Le gouvernement Barnier est à peine installé que le vernis écologique de ses ministres craquelle. Pas la peine de creuser pour le comprendre, l’écologie, tout comme l’urgence sociale, sont les dernière des priorités de cette équipe gouvernementale qui marque un trait d’union entre la macronie et son allié : l’extrême droite sans qui elle ne peut plus se maintenir au pouvoir.
Le bilan écologique d’Emmanuel Macron était déjà catastrophique : coupes dans le budget de l’écologie qui s’élèvent à des milliards d’euros soutien inconditionnel à des projets inutiles tels que les méga bassines, lancement aberrant des « mini EPR », répression des militants écologistes et accusation « d’éco-terrorisme » par son ancien ministre Christophe Béchu.
La nomination d’Agnès Pannier-Runacher s’inscrit dans cette continuité et ses liens troublants avec l’industrie pétrolière annonce la couleur. Son père est l’ancien Directeur général de la multinationale pétrolière Perenco, deuxième producteur français de pétrole. Quant à ses enfants, ils sont liés à une société gérant des fonds spéculatifs pour partie situés dans des paradis fiscaux et rattachés à Perenco.
Alors que les conséquences de l’effondrement climatique se font de plus en plus fortement sentir en Hexagone et dans les territoires d’outre-mer, mais également partout dans le monde, que le Nouveau Front Populaire a remporté les élections législatives en juillet dernier sur la base d’un programme proposant la planification écologique, les décisions prises par le nouveau Premier Ministre Michel Barnier s’inscrivent dans la droite ligne de l’inaction écologique de ses prédécesseurs. Portrait.
La nouvelle est tombée avec l’annonce du nouveau gouvernement : le pôle ministériel que pilotait le Ministère de la Transition Écologique est désormais démembré. Le secrétariat d’État chargé de la biodiversité est tout simplement supprimé, tandis que les ministres délégués chargés des transports comme de la mer passent sous la tutelle du Ministère du partenariat avec les territoires et la décentralisation. Les forêts, enfin, seront à la charge du Ministère de l’Agriculture.
Comme si nous ne faisions pas face à la sixième extinction de masse des espèces, comme si les océans et les forêts ne devaient pas être urgemment protégés pour limiter les effets du changement climatique, l’organisation de ce gouvernement macroniste relooké façon réactionnaire annonce dors et déjà une baisse des ambitions, avec le passage de 5 à 2 ministres sous la tutelle du Ministère de la Transition Écologique.
Avoir des casseroles ne pose pas de problème en macronie, mais il faut bien dire que celles que traîne Agnès Pannier-Runacher ne sont pas des moindres, puisque ses liens avec l’industrie des énergies fossiles sont à minima troublants. En effet, son père est l’ancien Directeur général de la multinationale pétrolière Perenco, deuxième producteur français de pétrole. Plus discrète que Total, cette entreprise qui exploite les gisements pétroliers et gaziers en fin de vie n’en est pas propre pour autant.
Une émission Complément d’enquête consacrée à la multinationale révèle par exemple que 3 salariés sont décédés en 2020 sur des sites exploités par Perenco au Cameroun, un chiffre plus élevé que la moyenne. L’entreprise s’est également opposée à la création de réserves naturelles en Amérique latine pour préserver son activité, et un rapport du gouvernement gabonais publié en 2021 soulignait les pollutions importantes provoquées par son activité. Le groupe ne s’arrête pas là, puisque ses dirigeants sont devenus en 2018 les premiers actionnaires du média en ligne Konbini, et cherche à influencer sa ligne éditoriale.
La multinationale coche ainsi tous les critères d’une entreprise au service d’un capitalisme particulièrement destructeur de l’environnement, des droits des travailleurs, et participant à la concentration des médias entre les mains des ultra-riches.
Et Agnès Pannier-Runacher dans tout ça ? Outre ses liens familiaux avec l’entreprise pétrolière, la ministre qui aura en charge, on le rappelle, la transition écologique, pourrait bénéficier économiquement des liens en questions. Ses enfants sont effectivement liés à une société gérant des fonds spéculatifs pour partie situés dans des paradis fiscaux et liés à Perenco. Cette situation a valu à la nouvelle ministre une enquête de la Haute Autorité pour la transparence de la vie publique (HATVP).
La députée insoumise spécialiste des questions écologiques Clémence Guetté interrogeait à l’époque « la probité » d’une ministre « dont les intérêts financiers indirects sont visiblement liés à des entreprises pétrolières ». Bien que blanchie par la HATPV, car la déclaration de ces liens n’était pas obligatoire, on conviendra qu’une telle décision de la part de la ministre est questionnable sur le plan moral. Mais comment espérer la moindre morale d’un gouvernement issu de la négation du vote des Français ?
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