karoubi : Dans ce contexte, la gauche russe est-elle encore en capacité de faire la différence ?
Alexey Sakhnin : Inflation, baisse du niveau de vie, répression et guerre absurde : si les conditions sont bien réunies pour une explosion sociale, la gauche peine à se rendre visible, et beaucoup de ses militants croupissent en prison. Il est vrai que les effets de la guerre discréditent Poutine, mais celui-ci joue sur des sentiments bien présents dans le peuple : le conservatisme, mais surtout le nationalisme, qui est une forme encore bien vivante de mobilisation du peuple en Russie.
Ce maintien du nationalisme explique la capacité de la Russie à mener une guerre en haute intensité en Ukraine. Mais il n’est pas à exclure que nous assistions en ce moment à un affaiblissement du nationalisme en Russie, ce qui pourrait avoir des effets politiques considérables. Ce qu’il faut comprendre, c’est que, loin d’avoir provoqué un regain de patriotisme, la guerre en Ukraine provoque fatigue, déception et colère au sein du peuple russe.
140 000 Russes ont été tués dans le conflit, vraisemblablement plus côté ukrainien. Un million de personnes sont mobilisées sur la ligne de front, où se multiplient les phénomènes de désertion. Même la propagande de l’extrême droite et des milibloggers n’arrive pas à cacher l’épuisement du camp russe. Le pays est donc ébranlé, ce qui peut générer une atmosphère propice à la révolte dans les prochaines années.
Cela n’est pas nouveau dans l’histoire russe : ce sont des offensives militaires désastreuses, l’offensive Broussilov en 1916, et l’offensive Kerensky en 1917, qui ont accéléré le dénouement de la Révolution russe.
Pour aller plus loin : Ukraine : contre l’escalade militaire de Macron, LFI prône la négociation pour la paix
Rafael Karoubi : Quel est le rôle des médias russes dans l’entretien de ce nationalisme agressif ? En France, les médias de masse font clairement campagne pour faire monter l’extrême droite et discréditer l’opposition de gauche. Est-ce le cas en Russie ?
Alexey Sakhnin : Pour comparer les paysages médiatiques français et russe, il faut revenir à avant février 2022, car depuis cette date, l’information est entièrement contrôlée par le pouvoir, ce qui nous plonge dans une situation nouvelle. Avant la guerre, il y avait essentiellement en Russie des médias proches du pouvoir, la télévision publique et la plupart des chaînes privées, mais aussi quelques médias privés d’opposition.
Ces médias d’opposition captaient environ 20 % de l’audience, au moins. Ils étaient majoritairement pro-occidentaux et libéraux, alors que les sites d’informations en ligne les plus militants – underground – n’étaient accessibles que par VPN. Ces médias ont été fermés après l’invasion de l’Ukraine.
Mais revenons aux médias officiels. Nous pouvions les classer en deux catégories : d’un côté, les médias dits « neutres » donnant une information favorable aux intérêts du gouvernement et de l’État, mais sur un ton peu politisé ; de l’autre, des médias agressifs, ouvertement ultranationalistes et d’extrême droite, propageant des « fake news ».
Ce qui est intéressant, depuis la guerre, c’est que même les médias dits plus « généralistes » invitent des influenceurs et des militants d’extrême droite pour faire une propagande guerrière et chauffer l’opinion publique. Il y a donc clairement une volonté de faire monter la haine et l’ultranationalisme de la part du système médiatique et du gouvernement.
Pire encore, le gouvernement sait aussi instrumentaliser des médias underground qui se développent sur les réseaux sociaux pour y propager une propagande guerrière. Le Kremlin est parfaitement conscient que beaucoup de gens n’accordent que peu de crédit aux informations officielles, notamment sur le suivi de la guerre. Le public, surtout les jeunes, s’informe en réalité sur ce sujet via des boucles Telegram. Celles-ci ont été colonisées par des milibloggers, en réalité proches de l’appareil d’État, mais qui informent sur la situation militaire en adoptant un regard plus critique et conforme à la réalité.
Donc, en quelque sorte, les gens regardent des boucles militaristes d’extrême droite pour avoir des informations plus vraies… Pour le Kremlin, bien conscient des limites de sa propagande, l’avantage est double : atteindre les jeunes générations avec un discours pro guerre, et laisser croire à un semblant de liberté d’expression. Il s’agit de garder un contrôle sur la partie politisée de la population, en l’informant avec l’angle d’un nationalisme extrême.
Les vrais médias d’opposition sont, quant à eux, presque introuvables sans VPN. Consulter ces médias en ligne peut nous mener directement à la case prison, ce qui incite à la prudence. Le contrôle et la censure des médias sont donc bien plus importants en Russie qu’en France, mais il existe certaines similitudes dans la volonté de propager des discours d’extrême droite pour empêcher les parties les plus politisées de la population de penser.
Rafael Karoubi : En parlant de Telegram, comment analyser la détention de Pavel Durov ? Est-ce une atteinte à la liberté d’expression, ou sa plateforme était-elle de toute façon déjà sous l’œil des gouvernants ?
Alexey Sakhnin : Pavel Durov aimait se faire passer pour un chantre de la liberté d’expression, mais la réalité est plus banale. Cet homme d’affaires libertarien travaillait essentiellement pour sa fortune personnelle, n’hésitant pas à collaborer avec le gouvernement russe lorsque ses intérêts le demandaient. On estime que Pavel Durov a visité la Russie plus de 60 fois ces dernières années, et il a même parfois banni de la plateforme des médias d’opposition. Il s’agit donc un simple représentant des classes dominantes qui travaille pour son business. Il n’hésitera pas à collaborer avec les autorités françaises et américaines pour se tirer d’affaire, c’est certain.
Nous devons sortir de l’illusion que les plateformes de communication privées, même si leurs fondateurs adoptent parfois une posture « antisystème » (ex : Durov, Musk), sont des espaces où la confidentialité des communications est assurée. En réalité, nous sommes totalement démunis face au fonctionnement opaque de ces réseaux. Doit être posé sur la table le sujet de leur contrôle social démocratique.
Rafael Karoubi : Revenons sur le terrain de la guerre. L’Ukraine semble plier, va-t-elle rompre ? Quels sont les objectifs de Moscou ? Quelles propositions politiques pouvons-nous soutenir en France pour mettre un terme à ce carnage ?
Alexey Sakhnin : Tant que nous restons dans ce panorama politique – des gouvernements nationalistes en Russie et en Ukraine – aucun cessez-le-feu n’est possible. Pour le régime russe, la raison est assez simple : Poutine a engagé son pays dans une guerre trop coûteuse en termes de vies humaines et de ressources pour s’en sortir avec un compromis mineur. C’est bien la victoire totale que Moscou veut.
Pour l’Ukraine et l’OTAN, une négociation avec la Russie reviendrait à remettre en cause la Pax Americana et l’ordre mondial qui existe depuis la fin de la guerre froide, qui laisse libre cours aux pays de l’OTAN pour violer le droit international. Dans une telle situation, on ne peut donc logiquement rien attendre des gouvernements, que ce soit celui de Vladimir Poutine ou ceux de l’OTAN : seuls les peuples du monde entier ont intérêt à mettre un terme à cette guerre.
En réalité, seules les sociétés peuvent s’activer et se mobiliser pour mettre un terme à cet épouvantable conflit : quelqu’un doit faire émerger un plan de paix suffisamment fort, soutenu et crédible pour que les gouvernements des nations n’aient d’autre choix que de l’adopter. La proposition de Mélenchon est clairement la plus intéressante de tout le monde occidental, car elle entend fonder la paix sur un principe simple, qui a déjà été mobilisé à la fin de la Première Guerre mondiale : l’autodétermination des peuples.
Nous devons tout simplement laisser les gens voter dans les territoires disputés sur l’appartenance nationale qu’ils veulent choisir. Si cette proposition politique est portée par des acteurs suffisamment crédibles et puissants, alors il sera difficile pour les gouvernements russe et ukrainien de la refuser, dans la mesure où les sociétés des deux pays sont épuisées et veulent terminer le conflit. Cela offrirait une porte de sortie du conflit pour deux États. Un plan de paix démocratique doit être proposépar la gauche et d’autres acteurs responsables : on peut tout à fait imaginer qu’il soit soutenu par des gouvernements progressistes dans le monde, notamment au Brésil et au Mexique.
Même si cette proposition venait à être rejetée par les belligérants, elle ne manquerait pas de faire mouche auprès de sociétés épuisées et démoralisées. La gauche a déjà joué ce rôle par le passé. En 1915, alors que la guerre faisait rage sur le vieux continent, les militants socialistes du monde entier se sont réunis en conférence en Suisse, à Zimmerwald, pour dénoncer la guerre comme conséquence de l’impérialisme. C’est à ce moment que Lénine avait formulé la proposition de la paix blanche, qui fut effectivement mise en œuvre deux ans plus tard après la prise de pouvoir du parti bolchevique.
Rafael Karoubi : La Russie a changé sa doctrine de dissuasion. Sommes-nous à la veille d’un affrontement nucléaire ? Que vous inspirent les voix qui s’élèvent, notamment dans la socialdémocratie française, contre toute recherche de paix et de compromis ?
Alexey Sakhnin : Il y a beaucoup de bluff dans les références constantes à l’arme nucléaire par Poutine. Il s’agit en fait, pour les dirigeants russes, de se faire passer pour des fous afin d’intimider l’opinion publique occidentale et de réduire le soutien à l’Ukraine.
L’absence de perspective de paix de la part des classes dominantes occidentales n’est pas surprenante. Les gouvernements occidentaux sont impérialistes et soutiennent l’ordre international favorable aux intérêts des États-Unis depuis la fin de la guerre froide. Ils se sont laissés prendre au piège d’un conflit dont une issue trop favorable à la Russie pourrait remettre en cause leurs intérêts.
Je ne remets pas en cause ici l’aide à l’Ukraine : ce soutien militaire doit être préservé afin que le pays ne soit pas écrasé. Le peuple ukrainien doit être soutenu face à l’agression qu’il subit, mais il faut être lucide sur le gouvernement Zelensky, une clique corrompue, liée à des oligarques mafieux et très proche des agences de renseignement nord-américaines. Le gouvernement Zelensky ne cesse de jeter de l’huile sur le feu en tentant d’étendre le conflit à la Russie sans aucun intérêt stratégique ou militaire.
En réalité, l’aide à l’Ukraine doit être conditionnée à des réformes indispensables pour assurer la paix. Tout d’abord, les partis politiques interdits par le régime depuis 2014 doivent être réautorisés, le statut du russe, langue maternelle de 20 % de la population du pays, doit être préservé, et enfin, les provinces russophones doivent pouvoir autodéterminer leur destin. Il n’existe pas d’autre solution que l’autodétermination, et cette voie rendra certainement l’Ukraine plus forte et respectée : si l’Ukraine respecte le vote de ces territoires russophones, la guerre ne sera plus légitime.
À terme, la question de la dissolution de l’OTAN devra être posée. Il est aujourd’hui évident que cette organisation œuvre contre la paix en Europe et l’équilibre entre les différents intérêts nationaux. Elle renforce même la légitimité du régime de Poutine, qui en fait un bouc émissaire idéal après avoir pourtant voulu y adhérer. Les structures impérialistes doivent être démantelées des deux côtés, et le vieux continent doit être démilitarisé à terme. Il faut sortir du paradigme suicidaire qui consisterait à choisir un camp, celui de l’OTAN ou de la Russie, et jamais celui de la paix.
La France Insoumise doit donc porter ce projet pacifiste et trouver le soutien d’autres puissances qui œuvrent à un ordre international fait de rapports plus équilibrés entre les nations.
Rafael Karoubi : Venons-en à un autre conflit qui enflamme le monde au Proche-Orient. Les médias français ignorent la très forte proximité entre la Russie et l’État d’Israël, où résident de nombreux juifs russophones. Cependant, ces dernières années, le régime russe semble se rapprocher de l’Iran. Quels sont les ressorts de cette alliance ? Est-elle durable ?
Alexey Sakhnin : Vous avez tout à fait raison de pointer cette proximité. Poutine et Netanyahou ont été très proches, les deux partageant une vision violente du monde teintée de nationalisme. Longtemps, la Russie a été soucieuse de préserver ses intérêts en Israël, fournissant même des informations sur les réacteurs nucléaires civils qu’elle construisait en Iran. La collaboration sur le plan technologique entre les deux pays était aussi bonne.
Cependant, les relations entre la Russie et Israël se sont récemment tendues, l’État hébreu ne jurant que par les États-Unis pour assurer sa sécurité et mener ses guerres d’agression contre la Palestine, le Liban et d’autres états arabes.
Quant à l’alliance entre la Russie et l’Iran, elle est aujourd’hui réelle, mais surtout opportuniste. Les deux États ont des différends historiques profonds : les Iraniens ne pardonnent pas aux Russes d’avoir annexé l’actuel Azerbaïdjan au début du XIXe siècle, et les Russes n’ont aucune sympathie pour le régime islamiste de Téhéran. Les deux pays se retrouvent dans un anti-américanisme et une volonté commune de faire augmenter les prix du pétrole. Les appels de la diplomatie russe pour un cessez-le-feu sont purement opportunistes et visent à s’attirer la sympathie du monde arabe. Il n’est pas impossible que ce positionnement évolue à nouveau en fonction des reconfigurations régionales.
Alors que les faucons israéliens et nord-américains poussent à une guerre contre l’Iran, le nouveau président iranien a pour priorité de rétablir l’accord nucléaire avec les occidentaux afin de redresser l’économie nationale. Alors que tout le monde parle de guerre, peut-être sommes nous à la veille d’une détente avec l’Iran : la géopolitique de cette région nous réserve bien des surprises.
Pour revenir au rôle de la Russie, il ne faut pas surestimer les capacités de nuisance de Poutine dans la région. S’il a permis de sauver le régime brutal du Syrien Bashar al Assad, le Kremlin, occupé en Ukraine, n’a pas les moyens de sauver son corps expéditionnaire en Syrie si celui-ci venait à être pris pour cible par Israël. En réalité, ce sont les États-Unis qui sont le principal facteur de déstabilisation dans la région. Leur influence négative se manifeste aujourd’hui par les feux qu’ils allument l’armement en fournissant à Israël l’armement nécessaire pour permettre à Benjamin Netanyahou de continuer ses guerres criminelles.
Propos recueillis par Rafael Karoubi
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