Si la nomination du gouvernement a été l’occasion de découvrir de nouveaux ministres bien qu’anciens combattants de la guerre sociale, d’autres ont été reconduits ! C’est le cas de Sébastien Lecornu, qui reste en poste au ministère des Armées. Il l’était déjà lors des ventes de matériel et d’équipements militaires à l’État d’Israël. La cellule d’investigation de l’Insoumission le révélait le 18 octobre 2023 : la France a exporté près de 111 millions d’euros d’armes à l’État d’Israël depuis 2017.
Et le génocide à Gaza n’y a rien changé ! Fin octobre 2023, 100 000 pièces de cartouches pour des fusils mitrailleurs (type M249 et FN Minimi) ont été exportés vers l’armée de Netanyahu. Réponse de Lecornu ? Il s’agirait de « pièces destinées à être réexportés par l’État d’Israël ». Comprendre : les pièces reçues seraient renvoyées par Netanyahu à un autre État… Une réponse sidérante qui ne dupe personne.
Sébastien Lecornu est l’homme du silence radio vis-à-vis de ces exportations d’armes, alternant pirouette et diversion. Pas question pour lui de se battre pour un embargo alors que plus de 200 000 Palestiniens ont été massacrés sous les bombes et les munitions, dont certaines made in France. Outre sa complicité dans ces massacres, Lecornu est aussi un historique de la droite française avec vingt ans de parcours que l’Insoumission retrace pour vous. Notre article.
Depuis octobre 2023, les bombes pleuvent sur Gaza. Après avoir témoigné son soutien inconditionnel à Israël, le camp macroniste s’est rendu complice du génocide en acceptant de fournir du matériel aux coupables du massacre. Même après les alertes de la Cour internationale de Justice sur le risque génocidaire à Gaza, Sébastien Lecornu défend les exportations françaises vers Israël. Pour lui, aucun risque, ce ne sont que « des composantes élémentaires pour permettre à Israël d’assurer sa défense ».
Il omet de préciser que ces composantes servent également à construire les drones engagés dans l’offensive à Gaza. Le ministre se veut rassurant : ces transferts ne valent que 15 millions d’euros, soit 0,2 % des transferts globaux. Tout va bien, alors ! Avec une telle lecture, les plus de 200 000 morts Gazaouis (estimation selon les chiffres et la méthode de The Lancet) pourraient presque n’être qu’un chiffre. Amnesty International rappelle à l’ordre : « la France doit respecter un devoir de prévention du génocide ». Cela implique évidemment « de ne pas fournir à Israël des moyens lui permettant de commettre des actes entrant dans le cadre d’un risque de génocide ».
Ce n’est pas la première fois que le ministre des Armées brille par ses déclarations : en juillet 2023, il affirme que l’opération Barkhane n’est « pas un échec ». Pour rappel, l’opération Barkhane est une opération militaire menée par l’armée française, entre 2014 et 2022. Elle succédait alors à l’opération Serval, étendant sa couverture du seul Mali au Sahel entier. Lancée pour combattre le terrorisme, l’opération Barkhane est abandonnée après 8 ans d’activités et 58 morts français. Sur cette période, le nombre des violences, des victimes et des groupes armés terroristes ont augmenté. Leur aire d’influence aussi. Partout, la démocratie a reculé. Aucune solution politique n’a été construite. Pas un échec ? À ce stade, presque un franc succès !
Par ailleurs, Sébastien Lecornu s’est fait bien timide lorsque le député de la France insoumise Aurélien Saintoul l’a interpellé sur la présence de militaires français au Tchad. On le comprend bien, il ne faudrait pas fâcher le dictateur Mahamat Déby ! Cette posture coopérative est la honte de la France.
Ancré à droite dès le plus jeune âge, son début de carrière à l’UMP Néanmoins, si Sébastien Lecornu brille par son indécence au poste de ministre des Armées, ce n’est certainement pas le début de sa carrière. Déjà assistant parlementaire en 2005, secrétaire national de l’UMP de mai 2013 à octobre 2014 et fidèle compère de Bruno Le Maire, cela fait désormais vingt ans qu’il est dans tous les coups fourrés de la droite !
C’est d’ailleurs grâce à l’influence de Bruno Le Maire que Sébastien Lecornu accède au titre de président du conseil départemental de l’Eure, en 2015. Médiapart décrit « la chasse aux fraudeurs du RSA » comme « la politique phare menée par le département depuis l’arrivée de Sébastien Lecornu ». Après tout, le RSA était quand même à 524,16 euros, en 2015, une véritable niche. Il ferme également deux collèges en zone d’éducation prioritaire, ne serait-ce que pour parfaire le tableau.
En 2017, il est nommé secrétaire d’État auprès de Nicolas Hulot, ce qui lui vaut d’être suspendu des Républicains. Il s’engage donc à la République en Marche, parti au sein duquel il continue d’égrainer ses quatre cents coups. Par exemple, il se rend à Notre-Dame-Des-Landes pour préparer l’évacuation de la ZAD et anime le grand débat national suite au mouvement des gilets jaunes. La légende raconte que son cœur s’est brisé en 2018, puisqu’il connaissait bien Alexandre Benalla : il avait été son chef de peloton à la gendarmerie. Un CV en béton, et jamais décevant !
Le 6 juillet 2020, il est nommé ministre des Outre-mer dans le gouvernement Jean Castex. Gabriel Serville, alors député de la Guyane, et Younous Omarjee, député européen insoumis, dénoncent la désignation d’un ministre non ultramarin à un tel poste. Ce dernier ironise : « Plus d’ultramarin au Ministère des Outremers. Vive le temps des colonies ! ».
Emmanuel Macron va jusqu’à autoriser le cumul de mandat pour Lecornu, ministre et président du conseil départemental de l’Eure ; contrairement à la pratique instaurée par Lionel Jospin de non-cumul d’un mandat exécutif avec une fonction gouvernementale. Pour finir en beauté, Sébastien Lecornu se prononce également en faveur de la retraite à 64 ans.
Notre ministre des Armées a donc tout pour plaire : complice du génocide, déclarations coloniales, chasse aux pauvres et violence d’État ; plus jeune, arrachait-il aussi leurs pattes aux fourmis ?
Par Niels
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