Samedi dernier, Michel Barnier, le Premier ministre aux ordres de Marine Pen, la confirme à son poste. Maire du très bourgeois 7e arrondissement de Paris, elle a la dent dure contre les années Macron. « En Marche – dit-elle – c’est des traîtres de gauche et des traîtres de droite ». Le dirait-elle encore ?
Sa fidélité à la droite dure n’a pas de faille. Elle soutient successivement Sarkozy, Fillon, Wauquiez. Et aujourd’hui Michel Barnier. Au ministère de la Justice en 2007, sous Sarkozy, elle voulait faire passer une réforme du Code pénal des mineurs durcissant les condamnations et abaissant à 13 ans la majorité pénale. Une réforme finalement abandonnée. Elle instaure les peines plancher, revenant ainsi sur l’individualisation de la justice. Sa réforme de la carte judiciaire conduit à la suppression de nombreux tribunaux.
Députée européenne jusqu’en 2019, elle défend les traités néolibéraux, les réductions du secteur public, soutient les multinationales de l’énergie et l’exploitation des énergies fossiles… Maire du très bourgeois 7e arrondissement de Paris, elle a la dent dure contre les années Macron. « En Marche – dit-elle – c’est des traîtres de gauche et des traîtres de droite ». Elle rejoint les traîtres de droite en janvier 2024 dans le gouvernement Attal. Et devient ministre de la Culture. À la surprise générale. Au regard de son inappétence pour l’art et du peu d’actes répertoriés : l’inauguration du Théâtre privé de la Tour Eiffel dans son 7e arrondissement. Programmation : le one-man-show de Julien Courbet ou Amazing Bubble Man.
Autre acte connu, le vote contre la subvention du Théâtre de la Ville au conseil de Paris pour « élitisme ». Les raisons de sa nomination se trouvent ailleurs : user de la culture pour conquérir la ville de Paris. Au nom de la droite et des macronistes rassemblés. À la direction du ministère, elle poursuit le ficèlement libéral de la culture et de l’information. Le Pass Culture qui fait la part belle aux têtes de gondole en place de la nécessité de l’action culturelle.
La fusion de tout l’audiovisuel public pour en réduire encore les missions et libérer du champs’ aux milliardaires propriétaires des médias privés. Une coupe budgétaire de 204,3 millions dans le spectacle vivant. Inédite dans son ampleur. Une menace pour l’ensemble de l’écosystème du spectacle vivant déjà dégradé. Entre autres. L’imaginaire et le symbolique que produit l’art ? Ceux qui veulent perpétrer l’ordre existant n’en ont que faire. Trop dangereux.
Les éditorialistes appellent courage son culot. Son soutien sans relâche la dictature azerbaïdjanaise, lui vaut d’être surnommée Madame Caviar. Sa fréquentation des soirées organisée par la première dame à Paris est assidue. A Bakou aussi, les billets d’avion sont discrétionnaires. Quand elle ne bénéficie pas du jet présidentiel. Lors d’un de ses nombreux voyages gratuits, elle décrit ce pays comme « Un exemple pour le monde musulman » – 27 décembre 2012 dans le journal local Day-Az.
Au Parlement européen, en septembre 2017, elle vote contre l’ouverture d’une enquête parlementaire sur la corruption qu’exercerait le gouvernement azerbaïdjanais pour acheter des soutiens à l’étranger. Elle est une des premières lobbyste du gaz de Bakou à Strasbourg contre les énergies renouvelables. Ministre, elle s’oppose en 2024, à un amendement du groupe LR condamnant « l’agression du Haut-Karabakh »… Elle partage son amour de la dictature azéri avec le Qatar. Une enquête de Blast publiée en 2024 indique que Rachida Dati a travaillé pour le compte de représentants de l’émirat.
Notamment Ali Bin Samikh Al Marri, homme clé du scandale de corruption par le Qatar au Parlement européen. Ses mandats électoraux et ministériels à la Justice et à la Culture se couplent avec de juteux contrats pour des sociétés privées. 900 000 € du groupe Renault entre 2009 et 2013. 800 000 euros en huit ans avec France Télécom à partir de septembre 2010. 300 000 euros entre 2012 et 2014 de la part de l’entreprise britannique AlphaOne Partners. Entre autres.
Elle est mise en examen pour corruption passive et recel d’abus de pouvoir par l’entreprise RenaultNissan pour une convention d’honoraires signée avec Carlos Ghosn en 2009 pour des prestations à 1 000 euros de l’heure pour un total de 300 heures annuelles. Alors qu’elle n’était pas encore avocate. Aucune trace de son travail n’a été relevée. « Je connais les secrets des uns, des autres. Je ne suis pas une grenade dégoupillée, mais je sais l’envers du décor », confie-t-elle au Monde . C’est sans doute là le secret de sa longévité.
Par Laurent Klajnbaum
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