La thèse israélienne, selon laquelle les Palestiniens auraient quitté leurs domiciles de leur plein gré est démentie par les Israéliens eux-mêmes.
En 1938, avant même la création de l’État d’Israël, David Ben Gourion, pourtant réputé de gauche, qui dirigea la communauté juive de Palestine à l’époque du mandat britannique (1918-1948), puis l’État d’Israël durant les trois premières décennies de son existence, déclara « Le transfert obligatoire [nous] apporterait une immense région [pour la colonisation]. Je suis en faveur d’un transfert obligatoire et je n’y vois rien d’immoral. »
En 1939, l’opposant de droite à Ben Gourion, Vladimir Jabotinsky, déclara : « Il n’y a pas d’alternative : les Arabes doivent faire de la place aux juifs d’Eretz Israël. Si on a pu déplacer les peuples baltes, on peut déplacer les Arabes palestiniens. »
En 1947, au moment où se discutait, entre autres, la création de l’État d’Israël, Ben Gourion déclara : « Il y a 40 % de non-juifs dans les territoires alloués à l’État juif. Cette composition n’est pas une base solide pour un État juif. Et nous devons regarder en face cette nouvelle réalité dans toute sa gravité et sa spécificité. Cette balance démographique remet en cause notre aptitude à maintenir la souveraineté juive […..] Seul un État ayant au moins 80 % de juifs est un État viable et stable. »
En avril 1948, un mois avant la création officielle de l’État juif de Palestine, Josef Weitz, président du département de la colonisation (cette dénomination officielle en dit long sur les objectifs réels des autorités israéliennes), fit le point sur les premières actions que le nouvel État devait effectuer immédiatement : « J’ai la liste des villages arabes qu’il faut vider complètement pour compléter des régions juives. Et celle des lieux où il y a des conflits fonciers et qui doivent être COLONISÉS (majusculé par RM) par des moyens militaires. » Déclaration en total irrespect de la résolution de l’ONU n° 181, de novembre 1947, portant création simultanée de l’État juif et de l’État arabe de Palestine, ainsi que du statut international de Jérusalem.
Le 12 mai 1948, deux jours avant la création officielle de l’État juif de Palestine (pas encore Israël, selon la résolution n° 181 de l’ONU, de novembre 1947), David Ben Gourion, son premier président pendant 30 ans, a déclaré : « Si nos forces sont suffisantes, pourquoi nous condamnerions-nous à un plus petit État ? »
Toute la philosophie des dirigeants israéliens, depuis 1948, toutes tendances confondues, est là, dans cette citation.
En 1948, alors que l’État d’Israël venait d’être créé officiellement, Ben Gourion interrogea des généraux en ces termes : « Pourquoi y a-t-il tant d’Arabes ? Pourquoi ne les avez-vous pas expulsés ? »
En 1956, Ytzhak Rabin, qui fut plusieurs fois Premier ministre d’Israël, prix Nobel de la paix, avant d’être assassiné par l’extrême-droite israélienne, a dit : « La plupart d’entre eux (les Palestiniens de Cisjordanie) peuvent être chassés. S’ils étaient moins nombreux, ce serait plus facile, mais on peut résoudre le problème en principe. Ce ne serait pas un geste humain, mais la guerre en général n’est pas une affaire humanitaire. »
Toutes ces déclarations font litière de l’argument de propagande des dirigeants israéliens successifs, prétendant que l’exode massif (la moitié de la population) des Palestiniens, dès le 15 mai 1948, baptisé nakba par ces derniers, n’a pas eu lieu. Ou du moins que les Palestiniens sont partis de leur plein gré.
Enfin, il se trouve qu’après avoir lu très attentivement la Bible et le Coran, il y a des décennies, depuis, à l’occasion de tel ou tel événement, je relis régulièrement des passages de l’un et l’autre ouvrage. Je le fais d’autant plus que les protagonistes dans cette région du monde, s’appuient sur une lecture littérale de leur Livre pour justifier leurs attitudes et leurs revendications en 2024. Je ne saurais donc trop vous recommander, cher Robert, une lecture ou relecture des cinq premiers livres de la Bible, que les Juifs appellent la Torah et les Chrétiens, le Pentateuque. Mais les six livres suivants sont aussi très édifiants.
Robert de Villaines
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