Le gouvernement Barnier passe-plat du RN

dimanche 6 octobre 2024.
 

Nous avions la berlue ! Des hallucinations ! Nous n’avions rien compris au film ! Nous pensions qu’au deuxième tour des législatives, nous avions fait front républicain face au Rassemblement National. Nous nous sommes trompés !

En fait, nous étions sous la surveillance du RN. Nous ne sommes pas seuls à n’avoir rien compris au film : un ministre et non des moindres, celui de l’Économe, Antoine Armand, pensait pouvoir déclarer publiquement que « le RN ne s’inscrit pas dans l’arc républicain ». « Le Rassemblement national, contre lequel nous avons été élus, face auquel nous avons fait un front républicain, n’y appartient pas, il faut être très clair là-dessus », a précisé Antoine Armand.

Fureur de Marine Le Pen : « Je pense que le Premier ministre doit aller expliquer à l’ensemble de ses ministres quelle est la philosophie de son gouvernement, car il semblerait que certains n’aient pas totalement compris ». La patronne du RN n’a pas parlé dans le vide : non seulement le chef du gouvernement a immédiatement recadré publiquement son ministre, mais il est allé encore plus loin en appelant Marine Le Pen. Un peu de calinothérapie du RN pour contrer le risque de la censure ! C’est ce qu’on appelle un gros « couac ».

Il y en a un qui ne risque pas le « couac », c’est notre ministre de l’intérieur, Bruno Retailleau. « Retailleau ferait passer Sarkozy pour un gauchiste », persiffle l’ancien président de la commission des lois, Sacha Houlié. En 24 heures, il a aligné les suggestions répressives et relancé l’opposition face au garde des sceaux. Il existe « depuis trop longtemps un droit à l’inexécution des peines judiciaires », a tancé le nouveau ministre de l’intérieur sur TF1, appelant à revoir "un certain nombre de cadres pour changer la politique pénale".

Problème : ce n’est pas l’Intérieur qui est en charge de la politique pénale mais bien le ministère de la Justice. Le garde des Sceaux Didier Migaud a ensuite été interpellé plus spécifiquement sur une mesure envisagée par Bruno Retailleau, qui consiste en l’incarcération de courte durée des délinquants « dès les premiers délits », comme c’est déjà le cas aux Pays-Bas. La réponse du ministre de la Justice ne s’est pas fait attendre : « Il doit savoir que la justice est indépendante dans notre pays et que c’est une chose essentielle ». Retailleau n’en n’est pas resté là, puisqu’il a également proposé la suppression de l’Aide médicale d’État, provoquant une levée des boucliers à gauche et également au sein du gouvernement. Tout se passe comme si on voulait anticiper les exigences du RN, pour l’amadouer, lui donner des gages et gagner du temps avant la prévisible motion de censure. Pour garantir sa survie, le gouvernement Barnier se positionne ainsi en passe-plat du Rassemblement National. Jean-Marcel Bouguereau


Signatures: 0
Répondre à cet article

Forum

Date Nom Message